9.1 Applications thérapeutiques
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) utilisent
un modèle de la mémoire similaire à celui
utilisédans la présente étude. En effet, selon
Bower (1981) la mémoire serait organisée selon un treillis de
représentations
organisés en unités d'informations distinctes.
Ces unités seraient composées à la fois de
représentations purement cognitives (le réseau sémantique)
et d'émotions, et seraient associées selon des forces
d'activation variant au cours de la vie et dépendant de l'apprentissage,
de l'expérience et du contexte. Dans la théorie des
schémas de Young (1990, 1991), inspirée du modèle de la
mémoire proposépar Beck (1967), les schémas seraient des
programmes stables appris précocement et permettant de traiter
l'information dans certaines situations récurrentes. Les schémas
peuvent être positifs ou négatifs, adaptés ou
inadaptés. Toutefois, la limite entre adaptation et inadaptation est
mouvante selon les contextes et un schéma cognitif adaptédans la
petite enfance pourrait devenir inadaptéà l'âge adulte.
Dans les cas de pathologies, les schémas seraient devenus rigides et se
seraient renforcés avec le temps selon un principe d'incubation, c'est
à dire une présence courte mais répétée dans
le temps avec le stimulus aversif. Les
TCC ont comme vocation de modifier ces schémas
cognitifs en permettant une prise de conscience du patient face
àses schémas. Cette prise de conscience peut avoir
lieu grâce à différents outils que les thérapeutes
manient pendant
la thérapie, comme la psychoéducation, les
carnets d'écriture, l'observation du comportement avec l'exercice du
stop (avant que le comportement impulsif ne se produise, le patient doit
écrire son état, ses pensées, ses émotions
présentes), ou encore les colonnes de Beck qui permettent de mieux
prendre conscience des pensées automatiques. Ces outils permettraient
ainsi de rallumer le feu de la conscience dans une matière de
pensées dense et figée. Or l'insight est souvent de bon pronostic
pour le patient, car cela veut dire qu'il tente de créer du sens sur ce
qui lui arrive et ainsi de subjectiviser son trouble. Par conséquent, si
nous connaissions les mécanismes qui sous-tendent l'intuition, puis les
stimuli qui permettraient de faciliter l'intuition face à un
problème complexe, nous pourrions proposer aux thérapeutes des
outils ou encore des techniques dans le but de provoquer ce processus chez
lui-même (Reik, 1976) mais aussi et surtout chez le patient. Il serait
nécessaire d'investiguer à quel point l'environnement et les
indices contextuels de nature perceptive et émotionnelle influencent les
remaniements psychiques dans la mémoire , et associer l'étude de
la plasticitécérébrale à la résolution
intuitive de problèmes complexes. Nous pouvons suggérer pour les
études ultérieures qu'une rigiditépathologique à
l'origine de pathologies psychiques pourraient avoir un impact négatif
sur les capacités intuitives des patients. Une réplication de
l'expérience sur des individus souffrant de
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phobies, d'anorexie ou encore d'autisme pourrait permettre de
mieux comprendre les racines du processus intuitif, et le passage des formes
intuitives aux formes logiques.
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