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Prise de décision intuitive dans un environnement virtuel.

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par Mickael ESKINAZI
Université Catholique de Paris - Psychologie 2016
  

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1.4 L'intuition à la lumière des neurosciences

1.4.1 L'intuition dans la résolution de problèmes

La résolution de problème est très utile pour étudier la sensation de savoir (Feeling of Knowing, FOK), la sensation de l'avoir sur le bout de la langue (Tip Of the Tongue state, TOT) ou encore la sensation de se rapprocher de la solution (Feeling Of Warmth, FOW). Toutes ces sensations, ces états, sont similaires à ce qu'on appelle communément l'intuition et peuvent être regroupés dans les phénomènes métacognitifs. La métacognition se définit comme une analyse ou un savoir à propos des états cognitifs et des processus en jeux (Nelson et Narrens, 1994), c'est une observation de ce qui se passe en soi.

Le FOK correspond à une sensation de savoir sans pouvoir toutefois livrer la réponse au problème posé. Le participant est toutefois en mesure de reconnaître la réponse si elle lui est présentée. Les processus métamnésiques en jeu dans le FOK sont de deux types : l'accès à une trace et l'inférence ((Nelson, Gerler, et Narens, 1984 citépar Dorfman, Kihlstrom et Shames, 1996). L'accès à la trace (trace-access) est un accès partiel à l'information stockée en mémoire.

Dans le TOT, la personne aurait la sensation de l'avoir sur le bout de la langue, elle peut d'ailleurs fournir des informations très précises sur la syntaxe, la phonologie, ou encore les synonymes du mot oublié. La sensation perçue de cet oubli est très intense et souvent désagréable (Collier et Beeman, 2012). Les sciences cognitives montrent que dans 96% des cas le mot traverse le seuil de la conscience pour devenir connu, s'en suit alors un état de détente, de plaisir (Bacon, Paire-Ficout, Izaute, 2001). Cet état de plaisir peut être attribuéà une tension résolue. Ce phénomène de tension de l'attention se retrouve dans l'incubation : tant que la personne n'a pas résolu le problème, elle serait comme sensibilisée à des représentations associées à la réponse.

Dans le test de Yaniv et Meyer (1987), des phrases, qui définissent un même mot, sont présentées au participant, qui doit alors deviner la réponse. Par exemple (tiréde Dorfman, Shames et Kihlstrom, 1996) :

Grand lumineux colorémouchoir, Couleur vive carréde soie de rouge et de tâches jaunes, portégénéralement autour du cou.

Les participants doivent donner leur sentiment de confiance vis à vis de la solution proposée, ou dire s'ils ressentent une sensation de savoir ou un Tip of the tongue s'ils ne trouvent pas de solutions. A la suite de cela une seconde

30 1 L'intuition

tâche de décision lexicale leur est proposéoùdes mots et non-mots leur sont présentés. Parmi cette liste la réponse de la tâche précédente est insérée comme amorce. Par exemple :

Dépenser, dacrire, bandana, trisfer, astéroïde, parapluie

Les participants remarquent aussitôt que bandana est la réponse de la série précédente. Même après un temps de latence entre ces deux séries, l'amorce est découverte. Selon Yaniv et Meyer (1987) la présentation du problème activerait des représentations contenues dans la mémoire sémantique qui, par association, se propagerait de proche en proche permettant d'arriver à la solution. Cette activation de champs sémantiques pourrait durer, alors même que la personne est engagée dans d'autres tâches cognitives, c'est ce qui se passerait pendant l'incubation.

L'intuition a beaucoup étéétudiée à partir de problèmes de type Remote Associates Tests (RAT) créépar Mednick en 1969 dans le but d'étudier la créativité. Pour Mednick (1962) et Koestler (1964) les personnes créatives sont celles capables de trouver des liens entre des idées oùd'autres ne verraient que des éléments disparates. Dans le test RAT, trois mots sont proposés, et le participant doit donner un quatrième mot reliéaux trois précédents. Voici un exemple de ce test, inspirépour la langue française : dîner, midi et rasage.

Ces trois mots peuvent tous trois être précédés du mot : APRÈS.

Pour mettre en évidence le rôle de l'intuition dans la résolution de problème de ce type, Bowers, Regerhr, Balthazard et Parker (1990) ont crééune variante du RAT, le Dyads of Triads (DOT) dans lequel le participant doit indiquer s'il pense la liste de mots présentée cohérente, même s'il ne trouve pas le mot faisant le lien sémantique. Les résultats montrent que les participants peuvent significativement reconnaître la cohérence d'une liste sans connaître la raison de cette cohérence. L'intuition est donc bien présente pendant la résolution de problème et plus particulièrement la phase d'incubation, qui est rappelons le, la partie la plus implicite du processus de raisonnement. Par conséquent il est difficile de dissocier l'intuition de la logique, car l'un et l'autre se complètent dans le but de résoudre certains types de problèmes.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius