INTRODUCTION
Le payement des actes de soins a toujours été un
souci pour les populations en Afrique. Les dépenses de santé ont
souvent des répercussions sur le niveau de vie des ménages. Et la
question qui se pose en termes de dépenses de santé n'est pas de
savoir comment les réduire afin de faciliter un accès aux soins
de santé à la population. Bel et bien comment les financer
(question des recettes) et les optimiser (question de l'organisation), avec
l'objectif d'une santé solidaire, dans un système
équitable qui garantit la satisfaction des besoins autres que ceux de la
santé et améliore le niveau de vie des populations. En effet,
qu'il s'agisse d'apporter de nouvelles ressources au système de
santé ou d'envisager la façon dont ses dépenses doivent
provenir de la collectivité ou des individus, toute orientation prise
n'est acceptable que si l'effort financier consenti est équitable et
optimisé dans ce à quoi il va être utilisé.
Cependant, trois développements fondamentaux paraissent entretenir le
dynamisme de la dépense de santé.
Il s'agit : (i) de l'évolution sanitaire
(épidémiologie et vieillissement), qui façonnent les
besoins et la demande en matière de soins ; (ii) du niveau de vie,
à travers l'élévation de l'offre de soins
entraînée par une hausse du revenu ; et (iii) de l'avancée
de la connaissance médicale (progrès techniques), permettant
à la fois de mieux diagnostiquer des pathologies et de mieux les soigner
(Albouy V. et al. 2009). Ainsi, la connaissance de l'ampleur des
dépenses de santé supportées par les ménages est
une piste qu'il convient d'explorer, vu l'importance des dépenses
privées de santé dans la planification du développement.
Les dirigeants africains ont pris des engagements lors de la conférence
d'Abuja en 2001, pour mobiliser beaucoup plus de ressources financières,
en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (remplacés par les
Objectifs du Développement Durable), en allouant au
moins 15% de leurs budgets nationaux au secteur de la santé afin d'agir
sur le niveau de vie des ménages. Ces engagements semblent cependant
avoir du mal à être réalisés, du fait des faiblesses
et de la fragmentation des systèmes de santé qui ne permettent
pas à la population d'avoir un niveau de vie amélioré,
à travers une assurance maladie couvrant le payement des soins de
santé. Ces engagements ont été renouvelés à
Gaborone au Botswana en 2005 puis à Ouagadougou, au Burkina Faso en 2006
(Rapport OMS, 2008).
Dans certains pays, 50% ou plus (Rapport OMS, 2013) de leurs
budgets de santé viennent de l'aide étrangère ou du
privé, c'est-à-dire financé par les consommateurs
eux-mêmes et les partenaires étrangers. Selon le même
rapport, dans près de la moitié des pays soit 40 %, le
financement privé de la santé est égal ou dépasse
très largement le financement public, allant jusqu'à plus de 70%
dans certains États comme le Cameroun (70,4%), la RDC (71,6%), Sao
Tomé et principes (64,7%), le Tchad (75%), la Côte d'Ivoire
(75,5%) par exemple.
Tout cela va sans dire que les régimes de
sécurité sociale en santé sont très faibles, ou
inexistants dans la plupart des pays africains. Ceci crée un handicap
à l'amélioration du niveau de vie de la population qui se voit
obligé de vider son revenu et son épargne pour avoir un
accès aux soins plus ou moins acceptables. En plus, le même
rapport démontre que 10,63 % seulement (5 sur 47 pays) évoluent
vers les 15% du budget à la santé, conformément aux
engagements pris à Abuja. Il s'agit du Rwanda, du Malawi, de la Zambie,
du Burkina Faso et le Togo.
Par ailleurs, de nombreux efforts sont encore attendus dans la
plupart des pays afin d'opter pour une protection sociale qui favorisera
l'amélioration du niveau de vie des populations.
On entend souvent les assurés se plaindre des
prestations de ce régime d'assurance. Par conséquent, il nous
semble important de mesurer l'apport de ce régime de protection sociale,
dans l'amélioration du niveau de vie des assujettis, qui sont les
premiers concernés. C'est ce qui légitime la présente
étude intitulée : « Effets de l'assurance maladie
obligatoire sur le niveau de vie des assujettis au Togo et perspectives
d'actions: cas de la ville de Tsévié (préfecture de Zio)
».
Pour ce faire, deux grandes parties vont constituer l'ossature
du présent mémoire : l'approche méthodologique de la
recherche action pour la première partie et les résultats de la
recherche action pour la seconde. Chaque partie est scindée en deux
chapitres.
La première partie met en lumière la
problématique et le cadre conceptuel (chapitre1) puis le cadre pratique
de la recherche (chapitre2), tandis que la deuxième partie s'articule
autour de la présentation et de l'analyse des données de terrain
(chapitre1) ainsi que les apports de la recherche (chapitre2).
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