2. Pourquoi adopter une démarche de
Responsabilité Sociétale dans l'entreprise. a) RSE comme moyen de
gestion des risques.
Le fait pour une entreprise de mieux prendre en compte l'impact
sociétal de ses activités est une manière pour elle de
répondre à des pressions déclarées ou
anticipées et de prévenir des risques qui peuvent à tout
moment compromettre son avenir ou sa rentabilité. Le risque de
réputation représente aujourd'hui un enjeu clé. Le
boycottage de produits est de plus en plus courant, avec des effets non
négligeables pour les entreprises.
Cette approche par le risque est particulièrement sensible
pour les entreprises. Elle est
comprise par les financiers en terme d'augmentation des primes
d'assurance ou de réduction de l'accès aux fonds
d'investissements.
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Parmi les risques potentiels auxquels s'expose une entreprise on
cite :
? Risques de gouvernance (opposition des actionnaires, conflit
avec les parties prenantes).
? Risques de réputation en termes commerciaux (boycott,
atteinte à l'image des marques) et en termes de ressources humaines
(fuite de talents).
? Risques financiers (forte prime d'assurance, accès
réduit aux investissements).
? Risques économiques (coûts de production plus
élevés, coûts de dédommagements, coûts de
dépollution).
b) RSE comme atout
économique.
Ce discours sur l'anticipation des risques peut facilement se
transformer en un discours sur l'anticipation des opportunités :
plutôt que de parler de risque de fuite de talents, on peut
évoquer l'opportunité de meilleurs recrutements sur le
marché du travail, grâce à une meilleure image de marque,
par exemple.
Une véritable intégration de la RSE
nécessite de passer de ces approches de risques vers des approches plus
positives d'exploitation des opportunités.
En cette période de début de montée en
puissance du concept de RSE, la mise en oeuvre d'une démarche de
responsabilité sociétale permet de se démarquer de ses
concurrents et peut devenir un véritable avantage de marché. Les
entreprises engagées en matière de RSE sont à
l'écoute des évolutions de leur environnement économique
et social, et promptes à repérer les tendances émergentes
ainsi que les opportunités de développement.
Cette présentation de la RSE comme atout
économique doit cependant être relativisée : la
réalité n'est pas si simple, sinon de tels avantages seraient
recherchés par toutes les entreprises sans exception. Les
investissements nécessaires, dont la rentabilité à long
terme n'est que probable, restent importants et ils sont souvent passés
sous silence dans la littérature sur le sujet. Comme le soulignent
Michel Capron et Françoise Quairel, « un arbitrage entre
rentabilité économique (surtout à court terme) et
intégration des objectifs de développement durable est en
permanence nécessaire ».
Il est bien évident que la mise en place d'un
programme de Développement Durable entraînera des coûts
supplémentaires et grèvera les budgets en tout cas dans un
premier temps. Il s'agit en effet de financer l'ensemble des frais liés
aux changements de pratiques, respect des exigences des normes,
réglementations et programme de formation. Mais à terme, et
là on parle bien de "durable", les gains seront significatifs autant en
termes de nouveaux marchés que d'économie de ressources et de
diminution des incidents/accidents de toute sorte grâce á une
politique dynamique de gestion des risques.
c) RSE comme une conviction des
dirigeants.
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Un facteur décisif, qui peut expliquer que certaines
entreprises s'engagent, semble lié au rôle des dirigeants de
l'entreprise et à leur style de direction. Dans son analyse de
stratégies et pratiques de responsabilité sociale d'entreprises,
Claire Boasson met en lumière la richesse des ressources qu'une
entreprise peut trouver dans sa propre culture et dans la connaissance de ses
métiers, dès lors qu'elle cherche à intégrer les
principes de la RSE à sa stratégie. Elle constate cependant
qu'assez peu d'entreprises s'engagent effectivement dans cette voie. Trouver,
au coeur du métier et de la culture d'entreprise, les ressources
nécessaires à l'exercice de la RSE suppose une action
décisive de la part des dirigeants. Les responsables interrogés
par Claire Boasson ont tous évoqué spontanément
l'implication de leur président comme une condition nécessaire
à l'engagement de l'ensemble de l'entreprise.
d) RSE une démarche sous la
contrainte.
Les entreprises ont vu émerger et se démultiplier
les pressions visant à leur faire prendre
conscience de nouveaux enjeux sociétaux. Ces pressions
varient quant à leur forme et à leur nature, elles renvoient
à différentes catégories d'acteurs parmi lesquelles on
peut compter :
> les associations et les ONG qui ont fait
évoluer leur stratégie pour passer d'un militantisme purement
critique à la sollicitation et à la mobilisation directe des
entreprises autour des problèmes sociétaux.
> les consommateurs, qui sont
sensibilisés par les ONG et les débats médiatiques
récurrents et se préoccupent de plus en plus des conditions de
fabrication des produits, ce phénomène conduit les entreprises
à concourir pour l'obtention de prix
ou de labels tel celui de « l'éthique sur
étiquette2 ».
Cette pression tend à promouvoir l'idée d'une
« qualité éthique » et ou sociale des biens de
consommations, dont l'inscription sur les produits sera un enjeu social
important.
> les investisseurs, qui tendent à
s'exprimer plus fréquemment qu'auparavant dans les assemblées
générales et à demander des comptes sur les dimensions
sociétales de la gestion. À des actionnaires « classiques
» s'ajoutent maintenant les investisseurs dits « socialement
responsables », qui visent à promouvoir encore plus activement
l'adoption par les entreprises qu'ils détiennent de comportements de
responsabilité sociale et de stratégies de développement
durable.
> La réglementation : '7 Le
code du travail.
'7 Le droit de l'environnement.
Il constitue de son côté, un levier pour le
développement durable de nature à soutenir la
responsabilité sociale de l'entreprise et à faire
bénéficier le milieu de ses
2. Créé en 1995, le Collectif
Éthique sur l'étiquette regroupe des associations de
solidarité internationale, des syndicats, des mouvements de
consommateurs et des associations d'éducation populaire. Depuis
septembre 2007, le collectif s'est constitué en association (loi
1901).Le Collectif agit en faveur du respect des droits humains au travail dans
le monde et de la reconnaissance du droit à l'information des
consommateurs sur la qualité sociale de leurs achats.
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activités (dahir n°1-03-59, 2003). En effet, la
loi 11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de
l'environnement définit les fondements de la politique nationale qui
rencontrent parfaitement les préoccupations universelles visant à
:
? Protéger l'environnement contre toutes formes de
pollution et de dégradation, quelle qu'en soit l'origine;
? Améliorer le cadre et les conditions de vie de
l'homme;
? Définir les orientations principales du cadre
législatif, technique et financier, concernant la protection et la
gestion de l'environnement.
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