Chapitre III :
Résultats et
discussion
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III- Résultats et discussion
III-1- Résultats de l'activité
antimicrobienne
L'évaluation qualitative de l'activité
antimicrobienne de l'HE de Rosmarinus officinalis L. a
été faite en mettant en évidence deux méthodes :
aromatogramme, micro-atmosphère et pour l'évaluation quantitative
: la méthode de dilution. Les résultats de celles-ci sont
présentés ci-dessous, où le pouvoir antimicrobien de l'HE
est obtenu par la mesure des diamètres des zones d'inhibition en
millimètre, ainsi que la sensibilité des souches à l'huile
par des signes :-,+,++,+++ .
Tableau VII : Résultats du screening antimicrobien
de l'HE de Romarin.
|
Techniques micro-
biologiques
Souches bactériennes
|
Aromatogramme
|
Micro-atmosphère
|
Volume de l'HE (uL/disque)
|
Volume de l'HE (uL/disque)
|
Disques d'ATB
|
20
|
40
|
60
|
20
|
40
|
60
|
Diamètres des zones d'inhibition
(cm)
|
Gram+
|
Staphylococcus aureus
|
16
|
+
|
26
|
+
|
33
|
+
|
|
|
|
Am*=24
|
|
|
+
|
|
+
|
|
+
|
14
|
38
|
39
|
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
Sarcina lutea
|
18
|
+
|
22
|
+
|
35
|
+
|
|
|
|
NT**
|
|
|
+
|
|
+
|
|
+
|
13
|
31
|
41
|
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
Bacillus subtilis
|
23
|
+
|
29
|
+
|
36
|
+
|
|
|
|
Am=25
|
|
|
+
|
|
+
|
|
+
|
15
|
37
|
56
|
|
|
|
+
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
Gram-
|
Escherichia Coli
|
15
|
+
|
20
|
+
|
22
|
+
|
|
|
|
Am=11
|
|
|
+
|
|
+
|
|
+
|
12
|
28
|
35
|
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
Levure
|
|
19
|
+
|
24
|
+
|
35
|
+
|
|
|
|
M*=24
|
Candida albicans
|
|
+
|
|
+
|
|
+
|
13
|
36
|
49
|
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
*Disques d'antibiotiques : Ampicilline (10ug/disque) et
l'antifongique : Myconasol 10 mg/mL. **NT : non testée.
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? Il faut savoir que le diamètre du disque (9 mm) a
été inclus dans la mesure de la zone d'inhibition.
? En phase liquide (tableau VII) ,l'essence
de Romarin a présenté une activité antibactérienne
importante (annexe 9), particulièrement sur les
bactéries à Gram+ où les DZI varient entre 16 et 23 mm,
pour celle à Gram- : 15mm et la levure : 19mm pour les disques
chargés avec 20 uL ; Gram+ entre 26 et 29 mm et Gram- :20mm et la levure
:24mm pour les disques chargés avec 40 uL ;Gram+ entre 33 et 36mm ,
Gram- : 22mm et la levure à 35mm pour les disques chargés avec 60
uL d'HE.
Concernant les disques d'antibiotiques qui ont servi de
contrôle positif, les DZI varient selon les germes étudiés.
L'activité bactériostatique de l'HE, à la dose de 40 uL,
semble être supérieure à celle des ATB (B. subtilis
= 29 mm et Ampicilline (Am, 10ug)= 25 mm ; E.coli=26mm et
Ampicilline (Am, 10ug)= 11mm ; S.aureus = 26 mm et Ampicilline (Am,
10ug)= 24 mm).
L'action anticandidosique parait, plus ou moins, bonne, à
une dose de 40u, on a enregistré un DZI=24mm qui est le même avec
celui de l'antimycosique (Myconazol), mais plus supérieure (35mm)
à un volume de 60 uL d'HE. Selon les travaux antérieurs,
l'activité antifongique de Romarin est moins marquée et s'exerce
notamment vis-à-vis de Fusarium graminearum (Angioni et
al., 2004) et elle est particulièrement
inférieure sur l'espèce C.albicans en comparaison avec
l'HE d'autres plantes comme : Thymus vulgaris et Clinopodium
acinos L. (Panizzi et al., 1993).
B. subtilis semble être l'espèce la plus
sensible avec des DZI de 23, 29 et 36 mm pour les trois doses croissantes
utilisées de l'HE, ainsi, S. aureus et S. lutea
présentent une sensibilité supérieure par rapport
à celle de E. coli ,ce qui nous a menées à
remarquer qu'il existe une certaine dissimilitude de sensibilité entre
les bactéries à Gram+ et à Gram- vis-à-vis l'HE, ce
qui est en accord avec des recherches antérieurs (Boukhatem et
al., 2014b; Smith-Palmer et al., 1998) qui confirment que les Gram+
sont plus sensibles à l'action antimicrobienne de l'HE que les Gram-.
Ceci est dû au fait que les produits agressifs (les antibiotiques
naturelles et synthétiques) sont incapables de traverser la membrane
externe des bactéries à Gram- qu'elles stockent dans leur
périplasme un arsenal d'enzymes de dégradation de
molécules complexes.
? En phase vapeur (tableau VII), l'HE de
Romarin présente une efficacité remarquable sur les
bactéries à Gram+ avec des DZI allant de 13 à 15mm pour
les disques chargés avec 20 uL,
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entre 31 et 38mm pour les disques chargés avec 40 uL,
entre 39 et 56mm pour les disques chargés avec 60 uL (annexe
10). La bactérie à Gram- a été
légèrement inhibée par rapport aux Gram+ avec des DZI :
12mm, 28mm, 35mm pour les trois doses d'HE. Il faut se rappeler que l'effet
antimicrobien étudié est « dose-dépendant
».
Tout comme l'aromatogramme, B. subtilis est la souche
la plus sensible. Ainsi, l'action anticandidosique parait plus efficace en
micro-atmosphère qu'en diffusion sur milieu solide avec des DZI
croissants allant de 13 à 49mm.
? Vue la divergence remarquable entre les résultats de
l'aromatogramme et ceux de micro-atmosphère, il a été tout
à fait envisageable de faire une comparaison entre ces derniers,
à la plus grande dose : 60uL (figure 7), où on a
une différence d'inhibition plus ou moins importante en phase gazeuse
qu'en phase liquide, plus particulièrement de: B. subtilis,
S. aureus et C. albicans.
![](Investigation-des-proprietes-antimicrobienne-in-vitro-anti-inflammatoire-et-antispasmodique-in13.png)
C.albicans
B.subtilis
S.aureus
S.lutea
E.coli
0 10 20 30 40 50 60
Diamètre des zones d'inhibition (mm) pour un
volume de 60uL
Microatmosphère Aromatogramme
22
33
35
35
35
36
39
41
49
56
Figure 7: Analyse comparative de l'action
antimicrobienne de l'HE de Romarin en phase liquide et celle en phase
vapeur.
Il existe un nombre restreint de publications scientifiques
qui mettent en évidence l'effet inhibiteur des essences en
micro-atmosphère, cependant, (Boukhatem et al., 2014a;
Nedorostova et al., 2008) suggèrent que les HE sont hautement
plus efficaces en phase vapeur qu'en phase liquide.
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Ceci peut être dû au fait que les molécules
actives de l'HE, non miscible, diffuse mal en milieu solide, d'autre part, en
micro-atmosphère, ses composants biocides seront plus en contact avec le
micro-organisme à tester.
Il est à noter que les HE contenant: alcools,
cétones, esters, oxydes et les hydrocarbures, l'inhibition est
supérieure en micro-atmosphère, par ailleurs, elle est
supérieure en diffusion sur milieu gélosé pour les
essences qui contiennent des quantités supérieurs
d'aldéhydes (Inouye et al., 2006).
Dans cette méthode, la zone d'inhibition qui en
résulte n'est pas seulement une mesure d'activité, mais aussi la
vitesse d'évaporation des composés actifs de l'HE, qui
dépend aussi de la température.
Néanmoins, il n'y a pas une cohérence
générale pour laquelle on sait précisément quelle
HE en phase vapeur sera efficace sur un type de germe bien
déterminé, donc, le spectre d'activité de chaque essence
doit être identifié expérimentalement.
? Pour tous les germes utilisés, les résultats
de la méthode de l'aromatogramme avec dilution (annexe
11) ont révélé une inefficacité de l'HE de
Romarin avec des DZI inférieurs à 8mm, à des
concentrations de : 25%, 12,5%,6.25%, mais, à une concentration de 50%,
les zones d'inhibition ont été inférieurs à 14mm,
ce qui voudrait dire que les CMI sont à 50%, ainsi, en diluant l'HE, son
effet diminue, donc, l'activité est proportionnelle à la
concentration.
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