CHAPITRE 3. QUELQUES ELEMENTS DE LA DEONTOLOGIE DU
JOURNALISTE
3.1. Déontologie et Ethique du journaliste
La déontologie est relative à
l'ensemble de règles qui s'appliquent au sein d'une profession. Souvent,
c'est le corps lui-même qui met en place ces règles et s'applique
à les respecter, sous peine de sanctions par les membres du corps.
En revanche, l'éthique est une
règle de conscience de l'individu, fondée sur des valeurs morales
et personnelles. Mais, dans la pratique quotidienne, éthique et
déontologie sont utilisées l'une pour l'autre, sans
distinction.
Parfois, on utilise l'expression «...en âme et
en conscience » pour faire ressortir cette valeur morale, en
journalisme ou dans n'importe quel autre métier qualifié de
« noble ».
En journalisme, 5 valeurs fondamentales guident
l'éthique et la déontologie du métier. Elles ont la
même valeur intrinsèque, mais pour des raisons
pédagogiques, nous allons les présenter également sous
forme d'une «Pyramide renversée », devenue notre
bible.
Figure 7: Schéma inversé des 5 valeurs
fondamentales du journaliste
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3.1.1. L'obligation de Vérité /
Objectivité / Sincérité / Exactitude Elle
implique :
- la loyauté dans la recherche de
l'information : ce qui implique de ne pas appeler à la délation
et de ne pas recourir à la menace ou au chantage pour obtenir
l'information;
- la confrontation de différentes
sources et le recoupement des informations recueillies avec ce que le
journaliste sait lui-même par ailleurs ;
- la sélection minutieuse des sources,
la réserve pour des informations incertaines et le refus de relayer la
rumeur, même quand elle est reprise par tout le monde ;
- sans embellir, exagérer ni
dissimuler certaines informations pour nuire ou plaire à quelqu'un ;
- la citation systématique des sources
utilisées, sauf pour des informations couvertes par la
confidentialité dont les sources doivent être
protégées quel qu'en soit le prix pour le journaliste ;
- la rectification immédiate de toute
information qui se révèle inexacte.
3.1.2. L'obligation d'équilibre
Elle implique de s'efforcer de donner les différents
points de vue sur un événement, notamment dans le cas d'une
question controversée (sociale, politique, économique, etc.)
Voici quelques exemples de déséquilibres pouvant
devenir graves :
· l'utilisation abusive ou exclusive du point de vue
officiel, par exemple gouvernemental ;
· l'utilisation exagérée de
Déclaration d'intention, par exemple ce que le gouverneur dit qu'il
envisage de faire.
3.1.3. L'obligation de Responsabilité
La responsabilité du journaliste implique :
- qu'il se pose chaque fois la question de
l'opportunité et du but recherché en publiant telle ou telle
information.
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- Est-ce par animosité pour régler un compte
personnel (ce qui est interdit par la déontologie), ou pour servir
l'intérêt général et le droit du public d'être
informé (ce qui doit être le seul leitmotiv dans la diffusion des
faits rapportés) ?
- de connaître et d'analyser l'environnement dans lequel
on évolue pour pouvoir juger de l'opportunité de diffuser une
information...
Cas pratique classique de non respect de l'obligation de
Responsabilité
Le 16 novembre 2002, au Nigéria, le quotidien «
This day » a publié un article d'une de ses journalistes, ISSIOMA
DANIEL. Dans cet article, la journaliste critiquait l'opposition de la
communauté musulmane au fait d'accueillir au Nigeria l'élection
de Miss Monde.
Dans son article, la journaliste écrivait que le
prophète Mahomet aurait certainement choisi l'une des candidates Miss
Monde pour épouse.
Conséquence : une fatwa a été
décrétée contre la journaliste pour «
blasphème » et la manifestation a dû être
délocalisée vers Londres.
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