4. Community Screening
Instrument for Dementia
Ce questionnaire a été développé
et validé par le Pr Kathleen Hall et son équipe en 1993 afin de
constituer un outil qui ne comportait pas de biais selon la culture et le
niveau d'éducation des sujets (73).
Il a d'abord été établi pour l'utiliser
dans deux populations : les indiens natifs parlant Cree, vivant dans une
réserve à Manitoba (Canada), et les habitants anglophones,
résidant à Winnipeg (Etats-Unis). Le Community Screening
Interview for Dementia comprend deux parties distinctes : une évaluation
cognitive du sujet et un entretien d'évaluation fonctionnelle avec un
proche du sujet (informant), dans le but de repérer les cas possibles de
démences lorsd'études épidémiologique en deux
phases. Combiner une autre source d'information (un procheou la famille) aux
résultats des tests cognitifs pourrait contribuer à minimiser les
biais dus auniveau d'éducation. Cette approche était
déjà employée lors des entretiens cliniques mais n'avait
pas été appliquée aux études en population
générale (74).
Les items pour les deux parties du questionnaire ont
été sélectionnés afin d'évaluer la
mémoire, la pensée abstraite, le jugement, des dysfonctionnements
des fonctions corticales supérieures (aphasie, apraxie, agnosie,
difficultés constructives), des changements de personnalité ainsi
que le comportement au travail et en société, dans un court
entretien, conformément aux critères cliniques de démence
du Diagnostic and Statistical Manual disorders 3rd Edition (75). Les items
sélectionnés pourleur pertinence avec les critères
recherchés appartenaient aux instruments les plus couramment
utilisés dans le dépistage des démences : le MMSE (76), le
CAMDEX (77), la Dementia Rating Scale (78), le CARE (79) et le East Boston
Memory Test (80). Ce questionnaire a été construit par une
équipe multidisciplinaire (psychiatres, psychologues,
épidémiologistes, anthropologues, infirmiers). Les items choisis
pour chaque dimension fonctionnelle ont été discutés par
l'équipe et revus à chaque étape de traduction. Les
questions peuvent être dispensées oralement, compte tenu de la
possibilité que les personnes âgées interrogées ne
puissent pas lire ou écrire dans certains milieux. Seuls deux items sur
les praxies demandent au sujet de copier des figures. La partie cognitive du
questionnaire contient 39 questions et la passation prend environ 20 minutes,
tandis que la partie informant comporte 30 items et dure environ 15 minutes. Le
développement de cet instrumenta été réalisé
en trois phases.
Tout d'abord, un test initial d'acceptabilité
auprès de 10 personnes âgées volontaires parlant Cree et de
10 personnes âgées volontaires anglophones. Ensuite, un
pré-test a été réalisé auprès de
sujets Cree et anglophones possédant un diagnostic de démence ou
de non démence précédemment établi.
L'acceptabilité, la comparabilité, la fiabilité et la
validité de ce test dans les deux populations ont été
analysées.
Une fonction discriminante a été
élaborée suivant ces données afin d'attribuer le poids
adapté à la combinaison des scores cognitifs et « informant
», pour différencier au mieux les sujets déments des
non-déments. Cette fonction discriminante est équivalente
à une régression multivariée ayant comme variable
dépendante dichotomique la démence. Le score-seuil a
été choisi pour avoir une sensibilité de 100% et une
spécificité de 89% sur le prétest. Ce score aensuite
été utilisé pour le dépistage lors d'une
enquête en population générale ultérieure dansles
mêmes communautés.
L'étude en population générale a
été menée chez 216 volontaires de plus de 65 ans vivant
dans deux réserves Cree et 252 volontaires anglophones vivant à
Winnipeg. La prévalence des démences était de 4,2% chez
les Cree et chez les anglophones. Cette étude montra la
comparabilité des scores obtenus par les non-déments des deux
populations et la bonne discrimination des scores cognitifs et « informant
» entre les sujets déments et non-déments.
Elle a permis de ré-établir une fonction
discriminante qui différencie les sujets déments des sujets
non-déments.
Cet outil a par la suite été adapté et
utilisé lors des études comparatives en population
générale de prévalence et d'incidence de la MA chez les
Yorubas d'Ibadan (Nigéria) et les Afroaméricains d'Indianapolis
(Etats-Unis) (74). Dans ces deux populations confondues, le CSI-D avait une
sensibilité de 87% et une spécificité de 83%. Les analyses
des courbes ROC montraient que le score de la fonction discriminante
différenciait mieux les sujets déments des sujets
non-déments que les scores cognitifs seuls. L'utilisation des
informations provenant de l'informant sur la vie quotidienne du sujet
âgé contribuait à une meilleure prédiction du
diagnostic clinique de démence.
Les performances du CSI-D ont été
décrites dans plusieurs populations : Cree, canadiens anglophones,
afro-américains, nigérians, jamaïcains (81) et kenyans (82).
Elles montrent que la combinaison des scores cognitifs et informant dans un
score discriminant produit de meilleures sensibilités et
spécificités pour les démences que les performances
cognitives seules. Le score informant a un effet significatif
indépendant dans la prédiction des démences.
Depuis, ce test cognitif transculturel a été
traduit et adapté dans d'autres langues : espagnol, portugais, chinois,
français, tamoul, etc... Il est recommandé et utilisé par
le 10/66 Dementia Research Group lors des études en population
générale menées en Amérique Latine, en
Amérique du Sud, en Asie et en Inde (83). Il fait partie
intégrante de l'algorithme et du critère diagnostique mis en
place par le 10/66 DRG dans leurs études de prévalence des
démences en une phase (84).
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