Conclusion partielle
Il s'agit d'améliorer l'existant en matière de
décentralisation et du développement local tout en
considérant les aspirations des uns et des autres. C'est donc une
nécessité si l'on tient à ce que la
décentralisation puisse contribuer au développement
socio-économique des régions que les leçons issues des
différentes études, débats et états
généraux soient mis en pratique. En effet, la réalisation
effective du transfert de compétences et des mesures d'accompagnement
doit être une des stratégies pour atteindre les objectifs
escomptés. Ceci sera plus pertinent à partir de la
définition objective, réglementaire et sociologique de la
structuration de la décentralisation.
La communication autour du développement entre les
acteurs locaux et les différents partenaires de développement
doit servir d'approche permettant la participation de tous au
développement.
Faire comprendre l'essence du développement local par
la décentralisation aux élus locaux par des séances de
formation ou de renforcement de capacité est une des voies pour
répondre aux besoins des populations dans la dynamique des
sociétés ivoiriennes.
Ainsi, au-delà de la coopération
inter-collectivités au niveau national, la décentralisation
facilite aussi les relations directes avec l'environnement international. Des
actions de partenariat peuvent donc être entreprises pour ouvrir des
opportunités de projets en vue du développement local.
Il appartient à l'État de créer les
conditions favorables à la recherche de ce partenariat à travers
la stabilité nationale et l'entretien de liens d'amitié, de
solidarité et de confiance avec l'extérieur.
Les structures décentralisées doivent oeuvrer de
même dans le domaine du partenariat qui se présente être
indispensable pour le développement local.
275
CONCLUSION
Notre réflexion sur le développement local et la
décentralisation en Côte d'ivoire s'est axée sur le
thème « le développement local participatif dans
le contexte de la décentralisation en Côte d'Ivoire: le cas du
chef-lieu de la région du N'Zi (Dimbokro)».
L'objectif général de l'étude
était de déterminer les mécanismes de construction des
rapports sociaux autour de la participation de la population de Dimbokro
à son développement.
A cet effet, nous avons pu recueillir les données tant
auprès du personnel des structures décentralisées (Mairie,
Conseil Général de Dimbokro) qu'auprès des structures de
développement (ANADER, associations), de la Préfecture, de la
direction départementale de la santé, du Centre
d'Alphabétisation de l'Eglise Saint Joseph et de la population du
département de Dimbokro.
Comment les rapports sociaux qui se construisent autour de la
participation des populations concourent-ils au développement local?
Autrement dit, quelle est la configuration sociale de la participation de
population de Dimbokro au développement local?
Pour répondre à cette question, une
hypothèse générale selon laquelle les rapports sociaux qui
se construisent autour de la réalisation des projets de
développement déterminent le succès du
développement local a été envisagée. Cette
hypothèse principale s'est donc opérationnalisée à
travers trois hypothèses secondaires. Selon la première
hypothèse, le regroupement de la population et la communication sont des
mécanismes qui impactent l'atteinte des objectifs de la gestion du
territoire local.
La seconde indiquait que les relations de partenariat
existantes entre les structures décentralisées et la population
de Dimbokro constituent un facteur influençant du développement
local.
276
Enfin, selon la troisième hypothèse, le manque
de compétences adéquates et l'absence de cadre d'expression ainsi
que l'analphabétisme constituent un frein à la participation de
la population au développement local.
Ainsi, l'analyse du profil sociologique des
enquêtés (sexe et âge, niveau d'instruction et profession)
ainsi que leur connaissance du développement local et du rôle
d'une structure décentralisée a constitué la
première approche de la question. Ensuite, la politique et
matérialisation des projets de développement pour le
mieux-être de la population Dimbokro ont été
abordés. Evoluant, la perception et attentes de la population en
matière de développement ainsi que sa participation au
développement local pour l'amélioration de ses conditions de vie
ont été examinées.
L'analyse du sujet s'est achevée par quelques
stratégies et perspectives d'amélioration de la
décentralisation pour le développement local.
Cette analyse s'est faite en s'appuyant sur deux
méthodes, à savoir la méthode dialectique et la
méthode stratégique.
La méthode dialectique nous a permis de déceler
les contradictions dans la participation de la population du département
de Dimbokro à son développement dans le contexte de la
décentralisation et les actions de développement entreprises.
Cette antinomie est perceptible entre les théories du
développement local participatif et celle de la décentralisation
qui voudraient que les populations participent à leur
développement et de ce qui se présente dans la pratique.
Concernant le département de Dimbokro, cette participation se limite
à la consultation de la population qui ne lui permet pas de jouer un
véritable rôle dans son développement.
L'approche stratégique a été utile pour
l'analyse des comportements des acteurs et bénéficiaires des
actions de développement, leurs stratégies de participation au
développement et les zones d'incertitudes qui sont perceptibles par le
jeu des bénéficiaires ou de la population locale.
277
La stratégie de participation de la population de
Dimbokro à son développement est son regroupement en association
et la sollicitation individuelle ou collective de fonds pour la création
des activités génératrices de revenus.
L'incertitude perceptible dans cette localité, est la
réticence de certains responsables des réunions et actions de
développement en se basant sur les appartenances politiques pour
légitimer leurs actes.
Cette étude a allié l'approche qualitative et
l'approche quantitative.
Les analyses ont été menées suivant les
techniques de l'analyse de contenu et de l'analyse quantitative en s'appuyant
sur les logiciels de traitement de données et d'analyse tels
qu'EPIDATA 3.1 et SPSS 16.0.
L'étude nous a permis d'avoir un aperçu des
actions de développement entreprises dans le cadre de la
décentralisation et la manière dont la population de Dimbokro
participe à son développement.
La première hypothèse qui stipulait que le
regroupement de la population et la communication sont des mécanismes
qui impactent l'atteinte des objectifs de la gestion du territoire local a
été vérifiée; dans le sens où cette
disposition qui représente une des bases de participation de la
population au développement local est utilisée à
Dimbokro.
En effet, les stratégies de participation de la
population de Dimbokro sont perceptibles à travers le regroupement de la
population et sollicitation de financements (50%),
l'adhésion aux projets de développement mis en place
(29,48%) et le retour à la terre
(20,52%) en s'orientant vers les nouvelles spéculations
telles que anacarde, hévéa, palmier à huile.
Cette première stratégie lui ouvre la voie pour
participer à son développement.
Dans cette perspective, la communication de proximité
est la plus utilisée selon les enquêtés avec un taux de
52,63%.
278
Il s'agit des différentes rencontres d'informations et
de sensibilisation des agents de la structure décentralisée avec
la population locale dans le cadre du développement local.
Ensuite vient la communication à travers les ondes de
la radio "la voix du N'Zi" avec un pourcentage de 27,37%.
Enfin, des informations sont reçues par
l'intermédiaire des représentants de la population locale,
à savoir les chefs de villages, les responsables d'associations pour un
pourcentage de 20% des enquêtés.
La deuxième hypothèse quant à elle
supposait que les relations de partenariat existantes entre les structures
décentralisées et la population de Dimbokro constituent un
facteur influençant du développement local.
Cette hypothèse n'a pas été totalement
vérifiée à Dimbokro, dans la mesure où
c'était le rapport de consultation (66,85%) qui
était plus perceptible à travers les données de cette
étude. Ainsi, selon 57,90% des enquêtés,
la population ne participe pas à la prise de décision concernant
les actions de développement de leur localité.
Par contre, 42,10% des répondants ont
déclaré que leur participation au développement se
limitait à la consultation.
Leurs propos le résument ainsi :
« Il s'agissait des consultations pour
connaître nos besoins concernant le développement. Parfois, il
arrivait que nous nos besoins étaient exprimés par écrits
et déposés au sein de la structure
décentralisée»109 .
La consultation constitue certes la voie de participation de
la population au développement, mais cela doit tendre vers un
partenariat puisque la population locale est bénéficiaire des
actions de développement.
109 Propos d'un des enquêtés pour justifier ce
qu'ils font concrètement lors des prises de décisions,
enquête de terrain 2012.
279
La troisième hypothèse, qui faisait remarquer
que le manques de compétences adéquates, l'absence de cadre
d'expression ainsi que l'analphabétisme constituent un frein à la
participation de la population au développement local, a
été vérifiée.
En effet, il a été constaté que l'absence
de cadre d'expression (35,26%), le manque de
compétences adéquates (26,84%), et
l'analphabétisme (27,37%), freinent la participation de
la population du département de Dimbokro à son
développement.
A ce niveau, l'alphabétisation fonctionnelle et la
création de cadre formel d'échange sont des solutions à
exploiter.
Par ailleurs, en passant par la construction des centres de
santé, des écoles, la réhabilitation de certaines routes
et pistes villageoises aux forages; des actions de développement sont
réalisées pour la population.
Ainsi, de par la politique de développement du Conseil
Général de Dimbokro qui consistait à conduire la
population à l'autonomie financière à travers la formation
professionnelle et la création de micro-projets, il s'est engagé
dans la dynamique du développement local.
Le partenariat qu'il entreprenait avec l'ANADER,
spécialiste du monde rural augure certes un lendemain meilleur pour la
population de Dimbokro, mais celle-ci est parfois consultée et donc ne
participe pas en tant que tel au processus de son développement.
Il s'agit ici de la participation de la population à
toutes les phases de réalisation d'un projet de développement.
Pour cette difficulté, la culture de l'écoute et
la sensibilisation doivent être privilégiées.
Au demeurant, le développement local à partir de
la décentralisation est une entreprise qui nécessite la
participation de tous.
280
Cela exige non seulement assez de moyens financiers mais aussi
et surtout, la population doit être intégrée à son
propre développement économique et social, tout en dissociant la
politique du développement.
Aussi, la franche collaboration avec les structures locales de
développement doit être une "des locomotives" du
développement local et oeuvrer davantage pour la coopération
décentralisée.
Enfin, la recherche de moyen financier et matériel
exige que des partenariats avec les organismes de développement soient
signés, afin d'être plus ou moins indépendant de la
subvention de l'Etat.
En somme, il est ressorti de cette étude que les
actions de développement entreprises dans le département de
Dimbokro constituaient une première solution au développement de
cette localité, malgré le fait que la population de ladite
localité n'est pas totalement actrice de son développement. Elle
n'est pas véritablement intégrée au processus de son
développement.
Dans ces conditions, le développement par les
entités décentralisées se trouve être porteur
d'écueils reconnus aux précédentes initiatives de
développement, ceux relatifs à la non implication des
communautés d'accueil et à la non insertion de leurs besoins et
attentes dans les préoccupations des initiatives de
développement.
Il est donc nécessaire, à ce stade de leur mise
en oeuvre, avec les structurations en cours, de réviser le
mécanisme de leur fonctionnement et le processus participatif dans la
mesure où la décentralisation n'est pas une simple affaire
technique ou administrative, elle implique un véritable débat de
société.
La présente étude ne prétend pas avoir
épuisé les recherches sur le développement local
participatif à Dimbokro car elle contient des lacunes.
Elle aurait été plus convenable
d'appréhender ce phénomène du point de vue de l'ensemble
des villages du département de Dimbokro et aussi des cadres de cette
localité.
281
Dans ce contexte, les études suivantes doivent être
menées :
- une étude nationale sur la dynamique des
communautés et les rapports sociaux dans le cadre de la
décentralisation pour le développement local;
- acceptation et implication des cadres dans le
développement de leur localité;
- la promotion de la femme pour le développement local.
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