INTRODUCTION
Les progrès de 1'hygiene et de la médecine
durant ces quarante dernièresannées ont abouti à un
allongement considérable del'espérance et de la durée de
vie des occidentaux. Cette avancée laisse prévoir le
développement de pathologies liéesà la senescence avec une
aggravation de la situation dans les annéesà venir. (1)
Ce vieillissement est plus rapide dans les pays à
moyens ou faibles revenus que dans les pays à revenus
élevés, ainsi la part des plus de 65 ans devrait doubler en 20
à 30 ans dans les pays du Sud. En 2020, on "estime que 2/3 des plus de
60 ans vivront dans les pays en développement (2)
En moins d'un siècle, l'espérance de vie a
augmenté de 33 ans, en 1940, elle était de 45 ans pour les hommes
et en 2000 elle est passéeà 78 ans. Ce vieillissement de la
population s'est accompagné d'un accroissement des maladies touchant
préférentiellement les personnes âgées, au premier
rang desquelles figurent les démences. La maladie d'Alzheimer
représente 75 % du total des démences. Elles frappent 5 % de la
population de plus de 65 ans, 25 % de celle de plus de 85 ans et constituent la
cause majeure d'institutionnalisation dans cette population. Selon l'INSERM, en
France, le nombre de patients atteints serait de 600 000, avec 100 000 nouveaux
cas recensés chaque année (3)
La prévalence des démences et de la maladie
d'Alzheimer (MA), maladies liées à l'âge, est par
conséquent en augmentation. Les dernières estimations
évaluaient le nombre de déments à 35,6 millions de
personnes dans le monde en 2010. Ce chiffre devrait pratiquement doubler tous
les 20 ans, atteignant 65,7 millions en 2030 et 115,4 millions en 2050. La
majeure partie de cette augmentation est attribuée aux pays à
faibles et moyens revenus ; en 2050, 70,5% des déments dans le monde
vivront dans ces pays (4).
Les conséquences humaines, sociales et
économiques liées aux démences et à la MA sont
lourdes : augmentation de la mortalité des sujets âgés,
perte d'autonomie des sujets atteints nécessitant une aide et une prise
en charge médicale, coûts directs et indirects de la prise en
charge de ces maladies. Les fréquences et les conséquences des
démences et de la MA en font donc un problème de santé
publique reconnu dans les pays à revenus élevés, où
des plans nationaux sont progressivement mis en place, encouragés par
l'Organisation Mondiale de la Santé. Ce problème de Santé
Publique va également toucher à très court terme les pays
à faibles et moyens revenus, dits en développement, encore peu
conscients de la situation. De par ses fréquences, ses
conséquences, le stigma qui y est associé et son coût, la
MA constitue un défi mondial pour le 21ème siècle (5).
Les premières estimations de la prévalence des
démences dans les pays en développement étaient faibles,
souvent inférieures à 5% (1,8% à Pékin et en
Thaïlande (6 ; 7), 1,4% en Inde (8), 3,1% en Uruguay (9)), contrastant
avec les observations faites dans les pays développés comme les
Etats-Unis (8,2 % de démences et 6,2 % de MA (10)) ou en Europe (6,4%
pour les démences toutes causes et 4,4% pour la MA (11)).
Plusieurs hypothèses ont été
formulées pour expliquer cette différence de prévalence
entre les pays développés et les pays en développement :
des biais méthodologiques dus aux instruments de dépistage (12),
l'existence de facteurs environnementaux, de variations
génétiques ou des interactions gènes/environnement (13 ;
14), des facteurs culturels ou psychosociaux (15). Certains auteurs ont
également évoqué qu'une faible prévalence de
certains facteurs de risque vasculaires (cholestérolémie...) et
de l'athérosclérose pourrait être à l'origine de ces
faibles fréquences des démences (16 ; 17). La culture orale
très développée dans ces pays, les activités
sociales et de loisirs, pourraient aussi participer à une
prévalence faible des démences dans le contexte tropical.
Peu de recherches sur les démences ont
été menées en Afrique alors qu'une augmentation de 93% de
la population de personnes âgées vivant en Afrique Subsaharienne
est prévue par l'OMS entre 2000 et 2020 (18). Trois
étudesépidémiologiques en population
générale ont été conduites en Afrique francophone :
à Djidja (Benin), à Bangui (République Centrafricaine) et
àBrazzaville (Congo), chez les sujets de plus de 65 ans. La
prévalence des démencesétait faible en zone rurale
béninoise (2,6%), alors qu'elle était plus élevée
dans les villes d'Afrique Centrale (8,1% à Bangui et 6,7% à
Brazzaville). (19)
En ce qui concerne l'état des lieux de la
démenceà Lubumbashi, aucune étude n'a
étéréalisée à notre connaissance. Il est
donc nécessaire de mener des étudesépidémiologiques
permettant de quantifier l'importance de ces affections
neurodégénératives dans la population et de rechercher les
facteurs pouvant y être associés.
L'objectif général de ce travail est de
contribuer à une meilleure connaissance de l'épidémiologie
intra institutionnelle des démences à Lubumbashi. Et comme
objectif spécifique :
- Décrire la population gériatrique vivant dans
les hospices de vieillards de la ville de Lubumbashi ;
- Dépister les cas des démences dans les
hospices des vieillards de Lubumbashi ;
- Déterminer la prévalence des
démences ;
- Rechercher les facteurs y étant associé.
Cette étude intéressera les pensionnaires des
hospices des vieillards, âgées de 60 ans et plus.
Ce présent travail comprend, outre l'introduction et la
conclusion, deux grandes parties. La première qui est la revue de la
littérature et la seconde qui résumera l'ensemble de nos
observations personnelles.
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