CHAPITRE IV. DISCUSSION
DISCUSSION
Les groupes et l'âge des victimes
Selon les données de 2011 pour la France
métropolitaine, DSCR/fichiers BAAC, les motocyclistes de 18 à 24
ans sont les plus touchés par rapport aux autres vulnérables de
la route. On note parmi eux : 34% des tués et 38,5% des
blessés.(28)
LEWHE a trouvé dans sa série la fréquence
la plus élevée chez le conducteur dont l'âge varie de 20
à 30 ans. (5)
Dans notre série,les passagers sur les motocyclettes
présentent plus fréquemment des lésions corporelles
(39,8%) que les conducteurs (37,9%).
Quant aux motocyclistes, la tranche d'âge la plus
touchée est comprise entre 17 à 24 ans tout en notant une
proportion non négligeable des enfants et adolescents de 9 à 16
ans dans 5,12% des cas.
La prédominancede la fréquence chez les
passagers au cours de notre étude s'explique par la surcharge
fréquente des motocyclettes. Ce qui fait qu'un seul accident d'une moto
à 2 passagers entraine 3 victimes dont un motocycliste et 2 passagers.
Ce qui pourrait élever le nombre des passagers.
Le sexe des victimes
Selon LEWHE, 94% des tués par moto sont des
hommes(5).
Les victimes du sexe masculin (69,9%) sont les plus
touchées que celles du sexe féminin (30,1%) au cours de notre
étude.
Nous notons également que tous les motocyclistes de
notre série sont du sexe masculin.
Nos résultats concordent à ceux de LEWHEsous
réserve du fait que dans la plupart de ses cas, il s'agit des motos
privées et non de transport en commun comme tel est le cas dans le
contexte Kinois.
De l'heure de survenue de l'accident
Les deux tiers d'accident sont survenus dans la tranche
d'heure allant de l'après-midi à la nuit (68%) pour baisser
légèrement au tiers l'avant midi (31%).
LEWHE a trouvé dans sa série, la survenue des
accidents de l'après-midi à la nuit (68%). (5)
SOW a trouvé dans son étude, l'heure de survenue
est l'après-midi et le soir dans 70% des cas.(26)
Ces observations concordent avec notre étude. Cela
pourrait s'expliquer par la fatigue qui s'installe l'après-midi et le
soir, sans compter la somnolence des conducteurs tant des motos que des
automobiles pendant la circulation nocturne.
De la profession
LEWHE a trouvé la fréquence élevée
chez les victimes sans profession (40%), suivi des fonctionnaires (31%) et aux
études (16%). (20)
SOW a trouvé dans son étude que les
élèves et les étudiants sont touchés dans 24% des
cas(26)
Dans notre série, la majorité des victimes sont
sans profession (42%).
Nos données corroborent avec ceux de LEWHE au Benin et
SOW au Mali. En effet, les désoeuvrés paraissent plus
présents dans la circulation à la quête de la survie sous
plusieurs formes notamment des rendez-vous forcés pour mendier, les
activités de commerce informelles, la recherche d'emploi etc...
Du motif de déplacement
LEWHE a trouvé dans sa série 16% des victimes
étaient en route pour les études pendant l'accident (5).
Dans notre étude, le motif de déplacement le
plus cité ayant occasionné l'accident est le motif privé
dans 68% des cas suivi des études dans 14%.
La fréquence des victimes sans profession dans notre
étude est favorisée par le vagabondage des sans-emplois à
la quête de survie ainsi que la pratique de certaines activités
informelles génératrices des recettes. Tout ceci dans une
population jeune et désoeuvrée.
Du port de casque
Il est noté au cours de notre étude que 94,2%
n'ont pas de notion de port de casque pendant l'accident.
Nous n'avons pas trouvé cette notion dans la
littérature.
Le défaut du port de casque est le principal facteur de
risque chez les utilisateurs de la moto. Il est démontré que le
port de casque réduit de 20% à 40% le nombre des traumatismes
crâniens graves et mortels chez les motocyclistes et que c'est la
meilleure approche pour qu'ils ne se blessent pas(5).
La majorité de patients de notre série n'ont pas
de notion de port de casque pendant l'accident et même ceux qui en
avaient, ne l'ont pas porté effectivement, ils l'ont soit posé
devant le guidon soit ne l'ont pas attaché convenablement, soit que
c'est un casque inapproprié. Tout ceci dénote de
l'irresponsabilité de cette population jeune inconsciente.
Du délai de consultation
LEWHE a trouvé dans sa série que les victimes
ont consulté le même jour dans 2,1% des cas et à moins
d'une semaine dans 64,8% (5).
Au cours des accidents par moto dans notre série, les
victimes ont consulté le même jour du traumatisme dans 87% des
cas.
Contrairement à l'étude de LEWHE, nos
traumatisés étaient acheminés plus rapidement à
l'hôpital pour les soins alors que, les conditions de ramassage laissent
à désirer. Cette précocité de consultation peut
s'expliquer par la gravité des lésions traumatiques
observées qui pousserait l'entourage à acheminer la victime
immédiatement à l'hôpital.
De l'antagoniste pendant l'accident.
Au cours des accidents par moto, l'antagoniste le plus
fréquemment rencontré est une automobile dans 41% des cas suivi
d'une autre moto dans 22%.
Nous n'avons pas des données dans la littérature
concernant les antagonistes des accidents par la motocyclette. L'observation de
la manière de rouler des motocyclistes ainsi que le comportement des
taximen des automobiles porte à croire que les motocyclistes ne
respectant généralement pas le code de la route, se font
facilement renverser par les automobiles sinon ils entrent en collision entre
eux. D'autre part, la petite taille de cet engin fait que la présence de
ce dernier est mal perçue par les automobilistes. Cette attitude est
encore aggravée par le conflit qui est visible sur la route entre les
motocyclistes et les conducteurs d'automobile.Ce conflit se voit lorsque ces
protagonistes se disputent le passage sur une route surtout pendant les
embouteillages et lorsque les clients sont attirés par les motos pour
contourner les embouteillages ou pour accéder à des
artères plus étroites ou encore pour traverser les
tronçons impraticables par les automobiles.
Du bilan d'imagerie
L'examen d'imagerie le plus demandé est la radiographie
des membres inférieurs dans 39% des cas, suivi du scanner crânio
encéphalique dans 27,7%
Dans les ATR par moto, les lésions les plus
rencontrées sont celles des membres et du crâne. Ce qui justifie
des fréquences élevées de ces bilans dans notre
série contrairement aux lésions dues à d'autres
traumatismes.
Du bilan lésionnel
a. Les lésions anatomiques qui entrent dans le calcul
de l'ISS.
Nous avons noté la diversité des lésions
traumatiques observées chez les victimes. Néanmoins, parmi les
lésions graves qu'elles pourraient présenter, plus de la
moitié présentent en plus, des lésions mineures (contusion
pariétale, plaie superficielle, écorchure) aux membres et
à la tête.
La rupture diaphragmatique, le pneumo médiastin, la
contusion myocardique, la lacération trachéale et aortique ainsi
que la rupture myocardique n'ont pas été retrouvées.Il
est cependant difficile d'affirmer avec certitude qu'elles n'ont pas
été présentées par nos victimes pour plusieurs
raisons.
D'abord, ces lésions sont très létales,
et nécessitent un système de ramassage des blessés
très organisé en vu d'assurer une bonne prise en charge
pré hospitalière des victimes. Faute de quoi, elles meurent sur
le chemin de l'hôpital par manque de soin ou par aggravation de la
lésion par les « secouristes improvisés ».
Quant à celles qui arrivaientvivantesaux CUK, non
seulement celles qui nécessitent des bilans complexes,même
certaines lésions qui peuvent être diagnostiquées par des
moyens simples pourraient être sous estimées.
Ces lésions seraient sous estimées, suite
à l'insuffisance de bilan para clinique nécessaire pour leurs
mise au point. Cette insuffisance pourrait être du à la
pauvreté de la population qui, dans la plupart des cas, sont
obligées de supporter les frais de leurssoinset/ ou au manque
d'infrastructures nécessaires aux CUK.
b. Les scores de gravité et l'étage
lésionnel
Les lésions les plus fréquentes sont
observées au niveau des membresinférieurs à 63% des cas
suivi des lésions de la tête et le cou dans 52%. Ces
lésions graves mettent en jeu le pronostic fonctionnel (AIS=3) dans
56,3% et le pronostic vital (AIS=4) dans 32% des cas. Les
polytraumatisés (ISS plus de 15) constituent 21,8% de notre
échantillon.
Notre étude devrait révéler un taux plus
élevé des polytraumatisés par rapport aux autres
traumatismes ainsi qu'aux ATR par automobiles. Ceci s'explique par la
vulnérabilité de la moto qui manque d'habitacle tout en exposant
ainsi les occupants au moindre choc .Le manquede casque pendant l'accident
observé dans la majorité des victimes alourdit les traumatismes
crânioencéphaliques.
c. Les fractures
Parmi les types des fractures rencontrées dans notre
série, les fractures ouvertes étaient majoritaires dans 64,2% des
cas contre 35,7% des fractures fermées. De ces fractures ouvertes, le
type II de CAUCHOIX est de loin le plus fréquentà raison de 58,2%
suivi de type III et enfin du type I.
Le segment fracturé le plus cité est le membre
inférieur dans 54,76% suivi du crâne dans 20,63%.
L'incidence des fractures des membres et celles du crâne
serait plus élevées dans notre série. Plusieurs raisons
pourraient être à la base de cette élévation :
d'une part la motocyclette étant un véhicule motorisé
dépourvu d'habitacle expose directement les parties du corps en
présentation pendant la collision ou la chute. Les membres
inférieurs et la tête sont les parties les plus exposés si
on observe la position des usagers sur la moto. D'autre part, le tibia est un
os qui effleure la peau. Devant un traumatisme violent directement sur le
membre sans protection entraine facilement des fractures ouvertes.
Du traitement
Les traitements réalisés dans notre série
par ordre décroissant de fréquence sont : le traitement
chirurgical (93,6%), suivi du traitement médical (60,61%), du traitement
orthopédique (50,47%) et enfin de la Kinésithérapie
(1,5%).
En ce qui concerne le traitement chirurgical, le parage
chirurgical était le plus réalisé dans 41,2% des cas
indiqué pour les fractures ouvertes, des plaies contuses et
profondes.
Le traitement orthopédique le plus
réalisé dans notre série est la réduction -
contention plâtrée indiquée pour les fractures des membres
dans 53 cas suivi de drainage postural-repos sur plan dur-observation (repos)
dans 30 cas.
Ces traitements ont aussi étaient utilisé par
plusieurs auteurs (35, 36, 33, 37,31)
De l'évolution
Parmi les victimes de notre série, 60% sont
guéries, 24,3% sont restées invalides, 10,6% sont perdues de vu
et 5,3% sont décédées
60% des traumatisés de notre série avaient
présenté une évolution favorable.
Le phénomène « WEWA »
présente une mortalité intra hospitalière et
séquelles plus élevée avec ses corollaires.
Ce qui s'explique par l'énergie du choc traumatique
très élevée qui est transmise directement sur les
occupants lors des accidents par la moto à cause du manque d'habitacle
et la chute quasi présente lors des accidents.
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