UNIVERSITE FELIX HOUPHOUET-BOIGNY
D'ABIDJAN-COCODY
UFR : SCIENCES DE L'HOMME ET DE LA SOCIETE
(S.H.S)
INSTITUT D'ETHNO-SOCIOLOGIE (I.E.S)
THESE UNIQUE DE DOCTORAT EN SOCIOLOGIE
Option : Sociologie du
développement économique et social
LE DEVELOPPEMENT LOCAL PARTICIPATIF DANS
LE CONTEXTE DE LA DECENTRALISATION
EN CÔTE D'IVOIRE : LE CAS DU CHEF-LIEU DE
LA
REGION DU N'ZI (DIMBOKRO)
Présentée par : KOUAKOU Bah Isaac
Thèse soutenue publiquement le Mercredi, 17
Décembre 2014 devant le Jury composé de :
M. Alain SISSOKO Professeur Titulaire
Président
M. DEDY Séri Faustin Maître de recherches
Directeur de thèse
M. YORO Blé Marcel Maître de
conférences Membre
M. SOKO Constant Maître de conférences
Membre
M. NASSA Dabié Désiré Axel
Maître de conférences Membre
1
Année Académique : 2013-2014
2
SOMMAIRE
Pages
DEDICACE 3
REMERCIEMENTS 4
ACRONYMES ET ABREVIATIONS 7
LISTE DES TABLEAUX 9
LISTE DES CARTES 11
LISTE DES PHOTOS 12
INTRODUCTION 13
Première partie : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE 17
Chapitre I-CADRE THEORIQUE 18
Chapitre II-CADRE METHODOLOGIQUE 78
Deuxième partie : PRESENTATION DU TERRAIN ET DE
L'OBJET
D'INVESTIGATION 103
Chapitre III : TERRAIN D'INVESTIGATION : le département de
Dimbokro 109
Chapitre IV : OBJET D'INVESTIGATION: Conseil
Général de Dimbokro 120
Troisième partie : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
DONNEES 158
Chapitre V : PROFIL SOCIOLOGIQUE DES ENQUETES ET
CONNAISSANCES DIVERSES 159 Chapitre VI : POLITIQUE ET
MATERIALISATION DES PROJETS
DE DEVELOPPEMENT 170 Chapitre VII: PARTICIPATION DE LA
POPULATION DE DIMBOKRO
AU DEVELOPPEMENT LOCAL 202
Chapitre VIII: OBSTACLES A LA PARTICIPATION AU DEVELOPPEMENT.
231
Chapitre IX : STRATEGIES ET PERSPECTIVES POUR L'AMELIORATION
DU DEVELOPPEMENT LOCAL 242
CONCLUSION 275
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE 282
WEBOGRAPHIE 305
ANNEXES 306
TABLE DES MATIERES 344
3
DEDICACE
A mes parents,
Sources inépuisables d'amour et de tendresse, vous
m'avez inculqué la passion du savoir. Vous avez toujours
éclairé ma vie par des conseils et votre vertu. Aucune
dédicace ne saurait exprimer mon amour, mon affection, mon estime et ma
profonde considération à votre endroit.
Cette dédicace revient donc à ma famille;
famille KOUAME, qui malgré les difficultés m'a
apporté réconfort, soutien financier et matériel, et
surtout de l'affection.
A toi, chère Maman, KROGOSSI Affoué
Elisabeth
A la mémoire de mon Papa, KOUAME
Kouakou.
En vous dédiant cette thèse, je veux
renouveler ma gratitude envers vous.
Merci beaucoup.
KOUAKOU Bah Isaac
4
REMERCIEMENTS
Toute entreprise humaine est le fruit d'un ensemble d'apports
et de rapports sociaux. En effet, ce travail de recherche a pu aller à
son terme grâce au soutien de quelques personnes que nous voulons
humblement remercier.
Nous tenons à remercier le Professeur Séri DEDY
qui, en acceptant la direction de ce travail nous a accordé une partie
de son temps, en nous donnant des directives et orientations pour le mener
à bien.
Nous exprimons notre sincère gratitude aux professeurs
qui ont instruit cette thèse. Il s'agit des professeurs Alain SISSOKO,
Guéhi Jonas IBO, Constant SOKO, Blé Marcel YORO et Dabié
Désiré Axel NASSA.
En effet, leurs critiques et suggestions nous ont permis
d'apporter des corrections importantes à ce travail.
Chers professeurs, merci beaucoup pour votre contribution
majeure à la construction de cette thèse.
Nos remerciements vont aussi à l'endroit du Professeur
Roch Yao GNABELI, des docteurs Tizié Emmanuel GALA BI et Kévin
DAYORO et de bien d'autres docteurs pour leurs conseils et orientations.
Aussi tenons-nous à remercier le Président du
Conseil Général de Dimbokro, Monsieur Paul David Kouakou Gabriel
N'ZI qui, a accepté que nous fassions notre étude au sein de la
structure qu'il dirigeait. A sa suite, nous remercions tout le personnel de ce
Conseil Général, et particulièrement Monsieur, Martin
N'GUESSAN, le Directeur du Développement Humain et son assistante,
mademoiselle Blandine ATTOUNGBRE qui nous ont facilité l'administration
du questionnaire et des guides d'entretien.
Notre gratitude également à Monsieur le Maire de
la commune de Dimbokro, à monsieur le chef de zone de l'ANADER et ses
collaborateurs.
5
Que le personnel du centre d'alphabétisation Saint
Joseph de Dimbokro, les Présidents ou Présidentes d'associations
et mutuelles de développement et tous les Chefs et Présidents des
jeunes des villages visités ainsi que la population du
département de Dimbokro trouvent en ces pages nos sincères
remerciements pour leur collaboration pendant le recueil des informations
utiles pour ce travail. Ils ont en effet fait preuve de compréhension et
de disponibilité.
Ces remerciements s'adressent aussi à la famille
KOUAME, dont nous sommes membre, pour son soutien financier, moral et
spirituel. Nous pensons également à notre grand frère
Kouamé Esaï KOUAME pour son soutien dans notre cursus scolaire et
universitaire.
Un regard à l'endroit de Monsieur Yao Paul KOUADIO et
à toute sa famille, qui en m'adoptant ont participé à ma
formation scolaire et universitaire.
Au grand frère, Kouakou Mathieu N'DOLI, toute notre
reconnaissance pour tout le soutien qu'il nous a apporté depuis notre
rencontre.
Nous ne pourrons pas oublier Monsieur Kouamé
Gérard KOUASSI qui nous a été d'un grand apport pendant
nos recherches Dimbokro.
A nos bien-aimés frères et amis (Lambert KOFFI,
Fidel KOUA, Syriac KONAN, Lévys YAO, Benjamin N'DRI, Docteur Amani
KOUAME, Yao Armand N'DA, Docteur Albert YAO, Clément KOUADIO, Alphonse
KOUAME, Docteur Eunide KONAN, Joël KOUAME), et aux Pasteurs Hyacinthe
KOMENAN, Koffi François KOUASSI, Jonas KOFFI, Noël N'GUESSAN,
Barnabas KOUASSI toute notre considération pour leur apport
considérable.
Nous témoignons également une reconnaissance
spéciale à l'endroit de l'Evangéliste Edmond KOUADIO et ma
bien-aimée Aya Céline KRAMO pour leur soutien spirituel, moral et
financier.
6
Aux membres de l'Eglise Protestante Evangélique CMA de
Williamsville en général et aux choristes de Betsaleel en
particulier, nous exprimons notre gratitude.
Que tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont
contribué à la réalisation de ce travail, trouvent en ces
mots l'expression de notre sincère reconnaissance.
7
ACRONYMES ET ABREVIATIONS
ADCVI Association pour le
Développement des Cultures Vivrières
Intensives
ADDCI Assemblée des Districts et
Départements de Côte d'Ivoire
AGEFOP Agence Nationale de la Formation
Professionnelle
AGEPE Agence d'Etudes et de Promotion de
l'Emploi
ANADER Agence Nationale d'Appui au
Développement Rural
APAD Association euro-africaine Pour
l'Anthropologie du changement
social et du Développement
BM Banque Mondiale
CAFIC & CO Cabinet Africain de Formation
d'Ingénierie Conseil et Commerce
CECD Caisse d'Epargne et de Crédit de
Dimbokro
CEDEAO Communauté Economique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest
CEI Communauté des Etats
Indépendants
CEMAC Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
CHR Centre Hospitalier Régional
CONINTEA Conférence Internationale sur
l'Education des Adultes
COOPEC Coopérative d'Epargne et de
Crédit
CRDI Centre de Recherches pour le
Développement International
DCD Direction de la Coopération
Décentralisée
DCPPA Direction de la Coordination des
Projets et des Programmes
d'Appui
DDL Direction du Développement
Local
DGI Direction Générale des
Impôts
DGTCP Direction Générale du
Trésor et de la Comptabilité Publique
DPCT Direction du Personnel des
Collectivités Territoriales
DREN Direction Régionale de
l'Education Nationale
DSDI Direction des Statistiques, de la
Documentation et de l'Information
DSRP Document Stratégique de
Réduction de la Pauvreté
DTA Direction de la Tutelle Administrative
DTEF Direction de la Tutelle Economique et
Financière
ECVM Enquête sur le Niveau de Vie des
Ménages
ERNWACA Educational Research Network for West
and Central Africa
FAO Organisation des Nations Unies pour
l'alimentation et l'agriculture
FDFP Fonds de Développement de la
Formation Professionnelle
8
FIAU Fonds d'Investissement et
d'Aménagement Urbain
FMI Fonds Monétaire International
FNS Fonds National de Solidarité
FNUAP Fonds des Nations Unies pour la
Population
FRAR Fonds Régionaux
d'Aménagement Rural
HVA Hydraulique Villageoise
Améliorée
IBW Institutions de Brettons Woods
IEP Inspection de l'Enseignement Primaire
INHP Institut National d'Hygiène
Publique
INS Institut National de la Statistique
OMC Organisation Mondiale du Commerce
ONG Organisation Non Gouvernementale
PACEA Projet pilote d'Appui de
Création d'Exploitations Agricoles
PAS Programme d'Ajustement Structurel
PIB Produit Intérieur Brut
PMA Pays les Moins Avancés
PMI Protection Maternelle et Infantile
PNB Produit National Brut
PNUD Programme des Nations Unies pour le
Développement
PPTE Pays Pauvres Très
Endettés
PSDL Plan Stratégique de
Développement Local
RGPH Recensement Général de la
Population et de l'Habitat
ROCARE Réseau Ouest et Centre Africain
de Recherche en Education
SODECI Société de Distribution
de l'Eau en Côte d'Ivoire
SPL Systèmes Productifs Locaux
SSSU Service de Santé Scolaire et
Universitaire
TIG Travaux d'Intérêt
Général
UEMOA Union Economique Monétaire Ouest
Africaine
UJCODI Union des Jeunes de la Commune de
Dimbokro
UNICEF Organisation des Nations Unies pour
l'Enfance
UTEXI Union industrielle Textile
Ivoirienne
UVICOCI Union des Villes et Communes de
Côte d'Ivoire
9
LISTE DES TABLEAUX
Pages
Tableau 01 Participation selon Albert MEISTER 54
Tableau 02 Participation selon Silvain FORTIN 55
Tableau 03 Opérationnalisation du concept de concept
développement local 57
Tableau 04 Opérationnalisation du concept de rapports
sociaux 58
Tableau 05 Opérationnalisation du concept de participation
59
Tableau 06 Répartition de l'échantillon de la
population locale 97
Tableau 07 Répartition de l'échantillon au niveau
des structures
décentralisées et des partenaires au
développement 99
Tableau 08 Productions en tonnes du café et cacao de 1999
à 2003 113
Tableau 09 Ratios du District sanitaire de Dimbokro de
l'année
2009 117 Tableau 10 Budgets du Conseil Général
de Dimbokro de 2004 à
2009 143
Tableau 11 Répartition des enquêtés selon le
sexe et l'âge 159
Tableau 12 Répartition des enquêtés selon le
niveau d'instruction 161
Tableau 13 Répartition des enquêtés selon la
profession 163
Tableau 14 Répartition des enquêtés selon
leur connaissance du
développement local 165 Tableau 15 Répartition
des enquêtés selon leur définition du rôle
d'une structure décentralisée 167 Tableau 16
Répartition des enquêtés selon leur appréciation
des
actions de développement entreprises 188
Tableau 17 Attentes des enquêtés en matière
de développement 190
10
Tableau 18 Répartition des enquêtés selon les
besoins sanitaires
exprimés 196 Tableau 19 Stratégies de
participation de la population au
développement selon les enquêtés
202 Tableau 20 Participation de la population aux prises de
décisions
selon les enquêtés 204
Tableau 21 Participation des populations aux projets de
développement selon André DUMAS 209 Tableau 22
Les entités représentant la population lors des prises de
décisions concernant le développement 211
Tableau 23 Canaux de communication utilisés 214
Tableau 24 Emissions de la radio « La voix du N'Zi »
217
Tableau 25 Canaux de communication souhaités par les
enquêtés 218
Tableau 26 Types de relations existant entre la population et
la
structure décentralisée 224
Tableau 27 Types de relations souhaités par les
enquêtés 226
Tableau 28 Raisons limitant la participation de la population aux
différentes phases de réalisation des projets de
développement 235 Tableau 29 Propositions pour
accroître la participation de la
population au développement 244
11
LISTE DES CARTES
Pages
Carte 01 Localisation de département d'enquête
105
Carte 02 Département de Dimbokro 106
Carte 03 Relief et cours d'eau de Dimbokro 107
Carte 04 Végétation de Dimbokro 108
12
LISTE DES PHOTOS
Pages
Photo 01 Siège du Conseil Général de
Dimbokro 179
Photo 02 Voie d'accès au village de Wawrenou 180
Photo 03 Centre de santé de Langba 182
Photo 04 Foyer du Lycée moderne de Dimbokro 183
13
INTRODUCTION
Le développement économique et social a toujours
constitué un défi à relever par toutes les nations du
tiers monde et en particulier par celles du continent africain.
Cela nécessite l'amorce d'un changement de perception
sociale, intégrant les besoins, les intérêts
stratégiques et les préoccupations des femmes et des hommes de
toutes catégories socio-professionnelles sans discrimination.
En Côte d'Ivoire, les actions engagées par le
gouvernement au lendemain des indépendances ne semblent pas avoir des
effets escomptés permettant de réduire la précarité
des conditions de vie des populations dans certaines régions du pays en
général et dans des zones rurales en particulier.
Les limites des politiques publiques semblent être
liées à la faible utilisation des approches participatives dans
les différents programmes, à l'insuffisance de ciblage des
catégories et des régions. L'Etat ivoirien à la recherche
d'un mieux-être de sa population, va construire et reconstruire ces
rapports avec la population à travers la politique de
décentralisation.
La politique de décentralisation en Côte d'Ivoire
rentre dans le cadre global du désengagement de l'Etat de la gestion
courante du quotidien impulsée par les bailleurs de fonds. Le bilan de
la décentralisation territoriale de la Côte d'Ivoire est plus que
positif en considération du nombre de localités couvertes, aux
emplois offerts et à l'intérêt suscité de la part
des dirigeants locaux.
Mais au-delà, il se pose le problème de survie
de ces collectivités du fait d'un morcellement excessif du territoire,
de leur dépendance vis-à-vis de l'Etat, de la faiblesse de
l'implication des populations.
14
Ainsi d'une politique de décentralisation basée
sur la départementalisation et la communalisation, l'on aboutit à
une politique axée principalement sur la régionalisation et la
communalisation1.
Cette structuration a pour objectif de transférer aux
collectivités territoriales des moyens nécessaires, des
compétences étendues, notamment en matière d'urbanisme, de
maîtrise du sol, d'enseignement, de santé publique et
d'aménagement du cadre de vie.
Tout ceci pour apporter des réponses aux besoins des
populations.
Les différentes modifications des rapports de l'Etat
avec la population ont attiré notre attention.
L'objectif général de l'étude est de
déterminer les mécanismes de construction des rapports sociaux
autour de la participation de la population de Dimbokro à son
développement.
Ainsi le thème de l'étude est intitulé:
le développement local participatif dans le contexte de la
décentralisation en Côte d'Ivoire: le cas du chef-lieu de la
région du N'ZI (Dimbokro).
La recherche sur ce thème s'est faite autour de trois
parties.
Dans la première partie, nous avons
évoqué le cadre théorique et méthodologique. Deux
chapitres ont constitué cette première partie.
Le chapitre premier « cadre
théorique» nous a permis de construire l'objet d'étude,
d'élaborer le modèle d'analyse et de préciser le cadre
opératoire et la référence théorique.
Le second chapitre, « cadre méthodologique
», a précisé les démarches
méthodologiques qui ont présidé à la collecte des
données destinées à tester les hypothèses et
à répondre aux questions de recherche.
1Quotidien Nord-Sud, N° 1876 du Jeudi 28
Septembre 2011, Page 04.
15
Dans la deuxième partie, il a été
question de la présentation du terrain d'étude et de l'objet
d'investigation. Cette présentation s'est faite en deux chapitres.
Le chapitre trois a donné un aperçu du terrain
d'investigation, c'est-à-dire le département de Dimbokro.
Le chapitre quatre a, quant à lui, parlé du
Conseil Général de Dimbokro en tant qu'objet d'investigation et
de la Direction Générale de la Décentralisation et du
Développement Local (DGDDL).
Enfin, la troisième partie a été
réservée à l'analyse et à l'interprétation
des données de l'enquête. Cette analyse s'est faite en quatre
chapitres.
Le chapitre cinq a consisté à faire l'analyse du
profil sociologique des enquêtés, à savoir le sexe et
l'âge, le niveau d'instruction et la profession ainsi que leur
connaissance du développement local et du rôle d'une structure
décentralisée.
Le chapitre six, a dégagé dans une analyse
constructive la politique et la matérialisation des projets de
développement dans le département de Dimbokro.
Au chapitre sept, il a été question de la
participation de la population de Dimbokro à son développement.
Ce chapitre a mis en exergue les mécanismes de participation de la
population de Dimbokro à la gestion de sa localité. Les
éventuels obstacles à la participation de la population de
Dimbokro à son développement ont été relevés
au chapitre huit.
Enfin, le chapitre neuf a fait l'exposé de quelques
stratégies et perspectives d'amélioration de la
décentralisation pour le développement local.
De par ces différentes articulations de l'étude,
la première partie, à savoir le cadre théorique et
méthodologique a été abordé.
Dans un premier lieu, cette partie a mis en lumière les
axes théoriques de l'étude.
16
Il s'agissait de la construction de l'objet d'étude, de
l'élaboration du modèle d'analyse et de la précision du
cadre opératoire et de la référence théorique. Dans
un deuxième lieu, il a été question du cadre
méthodologique qui renferme les méthodes d'analyse des
données et les techniques d'investigation.
CADRE THEORIQUE
ET METHODOLOGIQUE
PREMIERE PARTIE
17
18
Chapitre I-CADRE THEORIQUE
I.1- Construction de l'objet d'étude
I.1.1- Justification et intérêt du
thème
Si l'on admet que la société est une
totalité qui repose sur les relations entre les individus qui la
constituent, qui lui donnent cette unité et lui maintiennent son
identité, force est de constater que par la participation de tous au
développement, des changements pourront s'opérer au sein de
l'ensemble pour donner lieu à l'amélioration des conditions de
vie.
Aussi, la participation populaire articulée au
développement local nous semble constituer un objet d'étude
pertinent pour des raisons fondamentales.
Pour une analyse de la situation, nous nous sommes
intéressé au département de Dimbokro.
La raison de ce choix est d'ordre personnel. En effet, le
département de Dimbokro faisait partie de l'ancienne boucle du
café-cacao. Mais, à cause de l'appauvrissement du sol et de la
baisse de la pluviométrie dans cette localité, les populations se
sont massivement déplacées vers les zones encore propices
à la culture du binôme café-cacao (Corinne BENVENISTE, 1974
: 205). Et cela a eu pour conséquence le déplacement de la force
de travail.
Par ailleurs, l'UTEXI qui constituait une des principales sources
de revenus de la population du département de Dimbokro a
été fermée depuis 2002. Cette région a donc besoin
d'un redémarrage économique en se basant sur la participation des
populations prônée par la politique de décentralisation. Il
est donc important de savoir comment les populations dudit département
sont impliquées et se prennent-elles pour participer à leur
développement. Et aussi analyser les rapports sociaux qui se
construisent autour de la décentralisation à Dimbokro.
19
La deuxième raison est d'ordre social et liée
à l'importance de la participation des populations au
développement local et aux rapports sociaux que cela implique.
Notre étude, sur la base d'une analyse de la
participation des populations à leur développement, contribuera
à proposer des modalités d'amélioration de la
décentralisation pour le développement local.
La troisième raison est d'ordre pratique. Avant la
présente étude, la participation de la population au
développement local, malgré l'encouragement des institutions de
Bretton Woods, était, en 2008 de 25% en Côte d'Ivoire (Brou Emile
KOFFI, 2009 : 98).
De plus, la réalité sur le terrain indique que
les populations ne sont pas encore véritablement impliquées dans
leur développement.
Par conséquent, cette recherche se présente
comme une contribution aux mécanismes de participation des populations
au développement local dans le contexte de la
décentralisation.
La quatrième raison est, quant à elle, d'ordre
scientifique.
En effet, cette étude intervient dans le vaste champ du
développement socio-économique dans le cadre de la
décentralisation et surtout de la participation des populations à
leur développement comme prônée par les institutions
internationales (BM, FMI).
En somme, ce travail de recherche est un effort d'analyse
scientifique sur la politique de décentralisation en Côte d'Ivoire
et de son impact sur les populations.
Cette politique de développement comme le souligne Nach
Charles MBACK « est censée instaurer la démocratie au niveau
local et impulser le développement économique depuis la base en
permettant aux populations de se prendre en charge »2.
2 Nach Charles MBACK (2003), Démocratisation et
décentralisation : genèse et dynamiques comparés des
processus de décentralisation en Afrique Subsaharienne, Paris,
Karthala et PDM, page 483.
20
Les résultats de cette étude pourraient
permettre de comprendre la nécessité de la participation de la
population au développement local.
Aussi, ils révèleront les rapports sociaux qui
se construisent autour de la participation des populations au
développement.
En vue d'une meilleure clarification du sujet, les concepts
clés qui le composent ont été définis.
I.1.2-Approche conceptuelle
Cette approche conceptuelle a consisté à la
définition des concepts majeurs du sujet de recherche. Les concepts de
développement local participatif et de décentralisation ont
été explicités.
I.1.2.1-Développement local participatif
Le développement local est « un cadre d'action
politique et programmatique où convergent, dans une aire
régionale cohérente, des stratégies de
développement rural s'adressant principalement aux communautés
rurales, des stratégies de promotion de l'urbanisation
intermédiaire et de diversification des emplois offerts aux ruraux,
enfin des stratégies de gestion des ressources naturelles
»3. Il s'agit d'un développement qui a une base
territoriale et une pluralité d'actions (Grigori LAZAREV et Mouloud
ARAB, 2002 : 37 à 40).
La notion de développement local se fonde sur la notion
de participation, de partenariat et de contractualisation. Il se repose sur une
responsabilisation des communautés rurales en matière de gestion
du développement locale (Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB, 2002 : 40).
Le développement local, ainsi défini, fait face
à trois principaux enjeux.
3Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002),
Développement local et communautés rurales: approches et
instruments pour une dynamique de concertation, Paris, Karthala, page
15.
21
Il s'agit premièrement de répondre aux besoins
des populations qui ont dorénavant une position active et responsable.
Deuxièmement, le développement consiste à assurer un
développement économique et social à l'échelle du
territoire et enfin à inscrire la lutte contre la pauvreté et
contre les inégalités dans des actions de proximité.
« Le développement local se rapporte au
diverses initiatives mises en avant, dans un cadre d'action partenariale, par
les acteurs intéressés à l'amélioration des
conditions de vie dans leur environnement immédiat »
(André JOYAL, 2002).
Abordant dans le même sens que ces auteurs, nous avons
retenu, dans le cadre de cette étude, que le développement local
participatif est un développement basé sur les ressources
localement disponibles et impliquant les populations à leur
développement.
I.1.2.2-Décentralisation
Abdoulaye NIANG a défini la décentralisation
comme « un processus par lequel l'Etat central transfère aux
collectivités locales des compétences qui lui étaient
anciennement dévolues et dont la visée est de permettre une
gestion plus performante des ressources »4.
Ici, la décentralisation se présente sous deux
aspects fondamentaux.
Il s'agit d'abord d'une rupture par rapport à un ordre
ancien, caractérisé par une centralisation dans l'exercice des
compétences.
Ensuite, la décentralisation est chevillée
à des objectifs précis, à savoir l'efficacité et la
performance dans la gestion des ressources locales.
Toutefois, nous pensons que la décentralisation
représente beaucoup plus qu'un transfert de compétences de l'Etat
central vers les collectivités locales.
4 Abdoulaye NIANG (Janvier1999), «La société
civile, une réalité sociale en question» in Revue de
Sociologie, n°2-3, page 71.
22
Mieux, elle doit permettre aux populations d'obtenir des
pouvoirs de décision et de jeter les bases institutionnelles à la
promotion du développement local.
La décentralisation permet à la fois de
mobiliser les énergies de créativité locale et de
canaliser les capacités d'ajustement accéléré des
communautés tout en accroissant la participation active du plus grand
nombre de citoyens (Gilles PAQUET et alii, 2006 : 6).
La décentralisation est le cadre institutionnel du
développement local. Elle offre à la mobilisation des acteurs, le
territoire idéal pour l'éclosion des initiatives locales et les
conditions favorables au succès de leur accompagnement par les
autorités de proximité (Omer THOMAS, 2013 :128).
Les définitions de la décentralisation de Gilles
PAQUET et d'Omer THOMAS répondent mieux à notre objectif dans la
mesure où elles mettent l'accent sur la mobilisation des ressources
locales.
Après la clarification des concepts clés du
sujet de recherche, la construction d'une revue critique de la
littérature s'est avérée nécessaire.
I.1.3-Revue critique de la littérature
Cette revue de la littérature a été
construite autour de l'intégration des groupes cibles à leur
développement et au renforcement de la participation au
développement local.
Elle a insisté également sur les perspectives
théoriques à partir desquelles les auteurs ont axé leur
réflexion.
I.1.3.1-Intégration des groupes cibles au
développement
Jean-Pierre COT (1986)5, dans une perspective
culturaliste, souligne que l'aide au développement doit se renouveler
dans la dimension culturelle pour prendre en compte les nouveaux défis.
C'est pour cela qu'il propose un développement culturel endogène
qui prend appui sur les communautés de
5Jean Pierre COT (1986), « le
développement est d'abord affaire de culture » in A
l'épreuve du pouvoir: le tiers monde pour quoi faire ?, Paris,
Seuil, pp. 171-184.
23
base existantes ; villages, quartiers, regroupements
ethniques.
Car, selon lui, ce sont les structures d'autorité
existantes qui peuvent mieux intégrer les techniques nécessaires
et en assurer la diffusion.
Dans une analyse historique, Eckhard BREITINGER et ses
compaires (1994)6 soulignent que l'ancienne politique de
développement politique qui s'était efforcée pendant des
années d'implanter la culture matérialiste et technologique du
Nord dans les pays du Sud, sans tenir compte de l'environnement socio-culturel
des pays concernés n'a pas pu apporter le développement
escompté aux pays du Sud. Celle-ci était
caractérisée par un « contrôle à distance»
à tous les niveaux. Toutes les étapes nécessaires à
la conduite des projets de développement étaient
coordonnées par les donateurs du Nord. Cette politique s'est donc
avérée inefficace car les communautés cibles
étaient presque toujours réduites à l'état des
« bénéficiaires récipiendaires » dominés
par les donateurs.
Selon eux, la nouvelle politique du développement
veille à ce que des « technologies et méthodologies
appropriées» soient utilisées.
Il s'agit désormais d'intégrer le patrimoine
culturel local en diminuant les influences culturelles
étrangères.
Dans une analyse interactionniste, Jean-Pierre OLIVIER DE
SARDAN, (1995)7, s'appuyant sur la socio-anthropologique, souligne
que les pays d'Afrique ont connu des années de «
développement» depuis 1960, année de leur
indépendance. Cependant, les résultats n'ont pas
été à la hauteur des espérances et le mot «
développement» a besoin lui-même d'approches fondées
sur l'analyse et le doute. Pour lui, la perspective socio-anthropologie du
développement aide à décrire et comprendre les relations
multiples qui existent entre les institutions de développement
(publiques ou privées) et les
6 Eckhard BREITINGER et alii (1994), Le
théâtre au service du développement, TZ,
Verlagsgesellschaft, Rossdorf, 40 pages.
7Jean-Pierre OLIVIER DE SARDAN (1995),
Anthropologie et développement: essai en
socio-anthropologie du changement social, Paris, APAD-Karthala,
221Pages.
24
populations locales auxquelles elles s'adressent. Ainsi, le
développement est considéré comme une forme
particulière de changement social impulsé auprès de «
groupes cibles» eux-mêmes divers et évoluant selon des
dynamiques propres.
Pour l'auteur, la socio-anthropologie du développement
contribue à l'amélioration de la qualité des services que
les institutions de développement proposent aux populations, en
permettant une meilleure prise en compte des dynamiques sociales.
Cette intégration serait possible lorsque les
populations ou les groupes à développer seront les acteurs de
leur développement.
I.1.3.2-Affirmation des groupes concernés
Boukhalfa KHERDJEMIL (1998)8, dans son analyse
souligne que la compréhension des modalités de la mondialisation
ne peut faire l'économie du rôle prépondérant
joué par les ressources immatérielles dans la structuration des
territoires. Face à la dynamique externe de la mondialisation, les
territoires vont engager un processus d'émancipation de leur
passivité et affirmer leur volonté d'être des acteurs. Ce
sont précisément les singularités de leurs trajectoires
historiques qui vont leur permettre de trouver les voies appropriées
pour sortir de leur statut de réceptacle passif.
Certains vont puiser, dans leurs propres creusets
socio-culturels, les ressorts idoines leur permettant le passage d'une
économie vassalisée à une économie
créatrice. D'autres devront assurer, en amont, grâce à
l'institution-Etat, leur assise en termes de ressources spécifiques pour
être dans la course de la compétition.
L'auteur tente ainsi d'élucider, le lien complexe qui
se tisse entre le global et le local afin de mieux comprendre les processus de
réhabilitation des territoires.
8Boukhalfa KHERDJEMIL (1998), La mondialisation et
dynamique des territoires, Paris, L'Harmattan, 218 pages.
25
Michel CARNEA (1999)9 quant à lui, souligne
que la formulation des politiques et projets de développement doit,
avant tout, être centrée sur les acteurs sociaux. Ceux-ci doivent
occuper une place encore centrale que la technologie ou les ressources
naturelles. Il est donc essentiel, pour gérer le développement,
de pouvoir disposer des connaissances sociologiques sur les structures
sociales, les modèles culturels, les valeurs, le potentiel et les
besoins des populations. Pour lui, il faut progressivement abandonner les
modèles occidentaux ethnocentriques du développement pour une
réorientation vers des projets de développement tournés
vers les acteurs locaux. Sa réflexion envisage l'intégration de
la dimension humaine dans les composantes techniques et les projets de
développement.
Pierre TEISSERENC (2000)10 évoque la mise en
cause de la verticalité de l'organisation administrative par une
approche globale du territoire et de ses populations. Il en résulte,
dans le cadre de la réalisation de politiques de développement,
l'émergence d'un nouveau mode d'organisation qui permet aux
décideurs locaux et à leurs partenaires de se mobiliser autour
des projets de développement.
Pour lui, les politiques de développement local doivent
s'attacher à identifier les acteurs et les actions concernées par
la mise en oeuvre de ces politiques. Elles doivent viser à comprendre
les dynamiques sociales et institutionnelles et à rendre compte des
enjeux identitaires auxquels sont confrontés les territoires et leurs
populations impliquées dans de tels processus de transformation.
Ainsi, la mise en oeuvre de ces politiques territoriales de
développement correspond à une forme particulière de
gestion de l'action collective au niveau local.
9Michel CARNEA(1999), La dimension humaine dans
les projets de développement: les variables sociologiques et
culturelles, Paris, Karthala, 591 pages.
10Pierre TEISSERENC (2000), Les politiques de
développement local : approche sociologique, Paris,
Economica, 2ème édition, 224 pages.
L'efficacité d'une telle approche repose sur des
capacités locales d'élaboration de diagnostic et de projet, de
négociation et de contractualisation d'actions. L'analyse de ces
politiques permet de définir les conditions de réussite des
actions engagées.
Pour Célestin MAYOUKOU (2003)11, la
gouvernance du développement local part du principe qu'il serait
possible d'agir au niveau local sans s'en remettre à l'autorité
de l'Etat. Le rôle de l'Etat ne consiste plus à intervenir
directement, mais à innover dans les techniques et outils à
utiliser pour orienter et guider l'action collective.
Pour l'auteur, les autorités, au niveau local, doivent
identifier et offrir de nouvelles possibilités, favoriser et
créer des partenariats et jouer un rôle protecteur à
l'égard de l'environnement local.
Dans cette nouvelle approche, conclut-il, l'Etat, a besoin de
nouvelles formes de régulation telle que la décentralisation qui
donne droit aux acteurs locaux de s'impliquer dans leur
développement.
Au total, la croissance de la participation des populations
à leur développement est liée à une meilleure
structuration de leur rapport au développement. C'est ce que tente
d'élucider les auteurs ci-après.
26
11Célestin MAYOUKOU (2003), Gouvernance du
développement local, Paris, L'Harmattan, 244 pages.
27
I.1.3.3-Renforcement du développement local
Dans une démarche qui associe les dynamiques
entrepreneuriales et sociales, Bernard PECQUEUR (2000)12 a
développé une approche qui conçoit le développement
local dans la relation entre sphère productive et sphère
sociale.
Son approche du développement local privilégie
l'appréhension des mutations de l'espace dans lequel les tissus
industriels évoluent.
Il associe le développement local au «
dialogue» entre des entreprises et des territoires et à l'ouverture
à leur environnement non marchand.
Ainsi, la formation de systèmes productifs locaux est
étroitement liée à la synergie des acteurs locaux.
PECQUEUR s'intéresse ainsi au dialogue et aux rapports
entre agents économiques en quête d'autonomie et tente de
concevoir le développement local comme une valorisation de ressources
autre que celles relevant des rapports marchands.
Il porte une attention particulière aux échanges
qui ont lieu hors du marché mais qui lui sont
bénéfiques.
Pour lui, le processus de développement découle
de trois conditions, à savoir l'innovation, la capacité à
s'adapter et la capacité à réguler.
Il s'inscrit ainsi dans une logique qui donne une place
prépondérante au réseau et aux relations humaines hors du
marché pour l'agencement du développement local. Ces
réseaux restent liés aux activités de production et se
centralisent autour des acteurs économiques.
12Bernard PECQUEUR (2000), Le développement
local. Pour une économie des territoires, 2ème
édition, Paris, La Découverte & Syros, 132 pages.
28
En affirmant qu'il n'y a pas de modèle de
développement local transposable, PECQUEUR insiste sur
l'intérêt de la construction des Systèmes Productifs Locaux
(SPL) qui ont en commun la valorisation des stratégies des acteurs
locaux, la solidarité spatiale des acteurs et le dialogue entre
entreprises et territoires.
Mamadou KOULIBALY (2001)13 et ses compaires,
mentionnent dans leur analyse que toutes les composantes de la population
doivent être à la fois acteurs et bénéficiaires des
programmes de lutte contre la pauvreté et de développement.
En effet, les solutions durables dans ce domaine sont
conditionnées par l'appropriation des mécanismes par les
populations cibles.
Selon eux, faire face à la pauvreté, c'est
investir dans la recherche, l'expérimentation, le suivi et
l'évaluation, en privilégiant à chaque étape une
approche intégrée.
Sandra GRANZOW (2002)14, sur la base de
témoignages à travers les actions de la Banque Mondiale tant au
niveau urbain que rural, souligne qu'il y a progrès social lorsque les
communautés deviennent les agents de leur développement.
Celles-ci étant maîtresses de décision et
bénéficiant d'affectation des ressources, savent rehausser la
transparence et l'équité.
Selon lui, l'on doit compter sur les capacités des
populations dans l'amélioration de leurs conditions de vie.
Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002)15 ,
présentent une conception récente du développement local
en ce sens qu'ils intègrent les thèmes du défi
écologique, de la lutte contre la pauvreté, de la croissance
démographique, de la création d'emplois, de l'urbanisation, de la
décentralisation entre autre et de l'exigence de la
durabilité.
13 Mamadou KOULIBALY et alii (2001), La
pauvreté en Afrique de l'Ouest, Paris-Dakar, Karthala-Codesria, 160
pages.
14 Sandra GRANZOW (2002), L'espoir d'un monde sans
pauvreté, Washington, Meatows Press, 206 pages.
15Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002),
Développement local et communautés rurales. Approches et
instruments pour une dynamique de concertation, Paris, Karthala, 366
pages.
29
Pour eux, l'idée de l'éco-développement
lancée en 1992 au Sommet de Rio de Janeiro au Brésil stipule une
forme de développement à la base qui sache prendre en compte
à la fois les impératifs de l'économie et les contraintes
d'une gestion durable et efficace des ressources naturelles.
Ils montrent ainsi que l'option participative constitue un
autre point d'appui des nouvelles politiques en matière de
développement.
En effet, le développement local suppose pour eux une
responsabilisation des communautés rurales en matière de
programmation, de gestion, d'exécution et de suivi des programmes
d'action.
Francis AKINDES (2003)16, pour sa part, questionne
la problématique de la participation dans les politiques de
décentralisation introduites en Afrique des années 1980.
L'auteur souligne par ailleurs que l'approche participative
est envisagée en milieu urbain comme modalité d'ingénierie
sociale et politique.
Francis AKINDES s'interroge sur les notions de
société civile, de démocratie participative dans le
contexte africain en général et ivoirien en particulier.
Dans le cas de la Côte d'Ivoire, la
décentralisation est approchée en termes de participation des
citoyens au développement local.
La décentralisation se veut un acte instituant la
démocratie locale mais elle, ou mieux cette participation est parfois
détournée de ses objectifs.
Elle est à la fois détournée pour leurs
propres intérêts par les élus locaux et elle est mal
comprise par les citoyens.
Ainsi, la pratique de la décentralisation bute-t-elle
sur la modernité du projet politique et les habitudes de gestion.
La décentralisation reste une projection de normes dans
un contexte socioculturel qui n'est pas encore appropriée par les
citoyens locaux.
16Francis AKINDES, « société
civile et participation au développement local en Côte d'Ivoire :
des concepts à la réalité» in Célestin
MAYOUKOU (2003), Gouvernance du développement local, Paris,
L'Harmattan, pp. 113-139.
30
Pour l'auteur, il faut aller au-delà des
mécanismes actuels sur lesquels repose la décentralisation.
Autrement dit, le mouvement associatif, doit promouvoir un esprit citoyen par
la formation des élus sur le management des ressources humaines.
Paul KOFFI (2008)17, pour sa part, fait une analyse
des possibilités de la Côte d'Ivoire à relever le
défi du développement économique et social. Selon
l'auteur, pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de s'appuyer
sur une stratégie axée sur quatre (04) piliers.
Il s'agit d'instaurer d'abord un véritable état
de droit, bien organisé et une économie efficacement
régulée.
Ceci doit s'accompagner de la promotion et la valorisation des
ressources humaines, des talents et des savoir-faire.
En outre, le développement des infrastructures doit
être une réalité.
Ce qui va renforcer la compétitivité et
déboucher sur la mise en place d'une économie industrielle,
fortement exportatrice de biens manufacturés, des services de
qualité et une agriculture modernisée.
Enfin, il faut songer à l'ouverture et au
positionnement extérieur dans un esprit d'élargissement du
partenariat.
En somme, selon Paul KOFFI, la Côte d'Ivoire a
expérimenté, avec des succès mais aussi des échecs,
des stratégies de développement. Mais, face aux limites des unes
et des autres, il faut mettre désormais sur la table comme
priorité une stratégie basée sur l'homme, sur ses talents,
son savoir-faire qui crée de la richesse. Ceci parce que le
développement axé sur la promotion de l'homme a été
pendant longtemps négligé.
17 Paul KOFFI (2008), le défi du développement
en Côte d'Ivoire, Paris, L'Harmattan, 296 pages.
31
Enfin, Paul HOUEE (2009)18, s'adresse aux acteurs de
développement
local, aussi bien dans les territoires d'Occident que dans les
pays du Sud.
Son objectif est de situer les multiples initiatives et
réseaux de développement participatif non comme des replis
frileux ou des bricolages illusoires, mais comme des forces de refondation
sociale, de réappropriation démocratique, face à la
mondialisation. Pour cela, il propose de comprendre la mondialisation, non
seulement dans sa dimension économique, mais aussi et surtout de saisir
les diverses initiatives de réseaux de développement local comme
autant de jaillissements d'énergies et de libération
créatrice, qui aspirent à vivre, à être reconnu dans
sa dignité et la diversité culturelle.
Pour l'auteur, un autre développement prenant en compte
les aspirations des populations est possible.
Au terme de la revue de littérature relative à
notre sujet de recherche, force est de constater que les écrits sur
l'intégration et/ou la participation des populations au
développement local abondent. Mais, son application est encore
tributaire du niveau de développement et de la volonté politique
des Etats.
Vue sous cet angle, la participation au développement,
malgré qu'elle soit exigée par les institutions de Bretton Woods
telles que la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International comme
condition pour l'octroi d'aide, est en proie à des difficultés
socio-culturelles, économiques et politiques.
Aussi, l'appropriation du projet de développement, de
ses logiques et de ses acquis pour assurer la continuité de la dynamique
de développement instaurée par l'intervention et l'aspect
dynamique des besoins des populations sont des axes qu'il faut
élucider.
L'importance de la participation communautaire dans
l'aboutissement du développement et de l'amélioration des
conditions de vie des populations mérite une recherche approfondie afin
de lier le discours à la réalité.
18 Paul HOUEE (2009), Repères pour un
développement humain et solidaire, Paris, Edition de l'Atelier, 254
pages.
32
Ainsi, voulons-nous pour notre part, dans une perspective
interactionniste, insister sur la manière dont les populations
participent au développement local.
Aussi, au vu de la construction et reconstruction des rapports
de l'Etat ivoirien avec sa population autour de la politique de
décentralisation, il est nécessaire, à travers cette
étude, de faire l'exposé de la participation de la population au
développement local. Il va s'agir aussi d'analyser les rapports sociaux
qui se construisent autour du développement.
Ceci s'est opérationnalisé par
l'élaboration de la problématique qui a fait ressortir la
question centrale de recherche.
I.1.4-Problématique
Après la deuxième guerre mondiale, de nouvelles
pratiques étatiques ont émergé. Il s'agit du dirigisme et
de l'interventionnisme économique (Jean-François JOYE, 2002 :
26).
Cela a entraîné la diversification des missions
de l'Etat. Cette diversification technique des missions étatiques n'a
pas cessé de s'accentuer avec l'Etat providence et l'Etat industriel.
C'est dans ce contexte que les Etats de l'Afrique subsaharienne ont obtenu leur
indépendance.
Ils vont majoritairement calquer leur développement sur
le modèle de l'Etat interventionniste, centralisateur ou
providentiel.
En effet, les Etats africains, nouvellement
indépendants, face aux enjeux de développement, ont mis en place
une politique d'assistance où ils avaient tous les profits.
C'était la centralisation qui consistait à reconnaître
l'Etat comme la seule personnalité juridique compétente pour
régler toutes les affaires nationales. Il s'agissait d'un
interventionnisme de l'Etat dans tous les secteurs.
33
La centralisation a été
considérée, au même titre que les partis uniques par les
Etats africains, comme une méthode de gestion des affaires publiques qui
garantissait l'unité nationale face à la fragilité
géopolitique interne héritée de la colonisation.
Celle-ci a longtemps étouffé les initiatives des
périphéries des Etats-nations en construction après les
indépendances19.
Les Etats comme la Côte d'Ivoire se sont vus obliger de
reconnaître l'existence des institutions locales parce que, d'une part,
l'ethnicité qui est une réalité dans le pays, prend le pas
sur la nation et d'autre part, ces Etats ont hérité ces
institutions de la colonisation. Cependant, ils ont mené des politiques
pour les garder sous leur contrôle effectif.
Et pour atténuer les effets de la centralisation
administrative, ils ont utilisé la technique juridique qui consiste
à transférer certaines des compétences du pouvoir central
à leurs représentations locales : c'est la
déconcentration.
Elle est un procédé technique qui consiste
à conférer des pouvoirs de décision plus ou moins
étendus à des organes locaux ou à des services du pouvoir
central tels que les préfectures, les sous-préfectures, les
ministères (Nadine DANTONEL, 2007 :17).
La déconcentration est « le transfert de
compétences à l'intérieur d'une même personne
administrative, mais entre les deux niveaux distincts d'administration, du
centre vers la périphérie »20.
Elle consiste, pour l'autorité centrale, à
transférer à un ou plusieurs de ses agents locaux un pouvoir de
décision jusque-là exercé par elle à partir de la
capitale.
Dans le cadre de la déconcentration, les
compétences sont exercées localement par les représentants
du pouvoir central.
19 Amadou DIOP (2008), Développement local,
gouvernance territoriale: enjeux et perspectives, Paris, Karthala, page 7.
20Olivier GOHIN (1998), Institutions administratives,
3ème édition, LGDJ, Page 83.
34
Ces représentants qui sont des fonctionnaires sont
placés sous le pouvoir hiérarchique des autorités qui les
nomment.
Le pouvoir hiérarchique crée une relation de
subordination entre les autorités centrales et les structures
déconcentrées afin de s'assurer que les représentants
locaux appliquent effectivement les orientations définies par
l'autorité supérieure.
Le contrôle hiérarchique est un contrôle de
légalité et d'opportunité et confirme surtout le lien de
subordination.
Pour l'Etat ivoirien, cette déconcentration s'est
manifestée de 1965 à 1984 par l'avènement des
Sociétés d'Etat dont la mission était de développer
une spéculation principale ou un groupe de spéculations. Ses
sociétés d'Etat, par leur connaissance du terrain étaient
des relais indispensables dans la mise en oeuvre des politiques publiques.
Au nombre de ces sociétés d'Etat, nous avons: la
SATMACI, la SODEPALM, la CIDT21.
Ainsi, la recherche du mieux-être des populations
ivoiriennes a amené l'Etat à modifier ses rapports avec celles-ci
à travers la politique de décentralisation. Ces rapports sociaux
représentent la dimension qui détermine l'interaction entre
l'Etat et les groupes. Cette interaction génère un tissu social
sur lequel sont basées différentes expériences.
Pour Noël TAHET, « la décentralisation est un
système de gestion dans le cadre duquel, des pouvoirs propres sont
conférés à une entité distincte de l'administration
centrale. Elle est technique quand elle concerne les établissements
publics. Elle est territoriale quand il s'agit des collectivités
décentralisées. La décentralisation territoriale consiste
pour l'Etat à transférer à des organes élus, des
compétences qu'ils exercent sur leur ressort territorial.
21 Daniel GLOUNAHO (20 Juin 2000), Etude sur la vulgarisation
agricole en Côte d'Ivoire, Abidjan, FAO, page 54.
35
Les collectivités territoriales sont dotées de
la personnalité morale, de l'autonomie financière et de
compétences qu'elles gèrent librement sur le ressort territorial
qu'elles administrent »22.
La démocratie et la décentralisation sont donc
au coeur des préoccupations des Etats africains en général
et de l'Etat ivoirien en particulier.
Elles posent la question de la gestion du pouvoir et de ce
qu'il est convenu d'appeler " la bonne gouvernance".
Le transfert de pouvoir aux collectivités locales est
devenu, dès lors, une problématique qui nécessite non
seulement d'être régulièrement réajusté, mais
aussi discuté. L'échelle locale permet ainsi d'évaluer la
réalité du processus de transfert du pouvoir vers les
collectivités décentralisées (Amadou DIOP, 2008 : 7).
Selon Noël TAHET23, l'histoire de la
décentralisation en Côte d'ivoire comprend essentiellement quatre
(04) phases: la première phase correspond à la période
avant l'indépendance, la deuxième qui est la phase
d'expérimentation (1960-1980), la troisième qui est la phase du
démarrage (1980-1995), et la quatrième phase qui est la phase de
l'élargissement et de l'approfondissement de la décentralisation
(depuis 1995).
La période avant l'indépendance, a
débuté sous le régime colonial français, avec
administration directe qui était le système de gestion
dominant.
Cependant, des entités communales dites communes de
peuplement avaient été créées pour servir de lieu
d'assimilation. C'était le début de la communalisation avec la
création de trois catégories de communes: les communes mixtes,
les communes de moyen exercice, et les communes de plein exercice.
22TAHET Noël (2010), décentralisation
et transfert de compétences de l'Etat aux collectivités
territoriales : synthèse de plusieurs conférences
prononcées dans le cadre de séminaire de formation aux membres du
corps préfectoral et aux élus locaux, Abidjan, page 02.
23 TAHET Noël, Op.cit, p 02-03.
36
Les communes mixtes étaient dotées de
Conseils Municipaux en partie élus et en partie nommés, avec
à leur tête des Maires désignés par
l'autorité de tutelle (Grand-Bassam en 1914, Abidjan en 1915 et
Bouaké en 1932).
Les communes de moyen exercice étaient
dirigées par des Conseils Municipaux élus, ayant à leur
tête des Administrateurs-Maires désignés par le pouvoir
central (Abengourou, Agboville, Daloa, Dimbokro, Gagnoa et Man
créées en 1955).
Les communes de plein exercice étaient
administrées par des Conseillers Municipaux élus et des Maires
élus. En 1960, seules les villes d'Abidjan et de Bouaké avaient
ce statut (TAHET, 2010 : 03).
La phase d'expérimentation (1960-1980)
s'explique essentiellement par la volonté politique affirmée
d'asseoir d'abord la République naissante sur des bases
économiques et sociales et de renforcer l'unité nationale.
Il s'agissait de développer chez les populations le
sentiment national avant d'engager une politique de décentralisation qui
ait des chances d'atteindre les objectifs qui lui seraient assignés
(TAHET, 2010 : 03).
Bien que l'article 68 de la première constitution
ivoirienne prévoyait la création de collectivités
territoriales, ce n'est que dans les années 1978 et 1980 que furent
votées les deux premières lois de base de la communalisation ;
à savoir la loi n°78-07 du 09 Janvier 1978, et la loi n°801182
du 17 Octobre 1980.
A cet effet, le vote de la loi n° 78-07 du 09 Janvier
1978 fut le premier acte de la nouvelle politique de décentralisation
dont les idées maîtresses et les objectifs se résument
comme suit: « le développement général de la
nation doit passer par le développement de collectivités
territoriales cohérentes, solidaires et économiquement fortes,
grâce à la participation volontaire et active des populations,
condition de paix et d'une démocratie véritable ».
37
La phase de démarrage (1980-1995) se
caractérisait par l'opérationnalisation de la communalisation du
pays qui va aboutir à la mise à disposition des communes des
moyens financiers, humains, techniques et matériels, ainsi que des
instruments administratifs et juridiques, notamment la loi n°85-582 du 29
Juillet 1985 portant transfert de compétences de l'Etat aux communes.
L'élargissement et l'approfondissement de la
décentralisation (depuis 1995) étaient l'expression de la
volonté politique en vue de la communalisation totale du territoire
national par la création de nouvelles collectivités
supra-communales.
La décentralisation, fait des élus municipaux
des producteurs de politiques publiques sociales, voire de politiques de lutte
pour la réduction de la pauvreté comme le prescrivent les
décrets de la loi n°85-582 du 29 Juillet 198524.
Cette politique de décentralisation, à ses
débuts, était conduite par des conseillers municipaux qui sont
les représentants de l'Etat auprès des populations. Un conseiller
municipal n'est pas isolé des réalités
socio-économiques et culturelles de la commune au sein de laquelle il a
été élu.
Il a une certaine légitimité et un respect qui
se consolident par son changement de statut, c'est-à-dire par son
passage de statut de fonctionnaire ou de travailleur libéral à
celui de conseiller municipal.
A partir de 1995, l'idée de donner une impulsion
nouvelle à la politique de décentralisation en
l'élargissant et à l'approfondissant, par le biais de la
communalisation totale du territoire national et par la création de
nouvelles collectivités supra communales, s'est progressivement
consolidée.
24Le décret n° 86-449 du 25 Juin 1986,
portant transferts de compétences de l'Etat aux communes en
matière de santé publique. Le décret n° 86-453 du 25
Juin 1986, portant transfert de compétences de l'Etat aux communes en
matière d'éducation. Le décret n° 86-455 du 25 Juin
1986, portant transferts de compétences de l'Etat aux communes en
matière sociale.
38
Initiée sous le régime du Président Henri
Konan BEDIE (1993 à 1999), elle envisageait d'étendre la
communalisation par la création des communes rurales, mais aussi
ériger les régions en collectivités
décentralisées.
La stratégie de décentralisation et
d'aménagement du territoire, adoptée par la Table Ronde avec les
bailleurs de fonds organisée en 1997 à Yamoussoukro, a
formalisé cette politique qui n'a pu être mise en oeuvre à
cause du coup d'état survenu en Décembre 1999.
A partir de 2000, apparaît sous le régime du
Président Laurent GBAGBO, une nouvelle politique de
décentralisation, qui envisageait aller encore plus loin que la
précédente dans l'élargissement et dans
l'approfondissement de la décentralisation.
En effet, « dans la perspective de la reconstruction
post-crise, les collectivités apparaissent comme des acteurs
incontournables dans les stratégies de consolidation de la paix et dans
le processus de développement participatif »25.
La décentralisation est un outil de pédagogie
sociale pour la mobilisation en milieu rural de l'ensemble des forces sociales
sur les plans local et régional (Gilles PAQUET et alii, 2006
:5). La décentralisation permet à la fois de mobiliser les
énergies de créativité locale et de canaliser les
capacités d'ajustement accéléré des
communautés tout en accroissant la participation active du plus grand
nombre de citoyens (Gilles PAQUET et alii, 2006 :6). Celle-ci (la
décentralisation) se définit à partir de quatre enjeux:
l'enjeu politique, l'enjeu administratif, l'enjeu économique et l'enjeu
en termes d'aménagement du territoire (TAHET, 2010 : 03-04).
Au niveau de l'enjeu politique ; il s'agit premièrement
de permettre aux populations directement concernées de participer
concrètement à la gestion des affaires locales et à la
prise en main de leur développement (choix des
25MINISTERE DE L'ADMINISTRATION DU TERRITOIRE (Janvier
2007), Les états généraux de la
décentralisation et du développement local: les actes,
Abidjan, République de Côte d'Ivoire, Page 03.
39
hommes et des projets, ...). Deuxièmement, cet enjeu
permet aux hommes politiques d'accéder à des postes
électifs infra-nationaux pour exercer le pouvoir, mais aussi pour
étendre et consolider sur le territoire national, l'influence des partis
politiques dont ils sont issus.
Au niveau de l'enjeu administratif, il est question de
rapprocher premièrement l'administration des administrés et de la
rendre capable de réagir promptement aux sollicitations des
populations.
Il s'agit, deuxièmement, de réorganiser
l'administration du territoire à travers deux administrations
parallèles et complémentaires : l'administration
déconcentrée qui précède et accompagne
l'administration décentralisée.
Au niveau de l'enjeu économique, il s'agit
premièrement de mettre en place les équipements d'infrastructures
et de superstructures et les maintenir en l'état de fonctionnement;
deuxièmement de favoriser le développement des activités
économiques, promouvoir l'emploi et lutter contre la pauvreté.
Au niveau de l'enjeu en termes d'aménagement du
territoire, il est question premièrement de contrebalancer le pouvoir
attractif de la ville d'Abidjan tout en consolidant sa vocation
économique. Il s'agit ensuite de redistribuer l'activité
économique et l'emploi sur toute l'étendue du territoire
national, en faisant des chefs-lieux de départements et de
régions des pôles de développement économique
délocalisés.
Aussi faut-il oeuvrer au ralentissement de l'exode rural,
à la sédentarisation des populations rurales, la promotion du
développement rural, la redistribution des flux migratoires et mieux
répartir la population nationale sur l'ensemble du territoire national.
Enfin, il importe de renforcer et consolider l'armature territoriale nationale
par le développement du réseau urbain et des réseaux
sectoriels d'équipement, ainsi que par l'apport d'un minimum de
mieux-être dans toutes les parties habitées du territoire national
(TAHET, 2010 : 03).
40
Dans ce processus de décentralisation, le financement
des différentes réalisations a été possible
grâce à des fonds propres, aux subventions de l'Etat et aux
apports des Fonds d'Investissement et d'Aménagement Urbain (FIAU) (DSRP,
2009 :76, 77).
Cependant, des difficultés financières et
institutionnelles qui ont empêché l'épanouissement des
populations bénéficiaires des actions de développement, la
faible participation de celles-ci au processus de leur développement
(DSRP, 2009 : 77) ont amené l'Etat ivoirien à modifier ses
rapports avec sa population.
En effet, le taux de participation des populations aux actions
de développement local en Côte d'Ivoire se situait en 2008
à 25% (Brou Emile KOFFI, 2009 : 98).
Toutes ces dispositions reposent sur un ensemble de
lois26 liées à l'administration territoriale.
Dans cette reconstruction des rapports de l'Etat ivoirien avec
sa population, les Conseils Généraux ont été mis en
place le 07 Juillet 2002 par des élections locales.
Cette dynamique de décentralisation vise le
renforcement de la démocratie et la bonne gouvernance, le rapprochement
des pouvoirs de décisions des communautés de base à partir
des effets conjugués de la décentralisation et de la
déconcentration.
Elle concerne également le développement
économique global du pays axé sur la gestion efficiente de
l'économie locale et la lutte contre la pauvreté au niveau
local27.
26La loi n°2001-476 du 09 Août 2001
relative à l'orientation sur l'organisation générale de
l'administration territoriale. La loi n°2001-477 du 09 Août 2001
relative à l'organisation du département.
La loi n°2003-208 du 07 Juillet 2003, portant transfert et
répartition de compétences de l'Etat aux collectivités
territoriales.
La loi n°2003-489 du 26 Décembre 2003, portant
régime financier, fiscal et domanial des collectivités
territoriales. 27 MINISTERE DE L'ADMINISTRATION DU TERRITOIRE (Janvier
2007), Les Etats Généraux de la décentralisation et du
développement local: les actes, Abidjan, République de
Côte d'Ivoire, Page 03.
41
En effet, le Conseil Général était une
collectivité territoriale décentralisée qui couvrait le
département et était doté d'une personnalité morale
et d'une autonomie financière.
Il visait à accroître la participation des
populations à la gestion des affaires publiques locales. Il était
aussi question de promouvoir un développement local par les populations
bénéficiaires au sein des nouveaux types de collectivités
territoriales et réduire les inégalités entre les couches
sociales.
Il s'agit d'un développement régionale,
départementale faisant appel aux ressources localement disponibles et
utilisant les moyens suggérés par la culture de cette
localité (Paul Marc HENRY, 1985)
Les Conseils Généraux avaient pour objectif
principal d'aider les départements à se doter
d'équipements collectifs modernes permettant d'améliorer les
conditions de vie des populations bénéficiaires.
Dans le souci d'aller résolument vers une organisation
favorisant l'efficacité et le développement, il est apparu selon
de nouvelles structurations de la décentralisation en Côte
d'Ivoire que la région et la commune se présentent comme les deux
types de collectivités appropriées. Ceci en vue de promouvoir le
développement local et assurer l'implication des populations dans la
gestion de leurs affaires28.
Ainsi d'une politique de décentralisation basée
sur la départementalisation et la communalisation, l'on aboutit à
une politique axée principalement sur la régionalisation et la
communalisation.
De manière spécifique, ces nouvelles
dispositions s'appliquent au département de Dimbokro qui autrefois
était prospère et faisait partie de l'ancienne boucle du
cacao.
Les populations dans leur quête d'amélioration de
leurs conditions de vie, considèrent ces structures comme des
partenaires au développement.
28 QUOTIDIEN NORD-SUD, N° 1876 du Jeudi 28 Septembre 2011,
Page 04.
42
Celles-ci s'appuient sur les rapports sociaux et les actions
de développement entreprises pour leur mieux-être.
Le développement par la décentralisation se
trouve être une opportunité de relance économique pour
Dimbokro.
La situation à Dimbokro est préoccupante et
donne lieu de trouver l'espoir à travers le processus de la
décentralisation dans ces structurations.
Il convient ainsi de rappeler que la pluviométrie, dans
le département de Dimbokro baisse de manière considérable
au fur des années. Elle est passée de 1236,7 mm de pluie en 2008
à 990,6 mm de pluie en 201229.
Cela a une influence sur la capacité de production
agricole de la région.
Aussi, la production du binôme café-cacao a de
même baissé, et est passée de 75.150 tonnes à la
campagne 1979-1980 (Boni DIAN, 1984 : 413) à 404 tonnes pendant la
campagne 2002-2003 (MINISTERE D'ETAT, MINISTERE DE L'AGRICULTURE, 2005 :
18-23).
A cela s'ajoute la fermeture depuis 2002 de l'UTEXI, la seule
unité industrielle qui employait environ 920 personnes et un nombre
considérable de travailleurs journaliers.
Ainsi, la participation de la population aux actions de
développement était de 20% en 2005 (ANADER, zone de Dimbokro,
2005 : 34).
Ce taux faible s'explique par les appartenances politiques
qui, au lieu d'unir les populations, font reculer l'apport des uns et des
autres au développement local.
Toutefois, au-delà des structurations et chiffres, une
question s'impose: comment les rapports sociaux qui se construisent autour de
la participation de population de Dimbokro au développement
concourent-ils au développement local?
29 MINISTERE D'ETAT, MINISTERE DE L'AGRICULTURE (2012),
Annuaire des statistiques agricoles, Abidjan, DSDI, page 10.
43
En d'autres termes, quelle est la configuration sociale de la
participation de population de Dimbokro à son développement?
Par ailleurs, la visibilité de cette question se fonde
sur un ensemble de questions qu'il s'agit de clarifier.
Les structures décentralisées interviennent sur
le champ du développement où sont représentées les
populations. Celles-ci détiennent un certain nombre de capitaux tels que
les ressources humaines, culturelles et matérielles.
Elles ont leur mode de vie et leur manière de percevoir
le développement. Dès lors, quelle est la politique et les
actions de développement mises en oeuvre dans le département de
Dimbokro ?
Quelles sont les stratégies mises en oeuvre en vue de
susciter la participation de la population au développement local?
De quelle utilité se révèle les relations
entre les structures décentralisées et la population de Dimbokro
?
Quelles sont les éventuels obstacles à la
participation de la population de Dimbokro à son
développement?
Un éclairage du sujet d'étude s'est fait
à partir des objectifs de l'étude, de la thèse et des
hypothèses de recherche.
44
I.1.5-Objectifs de l'étude
I.1.5.1-Objectif général
L'objectif général de l'étude est de
déterminer les mécanismes de construction des rapports sociaux
autour de la participation de la population de Dimbokro à son
développement.
I.1.5.2-Objectifs spécifiques
Il s'agit de manière spécifique de :
1- dégager la politique et les actions de
développement utilisées dans le département de Dimbokro
;
2- identifier les stratégies mises en oeuvre en vue de
susciter la participation de la population de Dimbokro à son
développement;
3- mettre en évidence les relations de partenariat
existantes entre les structures décentralisées et la
population;
4- relever les obstacles éventuels à la
participation de la population au développement local et les moyens pour
y remédier.
I.1.6-Thèse de l'étude
La Côte d'Ivoire a l'ambition de parvenir au
développement humain durable.
Cela nécessite l'amélioration de tous les
indicateurs socio-économiques pour la réussite de la politique de
décentralisation.
A cet effet, l'implication des populations à la gestion
de leur collectivité et les relations qui soutendent leur participation
sont des conditions de succès du développement local.
Cette disposition exige la mise en place d'un système
de communication intégrée et participative.
45
I.1.7- Hypothèses de recherche
I.1.7.1- Hypothèse conceptuelle
Le développement local est fonction des rapports
sociaux qui se construisent autour de la participation de la population de
Dimbokro aux projets de développement.
De cette hypothèse conceptuelle découlent des
hypothèses opérationnelles.
I.1.7.2-Hypothèses opérationnelles
1- Le regroupement de la population et la communication sont
des mécanismes qui impactent l'atteinte des objectifs de la gestion du
territoire local;
2- Les relations de partenariat existantes entre les
structures décentralisées et la population de Dimbokro constitue
un facteur influençant du développement local;
3- Les manques de compétence adéquate et de
cadre d'expression ainsi que l'analphabétisme constituent un frein
à la participation de la population au développement local.
Le modèle d'analyse nous a permis d'expliciter les
différents concepts de l'hypothèse principale.
46
I.2- Modèle d'analyse
Il s'agit de définir les concepts principaux de
l'hypothèse conceptuelle. Ainsi les concepts du développement
local, des rapports sociaux et de participation ont été
explicités tout en exposant leurs indicateurs.
I.2.1- Définition des concepts clés
I.2.1.1- Développement local
Concept qui a émergé ces dernières
années dans les pays du Sud notamment en Afrique de l'Ouest et surtout
avec l'avènement de la décentralisation, le développement
local se veut une démarche d'impulsion de développement par le
bas. Ce qui suppose que les communautés locales (groupes et individus)
s'impliquent davantage au processus de développement de leur territoire
(Neya SIHE, 2008).C'est un processus qui prend naissance à travers les
initiatives des habitants des terroirs organisés pour opérer des
choix, pour créer une dynamique d'amélioration des conditions
locales de vie, et pour défendre leurs intérêts face au
pouvoir public (MERCOIRET, 1994). Le développement local est un
processus qui consiste à mobiliser les énergies de tous les
acteurs locaux en vue de la promotion économique, sociale et culturelle
d'un territoire (Sebahara PAMPHILE, 2000).
Autrement dit, c'est un processus qui vise la participation
des acteurs avec pour finalité, l'amélioration des conditions de
vie des habitants d'une zone déterminée. Ce concept renvoie ainsi
de façon générale, à la participation des
différents acteurs à la libération des initiatives; en
particulier celles locales et communautaires (Sadio DIALLO,
2006 cité par Neya SIHE, 2008 : 19).
Le développement local a certes de multiples
définitions, mais il faut reconnaître qu'il est avant tout une
dynamique économique et sociale, voire culturelle plus ou moins
concertée, impulsée par des acteurs individuels et collectifs sur
un territoire donné (Dominique GENTIL, et Bernard HUSSON, 1996 : 67).
47
Ce territoire (espace économique et social construit)
n'est pas isolé mais articulé à des espaces plus
vastes.
Le concept de développement local appelle un esprit de
cohésion, de mise en synergie des forces d'une population locale pour le
développement territorial.
Autrement dit, c'est un développement basé sur
la participation des populations à travers les rapports sociaux qui se
développent.
Le développement local est selon Grigori LAZAREV et
Mouloud ARAB: « un cadre d'action politique et programmatique
où convergent, dans une aire régionale cohérente, des
stratégies de développement rural s'adressant principalement aux
communautés rurales, des stratégies de promotion de
l'urbanisation intermédiaire et de diversification des emplois offerts
aux ruraux, enfin des stratégies de gestion des ressources naturelles
»30.
Le développement local est fondé selon Grigori
LAZAREV et Mouloud ARAB (2002 : 37 à 40) sur quatre principes, à
savoir que :
- Le développement local se définit tout
d'abord à partir d'une base territoriale.
Pour déterminer la base géographique des
unités socio-territoriales pouvant servir de base à une approche
de développement, on part du constat qu'il existe, presque toujours, un
niveau d'organisation territoriale où s'établissent les relations
entre d'une part, le tissu social constitué par les communautés
rurales, et, d'autre part, les fonctions administratives primaires, les
fonctions économiques et les services de base (marché,
hôpital, collèges, banque, poste, commerces, activités,...)
qui se localisent dans les bourgs ruraux et centres urbains31.
- Le développement local suppose une
pluralité des niveaux d'actions.
La pluralité des niveaux d'action constitue l'une des
caractéristiques essentielles du développement local. Ainsi, les
actions sur le milieu naturel
30Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002),
Développement local et communautés rurales: approches et
instruments pour une dynamique de concertation, Paris, Karthala, page
15.
31Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002),
Op.cit, page 37.
48
doivent être en priorité, décidées
et réalisées avec la participation des usagers directs de ces
ressources. Ce qui conduit à privilégier des niveaux d'actions
tels que les communautés rurales de base, les « terroirs villageois
», les « aires pastorales ».
Il en résulte que les programmes de
développement local doivent être conçus de telle sorte
qu'ils puissent être élaborés et articulés en tenant
compte de plusieurs niveaux de décisions, et plus
particulièrement celui des communautés de base, celui des
institutions de la région, celui enfin du tissu associatif de la
société civile32.
- Les rôles respectifs sont définis selon un
principe de « subsidiarité ».
Le rôle et la fonction de chaque niveau de
décision sont déterminés selon un principe de
subsidiarité. On entend par là que le système
socio-politique dans son ensemble reconnaît que les
responsabilités s'exercent du bas vers le haut. Ainsi, une
communauté rurale doit être reconnue responsable pour tout ce qui
peut entrer dans son domaine de compétence ou dans ses
possibilités matérielles d'exécution. On ne passe au
niveau supérieur de décision et de responsabilité que
lorsque l'on a épuisé les possibilités du niveau
d'organisation socio-politique immédiatement inférieur.
L'application de ce principe au développement local
donne une importance toute particulière au niveau le plus proche du
gouvernement local.
Ce principe définit notamment les rapports entre les
composantes organisées du tissu social local, les communautés de
base et associations diverses, et les institutions du gouvernement
local33.
- Le développement local se fonde sur la notion de
participation, de partenariat et de contractualisation.
Le développement local se fonde en dernier lieu sur une
responsabilisation des communautés rurales en matière de
programmation de gestion des
32 Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002), op.cit., page
39.
33 Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002), op.cit., page
40.
49
ressources financières affectées au
développement, d'exécution et de suivi des programmes
d'actions34.
Ces quatre principes articulés et suivis permettront
d'atteindre les objectifs du développement local dont l'enjeu est de
mettre en évidence une dynamique qui relève l'efficacité
des relations non exclusivement marchandes entre les hommes pour valoriser les
richesses dont ils disposent (Bernard PECQUEUR, 2000 : 26).
I.2.1.2- Rapports sociaux
L'expression "rapports sociaux" désigne les relations,
les interactions ou les liens d'interdépendance qui s'établissent
entre les individus et les groupes en fonction des positions respectives de
chacun dans l'organisation sociale, en particulier sur le plan
économique.
Les rapports sociaux représentent la dimension qui
détermine l'interaction entre les individus et entre les groupes.
Les rapports sociaux interpersonnels, entre individus et
groupes et entre les groupes sont l'une des caractéristiques de la vie
sociale.
Ils peuvent être permanents, ponctuels,
standardisés, précaires.
La sociologie des rapports sociaux a pour objet l'étude
des rapports au sein d'une société entre les individus, entre les
groupes et entre les individus et les groupes.
Il y a rapport social dès qu'un individu ou un groupe
exerce une influence sur les actes ou l'état psychologique de l'autre
partie, individu ou groupe (Eugène DUPREEL, 1948 : 5).
Les rapports sociaux d'imitation (Gabriel TARDE), les rapports
sociaux modelés par la pression de la collectivité (Emile
DURKHEIM) et les rapports sociaux définis par la convergence des
états d'esprit (GIDDINGS) sont des catégories
particulières de rapports sociaux.
34 Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002), op.cit., page
40.
50
L'influence qui s'exerce dans le rapport social peut se
manifester de trois façons : par la force ou la contrainte, par la
persuasion au sens le plus large ou encore par l'échange d'avantages.
Ces trois modes d'influence qui sont également des
catégories formelles sont à la base d'une typologie des groupes
sociaux qui sert de base à des propositions théoriques formelles,
selon qu'on s'en tient à la logique d'enchaînement des rapports
élémentaires ou qu'on y introduit des contenus
spécifiques.
Mais, qu'on s'inscrive dans une logique de contrainte, de
persuasion ou d'échange, il existe « des lois formelles en dehors
desquelles aucune vie sociale n'est possible» (Eugène DUPREEL, 1949
: 154-155).
Ces « lois formelles» sont en fait des principes de
compatibilité ou d'incompatibilité.
Les rapports sociaux en ce qui concerne la présente
étude doivent être horizontaux, (c'est-à-dire des rapports
établis entre les populations dans leurs diversités).
Ces rapports doivent être aussi verticaux. Il s'agit des
rapports entre les structures décentralisées et la population
locale dans la perspective de l'amélioration des conditions de vie de la
communauté.
I.2.1.3- Participation
La participation est un concept d'actualité. Sa
définition rencontre des difficultés liées à la
pluralité des approches et à la diversité des contextes,
qui font que chaque processus participatif a une signification
particulière.
Dans le Dictionnaire économique et financier, la
participation est définie comme « le fait de prendre part au
capital, aux bénéfices et à la gestion d'une
société ou d'une entreprise. Elle peut revêtir une forme
consultative comme dans le comité d'entreprise ou comporter un
caractère délibératif, et une portée
décisionnelle comme dans la cogestion et à fortiori, dans
51
l'autogestion qui peut en apparaître comme la
formule limite »35.
Ainsi définie, la participation semble désigner
toutes les fois qu'un agent est présent dans une entité
économique et que cette présence lui vaut un rôle.
Pour le sociologue Philippe BERNOUX, « participer,
c'est prendre une part active et s'impliquer; ce peut être aussi, en
retour, avoir de l'influence et du pouvoir»36. Cette
définition a l'avantage de lier la participation au problème du
pouvoir, qui est déterminant dans tout processus participatif. Aussi, la
participation nécessite-t-elle la création de normes et de
procédures juridiques permettant aux individus de mettre en action une
volonté autonome dans les actions collectives auxquelles ils doivent
prendre part.
Dans la mesure où la participation n'est pas l'apanage
d'un courant théorique, son
hétérogénéité nous conduit à
procéder à une synthèse définitionnelle.
Pour nous, la participation désigne l'ensemble des
mécanismes d'implication volontariste et de mise à contribution
des populations locales, à travers des cadres contractuels, dans les
opérations de développement les concernant. Il s'agit donc d'une
action à la fois sociale et organisationnelle permettant aux populations
locales de prendre part aux actions collectives de développement.
La participation apparaît ainsi comme une option
stratégique en faveur du développement local.
En Côte d'Ivoire, dans le cadre de la
décentralisation, des mécanismes de participation des populations
sont encouragés et organisés par les collectivités
locales.
Ce qui apparaît ici, c'est une typologie des formes de
participation, qui peuvent être aussi comprises comme des dimensions de
celle-ci.
Il est possible de classer en catégories distinctes les
nombreuses façons différentes d'interpréter et d'utiliser
le concept de « participation », allant de
35 Yves BERNARD et Claude COLLI (dir) (1996), Dictionnaire
économique et financier, Paris, Seuil, page 1055.
36 Philippe BERNOUX (1985), La sociologie des
organisations, Paris, Seuil, Page 291.
52
la participation manipulée et passive, où les
gens sont informés de ce qui va se passer et réalisent des
tâches prédéterminées, jusqu'à la prise
d'initiatives par les communautés elles-mêmes.
Jules PRETTY (1995)37, énumère sept
(07) types de participation au développement local:
1. la participation passive (les gens participent
dans la mesure où on leur dit ce qui a été
décidé ou s'est déjà passé. L'information
diffusée n'appartient qu'aux professionnels extérieurs);
2. la participation par la consultation (les gens
participent par la consultation ou en répondant à des questions.
Il ne leur est pas permis de prendre part à la prise de décisions
et les professionnels ne sont pas obligés de prendre en compte les
opinions des gens);
3. la participation contre la récompense
matérielle (les gens participent contre la fourniture de vivres,
d'argent ou d'autres récompenses matérielles. Les populations
locales ne sont pas intéressées à la poursuite des
pratiques après la suppression des récompenses);
4. la participation fonctionnelle (la participation
est considérée par les intervenants extérieurs comme moyen
de réaliser les objectifs des projets, notamment une réduction
des coûts.
Les gens peuvent participer en créant des groupes pour
atteindre des objectifs prédéterminés);
5. la participation interactive (les gens participent
à l'analyse commune, qui débouche sur des plans d'action et la
création ou le renforcement des groupes ou institutions locaux qui
déterminent l'utilisation des ressources disponibles. Des
méthodes d'apprentissage servent à découvrir les
différents points de vue) ;
6. l'auto-mobilisation (les gens participent en
lançant des initiatives indépendamment des institutions
extérieures. Les contacts qu'ils établissent
37Jules PRETTY (1995), A Trainer's Guide for
participatory and Actions, London, IIED, page 60.
53
avec les institutions extérieures leur permettent
d'obtenir des ressources et des conseils techniques, mais ils continuent
d'être maîtres de l'utilisation des ressources);
7. la participation manipulée
(la participation n'est qu'un leurre, une illusion). La participation va
de pair avec la responsabilisation. Il est utile de cerner les rôles et
les responsabilités des intervenants engagés dans tout projet de
développement et de clarifier la contribution physique,
financière ou matérielle de chacun d'eux dans le processus. Ces
contributions peuvent être très variées : donner de leur
temps, fournir des services, du matériel utilitaire, du financement.
Ces contributions, mêmes modestes, procureront un
sentiment d'appropriation des activités. Sans cette appropriation,
l'effort sera toujours perçu comme «l'initiative des autres
».
La consultation aide à recueillir des informations pour
une stratégie, mais n'élargit pas la base
décisionnelle.
A la suite de Jules PRETTY, deux autres auteurs ont leur
manière de percevoir la participation au travers des formes qu'ils
développent.
En effet, Albert MEISTER (1974) et Silvain FORTIN (1969), ont
pour leur part, dégagé cinq (05) formes de participation qui sont
synthétisées dans les tableaux ci- dessous.
54
Tableau n°1 : Participation selon
Albert MEISTER38
Types de Participation
|
Origine et création
|
Intérêts,
activités, fonctions
|
1. Participation de fait
|
Origine dans la vie
traditionnelle : groupe familial, religieux,
métiers...
|
Conservation du patrimoine
|
2. Participation spontanée
|
Création par les participants, elle
reste fluide, sans organisation formelle, exemple des groupes
de voisinage.
|
Satisfaction des besoins vitaux
|
3. Participation imposée
|
Création par des animateurs
extérieurs, mobilisation de la main-d'oeuvre pour des
travaux collectifs.
|
Groupement indispensable pour le fonctionnement du programme
|
4. Participation provoquée
|
Groupe provoqué et suscité dans le cadre de projet
ou programme : coopérative...
|
Adoption d'un comportement collectif et normes promues par
l'institution intervenante
|
5. Participation volontaire
|
Création du groupe suite à une
prise de conscience, initiative propre au groupe.
|
Satisfaction des besoins, défense d'intérêts
communs, promotion sociale
|
|
Source : Albert MEISTER, 1974 : 164.
38 Albert MEISTER (1974), La participation dans
les associations, Paris, Editions ouvrières, page 164.
55
Tableau n°2 : Participation selon
Silvain FORTIN39
Types de Participation
|
Caractéristiques
|
1. Participation activiste
|
Les comportements d'un individu le placent en état de
solidarité avec d'autres individus.
|
2. Participation intégrative
|
C'est un ajustement des comportements d'un groupe aux normes
préétablies.
|
3. Participation mobilisatrice
|
Les participants suivent les directives émises par un
ou plusieurs leaders.
|
4. Participation consultative
|
Les membres sont consultés pour la réalisation
du projet de développement.
|
5. Participation décisionnelle
|
Les participants décident de leur propre
développement.
|
|
Source: Silvain FORTIN, 1969 : 307-335.
Au regard des deux tableaux ci-dessus et dans le cas de la
présente étude, la participation volontaire et
décisionnelle est celle qui est recherchée, car, elle est
l'aboutissement d'une prise de conscience et donne la preuve de la
capacité des acteurs locaux à initier, à conduire et
à évaluer de manière objective les actions de
développement. On peut donc en conclure qu'un premier niveau de
participation de la population au développement est le fait qu'elle
assume des responsabilités au niveau de l'exécution du projet de
développement.
On atteint un deuxième niveau de participation lorsque
les populations participent à la prise de décision initiale
(formulation de projet) et à l'exécution du projet.
39 Silvain FORTIN (1969), «la participation et le
pouvoir » in revue Recherches sociologiques, volume 1-2,
Québec, les Presses de l'Université de Laval, pp. 307 à
335.
56
Lorsqu'en plus de tout cela, elles participent au suivi et
à l'évaluation de l'action et que le processus n'est pas mis en
oeuvre par quelqu'un de l'extérieur, on peut dire que la participation
atteint encore un autre niveau, celui de l'appropriation de l'ensemble de la
démarche.
I.3-Cadre opératoire et référence
théorique
I.3.1-Cadre opératoire
Nous allons procéder ici à une
opérationnalisation des concepts clés de notre hypothèse,
afin de donner des repères et pistes qui présideront à
l'analyse des données.
Il s'agit donc, par une démarche
hypothético-inductive, d'isoler de ces concepts des dimensions et
indicateurs pertinents pour l'étude.
Les tableaux qui suivent présentent, pour les quatre
concepts considérés, des dimensions et indicateurs qui ont
guidé l'analyse des données.
57
Tableau n°3 :
Opérationnalisation du concept de développement local.
L'approche du développement local se définit
comme une approche globale de revitalisation économique et sociale des
collectivités qui réunit quatre dimensions40.
Concept
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
Développement local
|
Economique
|
- déploiement d'un ensemble
d'activités de production et de vente de biens et
services ;
- activités génératrices de revenus des
populations;
- appui financier des partenaires;
- appui au montage des projets;
- création d'une mutuelle de crédit.
|
Locale
|
- mise en valeur des ressources
locales d'un territoire donné, dans
le cadre d'une démarche
partenariale où s'engagent les
principales composantes d'une communauté;
- formation de certains membres des mutuelles ou
associations;
- échange d'expérience avec les partenaires.
|
Développement Economique Communautaire
|
- revitalisation économique et
sociale d'un territoire en intervenant au niveau de
l'emploi, du logement, de la formation, de la santé et des services
sociaux.
- Communication horizontale et verticale autour du
développement
- réappropriation de son devenir
économique et social par la population
résidante.
|
Source : Réalisé par nous.
40Louis FAVREAU et Benoît LÉVESQUE
(1996), Développement économique communautaire,
économie sociale et intervention, Sainte-Foy, Presse Universitaire
du Québec, page19.
58
Tableau n°4 :
Opérationnalisation du concept de rapports sociaux
Concept
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
Rapports sociaux
|
Décisionnelle
|
- Définition de plan stratégique de
développement en collaboration avec la population
locale
- Accord de partenariat pour le développement
|
Opérationnelle
|
- Partenariat lors de la réalisation des
projets de développement;
- Participation de la population locale aux
différents processus.
|
Gestionnaire
|
- Gestion commune des projets;
- Formation pour accroitre les capacités
de la population locale.
|
Source : Réalisé par nous.
59
Tableau n°5 :
Opérationnalisation du concept de participation
Concept
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
Participation
|
Décisionnelle
|
- élaboration d'un plan de
développement local;
- consultation des personnes ressources;
- représentation et participation des
populations à l'instance de réflexion pour
l'analyse de leurs besoins.
|
Opérationnelle
|
- activités des mutuelles ou
associations des populations dans la conception et planification
des
actions de développement;
- investissement humain des populations.
|
Gestionnaire
|
- gestion des projets par les
bénéficiaires ;
- mise en place d'une commission composée des
représentants de la population;
- bilan d'action des commissions techniques.
|
Source : Réalisé par nous.
60
Après ce parcours du cadre opératoire qui a
permis d'indiquer les dimensions et indicateurs des concepts clés de
l'hypothèse conceptuelle, l'ancrage théorique de l'étude
s'avère nécessaire.
I.3.2-Référence théorique
Cette section se réfère aux différentes
théories dans lesquelles s'inscrit cette étude. Il s'agit de la
théorie du changement social, la théorie de la
décentralisation et la théorie du développement local
participatif.
I.3.2.1-Théorie du changement social
Le changement social est une transformation durable, plus ou
moins rapide, d'une partie ou de l'ensemble d'un système social au
niveau de son fonctionnement (mode d'organisation), de sa structure
(stratification, rapports sociaux) ou de ses modèles culturels
(comportements, normes, systèmes de valeurs). Ainsi les penseurs du
XIXème siècle et du début du
XXème siècle, historiens et précurseurs de la
sociologie cherchent les lois de l'histoire et les facteurs déterminants
de la triple influence hégélienne (étape de l'histoire),
de la théorie darwinienne (sélection des innovations
performances) et de l'impact de la révolution française
(changement conflictuel).
Emile DURKHEIM présente dans De la division du
travail social (1893) une vision holiste du développement, aux
accents évolutionnistes.
En effet, selon l'auteur, la division du travail social est
« un résultat de la lutte pour la survie, mais elle en est un
dénouement adouci. Grâce à la division du travail, les
rivaux ne sont pas obligés de s'éliminer mutuellement, mais
peuvent coexister les uns à côté des autres ».
Ainsi, DURKHEIM considère que la division du travail
provient essentiellement de l'accroissement de la population et de la
"densité sociale". Il y aurait un seuil critique au-delà duquel
les humains choisissent de coopérer, de commercer entre eux,
plutôt que de se combattre.
61
Les communautés traditionnelles laissent place à
la société moderne.
Dans ce contexte, le système social de production
sociale oeuvre sans cesse à trouver une place aux nouveaux arrivants qui
sont intégrés dans un tissu productif de plus en plus
complexe.
La division du travail serait la réponse de la
société à l'accroissement du volume et de la
densité sociale qui implique une « intensité plus grande de
la lutte ».
L'explication de DURKHEIM recouvre deux aspects
étroitement liés entre eux, à savoir le passage d'une
société traditionnelle à une société moderne
à travers le dépassement de l'équilibre
population-subsistance.
La contribution de Max WEBER à la compréhension
du développement s'inscrit dans ses analyses du processus de
rationalisation.
WEBER démontre dans l'éthique protestante et
l'esprit du capitalisme (1905) que les actions guidées par une
rationalité en finalité prennent une importance croissante au fil
de l'évolution sociale. Si la religion est au centre du processus
décrit par WEBER, c'est aussi et surtout, pour l'auteur, un moyen
explicatif en terme épistémologique.
Autrement dit, ce ne sont pas les valeurs protestantes, telles
que l'ascétisme (recherche d'une libération de l'esprit par la
mortification des sens), qui expliquent l'avènement du capitalisme ; il
y a simplement une proximité entre ces valeurs religieuses et celles
propres au capitalisme.
Ce qu'explique WEBER, c'est qu'à une certaine forme
d'ordre social correspondent certaines valeurs, une certaine culture qui, en
conférant un sens aux actions humaines, les oriente.
Pour résumer, l'évolution de l'ordre social (le
développement) est accompagnée par une transformation des
manières de faire, de sentir, d'agir, de penser des membres de la
société.
À l'inverse, l'absence d'évolution des valeurs
peut bloquer le processus de développement, ou du moins le
compromettre.
62
Karl MARX offre une interprétation du
développement comme étant indissociable d'un système de
rapports sociaux qu'il résume avec le terme "capitalisme".
Ce système se traduit notamment par la
dépossession des instruments de production par une partie de la
population qui se constitue alors en prolétariat par la classe des
capitalistes. MARX considère que la position des capitalistes comme
propriétaires des moyens de production se traduit par leur domination de
l'espace social. Le capitaliste exploite le prolétaire et s'accapare les
profits issus de cette exploitation. Le rapport social marxien est donc
fondamentalement inégal. Ce qu'explique MARX, c'est que le
développement capitaliste est motivé par la recherche de profits
qui sont eux-mêmes indissociables de la domination du
prolétariat.
Le développement capitaliste serait
déséquilibré du fait de la répartition sociale de
la propriété.
Toutefois, dans l'optique marxienne, ce processus
inégalitaire, producteur d'inégalités, est un passage
obligé vers la libération de l'homme.
Le capitalisme est voué à disparaître,
emporté par la révolution prolétaire ; il contient en
lui-même les germes de sa propre destruction, de son dépassement
par une forme sociale supérieure (socialisme, communisme).
En effet, toutes les approches sociologiques jusqu'aujourd'hui
maintiennent l'idée de succession de type de sociétés dans
l'histoire humaine : du simple au complexe, du pré-moderne au moderne et
au post-moderne, du pré-industriel au post-industriel.
L'approche évolutionniste se présente comme une
explication historique du développement socio-économique.
ROSTOW, dans son approche, s'oppose à l'explication
marxiste.
Il part du fait que les sociétés humaines
passent nécessairement par différentes phases successives et
inévitables allant des formes les plus archaïques et des plus
élémentaires aux formes les plus évoluées ou
63
complexes. Pour lui, en effet, toutes les
sociétés passent par un processus unique et uniforme de
développement. Elles partiraient ainsi de la sauvagerie à la
barbarie et de la barbarie à la civilisation.
Mais, la théorie évolutionniste telle que
proposée par ROSTOW nie toute histoire pour les pays
sous-développés car on ne peut pas situer une
société dans une étape d'évolution
précise.
Les sociétés se transforment en fonction des
emprunts et des innovations.
Une innovation peut changer le cours d'évolution d'une
société, ce qui peut occasionner une remise en cause et sauter
certaines étapes d'évolution proposée par ROSTOW.
On pourrait dès lors affirmer que la théorie
évolutionniste telle que proposée par ROSTOW ne permet pas
d'expliquer le changement.
D'autres chercheurs mettent dans la théorie du
changement social le structuro-fonctionnalisme de Talcott PARSONS. Ils pensent
que les changements dûs à l'innovation pourraient trouver une
explication plus pertinente avec le structuro-fonctionnalisme. Talcott PARSONS
définit l'action humaine au regard de ses fonctions dans la
société. Les actions et les adaptations sociales s'inscrivent
dans une conception systémique, visant l'équilibre.
Or, l'introduction d'une innovation entraine toujours des
bouleversements dans la société receveuse. Même si cette
innovation est simplement technique, elle agit sur l'ordre social de la
société emprunteuse.
C'est pour cela qu'en sociologie, l'innovation est
étudiée comme facteur favorable ou défavorable.
Le structuro-fonctionnalisme de PARSONS ne s'inscrit pas dans
une logique de conflit. Or, le changement est source de conflit entre deux ou
plusieurs cultures.
Les conflits permettent le changement, c'est-à-dire la
transformation de toute société. Les conflits sont à
l'origine de toute évolution.
64
Par conséquent le structuro-fonctionnalisme ne
diffère pas en tant que tel du fonctionnalisme car même s'il
permet de maintenir un certain équilibre social, il ne permet pas
d'expliquer comment les choses changent.
C'est pour cela que Guy ROCHER parle de changement
d'équilibre en ce qui concerne PARSONS, car ce genre de changement
n'affecte pas nécessairement la structure de l'organisation sociale.
Pour Guy ROCHER, tout d'abord, le « changement social est
nécessairement un phénomène collectif, c'est-à-dire
qu'il doit impliquer une collectivité ou un secteur appréciable
d'une collectivité ; il doit affecter les conditions ou les modes de vie
(...). En second lieu, un changement social doit être un changement de
structure, c'est-à-dire qu'on doit pouvoir observer une modification de
l'organisation sociale dans sa totalité ou dans certaines de ses
composantes »41 .
Autrement dit, le changement est une transformation de toute
une collectivité d'individus aux niveaux politique, culturel,
économique ou agricole.
Partant de ces faits, l'introduction d'une innovation dans une
société donnée entraîne nécessairement un
changement de la société.
Cela apporte des changements dans les manières de
d'agir, de penser des membres de la société. Or, la
société se compose d'un ensemble de personnes en interactions.
Une des innovations apportées par les autorités
ivoiriennes pour le développement des localités est la
décentralisation.
Ainsi, sommes-nous amené de parler de la théorie
de la décentralisation.
41Guy ROCHER (1968), Introduction à la
sociologie générale: le changement social, Montréal,
Editions HMH, page 20-21
65
I.3.2.2- Théorie de la
décentralisation
La décentralisation est un système
d'administration dans lequel le pouvoir de décision est exercé
à la fois, par l'État et par des personnes morales autonomes
soumises au contrôle, en principe de légalité, des
autorités étatiques. Cette disposition implique le transfert
d'attributions de l'Etat à des collectivités ou institutions
différentes de lui et bénéficiant, sous sa surveillance,
d'une certaine autonomie de gestion (BANQUE MONDIALE, 2011).
La décentralisation est le transfert du sommet vers le
bas, de certaines compétences de l'Etat au profit des
collectivités territoriales, des communautés locales et du
secteur privé dans le but d'améliorer les capacités de
fourniture des services en renforçant les capacités des
autorités locales, des communautés et groupes.
La théorie de la décentralisation part du
principe que pour amorcer un développement local participatif, il faut
accorder un certain pouvoir à des collectivités locales reconnues
par la constitution ou par la loi.
La décentralisation, vise ainsi à rendre les
services administratifs et techniques plus efficaces en organisant un transfert
de responsabilités du niveau central de ces services à leurs
représentants locaux (THOMAS et KOULIBALY, cités par CAMARA,
2007).
Pour SOUARE et alii, citant (DIENG, 2010), la
décentralisation consiste à reconnaître à
l'intérieur de la collectivité nationale, des
collectivités plus restreintes ayant leurs intérêts propres
non contradictoires avec l'intérêt national, mais distinct de
celui-ci.
Pour assurer cette décentralisation, il faudrait donner
à ces collectivités des moyens juridiques, administratifs et
financiers afin d'exprimer et de gérer leurs intérêts par
l'organe d'une représentation autonome, en respectant toutefois le cadre
d'un Etat unitaire.
66
Cette autonomie se caractérise par trois conditions
essentielles. Toutefois, cela ne signifie pas indépendance.
En effet, la structure décentralisée jouit de
l'autonomie matérielle.
Elle dispose de la personnalité morale et d'un
patrimoine et d'affaires propres qualifiées le plus souvent d'affaires
locales par opposition aux affaires nationales gérées par
l'Etat.
Elle bénéficie également de
l'autonomie organique, c'est-à-dire qu'elle gère par
l'intermédiaire des organes qui sont propres ses affaires.
La structure décentralisée détient
l'autonomie fonctionnelle, c'est-à-dire qu'elle gère
plus ou moins librement ses affaires.
Selon la Banque Mondiale, il ya quatre types de
décentralisation, à savoir la décentralisation politique,
la décentralisation administrative, la décentralisation des
finances et la décentralisation du marché (comprenant la
décentralisation structurelle).
La décentralisation politique vise à
conférer aux citoyens ou à leurs élus plus de pouvoirs de
décision. Elle est souvent liée au pluralisme politique et au
gouvernement représentatif mais elle peut soutenir la
démocratisation en donnant aux citoyens ou à leurs élus
plus d'influence dans la formulation et l'exécution de la politique
d'une administration.
Les partisans de la décentralisation politique se
basent sur l'hypothèse que les décisions prises avec une plus
grande participation des administrés sont bien fondées et
répondent mieux aux besoins des intérêts divers de la
société que celles prises uniquement par les autorités
politiques au niveau central.
En plus, on suppose que la décentralisation politique
permet aux citoyens de mieux connaître les élus locaux et permet
aux élus de mieux connaître les besoins et les aspirations de
leurs électeurs.
La décentralisation administrative vise à
refaire la répartition, à différents échelons de
gouvernement, de responsabilités et de ressources financières,
pour assurer la fourniture de services publics.
67
C'est le transfert de responsabilité de la
planification, du financement et de la gestion liée à certaines
fonctions du gouvernement central et de ses organes vers des unités
d'administration sur le terrain, des cellules ou niveaux subalternes de
l'administration, des autorités publiques semi-autonomes, des
municipalités ou des régions.
Les trois principales formes de décentralisation
administrative, à savoir la déconcentration, la
délégation et la dévolution ont chacune des
caractéristiques différentes.
La déconcentration, souvent considérée
comme la forme la plus faible de la décentralisation et plus
fréquemment utilisée dans les pays à gouvernement
unitaire, refait une répartition de pouvoirs de décision, de
responsabilités financières et de gestion entre les
différents échelons du gouvernement central. Elle peut être
simplement le transfert de responsabilités du gouvernement central
à des fonctionnaires qui travaillent dans les régions, provinces
ou districts, ou bien elle peut être la création d'une
administration sur le terrain dotée d'un pouvoir fort, ou encore une
entité administrative locale sous la supervision de
ministères.
La délégation de pouvoir est une forme plus
poussée de la décentralisation. Par la délégation,
les gouvernements centraux transfèrent le processus de prise de
décision et d'administration vers des organisations semi-autonomes qui,
en dernier ressort, doivent lui rendre des comptes.
Les gouvernements délèguent des
responsabilités lorsqu'ils créent des entreprises ou
sociétés publiques, des services chargés du logement, des
transports, des districts de services spéciaux, des secteurs scolaires
semi-autonomes, des sociétés de développement
régional ou des unités spéciales chargées de
l'exécution de projets. Généralement, ces organisations
ont beaucoup de pouvoir discrétionnaire quant aux prises de
décisions.
68
Elles peuvent être exemptées des contraintes
auxquelles sont soumis les fonctionnaires ordinaires et peuvent se faire payer
directement par les usagers de services.
La dévolution est une troisième forme de
décentralisation.
Lorsque les gouvernements délèguent les
fonctions, ils transfèrent les pouvoirs de décision,
l'autorité en matière de finances et de gestion vers des
unités d'administration locales quasi-autonomes avec statut de
municipalité. Généralement, la dévolution
s'opère en transférant les responsabilités pour la
fourniture de services aux municipalités qui élisent leurs
propres maires et conseils, perçoivent leurs propres impôts, et
jouissent du pouvoir de prendre des décisions d'investissements. Dans un
système décentralisé par dévolution, les
administrations locales ont des limites géographiques précises et
juridiquement reconnues, à l'intérieur desquelles elles exercent
leur autorité et leurs fonctions publiques. C'est cette forme de
décentralisation qui soutend la plupart des décentralisations
politiques (BANQUE MONDIALE, 2011).
La décentralisation financière, la
répartition des ressources publiques et l'organisation des rapports
financiers entre l'Etat et les collectivités locales. Ce concept
recouvre la définition d'un champ de ressources propres pour les
collectivités locales, l'identification d'un champ de ressources
partagées entre l'Etat et les collectivités locales, et les
transferts des ressources du budget de l'Etat à celui des
collectivités locales.
La responsabilité des finances est une composante
fondamentale de la décentralisation. Pour que les administrations
locales et les organisations privées puissent exercer de manière
efficace les fonctions administratives décentralisées, elles
doivent disposer de revenus d'un niveau adéquat provenant soit de source
locale, soit d'un transfert du gouvernement central. Elles doivent de
même avoir le pouvoir de décision concernant les
dépenses.
69
La décentralisation économique ou
décentralisation du marché se caractérise par la
privatisation et la dérégulation car elle consiste à
transférer des responsabilités des fonctions administratives du
secteur public au secteur privé.
La privatisation et la dérégulation42
sont, généralement, mais pas toujours, accompagnées de
libéralisation économique et de politiques de
développement du marché.
Elles permettent que des fonctions qui relevaient
primordialement ou exclusivement du gouvernement soient exercées par le
secteur privé, les communautés, les coopératives, les
associations volontaires privées et d'autres organisations non
gouvernementales.
L'objectif de la décentralisation est la prise en
charge par les populations elles-mêmes de la gestion de leurs propres
affaires.
Cette prise en charge implique, par conséquent,
d'organiser un transfert de compétence de pouvoir et moyens de l'Etat
central vers les entités territoriales auxquelles il est reconnu une
certaine autonomie. Ceci, dans le respect et les limites qui découlent
du caractère indivisible de l'Etat qui demeure le gardien de
l'unité politique et sociale pour l'ensemble du territoire du pays
(SOUARE et alii, 2010).
La décentralisation joue des rôles importants
dans l'augmentation de la participation des citoyens dans les activités
politiques, économiques et sociales dans les pays en
développement. Elle contribue à atténuer les goulots
d'étranglement dans les prises de décisions, là où
elle fonctionne efficacement. Elle permet aussi de réduire des
procédures bureaucratiques complexes et à accroître
l'attention des officiels sur les conditions et les besoins locaux.
42 Dérégulation est la suppression ou
l'assouplissement des règles qui régissent une activité
économique, notamment en matière tarifaire.
70
Elle favorise ainsi une représentation politique des
divers groupes politiques, ethniques, religieux et culturels dans le processus
des prises de décision (BANQUE MONDIALE, 2011).
En somme, la théorie de la décentralisation
implique une nécessité de créer ou de renforcer au niveau
des collectivités décentralisées les capacités des
ressources humaines qui interviennent aux différents niveaux de
développement. Autrement dit, elle permet aux populations locales de
participer à leur développement.
Cette théorie donne place à celle dite du
développement local participatif.
I.3.2.3-Théorie du développement local
participatif
Le concept de développement local est apparu dans un
contexte où la vision centralisée de l'Etat était
critiquée par certains acteurs locaux.
Ces derniers considéraient que le développement
d'un territoire devait prendre en compte les besoins et les aspirations des
habitants.
Une nouvelle logique d'autonomie est alors revendiquée
vis-à-vis des centres décisionnels, politiques ou
économiques. Le développement local se rapporte ainsi à
des actions partenariales entre des acteurs intéressés à
l'amélioration des conditions de vie dans leur environnement
immédiat.
C'est vers la fin des années 1950 que prend forme la
théorie du développement endogène avec les chercheurs
comme John FRIEDMAN et Walter STÖHR.
Une approche volontariste, qui conçoit le
développement comme une démarche partant du bas et
privilégiant les ressources endogènes.
Celle-ci fait appel aux traditions industrielles locales et
insiste particulièrement sur la prise en compte des valeurs culturelles
et sur le recours à des modalités coopératives (Katalyn
KOLOSY, 1997).
71
L'approche participative du développement local insiste
sur l'importance de la participation et de la responsabilisation des
populations dans toutes les actions de développement.
Cette théorie va au-delà du sens strict des
approches participatives telles que the Participatory Action Research (PAR),
the Participatory Rural Appraisal (PRA), et les Méthodes Actives de
Recherche et de Planification Participative (MARPP)).Celle-ci est maintenant
à la base de la plupart des méthodes et des outils mis au point
ces dernières décennies pour l'appui au développement
(recherche-développement, développement local, gestion des
ressources naturelles...) qu'ils s'en réclament explicitement ou pas.
D'abord, simples méthodes de recueil des informations
auprès des populations locales, les premières expériences
participatives ont progressivement intégré une participation de
plus en plus active des acteurs locaux, dans des méthodes toujours plus
formalisées de diagnostic participatif par la construction de la
concertation avec les populations rurales.
L'approche participative a dépassé le simple
diagnostic pour s'instituer en méthode de concertation pour
l'intervention et a abouti à des outils de planification locale de
développement (Mohammed Sidi SECK et Patrick D'AQUINO, 2001).
L'approche participative, est une approche de concertation,
d'ajustement continu et de compromis contractuels qui accompagne une action de
développement rural depuis la conception de l'idée de base.
C'est une succession de pratiques dictées par des
impératifs temporels spécifiques et définies à
travers un vécu réel sur le terrain (Mohammed BAJEDDI, 2002).
TREMBLAY, cité par (CHERIF, 2008), estime que
l'approche participative du développement local repose sur une
démarche volontaire d'acteurs se réunissant sur un territoire
pour envisager l'avenir de leur territoire.
72
Il s'agit donc d'une vision du local dans le global, qui voit
le territoire comme un système de relations avec d'autres
systèmes et d'autres acteurs.
Pour cet auteur, les acteurs oeuvrent à
l'amélioration des conditions de vie de leurs populations. Ce qui passe
par le développement des activités de production, de la
santé, de l'éducation et l'approfondissement de la
démocratie et la gouvernance locale.
Du point de vue juridique, l'Organisation des Nations Unies
(ONU), dans son article 1 de la déclaration sur le droit au
développement lors de son l'Assemblée Générale du
04 Décembre 1986, stipule que:
« le droit au développement est un droit
inaliénable de l'homme en vertu duquel toute personne humaine et tous
les peuples ont le droit de participer et de contribuer à un
développement économique, social, culturel et politique dans
lequel tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales
puissent être pleinement réalisés et
bénéficier de ce développement ».
Cette déclaration trace les sillons du
développement participatif.
Ainsi, selon la BANQUE MONDIALE (1992), le
développement participatif est à la fois une fin et un moyen de
développement.
En avançant l'idée que le développement
participatif est une fin, elle entend le référer à une
sorte d'objectif idéal selon lequel le développement durable
résulterait de l'action responsable de citoyens politiquement mûrs
et qui agiraient à travers des institutions électives,
d'associations ou d'organismes, dans le cadre d'une société
démocratique et libre.
Toutefois, un tel objectif devrait être compris comme un
processus continu et de longue haleine, qui tendrait à améliorer
la capacité des communautés à s'autogérer.
La seconde idée est celle du développement
participatif conçu comme un moyen de développement. Cette
idée est beaucoup plus familière car c'est sous cette forme
qu'elle est apparue, il y a deux décennies, dans les politiques de
développement.
73
Cependant, cette idée contiendrait une
nouveauté; celle de replacer les approches dans le contexte d'une
responsabilisation politique des communautés concernées. Alors
que précédemment, la responsabilisation politique ne concernait
que la gestion d'une activité et n'avait donc qu'un sens
opérationnel (CHERIF, 2008).
Malgré ses avancées considérables, la
démarche participative soulève plusieurs critiques.
La première interrogation, évoquée par
Mohammed Sidi SECK et Patrick D'AQUINO, se situe dans la pratique de cette
démarche sur le champ du développement.
En effet, la méthode " participative" telle
qu'employée sur le terrain se limite à de simples dialogues
"participatifs", "échanges ritualisés" où les acteurs
locaux ne font que valider, au mieux alimenter les analyses et les choix faits
par les agents extérieurs.
En réalité, une partie de ces problèmes
est due à l'ambiguïté constitutive du concept de la
"participation". Par définition, celui-ci spécifie la
présence obligatoire et centrale d'une intervention exogène,
à laquelle participent les acteurs locaux. Cette situation est peu
adaptée à l'émergence d'une dynamique endogène de
décision et de planification. L'autonomie des acteurs locaux est en fait
loin d'être totale, que ce soit dans la formulation des problèmes
et dans le choix des priorités ou dans la prise de décisions.
La participation est par essence différente de
l'autonomie : c'est toujours la formule d'un agent extérieur qui fait
participer aux diagnostics et aux politiques les acteurs locaux.
Par ailleurs, comme solution à ce problème, un
nouveau principe participatif est soutenu par Mohammed Sidi SECK et Patrick
D'AQUINO, qui est le principe d'endogénéité.
74
Ce principe consiste à transformer l'acteur local en
décideur local dont la règle est que l'accompagnement technique
ne fixe aucun objectif préalable à sa démarche d'appui. Sa
sollicitation est d'être disponible pour une dynamique endogène de
prise de décision concertée sur le territoire.
Ici, ce sont les acteurs locaux qui fixent ce qu'ils
considèrent comme une priorité dans cette nouvelle prise ou
reprise de pouvoir sur leur espace et leurs ressources que la démarche
leur propose.
La seconde règle est que la planification territoriale
est avant tout une oeuvre politique et non technique, ce qui implique que
devant l'incertitude de l'avenir, la responsabilité de choix, avant
tout, politique et éthique doit être laissée aux
décideurs politiques légitimes.
La réussite de ces évolutions est dans la
reconnaissance de la participation des populations aux actions les concernant,
c'est-à-dire la volonté de remplacer la relation d'assistance
entre l'encadrement et les populations par une relation de partenariat,
basé sur une reconnaissance des savoirs, des perceptions et de la
légitimité des acteurs locaux. Seule une dynamique
réellement endogène pourra se pérenniser et se
démultiplier à une échelle raisonnable sans appui
extérieur permanent. Ceci vise à l'installation d'un processus
local et collectif de prise de décision. Elle permet aux populations
d'installer en amont un cadre stratégique de développement local
axé sur leurs propres aspirations.
La prise en compte des valeurs des populations
bénéficiaires dans les initiatives de développement est
une modalité essentielle du principe de la participation.
En effet, la démarche promue par la politique de lutte
contre la pauvreté intègre la prise en compte des besoins
exprimés par les bénéficiaires dans les initiatives de
développement. Cette démarche consiste à partir non des
modèles et théories de développement importés mais
des pratiques quotidiennes concrètes des populations
bénéficiaires.
75
Elle exige la création au sein des communautés
d'accueil, des conditions pour une appropriation des initiatives de
développement qui leur sont destinées.
La démarche de la politique de lutte contre la
pauvreté s'affranchit de la tutelle exclusive des bureaucrates et
investit le terrain.
La participation en matière de lutte contre la
pauvreté vise à donner la parole aux populations
bénéficiaires, car celles-ci connaissent mieux que quiconque
leurs problèmes, leurs besoins.
A travers l'approche participative, le peuple devient un
véritable agent ou acteur de son développement par une
définition de ses besoins prioritaires et des actions appropriées
pour les satisfaire.
Le passage d'une conception du développement
privilégiant presque exclusivement les infrastructures
matérielles à une autre qui réserverait une place aux
structures sociales, de même que l'abandon progressif des modèles
occidentaux ethnocentriques de développement au profit du respect des
cultures locales, fait de la politique de lutte contre la pauvreté une
politique de développement orientée vers des projets de
développement tournés vers les acteurs locaux.
La participation des différents acteurs de la
société est également une modalité indispensable du
principe de la participation.
Elle ouvre de nouvelles perspectives quant à la
façon dont les initiatives de développement et les affaires
nationales en général devront être conduites.
En favorisant le respect du droit à l'information et
à l'expression, la participation atteint un premier objectif de la
politique de lutte contre la pauvreté, celui de s'attaquer à une
des dimensions de la pauvreté, celle de l'exclusion et de la
marginalisation.
La participation est supposée remédier aux
dysfonctionnements de la démocratie dans les pays pauvres.
76
Elle devrait ainsi renforcer les capacités et le
pouvoir des corps intermédiaires (médias, syndicats,
associations, etc.) dans l'élaboration, le suivi, le contrôle,
l'évaluation et la réorientation des politiques. L'information,
suivant cette optique, rend explicite les choix publics et accroît la
transparence dans la gestion des affaires de l'Etat.
L'enjeu de la participation est d'assurer le principe de
responsabilité démocratique (accountability), rendant l'Etat
responsable de ses actions devant les citoyens.
La théorie du développement local participatif
évolue actuellement vers une approche d'éco-développement
participatif (Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB, 2002 : 32 à 33).
Le concept d'éco-développement participatif est
une approche visant à un développement raisonné dans le
contexte d'une conservation de la biosphère et qui, sans contester
l'économie de marché met en question le laisser faire sans
régulation.
Cette notion de caractère holistique, souligne bien que
des progrès dans un domaine sont étroitement dépendants de
ceux réalisés dans d'autres domaines43.
La notion de participation apporte à
l'éco-développement sa dimension sociale et politique : elle
introduit une idée de liberté et de maîtrise des
décisions, et donc une finalité en termes de «
développement humain ».
Elle introduit aussi l'idée de sauvegarde de
l'environnement qui constitue une des conditions essentielles du
développement durable, qui doit être directement assumée
par les populations concernées44.
Les approches d'éco-développement participatif
se proposent d'associer les actions de développement directement
productives ou les actions à caractère social à des
activités de restauration de l'environnement.
43Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002),
Développement local et communautés rurales: approches et
instruments pour une dynamique de concertation, Paris, Karthala, page
32.
44Idid.
L'éco-développement participatif pose ainsi le
principe d'une sorte d'échange entre d'une part, des engagements des
populations à long terme de l'environnement et, d'autre part, des
avantages offrant une réponse plus immédiatement à
certains de leurs besoins sociaux et économiques.45
De tels avantages peuvent par exemple inclure des incitations
individuelles et développer des actions productives pour obtenir du
crédit ou des incitations collectives pour bénéficier
d'équipements sociaux ou d'infrastructures de service comme des chemins
de desserte ou un approvisionnement en eau potable.
Cette dernière théorie met en lumière un
développement du bas vers le haut et faisant appel aux ressources
localement disponibles. Elle insiste sur la participation des populations
à leur développement comme condition d'un développement
qui contribue à l'amélioration des conditions de vie.
En somme, ce cadre théorique regroupant les
théories du changement social, de la décentralisation et du
développement local participatif met en exergue la société
humaine en évolution dynamique.
Cette évolution est le fruit des rapports des
populations dans des rôles divers et diversifiés d'acteurs de
développement.
Ce cadre théorique donne place au volet
méthodologique du travail qui met en exergue les méthodes
d'analyse et les techniques d'investigation.
77
45 Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002), op.cit.,
page 33.
78
Chapitre II-CADRE METHODOLOGIQUE
Ce chapitre évoque la démarche
méthodologique, c'est-à-dire l'ensemble des méthodes
utilisées pour réaliser cette étude, ainsi que les
différentes étapes qui l'ont rythmée.
II.1-Méthodes d'analyse des données.
Notre étude porte sur le développement local
participatif dans le cadre de la décentralisation à Dimbokro. Il
s'agit de déterminer les mécanismes de construction des rapports
sociaux autour de la participation de la population de Dimbokro au
développement local.
Dans cette recherche, la nature du thème nous impose la
saisie, la compréhension des mécanismes, des actions
menées avec la participation de la population.
Deux méthodes ont été mobilisées
pour cette étude, à savoir la méthode dialectique de DE
BRYUNE et la méthode stratégique de Michel CROZIER.
II.1.1- Méthode dialectique
« La dialectique est la plus complète, la plus
riche et, semble-t-il la plus achevée des méthodes conduisant
à l'explication en sociologie.
Elle part de la constatation très simple des
contradictions qui nous entourent »46.
Méthode de critique et de controverse certes mais aussi
méthode historique, comparative, fonctionnelle, la méthode
dialectique n'est rien d'autre que la science des lois générales,
du mouvement et du développement de la nature, de la
société humaine et de la pensée.
46 Madeleine GRAWITZ (1996), Méthodes des sciences
sociales, Paris, Dalloz, Page 399.
79
La méthode dialectique en effet considère que
tout est le produit des contradictions et qu'un phénomène doit
être appréhendé et analysé non isolement mais par
rapport à la totalité qui est d'ailleurs en évolution
constante.
Or, le progrès économique est un
phénomène social, qui nécessite pour "sa saisie totale"
une méthode qui, au-delà des chaos apparents, des faits, essaie
de déterminer les rapports entre les différents
éléments, compare, classifie et explique les faits.
L'application de la méthode dialectique
nécessite la prise en compte des quatre lois qui la
caractérisent:
- la loi du mouvement: la
dialectique explique le mouvement, elle développe une logique
trinaire.
Ici, le mouvement s'est opérationnalisé avec la
politique de décentralisation à travers ses structurations qui
vise désormais la participation des populations à leur
développement.
- la loi de l'interaction: les
phénomènes sont reliés entre eux, interdépendants
et il faut toujours les replacer dans leur contexte socio-historique pour mieux
les appréhender.
Pour atteindre le progrès social, le monopole
n'appartient plus à l'Etat mais une place est accordée aux
populations dans leur diversité culturelle.
C'est donc un partenariat pour le développement qui est
de plus en plus envisagé. Cela fait donc place aux
différents rapports dans la sphère du développement
local.
- la loi de la contradiction: ce
qui détermine le mouvement c'est le dynamisme interne, le mouvement
s'engage lui-même en liaison avec l'unité des contraires.
Avec la politique de décentralisation, l'on s'attend
à ce que les populations soient au début et à la fin de
leur développement mais l'application de cette politique laisse
apparaître des contradictions telles que la faible participation
80
de la population à son développement et le
surgissement des pesanteurs politiques.
- la loi du passage de la quantité à la
qualité (la quantité et la qualité ne
doivent pas s'exprimer ici en termes de valeur).
Cette loi stipule que le changement entraine une modification
dans la nature du réel.
Par exemple, le changement démographique engendre une
modification du comportement des individus.
Pour cette dernière loi de la méthode
dialectique, en s'appuyant sur la participation au développement
prônée par les institutions de Bretton Woods (Banque mondiale,
FMI), les mentalités ont tendance à changer pour donner
l'occasion aux populations de s'exprimer à partir des ressources
localement disponibles.
Pour atteindre le développement local, la population
doit être impliquée à travers non seulement la
détermination et l'analyse de ses besoins mais aussi et surtout sa
participation effective aux actions de développement.
La méthode dialectique a permis dans cette étude
de déceler des contradictions dans le développement local
participatif à partir de la décentralisation.
A cette méthode, a été associée celle
dite stratégique de Michel CROZIER.
II.1.2- Méthode stratégique
Afin de mieux appréhender notre thème de
recherche, nous l'avons aussi analysé dans la perspective actionnaliste
et précisément avec la méthode stratégique de
Michel CROZIER.
Dans leur ouvrage, l'Acteur et le système
(1977), Michel CROZIER et Erghard FRIEDBERG centrent leur conception sur
le jeu entre l'organisation et ses membres, leurs relations interindividuelles
et leurs stratégies.
81
Ce jeu est défini comme «un système
d'action» grâce auquel les acteurs structurent leur relation de
pouvoir tout en se laissant la liberté.
La participation comme mode d'action collective serait donc
une solution toujours contingente au problème de la coopération
et de la coordination, en vue de l'accomplissement d'objectifs communs.
En effet, l'analyse stratégique de Michel CROZIER a
été utilisée pour faire ressortir les positions
stratégiques occupées par chaque acteur dans l'arène du
développement. Cette théorie postule que l'acteur est
détenteur d'une marge de manoeuvre importante vis-à-vis
des règles de l'entreprise.
La maîtrise d'une zone d'incertitude lui
confère un certain pouvoir et ce pouvoir sera d'autant plus
important que s'accroîtra la maîtrise de zones
d'incertitude.
Dans le cas de notre travail, beaucoup d'acteurs interviennent
dans le cadre du développement à Dimbokro et chaque acteur
concerné essaie d'accroître ses potentialités
vis-à-vis des autres pour contrôler un minimum de pouvoir
possible. En ce sens, la mise en évidence des différentes
positions occupées par les acteurs locaux peut nous aider à
étudier leurs stratégies qui définissent leur motivation
faible ou forte par rapport à la participation au projet et saisir les
représentations qui les sous-tendent; et par voie de conséquence,
saisir les effets de cette conflictualité plus ou moins diffuse.
Chez CROZIER, en effet, l'individu est rationnel et cherche
à accroître « sa marge de manoeuvre ». Il met ainsi en
scène des individus que l'on peut assimiler à des « homo
strategicus » dont l'objectif est d'accroître leur propre pouvoir et
de restreindre celui des autres.
Par ailleurs, le jeu des acteurs en situation de
développement met en exergue une zone d'incertitude qu'il faut
considérer.
Une zone d'incertitude est, un espace de pouvoir que maitrise
un acteur stratégique, et qui fait l'objet d'enjeux, ou donne naissance
aux stratégies des jeux d'acteurs.
82
Ce concept met l'accent sur l'autonomie et le pouvoir, deux
notions liées. Par exemple, le supérieur hiérarchique n'a
pas 100 % de certitude que ses consignes seront suivies. Il y a des
incertitudes que les subalternes vont interpréter ses consignes. Chaque
acteur dispose donc, quelque soit l'endroit où il se trouve, d'une zone
au sein de laquelle il rend son comportement incertain, imprévisible
pour les autres acteurs.
C'est ce que CROZIER et FRIEDBERG (1977) nomment une «
zone d'incertitude ».
Ainsi, accroître son pouvoir, c'est accroître la zone
au sein de laquelle on peut avoir un comportement imprévisible,
indéterminé.
Du point de vue d'une organisation dans sa totalité,
vouloir faire disparaître de telles zones, rechercher la
prévisibilité totale, serait non seulement impossible mais aussi
inefficace.
Quand bien même on y parviendrait, on aboutirait
à un système rigide, aux réactions
stéréotypées, incapable de générer les
réponses nouvelles adaptées aux changements de
l'environnement.
Dans l'analyse stratégique, l'incertitude est
définie par rapport au renforcement du jeu de l'acteur,
c'est-à-dire comme une autonomie. L'incertitude est au coeur de toute
situation organisationnelle en s'appuyant sur l'autonomie de l'acteur et la
possibilité pour lui de faire des choix.
Il est clair que l'incertitude ne réside pas seulement
dans le fonctionnement interne de l'entreprise, mais tout autant, et peut
être beaucoup plus, dans les contraintes de l'environnement.
Ces contraintes peuvent être d'ordre économique,
social, politique, etc. La zone d'incertitude dans le cadre de ce travail est
perceptible au niveau de la population par sa dotation dans certains capitaux,
à savoir le capital symbolique et le capital culturel.
La population doit pouvoir les utiliser pour le
développement local.
83
En somme, l'imprévisibilité de sa réaction
représente ici une zone d'incertitude qu'il faut analyser et orienter
pour l'atteinte des objectifs du développement local.
Nous venons de présenter brièvement les
différentes méthodes d'approches indispensables à
l'étude.
Mais, pour que cette démarche intellectuelle ait une
portée scientifique, elle doit être soutenue par une
démarche pratique, c'est-à-dire des techniques. Autrement dit, la
méthode constitue une dimension de la recherche à laquelle les
techniques servent d'appui.
Ceci nécessite une délimitation du champ
d'étude.
II.2- Délimitation du champ de
l'étude
« Définir la population, c'est sélectionner
les catégories de personnes que l'on veut interroger (...), c'est
déterminer les acteurs dont on estime qu'ils sont en mesure de donner
des réponses aux questions que l'on pose »47. Ainsi,
compte tenu de la spécificité du thème et surtout de la
nature des informations recherchées ; deux aspects du champ
d'étude ont été retenus. Ce sont le champ social et le
champ géographique.
II.2.1-Champ social
Afin de mieux appréhender le champ social de notre
étude, nous nous inscrivons dans la perspective bourdieusienne.
Contrairement à Emile DURKHEIM pour qui la
société est un « tout», Pierre BOURDIEU48
insiste sur la division en groupes sociaux et estime que l'espace social est
partagé en une multitude de champs sociaux (l'école, la
politique, la religion, la culture, etc).
47 Alain BLANCHET et Anne GOTMAN (1992),
L'enquête et ses méthodes : l'entretien, Paris, Nathan,
pp. 50-52
48Marc MONTOUSSE et Gilles RENOUARD (1997), « la
Sociologie de l'habitus de Bourdieu », in 100 fiches pour comprendre
la Sociologie, Paris, Bréal, pp. 62-63.
84
Les capitaux détenus par chaque groupe social en
proportion inégale constituent des atouts pour se positionner dans un
champ social.
Mais les atouts nécessaires varient en fonction des
champs.
En effet, chacun des champs possède ses propres
règles et ses propres critères de réussite. Ainsi, les
qualités requises pour réussir à l'école ne sont
pas identiques à celles exigées dans le domaine de la politique
ou du sport.
Enfin de compte, BOURDIEU assimile un champ social à un
marché sur lequel s'échangent des biens spécifiques.
Le champ est « un espace de jeu, un champ de relations
objectives entre des individus ou des institutions en compétition pour
un enjeu identique »49.
Le développement local participatif s'inscrit dans un
champ social global où l'on identifie le champ économique et le
champ culturel.
En effet, afin d'aboutir à un développement en
terme de progrès social, il est incontournable de tenir compte des
valeurs culturelles ou encore des aspirations des populations. Ainsi, le champ
social du développement local participatif est le marché du
développement. Ici, les structures décentralisées du
département de Dimbokro, dans leur rôle d'aide au
développement tendent de maintenir leur pouvoir de décision en
s'appuyant sur leur dotation en capital économique et social.
Par contre, la population, qui, certes, est moins dotée
en capital économique et social s'appuie sur sa dotation en capital
culturel et cherche à faire partager sa propre conception de l'ordre
social afin de rendre légitime les positions privilégiées
qu'elle occupe en définissant les atouts exigés dans le champ
social et en les monopolisant.
Ceci s'inscrit dans la période de 2003
à 2010, à partir des différents
rapports entre le Conseil Général de Dimbokro et sa
population.
49Pierre BOURDIEU (1980), Question de
Sociologie, Paris, Editions de Minuit, Page 196.
85
Par ailleurs, partant de notre préoccupation qui est de
déterminer les mécanismes de construction des rapports sociaux
autour de la participation de la population de Dimbokro au développement
local. Il était important de s'intéresser aux groupes sociaux
suivants qui interviennent dans le champ social de notre étude et y
échangent des biens spécifiques.
Les responsables du Conseil Général de Dimbokro
(le Bureau du Conseil, les différents Directions et Services, le
Secrétariat Général) ont été
approchés afin de saisir l'organisation et le fonctionnement de cette
structure et analyser ses actions envers la population.
Les échanges avec des partenaires au
développement, à savoir le Maire de Dimbokro, Chef de zone
ANADER, responsable du centre d'alphabétisation ont permis d'avoir des
informations données géographiques et humaines de la
localité. Ils ont aidé à avoir des informations sur les
données économiques et les actions réalisées et
précisément la place occupée par les populations dans le
processus de développement.
Pour les responsables des associations ou mutuelles de
développement, la notabilité de certains villages, les planteurs,
commerçants et artisans, il a été question d'avoir leurs
opinions sur les actions de développement réalisées. Cela
a concerné leur participation au développement de leur
localité et l'analyse des interactions qui existent entre les
populations et le Conseil Général Dimbokro.
En somme, le choix de ces catégories de personnes se
justifie par le fait que chacune d'elle est impliquée dans le processus
de développement économique et social du département de
Dimbokro.
Notre intérêt pour ces groupes sociaux est que
ceux-ci interviennent sur le marché du développement à
partir de leur dotation en capitaux.
86
II.2.2-Champ géographique
Le département de Dimbokro, lieu de notre étude,
est situé au centre de la Côte d'Ivoire, à 242 km
d'Abidjan. Il se trouve dans la région administrative du N'Zi dont il
est le chef-lieu.
Ce chef-lieu partage la limite administrative avec le
département de Bocanda au Nord, le département de Bongouanou au
Sud, le département d'Arrah à l'Est et le District de
Yamoussoukro et le département de Toumodi à l'Ouest.
L'électrification dans le département de Dimbokro semble
être insuffisante dans la mesure où seulement 13 villages sur les
72 sont électrifiés. Ce qui nécessite des actions de
développement avec la participation des populations. L'espace
végétal de Dimbokro appartient au domaine soudanais.
Il est caractérisé par une juxtaposition de
forêts claires, de forêts denses et sèches et de savanes et
offre des opportunités pour la culture d'autres spéculations
telles que l'anacarde et la culture des vivriers.
En outre, sa position de carrefour, est un atout pour les
échanges inter-villes. Le département de Dimbokro qui faisait
partie de l'ancienne boucle du cacao, a actuellement besoin de
stratégies de relance économique.
II.3-Techniques d'investigation
Les techniques sont des outils, mis à la disposition de
la recherche et organisés par la méthode dans un but
précis (Madeleine GRAWITZ, 1996 : 319).
En effet, l'usage de toute stratégie d'analyse n'est
possible que lorsque le chercheur dispose d'un ensemble d'instruments
adéquats c'est-à-dire des techniques d'enquête qui sont ses
moyens d'actions.
Ainsi, cette étude allie l'approche qualitative dans sa
version phénoménologique, et l'approche quantitative avec des
questions fermées.
87
C'est donc le lieu de préciser les outils
opérationnels utilisés pour mener cette étude.
Il s'agit successivement de la documentation, de
l'enquête exploratoire, de l'entretien, du focus group ou entretien
collectif et du questionnaire.
II.3.1- La documentation
Cette phase de notre recherche s'est faite en trois
étapes.
La première focalisée sur la collecte et
l'exploitation des ouvrages méthodologiques pour le cadrage du
thème et ouvrages généraux et revues traitant le
développement dans le monde en général, de l'Afrique
subsaharienne et de la Côte d'Ivoire en particulier.
La deuxième a consisté à la consultation
des ouvrages, mémoires, revues et rapports traitant la
décentralisation, de la participation et du développement
local.
Enfin, dans la troisième étape, nous avons
consulté les ouvrages et toutes les publications concernant le
département de Dimbokro.
Ce volet nous a permis d'avoir des données sur ce
chef-lieu et un aperçu des actions réalisées par les
structures décentralisées, les enjeux des apports existant et la
participation de la population au développement local.
II.3.2-L'enquête exploratoire
L'enquête exploratoire a permis de prendre contact avec
les autorités administratives de Dimbokro, qui ont donné leur
accord pour la réalisation de cette étude dans leur
localité.
Aussi avons-nous pris contact avec certains habitants de cette
localité, à savoir des chefs de village et des responsables
d'associations et mutuelles de développement pour un premier
aperçu des actions de développement entreprises par les
structures décentralisées et surtout leur participation effective
à la conception, à la réalisation et au suivi de ces
actions.
88
Par ailleurs, cette enquête exploratoire nous a permis
de constater les initiatives de développement prises tant au niveau des
structures décentralisées qu'au niveau de la population
locale.
Les entretiens issus de cette enquête exploratoire ont
été déterminants dans l'orientation des questions des
guides d'entretien, des focus groups et du questionnaire. Les questions ont
donc été réaménagées afin de mieux les
adapter aux informations dont nous avons besoin.
L'enquête exploratoire a mis en lumière les
aspects du phénomène auxquels le chercheur ne pouvait penser
spontanément. En outre, elle a permis de compléter les pistes de
travail.
II.3.3-L'entretien
Pour avoir de plus amples renseignements sur l'objet
d'étude qui est d'analyser à partir de la décentralisation
(processus de reconstruction des rapports de l'Etat avec les populations) la
participation des populations au développement local, des entretiens ont
été adressés aux responsables des structures
décentralisées, aux différents acteurs et partenaires du
développement.
Ainsi, les différents entretiens se sont
essentiellement reposés sur les points suivants :
- objectifs et réalisation des actions de
développement;
- stratégies de participation de la population à
son développement;
- état des rapports existant entre les structures
décentralisées et les populations;
- apport des partenaires au développement;
- obstacles à la participation de la population
à son développement.
89
En complément à l'entretien semi-directif, un
entretien collectif a été réalisé afin de saisir
les points de vue de la notabilité de certains villages et des
responsables d'associations et mutuelles de développement sur le
sujet.
II.3.4-Le focus group ou l'entretien collectif
Dans le but d'avoir les points de vue plus approfondis de la
population de Dimbokro sur son développement et sa participation, il
nous a semblé opportun d'échanger avec ses différents
représentants en entretien de groupes. Ainsi, les focus groups ont
été réalisés avec les responsables d'associations
et mutuelles de développement en raison de six (06) à huit (08)
personnes.
Le même procédé a été
utilisé avec la notabilité des dix villages retenus où
cinq (05) à six (06) personnes ont répondu aux différentes
questions.
Les différents entretiens se sont essentiellement
reposés au niveau de la notabilité sur les conditions de
réalisation des actions de développement, le rôle et la
politique locale de développement et sur les rapports entre les
structures décentralisées et les chefs de villages.
Au niveau des associations et mutuelles de
développement, les échanges se sont centrés sur les
stratégies et canaux de participation des associations au
développement local.
Ils ont concerné l'apport des associations au
développement, ainsi que les rapports entre les structures
décentralisées et les groupements de la population locale. Ces
échanges se sont achevés sur l'appréciation des actions de
développement réalisées.
90
II.3.5-Le questionnaire
L'élément de base ou d'unité qui donne au
questionnaire son sens et sa portée est la question elle-même.
Cependant, il existe plusieurs formes de question selon l'usage qu'on veut
faire des réponses et selon les degrés de précision que
l'on désire dans les réponses. Dans le cadre de cette
étude, quatre (04) types de questions ont été
nécessaires pour le recueil des informations.
Il s'agit des questions de faits, des questions
fermées, des questions ouvertes et des questions de type
"cafétéria".
Les questions de faits sont celles qui concernent des faits,
c'est-à-dire des éléments objectifs, observables et
facilement identifiables.
On considère comme relevant de questions de faits, des
renseignements tels que l'âge, le sexe, la profession, etc.
L'utilité de ce type de question a été
l'identification des caractéristiques socio-démographiques des
enquêtés.
Quant aux questions fermées, elles sont celles qui
ferment le type ou le contenu des réponses possibles. Elles sont
simples, discrètes et fixent à l'avance les modalités de
réponses.
Dans cette étude, elles ont été plus
utilisées non seulement pour faciliter le traitement des données
mais aussi et surtout pour obtenir une précision sur les raisons de
faire participer les populations dans le processus de leur développement
et les rapports afférents à cette participation.
En effet, ces questions ont concerné des
éléments simples à exprimer, objectifs et ouverts par des
réponses de forme oui ou non.
A l'opposé des questions fermées, les questions
ouvertes ont été plus qu'utiles pour permettre une ouverture des
champs de réponses aux enquêtés. Ceci dans l'objectif
d'obtenir des réponses nuancées et avoir des informations
complémentaires.
91
En somme, les questions ouvertes ont permis dans cette
recherche de recenser une variété de réponses relatives
aux questions concernant les connaissances des populations sur le
développement local et la décentralisation et aussi sur les
stratégies de leur participation au développement.
Au-delà des questions fermées et ouvertes, les
questions "cafétéria" sont celles qui présentent une sorte
de carte de choix comme dans une "cafétéria".
On y propose une série de réponses possibles au
choix, et qui sont susceptibles d'épuiser tout ce que le sujet peut
avoir à répondre sur l'élément
considéré. Ainsi, au-delà de l'ouverture faite à
l'enquêté, une gamme de réponses lui a été
proposée concernant les connaissances sur le développement local
et de la décentralisation et la participation des populations à
leur développement.
Au total, on peut retenir que grâce au questionnaire,
des données quantitatives et qualitatives sur le sujet ont pu être
obtenues.
Ainsi, il a essentiellement reposé sur les points
suivants:
- caractéristiques sociodémographiques des
enquêtés;
- connaissances des populations sur le développement
local et de la décentralisation;
- canaux de communication et stratégies de
participation de population au développement;
- état des rapports entre les structures
décentralisées et la population et enjeux de desdits rapports.
Compte tenu du fait que le questionnaire est adressé
à la population composée à la fois de lettrés et
d'analphabètes, il a fait l'objet d'une administration directe et
indirecte.
En plus de ces outils d'investigation, il y a
l'échantillonnage qui est le processus au cours duquel il a
été possible d'élaborer l'échantillon.
92
II.4-Echantillonnage
II.4.1-Identification des groupes stratégiques
Les groupes stratégiques sont l'ensemble des individus
qui peuvent fournir des informations importantes et nécessaires servant
à la réalisation de la recherche et aboutir à un
résultat fiable. Dans cette étude nous avons identifié
plusieurs catégories de personnes ressources qui sont en premier lieu la
population locale (dont les différentes catégories sociales), les
chefs coutumiers, les leaders communautaires, les élus locaux,
l'équipe cadre et les agents de développement.
Des raisons expliquent le choix de ces catégories de
personnes.
Les élus locaux sont des personnes capables de parler
du processus du développement de leur communauté. Ils
établissent les différents programmes de développement
relatifs aux besoins de la population leur localité.
Ils font ainsi partie des acteurs les mieux indiqués
pour donner les informations sur l'administration locale et le
développement local.
Les chefs coutumiers et leaders communautaires quant à
eux sont des responsables traditionnels et des personnalités influentes
qui interviennent dans la gestion des affaires locales.
Les hommes sont des individus qui occupent une place de choix
dans la société à travers leurs activités
socio-professionnelles.
Ils ont de l'expérience et peuvent influencer
considérablement les actions de développement.
Enfin, les femmes sont considérées comme la base
de tout développement dans nos différentes communautés.
Elles participent à la prise en charge de leur famille et prennent part
au développement à travers leurs diverses activités.
93
En somme, ces groupes stratégiques se composent de
responsables d'associations et mutuelles de développement, de la
notabilité, de responsable des allogènes, des opérateurs
économiques, des commerçants, des planteurs et cultivateurs et
des vendeuses et artisans et des partenaires au développement du
département de Dimbokro.
Au regard de ces rôles essentiels, ils ont
été retenus parmi les groupes stratégiques.
II.4.2. Population
L'échantillon a été tiré à
partir de la population-mère qui constitue la population du
département de Dimbokro avec 81.158 habitants (RGPH, 1998).
Pour cette étude, les différents acteurs qui
échangent des capitaux (socio-économique et culturel) sur le
champ du développement local, à savoir la notabilité, les
responsables d'associations et mutuelles de développement, les
commerçants, les planteurs et cultivateurs, les vendeuses et artisans
ont été interviewés. Ceux-ci ont constitué la
population à l'étude.
II.4.3. Type d'échantillonnage
Pour réaliser cette étude, un échantillon
de 384 personnes a été constitué et s'est
opérationnalisé à partir de l'échantillonnage
typique ou du choix raisonné.
La technique de sondage est l'approche accidentelle. Il s'agit
d'une technique non probabiliste qui consiste à tirer les
éléments disponibles et présents au moment de
l'enquête jusqu'à épuisement de l'échantillon
prévu.
Nous avons combiné l'échantillonnage typique et
l'échantillonnage accidentel. L'échantillonnage typique est la
constitution d'un échantillon de la population de recherche par la
sélection d'éléments représentatifs de celle-ci.
94
L'échantillonnage accidentel est une constitution d'un
échantillon de la population de recherche à la convenance du
chercheur imposant le moins de contraintes possibles dans la sélection
des éléments (Maurice ANGERS, 1996 : 236).
Ainsi, sur la base de la taille des trois cantons (Aïtou,
Sakiaré et Languira) que compte Dimbokro, nous avons choisi dix (10)
villages plus peuplés sur les 72 villages où nous avons
interrogé la notabilité composée de cinq (05) à dix
(06) personnes.
Le choix de ces dix villages se justifie par l'importance de
la demande en infrastructures de développement due à la
densité de leur population.
Ce sont Angouakoukro, Abigui et Trianikro pour le canton
Aïtou ; Tangoumansou, N'Dayakro et Boré-Akpokro pour le canton
Sakiaré et Soungassou, Ebimolossou, Ahua et Kangrassou-Alluibo pour le
canton Languira.
Aussi, dans la mesure où en milieu rural, les
différents groupements des populations sont des opportunités pour
la population de s'organiser, de s'informer afin de participer au processus de
son développement, nous avons échangé avec vingt
responsables des associations et mutuelles de développement du
département de Dimbokro.
Ces associations et mutuelles de développement ont
été à cause de leur représentativité en
termes d'effectif, de mobilisation des ressources humaine, matérielle et
financière.
A Dimbokro, dix-sept associations et mutuelles ont un
agrément prouvant leur existence officielle. Nous avons, au vu du nombre
réduit de celles-ci, échangé avec certains membres de ces
associations par des entretiens collectifs de six (06) à huit (08)
personnes.
Trois autres associations, qui bien que n'étant pas
déclaré, exercent des activités reconnues dans le cadre de
l'amélioration des conditions de vie ont été ajouté
à la liste pour donner le nombre de vingt.
Les autres catégories de personnes, à savoir les
commerçants, les opérateurs économiques, les
planteurs/cultivateurs, les vendeurs et artisan sont été choisies
selon leur apport au développement socio-économique de
Dimbokro.
Ainsi, certaines données ont été
recueillies à partir de questionnaire avec les commerçants, les
opérateurs économiques, planteurs/cultivateurs et les artisans et
éleveurs.
Et, d'autres ont été obtenues à partir de
focus groups avec la notabilité et les responsables d'associations et
mutuelles de développement.
Afin de mener à terme cette étude, nous avons
réalisé 190 questionnaires, 30 focus groups et 12 entretiens
individuels.
Ainsi, avec la technique de saturation50, nous
avons interrogé 384 personnes dont 194 personnes ont été
interrogées à partir des entretiens collectifs et individuels et
190 personnes interrogées à partir d'un questionnaire.
De manière spécifique, la cible primaire autour
duquel nous travaillons est composé de 372 personnes dont 182 personnes
interviewées et 190 personnes dont 78 femmes et 112 hommes
interrogées par questionnaire.
A cela s'ajoute les douze (12) personnes interviewées
au niveau des structures décentralisées et des partenaires au
développement.
95
50Le critère de saturation des données a
été atteint à partir du moment où de nouveaux
entretiens n'apportaient plus de nouvelles informations.
96
II.4.4-Récapitulatif de l'échantillon
Le nombre de chacun de ces acteurs diffère les uns des
autres.
Les populations, qui constituent la cible primaire, dans leur
catégorisation, sont plus nombreuses que les responsables locaux et
partenaires au développement qui représentent la cible
secondaire.
C'est pourquoi la taille de l'échantillon varie d'un
groupe cible à l'autre.
II.4.4.1- Au niveau de la population locale
Effectif de la population par sexe
- Hommes : 40.782 soit 50,25 % - Femmes : 40.376 soit 49,75 %
- Total : 81.158 soit 100% Source : INS-(RGPH,
1998).
Effectif de la population par âge
- 0-14 ans : 34.897 soit 43%
- 15-49 ans : 43.014 soit 53%
- 60 ans et plus : 3.247 soit 4%
Total: 81.158 soit 100%
Source : INS-(RGPH, 1998).
Effectif de la population selon la tranche d'âge
concernée par l'étude
- 15-49 ans : 43.014 soit 53%
- 60 ans et plus : 3.247 soit 4% - Total : 46.261 soit 57%
Source : INS-(RGPH, 1998)
Effectif de la population à l'étude selon la
profession
- Planteurs/cultivateurs: 809
- Commerçants : 406
- Opérateurs économiques: 154
- Artisans : 40
- Éleveurs : 15
Soit un total de 1424 personnes.
Source : INS-(RGPH, 1998) et enquête de terrain
2010-2012.
Nous avons interrogé 10% de l'effectif des groupes
cibles de grande taille (planteurs/cultivateurs, commerçants,
opérateurs économiques) et la totalité pour les effectifs
faibles (artisans, éleveurs).
Nous avons opté de cette manière afin d'avoir
dans chaque catégorie sociale un nombre représentatif de
personnes à interroger et aussi dans le souci d'avoir une
diversité de point de vue sur la question.
Tableau n°6 : Répartition de
l'échantillon de la population locale
Cible primaire
|
Nombre
de personnes interrogées
|
Total des catégories
sociales considérées
|
Eleveurs
|
15
|
15
|
Artisans
|
40
|
40
|
Opérateurs économiques
|
15
|
154
|
Commerçants
|
40
|
406
|
Planteurs et cultivateurs
|
80
|
809
|
Total
|
190
|
1424
|
97
Source : Réalisé par nous.
98
En complément, 30 focus groups ont été
réalisés avec la notabilité de certains
villages et des responsables d'associations et mutuelles de
développement de
Dimbokro.
Ces entretiens collectifs ont concerné 182 personnes 80
hommes et 102
femmes.
Cet effectif a été atteint grâce au nombre
de personnes interrogées lors des
différents focus groups.
Au niveau de la notabilité des dix 10 villages:
- dix (10) villages x 06 personnes = 60 personnes;
- Total de personnes concernées : 60.
Au niveau des associations et mutuelles de
développement:
- dix-huit (18) associations x 06 personnes = 108
personnes;
- deux (02) associations x 07 personnes = 14 personnes;
- Total de personnes concernées: 122.
II.4.4.2-Au niveau des structures
décentralisées et des partenaires au développement
Tableau n°7 : Répartition de
l'échantillon au niveau des structures décentralisées et
des partenaires au développement
Cible secondaire
|
Nombre de personnes interrogées
|
Responsables du Conseil Général de Dimbokro
|
06
|
Mairie de Dimbokro
|
01
|
Secrétaire Général I de la
préfecture de Dimbokro
|
01
|
Responsable des allogènes
|
01
|
ANADER, zone de Dimbokro
|
01
|
District sanitaire de Dimbokro
|
01
|
Centre d'alphabétisation Saint Joseph de Dimbokro
|
01
|
TOTAL
|
12
|
99
Source : Réalisé par nous.
100
II.5- Dépouillement
Pour ce volet de notre travail, nous avons
procédé à une analyse de contenu pour les données
qualitatives et à partir du logiciel EpiData 3.1 pour
les données quantifiables.
L'analyse de contenu constitue une méthode de collecte de
données. Dans le domaine des sciences humaines, ces méthodes
s'alimentent de trois sources, à savoir l'utilisation de documents,
l'observation par le chercheur et l'information fournie par les sujets
(Benoît GAUTHIER, 2008).
Dans le cadre de cette étude, l'analyse de contenu
porte sur les résultats des entretiens individuels et collectifs avec la
notabilité de certains villages et des responsables d'associations et
mutuelles de développement et sur les documents relatifs aux
dispositions organisationnelles du Conseil Général de
Dimbokro.
Les autres données collectées sur le terrain ont
été saisies à partir des logiciels Word et Excel.
Elles ont été par la suite
transférées dans le logiciel EpiData 3.1.
Ce logiciel, spécialisé dans la saisie et la
documentation de données, permet des analyses statistiques et organise
les données.
Des tables croisées, distribution et des listes peuvent
être produites à partir de ce logiciel. EpiData permet de saisir
des données de façon "contrôlée".
Nous avons par la suite exporté les données vers
un fichier compatible, en l'occurrence le logiciel SPSS
16.0.
Ce logiciel aide à l'analyse des calculs statistiques
à partir des données saisies dans un format structuré afin
d'obtenir des tableaux de fréquences ou croisés pour en faire une
étude avec des résultats escomptés.
Le logiciel SPSS 16.0 a été
utilisé pour le traitement des résultats quantifiables de
l'enquête. Il a permis de faire le point des données recueillies
à partir des différentes questions.
101
II.6- Difficultés rencontrées
Au cours de la conduite de ce présent travail de
recherche, nous avons des difficultés inhérentes à toute
recherche de terrain ont été perceptibles. Elles sont
liées aux moyens de transport pour sillonner les villages, à la
méfiance, au refus de certaines personnes de répondre aux
questions.
Pour sillonner les villages retenus pour l'enquête, nous
avons eu des difficultés tant au niveau des moyens de transport qu'au
niveau financier. Ainsi, dans la mesure du possible, avons-nous fait usage des
voitures de transport, de la moto et du vélo. Et cela a
nécessité des dépenses supplémentaires.
Ensuite, en dépit de l'autorisation officielle suivie
d'explications des objectifs et intérêts de l'étude que
nous présentons à chaque enquêté, certaines
personnes ont refusé de répondre à nos questions sous
prétexte qu'elles s'apparentent à une inspection auxquelles elles
ne peuvent pas répondre au risque de divulguer des « secrets
professionnels » ou ne voyant « aucun intérêt à
répondre à des questions qui tout compte fait ne leur apporteront
rien à l'amélioration de leurs conditions de vie ».
La fatigue ou la lassitude des populations soumises à
une série répétée d'enquête qui porte
à peu près sur les mêmes thématiques a
constitué une des difficultés.
« "Haï", nous sommes fatigués avec vos
enquêtes là qui ne finissent jamais », toujours on
nous questionne mais rien ne change ici» disent-ils pour manifester
leur indignation.
Toutefois, pour contourner ces obstacles, nous avons fait
comprendre, dans la langue locale, aux enquêtés la
nécessité d'avoir leur avis sur les questions posées.
Cette stratégie nous a permis d'aller au terme de l'enquête.
102
Conclusion partielle
Cette première partie de la présente
étude nous a permis d'évoquer les cadres théorique et
méthodologique. Le chapitre dédié au « cadre
théorique» nous a permis de construire l'objet d'étude,
de préciser à partir d'une revue de littérature, la
problématique, les objectifs de l'étude, la thèse et les
hypothèses de recherche.
Il a été aussi question du modèle
d'analyse, du cadre opératoire et de la référence
théorique.
Le second chapitre, « cadre méthodologique
», a fait la précision des démarches
méthodologiques qui ont présidé à la collecte des
données destinées à tester les hypothèses et
à répondre aux questions de recherche. Dans le but d'une
compréhension des actions de développement entreprises dans le
département de Dimbokro et de la place qu'occupe la population dans le
processus de développement, nous faisons par la suite une
présentation du terrain et de l'objet d'investigation.
PRESENTATION DU
TERRAIN ET DE L'OBJET
D'INVESTIGATION
DEUXIEME PARTIE
103
104
La présentation du terrain d'investigation part de la
carte des différentes régions de la Côte d'Ivoire, à
celle de la région du N'Zi qui fait ressortir le chef-lieu de cette
région (Dimbokro) qui est le département d'enquête.
Celle-ci s'est terminée par une littérature concernant cette
localité.
105
Carte n°1 : Localisation du
département d'enquête
Source : Fraternité Matin n°14066 du
15 au 16 octobre 2011. Dessin: Groupessié
Carte n°2 : Département de
Dimbokro
Source : BNETD-CCT, Septembre 2010. Conception
: Isaac KOUAKOU Dessin: Groupessié
106
Carte n°3 : Relief et cours d'eau de
Dimbokro
Source : ATLAS DE COTE D'IVOIRE, planche A 1.
Conception : Isaac KOUAKOU Dessin: Groupessié
107
Carte n°4 : Végétation
de Dimbokro
Source : ATLAS DE COTE D'IVOIRE, planche A 6a.
Conception : Isaac KOUAKOU Dessin: Groupessié
108
109
Chapitre III- TERRAIN D'INVESTIGATION:
LE DEPARTEMENT DE DIMBOKRO
III.1-PRESENTATION
III.1.1- Aspect historique
Petit village créé par Kouassi Djegbo, Djegbokro
est devenu aujourd'hui Dimbokro par déformation orale.
Poste administratif en 1903, Dimbokro est actuellement le
chef-lieu de la région du N'Zi.
Selon le nouveau découpage administratif de la
Côte d'Ivoire, Dimbokro est à la fois chef-lieu de la
Région du N'Zi et chef-lieu du District des Lacs.
Le District des Lacs regroupe trois Régions
(Région du Bélier avec pour chef-lieu Toumodi, Région du
Iffou avec pour chef-lieu Daoukro et Région du N'Zi avec pour chef lieu
Dimbokro).
C'est par décret n° 61 du 30 Janvier 1961 que
Dimbokro a été érigée en sous préfecture et
en chef-lieu de département par le décret n° 69-241 du 09
Mai 1969.
Compris entre 06° 39' de latitude nord et 04° 42' de
longitude ouest et coincé entre le département de Bocanda au
nord, le département de Bongouanou au sud, le département de
Arrah à l'Est et le district de Yamoussoukro à l'Ouest, le
département de Dimbokro s'étend sur une superficie de 1.601,3
km2.
Le département de Dimbokro est situé
respectivement à 88 Km de Yamoussoukro, la capitale politique et
administrative, et à 242 km par voie routière et à 185 km
par voie ferroviaire de la capitale économique, Abidjan.
110
III.1.2- Hydrographie
Le département de Dimbokro est traversé du Nord
au Sud par le fleuve N'ZI, un affluent du Bandama. Le N'Zi coule selon un
tracé sinueux et comporte des affluents:
- le Kan à Krokokro ;
- l'Ourogo à Ahounianssou ;
- l'Ouabissi à N'Dayakro51.
Le département de Dimbokro dispose de vingt-deux
retenues d'eau à usage hydro-agricole.
III.1.3- Géographie physique et humaine
III.1.3.1- Géographie physique
Le département de Dimbokro présente un relief de
plateaux étagés et de plaines. Ce relief qui se
caractérise dans son ensemble par une certaine horizontalité, se
distingue par endroits par des jaillissements de collines de faible hauteur.
L'espace végétal du département de Dimbokro appartient au
domaine soudanais et est caractérisé par une juxtaposition de
forêts claires, de forêts denses et sèches et de savanes. Le
climat est caractérisé par une saison des pluies dont le sommet
se situe en Juin, en Septembre et dans la moindre mesure en Août et
suivie par une saison sèche de Novembre en Mars.
Cela se traduit par une pluviométrie moyenne annuelle
de 1078 mm52.
Le département de Dimbokro se trouve dans une sorte de
cuvette avec un climat chaud et sec assorti d'une température la plus
élevée du pays qui varie entre 30 et 38° C.
51Cabinet MENSO-Consultant (Septembre 2006),
Etude diagnostique du réseau routier du département de Dimbokro,
Menso-Dimbokro : Consultant/CGD, Page 04.
52Groupe Intercommunications/RCI (2005),
Départements et Districts de Côte d'Ivoire, Abidjan,
Groupe Intercommunications, Page 124.
111
III.1.3.2- Géographie humaine
La population du département de Dimbokro est
estimée selon le dernier Recensement Général de la
Population et de l'Habitat (RGPH, 98) à 81.158 habitants, soit une
densité de 51 habitants/km2 vivant dans 14 quartiers et dans
72 villages.
La population du département de Dimbokro est
regroupée en trois (03) cantons et quatre (04) tribus.
III.1.3.2.1-Les cantons
Les cantons du département de Dimbokro sont au nombre de
trois (03).
Ce sont:
- le canton Hahoutou ou Aïtou, qui comprend seize (16)
villages,
- le canton Agba-languira, qui comprend vingt-six (26)
villages,
- le canton Sakiaré Haalis, qui comprend trente (30)
villages.
III.1.3.2.2-Les tribus
Les tribus du département de Dimbokro sont les
Agba-languiras, les Sakiaré Haalis, les Haoutous ou Aïtous, les
Faafouets et les Nananfouets. L'analyse des chiffres de cette population
révèle que les jeunes de moins de 20 ans et les hommes sont les
plus nombreux. Les jeunes sont au nombre de 45.682 habitants soit 56,28% de la
population totale. La grande partie de cette jeunesse est absorbée par
les établissements scolaires que compte le département.
D'autres se retrouvent dans l'agriculture ou exercent des
petits métiers tels que la cordonnerie, la menuiserie, la couture, la
coiffure.
Avec 40.778 habitants, soit environ la moitié de la
population départementale (50,24%), les hommes occupent la
deuxième place, après les jeunes de moins de 20 ans, du point de
vue de l'importance du nombre de la population.
112
Les hommes sont présents dans les différents
secteurs d'activité : le primaire, le secondaire et le tertiaire.
La gent féminine du département de Dimbokro
équivaut dans une certaine mesure, pour ce qui est du nombre de la
population à la population masculine. Avec une population estimée
à 40.380 habitants (49,75%) de l'effectif global du département,
les femmes sont présentes dans l'agriculture, le petit commerce et les
petits métiers du secteur informel.
En majorité Baoulés, la population du
département de Dimbokro est composée d'une forte colonie de
migrants allogènes (Dioula, Agni, Bété...) et d'une
population étrangère peu nombreuse. Composée pour une
large part de ressortissants des pays de la Communauté Economique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), cette population
étrangère est estimée à 7.470 habitants
représentant 09, 20% de l'effectif total du département. Les
Burkinabés, avec 3.456 habitants constituent la communauté la
plus nombreuse de la population étrangère du département
de Dimbokro. Viennent ensuite les Maliens (1.891 habitants), les
Nigérians (522 habitants), les Guinéens (323 habitants), les
Nigériens (303 habitants), les Sénégalais (218 habitants),
les Béninois (213 habitants), et les Mauritaniens (117
habitants)53.
III.1.4- Données économiques
III.1.4.1- Secteur primaire
Jadis, le département de Dimbokro produisait une grande
quantité de café et de cacao qui lui a valu l'appellation de "la
boucle du cacao".
Cela est devenu un souvenir et l'on a actuellement le regard
tourné vers les cultures vivrières et d'autres
spéculations.
53Groupe Intercommunications/RCI (2005), Op.cit.,
page 125.
113
III.1.4.1.1- Cultures d'exportation
Un regard sur la monographie de Dimbokro permet de mesurer
l'ampleur de la dégradation du verger (café-cacao) qui autrefois
était prospère sur le plan agricole.
En effet, les productions caféières et
cacaoyères dans l'ancienne boucle du cacao (Dimbokro) étaient
respectivement, lors de la campagne 1979-1980, de 18.350 tonnes et de 56. 800
tonnes (Boni DIAN, 1984 : 412).
Ces productions sont en baisse comme l'indique le tableau
ci-dessous.
Tableau n°8 : Productions en tonnes
du café et du cacao de 1999 à 2003.
Années de la
|
1999-2000
|
2000-2001
|
2001-2002
|
2002-2003
|
Campagne
|
|
|
|
|
Produits
|
|
|
|
|
Café
|
281
|
220
|
134
|
103
|
Cacao
|
314
|
271
|
282
|
301
|
Source : MINISTERE D'ETAT, MINISTERE DE L'AGRICULTURE,
2005 : 18-23.
Ainsi, la culture du binôme café-cacao ne fait
plus la fierté de ce département, et donc la population est
à la recherche d'autres perspectives de développement.
Néanmoins, les cultures telles que le palmier à
huile, l'anacarde, l'hévéa sont en pleine évolution dans
le département.
114
III.1.4.1.2- Cultures vivrières
Eu égard au fait que la production du binôme
café-cacao est en baisse dans le département, la population s'est
de plus en plus tournée vers la culture vivrière. Les cultures
vivrières en vogue sont les tubercules (manioc, igname) et les
céréales (riz, maïs) mais avec une dominance de la culture
de l'igname. La production de ces vivriers n'est pas en grande quantité
et est destinée particulièrement à la consommation.
III.1.4.2- Secteur secondaire
La politique gouvernementale visant à attirer les
agents économiques mis en place dans les années 1970 a abouti en
Avril 1974 à l'implantation de l'UTEXI à Dimbokro. Cette
unité industrielle employait environ 920 personnes et un grand nombre de
travailleurs journaliers. L'UTEXI de Dimbokro a été
malheureusement fermée depuis 2002 à cause des problèmes
de gestion et de ravitaillement.
Une nouvelle société dénommée OLAM
s'est implantée depuis le 10 Novembre 2004 à Dimbokro. Les
employés de cette unité industrielle sont payés par
quinzaine et reçoivent entre 15.000 F CFA et 20.000 F CFA et donc entre
30.000 F CFA et 40.000 F CFA le mois.
Elle participe ainsi à l'économie du
département en offrant particulièrement du travail à la
gent féminine.
Cette unité industrielle indienne est
spécialisée dans le traitement et le conditionnement des fruits
de l'anacarde depuis les pommes jusqu'aux amandes. Par ailleurs, Dimbokro
dispose d'une scierie.
115
III.1.4.3-Secteur tertiaire
Ce secteur est en reconstruction à cause de la
fermeture de certains supermarchés comme la chaine avion et autres. Le
commerce est en grande partie tenu par les migrants notamment les Libanais, les
Sénégalais, Guinéens et par quelques ivoiriens qui se sont
engagés dans ce domaine d'activité.
L'artisanat quant à lui n'est pas très
développé mais il y a la présence très
remarquée des potières de Kangrassou-Alluibo, village faisant
partie du canton Languira et situé à sept (07) kilomètres
de Dimbokro.
Une minorité d'artisans fabriquant de marmites se
trouvent au quartier Sokouradjan de Dimbokro.
La ville de Dimbokro, chef-lieu de département, regorge
bon nombre de réceptifs hôteliers. A côté des
hôtels tels que la Villa des hôtes, le Manvy, l'Equinoxe, le
Pétrolier, l'Auberge qui offrent de réelles commodités,
une quinzaine de complexes hôteliers se trouve dans cette ville.
Les frais d'hôtel varient entre 1.500 F CFA et 40.000 F
CFA.
III.2- Etat des lieux des infrastructures
socio-économiques et culturelles
III.2.1-Au plan culturel et sportif
Au plan culturel et sportif, le département de Dimbokro
dispose de quelques infrastructures, à savoir un stade nommé
Samba Ambroise KONE, une salle de spectacle (le Manvy) et un foyer des jeunes
(U.J.C.O.D.I).
III.2.2- Au plan éducatif
Le département de Dimbokro a en son sein une Direction
Régionale de l'Education Nationale (DREN) dont dépendent, au
niveau du secondaire deux établissements publics (le Lycée
Moderne et le Collège Moderne de Dimbokro) et dix (10)
établissements privés.
116
Les établissements primaires sont sous la direction de
l'Inspection de l'Enseignement Primaire (IEP). Ils sont au nombre de
soixante-quinze (75) dont trente sept (37) localisés en ville et trente
huit (38) dans les villages.
III.2.3- Au plan sanitaire
Le dispositif sanitaire du département de Dimbokro est
composé du Centre Hospitalier Régional (CHR) situé au
chef-lieu de département et d'une douzaine de formations sanitaires et
centres de santé présents sur l'ensemble du territoire
départemental. Dimbokro, chef-lieu de département, dispose
également une Protection Maternelle et Infantile (PMI), un Institut
National d'Hygiène Publique (INHP), un Service de Santé Scolaire
et Universitaire (SSSU), une Direction Départementale de la santé
qui contient un centre de dépistage de la tuberculose. Nous avons entre
autre, un Centre de Santé Urbain Communautaire: Notre Dame de
l'Assomption (CSUS/NDA), un dispensaire urbain à la prison civile, trois
cliniques privées (Sainte Rita, la voie de Dieu et Saint Raphaël),
un cabinet dentaire, une infirmerie garnison, et des cliniques chinoises.
Trois ambulances sont disponibles dans le département
de Dimbokro ; deux (02) au CHR dont une en épave et l'autre
fonctionnelle mais très vieille, un (01) au centre de santé rural
d'Abigui qui fonctionne difficilement.
La ville de Dimbokro regorge de trois (03) pharmacies
notamment la pharmacie de Dimbokro, la pharmacie Yotiki et la Pharmacie la
Grâce.
Au niveau rural, nous avons en premier lieu les Centres de
Santé Ruraux (CSR), avec un dispensaire plus une maternité.
Ce sont les CSR de Soungassou, de Nofou et d'Abigui.
En second lieu, viennent les dispensaires ruraux. Ce sont ceux
de Trianikro, de Bocabo, d'Angankonankro, Langba et N'Dayakro.
117
Tableau n° 9 : Ratios du District
sanitaire de Dimbokro de l'année 2009
Corps médical
|
Public
|
Privé
|
Total
|
Ratios par habitant ou par femme en âge
de reproduction
|
Médecins
|
09
|
02
|
11
|
01 pour 10.272
|
Infirmiers
|
34
|
00
|
34
|
01 pour 3.323
|
Sages-femmes
|
10
|
01
|
11
|
01 pour 2.304
|
Chirurgiens- dentistes
|
02
|
01
|
03
|
01 pour 37.659
|
Pharmaciens
|
03
|
03
|
06
|
01 pour 18.832
|
Source: Direction
Départementale de la santé de Dimbokro, entretien du12 Août
2010.
Au regard de tout ce qui suit et en considérant le
tableau ci-dessus, l'on constate que les structures sanitaires et le personnel
soignant sont insuffisants pour satisfaire les besoins en santé de la
population du département de Dimbokro.
Aussi se pose-t-il le problème de la
vétusté du plateau technique.
Or, il est de plus en plus constater que la santé est
un élément fondamental du développement.
La santé est ainsi au coeur de la lutte contre la
pauvreté et, en particulier de la réalisation des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD).
Ainsi, les systèmes de santé fragiles et
inéquitables notamment lorsqu'ils sont confrontés à une
pénurie de ressources humaines ou lorsqu'ils sont dépourvus de
moyens de financement durables représentent un obstacle à
l'extension des programmes de lutte contre les maladies nécessaires pour
atteindre les cibles prévues dans les objectifs du Millénaire
pour le développement.
118
Cela peut empêcher les actions de lutte contre la
réduction de la mortalité maternelle et infantile, ainsi que le
combat contre le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme et la
possibilité de rendre les médicaments essentiels disponibles et
abordables dans les pays en développement.
Par ailleurs, aucun développement ne peut se concevoir
de manière durable sans le volet sanitaire.
C'est pour cela que des actions doivent être
réalisées dans ce domaine.
III.2.4- Au plan sécuritaire
Comme dans toutes les grandes localités, le
département de Dimbokro bénéficie au plan de la
défense et de la sécurité d'un commissariat de police,
d'une brigade de gendarmerie, d'un peloton mobile et d'un détachement de
douane. Ces structures ont à charge la sécurité des
personnes et des biens du département de Dimbokro.
III.2.5- Réseau routier et ferroviaire
Le département de Dimbokro dispose d'un réseau
routier de 111 km dont 61 km de routes bitumées, 06 km de routes non
bitumées et 44 km de pistes villageoises. La ville de Dimbokro,
chef-lieu de département abrite l'aérodrome ainsi que la gare
ferroviaire.
III.2.6- Electrification et adduction en eau potable
Au niveau de l'électrification, la ville de Dimbokro
bénéficie de l'éclairage électrique, 13 villages
sont électrifiés sur les 72 villages que compte le
département de Dimbokro.
L'adduction en eau potable est existante avec les
présences de la SODECI dans la ville de Dimbokro et l'hydraulique
villageoise.
L'état des lieux des infrastructures
socio-économiques et culturelles de Dimbokro permet de dire qu'il y a
des acquis à ce niveau.
119
Néanmoins, au vue de la taille de la population du
département estimée à 81.158 habitants selon le
Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH, 98),
et les besoins sociaux fondamentaux (électricité, eau potable,
éducation) des populations, des actions en fonction des besoins
immédiats des populations doivent être entreprises.
120
Chapitre IV- OBJET D'INVESTIGATION : CONSEIL GENERAL
DE
DIMBOKRO
Le Conseil Général de Dimbokro a
constitué notre objet d'investigation. Pour mieux l'appréhender
et saisir son apport au développement local, un aperçu des
Conseils Généraux et de la direction en charge de la
décentralisation et du développement local en Côte d'Ivoire
a été fait.
IV.1- INSTITUTION DES CONSEILS GENERAUX EN COTE
D'IVOIRE
IV.1.1- Historique de la décentralisation
L'institution des Conseils Généraux en
Côte d'Ivoire a une histoire qui a débuté dans les
années 1960-1980 par la communalisation.
Celle-ci s'inscrit dans la poursuite de la politique de
décentralisation entreprise par l'Etat ivoirien.
Cette politique de décentralisation a
évolué en passant par la communalisation pour atteindre à
partir de 2002 les Conseils Généraux (Noël TAHET, 2010 :
02-03).
Pour rendre plus perceptible cette politique de
décentralisation, il a été adopté en Juillet 2003,
la loi portant transfert et répartition de compétences de l'Etat
aux collectivités territoriales.
« Cette dynamique de décentralisation vise le
renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance et le
rapprochement des pouvoirs de décisions des communautés de base
à partir des effets conjugués de la décentralisation et de
la déconcentration.
121
Elle concerne aussi le développement
économique global du pays axé sur la gestion efficiente de
l'économie locale et la lutte contre la pauvreté au niveau
local54 ».
En effet, dans la perspective de la reconstruction post-crise,
les collectivités apparaissent comme des acteurs incontournables dans
les stratégies de consolidation de la paix et dans le processus de
développement participatif.
La décentralisation a valeur de cadre de
référence pour la mise en oeuvre d'activités
régionales, qui apparaissent comme le ressort de la croissance
économique de demain. Elle est aussi un outil de pédagogie
sociale pour la mobilisation en milieu rural de l'ensemble des forces sociales
sur les plans local et régional.
La décentralisation est un type d'organisation
permettant de répondre de manière innovatrice et adéquate
aux défis de la mondialisation en tenant compte à la fois des
ressources et des priorités locales et régionales.
Elle permet à la fois de mobiliser les énergies
de créativité locale et de canaliser les capacités
d'ajustement accéléré des communautés tout en
accroissant la participation d'un plus grand nombre de citoyens.
Pour mieux saisir la dynamique de la décentralisation
en Côte d'Ivoire, il est important d'avoir une idée sur
l'organisation et le fonctionnement des collectivités territoriales.
54MINISTERE DE L'ADMINISTRATION DU TERRITOIRE (Janvier
2007), les états généraux de la
décentralisation et du développement local: les actes,
République de Côte d'Ivoire, Abidjan, Page 03.
122
IV.1.2-Organisation et fonctionnement des
collectivités territoriales
Il existe cinq (05) catégories de
collectivités territoriales:
- La Commune composée de quartiers et de
villages;
- La Ville regroupant plusieurs communes
contiguës;
- Le Département constitué de
sous-préfectures;
- Le District composé de communes et de
sous-préfectures;
- La Région composée de
départements.
Les organes des collectivités territoriales sont au
nombre de trois : l'organe délibérant, l'organe exécutif,
l'organe d'appui à l'exécutif, auxquels s'ajoutent un organe
consultatif pour les collectivités supra urbaines.
L'organe délibérant est
constitué d'un collège d'élus appelés Conseillers.
Ainsi, l'on parle du Conseil Régional en ce qui concerne la
Région; du Conseil du District pour le District; du Conseil
Général pour le Département; du Conseil de la Ville pour
la Ville et du Conseil Municipal pour la Commune.
L'organe exécutif est une
personnalité qui préside le Conseil, exécute les
décisions prises par celui-ci et gère l'administration de la
collectivité au quotidien.
Il s'agit du Président du Conseil Régional pour
la Région; du Gouverneur du District pour le District; du
Président du Conseil Général pour le
Département; du Maire de la Ville pour la Ville; du
Maire de la Commune pour la Commune.
L'organe d'appui à l'exécutif
est un collège restreint composé de
l'exécutif et de ses (04 à 06) adjoints.
123
On parle du Bureau du Conseil Régional en ce qui
concerne la Région; du Bureau du Conseil du District pour le District;
du Bureau du Conseil Général pour le Département; de la
Municipalité pour la Ville; et de la Municipalité pour la
Commune.
A ces trois (03) types d'organes s'ajoutent pour certaines
collectivités territoriales des organes consultatifs,
obligatoirement et préalablement consultés sur les
questions relevant des compétences de la collectivité
territoriale (plans, programmes, budgets, etc.) et composés de personnes
représentatives de la société civile. Il s'agit du
Comité Economique et Social Régional pour la Région, du
Comité Consultatif du District pour le District et du Comité
Economique et Social Départemental pour le Département.
Chaque collectivité décentralisée dispose
d'une administration coordonnée selon le cas par un Directeur de
l'Administration (pour les Régions et les Districts) ou d'un
Secrétaire Général (pour les Départements, les
Villes et les Communes), et composée de plusieurs directions et services
spécialisés.
L'exécutif de la collectivité territoriale est
le chef de cette administration qu'il dirige au quotidien avec l'aide de ses
adjoints.
L'importance de la décentralisation pour le
développement local en Côte d'Ivoire est perceptible avec la
présence d'une direction qui en a la charge.
Celle-ci est sous la tutelle du Ministère d'Etat,
Ministère de l'Intérieur et de la sécurité.
Nous avons brièvement parlé de sa mission, son
organisation et des attributions des différentes directions qui la
composent.
124
IV.2- DIRECTION GENERALE DE LA DECENTRALISATION ET DU
DEVELOPPEMENT LOCAL (DGDDL)
IV.2.1-Mission
Au terme du décret n°2011-388 du 16 Novembre 2011
portant organisation du Ministère d'Etat, Ministère de
l'Intérieur, la Direction Générale de la
Décentralisation et du Développement local (DGDDL) a un certain
nombre de missions.
Elle est chargée de l'organisation et de l'exercice des
attributions de tutelle de l'Etat sur les collectivités territoriales et
de la coordination et de la gestion des appuis techniques et financiers aux
collectivités territoriales.
Elle a aussi pour responsabilité le renforcement des
capacités des collectivités territoriales et des inspections et
des contrôles des collectivités territoriales.
La DGDDL est chargée du suivi-évaluation du
transfert des compétences de l'Etat aux collectivités
territoriales et de l'assistance et de l'encadrement des collectivités
territoriales dans les domaines de l'aménagement, de l'équipement
et du développement local. Enfin, elle a aussi pour mission l'appui et
le soutien des activités des collectivités territoriales en
matière des coopérations décentralisées.
La DGDDL est dirigée par un directeur
général aidé d'un directeur général adjoint
et d'un assistant.
Elle est organisée suivant six directions avec chacune
des responsabilités spécifiques.
125
IV.2.2-Organisation
La Direction Générale de la
Décentralisation et du Développement Local
comprend six directions :
- la Direction de la Tutelle Administrative (DTA) ;
- la Direction de la Tutelle Economique et Financière
(DTEF) ;
- la Direction du Personnel des Collectivités
Territoriales (DPCT) ;
- la Direction de la Coopération
Décentralisée (DCD) ;
- la Direction de la Coordination des Projets et des
Programmes d'Appui
(DCPPA) ;
- la Direction du Développement Local (DDL).
IV.2.3-Attributions des directions
IV.2.3.1-Direction de la tutelle administrative
Elle est chargée du suivi du fonctionnement des organes
des collectivités territoriales et du règlement des
contentieux.
Le contrôle de l'égalité des acteurs des
autorités décentralisées et le suivi des questions
liées à la police administrative des collectivités
territoriales, ainsi que le suivi des questions relevant de l'état civil
et de la population font partie de ses responsabilités.
La direction de la tutelle administrative comprend deux
sous-directions qui sont la sous-direction du contentieux et du contrôle
de l'égalité et la sous-direction de la police administrative et
de la population.
126
IV.2.3.2-Direction de la tutelle économique et
financière
Cette direction est chargée de la mobilisation et de la
répartition du concours financier de l'Etat aux collectivités
territoriales.
Elle gère le suivi et du contrôle des programmes
triennaux, des budgets et des comptes des collectivités territoriales,
ainsi que le suivi et l'exploitation des rapports annuels sur la gestion
financière des collectivités territoriales.
En outre, cette direction a pour mission du suivi de toutes
les questions relatives à la fiscalité et aux services
économiques des collectivités territoriales.
En dernier ressort, elle est chargée du suivi de toutes
les questions relatives à l'accès des collectivités
territoriales aux marchés financiers et à la mobilisation de
financements extérieurs publics et privés.
Cette direction de la tutelle économique et
financière comprend deux sous-directions, à savoir la
sous-direction des marchés, des emprunts et des études
économiques et la sous-direction des finances des programmes et des
budgets.
IV.2.3.3- Direction du personnel des
collectivités territoriales
Elle est chargée de la mise en oeuvre de la politique
générale en matière de ressources humaines des
collectivités territoriales et de la gestion centralisée du
personnel des collectivités territoriales.
Par ailleurs, cette direction a pour mission l'identification
des besoins de formation et la planification, la programmation et le
suivi-évaluation de la formation et l'identification des besoins de
formation.
Elle s'occupe aussi du contentieux relatif à la
responsabilité des collectivités territoriales.
La direction du personnel des collectivités
territoriales comprend deux sous-directions qui sont la sous-direction de la
formation et des stages et la sous-direction de la gestion du personnel des
collectivités territoriales.
127
IV.2.3.4- Direction de la coopération
décentralisée
Comme son nom l'indique, cette direction est chargée de
la promotion de la coopération décentralisée et de la mise
en oeuvre et du suivi de la politique de coopération
décentralisée telle qu'initiée par le gouvernement.
Elle assume les responsabilités de la
préparation, en liaison avec les services du ministère en charge
des affaires étrangères, des contacts et rencontres entre
élus des collectivités territoriales ivoiriennes et
étrangères.
Cette direction s'occupe de l'organisation de la recherche de
partenariats au profit des collectivités territoriales et de la
réalisation prospective visant à l'identification de nouveaux
partenariats en matière de coopération
décentralisée. Elle gère le suivi de la gestion des appuis
techniques et financiers accordés aux collectivités territoriales
dans le cadre de la coopération décentralisée et de la
préparation des bilans périodiques de la politique de
coopération décentralisée.
La sous-direction des études et de la recherche de
partenariat et la sous-direction des programmes de coopération
décentralisée sont les deux sous-directions de la direction de la
coopération décentralisée.
IV.2.3.5- Direction de la coordination des projets et
programmes
d'appui
Elle est chargée de la préparation des projets
et programmes d'appui à la décentralisation en liaison avec les
bailleurs de fonds, de la mobilisation de la contrepartie de l'Etat et du suivi
de la coordination et de l'évaluation de la mise en oeuvre des
programmes et projets.
La direction de la coordination des projets et programmes d'appui
comprend la sous-direction de la prospection et de la préparation des
projets et la sous-direction du suivi-évaluation des projets.
128
IV.2.3.6- Direction du développement local
Cette direction est chargée des études
prospectives et technologiques au profit du développement des
collectivités territoriales et du suivi de l'élaboration, de
l'exécution, du contrôle et de l'évaluation des plans et
programmes d'aménagement, de développement et d'équipement
des collectivités territoriales. Elle se consacre aussi à
l'assistance-conseil aux collectivités territoriales en matière
d'aménagement, de développement et d'équipement, ainsi que
la constitution et de la mise à jour d'une banque de données et
d'un observatoire sur le développement des collectivités
territoriales. Elle assume les responsabilités de suivi de
l'exécution des fonds de développement et d'appui aux
collectivités territoriales et le suivi et le contrôle des
équipements et travaux des collectivités territoriales.
Le suivi des questions relatives aux services techniques et
aux services chargés de la planification et du développement des
collectivités territoriales et suivi de la gestion du patrimoine
foncier, immobilier et mobilier des collectivités territoriales font
partie des responsabilités de cette direction.
Enfin, les questions relatives à l'organisation et
à la gestion des services sociaux et culturels des collectivités
territoriales sont suivies par la direction du développement local.
La direction du développement local compte en son sein
trois (04) sous-directions qui sont la sous-direction des études, de la
planification et la programmation, la sous-direction du patrimoine, des
équipements et des travaux, la sous-direction des services
socio-culturels et du développement humain et la sous-direction de
l'évaluation et de la performance.
Après l'aperçu des Conseils
Généraux et de la Direction Générale de la
Décentralisation et du Développement Local en Côte
d'Ivoire, qui nous a permis de situer le cadre général de la
décentralisation et du développement local, en particulier, le
cadre institutionnel et le fonctionnement du Conseil Général de
Dimbokro a été abordé.
129
IV.3- CADRE INSTITUTIONNEL ET FONCTIONNEMENT DU
CONSEIL GENERAL DE DIMBOKRO
Le Conseil Général étant l'organe
délibérant du département, son institution, son
organisation et son fonctionnement sont précisés par la loi
n°2001- 477 du 09 Août 2001 relative à l'organisation du
département.
Mais, c'est à partir du 07 Juillet 2002 que les
Conseils Généraux ont commencé leur fonctionnement
effectif.
IV.3.1- Organes du Conseil Général de
Dimbokro
Le Conseil Général de Dimbokro est composé
de différents organes qui
assurent au quotidien son fonctionnement. Ce sont:
- l'organe délibérant: Le Conseil;
- le bureau du conseil : le Président et les vice-
présidents;
- l'organe exécutif: Le Président;
- l'organe consultatif: le Comite Economique et Social.
IV.3.1.1- Attributions et fonctionnement des
différents organes IV.3.1.1.1-Organe délibérant : le
Conseil
Le Conseil Général de Dimbokro est
composé de 30 membres élus au suffrage universel direct et au
scrutin de liste proportionnelle.
Le conseil se réunit en session ordinaire une fois par
trimestre sur convocation de son Président. La convocation doit
être envoyée par lettre adressée 15 jours avant la date de
la réunion. La convocation doit comporter l'ordre du jour de la
réunion, la date, l'heure et le lieu.
Les réunions du Conseil Général se
tiennent dans ses locaux et sont présidées par le
Président du Conseil Général. Mais, avec l'accord de
l'autorité de tutelle, d'autres réunions peuvent se tenir dans
d'autres locaux.
130
Le Président peut désigner s'il est
empêché un conseiller de son choix pour le remplacer.
D'autres réunions peuvent se tenir chaque fois que le
Président le juge utile ou à la demande motivée de la
majorité de ses membres ou encore sur ordre de la tutelle.
Le Conseil Général ne peut siéger
qu'à la majorité de ses membres sauf cas de fausse majeure. Si un
conseiller manque à plus de la majorité des sessions sans motif
légitime, il est exposé à des sanctions.
Un conseiller peut mandater un autre conseiller de son choix
en lui donnant pouvoir de voter à sa place.
Toutefois, aucun conseiller ne peut être porteur de deux
mandats en une même session. Les sessions du Conseil
Général sont publiques et la décision de la publication
des procès verbaux incombe au conseil.
Le conseil crée en son sein six (06) commissions
permanentes chargées d'étudier et de suivre les questions
suivantes :
- planification, développement et coopération
décentralisée;
- budget et finance;
- environnement, santé publique et action sociale;
- équipement, infrastructure et transport;
- sécurité et protection civile;
- éducation formation et culture.
D'autres commissions peuvent être créées
par délibération du Conseil Général en fonction de
ses tâches et des besoins. Les commissions siègent avant la tenue
des sessions et envoient leurs questions au Secrétaire
Général 24 heures avant la tenue de la réunion du
Conseil.
Le conseil en tant qu'organe délibérant est
chargé des prises de décisions importantes du
département.
Il est chargé de voter le programme triennal et
d'examiner ledit programme et de fixer les priorités. Il fait voter le
budget annuel et ses modificatifs.
131
En outre, il est chargé de fixer les taux des taxes
à instituer dans le ressort du territoire du Département et
d'examiner le compte administratif du Président, le compte de gestion du
payeur afin de donner son quitus sur la gestion annuelle du
Président.
IV.3.1.1.2- Bureau du Conseil
Conformément à la loi n°2001-476 du 09
Août 2001 relative à
l'orientation sur l'organisation générale de
l'administration territoriale, le
Bureau du Conseil se compose comme suit:
- le Président qui est également le
Président du Conseil Général;
- un premier vice-président;
- un deuxième vice-président;
- un troisième vice-président;
- un quatrième vice-président.
Les quatre (04) vice-présidents sont classés dans
l'ordre de désignation.
Le Bureau du conseil est chargé de :
- l'établissement de l'ordre du jour des
réunions;
- la préparation du budget et du suivi de son
exécution;
- du suivi de l'exécution des programmes d'actions et des
opérations de
développement du département;
- des opérations préliminaires à
l'attribution de marché par le conseil.
NB : Les quatre (04)
vice-présidents ne résident pas de manière permanente dans
le département.
Même si l'exercice du pouvoir en absence du
Président du Conseil Général et de ses
vice-présidents échoit au Secrétaire Général
du Conseil Général, celui-ci est tenu d'informer le ou les
Présidents au sujet de certaines décisions et des actions
ponctuelles à mener.
La redynamisation de la politique de décentralisation
réside donc dans le choix des pouvoirs et décideurs locaux.
132
Car, beaucoup parmi les administrateurs locaux sont des hauts
cadres de l'administration centrale et des opérateurs économiques
fortunés qui résident tous à la capitale.
Pour ce faire, le quotidien n'est assuré que par les
agents de l'Etat en détachement auprès des collectivités
locales, donc dépendants de l'administration centrale.
Aussi, est-il nécessaire que l'élu local
s'imprègne, dans la mesure du possible, des réalités de sa
population afin de mieux orienter les actions de développement. Il
convient alors que le statut du personnel des collectivités soit
clairement défini pour plus d'efficacité dans le fonctionnement
de ces entités (Brou Emile KOFFI, 2008 : 99).
IV.3.1.1.3- Organe exécutif: le
Président
Le Président du Conseil Général est
élu à la première réunion du conseil pour un mandat
de 05 ans. Il est chargé de préparer le budget du Conseil
Général et de présider les réunions du conseil.
Il prépare et exécute les
délibérations du conseil et ordonne les recettes et les
dépenses du département.
En outre, il représente le département,
gère le domaine du département et exerce les pouvoirs de police
afférant à cette gestion. Il assure enfin la police lors des
assemblées du conseil.
IV.3.1.1.4- Organe consultatif: le Comité
Economique et Social
Le Comité Economique et Social du Conseil
Général de Dimbokro est composé de doux (12) membres dont
un président, un vice-président, un Secrétaire
Général, un Secrétaire Général adjoint, et
de sept (07) membres.
Il est composé des personnalités
représentatives des activités économiques, sociales,
culturelles et scientifiques et des personnalités reconnues pour leur
compétence.
133
Le Comité Economique et Social se réunit deux (02)
fois par an sur convocation du Président du Conseil
Général.
Il donne son avis sur toute matière qui relève de
sa compétence, soit sur saisine du Président, soit de sa propre
initiative.
Il est obligatoirement consulté pour donner son avis sur
le budget annuel, le plan de développement départemental et les
plans d'aménagement ainsi que sur leur déroulement annuel.
IV.3.2-Services du Conseil Général de
Dimbokro
Cinq (05) services administratifs travaillent quotidiennement
pour le
fonctionnement du Conseil Général de Dimbokro. Ce
sont:
- le Secrétariat Général;
- la Direction des Services Financiers et Comptables;
- la Direction des Services Techniques et des Moyens
Généraux;
- la Direction du Développement Humain;
- et la Paierie du Département.
A ces services s'ajoute un service autonome qui est le Cabinet du
Président du
Conseil Général.
IV.3.2.1-Secrétariat Général
Le Secrétariat Général est
composé:
- d'un Secrétaire Général;
- d'une Secrétaire de Direction;
- et d'une secrétaire Adjointe;
Le Secrétariat Général est la plaque
tournante des Services du Conseil
Général de Dimbokro.
Le Secrétaire Général est le chef des
Services du département en l'absence du
Président et de ses vice-présidents.
134
A ce titre, il est chargé de la rédaction des
procès verbaux des réunions du Conseil Général et
la réception et l'expédition de courriers du Département.
La rédaction des notes de service et circulaires et des convocations
lors des sessions du Conseil Général sont à son actif.
IV.3.2.2- Direction des Services Financiers et
Comptables
La Direction des Services Financiers et Comptables est le
service qui assure la gestion financière du département. Elle est
composée du Directeur des Services Financiers et d'un Comptable.
La Direction des Services Financiers et Comptables est
chargée d'établir le budget détaillé du
département par la centralisation des besoins quantitatifs des services
retenus au budget en les ventilant par service et /ou par projet.
Elle établit aussi le plan de trésorerie du
département par la détermination de l'excédent financier
de l'exercice écoulé, l'élaboration de l'état
d'exécution des recettes et des dépenses chaque mois, la
centralisation les échéanciers de commande prévus par les
chefs de services et pour les investissements à réaliser.
En outre, elle est chargée d'assurer le contrôle
financier et budgétaire en vérifiant si la commande
projetée figure au budget détaillé, en visant le bon de
commandes après les contrôles et en vérifiant lors du
mandatement d'une dépense, les disponibles de crédit par rapport
au mandat antérieur et les disponibles en trésorerie. Elle
procède à la liquidation des dépenses, compare les
factures, bons de livraisons et bons de commandes, de soumet les factures aux
services bénéficiaires pour contrôle et visa et
arrête le montant de la facture.
C'est aussi cette direction qui tient la comptabilité
des engagements en réalisant les études économiques et
financières.
135
IV.3.2.3-Direction des Services Techniques
et des Moyens Généraux
La Direction des Services Techniques et des Moyens
Généraux est un service essentiel pour le fonctionnement du
Conseil Général car c'est elle qui donne forme aux projets de
développement de la collectivité territoriale.
Celle-ci est composée d'un Directeur Technique, d'un
Assistant et d'une Secrétaire. La Direction des Services Techniques et
des Moyens Généraux est le service qui met en exécution
les projets du Conseil Général.
Elle est le maître d'oeuvre des travaux du Conseil
Général et est chargée à cet effet de
l'établissement des conventions et de la passation des marchés
pour les projets dont le coût est supérieur à trente
millions (30. 000. 000 F CFA); Elle veille à l'exécution des
travaux et au respect des dispositions contenues dans les conventions et
marchés et fait des visites d'état des lieux pour en retour faire
des propositions au Conseil.
Après contrôle, cette direction donne son quitus
pour qu'un projet soit ordonnancé55.
IV.3.2.4-Direction du Développement Humain
La Direction du Développement Humain est le service du
Conseil Général qui assure l'animation socio-culturelle et les
activités de promotion humaine du département. C'est à
partir de cette direction que les relations entre administrateurs et
administrés se construisent dans le but du développement
local.
Elle est composée d'un Directeur et d'une
assistante.
La Direction du Développement Humain est chargée
de l'assistance sociale. Elle suscite la création des institutions
socio-éducatives et sensibilise et l'encadre des mouvements et
associations de développement.
55 Donner ordre à un trésorier de payer
une somme déterminée.
136
Cette direction favorise aussi l'insertion sociale des jeunes, la
pratique des sports et fait la promotion du patrimoine culturel de la
localité.
Elle suscite la création de centre de santé de
proximité et mène des actions pour réduire les frais
médicaux.
Dans le souci du mieux-être de la population, elle
élabore des projets de développement.
IV.3.2.5-Paierie départementale
La paierie du Département est un service
déconcentré de la Direction Générale du
Trésor et de la Comptabilité Publique qui est sous la tutelle du
Ministère de l'Economie et des Finances.
La Paierie du Département de Dimbokro est composée
d'un payeur et de deux (02) comptables, qui tiennent les deux (02)
comptabilités que sont la Comptabilité Territoriale
et la Comptabilité d'Etat ou
ASTER.
La Paierie a pour mission d'assurer la gestion financière
et comptable du Conseil Général. Cette mission se décline
en trois (03) volets :
- 1er volet: assurer la
mobilisation des ressources du Conseil Général d'où
l'exécution du budget en recettes;
- 2ème volet :
l'exécution du budget en dépenses;
- 3ème volet: la conservation
des pièces justificatives des dépenses et des recettes permettent
la production d'un compte de gestion à soumettre au jugement de la
Chambre des Comptes de la Cours Suprême.
Le Payeur est aussi un conseiller du Président du Conseil
Général et suit un code de conduite qui constitue ses principes
généraux.
Les principes généraux du payeur concernent un
ensemble de règles visant à assurer la transparence dans les
opérations de paiement.
Cela exige l'égal traitement des créanciers,
l'organisation d'une gestion rationnelle et efficiente de la trésorerie,
la réquisition du payeur et la sécurisation des opérations
de règlement.
137
Le comptable doit éviter en ce qui concerne
l'égal traitement des créanciers, toutes discriminations dans le
traitement des dossiers de règlement en faisant preuve
d'équité, d'objectivité et de rigueur dans
l'exécution des dépenses publiques. Il doit respecter les
règles majeures.
Le payeur dispose de cinq (05) jours francs pour effectuer les
contrôles de prises en charge. En cas d'irrégularité, il
rejette la dépense et notifie le rejet à l'ordonnateur.
L'ordre de la prise en charge des dépenses et de leur
règlement est déterminé par l'ancienneté de la
créance56.
La gestion rationnelle et efficiente de la trésorerie
répond au souci de renforcer la crédibilité de l'Etat
quant à sa capacité à honorer ses engagements
vis-à-vis des opérateurs économiques.
Elle vise également à promouvoir la transparence
dans la mobilisation et l'utilisation de la trésorerie en y associant
les principaux acteurs de l'exécution de la dépense publique.
La mise en oeuvre de ces objectifs par le Payeur suppose d'une
part la non-accumulation d'arriérés de paiements et d'autre part
la mise en place d'un comité de trésorerie.
L'accumulation d'arriérés, en dépit d'une
trésorerie adéquate est proscrite.
Le Payeur doit apurer avec célébrité la
dette publique dès lors qu'il dispose d'une trésorerie
suffisante.
Le Payeur est tenu de mettre en place un comité de
trésorerie qui détermine les stratégies de mobilisation
des ressources et fixe les priorités de règlements. En ce qui
concerne la réquisition du Payeur, le comptable public doit
vérifier la régularité des pièces justificatives de
la dépense.
En cas d'irrégularité, il refuse de viser la
dépense et en informe l'ordonnateur ou l'administrateur de
crédit.
56 Direction Générale du Trésor et de la
Comptabilité Publique de la Côte d'ivoire (Septembre 2001), le
guide du Payeur, DGTCP, Page 06.
138
Lorsque le rejet donne lieu à un désaccord entre
l'ordonnateur et le Payeur, seul le Ministre de l'Economie et des finances peut
donner ordre au comptable par écrit de payer la dépense.
Le Payeur ne peut déférer à cet ordre que
si le rejet porte sur l'omission ou l'irrégularité des
pièces justificatives. Toutefois, le comptable ne doit pas
procéder au paiement si le rejet en cause est motivé par
l'absence de crédits disponibles ou l'absence de justification de
service fait sauf pour les avances et les subventions.
Au sujet de la sécurisation des opérations de
règlement, l'objectif recherché est de réduire le niveau
de l'encaisse en numéraires et de sécuriser les opérations
de paiement.
Ainsi, le comptable devra observer le paiement par virement et
des règles relatives à l'acquit libératoire.
Le Payeur est tenu de privilégier le mode de
règlement par virement. Aucune personne morale ne peut
bénéficier de règlement en numéraires. De
même aucun règlement ne peut se faire à la caisse pour
toute dépense dont le montant excède 300.000 F CFA.
Les règlements à la caisse ne doivent se faire
que sur présentation d'une carte nationale d'identité ou d'une
carte de séjour en cours de validité.
Ne peuvent être admis comme pièces
d'identité au guichet du Payeur les permis de conduire, les passeports
et tout autre document57.
IV.3.2.6-Cabinet du Président
Le Cabinet du Président du Conseil Général
de Dimbokro est un service autonome. C'est le service proche du
Président du Conseil Général. Il est composé d'un
Chef de Cabinet, de l'Assistant du Président et d'une Secrétaire
particulière du Président.
57 Direction Générale du Trésor et de la
Comptabilité Publique de la Côte d'ivoire (Septembre 2001),
Op.cit. Page 07 à 08.
139
Les missions du Cabinet du Président sont de servir
d'intermédiaire entre les services du Conseil Général, les
services déconcentrés de l'Etat et les populations. Il coordonne
les services du Cabinet et les relations extérieures en étudiant
par exemple les correspondances confidentielles et générales.
Il prépare le programme d'activité du
Président et reçoit les populations qui souhaitent rencontrer le
Président et de rendre visite aux populations pour des échanges.
Il établit aussi les réseaux de renseignements.
Le Conseil Général de Dimbokro tout comme les
autres Conseils Généraux fonctionne en grande partie grâce
à la subvention de l'Etat et aux impôts ristournés. Mais,
tout ceci obéit à une phase d'élaboration et
d'exécution du budget.
IV.4-ELABORATION ET EXECUTION DU BUDGET DU CONSEIL
GENERAL DE DIMBOKRO
IV.4.1- Budget
Le budget d'une collectivité est la traduction
financière annuelle du programme d'action et de développement de
cette collectivité territoriale. Le budget comprend deux (02) titres,
à savoir le budget de fonctionnement (Titre I) et
budget d'investissement (Titre II).
Le budget s'équilibre globalement en recettes et en
dépenses et chaque titre s'équilibre aussi en recettes et en
dépenses.
Le budget de fonctionnement est l'ensemble des actions de
fonctionnement qu'une collectivité envisage réaliser au cours
d'une année donnée.
Il comprend toutes les charges liées au fonctionnement de
la collectivité. Quant au budget d'investissement, il est la traduction
financière annuelle de l'ensemble des opérations de
développement de la collectivité.
Il est non seulement composé des projets
d'investissement que le département compte réaliser au cours
d'une année mais aussi des actions sociales à mener, à
savoir les aides et subventions.
140
IV.4.2-Etapes d'élaboration du budget
IV.4.2.1-Budget de fonctionnement
L'élaboration du budget de fonctionnement consiste
à évaluer les recettes en fonction des potentialités du
département en prenant pour référence l'année
antérieure. A titre d'exemple, la prévision des recettes d'un
budget de l'exercice 2010 à la date du 30 Septembre 2009.
A cette date on a :
- Recettes recouvrées = 27. 000. 000 F CFA;
- Subvention de l'Etat = 165. 000. 000 F CFA;
- Prévision mensuelle = 27. 000. 000 : 12 = 3. 000. 000
F CFA par mois; - Prévision annuelle 2010 = 3 000 000 x 12 = 36 000 000
FCFA +
165 000 000 F CFA ;
- Prévision du budget de fonctionnement 2010 = 201. 000.
000 F CFA. La prévision totale des recettes fiscales de l'année
2010 s'élevait à 36. 000. 000 F CFA à laquelle s'ajoute la
subvention de l'Etat de 165. 000. 000 F CFA. Ces deux montants cumulés
donnent la prévision du budget de fonctionnement.
La prévision étant fonction de la situation
économique, politique, sociale et culturelle, elle peut être
excédentaire lorsque l'environnement est favorable
(événements sportifs, culturels etc.) ou déficitaire
lorsque les imprévues surviennent (délestages, grèves,
etc.).
Le département de Dimbokro bénéficie pour
son fonctionnement de 35% au titre des recettes fiscales
recouvrées par les services de l'Etat dont le montant
prévisionnel est de 68. 000. 000 F CFA. Il s'agit de l'impôt
foncier, des patentes et licences, des vignettes-autos, de l'impôt
synthétique, des taxes sur les exploitations forestières. A ces
recettes s'ajoute la subvention de l'Etat qui s'élève à
165. 000. 000 F CFA.
141
Le budget de fonctionnement du Conseil Général
de Dimbokro s'équilibre en recettes et en dépenses en la somme de
233. 000. 000 F CFA.
Les dépenses de fonctionnement sont constituées
des charges liées au fonctionnement quotidien du Conseil
Général. Elles sont appelées dépenses obligatoires
car indispensables au fonctionnement du Conseil Général.
Elles sont classées selon différentes rubriques
budgétaires qui sont:
- Barre 01 : salaires et indemnités;
- Barre 02 : charges sociales;
- Barre 03 : transports et frais de mission;
- Barre 04 : carburant et lubrifiant;
- Barre 05 : matériels et fournitures de bureau;
- Barre 06 : abonnement, eau, électricité,
téléphone;
- Barre 07 : entretien et service de l'entreprise;
- Barre 08 : interventions et transferts.
Au niveau de la barre 08, lorsqu'on veut alimenter le fond
d'investissement (FI), on fait un prélèvement de 10% sur les
recettes de fonctionnement pris en dépense au compte 6441 et en recettes
d'investissement au compte 02.
L'excédent de fonctionnement issu de la
différence entre les recettes et les dépenses est
enregistré au compte 742 intitulé fond de réserve
ordinaire.
La barre 01 et la barre 02 ne peuvent être
modifiées que lorsqu'il y a un recrutement ou un licenciement. Dans ce
cas, le montant connaît une variation.
L'évaluation des dépenses de fonctionnement
consiste pour chaque service d'établir son budget détaillé
à travers lequel il exprime ses besoins. Tous les budgets
détaillés sont centralisés par le Directeur des Services
Financiers. Le Secrétaire Général convoque une
réunion de direction ou d'harmonisation à l'issue de laquelle les
besoins des services sont revus soit en hausse soit en baisse après
discussion.
142
Cette réunion se termine par l'élaboration d'un
avant-projet de budget en tenant compte de l'évaluation des recettes
potentielles et des dépenses potentielles en fonction de la
capacité financière de la collectivité.
Cet avant-projet de budget est transmis au Bureau du Conseil
pour amendement. Après les amendements du Président et de ses
vice-présidents, il est encore transmis à la commission budget et
finance pour examen avant d'être soumis au vote du Conseil.
C'est après le vote du conseil et dans le cas où
le budget est adopté qu'il devient exécutoire.
IV.4.2.2-Budget d'investissement
Le budget d'investissement est la traduction financière
annuelle des opérations de développement prévues pour la
première année du programme triennal. Le programme triennal ne
comporte pas d'actions de fonctionnement sauf les charges récurrentes
qui sont les charges de fonctionnement (frais de gardiennages, d'entretien,
etc.) qui viennent se greffer à des opérations
d'investissement.
Dans le programme triennal, les projets sont classés
par priorités fixées par les conseillers sur les fiches
d'opération. Alors que dans le budget annuel, les projets sont
classés par compte et par catégorie d'investissement qu'il
s'agisse de : Mobilier, Immobilier, Incorporel.
On les identifie selon le domaine d'activité :
- les projets de développement économique;
- les projets de développement de la production et du
commerce; - les projets de développement éducatifs.
Les recettes d'investissement du Conseil Général
de Dimbokro proviennent uniquement de la subvention de l'Etat. Cependant, il
peut s'ajouter l'excédent de l'exercice antérieur.
143
Les dépenses d'investissement portent sur les projets
à réaliser de l'exercice budgétaire en cours dans le
programme triennal.
Toutefois, il peut avoir des cas d'urgences comme le
décoiffement d'une école, d'un hôpital par un ouragan ou
des situations de délestage où il faut nécessairement
intervenir. Dans ce cas, on modifie le budget de l'exercice en cours afin de
pouvoir prendre en compte ces situations imprévues par exemple pour
l'achat d'un groupe électrogène, la réhabilitation de ces
infrastructures endommagées.
Ces augmentations sont issues de l'excédent de
l'année antérieure des projets qui n'ont pas pu être
réalisés.
Mais, quelque soit le montant de l'augmentation, elle ne doit
pas dépassée le montant total prévu sur les trois
années du programme triennal.
A titre d'exemple, le budget du Conseil Général
de Dimbokro de 2004 à 2009 a été présenté
dans le tableau ci-dessous.
Tableau n° 10 : Budgets du Conseil
Général de Dimbokro de 2004 à 2009.
Années
|
Fonctionnement
|
|
Investissement
|
|
Total
|
|
|
Montant (F CFA)
|
Part
(%)
|
Montant (F CFA)
|
Part
(%)
|
Montant (F CFA)
|
Part
(%)
|
2004
|
177 500 000
|
14.75
|
1 025 844 000
|
85.25
|
1 203 344 000
|
100
|
2005
|
252 769 000
|
19.18
|
1 065 172 000
|
80.82
|
1 317 941 000
|
100
|
2006
|
336 136 000
|
27.75
|
875 046 000
|
72.25
|
1 211 182 000
|
100
|
2007
|
294 982 000
|
34.96
|
548 791 000
|
65.04
|
843 773 000
|
100
|
2008
|
283 373 000
|
36.90
|
484 551 000
|
63.10
|
767 924 000
|
100
|
2009
|
233 000 000
|
24.69
|
767 924 000
|
75.31
|
943 790 000
|
100
|
Total
|
1 577 760 000
|
25.09
|
4 710 194 000
|
74.91
|
6 287 954 000
|
100
|
Moyenne
|
262 960 000
|
|
785 032 333.33
|
|
1 047 992 333.33
|
|
Source : Calcul effectué, à partir des
comptes de gestion administrative
du Conseil Général de Dimbokro de 2004 à
2009 par (Koffi ATTA, 2013 : 97).
144
On remarque que la part de la section "investissement" dans le
budget représente plus de la moitié du budget. Celle-ci oscille
entre 63.10% et 85.25%.
A l'inverse, la part de la section "fonctionnement" oscille
entre 14.75% et 36.90%.
Dans l'ensemble, la nomenclature des budgets du Conseil
Général de Dimbokro respecte les normes qui voudraient que 2/3 du
budget soient consacrés à l'investissement et 1/3 au
fonctionnement.
On déduit donc que le Conseil Général de
Dimbokro accorde une place importante à l'investissement.
IV.4.2.3-Budget modificatif
Le budget initial est d'abord modifié dans sa
globalité avant de l'être par titre. Ainsi, le budget de
fonctionnement (Titre I) peut être modifié s'il y a un
excédent budgétaire, lorsque les recettes recouvrées sont
supérieures aux dépenses effectuées.
Il faut rappeler que l'excédent issus de la
différence entre les recettes et les dépenses sont inscrits au
compte 742 : fonds de réserve ordinaire.
Quant au budget d'investissement, il peut être
modifié si au cours de l'année antérieure il y a eu un
excédent qu'il faut reconduire au budget de l'exercice en cours.
IV.4.3- Exécution du budget en recettes et en
dépenses
L'exécution du budget est le suivi du budget
déjà élaboré.
Le budget est exécuté en équilibre, en
recettes et en dépenses.
Au Conseil Général de Dimbokro, les recettes du
département sont composées de la subvention de l'Etat d'un
montant annuel en fonctionnement de 165. 000. 000 FCFA et en investissement
d'un montant de 340. 000. 000 FCFA.
145
A cette subvention s'ajoutent les recettes fiscales
ristournées au Conseil Général. Ces recettes fiscales sont
l'impôt foncier, l'impôt synthétique, les
patentes et licences, les vignettes-autos et les Travaux d'Intérêt
Général (TIG).
IV.4.3.1-Recouvrement des recettes
Les recettes fiscales du département de Dimbokro font
l'objet de recouvrement indirect car elles ne sont pas recouvrées
directement par les services du Conseil Général. Elles sont
recouvrées par la Direction Générale des Impôts
(DGI) de Dimbokro.
La DGI de la région du N'Zi verse les recettes
recouvrées à la Direction Générale du Trésor
et de la Comptabilité Publique (DGTCP) à Abidjan.
La DGTCP d'Abidjan verse au Conseil Général de
Dimbokro, 10% des vignettes-autos et 35% des
autres impôts par l'intermédiaire de la DGTCP de Dimbokro à
travers les avis d'opération qu'elle transmet à la Paierie
Départementale. L'avis d'opération est un document comptable sur
lequel se trouve mentionné, le montant de la décade des
recettes.
IV.4.3.2-Exécution des dépenses
Le budget est exécuté en dépense selon
trois phases qui sont la phase d'engagement des dépenses et la phase
d'ordonnancement des dépenses qui constituent la phase administrative et
la phase de paiement des dépenses qui est la phase comptable.
146
IV.4.3.2.1- Phase d'engagement des dépenses
L'engagement de la dépense est l'étape la plus
longue de l'exécution des dépenses. L'engagement se
définit comme l'acte par lequel un établissement public prend des
engagements vis-à-vis d'un fournisseur ou d'un entrepreneur. Les
engagements se font au fur et à mesure que les recettes rentrent
(subvention et recettes fiscales).
A l'exception des dépenses obligatoires qui doivent
être exécutées pour le fonctionnement du Conseil
Général et donc indispensables, l'engagement des dépenses
est fonction de la subvention de l'Etat de 165. 000. 000 FCFA.
Il faut donc diviser la subvention de l'Etat par 12 pour
trouver le montant des dépenses à engager par mois.
Les recettes fiscales quant à elles viennent en
addition de la subvention car elles ne peuvent faire l'objet d'un montant
déterminé d'avance pour la simple raison qu'elles peuvent
être déficitaires ou excédentaires en fonction de la
situation économique, politique, sociale et culturel de la
période.
On ne privilégie que la subvention de l'Etat par souci
d'éviter de faire des surestimations ou des sous-estimations des
dépenses car la subvention est déjà connue d'avance.
Ce qui facilite la tâche dans l'engagement des
dépenses.
Les recettes fiscales sont prises en compte en fonction des
recettes recouvrées. L'accent est donc mis sur le suivi de leur
recouvrement.
Dans ce cas, la prévision budgétaire n'a pas
trop d'importance, le plus important c'est le résultat des
recouvrements.
147
IV.4.3.2.1.1-Critères d'engagement des
dépenses
Pour engager une dépense, il faut prendre en compte:
- le prestataire de service le moins disant dont le produit ou
le travail est de qualité;
- le prestataire de service qui est capable d'exécuter
le plus rapidement possible les tâches.
IV. 4.3.2.1.2- Procédure d'engagement des
dépenses
L'engagement des dépenses se fait par
l'établissement d'un bon de commande pour les dépenses de
fonctionnement où l'établissement d'une convention quand il
s'agit de la réalisation d'un projet dont le coût est inferieur
à 30. 000. 000 F CFA. Dans la convention, se trouvent mentionnées
toutes les clauses du contrat, à savoir, l'objet de la convention, la
date de démarrage et le délai d'exécution des travaux, le
coût total des travaux, les acomptes58, les décomptes,
les pénalités de retard, etc.
Pour la réalisation d'un projet dont le coût est
supérieur ou égal à 30. 000. 000 F CFA, un dossier d'appel
d'offre est établi et déposé à la Direction des
Marchés Publics par le Directeur des Services Techniques.
NB : La Direction des Services Techniques et des
moyens Généraux est le maître-d'oeuvre des travaux du
Conseil Général. Elle est donc chargée du suivi de
l'exécution des travaux du Conseil Général. Elle
contrôle les travaux et donne des instructions à suivre par
l'entrepreneur.
Le Directeur des Services financiers, signe le bordereau
de livraison et le fait signer par les services qui en font la demande quand il
s'agit de charge de fonctionnement et par le Directeur des Services Techniques
quant il s'agit de travaux d'investissement.
58 Un acompte est le paiement partiel à valoir sur une
somme due.
148
IV.4.3.2.1.3-Liquidation des dépenses
La liquidation est une étape de l'engagement des
dépenses qui consiste
à vérifier la réalité sur la dette et
d'arrêter le montant de la dépense.
La liquidation se fait par la réception de la facture avec
le bordereau de
livraison. Il est ensuite, établi un mandat sur lequel se
trouve mentionné:
- l'exercice budgétaire en cours;
- le titre du budget;
- l'imputation budgétaire;
- le numéro d'ordre du mandat;
- le numéro d'ordre du bordereau;
- l'objet de la dépense;
- le montant brut de la dépense en chiffre et en
lettre;
- le nom du créancier;
- le numéro de la facture.
Le bordereau de livraison comporte la signature du Directeur
Financier
et du fournisseur. Au dos de la facture sont mentionnés
quatre (04) différents
cachets.
1er cachet: Certifie le service fait avec la
mention du numéro de la prise en
charge;
2ème cachet : vu, bon à payer;
3ème cachet: vu, vérifié et
liquidé avec la mention de la dépense en lettre, le
titre du budget et le compte d'où il est imputé;
4ème cachet : la mention du crédit
avec:
- le crédit alloué
- les dépenses effectuées (montant en chiffre)
- le crédit disponible.
149
IV.4.3.2.2-Phase d'ordonnancement des dépenses
L'ordonnancement se définit comme l'acte administratif
par lequel l'ordre est donné par le Président du Conseil
Général au Payeur du département de payer la dette. Cette
phase s'effectue par la transmission du mandat au Président après
que le Secrétaire Général du département les ait
visés. Le Président, après vérification, signe les
mandats, les bordereaux d'émission et les factures qui sont en trois
(03) exemplaires et accompagnés d'un certificat administratif montrant
que la dépense a été effectivement engagée.
Les mandats, les factures et les bordereaux signés,
sont retransmis au Directeur des Services Financiers pour le dispatching.
Les différents exemplaires sont repartis comme suit:
- un (01) mandat et une photocopie de la facture à la
Direction Financière;
- deux (02) mandats, la facture originale et une photocopie
à transmettre à la Paierie ainsi que les trois (03) exemplaires
du bordereau d'émission.
IV.4.3.2.3-Phase de paiement des dépenses
Les mandats et bordereaux d'émission sont transmis
à la Paierie.
L'agent du service de la comptabilité des
collectivités territoriales dès
réception des mandats, exerce les contrôles
ci-après :
- la qualité de l'ordonnateur;
- la disponibilité du crédit;
- l'exacte imputation de la dépense;
- la régularité des pièces comptables.
150
IV.4.3.2.3.1-Prise en charge
Il y a trois (03) phases de prises en charge des
dépenses.
La première phase est la prise en charge
budgétaire où l'agent du service comptabilité des
collectivités territoriales procède à la prise en charge
budgétaire sur le livre auxiliaire des dépenses (CT02) par compte
et par barre. La deuxième phase est la prise en charge
extra-comptable.
Elle se fait sur le bordereau d'émission des mandats
(CT20) dans la « partie réservée au payeur
départemental» et dans la partie « contrôle des prises
en charges ». Et enfin, la troisième phase qui est la prise en
charge comptable. Celle-ci se fait sur le grand livre centralisateur (CT01).
S'il s'agit d'une dépense de fonctionnement, elle est
passée au :
Débit classe 6 Crédit du compte de tiers
CL6 CL4
S'il s'agit d'une dépense d'investissement, pour les
dépenses non individualisées sur le CT01, elle est passée
au :
Débit classe 09 Crédit Compte de tiers classe 4
CL 09 CL 04
IV.4.3.2.3.2-Paiement
L'agent du service comptabilité « Etat»
établit le chèque ou les virements au vu de la main levée,
de la situation fiscale, de la pièce d'identité du réel
bénéficiaire en cours de validité, après retenue
à la source de 10% sur les factures soumises à l'impôt
synthétique et 15% sur les baux administratifs sauf celles des
carburants.
Il procède ensuite à la comptabilisation du
paiement en comptabilité ASTER ou Etat. Il sert le T29. La
comptabilisation se fait comme suit:
- Paiement sans retenu sur facture
43 515.2
- Paiement avec retenu sur facture
43 390.302 515.2
(10% ou 15%)
151
Les mandats sont, par la suite, transmis au service de la
comptabilité des collectivités territoriales. L'agent de ce
service établit une fiche de liaison dépense (CT 100) au compte
de tiers indiqué et procède à la comptabilisation de
l'opération au (CT 01).
152
- Paiement des salaires
Débit compte de tiers, Classe 04 Crédit
compte 560 de la collectivité
Compte de tiers CL 4 560
- Investissement
Débit compte 4690 Crédit compte 560 de la
collectivité
4690 560
- Mandat antérieur à la gestion
Débit compte 4691 Crédit compte 560 de la
collectivité
Compte 4691 560
L'agent de ce service procède enfin au classement des
mandats de paiement de la journée par compte.
153
IV.4.3.2.4- Motifs de rejet d'une dépense par le
payeur
Une dépense peut être rejetée par le
payeur si :
- elle ne figure pas au programme triennal;
- l'intitulé n'est pas conforme à ce qui est
prévu au programme triennal;
- le montant ne correspond pas à ce qui est
prévu au programme triennal;
- il y a insuffisance de pièces justificatives.
NB : Au niveau des
travaux d'investissement, les paiements se font par décompte. Sur chaque
décompte une retenue de garantie de 07% est prélevée.
Cette retenue de garantie est remboursable sur un délai de six (06) mois
si des défaillances n'ont pas été constatées dans
les travaux.
La procédure d'élaboration et d'exécution
du budget du Conseil Général de Dimbokro suit une
procédure reconnue des structures décentralisées en
Côte d'Ivoire.
Au-delà de cette procédure d'élaboration
de son budget, le Conseil Général de Dimbokro s'est fixé
des objectifs en vue de l'amélioration des conditions de vie de sa
population.
Les objectifs que cette structure s'est assignée pour
sa population ont été présentés dans les lignes qui
suivent.
154
IV.5-OBJECTIFS DU CONSEIL GENERAL DE DIMBOKRO
Les Conseils Généraux ont été
créés pour le développement des départements et
donc interviennent dans le cadre de la loi n°2003-208 du 07 Juillet 2003
portant transfert et répartition de compétences aux
collectivités territoriales.
Le séminaire organisé par le Conseil
Général de Dimbokro en collaboration avec le cabinet CAFIC et CO
en Juillet 2003 a permis de tracer les grands axes d'un programme d'insertion
des jeunes et des femmes.
Ce programme était inscrit dans le cadre d'une nouvelle
approche stratégique du développement du département qui
se voulait une démarche réaliste et pragmatique avec pour point
focal, la création de richesses à tous les niveaux à
partir d'une organisation rationnelle, d'un renforcement permanent des
capacités et d'une prise de conscience collective.
Pour ce faire, l'on s'est donné pour objectif
primordial la création de la richesse à tous les niveaux,
c'est-à-dire la production et la commercialisation de biens et services
à même de générer des revenus conséquents
pouvant permettre à la population de satisfaire ses besoins
essentiels.
Ce qui suscitera l'épanouissement des jeunes à
travers des actions de développement endogènes dans un
environnement et un cadre de vie attrayant. Il devra constituer le creuset
d'une nouvelle dynamique de développement du département avec la
participation effective de toutes les composantes de la société
et ce, dans un élan de solidarité, d'union et de
fraternité pour lutter ensemble contre la misère et la
pauvreté59.
Cette approche s'est articulée autour d'un certain
nombre de points ou d'objectifs à partir desquels le Conseil
Général de Dimbokro entend mener les actions de
développement.
59Conseil Général de Dimbokro et CAFIC
et CO (Juillet 2003), programme d'insertion socio-économique des
jeunes du Département de Dimbokro, page 05.
155
Il s'agissait entre autre d'une nouvelle orientation de la
politique agricole vers de nouvelles spéculations, le
développement de l'entreprenariat et de la promotion du secteur
informel.
Ses objectifs concernaient le développement de
l'épargne pour accéder aux crédits et autres appuis
financiers, la promotion de l'esprit coopératif à tous les
niveaux et la promotion du cadre de vie et des infrastructures60.
Selon les propos du directeur de Cabinet du Président
du Conseil Général de Dimbokro, il s'agissait de réaliser
ou d'aider à réaliser un certain nombre de projets.
Des projets d'infrastructures socio-économiques
(adduction en eau potable, ouverture et reprofilage de routes,
électrification et aussi dans le domaine éducatif (construction
d'établissements secondaires et des écoles primaires en milieu
rural) sont à réalisés.
Le volet sanitaire tel que la construction des centres de
santé et l'équipement des centres de santé dans les
villages, le renforcement du plateau technique du CHR de Dimbokro était
aussi envisagé.
En outre, des projets de développement de la production
et du commerce (aide à la production et à la commercialisation
des vivriers, soutiens technique et financier des coopératives de
production et initiation de nouvelles cultures génératrices de
revenu) étaient prévus61.
Les objectifs du Conseil Général de Dimbokro
s'inscrivaient dans la dynamique du développement local.
Néanmoins, il ya lieu de s'interroger sur les stratégies locales
de participation de la population de Dimbokro lors de la traduction de ces
objectifs en actions de développement.
Autrement dit, il s'agissait de définir et d'analyser
la place occupée par la population locale dans l'élaboration, la
mise en oeuvre et le suivi-évaluation des projets de
développement.
60 Conseil Général de Dimbokro et CAFIC et CO
(Juillet 2003), op.cit., page 6-16.
61 Extrait de l'entretien du 05 Juillet 2010 avec le Directeur du
Cabinet du Président du Conseil Général de Dimbokro
156
Conclusion partielle
Cette présentation du terrain et de l'objet
d'investigation, nous a permis de passer en revue le Conseil
Général de Dimbokro dans son organisation et son fonctionnement
ainsi que les objectifs qu'il s'est assigné pour l'amélioration
des conditions de vie de la population.
Elle nous a permis aussi d'avoir un aperçu des
infrastructures socio-économiques et culturelles qui existaient avant
que la structuration de la décentralisation en Côte d'Ivoire
n'aboutisse aux Conseils Généraux en Juillet 2002. Ces acquis,
qui non seulement sont devenus vétustes, semblent être
insuffisants pour la population qui a évolué depuis le
recensement de 1998. La population de Dimbokro est estimée à 122.
544 (Projections INS, 2012). Ainsi, de nouveaux besoins se sont ajoutés
à ceux exprimés par les populations dans les années 1960
et 1980.
Certes, les objectifs du Conseil Général de
Dimbokro étaient supposés apporter le mieux-être à
sa population. Or, le développement local par la décentralisation
suppose la participation des populations au processus de leur
développement.
L'analyse des différentes données recueillies
sur le terrain nous a permis d'avoir un éclairage sur les actions de
développement entreprises par le Conseil Général de
Dimbokro.
Cette rubrique a été aussi l'occasion d'analyser
l'appréciation de ces actions par la population locale, les rapports
sociaux qui se construisent autour du développement du
département de Dimbokro et surtout d'analyser la participation de
celle-ci à son développement.
La partie du travail qui suit; la troisième partie a
été réservée à l'analyse et à
l'interprétation des données de l'enquête. Cette analyse
s'est faite en quatre chapitres.
157
Le chapitre cinq a reposé sur l'analyse du profil
sociologique des enquêtés (sexe et âge, niveau d'instruction
et profession) ainsi que leur connaissance du développement local et du
rôle d'une structure décentralisée.
Quant au chapitre six, il a été le cadre
réservé pour dégager la politique et la
matérialisation des projets de développement dans le
département de Dimbokro.
Au chapitre sept, il a été question de la
participation de la population de Dimbokro à son développement.
Les stratégies locales de participation au développement, les
canaux de communication utilisés et les rapports sociaux construits
autour du développement ont constitué l'ossature de ce chapitre.
Les éventuels obstacles à la participation de la population de
Dimbokro à son développement ont été
élucidés au chapitre huit.
Enfin, le chapitre neuf a fait l'exposé de quelques
stratégies et perspectives d'amélioration de la
décentralisation pour le développement local.
ANALYSE ET INTERPRETATION
DES DONNEES
TROISIEME PARTIE
158
159
Chapitre V : PROFIL SOCIOLOGIQUE DES ENQUETES ET
CONNAISSANCES DIVERSES
V.1- PROFIL SOCIOLOGIQUE DES ENQUETES
V.1.1- Sexe et âge
Tableau n° 11 : Répartition
des enquêtés selon le sexe et l'âge
Sexe Age
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
15-19
|
05
|
02,63
|
08
|
04,21
|
13
|
06,84
|
20-24
|
06
|
03,16
|
09
|
04,74
|
15
|
07,90
|
25-29
|
05
|
02,63
|
10
|
05,26
|
15
|
07,89
|
30-34
|
08
|
04,21
|
08
|
04,21
|
16
|
08,42
|
35-39
|
10
|
05,26
|
10
|
05,26
|
20
|
10,52
|
40-44
|
09
|
04,74
|
08
|
04,21
|
17
|
08,95
|
45-49
|
09
|
04,74
|
20
|
10,53
|
29
|
15,26
|
50-54
|
10
|
05,26
|
15
|
07,89
|
25
|
13,16
|
55-59
|
07
|
03,69
|
12
|
06,32
|
19
|
10,01
|
60-64
|
05
|
02,63
|
05
|
02,63
|
10
|
05,26
|
65 et plus
|
04
|
02,10
|
07
|
03,69
|
11
|
05,79
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100
|
Source : Enquête de terrain, 2010-2012.
Les données du tableau n°11, ci-dessus ont
porté sur le sexe et l'âge des enquêtés. L'âge
des enquêtés variait de 15 à 65 ans et plus, réparti
en tranches d'âge révolu de cinq ans.
La tranche d'âge la plus importante numériquement
était celle de 45 à 49 ans, qui représentait 15,26% des
enquêtés ; suivie des tranches d'âge de 50 à 54 ans,
35 à 39 ans, 55 à 59 ans, 40 à 44 ans, 30 à 34, 20
à 24 ans et 25 à 29 ans qui représentaient respectivement
13,16 % ; 10,52% ; 10,01% ; 08,95% ; 08,42 ; 07,90% et 7,89%.
160
Les tranches d'âge 15 à 19 ans, 60 à 64 et
65 et plus, représentaient respectivement 6,84% ; 5,26% et 5,79% des
enquêtés.
L'un des atouts de développement d'une région
est l'ensemble des ressources naturelles et humaines qu'elle dispose.
Autrement dit, le développement serait fonction au
niveau des ressources humaines de la qualité de la main-d'oeuvre
(âge et aptitude).
Or, les résultats de notre enquête nous ont
révélé que les tranches d'âge 45 à 49 ans, 50
à 54 ans, 55 à 59 ans, qui représentaient (38,43%) des
enquêtés constituent la force de travail actuel du
département de Dimbokro.
Cet état de fait a mis en exergue l'exode de la
population vers d'autres régions (Fresco, Soubré) encore propices
à la culture du binôme café-cacao et pose ainsi la
problématique de l'existence des "bras valides" capables de booster le
développement de ce département.
Même si selon un des responsables de l'ANADER de la zone
de Dimbokro, quelques personnes ont fait leur retour dans leur localité
d'origine avec l'introduction de nouvelles spéculations telles que
l'hévéa, l'anacarde et l'apiculture. Ce retour semble être
encore timide.
En effet, selon les économistes, l'abondance des "bras
valides" dans une société constitue un capital humain important
pour le développement socio-économique.
C'est ce qui constitue l'espoir de développement des
pays en voie de développement. Ainsi, afin de favoriser le retour
à la terre des populations dans leur localité d'origine, il
serait nécessaire d'établir des plans stratégiques de
développement et spécifiquement pour le département de
Dimbokro.
Il va s'agir de mettre à exécution le plan
stratégique de développement établi avec le concours de
l'ANADER depuis un certain temps62 tout en définissant les
spéculations susceptibles d'intéresser la population, favoriser
leur écoulement et garantir un meilleur prix de vente.
62 Extrait de l'entretien du 09 Janvier 2013 avec un des
responsables de l'ANADER, zone de Dimbokro.
161
V.1.2- Niveau d'instruction
Tableau n° 12 : Répartition
des enquêtés selon le niveau d'instruction
Sexes Niveau
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Analphabète
|
36
|
18,95
|
45
|
23,68
|
81
|
42, 63
|
Primaire
|
14
|
07,37
|
30
|
15,79
|
44
|
23,16
|
Secondaire
|
10
|
05,26
|
20
|
10,53
|
30
|
15,79
|
Supérieur
|
08
|
4,21
|
10
|
05,26
|
18
|
09,47
|
Alphabétisé
|
10
|
5,26
|
07
|
03,69
|
17
|
08, 95
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100
|
Source : Enquête de terrain, 2010-2012.
Les données du tableau n°13, ci-dessus ont
révélé que la majorité des individus
enquêtés étaient analphabètes et
représentaient 42,63% des répondants ; suivis de ceux qui avaient
le niveau d'étude primaire, 23,16% ; ensuite viennent ceux qui avaient
le niveau secondaire, 15,79%.
Le niveau d'instruction le moins représenté est
celui du supérieur (09,47%). Les personnes ayant été
alphabétisés représentaient 08,95% des
enquêtés.
En effet, l'analphabétisme de la population
d'enquête nécessite qu'un certain nombre de mesures soient
prises.
L'analphabétisme semble constituer un frein à la
participation de la population au développement dans la mesure où
celle-ci a quelques difficultés pour saisir les messages
véhiculés autour du développement local et y
répondre favorablement.
Ce faible niveau d'instruction pourrait conduire à un
manque ou à une carence dans la maîtrise de l'information. Il
s'agit là d'une compétence que les responsables locaux doivent
acquérir afin de mieux affiner leurs prises de décisions,
notamment celles qui impactent sur le fonctionnement des affaires locales.
162
En effet, disposer d'un minimum de savoir lire et
écrire, constitue le principal canal d'accès à certaines
informations clés dans le processus de gestion des affaires locales
(Amadou DIOP, 2008 : 206).
Une des conséquences de cette situation est que la
population pourrait se sentir moins concernée par les actions de
développement, si des efforts ne sont pas faits pour l'intégrer
au processus de développement local à travers
l'alphabétisation (simple ou fonctionnelle) pour qu'elle maîtrise
les différents processus des projets de développement.
La formation revêt une importance majeure dans la prise
en compte des trois dimensions environnementale, sociale, et économique
du développement durable.
L'éducation en vue du développement durable vise
donc à doter chaque individu des capacités qui lui permettront de
participer activement à la construction de l'avenir en assumant ses
responsabilités.
Le concept de l'«Education en vue du Développement
Durable» (EDD) a été présenté pour la
première fois au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992, au
chapitre 36 de l'Agenda 21. Puis, lors du sommet mondial sur le
développement durable, organisé à Johannesburg en 2002, il
a été décidé d'intégrer le
développement durable à tous les niveaux du système
éducatif 63. L'apprentissage de la lecture et de
l'écrire est un processus de conquête de l'autonomie et une
condition essentielle du développement et de la
santé64. Néanmoins, cette situation pourrait trouver
un début de solution par l'usage de la communication, surtout
grâce aux émissions de sensibilisation en langues locales sur les
ondes de la radio locale et aussi grâce à des sensibilisations de
proximité.
63Extrait de l'article 121 du plan de mise en oeuvre
du sommet de Johannesburg.
64Extrait du message du Secrétaire
Général des Nations Unies, M. Ban Ki-Moon, à l'occasion de
la journée internationale de l'alphabétisation du 08 Septembre
2010.
163
V.1.3- Occupation professionnelle
Tableau n°13 : Répartition
des enquêtés selon la profession
Sexes
Professions
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Planteurs et cultivateurs
|
22
|
11,58
|
58
|
30,53
|
80
|
42,11
|
Commerçants
|
24
|
12,64
|
16
|
08,42
|
40
|
21,06
|
Artisans
|
22
|
11,58
|
18
|
09,47
|
40
|
21,05
|
Opérateurs économiques
|
05
|
02,63
|
10
|
05,26
|
15
|
07,89
|
Eleveurs
|
05
|
02,63
|
10
|
05,26
|
15
|
07,89
|
Total
|
78
|
41,06
|
112
|
58,94
|
190
|
100
|
Source : Enquêtes de terrain, 2010-2012.
Les données du tableau n°14, ci-dessus ont
porté sur la profession ou l'activité principale des
enquêtés. Ces données ont révélé que
la majeure partie des enquêtés a comme activité principale
l'agriculture, à savoir les planteurs ou cultivateurs
représentant 42,11% des enquêtés, suivie des
commerçants qui représentaient 21,06% ; ensuite viennent les
artisans avec 21,05%.
Cette proportion suivie de celles des opérateurs
économiques et éleveurs avec qui représentaient
respectivement 07, 89% et 07,89%.
Les activités dominantes de nos enquêtés
étaient donc dans les secteurs primaire et tertiaire traduisant ainsi la
dominance de l'agriculture et du commerce sur les autres activités.
C'est par conséquent, dans ces domaines qu'il faut
apporter le soutien nécessaire à la population locale sans
toutefois ignorer les autres secteurs d'activités.
Autrement dit, les occupations diverses des populations
doivent êtes planifiées dans le sens de leur donner des
orientations, des opportunités pour mieux accroître leur
entreprise.
Certes, la culture du binôme café-cacao ne
connaît plus le même rendement comme dans les années 1960,
mais d'autres spéculations telles que l'anacarde sont susceptibles de
redonner l'"espoir " à la population du département de
Dimbokro.
En effet, la présence d'OLAM IVOIRE à Dimbokro
augure d'un meilleur lendemain. Cette unité industrielle qui transforme
environ 5000 tonnes/an d'anacarde, soit 5% de la production
nationale65 doit être un facteur d'encouragement de la
population à faire des plantations d'anacardiers.
Ce parcours du profil sociologique des enquêtés,
nous a conduit à l'analyse de leur connaissance du développement
local et du rôle d'une structure décentralisée.
164
65
http://www.agriculture.gouv.ci,
consulté le 09 Mars 2012 à 21 H 35 mn.
165
V.2-CONNAISSANCES DIVERSES
V.2.1- Connaissance du développement local
Tableau n°14 : Répartition
des enquêtés selon leur connaissance du développement
local
Sexes Rôles
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Amélioration des conditions de vie
|
20
|
10,53
|
20
|
10,53
|
40
|
23, 69
|
Appropriation des projets de Développement par la
population locale
|
38
|
20
|
65
|
34,21
|
103
|
52, 63
|
Effort de tous pour le développement local
|
14
|
07,37
|
20
|
10,53
|
34
|
17, 89
|
Sans réponse
|
06
|
03,15
|
07
|
3,68
|
13
|
05, 79
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquêtes de terrain 2010-2012.
Les données du tableau n°14, ci-dessus ont
montré comment les enquêtés appréhendent le
développement local.
Ainsi, pour 52,63% des enquêtés, le
développement local est une appropriation des projets de
développement par la population locale.
Pour 23,69% des enquêtés, parler du
développement local c'est contribuer à l'amélioration des
conditions de vie de la population.
L'effort de tous pour le développement est le sens que
donnent 17,89% des enquêtés au développement local.
Enfin, 13 personnes soit 05,70% des enquêtés n'ont
pas trouvé de réponse à cette question.
166
Pour les responsables d'associations et mutuelles de
développement, ainsi que pour la notabilité de certains villages
; le développement local « est un développement qui
intègre les acteurs locaux, leur savoir-faire dans les projets de
développement ».
En regroupant les différentes définitions du
développement local données par les enquêtés, nous
obtenons 94,21% des répondants.
Leur réponse montre qu'ils ont une connaissance
appréciable du développement local dans le sens de (Sebahara
PAMPHILE, 2000).
Pour PAMPHILE, en effet, le développement local est
« un processus consistant à mobiliser les énergies de
tous les acteurs locaux en vue de la promotion économique, sociale et
culturelle d'un territoire ».
Autrement dit, c'est un processus qui vise la participation
des acteurs avec pour finalité, l'amélioration des conditions de
vie des habitants d'une zone déterminée.
A ce niveau, nous pouvons conclure que la majorité des
enquêtés ont une idée précise du
développement local. Par conséquent, ils sont capables de situer
leur responsabilité dans le développement local et ce qu'ils
attendent dans ce domaine.
Par ailleurs, l'analyse a aussi concerné leur
connaissance du rôle d'une structure décentralisée.
167
V.2.2- Rôle d'une structure
décentralisée
Tableau n°15 : Répartition
des enquêtés selon leur définition du rôle d'une
structure décentralisée.
Sexes Rôles
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Chercher des financements
|
25
|
13,16
|
20
|
10,53
|
45
|
23, 69
|
Aider et faire participer la population locale à
son développement
|
35
|
18,42
|
65
|
34,21
|
100
|
52, 63
|
Accorder des subventions à certaines personnes
|
14
|
07,36
|
20
|
10,53
|
34
|
17, 89
|
Sans réponse
|
04
|
02,11
|
07
|
03,68
|
11
|
05, 79
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain 2010-2012.
Les données du tableau n°15, ci-dessus ont
montré que pour 52,63% des enquêtés, le rôle d'une
structure décentralisée est d'aider et faire participer la
population locale à son développement. Pour 23, 69%, elle est
chargée de la recherche de financement. L'octroi des subventions
à certaines personnes pour la réalisation d'activités est
le rôle qu'assignent 17,89% des enquêtés à une
structure décentralisée. Enfin, 5,79% des enquêtés
n'ont pas trouvé de réponse à la question.
Pour les responsables d'associations et mutuelles de
développement, ainsi que pour la notabilité de certains villages;
« le rôle d'une structure décentralisée est
d'aider au développement local grâce à une implication des
populations à leur développement ».
Même si 52,63% des enquêtés, y compris les
responsables d'associations et mutuelles de développement, ainsi que la
notabilité de certains villages connaissent le véritable
rôle d'une structure décentralisée, 41,58% des
168
enquêtés ont une connaissance approximative de
cette structure et 05,79% des enquêtés ignorent son rôle.
En effet, pour mieux adhérer à la politique de
développement d'une structure de développement et participer
à ses actions, le premier niveau est de connaître
véritablement la structure, ses domaines d'intervention, ses forces et
faiblesses.
Le deuxième niveau serait la participation de la
population aux actions de développement.
La vulgarisation d'une structure décentralisée
est donc l'affaire des élus locaux qui doivent communiquer sur la
structure et ses actions.
En effet, l'information et la communication sont essentielles
à un développement agricole et rural durable.
Des investissements dans les systèmes d'information
ruraux peuvent permettre d'accroître les niveaux des connaissances et des
compétences de gestion des agriculteurs.
Ainsi, pour susciter une prise de conscience, diffuser des
informations, partager des données d'expérience, modifier les
attitudes et perfectionner les compétences, des processus de
communication et d'apprentissage sont indispensables.
Si les nouvelles technologies de l'information et de la
communication (NTIC) se propagent rapidement dans de nombreux pays en
développement, l'infrastructure des télécommunications de
base demeure pour le moment déficiente.
Cela doit être corrigé en dotant les structures
décentralisées de système de communications pour la
vulgarisation des actions de développement.
Au-delà de la connaissance que les
enquêtés ont du développement local et du rôle d'une
structure décentralisée, il a été important de
connaître les projets et politique de développement définis
et adoptés par le Conseil Général de Dimbokro pour sa
population.
169
Autrement dit, il a s'agi, à partir des projets de
développement, de mettre en exergue les actions réalisées
pour l'amélioration des conditions de vie de la population du
département de Dimbokro.
L'appréciation par la population des actions de
développement entreprises a été l'objet d'analyse.
170
Chapitre VI : POLITIQUE ET MATERIALISATION DES PROJETS
DE DEVELOPPEMENT
VI.1- POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT
Pour le Conseil Général de Dimbokro, il faut
amener la population à l'autonomie financière. Et ce, à
travers la formation professionnelle pour avoir une capacité en vue de
l'exercice d'un emploi, à la création de micro-projets
générateurs de revenus. Cette politique de développement
se voulait ouverte non seulement à toutes les structures de
développement du département mais aussi et surtout sur
l'extérieur.
VI.1.1-Initiation à l'autonomie
financière
VI.1.1.1-Formation professionnelle
Apprendre un métier requiert à terme des
opportunités de travail et l'on peut à partir de la formation
reçue s'installer à son propre compte.
C'est pourquoi le Conseil Général en
collaboration avec le Cabinet Africain de Formation en Ingénierie
Conseil et Commerce (CAFIC et CO) s'était engagé à la
formation professionnelle des jeunes du département.
Les filières tertiaire et technique ont
été les deux principales options qui s'offraient aux jeunes
(filles comme garçons).
De 2004 à 2005, trois cent (300) parmi eux ont
bénéficié d'une formation d'opérateurs de saisie,
de maintenance informatique, de caissier, d'agent de pharmacie, tandis que
trente autres se sont formés en électricité, en plomberie,
en mécanique auto, en menuiserie, et en maçonnerie. Cette
promotion, libérée au terme de six (06) mois de formation, se
donne des moyens pour son insertion socio-professionnelle. Comme prévu
dans le programme d'insertion socio-économique des jeunes du
département, le Conseil Général de Dimbokro a prévu
aider ces jeunes à s'installer.
171
C'est pour cela qu'il a été demandé aux
personnes formées de se regrouper par spécialité dans la
perspective de leur octroyer des financements afin de leur permettre de
s'installer à leur propre compte.
Et un échéancier assez souple de remboursement
des fonds alloués leur a été proposé.
Cela doit pouvoir se réaliser en pratique puisque bon
nombre des personnes formées n'ont pas encore pu s'insérer dans
la vie professionnelle.
VI.1.1.2-Création de micro-projets
Suite logique de la formation professionnelle, le Conseil
Général avec ses partenaires dans le but d'inciter les jeunes du
département de Dimbokro à l'auto-emploi, a fait un
dépôt de garantie de 10 millions de francs CFA auprès de la
Coopérative d'Epargne et de Crédit (COOPEC) en vue du financement
effectif des projets en faveur des jeunes. Ainsi près de 200 jeunes
ont-ils bénéficié de prêts allant de 200 à
500 mille Francs CFA.
Ceux-ci se sont lancés soit dans le commerce, soit dans
l'agriculture.
Si le volet agricole a essuyé les affres climatiques et
pluviométriques, le volet commercial a été plus ou moins
reluisant malgré la crise économique.
Les bénéficiaires du fonds qui se sont
lancés dans le commerce de friperie, de produits cosmétiques, du
vivrier, de la restauration, d'articles divers de boutique ont pu s'en sortir
avec quelques bénéfices leur permettant de rembourser le
prêt en dépit des difficultés de respect des
échéances mensuelles, fixées entre 15.000 F CFA et 25.000
F CFA, et donc jugées parfois trop lourdes pour des débutants en
affaire.
L'un de nos enquêtés, une dame, qui a pu
rembourser le prêt sollicité s'est réjouie en ses termes,
« c'était difficile, mais j'ai pu rembourser doucement le
prêt sollicité et je compte même monter un autre dossier
pour une autre sollicitation financière »66.
66 Extrait de l'enquête de terrain, 2010.
172
A Dimbokro, la faiblesse du pouvoir d'achat constitue un
problème dans le domaine du commerce.
Le revenu annuel par tête d'habitant est passé de
157.000F CFA en 1990 à 50.000F CFA en 2000 et à 30.000F CFA en
200367.
Et seuls, les fonctionnaires et dans la moindre mesure les
élèves constituent les consommateurs potentiels dont il faut
tenir compte dans sa politique commerciale en termes de besoins. Toute
tentative ou initiation d'affaires ne prenant pas en considération les
habitudes de consommation de cette frange de la population, semble être
vouée à l'échec.
Par ailleurs, pour plus d'ouverture et de possibilité
de financement, le Conseil Général de Dimbokro a encouragé
l'institution de la Caisse d'Epargne et de Crédit de Dimbokro (CECD)
dont l'objectif était d'éduquer à l'épargne afin
d'aboutir à une indépendance économique, sociale et
professionnelle.
Autrement dit, cette structure s'est chargée de la
promotion des actions de développement par le financement des
micro-projets à travers les micro-crédits.
Par ailleurs, quinze (15) jeunes, soutenus par le Conseil
Général se sont fait former en élevage de volaille.
Si le Conseil Général de Dimbokro, dans sa
politique de lutte contre la pauvreté et/ou du développement,
recherchait l'autonomie financière des jeunes à travers la
formation professionnelle et la création de micro-projets, il a fait de
la collaboration une de ses stratégies de développement.
67 Conseil Général de Dimbokro et CAFIC et CO
(Juillet 2003), Programme d'insertion socio-économique des jeunes du
Département de Dimbokro, page 02.
173
VI.1.2-Collaboration avec des structures de
développement
La décentralisation qui donne aux élus locaux
les compétences et les moyens nécessaires au développement
départemental et/ou régional n'occulte en aucun moment la
collaboration.
En effet, pour mieux participer au développement du
département de Dimbokro, peuplé de 81.158 habitants (RGPH, 1998),
l'association pour atteindre cet objectif s'avérait être
important.
Le Conseil Général de Dimbokro entretenait pour
ce faire des rapports de collaboration, d'information, de consultation et
d'échange de points de vue sur certains dossiers communs avec les
structures telles que la Mairie, la Préfecture, la
Sous-préfecture, la Direction Générale du Trésor et
de la Comptabilité Publique, l'ANADER. Au niveau des associations et
groupements coopératifs du département, il leur apportait
assistance et aide.
Afin d'atteindre le point focal de la nouvelle politique de
développement du département de Dimbokro, le Conseil
Général consultait les associations de développement et
surtout leur apportait son soutien lorsque la nécessité
s'imposait. C'est le cas de l'association BEKANSSI68 qui a
bénéficié du soutien du Conseil Général lors
de la mise sur pied de sa ferme avicole.
En effet, un forage de 80 mètres de profondeur,
estimé à près de huit (08) millions de francs CFA a
été réalisé grâce à l'appui du Conseil
Général pour permettre aux femmes regroupées en
association de mener à bien leurs activités.
Par ailleurs, des réunions et consultations ont
été entreprises par le Directeur du Développement Humain
dudit Conseil en vue d'apporter les directives et conseils nécessaires
aux associations de développement de tout genre (les associations
d'entraide, de lutte contre la pauvreté, de la protection
68 BEKANSSI : vocable en baoulé qui signifie ; on parle et
je passe. Autrement dit, lorsque certaines personnes s'évertuent
à critiquer leur prochain, moi, je travaille, je cherche à
évoluer.
174
et de l'entretien de l'environnement).
En témoigne, la réunion du Comité de
Pilotage de l'Environnement du Jeudi 09 Novembre 2006 convoqué par le
Conseil Général de Dimbokro et regroupant le Maire de la commune
de Dimbokro, le Président de l'Union des Jeunes de la Commune de
Dimbokro (UJCODI), les responsables des associations, et ONG d'environnement,
un représentant de l'Institut National d'Hygiène Publique et bien
d'autres personnes.
Aussi, le Conseil Général était en
collaboration, pour le volet de la formation professionnelle, avec le cabinet
CAFIC et CO, sur qui il s'est appuyé à travers une convention de
partenariat afin d'entreprendre des actions en faveur des jeunes et des
femmes.
Cette convention de partenariat a aussi concerné la
formation des jeunes du département dans les domaines de plomberie,
menuiserie, électricité, maçonnerie.
Par ailleurs, l'Agence Nationale d'Appui au
Développement Rural (ANADER), spécialiste du monde rural, a
été et est un partenaire privilégié du Conseil
Général de Dimbokro dans le processus d'amélioration des
conditions de vie de la population du département de Dimbokro.
Ainsi, le 11 Mai 2006, une convention de partenariat a
été signée entre l'ANADER et le Conseil
Général de Dimbokro. A ce titre, l'ANADER a conduit un Projet
pilote d'Appui de Création d'Exploitations Agricoles (PACEA).
Cette convention, qui a pris fin en 2008, a concerné
quatre villages: Kangrassou-Yebouebo, Kangrassou-Abrizuenouan, Kadjabo et
Bassa-Yébouessou. Trente-sept (37) exploitants ont été
touchés par ce projet.
175
Dans ce domaine, les actions déjà entreprises
étaient les suivantes :
- création de 47 hectares d'anacarde;
- mise en place de 42 hectares d'ignames dont la production de
2006 à 2007 était de 216,35 tonnes et 54.075 tonnes ont
été commercialisées pour un chiffre d'affaire de 4.412.170
F CFA ;
- pose de 174 ruches piège pour l'apiculture;
- 08 poulaillers construits69.
Pour ce projet, l'ANADER a demandé à la
population de faire les parcelles d'anacarde en y mettant de l'igname pour la
première année et de l'arachide la deuxième année
afin de disposer d'un peu de revenu jusqu'à la production de l'anacarde.
Elle a souhaité, en effet, que ce projet porteur d'espoir
s'étende progressivement à tous les villages du
département.
Entre autres actions dont l'ANADER a participé à
leur réalisation, étaient l'élaboration du projet de la
mise en valeur des 22 retenues d'eau que contient le département pour
les cultures maraîchères qui a été
déposé au FDFP, la rédaction du Plan Stratégique de
Développement Local et la co-rédaction de la Proposition de Plan
de Développement Agricole du département avec le
représentant du Conseil Général de Dimbokro (Patrice
N'GORAN).
Tous ces projets et plans de développement doivent
connaître leur exécution car leur réalisation effective et
efficace pourrait aider la population de Dimbokro dans son développement
économique et social.
En outre, l'ANADER poursuit la formation des groupements
coopératifs aux techniques culturales, d'élevage et
d'organisation avec le soutien du Conseil Général Dimbokro.
69 ANADER, zone de Dimbokro (Mai 2008), Projet d'Appui
à la Création d'Exploitation (PACEA), Dimbokro, ANADER, page
3.
176
Dans cette même perspective, le Conseil
Général Dimbokro a apporté son soutien financier aux
centres d'alphabétisation qui oeuvrent à leur manière au
développement local et à la lutte contre la pauvreté en
donnant l'opportunité à certaines personnes de savoir lire et
écrire en vue d'être plus efficace dans leur domaine
d'activités.
A cet effet, le centre d'alphabétisation de l'Eglise
Saint Joseph de Dimbokro a bénéficié de la part du Conseil
Général un soutien financier à hauteur de 700.000 F CFA en
2007 et de 500.000 FCFA en 2008.
Mais malheureusement, ce centre n'a pas pu
bénéficier de l'apport du Conseil Général pendant
ces deux dernières années pour insuffisance de moyens financiers.
Alors que ce centre joue un rôle important dans la relève
économique du département de Dimbokro.
Même si les responsables de ce centre ont
apprécié l'aide à leur apporter par le Conseil
Général de Dimbokro, leur souhait c'est de pouvoir chaque
année bénéficier de cet appui financier.
C'est ce qu'a signifié la responsable dudit centre :
« nous sommes satisfaits de cette aide mais elle est insuffisante pour
tout ce que nous avons à faire. C'est pour cela que nous souhaitons que
le Conseil Général de Dimbokro continue de nous apporter son
appui financier et technique »70.
En effet, les ressources financières du centre
proviennent de la somme de 7.000 F CFA par an demandée à toute
personne désireuse d'aller y apprendre et complétées par
des éventuels dons. Cette somme représente les frais de
scolarisation et elle sert à intéresser les enseignants et
à acquérir les fournitures, cahiers et autres
éléments nécessaires pour la formation.
Depuis la création dudit centre en 1990, environ 2.500
personnes ont été formées et y sont sorties. Les plus
jeunes ont intégré le circuit normal et ont poursuivit les
études au secondaire.
70 Extrait de l'entretien du 23 Juin 2010 avec deux responsables
du centre d'alphabétisation de l'Eglise Catholique Saint Joseph de
Dimbokro.
177
Les personnes formées dans les activités telles
que la cordonnerie, la menuiserie se sont mieux insérées dans la
vie professionnelle et ont une
meilleure gestion de leur activité. Par ailleurs, le
rôle du centre va au-delà de leur apprendre à lire et
à écrire. Il maintient le contact avec celles-ci en leur
prodiguant des conseils pour la réalisation de leur
projet71.
Par ailleurs, le Conseil Général collabore avec
la Mairie, structure décentralisée de l'Etat, qui lui apporte son
soutien.
Ainsi dans les activités scolaires et sportives, le
Conseil Général de Dimbokro et la Mairie s'accordent pour le
mieux-être de la population.
A la question de savoir quel devrait être le type de
relation entre toutes les structures qui interviennent dans le
développement économique et social du département de
Dimbokro, le Maire de la commune de Dimbokro a signifié que toutes les
structures de développement doivent travailler en collaboration.
Pour lui, « étant donné que toutes les
structures qui oeuvrent pour le développement ont le même objectif
qui est celui du mieux-être de la
population; elles doivent avoir le souci du
développement dans une attitude de compréhension et de
collaboration» (Entretien individuel, Maire de Dimbokro).
Dans ce domaine, la radio "la voix du N'Zi
", situé dans la cours de la Mairie contribue à la
sensibilisation de la population au sujet du développement local.
Des émissions sur l'agriculture y sont faites en vue de
sensibiliser la population sur les techniques culturales.
En somme, la Mairie et le Conseil Général de
Dimbokro essaient d'intensifier leur relation pour participer au
développement du département de Dimbokro.
71Extrait de l'entretien du 23 Juin 2010 avec deux
responsables du centre d'alphabétisation de l'Eglise Catholique Saint
Joseph de Dimbokro.
178
VI.1.3-Partenariat
Le développement local embrasse beaucoup de domaines et
par conséquent fait appel à d'autres compétences ou
expertises afin de pouvoir atteindre les objectifs.
A ce niveau, le principal partenaire du Conseil
Général de Dimbokro est l'ANADER, structure étatique qui
oeuvre pour le développement rural.
En vue d'attirer les partenaires nationaux et internationaux,
le Conseil Général de Dimbokro s'est fait établir, avec
l'appui de l'ANADER un Plan Stratégique de Développement Local
(PSDL). Ce document est une sorte de "miroir" pour le Conseil dans sa
quête de partenaires extérieurs.
Ce qui reste, c'est la mise à exécution de ce plan
stratégique.
L'appui extérieur a été obtenu
auprès de la Force Licorne qui a participé à la
réhabilitation des écoles primaires publiques de Troumanbo,
Djangokro, et l'achèvement de la cantine de l'EPP Kadjabo.
Le Conseil Général de Dimbokro a mis en
exécution, depuis 2003, une nouvelle approche stratégique de
développement du département de Dimbokro à travers la
réalisation de certaines actions.
VI.2-MATERIALISATION DES PROJETS DE DEVELOPPEMENT
VI.2.1- Au niveau du fonctionnement du Conseil
Général
Pour rendre plus fonctionnel le Conseil Général
de Dimbokro, il y a eu des réalisations telles que la construction du
siège à Dimbokro, la construction des résidences du
payeur, du secrétaire général et du gardien du
siège, les études et suivis de projets, la dotation en
véhicules de commandement et de liaison l'achat et/ou réparation
d'autres engins. Il y a eu enfin l'équipement des différents
bureaux.
En effet, la construction du siège du Conseil
Général de Dimbokro a nécessité une enveloppe de
258.871.487 FCFA, selon le Président du Conseil Général de
Dimbokro. Il poursuit en affirmant que « pour impulser le
développement, le département de Dimbokro a besoin de partenaires
extérieurs et cette édifice permettra d'attirer ceux-ci
»72.
Photo n°1 : Siège du Conseil
Général de Dimbokro.
La devanture
L'arrière plan
Source: Cliché Isaac KOUAKOU, enquête de
terrain 2010.
179
72 Extrait de l'entretien réalisé par N'Dri
Célestin, correspondant de Fraternité Matin/Régions et
tourisme du Mardi 20 Décembre 2005 - Cahier gratuit N°77.
180
VI. 2.2-Infrastructures routières
Les travaux effectués dans le domaine des routes et
transports ont concerné le reprofilage (lourd et léger), le
traitement de points critiques et la construction de ponts, de
dalots73 et/ou pose de buses74.
Pour désenclaver certains villages du
département, environ 3000 kilomètres de routes ont
été réhabilitées.
Cette priorité accordée aux routes était
d'apporter l'appui nécessaire à la production agricole pour
favoriser l'acheminement des récoltes à Dimbokro en vue de leur
commercialisation.
Malgré cet effort, des actions dans le domaine des
infrastructures routières restent à réaliser, comme en
témoigne la voie d'accès au village de Wawrenou. Cette voie est
impraticable pendant les saisons des pluies.
Photo n°2 : Voie d'accès au
village de Wawrenou.
Source: Cliché Isaac KOUAKOU, enquête de
terrain 2010.
73 Petits canaux situés sous la route, pour permettre
l'écoulement des eaux.
74 Gros tuyaux que l'on pose à des endroits précis
afin de permettre à l'eau d'écouler sans compromettre
l'état des routes.
181
VI.2.3- An niveau de la santé
La construction des centres de santé, des logements du
personnel soignant et l'équipement des bureaux et/ou résidences
en mobiliers, matériels et fournitures et en matériels
biomédicaux ont constitué l'essentiel des actions du Conseil
Général de Dimbokro.
Cela a été perceptible à travers la
construction des centres de santé de Langba, Bocabo, N'Dayakro et
Trianikro.
A cela s'est ajouté la construction de trois (03)
logements de quatre pièces chacun pour les sages-femmes et infirmiers
dans les villages de Bocabo, Trianikro, N'Dayakro et Langba.
Le Conseil Général de Dimbokro a
contribué à la construction du logement de l'infirmier
d'Agnéré Koffikro à hauteur de deux millions et
l'équipement des centres de santé de Langba, N'Dayakro,
Kouakou-Ebinikro et Tangoumansou.
Dans ce domaine, il a été noté la
réhabilitation et l'équipement de la maternité du CHR de
Dimbokro en collaboration avec le FNUAP, la réhabilitation de la PMI de
Komikro et les actions de dépistage volontaire du SIDA et de vaccination
populaire avec l'ONG espagnole ARCO-IRIS.
Le centre de santé de Langba est l'exemple des actions
sanitaires entreprises par le Conseil Général de Dimbokro.
182
Photo n°3 : Centre de santé
de Langba
Source : Archives du Conseil Général de
Dimbokro, enquête de terrain 2010. VI.2.4-Au niveau de
l'éducation
Le Conseil Général de Dimbokro a
consacré, dans ce domaine, ses actions à la construction de
logements de maîtres, de classes avec ou sans bureaux, à la
réhabilitation de classes avec ou sans bureaux et à
l'équipement en tables-bancs et autres meubles.
A cet effet, des écoles primaires de trois classes
chacune avec des bureaux ont été réalisées dans
certains villages tels que Bendèkro, Koguina, Kouakou Lékikro,
Tano-Akakro, Angouakoukro, Wawrènou, Aman Pokoukro, Soungassi,
Ebimolossou, Agnéré-Koffikro.
La construction de cinq logements de quatre pièces
chacun pour les maîtres a été également
réalisée dans les villages de Kadjabo, Koguina, Angan-Konankro,
Kouakou Lékikro, Agnéré-Koffikro, Abigui, Tano-Akakro et
de Wawrènou.
Par ailleurs, le Conseil Général a
réhabilité des bâtiments au Lycée Moderne de
Dimbokro, des écoles primaires publiques à Trianikro, Kadjabo,
Langba et Agnéré-Koffikro.
La photo ci-dessous témoigne des actions du Conseil
Général de Dimbokro au niveau de l'éducation.
Photo n°4 : Foyer du Lycée
Moderne de Dimbokro.
183
Source: Cliché Isaac KOUAKOU, enquête de
terrain 2010.
184
VI.2.5- Au niveau de l'électrification et de
l'adduction
en eau potable
Le Conseil Général Dimbokro a investi pour
l'électrification et/ou la réhabilitation des installations dans
sa localité. Entre autres actions, nous avons l'électrification
des villages de Nofou, Krokokro et Bocabo.
Les villages de Kangrassou Alluibo,
Agnéré-Koffikro, Trianikro ont bénéficié de
l'extension et/ou renforcement du réseau électrique.
Les investissements en eau potable ont été la
réalisation de l'hydraulique villageoise améliorée (HVA),
de forages, de pompes à motricité humaine et la réparation
de forages et/ou pompes.
Dans ce domaine, plus de 34 forages ont été
réalisés avec la réhabilitation de certains en
défaillance dans des villages.
Le village de Nofou a bénéficié
spécifiquement d'un système d'Hydraulique Villageoise
Améliorée (HVA).
Le village de Kangrassou-Alluibo a, quant à lui,
bénéficié du soutien du Conseil Général de
Dimbokro pour l'obtention de son système d'Hydraulique Villageoise
Améliorée (HVA).
VI.2.6- Au niveau de l'agriculture et du commerce
C'est la création de plantations et/ou projets
agricoles et de commerce qui ont constitué l'essentiel des actions
à ce niveau.
Des actions ont ainsi été menées en
collaboration avec l'ANADER de Dimbokro.
Ainsi, le Projet d'Appui à la création
d'Exploitation Agricole (PACEA) a été initié et a
concerné 40 jeunes de 04 villages (Kangrassou-Yobouebo ;
Kangrassou-Mbrizouénouan ; Kadjabo ; Bassa Yobouessou), soit 10 jeunes
par village et a duré de trois (03) ans.
Ce projet a permis de réaliser 37 hectares d'anacarde.
185
La production de l'igname a procuré un revenu annuel
moyen de 58.000 F CFA par exploitant la première campagne et de 61.000F
CFA la deuxième campagne. Ce qui équivaut à un quart (1/4)
de la production commercialisée. Le reste de la production a servi
à l'auto-consommation et à la bouture.
Par contre deux-tiers (2/3) de la production de
l'arachide ont été vendues pour un revenu annuel de près
de 42.000 F CFA.
Quant à l'apiculture, les résultats
étaient porteurs d'espoir pour ces jeunes exploitants et onze
exploitants se sont partagé 228.000 F CFA pour les premières
récoltes75.
Pour le commerce, il a s'agi de l'octroi de prêt allant
de 200.000 F CFA à 500.000 F CFA à près de 200 demandeurs
pour leurs activités génératrices de revenu.
Ainsi, dame Yao DJE, qui a bénéficié de
ce prêt à hauteur de 500.000 F CFA s'était exprimé
en ses propos : « avec le prêt qui m'a été
accordé, j'ai pu renflouer ma boutique. Malgré les
difficultés, j'ai a pu rembourser totalement ce prêt.
C'était parfois très dur de respecter les échéances
parce que les gens n'ont plus d'argent. En réalité, ce projet m'a
permis de rebondir quelque peu »76.
Par ailleurs, en vue de la mise en valeur des 22 retenues
d'eau que contient le département de Dimbokro pour les cultures
maraîchères, l'ANADER a rédigé un projet et
déposé au FDFP.
Elle a de même rédigé le Plan
Stratégique de Développement Local et co-rédigé la
proposition de plan de développement agricole du département avec
le représentant du Conseil Général de Dimbokro (Patrice
N'GORAN)77.
Il est nécessaire de mettre à exécution
ces plans conçus pour le développement de Dimbokro.
75 ANADER, zone de Dimbokro (Mai 2008), Projet d'Appui
à la Création de l'Exploitations Agricoles (PACEA),
Dimbokro, ANADER, page 4.
76 Extrait Fraternité Matin du Mardi 20 Décembre
2005, Cahier gratuit, n°77 et confirmé par l'entretien de terrain
2010.
77 Extrait de l'entretien du 08 Juillet 2010 avec un des agents
de l'ANADER, zone de Dimbokro.
186
VI.2.7- Au niveau de la sécurité
La sécurité n'était pas en reste dans les
préoccupations du Conseil Général de Dimbokro. Ainsi un
don de radios de communication pour une valeur de 15 millions de francs CFA et
d'un véhicule de type "4x4 " a été offert pour le
renforcement des interventions des Forces de Défense et de
Sécurité sur le terrain. Bien d'autres soutiens ont
été accordés à ceux-ci notamment en carburant et en
denrées alimentaires.
Par ailleurs, le Conseil Général de Dimbokro a
accordé près de 10 millions de francs CFA à la jeunesse et
aux femmes en vue de la création d'activités
génératrices de revenus.
Autant d'efforts de réalisations au
bénéfice des populations et surtout des jeunes car il s'agissait
pour le Conseil Général de leur offrir le maximum de
commodités, d'épanouissement moral et matériel en vue de
les maintenir dans les villages.
L'objectif final étant de créer la richesse
à partir du programme d'insertion socio-économique pour
réduire la pauvreté, et freiner de ce fait l'exode rural dont le
poids se faisait sentir au fil des années sur le territoire
départemental de Dimbokro.
Les différentes actions sus-mentionnées ont
été réalisées dans le but d'apporter un
mieux-être à la population du département de Dimbokro.
Selon Marc MOUTOUSSE « Toute politique de
développement doit avoir comme objectif principal la satisfaction des
besoins essentiels c'est-à-dire ceux dont la satisfaction est
nécessaire pour la survie (besoin physiologique: alimentation,
habituellement) et les services de base (santé, éducation,
assainissement, transport, adduction en eau potable). Ces besoins dits
essentiels, ont trois caractéristiques: ils sont universels,
quantifiables, et leur satisfaction à des effets positifs sur la
croissance.
187
C'est pour cela qu'ils doivent être des
préalables à toute politique de développement
»78.
Cette vision du développement définie par Marc
MOUTOUSSE semblait être la politique de développement
adoptée par le Conseil Général de Dimbokro. En effet, sa
politique de formation professionnelle, de création de micro-projets et
de soutien financier étaient des projets, qui à terme,
permettraient d'aboutir à l'autonomie financière de la population
de Dimbokro.
Il s'agissait de donner à la population elle-même
l'opportunité de participer au développement.
Par ailleurs, le fait de s'associer avec l'ANADER, structure
spécialisée dans le développement rural, s'inscrivait dans
un système de rapports nécessaires pour le développement
local. Car, cette entreprise exige la mobilisation de ressources
financière, matérielle, humaine.
Le soutien qu'apporte le responsable agricole du Conseil
Général de Dimbokro à la population, dans l'orientation
à l'apiculture semble capter l'intérêt d'une frange de la
population du département de Dimbokro.
Il est donc souhaitable de continuer sur cette base en
intégrant davantage les populations à leur propre
développement.
Cet examen des activités a révélé
que cette institution ne manquait pas d'arguments pour participer au
développement économique et social de sa population, mais comment
celle-ci a apprécié les actions réalisées et
quelles étaient ses attentes en matière de
développement?
78 Marc MOUTOUSSE (1990), Théorie du
développement, Paris, Bréal, Page 160.
188
VI.3- PERCEPTION ET ATTENTES DE LA POPULATION
VI.3.1- Appréciation des actions de développement
Tableau n°16 : Répartition
des enquêtés selon leur appréciation des actions de
développement entreprises.
Sexes
Types de relations
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Suffisantes
|
04
|
2,10
|
02
|
1,06
|
06
|
03,16
|
Insuffisantes
|
50
|
26,32
|
80
|
42,10
|
130
|
68,42
|
Moyennes
|
24
|
12,63
|
30
|
15,79
|
54
|
28,42
|
Total
|
78
|
41,04
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain 2010-2012.
Il ressort des données du tableau n°16 ci-dessus
que 68,42% des enquêtés affirment que les actions de
développement entreprises sont insuffisantes.
Pour 28,42% des enquêtés, ces actions sont
moyennes. Enfin, seulement 03,16% des enquêtés disent que ces
actions sont suffisantes.
« Il faut dire que le Conseil Général
de Dimbokro s'est engagé dans l'amélioration des conditions de
vie de sa population mais il s'est trouvé en face des difficultés
telles que l'insuffisance des moyens financiers. En face donc des nombreux
besoins de la population, ses actions restent encore insuffisantes ».
(Entretien collectif, responsables d'associations et mutuelles de
développement).
Pour les chefs de villages interviewés, « les
actions réalisées sont insuffisantes au vue des nombreux besoins
des populations ».
189
La réalité dans le département de
Dimbokro est que les besoins en développement sont énormes.
En effet, passer d'une région faisant partie de la boucle
du cacao à la situation actuelle dans laquelle est plongée la
population semble préoccupant. Les infrastructures
socio-économiques existantes sont devenues vétustes et les
besoins dans ce domaine sont sans cesse croissants.
Des routes sont de plus en plus impraticables, des villages
demeurent sans école ni électrification ni eau potable. La
couverture sanitaire du département de Dimbokro est de même
très insuffisante face aux besoins en santé des populations. Nos
enquêtés reconnaissent certes l'effort de développement
fait par le Conseil Général de Dimbokro de 2002 à 2010,
mais celles-ci sont et demeurent pour le moment en deçà des
attentes de la population.
Par ailleurs, pour ceux-ci la fermeture de l'unité
industrielle UTEXI a aggravé les difficultés
socio-économiques de la région dans la mesure où cette
fermeture a provoqué des nouveaux pauvres79 qui sont venus
s'ajouter aux autres.
Face à ce tableau, les actions entreprises par le
Conseil Général de Dimbokro sont comme " une goutte d'eau dans la
mer" qui ne sauraient être suffisants pour une population qui pourrait
être estimée à près de 90.000 habitants.
Dans cette optique, il a été nécessaire
de mettre en exergue les attentes de la population de Dimbokro en
matière de développement.
79La pauvreté nouvelle est la forme de
pauvreté que la Banque Mondiale désigne « the new
poor». C'est une forme de pauvreté due le plus souvent à une
rupture du niveau des revenus. Les caractéristiques de l'organisation
sociale et les mutations politico-économiques sont porteuses de cette
forme de pauvreté. Elle naît des événements qui
prennent des proportions et produisent des conséquences qui auraient
été moindres dans un autre contexte. Comme l'expliquent RIDDEL et
ROBINSON, «les nouveaux pauvres sont ceux qui étaient au-dessus
de la ligne de pauvreté mais qui depuis un certain temps ont rejoint le
rang des pauvres en raison d'une récession économique ou des
programmes d'ajustements structurels ».
190
VI.3.2- Attentes de la population
VI.3.2.1-Au niveau socio-économique et
éducatif
Tableau n°17: Attentes des
enquêtés en matière de développement
Sexes Attentes
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Activités socio- économiques
|
35
|
18,42
|
67
|
35,27
|
102
|
53,69
|
Organisation et soutien technique à la production
agricole
|
20
|
10,53
|
25
|
13,15
|
45
|
23,68
|
Education
|
23
|
12,10
|
20
|
10,53
|
43
|
22, 63
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain 2010-2012.
Les données du tableau n°17 ci-dessus ont
montré que 53,69% des enquêtés attendent que des
activités socio-économiques soient entreprises ; 23,68% parlent
de l'organisation et le soutien technique à la production agricole.
Le volet éducatif est évoqué par 22,63%
des enquêtés. Ceci concerne la construction d'écoles et/ou
des logements de maîtres et la réhabilitation de certaines
écoles et de leur équipement.
En effet, la situation financière est un des
problèmes majeurs de la population du département de Dimbokro;
c'est pour cela qu'elle souhaite que des investissements soient faits dans les
activités génératrices de revenus avec plus
d'objectivité et de rigueur dans l'octroi des fonds.
Un de nos enquêtés s'est exprimé en ces
termes: « je souhaite que les fonds accordés aux jeunes soient
relancés et surtout que ceux qui se sont lancés
déjà dans l'exercice d'une activité soient soutenus
financièrement, matériellement et techniquement
»80.
Les femmes productrices de manioc, d'aubergine, vendeuses de
bananes et d'attiéké voudraient bénéficier non
seulement de soutien financier mais aussi et surtout de soutien matériel
et technique; c'est-à-dire de disposer de véhicules pour
l'écoulement de leurs marchandises dans de meilleures conditions.
Elles souhaitent par ailleurs que le secteur de la
commercialisation des produits vivriers et de l'exportation de
l'attiéké au Burkina Faso soit mieux organisé.
« Nous avons besoins de soutien afin de tirer un
meilleur profit de notre activité. Ceci nécessite une meilleure
organisation pour la production en quantité de produits vivriers et leur
commercialisation» (Entretien collectif, Coopérative Centrale
de Vivriers de Dimbokro).
En effet, la Coopérative Centrale de Vivriers de
Dimbokro (CCVD) qui a reçu de l'Ambassade de la Chine une broyeuse de
manioc, produit en grande quantité de l'attiéké, un des
dérivés du manioc qu'elle exporte au Burkina Faso.
Les femmes de cette association occupent trois wagons par
semaines pour exporter leurs marchandises. Cependant, celles-ci, dans
l'exercice de cette activité sont confrontées à des
problèmes.
Elles connaissent peu et presque pas leurs partenaires
commerciaux du Burkina Faso.
191
80Extrait de l'entretien de terrain, 2012.
192
Elles livrent une bonne partie de leur attiéké
à crédit aux clients burkinabés, ainsi plusieurs
créances demeurent irrécouvrées. De fois, ces colis
s'égarent lors du transport par la SITARAIL81.
La satisfaction pour tout producteur de vivriers est de
pouvoir écouler sa production.
Au contraire, l'insatisfaction est liée aux
différents gaspillages et pertes de la production par faute de moyens de
transport et/ou de tracasseries routières. Situation qui a pour
corolaire le découragement et donc empêchant d'atteindre les
objectifs de développement.
Si la population du département de Dimbokro
apprécie les actions entreprises telles que l'électrification,
les forages, la construction des centres de santé, des écoles
dans les villages comme en ville; elle manifeste tout de même le souhait
de voir l'unité industrielle, l'UTEXI réouvrir ses portes.
« A défaut de créer des
activités génératrices de revenus, il faut songer à
la réouverture de l'unité industrielle (UTEXI) afin
d'alléger les charges de la plupart des femmes qui s'occupent en grande
partie des charges de leur famille» (Entretien collectif,
Coopérative Centrale de Vivriers de Dimbokro). Selon les femmes que nous
avons interrogées, depuis la fermeture de l'UTEXI, ce sont elles qui
s'occupent de leur famille.
En d'autres termes, ce sont elles qui supportent les charges
familiales82.
Quant aux hommes qui sont obligés de faire des
reconversions professionnelles, non sans difficulté, souhaitent
également la réouverture de cette usine.
« En tout cas, depuis la fermeture de l'UTEXI, nous
souffrons parce que le pouvoir d'achat est devenu très faible »
souligne cet enquêté qui se montre optimiste pour ses
projets.
81 Extrait de l'entretien du 08 Juillet 2010 avec un agent de
l'ANADER de Dimbokro, membre du comité de gestion de la broyeuse de
manioc.
82 Extrait de l'entretien du 27 Décembre 2012 avec la
Coopérative Centrale de Vivriers de Dimbokro.
193
Par ailleurs, lors de nos moments de stage, au Conseil
Général de Dimbokro, nous avons parcouru des courriers de demande
d'aide ou de prise en charge scolaire portant en majorité la signature
d'un ex-employé ou travailleur de cette unité industrielle;
mettant ainsi en lumière les difficultés de cette
catégorie de personnes.
En effet, pour le grand nombre de personnes que l'UTEXI
employait et se situant entre 900 et 920 personnes sans compter les journaliers
dont les élèves, sa réouverture pourrait relancer
l'économie de la région du N'Zi.
En effet, l'existence des écoles, des centres de
santé, de l'électricité dans certains villages engendre
des dépenses additionnelles auxquelles la population doit pouvoir faire
face. Tout ceci doit se faire avec la participation de la population à
tout processus d'actions pour son mieux-être.
Cette préoccupation de la population doit
nécessairement être traduite en action, car il est
nécessaire que cette population puisse avoir les moyens financiers pour
le paiement des frais de scolarité, de consultation et autres besoins
quotidiens qui occasionnent des dépenses.
Dans cette perspective, la présence à Dimbokro
de l'unité industrielle indienne "OLAM" spécialisée dans
le traitement et le conditionnement des fruits de l'anacarde, depuis les pommes
jusqu'aux amandes, contribue à améliorer les conditions de vie de
la gente féminine.
Selon les propos du chef de zone-ANADER de Dimbokro, la
population doit pouvoir rechercher son épanouissement, son
développement dans d'autres domaines d'activités. Il souligne
qu'il existe encore des opportunités de développement à
Dimbokro à travers la culture de l'anacarde, les cultures annuelles
telles que le manioc, le riz, l'igname, la banane plantain et surtout les
cultures maraîchères dont la tomate, l'aubergine, le
gombo83.
C'est dans cette optique que 23,68% des enquêtés
évoquent le fait de pouvoir bénéficier de formation en
technique agricole.
83 Extrait de l'entretien du 08 Juillet 2010 avec le chef de
zone-ANADER de Dimbokro.
194
La majorité de la population s'adonnant aux
activités agricoles, des actions doivent donc être menées
dans ce sens afin de permettre à la population d'accroître sa
production.
Le développement de ce secteur nécessite la
planification des formations aux techniques culturales à l'endroit des
regroupements des populations.
Il faudra aussi des appuis financiers, la négociation
de l'achat des marchandises à des prix raisonnables, l'entretien des
routes et des facilités d'écoulement des marchandises.
Ceci doit se faire dans un dynamisme de rapports sociaux avec
pour objectif l'amélioration des conditions de vie de la population.
Le volet éducatif est certes en pleine évolution
dans la région du N'Zi en général et en particulier
à Dimbokro. Cela se justifie par la présence, que ce soit en zone
urbaine ou rurale, des établissements publics ou privés.
Dans ce domaine, des actions ont été
réalisées mais il y a encore des infrastructures
éducatives à construire puisque bon nombre de villages n'en
disposent pas encore. Aussi, certaines de ces infrastructures
méritent d'être réhabilitées et
équipées. C'est à juste titre que 43 personnes soit 22,
63% des enquêtés souhaitent la poursuite des actions en
matière d'éducation.
Sans toutefois oublier la réhabilitation de celles qui
sont actuellement dans une situation de vétusté.
Par contre, les personnes du milieu rural qui ont pour
principale activité la culture du vivrier, attendent, des structures
décentralisées, des formations en alphabétisation
fonctionnelle et une organisation efficiente du secteur de la commercialisation
de la banane, de l'attiéké.
Ce qui leur permettra de mieux suivre leur production, de
maîtriser les techniques culturales, les aléas climatiques, en vue
d'une meilleure production et par conséquent tirer un meilleur profit de
leurs activités.
195
Ce souhait est partagé par les femmes regroupées en
associations, et vendeuses de bananes, d'attiéké, de fournitures
scolaires et d'articles divers. En effet, savoir s'exprimer en français,
calculer les prix des marchandises vendues et discuter avec le client sans
problème sont les bases que cette catégorie de personnes voudrait
avoir ou du moins bénéficier.
Selon la Conférence Internationale sur l'Education des
Adultes (CONINTEA), qui s'est tenue du 14 au 18 Juillet 1997 à Hambourg
en Allemagne, l'alphabétisation est « l'acquisition des
connaissances et des compétences de base (de lecture et
d'écriture) dont chacun a besoin dans un monde en évolution et un
droit fondamental de la personne humaine ».
Dans cette perspective, l'alphabétisation fonctionnelle
doit être une urgence dans la mesure où certaines populations
enquêtées sont analphabètes. Or, l'analphabétisme se
pose comme un frein au développement.
Une de nos enquêtés, Présidente d'une
Association dénommée TABITHA, qui a chaque rentrée
scolaire, fait la vente des fournitures scolaires a si bien mentionné
l'importance de donner aux femmes qu'elle dirige les bases pour l'exercice de
cette activité.
Elle le souligne ainsi: « notre souhait est d'aider
les femmes en leur donnant l'opportunité de vendre nos articles et de
bénéficier d'un petit revenu pour s'occuper de leur famille, mais
parfois elles se sentent frustrées de ne pas pouvoir bien le faire en
face d'un client qui ne parle que le français alors qu'elles s'expriment
qu'en baoulé84».
Une personne qui n'est plus analphabète est
définie comme une personne qui a acquis les connaissances et
compétences indispensables à l'exercice de toutes les
activités. Ainsi, à travers l'alphabétisation, celle-ci
est capable de jouer efficacement un rôle dans son groupe et sa
communauté et dont les résultats atteints en lecture, en
écriture et en arithmétique sont tels qu'ils lui permettent de
continuer à mettre ces aptitudes au service de son
84 Extrait de l'entretien du terrain du 20 Décembre
2010.
développement propre et du développement de la
communauté et de participer activement à la vie de sa nation.
Ainsi, l'alphabétisation devient un moyen, un outil au
service du développement économique.
Elle est un levier d'actions pour l'amélioration du
mieux-être des populations. En effet, la connaissance de tous les
contours de l'activité que l'on exerce permet d'être
épanouit et d'en tirer un meilleur profit. Raison pour laquelle la
nécessité d'une alphabétisation fonctionnelle doit
être une réalité car cela participerait à une prise
de conscience collective et un engagement total à rechercher les voies
et moyens pour se prendre en charge.
Ces attentes ne pourront être traduites en actions de
développement qu'en intégrant la population à toutes les
initiatives de développement.
Par ailleurs, des besoins au niveau de la santé ont
été exprimés par les enquêtés.
VI.3.2.2-Au niveau sanitaire
Tableau n°18 : Répartition
des enquêtés selon les besoins sanitaires exprimés
Sexes
Besoins exprimés
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VA
|
VA
|
VA
|
VA
|
VR
|
Construction et équipement des centres de
santé
|
45
|
23,68
|
67
|
35,27
|
112
|
58, 95
|
Augmentation du personnel soignant et du
plateau technique
|
33
|
17,37
|
45
|
23,68
|
78
|
41,05
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain 2010-2012.
196
Les données du tableau n°18 ci-dessus ont mis en
exergue un aperçu
197
des besoins sanitaires exprimés par les
enquêtés. La construction et équipement des centres de
santé est le besoin exprimé par 58,95% des
enquêtés.
Pour 41,05% des enquêtés, il faut augmenter le
personnel soignant et le plateau technique.
« On dit souvent que la santé avant toute
chose, nos besoins en santé restent énormes. En plus du fait que
certains villages sont encore éloignés des centres de
santé, il y a l'insuffisance du personnel soignant. Raison pour
laquelle, il faut une augmentation à tous les niveaux »
(Entretien collectif, responsables d'associations et mutuelles de
développement).
Ces différents besoins exprimés mettent en
exergue le souhait de la population de bénéficier d'un
mieux-être en ayant recours aux centres de santé les plus proches
et donc de l'importance de la santé dans le développement.
Au regard des ratios du District sanitaire du
département de Dimbokro et surtout de la couverture sanitaire dudit
département, beaucoup reste à faire dans ce domaine.
De plus en plus, le milieu du développement
considère la santé comme une partie intégrante du
développement humain. La santé est une condition essentielle de
l'épanouissement d'une population et un des facteurs clés du
développement d'un pays.
La déclaration de Rio sur l'environnement et le
développement affirmait en 1992 en son premier principe que "les
êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au
développement durable. Ils ont droit à une vie saine et
productive en harmonie avec la nature".
Dans cette optique, le programme d'actions Agenda 21
qui a suivi la conférence de Rio s'est fixé cinq
objectifs prioritaires en matière de santé publique, tels que la
satisfaction des besoins en matière de soins de santé primaires
et la lutte contre les maladies transmissibles.
198
Ces dispositions prennent en compte la protection des groupes
vulnérables, la santé des populations urbaines et la
réduction des risques pour la santé occasionnés par la
pollution et les menaces écologiques.
Ces mesures mettent ainsi en lumière le rôle
important que joue la santé dans le développement aussi bien
international, national que local.
Dans le cadre du développement durable, la santé
est un objectif, mais également un préalable indispensable.
Il s'agit de procurer aux populations un bien-être
physique et moral satisfaisant, ainsi que de leur garantir des conditions
sanitaires qui leur permettent de contribuer aux activités productives
et au développement de leur société.
A contrario, tout manquement à l'état sanitaire
d'une population a des conséquences sur celle-ci, et donc, sur le
processus de développement.
Il se traduit par un écart important entre une demande
non satisfaite de services sanitaires et une offre de santé encore
faible. La demande de services sanitaires, peut être
appréciée à travers le nombre d'habitants et l'importance
du budget affecté à la santé.
On distingue ainsi une demande notionnelle, estimée
directement par une correspondance entre la taille de la population et ses
besoins sanitaires d'une part, entre une demande effective et la
capacité des populations à en supporter les implications
financières d'autre part.
L'écart entre les demandes notionnelle et effective
explique la précarité de l'état de santé des
populations; cette précarité se reflète, dans le
département de Dimbokro, à travers le niveau de l'offre de
services sanitaires, l'impact des problèmes de santé et
l'accessibilité aux services de santé.
La demande des ménages en infrastructures et services
sanitaires dépend de leurs revenus, du niveau de tarification de ces
services, ainsi que d'autres déterminants clés des
décisions des ménages, à savoir: le coût total
à supporter ainsi que la qualité des soins médicaux.
199
La politique gouvernementale en matière de santé
aura un impact d'autant plus significatif lorsqu'elle mettra l'accent sur
l'accessibilité de ces services et infrastructures.
L'impact des problèmes de santé sur la
productivité du travail, sur la pauvreté en particulier, et sur
le développement humain en général, est une donnée
importante dans la mesure de la performance d'une économie.
En effet, les absences au travail pour cause de maladie
peuvent être plus ou moins longues et affecter sérieusement la
production et les revenus des ménages.
D'une manière générale, la maladie peut
contribuer à appauvrir le ménage par l'imputation de ses revenus
(journée sans travail donc sans gain) mais aussi de son patrimoine
(vente de biens par nécessité pour soigner un malade) ou
s'opposer au développement humain.
L'accessibilité des services de santé qui permet
d'évaluer l'efficacité du système de santé renvoie
à la notion de proximité géographique et aux moyens
financiers des usagers pour faire face au coût du traitement qui inclut
le paiement des soins et du transport pour se rendre à la structure
souhaitée. Elle est appréhendée à travers la
distance parcourue ou le temps mis pour accéder à un service,
éléments déterminants de la fréquence des
visites.
Ainsi, la meilleure santé conditionne les actions de
développement.
En effet, avoir accès au centre de santé est un
pas vers la réduction de la pauvreté car être en bonne
santé permet de dégager l'énergie pour le travail qu'il
soit bureaucrate, domestique ou champêtre.
C'est pour cela que le Conseil Général de
Dimbokro doit de plus en plus intégrer la santé dans sa politique
de développement en continuant de construire et d'équiper des
centres de santé plus proches des populations.
Il s'agit de développer les programmes de santé
existants et entreprendre de nouveaux investissements dans la santé
publique, le renforcement des systèmes de santé et des ressources
humaines pour la santé.
200
Par ailleurs, il faut inscrire les stratégies
sanitaires au coeur des stratégies nationales de réduction de la
pauvreté et de développement.
L'investissement dans la santé est essentiel à
la productivité économique et au développement humain.
Amartya SEN (1999), économiste lauréat du prix
Nobel de 1998, propose une analyse plus précise reconnaissant que la
santé est essentielle au développement.
Il soutient que les pays à faible revenu devraient
recourir à des procédés pilotés par le soutien et
axés stratégiquement sur l'amélioration des soins de
santé, de l'éducation et d'autres programmes sociaux (SEN, 1999
).
La santé ne peut être considérée de
manière isolée. Elle est étroitement liée à
la qualité de l'environnement dans lequel les gens évoluent :
pour vivre en bonne santé, les êtres humains ont besoin
d'environnements sains.
Si le développement régional est défini
en termes d'emploi et d'augmentation de la qualité de vie, les services
de santé peuvent constituer un maillon de ce développement. Ils
devraient être considérés comme un investissement et non un
coût. Ainsi, en améliorant l'offre de soins,
particulièrement dans les régions, on peut améliorer les
conditions économiques de ces régions.
Le thème " services" de santé englobe un
ensemble d'activités susceptibles de favoriser le développement
économique non seulement en zone urbaine mais aussi dans les zones
rurales. Leur répartition est en effet différente de celle des
autres services de consommation.
Si certains services de santé doivent répondre
à la contrainte de proximité par rapport à leur
clientèle, d'autres services, spécialisés, ne sont pas
obligés de suivre la distribution de la population; des régions
moins peuplées ou périphériques mais
bénéficiant d'avantages climatiques ou d'un environnement rural
peuvent développer des services de santé
spécialisés.
201
On peut donc parler d'une fonction créatrice d'emplois
et entraînant un apport financier dans l'économie locale, ce qui
stimule la croissance économique grâce aux multiplicateurs
économiques.
A cet effet, nous considérons les services de
santé (des services hospitaliers aux activités pharmaceutiques)
comme des activités économiques « de base », car elles
sont non seulement exportables mais elles constituent aussi une réponse
à une demande extérieure.
Les services de santé ont ainsi un rôle à
jouer dans l'investissement local, dans la qualité de vie et ils
contribuent au processus de développement économique. Certains
services de santé influencent le niveau de développement
économique de régions où ils sont souvent le plus grand
employeur.
Ainsi, dans la définition du développement
régional en termes de création d'emplois et d'accroissement de la
qualité de vie, les services de santé sont une activité de
base qui contribue aux revenus locaux.
De là découle l'idée que les
dépenses, destinées à améliorer la qualité
des services de santé dans les régions, attireront d'autres
activités et augmenteront le niveau de développement
économique.
Au total, les politiques régionales de
développement doivent investir dans les services de santé dans la
mesure où ils se présentent comme des multiplicateurs
économiques.
Au delà des attentes de la population de Dimbokro en
matière de développement, comment participe-t-elle à son
développement.
202
Chapitre VII: PARTICIPATION DE LA POPULATION DE
DIMBOKRO AU DEVELOPPEMENT LOCAL
VII.1-MECANISMES DE PARTICIPATION
VII.1.1-Politique locale de participation au
développement Tableau n°19: Stratégies de participation de
la population au développement selon les enquêtés.
Sexes
Stratégies
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VA
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Regroupement de la population et sollicitation des
financements
|
40
|
21,05
|
55
|
28,95
|
95
|
50
|
Adhérer aux projets de développement mis en
place
|
25
|
13,16
|
31
|
16,32
|
56
|
29, 48
|
Retour à la terre en s'orientant vers les nouvelles
spéculations (anacarde, hévéa, palmier
à huile)
|
13
|
6,84
|
26
|
13,68
|
39
|
20, 52
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain 2010-2012.
Selon la population enquêtée, les
stratégies adoptées pour participer au développement sont
les suivantes :
- le regroupement de la population et sollicitation des
financements (50%) ;
- l'adhésion aux projets de développement mis en
place (29,48%) ;
- le retour à la terre en s'orientant vers les
nouvelles spéculations (anacarde, hévéa, palmier à
huile) est la stratégie exprimée par 20,52% des
enquêtés.
203
« Chacun essaie de participer au développement
de Dimbokro grâce à ses activités, à l'acceptation
d'y investir mais la manière la plus courante et plus productive est
notre regroupement en association.
Par exemple, notre association BEKANSSI a une broyeuse de
maniocs et une ferme avicole. Ces actions ont été possibles
grâce à notre union » (Entretien collectif, association
BEKANSSI de Sokouradjan).
« Les femmes de Dimbokro font assez d'effort pour
améliorer leurs conditions de vie à travers leurs
différentes activités. Elles ont besoin de soutien de tout genre
(matériel, technique et financier).
Nous nous efforçons, à travers une
organisation rigoureuse afin de bénéficier des
financements.
En matière de regroupement les femmes sont moins
retissantes que les hommes qui prennent pour argument leur appartenance
politique.
Or, il s'agit du développement et non une affaire
de politique. Il est temps que toute la population de tout bord politique
comprenne la nécessité du regroupement qui peut nous permettre le
redémarrage économique recherché » (Entretien
collectif, association des soeurs unies de Belleville (Dimbokro)).
« La meilleure manière de participer au
développement de Dimbokro est l'union de tous les fils et filles. Les
cadres peuvent aider à l'installation des unités industrielles,
certaines personnes peuvent faire leur retour à la terre car il y a des
spéculations telles que l'anacarde, l'hévéa, le palmier
à huile qui sont cultivables sur nos terres. Par ailleurs, les cultures
maraichères sont des opportunités de relance économique
». (Entretien collectif, chefs des villages).
Les différents regroupements de la population en vue de
pouvoir solliciter et bénéficier des financements pour leurs
activités sont exprimés par la moitié des
enquêtés (50%) et soutenus par les responsables des associations
et mutuelles de développement ainsi que par les chefs des villages
visités.
Avec l'évolution actuel des sociétés, le
regroupement donne non seulement aux adhérents de s'exprimer et
solliciter des soutiens que ne peut bénéficier une seule
personne.
Mais, en ce qui concerne le développement local,
l'adhésion aux différents projets de développement mis en
place (29,48%) est une manière de comprendre et de s'impliquer dans
l'amélioration des conditions de vie.
Enfin, et comme pour couronner les deux premiers
stratégies, il faut accepter de repartir sur de nouvelles bases
grâce à un retour à la terre en se tournant vers les
nouvelles spéculations (20,52%).
En somme, ces trois stratégies sont liées et
importantes pour que la population puisse participer à son
développement.
Comment se concrétise cela lors des prises de
décisions pour le développement?
VII.1.2-Participation aux prises de décisions
Tableau n°20: Participation de la
population aux prises de décisions selon les enquêtés.
Sexes
Participation
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VA
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Oui
|
20
|
10,53
|
60
|
31,57
|
80
|
42,10
|
Non
|
48
|
25,27
|
62
|
32,63
|
110
|
57,90
|
Total
|
78
|
35,80
|
112
|
64,20
|
190
|
100%
|
204
Source : Enquête de terrain, 2010-2012.
205
Il ressort des données du tableau n°20 que 57,90%
des enquêtés disent ne pas participer à la prise de
décision concernant les actions de développement de leur
localité ; ils représentent la plus forte proportion des
répondants.
Dans cette proportion, les femmes représentent 25,26%
de l'ensemble des enquêtés et les hommes 32,64%.
Par contre, 42,10% des répondants déclarent
participer à la prise de décision. Cette proportion est en
majorité représentée par les hommes, 31,58% de la
population à l'étude contre 10,52% seulement de femmes.
« Il s'agit des consultations pour connaître
nos besoins concernant le développement. Parfois, il arrive que nous
exprimons nos besoins par écrits que nous déposons au sein de la
structure décentralisée85 », tel est le
rôle que joue la population dans la prise de décision concernant
le développement local.
« Oh, disons que nous sommes parfois convoqués
par le responsable du développement humain ou le directeur de Cabinet du
Conseil Général de Dimbokro pour parler du développement;
il s'agit juste des informations sur les projets de développement
à réaliser ».
On peut dire que nous contribuons au développement
de notre localité; c'est vrai nous n'interviendrons pas du début
jusqu'à la fin des projets de développement mais la consultation
est l'occasion pour nous de donner notre avis sur le développement.
(Entretien collectif, responsables d'associations et mutuelles de
développement).
« En réalité, nous sommes parfois
informés des actions de développement à entreprendre dans
nos villages et nous en prenons acte. De fois, on nous demande au cours des
rencontres de faire connaître nos besoins.
C'est en quelque sorte notre manière de participer
au développement de Dimbokro» (Entretien collectif, chefs des
villages concernés).
85 Propos d'un des enquêtés pour justifier leur
rôle lors des prises de décisions, enquête de terrain
2012.
206
La consultation constitue certes le premier niveau de la
participation de la population au développement local, mais il est
nécessaire que celle-ci puisse participer aux autres phases (conception
et planification, réalisation, suivi et évaluation) de la mise en
oeuvre des projets de développement.
En effet, les citoyens et autres organisations de la
société civile font l'objet de peu d'appui et de formation
à même de leur permettre de comprendre et donc de participer
valablement au processus.
En outre, les populations disposent de peu de moyens de
contrôle et de suivi des décisions prises.
A cet effet, les collectivités
décentralisées territoriales devront consulter
régulièrement les populations, mieux les organiser et les
responsabiliser en vue d'une appropriation des actions de développement
initiées.
Dans cette perspective, les collectivités territoriales
devront veiller à la mise en place et au fonctionnement effectif et
régulier des commissions ainsi que des organes consultatifs
institués par la loi qui sont le comité économique et
social départemental et comité consultatif du District (Brou
Emile KOFFI, 2008 : 98).
Pour atteindre cet objectif, il faut une forte implication des
populations (populations locales, décideurs locaux, personnel de
l'administration locale) à la prise de décision mais aussi au
suivi et à l'évaluation des projets dont la vie dépend du
niveau d'implication des populations bénéficiaires.
Ainsi, le développement local et la gouvernance
territoriale fonctionneraient mieux si les acteurs prenaient en chargent toute
les modalités qui sous-tendent un développement
décentré et le volontarisme qui aurait dû en être le
levier. Les différents acteurs impliqués doivent s'inscrire sur
le chemin de sa traduction en réalité concrète et
engagée86.
86Amadou DIOP (2008), Développement local,
gouvernance territoriale: enjeux et perspectives, Paris, Karthala, page
8.
207
Il ne s'agit plus en effet, de tout concevoir et le
présenter aux populations, mais il est question de plus en plus de leur
donner les moyens nécessaires d'être les acteurs de leur
développement.
Suivant le principe de l'approche participative, les projets
de développement doivent répondre aux besoins et s'insérer
dans les valeurs des populations bénéficiaires.
Autrement dit, l'élaboration des actions de
développement doit passer par l'implication des populations
bénéficiaires, à l'effet de définir leurs besoins,
leurs priorités en matière de développement et les
politiques ou les stratégies à mettre en place pour y faire face.
Il s'agit, à travers ce principe, de mettre en oeuvre des dispositions
de développement adaptées et susceptibles de contribuer de
façon efficace au bien-être des populations
bénéficiaires.
Il est donc question de l'implication véritable des
membres des communautés d'accueil dans la mise en oeuvre des initiatives
de développement et non par un tiers. Ce principe suppose une
étroite implication des bénéficiaires à toutes les
étapes de la mise en oeuvre des actions de développement qui leur
sont destinées.
Il s'agit de les associer à l'identification, à
la réalisation, au suivi et à l'évaluation de toute action
de développement.
A cet effet, les membres des communautés d'accueil ne
seront plus de simples bénéficiaires des projets de
développement comme par le passé, mais des acteurs de leur
développement.
Pour ce faire, les entités décentralisées
devront consulter régulièrement les populations, mieux, les
organiser et les responsabiliser en vue d'une appropriation des actions de
développement initiées.
Dans cette perspective, ces entités devront mettre en
place des structures de démocratie participative, notamment par la
création d'une plateforme de collaboration regroupant l'ensemble des
forces vives locales (ONG, associations, mutuelles de développement,
secteur privé, syndicats, etc.).
208
Il s'agit là d'une stratégie de
développement rural s'appuyant sur des démarches pratiques
novatrices, de nature prospective, territoriale, expérimentale et
contractuelle.
Les structures décentralisées doivent s'atteler
à l'atteinte du principe de participation comme l'a souligné
l'assistant du Directeur Technique et des Moyens Généraux du
Conseil Général de Dimbokro : « il faut donner
l'opportunité à la population d'être de véritables
acteurs de développement en lui donnant des rôles
spécifiques à jouer ».
Il s'agit d'oeuvrer pour atteindre comme le souligne Jacques
VERON la dimension élargie du développement qui est
désormais « social (associée à la
réduction des inégalités, l'amélioration des
statuts), humain (tournée vers la santé et l'éducation des
populations) et durable (soucieux de la préservation de l'environnement)
»87.
A ce propos, André CARVALLO, Directeur du PNUD en
Côte d'Ivoire a souligné dans ses propos que "s'il est bien de
pouvoir satisfaire les besoins en nourriture d'une population ou d'un groupe
d'individus, aujourd'hui, il est encore mieux de donner à cette
population ou à ce groupe d'individus les moyens qu'il faut pour se
sortir durablement de la faim et de la pauvreté.88"
En somme, la population doit être impliquée du
début jusqu'à la fin des projets de développement au sens
où le perçoit (André DUMAS, 1983) à travers le
tableau de participation au projet de développement qu'il a
proposé.
87Jacques VERON, (1994), Population et
développement, Paris, PUF, Page 69.
88Extrait du discours du 17 Octobre 2007
d'André CARVALLO, Directeur du PNUD en Côte d'Ivoire, lors de la
4ème Journée Nationale de la lutte contre la pauvreté.
209
Tableau n°21 : Participation des
populations aux projets de développement selon André DUMAS.
Etapes
|
Participation des populations
concernées
|
Rôle des agents extérieurs (pouvoirs
publics, experts)
|
Conception
|
Prise de conscience
|
Information
|
Identification et inventaire des besoins
|
concertation
|
Mise en évidence des priorités et adaptation
du projet aux besoins
|
Etudes préliminaires et études des incidences
du projet
|
Mise en place d'un cadre institutionnel (organes de la
participation) et détermination des responsabilités
|
Participation éventuelle
|
Recherche des moyens (main-d'oeuvre, matériel
et financement)
|
Etudes techniques (montage technique et financier)
|
Réalisation
|
Mise en place du chantier (préparatifs,
construction)
|
Assistance technique
|
Fourniture de la main-d'oeuvre et des matériaux
|
Formation de la main- d'oeuvre, mobilisation
des ressources et fourniture et des matériaux
|
Exécution du projet
|
Assistance technique et contrôle de la
réalisation
|
Fonctionnement
|
Gestion du projet
|
Evaluation d'experts
|
Maintenance du projet (fonctionnement et entretien)
|
Assistance technique
|
Exploitation du projet (organisation des utilisateurs
et participation aux avantages et aux charges
|
Suivi du projet
|
Source : André DUMAS (1983), « participation
et projets de développement» in tiers-monde, tome 24,
n°95, pp. 513-536.
210
L'analyse du tableau de DUMAS fait ressortir l'importance de
la participation des populations du début à la fin de tout projet
de développement. Au niveau des trois phases (conception,
réalisation et fonctionnement) qu'il développe, les populations
ont un rôle bien déterminé à jouer. Elles sont donc
au "coeur" du projet et s'en approprient.
En effet, le développement n'est qu'une des formes du
changement social et ne peut être appréhendé isolement.
L'analyse des actions de développement et les réactions
populaires à ces actions ne peut être disjointe de l'étude
des dynamiques locales, des processus endogènes.
Les acteurs sociaux circulent sans cesse entre le registre
économique et le registre politique, sans parler du symbolisme, du
langage ou de la religion. Les pratiques et les représentations des
populations, face au changement en général comme face au
développement en particulier, mobilisent tous les registres possibles,
et aucun ne peut être à priori exclu ou disqualifié
d'avance, ni l'économique (avec les rapports de production et ses modes
d'action économiques), ni le politique (avec ses rapports de domination
et ses stratégies de pouvoir), ni le social, le symbolisme ou le
religieux (Jean-Pierre OLIVIER DE SARDAN, 1995 : 06 et 17).
Mettre les acteurs sociaux, au premier plan dans les projets
n'est pas un appel à la bonne volonté, ni un plaidoyer
commandité par l'éthique (...). C'est une requête reposant
sur des fondements théoriques, adressée aux dirigeants, aux
planificateurs et aux experts techniques pour que soit reconnue la place
centrale de ce qui est le facteur principal dans les processus de
développement: la participation populaire (Michael CERNEA, 1998 :51).
Ainsi, la participation tient-elle compte de l'identité
culturelle, des besoins, des expériences et des contributions des
populations locales tant dans la vulgarisation, la mise en oeuvre et
l'évaluation des programmes de développement, que dans leur
conception et leur élaboration (Srinivas MELKOTE et Leslie STEEVES,
2001).
211
Le besoin pour un individu d'avoir son mot à dire dans
les décisions importantes qui touchent sa vie est tout aussi essentiel
pour son développement.
Selon les personnes enquêtées pour cette
étude, il ya des entités qui doivent représentées
la population lors des prises de décisions concernant le
développement.
Tableau n°22 : Les entités
représentant la population lors des prises de décisions
concernant le développement selon les enquêtés
Sexes
Structures
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Groupements des populations locales
|
45
|
23,68
|
68
|
35,79
|
113
|
59, 47
|
Chefs des communautés villageoises
|
20
|
10,53
|
35
|
18,42
|
55
|
28, 95
|
Leaders d'opinions
|
13
|
6,84
|
9
|
4,74
|
22
|
11, 58
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2010-2012
Dans le tableau n°22, ci-dessus, les entités, qui
selon les enquêtés doivent les représenter sont les
groupements des populations locales (59,47%), les chefs des communautés
villageoises (28,95%) et les leaders d'opinions (11,58%).
« C'est ce dont nous parlons, les groupements de la
population, à savoir les chefs de villages, les responsables
d'associations ou mutuelles de développement, et ceux des associations
de jeunes et de femmes peuvent jouer ce rôle.
212
Mais, il faudrait que ceux-ci aient pour seule motivation
le développement de leur localité et donc faire fi de leur
appartenance politique qui peut faire détourner de l'objectif»
(Entretien collectif, responsables d'associations et mutuelles de
développement).
En un mot, le souhait de la population est qu'elle soit
représentée lors des échanges sur son
développement, à savoir l'analyse des besoins, la planification
et l'exécution de ces projets ainsi que leur suivi et
évaluation.
En effet, les structures de développement
n'interviennent pas sur un terrain neutre, elles y trouvent les populations
avec leur culture et leur manière de faire et de concevoir le
développement avec qui ces structures doivent collaborer.
Par ailleurs, la population locale a toujours eu ses propres
manières de s'informer, de s'organiser pour poser des actions
collectives de développement. Car, l'appartenance des habitants au
village, aux groupements légitime leur intervention dans l'espace
social.
Le développement local consiste donc à prendre
en considération une diversité d'initiatives parmi lesquelles il
convient de mentionner celles des groupements populaires.
Il s'agit de considérer les différentes
stratégies que les acteurs locaux mettent en oeuvre pour participer au
développement de leur localité.
Stratégies qui se résument dans la plus part du
temps à leur regroupement en association pour leur mieux-être.
Le développement oblige à "une recherche des
cohérences ou des ruptures de cohérence", en passant du point de
vue de l'analyse à celui de l'action.
Car, elle diffère sensiblement selon que l'on se range
dans la catégorie des théoriciens qui portent leur attention
surtout sur les "facteurs de développement" ou celle des
"stratèges opérationnels" qui s'intéressent quant à
eux plutôt au jeu des acteurs, des institutions qu'ils animent et des
actions qu'ils mènent.
213
L'acteur individuel est un agent libre qui garde sa
capacité de calcul et de choix. Il a sa capacité
d'élaborer des stratégies qui, de son point de vue, sont
rationnelles (Michel CROZIER et Erghard FRIEDBERG, 1977 : 96).
Tout changement proposé pour l'épanouissement
des individus, le développement de leurs activités ou
l'amélioration du climat ou des performances de l'ensemble qu'ils
constituent, passe par la transformation de ces systèmes.
L'acteur est donc engagé dans un système
d'action concret et doit "découvrir, avec la marge de
liberté dont il dispose, sa véritable responsabilité"
(Michel CROZIER et Erghard FRIEDBERG, 1977 : 202 et 388).
Ainsi, l'action humaine est un processus actif où les
hommes apprennent à se servir d'instruments matériels et
culturels mis à leur disposition pour résoudre les
problèmes, les contraintes et les opportunités des
différentes situations qui se présentent à eux.
L'action organisée est un construit social qui aide les
hommes à trouver des solutions aux problèmes d'action collective
en vue d'objectifs communs mais qui, simultanément, oriente leur
comportement, circonscrit leur liberté d'action, conditionne les
résultats.
Cette action est perceptive, à Dimbokro par l'existence
des associations et mutuelles de développement qui sont mises en oeuvre
pour le mieux-être de ses membres et allant de la population.
Planifier des actions communes de développement,
nécessite un système de communication qui est partie prenante de
la participation des usagers aux prises de décisions.
La communication permet de saisir les informations
afférentes au développement et aux opportunités nouvelles
qui pourraient s'ouvrir aux populations.
214
La population a donc mis en lumière les canaux
d'information et de communication qui sont jusque là utilisés par
les structures décentralisées et expose ceux au travers desquels
elle souhaiterait recevoir les informations dans le cadre du
développement de sa localité.
VII.1.3- Usage de la communication
Tableau n°23 : Canaux de
communication utilisés
Sexes
Canaux de
communications utilisés
|
Femmes
|
Hommes
|
Total
|
Total
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Communication de proximité
|
35
|
18,42
|
65
|
34,21
|
100
|
52,63
|
Radio communautaire
|
25
|
13,16
|
27
|
14,21
|
52
|
27, 37
|
Par le biais des représentants de la population
|
18
|
9,47
|
20
|
10,53
|
38
|
20, 00
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain 2010-2012.
Les données du tableau n°23, ci-dessus ont
révélé que trois canaux de communication sont
utilisés pour informer et sensibiliser la population de Dimbokro sur le
développement local.
Le canal de communication et d'information le plus
utilisé selon les enquêtés est celle dite de
proximité qui représente 52,63% des répondants.
Il s'agit des différentes rencontres d'informations et
de sensibilisation des agents de la structure décentralisée avec
la population locale dans le cadre du développement local.
215
Ensuite, vient la communication à travers la radio
communautaire (la voix du N'Zi) avec un pourcentage de 27, 37%.
Enfin, des informations reçues par
l'intermédiaire des représentants de la population locale,
à savoir les chefs de villages, les responsables d'associations
représentent un pourcentage de 20% des enquêtés.
A Dimbokro, la communication traditionnelle et celle dite
moderne sont utilisées de manière concomitante.
« Nous continuons de faire passer les informations
à travers des
acteurs (griot ou crieur public, ...), dans les espaces
sociaux (arbre à palabre, relais des chefs de villages, des responsables
d'associations). L'information de bouches à oreilles dans les
marchés ou autres lieux publics est aussi utilisée. Cela existe
depuis longtemps et nous sert toujours. Aussi, passons-nous de temps en temps
par les radios de proximité et le téléphone mobile pour
d'autres informations », propos d'un des chefs de villages »
(Entretien collectif, chef de villages).
Un autre enquêté souligne que « les deux
types de communication sont complémentaires mais il faut savoir les
utiliser, surtout qu'ils structurent nos rapports sociaux ».
D'ailleurs, poursuit-il, « quand les chefs des
villages, ou responsables des jeunes ou associations reçoivent les
informations à la radio ou lors des séances de formation, ils
réunissent les concernés ou la population pour partager
l'information » (Entretien collectif, chef de villages).
Partir vers les populations pour connaître leurs besoins
et chercher à les aider dans le cadre de l'amélioration de leurs
conditions de vie est une des stratégies pouvant capter l'attention de
celles-ci sur le développement.
Mais, cette stratégie doit tendre à la
définition des attentes des populations en les associant à tout
processus de développement.
216
Dans les zones rurales, la radio communautaire est
utilisée comme
moyen de communication pour diffuser vers des auditoires
vastes et éloignés, des informations essentielles sur la
météo, la santé, la production agricole et animale, la
commercialisation des produits, ainsi que sur la protection et la conservation
des ressources naturelles.
Comme le souligne un des enquêtés, responsable
d'une association de développement « nos autorités
continuent, comme à leur habitude, de nous donner des informations sur
le développement en fonction de leur moyen. Dans nos villages, les
griots continuent de véhiculer les informations premières pour
réunir la population afin de diffuser les informations
reçues» (Entretien collectif, responsables d'associations et
mutuelles de développement).
« Oui, à ce niveau, il n'y a pas de
problème », argumente un autre enquêté,
« je peux dire que l'information reçue par l'intermédiaire
de nos responsables (chefs de villages, présidents d'associations) joue
son rôle dans le développement de Dimbokro puisque nous ne
manquons pas de mieux informer nos membres ».
Mais, poursuit-il, « il faut que les experts ou
développeurs nous fassent confiance et nous associent aux
différentes étapes de réalisation des projets de
développement en nous formant par exemple ».
« Depuis l'installation de la radio « la voix de
N'Zi », nous écoutons des émissions sur l'agriculture. Nous
recevons surtout en baoulé ou en dioula des conseils sur les techniques
culturales et sur les nouvelles opportunités du développement de
notre localité » (Entretien collectif, responsables
d'associations et mutuelles de développement).
L'apport de la radio communautaire dans le champ du
développement à Dimbokro est perceptible à travers des
émissions animées par le responsable du développement
agricole qui se tiennent tous les Mercredis de11 heures à 12 heures.
217
Cette émission dénommée «
le monde agricole », qui se tient en
français est bien répertoriée dans le tableau
ci-après montrant quelques émissions que cette radio propose
à ces auditeurs.
Tableau n°24 : Emissions de la radio
« la voix du N'Zi »
Jours
|
Heures
|
Intitulés des émissions
|
Mercredi
|
11h -12h
|
Le monde agricole
|
Jeudi
|
10h 30 - 11h
|
Insertion professionnelle
|
11h -12h
|
La santé au quotidien
|
Vendredi
|
10h - 11h
|
La vie des communautés
|
11h -12h
|
Espace Education
|
Par ailleurs, les informations reçues par
l'intermédiaire des représentants de la population locale,
à savoir les chefs de villages, les responsables d'associations
représentent la communication de base dont se sert les populations dans
leur habitude d'échanges sur la vie sociétale.
Ainsi, la capacité organisationnelle et
communicationnelle des communautés, nous permet de parler des types de
communication traditionnelle tels que la communication sonore, par les acteurs
(griot ou crieur public, ...), dans les espaces sociaux (arbre à
palabre, relais des chefs de village, des responsables d'associations, de
bouche à oreilles dans les marchés ou autres lieux publics), par
les chants et musique, la communication sacrée de l'initiation, la
parenté à plaisanterie. Cette communication de base, dans sa
diversité abondante possède une dimension humaine qui constitue
et devra constituer encore pour l'avenir un moyen efficace de cohésion
sociale (Rachel ZONGO, 2013 : 465).
218
Avec les avancées technologiques dans le champ de la
communication et l'information, ces trois canaux d'informations nous semblent
acceptables pour donner des informations sur le développement local.
En somme, quel que soit le canal de communication
utilisée, il est important que la population puisse avoir les
informations nécessaires à son développement afin de
savoir comment elle pourrait y participer.
Ainsi, dans le but d'accroître leur participation, la
population a exposé les canaux de communication à travers
lesquels elle souhaite avoir des informations sur son développement.
Tableau n°25 : Canaux de
communication souhaités par les enquêtés
Sexes
Canaux de
communications souhaités
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Radio
|
18
|
09,48
|
30
|
15,78
|
48
|
25, 26
|
Ateliers de formation
|
50
|
26,32
|
65
|
34,21
|
115
|
60, 53
|
Echanges lors des sessions publiques
|
05
|
02,63
|
07
|
03,69
|
12
|
6, 32
|
Distribution de brochures
|
05
|
02,63
|
10
|
05,26
|
15
|
7, 89
|
|
Total
|
78
|
41,06
|
112
|
58,94
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2010-2012.
Il ressort des données du tableau n°25 ci-dessus
que 60,53% des enquêtés souhaitent avoir des informations sur le
développement local à travers des ateliers de formation.
Les émissions à la radio de proximité
sont la préférence de 25,26% des enquêtés. 07, 89%
optent pour la distribution des brochures.
Enfin, seulement 06,32% des enquêtés
préfèrent les échanges lors des sessions publiques.
219
« Recevoir les informations sur le
développement à travers des ateliers de formations est plus
bénéfique que les autres canaux de communication dans la mesure
où non seulement nous recevons concomitamment les informations et la
formation » (Entretien collectif, responsables des associations et
mutuelles de développement).
« Nous souhaitons jouer notre rôle de relais
des informations reçues de nos autorités à notre
population. Mais, les canaux tels que la radio et les ateliers de formation
sont très importants et nécessaires pour notre
développement » (Entretien collectif, chefs de villages).
La réception des informations sur le
développement local lors des ateliers de formation est le souhait de la
majorité des enquêtés, à savoir 60,53% des personnes
interrogées. Cela joue ici deux rôles: ces ateliers de formation
seront non seulement des cadres de diffusion des informations sur le
développement local, les actions entreprises par les structures
décentralisées et les perspectives à venir mais aussi et
surtout des moments de formation aux différentes phases de
réalisation des projets de développement et voire aux techniques
culturales.
Pour Abdoulaye NIANG «l'information ne permet pas
seulement une acquisition de connaissance sur les faits de la
réalité, mais elle est une source de pouvoir pour les membres de
l'association qui maîtrisent sa circulation, car permettant (...) de
réduire le pouvoir d'influence sur l'organisation de certains membres
rivaux »89.
Parmi les moyens de communication qui doivent être
privilégiés dans le cadre de ces stratégies, on peut citer
la radio rurale, qui est amenée à se développer
rapidement, et les supports de communication traditionnelle et communautaire,
proches des populations et maîtrisés par elles.
89 Abdoulaye NIANG (Janvier 2001), «L'implication
associative au développement local et ses enjeux sociaux», in
revue sénégalaise de Sociologie, N° 04/5, page 96.
220
Très populaire, la radio rurale présente
l'intérêt d'être à la fois un instrument
d'enquête et d'investigation, un outil d'information souple, rapide et
efficace (car utilisant les langues parlées par ses auditeurs), un
vecteur d'expression et de témoignage pour les populations et un support
capable de relayer certaines formes traditionnelles de communication.
Le développement local va de paire avec la
communication participative qui consiste à l'utilisation des
techniques et des médias de communication pour aider les gens à
prendre conscience de leur situation et des options à leur disposition
pour toute action de changement.
Ce type de communication permet de résoudre le
conflit social et de travailler vers un consensus, de planifier l'action de
changement et du développement durable, d'aider les populations à
saisir les connaissances et les qualifications en vue d'améliorer leurs
conditions de vie et celles de leur communauté et améliorer
l'efficacité des établissements publics (FAO, 2002). Elle
consiste en l'utilisation de façon planifiée et
organisée des techniques et des moyens de communication
(médiatiques ou non médiatiques) pour promouvoir le
développement, à travers un changement d'attitudes et/ou de
comportements, en diffusant l'information nécessaire et en suscitant la
participation active et consciente de tous les acteurs y compris des
bénéficiaires au processus.
La communication locale qui est donc la caractéristique
de la spécificité des groupes cibles. Ainsi, de façon
générale, deux niveaux de communication sont à
considérer, à savoir la communication interne et la communication
externe.
La communication interne est celle qui concerne l'institution
elle-même, ses agents et ses services (personnels) ainsi que les
élus.
La logique de cette communication est de motiver les agents,
par l'information, l'écoute, le travail en commun, l'esprit
d'équipe.
221
Elle est devenue une discipline managériale qui
implique la nécessaire mise en place d'une stratégie avec des
objectifs, des cibles, des moyens et un contrôle. Elle a besoin
d'être pensée et organisée.
En dehors de sa sphère de compétence interne, la
structure décentralisée doit développer une politique de
communication avec l'ensemble de ses partenaires tant au niveau national
qu'international.
La communication externe est la plus complexe car l'habitant
est tout à la fois usager, électeur, contribuable, "être
social", acteur local, citoyen.
La communication externe s'occupe également de la
« promotion » ou du
« marketing territorial » qui intéresse
investisseurs et touristes.
Elle concerne l'attractivité et l'image du territoire
et vend la collectivité à l'extérieur.
Renforcée, professionnalisée, prête
à s'adapter aux bouleversements économiques et techniques et aux
réformes institutionnelles lancées, la communication des
collectivités locales joue un rôle croissant non seulement en
informant sur les services locaux et en valorisant les territoires mais aussi
en construisant un espace de citoyenneté porteur des débats et
acteurs de l'évolution que connaît la société.
Il est important de rappeler ici que, même si elle rend
compte de l'activité d'une administration, et que les structures
décentralisées sont des relais d'informations de l'Etat, la
communication locale n'est ni une communication gouvernementale, ni un
système de propagande électorale dans la mesure où le
contrôle du réel est en permanence exercé par les
citoyens.
Cela permettra à la population d'accroître ses
potentialités et d'être acteur de son développement.
Au total, les trois canaux d'informations (les ateliers de
formation, l'utilisation de la radio de proximité, la distribution des
brochures), souhaités par les enquêtés sont tous importants
dans la mesure où l'on pourra les utiliser concomitamment.
222
Mais, il serait nécessaire de traduire si possible les
brochures en langues locales ou de les imager pour une compréhension de
la population locale.
Ces canaux d'information doivent permettre à la
population d'être mieux informée sur son développement et
de savoir quelle attitude adoptée face au défi du
développement.
En effet, dans les projets de territoire, le principe de
gouvernance locale rend compte d'une certaine efficience collective.
Les agents, associés à la prise de
décision, s'organisent sur le mode de la coopération.
Amenés à partager des informations de diverses
natures, ils détiennent une meilleure connaissance des individus et de
leurs intentions ainsi que de leur environnement socio-économique. Par
ce biais, ils améliorent la qualité de leurs choix, ce qui leur
permet de prendre véritablement part au dispositif d'actions et
d'augmenter leur degré de maîtrise du territoire.
Au-delà de la seule transmission de l'information, les
processus de construction territoriale relèvent du partage
d'informations.
Ils s'inscrivent dans une dynamique collective d'apprentissage
visant à l'élaboration d'un socle commun de connaissances, d'une
culture commune. Cette accumulation de connaissances, résultat d'un
construit social, facilite et renforce les stratégies d'actions
collectives, au coeur des logiques de développement territorial
(Valérie ANGEON, Patrick CARON et Sylvie LARDON, 2006).
Au surplus, les structures décentralisées
doivent être dotées de système de communication. Ce
système doit être structuré de telle sorte que la
population puisse être représentée et jouer un rôle
de relais des informations. Car, la population locale a toujours eu ses propres
moyens de communication qui doivent être utilisés dans la mesure
où elle se reconnaît dans ceux-ci et permettent une diffusion
commune des informations.
223
Il s'agit entre autre des crieurs publics, des échanges
avec les représentants de la population sur convocation des chefs de
village, des chefs de quartiers ou des responsables d'associations.
A ce stade, la première hypothèse
opérationnelle qui stipulait que le regroupement de la population et la
communication sont des mécanismes qui impactent l'atteinte des objectifs
de la gestion du territoire local a été
vérifiée.
Cela nous permet d'analyser les rapports entre Conseil
Général de Dimbokro et sa population.
224
VII.2-RAPPORTS STRUCTURE DECENTRALISEE-POPULATION
VII.2.1-Etat des rapports existant
Tableau n°26: Types de relations
existant entre la population et la structure décentralisée
Sexes
Types de relations
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Consultation
|
49
|
25,79
|
78
|
41,05
|
127
|
66,85
|
Collaboration
|
04
|
2,10
|
02
|
01,05
|
06
|
03,15
|
Aucune
|
25
|
13,16
|
32
|
16,84
|
57
|
30
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquêté de terrain, 2010-2012.
Il ressort des données du tableau n°26 que 127
enquêtés, soit 66,85% affirment qu'il existe entre eux et la
structure décentralisée un rapport de consultation.
Cette consultation s'est par exemple
matérialisée par des rencontres avec les responsables des
associations et mutuelles de développement, les chefs de villages et
autres leaders communautaires.
Ainsi, en 2009 à NOFOU, une rencontre s'est tenue et
chaque village, représenté par six (06) personnes, a
participé à l'analyse des différents besoins en
atelier.
Enfin, seulement 06 personnes, soit 3,15 % des
enquêtés évoque un rapport de collaboration.
225
« Nous sommes tenus de collaborer avec la population
puisque tout ce qui est fait en matière de développement lui est
destiné.
Par exemple, nous consultons la plupart des responsables
des associations et mutuelles de développement pour avoir leur avis sur
certains projets de développement. Parfois, nous partons vers les
populations pour des échanges sur les actions de développement
réalisées ou à mener» (Entretien individuel,
directeur du développement humain du Conseil Général de
Dimbokro).
« Peut-on vraiment faire quelque chose sans la
population?
Elle est souvent consultée et certains responsables
d'associations et des chefs de villages viennent nous voir pour exposer leurs
besoins ». (Entretien individuel, responsable du développement
agricole du Conseil Général de Dimbokro).
Cette collaboration se résume à des
consultations pour avis, des
informations, des visites de terrain que le Conseil
Général de Dimbokro effectue avant la mise sur pied des projets
dans l'optique d'avoir l'approbation et l'adhésion de la population
concernée par le projet à exécuter.
Celle-ci (la collaboration) peut aller jusqu'à la
fourniture par la population de nourriture, de main-d'oeuvre et de
l'hébergement des agents.
Il ne s'agit pas d'une collaboration dans toutes ses
dimensions puisqu'un rôle spécifique n'est pas attribué
à la population.
Pour 30% des enquêtés, aucune relation n'existe
entre eux et ces structures. Pour ces enquêtés, ce n'est ni une
collaboration véritable qui existe ni une consultation en terme de mieux
impliquer la population à son développement.
226
Or, les rapports sociaux qui se nouent à l'occasion des
projets de développement constituent des ressources
supplémentaires qui permettent aux personnes en situation de
précarité d'engager des stratégies de survie qui seraient
moins probables dans un contexte différent (Touzri ABDELFATTAH, 2007 :
297).
VII.2.2-De la consultation au partenariat
Tableau n°27 : Types de relations
souhaités par les enquêtés
Sexes
Types de relations souhaitées
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Partenariat
|
52
|
27,37
|
87
|
45,79
|
139
|
73, 16
|
Franche collaboration
|
26
|
13,68
|
25
|
13,16
|
51
|
26,84
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2010-2012.
Il ressort des données du tableau n°27 ci-dessus
que 73,16% des enquêtés souhaitent qu'un rapport de partenariat
puisse exister entre eux et les structures décentralisées. Alors
que pour 26,84% des enquêtés, une franche collaboration doit
être privilégiée.
« Nous attendons que les structures
décentralisées travaillent en étroite collaboration avec
la population puisqu'elle est bénéficiaire des actions de
développement. Nous sommes disposés à cela, dans la mesure
où nous luttons pour notre développement » (Entretien
collectif, responsables d'associations et mutuelles de
développement).
« Nous sommes tous là pour aider la population
donc c'est la collaboration qui convient pour cela. Ensemble, "main dans la
main", nous pouvons mieux faire » (Entretien collectif, chefs des
villages).
227
Ce souhait de la population se perçoit dans l'effort du
responsable du développement agricole d'aider les apiculteurs dans leur
activité.
Ceci est justifié par les propos des apiculteurs.
« Le responsable du développement agricole
nous apporte son expertise par rapport à notre activité. Cette
activité réserve un avenir meilleur pour le département de
Dimbokro ; c'est pour cela que nous voulons sensibiliser nos frères pour
qu'ensemble nous nous attelons à cela pour l'amélioration de nos
conditions de vie ».
En tout cas les associations les mieux organisées
sont soutenues par le Conseil Général de Dimbokro (Entretien
collectif, Association des apiculteurs de Soungassou).
Au demeurant, le souhait de la population est qu'elle puisse
jouer un
rôle dans son développement. C'est pour cela
qu'elle évoque le partenariat et/ou la franche collaboration.
C'est aussi pour l'acteur social de mettre en jeu sa
stratégie de développement. L'acteur social est défini par
la nature du rapport social dans lequel il est engagé. Cet acteur peut
être individuel ou collectif.
Dans tous les cas, un rapport social se présente comme
une coopération conflictuelle d'acteurs qui coopèrent à
une production mais qui entrent inévitablement en conflit en raison de
leurs positions inégales dans la coopération ou, ce qui revient
au même, de leur emprise inégale sur les enjeux de leur
coopération (Raymond QUIVY et Luc VAN CAMPENHOUDT, 1995).
Cette coopération ou partenariat doit se faire dans la
mesure où les différents acteurs souhaitent jouer au moins des
rôles bien définis à partir de leur dotation en
capitaux.
En outre, le développement territorial, en suscitant
l'émergence d'un projet collectif, place les acteurs au coeur de la
gouvernance des territoires.
228
Il exprime la volonté de prendre en compte les besoins
des populations locales et de répondre à leurs aspirations. Les
intérêts des communautés locales s'expriment à
travers la formalisation d'un projet territorial qui prend forme au sein d'une
architecture institutionnelle particulière.
Ainsi, les nouvelles formes de recomposition territoriale
doivent être des lieux d'établissement de relations entre acteurs
locaux, ce qui leur vaut d'être assimilés à des espaces de
solidarité et de proximité en vue d'un développement
territorial durable.
Cela suppose des coordinations locales dans la mesure
où les dynamiques d'évolution différenciées que
connaissent les territoires sont liées aux comportements des acteurs. Le
faisceau de relations qu'entretiennent ces derniers, les réseaux qu'ils
mobilisent, le poids du temps long avec ses implications en termes
d'apprentissage collectif, importent dans l'analyse des trajectoires des
territoires (Valérie ANGEON, Patrick CARON et Sylvie LARDON, 2006).
En ce sens, le territoire est le résultat de jeux
d'acteurs en relation les uns avec les autres.
L'analyse montre que les relations entre acteurs,
au-delà des systèmes d'intérêt et des jeux
d'alliance et de concurrence qui en résultent, sont conditionnées
par des systèmes de valeurs. Ces règles (entendues ici au sens
large) normalisent leurs comportements. Elles ne sont pas nécessairement
formalisées, elles peuvent être tacites.
Ces règles partagées correspondent à un
ensemble d'« institutions invisibles » qui facilitent les
capacités d'anticipation des agents (ils éclairent les autres sur
leurs intentions d'actions) et régulent leur liberté de conduite
et d'action.
Favorisant une meilleure compréhension entre les
agents, encourageant la transparence et la circulation d'informations, ces
règles facilitent la coopération.
229
Elles permettent, par ailleurs, de déboucher sur des
régularités de comportement et préviennent les
défections ou les comportements opportunistes.
Elles contribuent ainsi à stabiliser ou à
renforcer les liens entre les agents en favorisant le développement de
signes qui limitent les problèmes d'asymétrie, d'information,
d'incertitude et les dissensions.
Les rapports sociaux doivent être structurés
autour de l'enjeu du développement local par la participation de tous,
en sachant que « toute opération de développement est
ipso facto processus de structuration d'un champ politique spécifique,
la situation du développement constituant une arène induisant ou
ravivant des luttes d'influence et des jeux de pouvoir entre groupes sociaux
préexistant à l'intervention et entre groupes statiques se
cristallisant à cette occasion ».90
Tout changement programmé pour améliorer les
conditions d'existence d'un milieu social donné et favoriser l'autonomie
des agents économiques et sociaux (définition de l'action de
développement proprement dite) induit des enjeux spécifiques
économiques, financiers, institutionnels, culturels, politiques qui sont
l'objet de stratégies diverses, souvent concurrentes, de la part des
différentes catégories d'acteurs concernés.
L'arène politique spécifiquement
constituée par la configuration développementiste (le champ des
relations interactives entre « développeurs » et «
développés ») se trouve immergée et imbriquée
dans le champ politique préexistant localement.
De ce point de vue, l'analyse socio-anthropologique de la
société locale concernée apparait comme l'une des
conditions sine-qua-non d'une intervention adaptée, porteuse d'une
dynamique durable.
Elle apporte une certaine connaissance utile des structures et
des enjeux locaux de pouvoir et met en évidence un second niveau,
caché, de complexité
90 Alain MARIE (2005), La coopération
décentralisée et ses paradoxes, Paris, Karthala, Page
205.
politique, celui des interférences et des hybridations
entre le politique « moderne» (représenté par
l'administration, les leaders politiques locaux, les militants les plus actifs,
les élites citadines, les hommes d'affaires, les dignitaires religieux,
les fondateurs de quartiers urbains) et le politique (détenteurs de
chefferies, notables « traditionnels », chefs de quartiers, chefs de
terre autochtones, chefs de cultes, propriétaires coutumiers du sol,
leaders de communautés, allogènes).91
C'est par l'implication de toutes ces catégories de
personnes aux différents projets de développement que les
objectifs du développement local seront durablement atteints.
Le constat est qu'après plusieurs décennies
d'expérimentation, la volonté politique reste en
deçà des voeux de donner aux collectivités locales les
possibilités de « dessiner» les contours de leur
destin92.
La deuxième hypothèse opérationnelle
qui soulignait que les relations de partenariat existantes entre les structures
décentralisées et la population de Dimbokro constituaient un
facteur influençant du développement local a été
partiellement vérifiée dans la mesure où c'est la
consultation qui est plus perceptible dans les relations entre ces deux
entités.
Dès lors, quels sont les obstacles à la
participation de la population de Dimbokro à son
développement?
230
91 Alain MARIE, Op cit, page 206.
92 Amadou DIOP (2008), développement local,
gouvernance territoriale: enjeux et perspectives, Paris, Karthala, page
8.
231
Chapitre VIII-OBSTACLES A LA PARTICIPATION AU
DEVELOPPEMENT
VIII.1-Obstacles externes
De nombreux obstacles freinent l'émergence et le
renforcement de dynamiques locales de développement. Il s'agit
d'obstacles extérieurs qui naissent d'un environnement socio-politique
peu ouvert aux initiatives d'acteurs locaux et/ou d'un contexte
économique peu incitatif.
Ils peuvent aussi être liés à la nature
d'interventions censées favoriser les dynamiques locales mais qui dans
leur mise en oeuvre restent peu conformes aux attentes des acteurs locaux.
VIII.1.1-Effets des troubles
S'agissant de cette réalité dans le
département de Dimbokro, les responsables des structures
décentralisées reconnaissent que les crises socio-politique et
post-électorale de 2002 et 2010-2011 ont eu des répercutions
négatives sur la planification et la conduite des actions de
développement.
« A Dimbokro, nous avons débuté les
actions envers la population en 2003, une année après la crise
socio-politique de 2002. Les choses n'ont pas été faciles en
terme de mobilisation des ressources humaines, matérielles et surtout
financières » (Entretien individuel, responsable du
développement humain du Conseil Général de Dimbokro).
Il poursuit en montrant les conséquences
négatives des crises sur le développement local.
« Comme conséquence des troubles, l'Etat
arrivait difficilement à tenir ses engagements en matière de
subvention des entités décentralisées.
Pendant ses périodes, le ralentissement des
activités des populations ne permet pas au Conseil Général
d'encaisser l'ensemble des recettes.
232
Ces recettes fiscales sont l'impôt foncier,
l'impôt synthétique, les patentes et licences, les vignettes-autos
et les Travaux d'Intérêt Général (TIG).
Ces recettes constituent un complément à la
subvention de l'Etat» (Entretien individuel, responsable du
développement humain du Conseil Général de Dimbokro).
La population reconnaît pour sa part les effets
négatifs de la crise sur le développement de sa
localité.
« Le constat est clair, les crises socio-politique et
post-électorale de 2002 et 2010-2011 ont crée beaucoup de torts
à la population qui attendait améliorer ses conditions de vie
à travers les actions du Conseil Général de Dimbokro. Cela
a freiné les actions de développement» (Entretien
collectif, responsables d'associations et mutuelles de
développement).
« Vraiment la "guerre " n'est pas bonne et nous avons
tous constaté qu'elle a ralenti tout développement. Les
structures qui souhaitaient épauler le Conseil Général de
Dimbokro se sont résignées à cause de
l'insécurité qui régnait en son temps»
(Entretien collectif, chefs des villages).
Par ailleurs, pour Koffi ATTA, la crise
socio-économique à des effets sur le développement
à trois niveaux.
« La crise économique a accru d'abord les
besoins et attentes des populations du département de Dimbokro.
Ensuite, les ressources mobilisées par le Conseil
Général de Dimbokro, qu'elles soient humaines, matérielles
et financières, sont insuffisantes. Enfin, et par voie de
conséquence, les investissements entrepris sont en deçà
des espérances » (Koffi ATTA, 2013 : 88).
C'est dire que le développement en question n'est
possible que dans un environnement apaisé.
233
VIII.1.2-Baisse de la pluviométrie
Entre autre obstacle, il ya la baisse de la
pluviométrie dans le département de Dimbokro. Ceci a pour
corollaire l'appauvrissement des sols cultivables.
« Malgré la volonté des certains fils
de Dimbokro qui font leur retour à la terre, ceux-ci sont parfois
découragés par les aléas climatiques »
(Entretien individuel, responsable du développement agricole du
Conseil Général de Dimbokro).
« Dans ces moments, le département de Dimbokro
enregistre moins de pluie et cela a des incidences négatives sur la
production agricole.
Alors, bon nombre de la population est orientée
dans le secteur agricole» (Entretien collectif, responsables
d'associations et mutuelles de développement).
« La baisse de la pluviométrie à
Dimbokro nous inquiète par moment dans la mesure où la majeure
partie de la population cultive la terre.
Néanmoins, nous nous donnons du courage pour notre
développement » (Entretien collectif, chefs des villages).
En effet, la pluviométrie à Dimbokro est
passée de 1236,7 mm de pluie en 2008 à 990,6 mm de pluie en 2012
(MINISTERE D'ETAT, MINISTERE DE L'AGRICULTURE, 2012 : 10).
Cette baisse de la quantité de pluie a une influence
sur la capacité de production agricole de la région.
Ainsi, la production du binôme café-cacao a
baissé, et est passée de 75.150 tonnes à la campagne
1979-1980 (Boni DIAN, 1984 : 413) à 404 tonnes pendant la campagne
2002-2003 (MINISTERE D'ETAT, MINISTERE DE L'AGRICULTURE, 2005 : 18-23).
234
VIII.1.3-Etat des routes
Malgré les actions réalisées par le
Conseil Général de Dimbokro, des efforts restent encore à
faire et un des domaines à explorer est la route.
En effet, sans l'ouverture des voies d'accès des
villages à la ville, la population dont l'activité est
l'agriculture ne pourra pas tirer un meilleur profit de ses
activités.
« Nous avons besoins de soutien afin de tirer un
meilleur profit de notre activité. Ceci nécessite l'entretien des
routes afin de faciliter l'écoulement de nos marchandises
».
(Entretien collectif, Coopérative Centrale de Vivriers de
Dimbokro).
« Cet état de fait est très important,
sans des routes praticables, les efforts de certaines personnes seraient vains.
Il est donc nécessaire d'accroître les actions à ce niveau
» (Entretien individuel, responsable de l'ANADER-zone de
Dimbokro).
La route joue un rôle important dans le
développement socio-économique d'un pays.
Les routes rurales permettent de désenclaver les zones
de production en améliorant l'écoulement des marchandises vers
les villes réduisant ainsi les coûts de transport, améliore
l'accessibilité aux services de base (services de santé, les
écoles), et l'accès aux marchés des produits agricoles.
En effet, un mauvais réseau routier ou un manque de
routes a un effet néfaste sur l'activité économique et les
conditions de vie des populations.
Aussi, un réseau routier mal entretenu, entraîne
une augmentation du coût de transport qui conduit à son tour
à l'augmentation des prix des produits alimentaires.
En sachant que la population participe aussi au
développement de sa localité au travers de ses activités,
ces facteurs constituent des freins à son épanouissement.
Hormis les obstacles externes à la population, d'autres
difficultés sont liées directement à elle dans ces
pratiques et capacités.
VIII.2-Obstacles internes
Il y a aussi des obstacles internes à la
société locale dont l'organisation sociale préexistante et
la culture freinent parfois les initiatives qui sont toujours au départ
portées par quelques individus.
Ces obstacles rendent difficiles l'émancipation de
certains groupes sociaux. L'accès réduit à l'information,
à la formation, l'affaiblissement de références sociales
et culturelles peut aussi empêcher ou ralentir une réaction
organisée des sociétés locales.
Les limites intrinsèques à la population du
département de Dimbokro sont perceptibles à trois niveaux,
à savoir l'absence de cadre d'expression, l'analphabétisme et le
manque de compétences adéquates.
Tableau n°28: Raisons limitant la
participation de la population aux différentes phases de
réalisation des projets de développement.
Sexes Raisons
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VA
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Absence de cadre d'expression
|
27
|
14,21
|
40
|
21,05
|
67
|
35, 26
|
Analphabétisme
|
18
|
9,48
|
34
|
17,89
|
52
|
27, 37
|
Manque de compétences adéquates
|
25
|
13,16
|
26
|
13,68
|
51
|
26, 84
|
Sans raison
|
8
|
4,21
|
12
|
6,32
|
20
|
10, 53
|
Total
|
78
|
41,06
|
112
|
58,94
|
190
|
100%
|
235
Source : Enquête de terrain 2010-2012.
236
Il ressort des données du tableau n°28, ci-dessus
que 35,26% enquêtés ont affirmé qu'ils ne participent pas
à la conception, à la planification, à la mise en oeuvre
et au suivi et évaluation des projets de développement à
cause de l'absence du cadre d'expression.
Pour 27, 37% des enquêtés, cela est dû
à l'analphabétisme de la population. Quant à 26,84% des
enquêtés, cela est dû au manque de compétences
adéquates. Tandis que 10,53% des enquêtés n'ont
évoqué aucune raison de leur non participation.
VIII.2.1- Absence de cadre d'expression
Les enquêtés (35,26%) ont mentionné
l'absence du cadre d'expression comme la première raison limitant la
participation de la population de Dimbokro à son
développement.
Il s'agit d'un cadre d'échange où chaque acteur
(sans distinction de classe sociale, d'appartenance ethnique, religieuse et
politique) pourra librement donner son avis sur le développement local.
Il est question de l'opportunité donnée à chaque acteur
social d'opiner sur les actions menées et les perspectives de
développement socio-économique et culturel de sa localité.
Ceux-ci évoquent l'inexistence d'un cadre de discussion permettant
à la population de s'exprimer sur les actions de développement et
de faire des propositions.
Le cadre de concertation officiellement institué
où puissent se rencontrer les différents acteurs (administration,
services techniques, intervenants extérieurs mais aussi les producteurs,
les opérateurs économiques privés, etc...) fait le plus
souvent défaut.
En effet, en dehors des sessions publiques et parfois pendant
les consultations sporadiques offertes aux populations, les échanges
autour du développement sont rares.
Par ailleurs, lorsque les opportunités leur sont
offertes, l'existence des pesanteurs politiques freinent la participation de
tous aux échanges.
Dans nos sociétés en général et
à Dimbokro en particulier, l'on a parfois du mal à dissocier la
politique du développement.
Dans ces conditions, c'est soit l'absentéisme, soit le
manque d'intérêt qui est entretenu, freinant ainsi la
participation de tous au développement du territoire local.
« La politique a tendance d'influencer
négativement le développement en question, puisque certains
conseillers refusent de participer aux réunions convoquées par le
Conseil Général de Dimbokro en prenant comme argument le fait de
ne pas être du même bord politique que le Président ou tout
autre membre » (Entretien individuel, le Secrétaire
Général I de la Préfecture de Dimbokro).
Ainsi, une frange de la population a-t-elle tendance à
politiser les actions et opérations de développement
menées par le Conseil Général de Dimbokro. C'est ce que
souligne le Secrétaire Général I de la Préfecture
de Dimbokro en ses propos: « les membres du Conseil
Général de Dimbokro qui sont dans l'opposition ne participent pas
aux réunions pour apporter les contradictions nécessaires
»93.
L'analphabétisme de la population est une des limites
à sa participation à toutes les phases de réalisation d'un
projet de développement.
237
93 Extrait de l'entretien du 10 Août 2010 avec le
Secrétaire Général I de la Préfecture de
Dimbokro.
238
VIII.2.2-Analphabétisme
Comme deuxième raison qui freine la participation de la
population de Dimbokro à son développement, 27,37% des
enquêtés ont souligné l'analphabétisme.
Ainsi, l'alphabétisation, l'éducation primaire,
la formation de base et les services de vulgarisation ont un impact positif
immédiat sur la productivité des exploitants.
Un agriculteur qui a suivi quatre années
d'études élémentaires aura certainement une
productivité qui pourrait s'accroître par rapport à celle
du cultivateur qui n'a pas fait d'études du tout.
Par ailleurs, plus il est instruit, plus son revenu a des
chances de s'accroître lorsqu'il utilise des technologies nouvelles et
s'adapte rapidement aux changements technologiques.
Cela ne manque pas d'avoir des effets bénéfiques
pour l'ensemble de la population, particulièrement en renforçant
les capacités des populations rurales.
Cette disposition est confirmée par un cultivateur qui a
suivi les cours d'alphabétisation fonctionnelle en ses propos; «
depuis que j'ai fait cette formation, j'arrive à suivre
moi-même la vente de ma production et je m'en sors mieux. Je remercie les
formateurs ».
Ainsi, disposer d'un minimum de savoir lire et écrire,
constitue le principal canal d'accès à certaines informations
clés dans le processus de gestion des affaires locales (Amadou DIOP,
2008 : 206).
Résultante de l'analphabétisme, le manque de
compétences adéquates est selon 26,84% des enquêtés
la troisième raison qui freine la participation de la population du
département de Dimbokro à toutes les phases de réalisation
des projets de développement.
239
VIII.2.3-Manque de compétences adéquates
Le monde en évolution nécessite que chaque
acteur social puisse avoir des compétences dans son domaine
d'intervention.
Le manque de compétences adéquates dont fait cas
les enquêtés met ici en lumière les compétences
indispensables à la population pour qu'elle puisse participer à
toutes les phases de réalisations des projets de
développement.
En effet, les raisons comme l'absence de cadre d'expression ou
d'échanges, l'analphabétisme et le manque de compétences
adéquates sont un ensemble d'éléments qui freinent la
participation de la population au développement local.
Or, nous soulignons avec Michael CARNEA que « les
bénéficiaires qui participent à la planification d'un
projet sont mieux informés et prennent davantage la réussite du
projet à coeur que ceux qui se voient soudainement attribués des
biens auxquels ils n'ont pas du tout contribué
»94.
Ainsi, la création de cadres formels d'échanges
sur le développement, l'alphabétisation fonctionnelle et la
formation aux différentes phases de réalisation d'un projet de
développement doivent-elles être mises sur pied et
proposées à la population.
Car, l'éducation se pose être un des piliers du
développement humain et un élément d'importance majeure
dans le développement agricole.
Au terme de ce chapitre, la troisième
hypothèse opérationnelle qui soulignait que les manques de
compétence adéquate et de cadre d'expression ainsi que
l'analphabétisme constituaient un frein à la participation de la
population du département de Dimbokro à son développement
a été confirmée.
94Michael CERNEA(1998), La dimension humaine dans
les projets de développement, Paris, Karthala, page 490.
240
Conclusion partielle
L'analyse des actions de développement entreprises, les
rapports sociaux qui se construisent autour du développement en
Côte d'Ivoire en général et dans le département de
Dimbokro en particulier montre que l'atteinte du développement local
nécessite un ensemble de dispositions.
Cela exige un cadre macro et micro-économique
structuré, une gestion bien définie et transparente des
ressources publiques qui passe par une bonne gouvernance économique et
judiciaire.
Tout ceci doit s'accompagner d'une réduction des
inégalités de revenus et des discriminations dans l'accès
aux services sociaux entre milieu rural et milieu urbain, le renforcement du
capital humain et social, le renforcement de la décentralisation et la
participation des acteurs dans la formulation et la mise en oeuvre des
politiques et stratégies de développement.
La décentralisation dans le département de
Dimbokro est certes en oeuvre, et les structures décentralisées
tentent d'atteindre les objectifs à travers les différentes
actions de développement mais pour le moment la population n'est pas
encore maître ou acteur de son développement.
En effet, les premières actions entreprises à
l'endroit de la population, à travers la décentralisation, ont
constitué des débuts de solutions dans l'amélioration des
conditions de vie, mais n'ont pas abouti à la totalité des
résultats escomptés dans la mesure où ni les fonds de
soutien accordés aux jeunes et aux femmes, ni les diverses formations
professionnelles n'ont pas permis à la population de se prendre en
charge et avoir le mieux-être recherché.
Aussi, l'approche du développement local participatif,
qui met en avant l'acteur social dans les prises de décision n'est pas
encore exécutée dans toutes ses dimensions.
241
Certes, des efforts ont été faits, des actions
tout azimut telles que la construction et/ou l'équipement des centres de
santé, des écoles, l'ouverture et/ou reprofilage des routes,
l'électrification et/ou l'extension du réseau électrique
de certains villages ont été réalisées sur le
territoire départemental. Mais, malgré ces différentes
actions, la population de Dimbokro souffre encore.
Car les actions réalisées manquent de
précisions et ne permettent pas à la population de
générer des revenus pour son mieux-être.
Au contraire, cela engendre des dépenses
supplémentaires auxquelles cette population doit faire face.
Par ailleurs, la population est très peu
impliquée dans son développement et sa participation au
progrès social est seulement limitée à la consultation et
à des taches superficielles.
Il faut donc une meilleure planification du
développement dans le département de Dimbokro à travers
des états généraux du développement de cette
localité qui ne doivent pas rester dans les « tiroirs ».
Ces résultats doivent être suivis et
actualisés par rapport à l'évolution de la population et
ses éventuels besoins.
Ces manquements sus-mentionnés nous amènent
à proposer des modalités d'amélioration de la
décentralisation pour le développement local impliquant de plus
en plus les populations.
242
Chapitre IX : STRATEGIES ET PERSPECTIVES POUR
L'AMELIORATION DU DEVELOPPEMENT LOCAL
IX.1-RENFORCEMENT DE LA PARTICIPATION DE LA
POPULATION AU DEVELOPPEMENT
De façon concrète, selon la population, sa
participation aux projets de développement serait plus qu'une
réalité à travers un certain nombre de dispositions.
IX.1.1-Accentuation de l'entretien des routes
La route, dit-on précède le
développement. A Dimbokro, des actions au niveau des infrastructures
routières doivent se poursuivre.
Aucun développement ne peut se bâtir sans que des
efforts soient faits dans ce domaine dans la mesure où l'économie
ivoirienne repose sur l'agriculture.
« C'est vrai que notre localité n'est plus
productrice du café et du cacao comme dans le passé mais les
cultures vivrières peuvent aider la population à améliorer
ses conditions de vie. Nous sommes parfois confrontés au problème
d'écoulement des denrées alimentaires à cause de
l'état de nos routes. Il faut toujours oeuvrer à l'entretien des
routes ». (Entretien collectif, Association pour le
Développement des Cultures Vivrières Intensives).
Ceci est soutenu par un des agents de l'ANADER-zone de
Dimbokro responsable en ses propos
« L'état de certaines routes constitue une
entrave réelle et énorme dans la liaison des villages à la
ville et empêche les producteurs d'écouler leurs produits sur le
marché de la ville.
Par ailleurs, ceci occasionne des décès en
cas de maladies graves qui nécessitent l'évacuation du malade
dans un centre de santé le plus proche.
243
Il est donc important d'axer des actions dans ce domaine
dans la mesure où l'on encourage la population au retour de la terre
» (Entretien individuel, agent de l'ANADER-zone de Dimbokro).
En effet, l'agriculteur qui écoule facilement sa
production agricole chercherait à améliorer sa capacité
productive par l'acquisition de nouvelles techniques de production. Cela
donnerait aussi aux ménages, toutes les opportunités
nécessaires leur permettant de faire les meilleurs choix sur les
marchés.
Au total, les responsables locaux sont donc interpeler sur
cette réalité qui freine la participation de la population de
Dimbokro à son développement.
IX.1.2-Développement de la communication
La population enquêtée, a indiqué, par
ordre de préférence les canaux de communications au travers
desquels elle souhaite recevoir les informations sur son développement.
Ce sont respectivement les ateliers de formation (60,53%), la radio (25,26 %),
la distribution de brochures (07,89%) et les échanges lors des sessions
publics (06,32%).
Il s'agit à travers ces canaux de mettre de
façon régulière à la disposition des populations
toutes les informations sur le développement et/ou des actions
réalisées ou à réaliser. C'est donc permettre au
grand public d'améliorer ses connaissances sur le
phénomène afin de mieux comprendre les actions menées ou
envisagées.
Bien plus, « les structures
décentralisées doivent initier des rencontres trimestrielles avec
ceux qui sont au quotidien des réalités de la population,
à savoir les chefs des villages, les responsables des associations et
mutuelles de développement et tout autre groupement de la population
» (Entretien individuel, responsable des allogènes de
Dimbokro).
A côté des canaux de communication, se trouve le
volet de la formation qui permet d'accroître ses compétences en
vue de mieux participer au développement local.
244
IX.1.3- Formation
Tableau n°29 : Propositions pour
accroître la participation de la population au développement.
Sexes
Propositions
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Compter sur les capacités de la population locale
|
30
|
15,79
|
37
|
19,47
|
67
|
35, 26
|
Faire la formation pour accroître les compétences
|
48
|
25,27
|
75
|
39,47
|
123
|
64, 74
|
Total
|
78
|
41,06
|
112
|
58,94
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2010-2012
Les données du tableau n°29, ci-dessus montrent
que 64,74% des enquêtés suggèrent pour accroître leur
participation que des formations leur soient données.
Ces formations permettront à la population d'avoir des
connaissances sur les différentes phases d'exécution d'un projet
de développement afin qu'elle puisse participer à celles-ci.
Selon la population, la formation pourrait lui donner
l'opportunité d'accroître ses compétences afin de mieux
participer à son développement. Ceci est bien exprimé par
64,74% des enquêtés qui estiment que le regroupement de la
population par centre d'intérêt (agriculture, artisanat, commerce,
etc.) en vue de recevoir des formations pour accroître leurs
compétences permettra à celle-ci de faire entendre plus sa voix
et d'influencer la mise en oeuvre des politiques en sa faveur.
245
Ceci est renchérit par des responsables
interviewés :
- « Nous pensons qu'avec un encadrement des personnes
regroupées en association, la population pourra mieux participer au
développement de Dimbokro.» (Entretien collectif, Association
des institutrices de Dimbokro).
- « Nous, jeunes restés dans notre
localité, souhaitons bénéficier des financements pour la
création d'activités génératrices de revenus et
aussi des formations dans certains domaines afin de mieux nous prendre en
charge. Certes, individuellement chacun veut participer au développement
mais se regrouper serait la meilleure option car dit-on "l'union fait la force"
» (Entretien collectif, Union des Jeunes de la Commune de
Dimbokro).
Cette formation doit s'étendre à toutes les
catégories sociales sans distinction d'appartenance ethnique et
politique, et selon les différents domaines d'activités.
Pour 35,26% des enquêtés, il est
nécessaire que les structures
décentralisées comptent sur les capacités de
la population locale.
« Nous sommes à mesure de participer au
redémarrage économique de notre localité, il suffit que
ces structures nous sollicitent pour que nous apportons notre
expertise95 », propos d'un enquêté,
ingénieur en bâtiment à la retraite.
« Nous pensons qu'il faut revoir les choses afin de
donner plus de place
à la population de participer à son
développement».
On peut par exemple regrouper la population par secteur
d'activités et lui donner toute la latitude d'être acteur de son
développement.
Plus elle sera responsabilisée, mieux elle sera
consciente de son rôle
pour l'amélioration de ses conditions de vie et
s'engagera davantage. (Entretien collectif, chefs des villages
concernés).
95 Extrait de l'entretien du 27 Décembre 2012.
246
« En tout cas, les associations mieux
structurées et organisées peuvent véritablement aider au
développement si plus de responsabilités leur sont
accordées » (Entretien collectif, responsables d'associations
et mutuelles de développement).
En effet, le département de Dimbokro a des cadres et
des compétences diverses qu'il va falloir les intégrer et les
responsabiliser dans les actions de développement de leur
localité.
Par conséquent, ceux-ci doivent se départir de
la politique lorsqu'il est question du développement de leur
localité comme le souligne l'association des soeurs unies de Belleville.
« Il s'agit de notre propre développement et non une affaire de
politique. Il est temps que toute la population de tout bord politique
comprenne la nécessité du regroupement qui peut nous permettre le
redémarrage économique recherché » (Entretien
collectif, association des soeurs unies de Belleville de Dimbokro).
Des rôles spécifiques doivent être
donnés à la population locale afin qu'elle participe à son
développement au lieu d'être un simple réceptionnaire des
projets de développement.
Autrement dit, il faut considérer l'approche ascendante
à partir de l'utilisation des ressources existantes qui se
matérialise par le développement d'un partenariat local et la
participation des habitants.
Ceci, dans la mesure où le développement local
est un processus d'initiatives communautaires à la base, par les actions
des acteurs locaux en fonction des demandes collectives locales
d'amélioration des conditions de vie (Omer Kambalé MIREMBE, 2005
: 252).
L'amélioration des conditions de vie de la population
et son implication à tous les projets de développement
nécessite que des actions soient faites tant au niveau des
élèves de Dimbokro qu'au niveau du milieu rural.
Dans tous les domaines de la vie sociétale, la
formation est la voie qui conduit aux possibilités d'actions.
247
Son importance dans cette étude est qu'il permet de
donner à un ensemble de personnes, en fonction de leurs projets et
activités des moyens de mieux les réaliser.
Il s'agit ici des conditions d'étude des
élèves de Dimbokro et de l'alphabétisation
fonctionnelle.
IX.1.3.1-Appui aux conditions d'étude des
élèves de Dimbokro
Autant les écoles privées naissent de
manière croissante, autant faut-il penser à aider les nombreux
élèves en leur offrant un cadre de vie et d'étude
décent, agréable, propice, capable d'accroître le taux de
réussite.
A cet effet, la construction d'un foyer d'élèves
dans le périmètre du Lycée Moderne de Dimbokro doit
être envisagée. Une étude minutieuse du coût des
chambres à faire louer aux élèves devra être faite
et surtout ce foyer devra disposer de toutes les commodités pour de
bonnes études.
A terme, ceci permettra de réduire la distance que les
élèves orientés, surtout au Lycée, auront à
parcourir et éviter de subir la chaleur ardente due à une
température qui varie entre 30 et 38°C.
Cela réduira de même les charges
financières de certains parents d'élèves et leur souci de
trouver, pour leurs enfants, des tuteurs en ces moments de crise. Aussi, les
frais générés de la location des chambres
constitueront-ils pour le Conseil Général de Dimbokro des fonds
pour le financement d'autres projets générateurs de revenus.
248
IX.1.3.2-Elargissement de l'alphabétisation
fonctionnelle
« C'est vrai, notre localité a perdu sa
noblesse d'antan, mais de nouvelles opportunités sont disponibles pour
nous. Avec un peu d'encadrement on peut s'en sortir. Moi, je me suis
orienté dans l'élevage d'agoutis »96.
« Nous pensons qu'avec un encadrement des personnes
regroupées en association, la population pourra mieux participer
à son développement.» (Entretien collectif, Association
des institutrices de Dimbokro).
Dans toute activité de développement, les
personnes concernées doivent gravir les niveaux successifs de
compétences et élaborer, avec les responsables financiers et
institutionnels, une méthode pédagogique qui leur permet
d'acquérir une compétence, de l'appliquer en vue de tirer un
meilleur profit de cette activité. Les habitants locaux peuvent assumer
des fonctions et des responsabilités, il suffit simplement de leur
donner quelques compétences et connaissances dans le domaine
d'intervention.
L'alphabétisation se pose comme un atout majeur dans
toute activité de développement.
Ainsi, faut-il au-delà de la formation professionnelle
à laquelle s'est attelé le Conseil Général de
Dimbokro dans son cadre d'actions; envisager l'alphabétisation
fonctionnelle, c'est-à-dire, une formation par secteur d'activité
pour une meilleure gestion des activités. Cela est une
nécessité car l'analphabétisme est un frein pour le
développement. C'est pour cela que le Conseil Général de
Dimbokro doit soutenir l'ANADER dans le domaine de la formation aux techniques
culturales, d'élevage et d'organisation de groupements, ainsi que les
centres d'alphabétisation qui exercent sur le territoire
départemental.
96 Extrait de l'entretien du 13 Août 2010.
249
L'alphabétisation fonctionnelle est une
alphabétisation qui va au-delà du simple apprentissage de la
lecture, du calcul et de l'écriture.
Elle s'accompagne de l'acquisition de compétences
véritablement adaptés aux besoins et au vécu quotidien de
l'alphabétisé et de sa communauté.
L'alphabétisation fonctionnelle permet aux
bénéficiaires d'avoir confiance en eux-mêmes, à
prendre plus d'initiatives et exercer ainsi un contrôle de leurs
conditions de vie. Elle tient aussi compte de l'habitat, de l'hygiène et
de l'environnement, d'où sa multi-sécularité, et qui fait
d'elle une alphabétisation intégrale.
Elle implique pour l'individu une ouverture à d'autres
compétences indispensables à son autonomie et à sa
participation à la vie de sa société. L'UNESCO
résume en disant que l'alphabétisé, est celui qui peut
« lire l'utilisation des engrais ou une ordonnance, consulter
l'horaire des bus ou tenir le compte d'un commerce97 ».
Spécifiquement, ce type de formation doit concerner les
jeunes de Dimbokro qui ont pour activité la fabrication du charbon de
bois.
« Les quelques personnes qui sont restées sur
place exercent une pression sur les terres se traduisant par une baisse des
rendements des cultures. En effet, l'exploitation des arbres pour la
fabrication du charbon de bois est devenue la seule source de revenu de
certains jeunes du département de Dimbokro afin d'avoir de moyens
financiers pour subvenir à leurs besoins. Cependant, ce secteur
manque
d'organisation.
L'abattage abusif et incontrôlé des arbres
peut causer la dégradation de l'environnement du département et
avoir des incidences sur le climat.
97 UNESCO (Juillet à Septembre 2002),
L'éducation aujourd'hui, bulletin du secteur de
l'éducation de l'UNESCO, N° 02, page 04.
250
Il importe donc d'organiser ce secteur et de sensibiliser
les jeunes sur les dangers que peut représenter l'abattage abusif des
arbres et allant la destruction du couvert forestier.
Il serait profitable de sensibiliser ces jeunes au
reboisement de la forêt
pour le maintien de l'équilibre
environnemental» (Entretien individuel, responsable du
développement agricole du Conseil Général de Dimbokro).
En effet, il existe de nombreux liens entre
l'alphabétisation et la santé. L'apprentissage et la
maîtrise de la lecture et de l'écriture sont des instruments qui
permettent aux femmes et aux hommes d'acquérir les compétences et
la confiance nécessaire pour prendre mieux soin de leur santé.
Les enfants dont les parents savent lire et écrire ont de meilleures
chances de grandir en bonne santé et de recevoir une éducation
adéquate. L'alphabétisation a donc des effets
bénéfiques sur la santé de l'individu, mais aussi et
surtout sur la famille et sur la communauté tout entière.
Les programmes d'alphabétisation intégrant une
dimension sanitaire peuvent contribuer de manière décisive
à instaurer durablement de meilleures conditions de santé, tout
comme les initiatives en matière de santé qui comportent un volet
d'alphabétisation.
L'apprentissage de la lecture et de l'écrire est un
processus de conquête de l'autonomie et une condition essentielle du
développement et de la santé98.
En somme, l'alphabétisation aide à
éliminer la grande pauvreté et accroit les chances de chacun tout
en promouvant l'égalité des sexes et la gestion durable de
l'environnement.
Dans cette optique, la promotion de la femme est un atout pour
le développement local car les femmes représentent une force de
production indispensable pour la vie économique (NATIONS UNIES,
1998).
98 Extrait du message du Secrétaire Général
des Nations Unies, M. Ban Ki-Moon, à l'occasion de la journée
internationale de l'alphabétisation du 08 Septembre 2010.
251
IX.1.4- Promotion de la femme
« Les femmes de Dimbokro sont
actives dans la mesure où elles cherchent sans relâche à
améliorer leur conditions de vie.
Les cultures vivrières contribuent au
développement de notre localité. Par ailleurs, avec l'existence
de quelques retenues d'eau, les femmes
pourront mieux faire en s'orientant vers les cultures
maraîchères.
Des actions d'encadrement et d'encouragement doivent
être menées de plus en plus à son endroit »
(Entretien collectif, Coopérative Centrale de Vivriers de
Dimbokro).
Ce fait est par ailleurs souligné par l'ANADER,
spécialiste du monde rural. « A Dimbokro, les
femmes sont impliquées dans plusieurs secteurs d'activités tels
que le commerce, l'agriculture et l'artisanat. Il faut pour ce faire mettre
l'accent sur cette frange de la population afin qu'elle participe activement au
développement de sa localité» (Entretien individuel,
agent de l'ANADER, zone de Dimbokro).
Dans un monde d'opulence et d'inégalités, les
libertés jouent un rôle essentiel pour combattre la misère
et l'oppression. Elles sont à la fois la fin ultime du
développement et son principal moyen.
Loin de s'opposer, liberté économique et
liberté politique se renforcent.
Elles favorisent l'action des individus, et notamment des femmes,
dont l'émancipation est un facteur décisif de changement et de
développement. Parce qu'il n'entraîne aucune
rémunération, le travail quotidien des femmes à la maison
est souvent négligé dans le décompte des contributions
respectives de chacun à la prospérité familiale.
Dès lors qu'elles travaillent à
l'extérieur et rapportent un salaire, leur participation gagne en
visibilité.
Ainsi, la liberté de rechercher et d'occuper un emploi
hors du foyer peut contribuer à la réduction des privations
relatives ou absolues subies par les femmes.
252
Il est aussi établi que le taux de fertilité
baisse à mesure qu'évolue le statut des femmes. Ceci n'est pas
surprenant, car les jeunes femmes sont de plus en plus handicapées par
les grossesses à répétition et les soins à donner
aux jeunes enfants.
Ainsi, tout ce qui favorise leur autonomie, leur
capacité d'expression et de décision tend à espacer les
naissances.
Cette réduction du taux de fertilité
dépend de deux facteurs, à savoir l'éducation et l'emploi
des femmes.
Au-delà, tous les éléments qui ont une
incidence sur l'émancipation des femmes contribuent à la baisse
du taux de fertilité.
Aussi, toutes les atteintes à l'environnement
liées à la pression démographique, qui affectent la vie
des hommes aussi bien que des femmes, sont en relation étroite avec la
question spécifique de la liberté des femmes à
l'égard de leur rôle de génitrice.
L'amélioration de la situation des femmes
présenterait sans aucun doute de grands avantages sur le plan social et
se traduirait probablement par des avantages économiques substantiels
pour la localité et allant pour le pays. Afin d'améliorer la
situation des femmes, il faut leur ouvrir des possibilités
d'accroître les moyens dont elles disposent en leur permettant d'avoir
accès au crédit et aux services de vulgarisation agricole.
Par ailleurs, elles doivent bénéficier d'un
traitement équitable dans les secteurs salariés du marché
du travail en améliorant leur accès aux services sociaux de base
tels que l'éducation, la santé, l'aide à la nutrition et
des programmes portant sur la démographie (Ismail SERAGELDIN, 1989 :
2425).
En effet, dans toute société, chaque personne
joue des rôles et remplit des fonctions diverses.
Ces rôles sont liés à des comportements
que chacun adopte et aux attentes que les autres ont de chacun.
253
Ces attentes sont fonctions du contexte socio-culturel et de
l'environnement particulier de chaque acteur social.
Chaque individu, femme ou homme, remplit trois rôles
dans la société, à savoir le rôle productif,
rôle reproductif et le rôle communautaire.
Le rôle productif comprend le travail
exécuté contre paiement en nature ou en espèce. Il
comprend la production de marchandises ayant une valeur d'échange ou la
production de subsistance ou domestique qui a une valeur d'usage mais aussi une
valeur d'échange potentielle.
Pour les femmes impliquées dans la production agricole,
ceci comprend leur travail comme fermières indépendantes, comme
femmes de paysans et comme travailleuses auxquelles on paie un salaire.
Le rôle reproductif quant à lui comprend la
responsabilité de mettre au monde et d'élever les enfants ainsi
que les tâches domestiques entreprises par les femmes qui sont
nécessaires pour que soient garantis l'entretien et la reproduction
biologique mais aussi le soin et l'entretien de la force de travail (le mari et
les enfants en âge actif) et de la future force de travail
(bébés et enfants en âge scolaire).
Le rôle reproductif rempli par les hommes
(éducation des garçons par exemple) est
généralement moindre et/ou considéré comme non
prioritaire.
Enfin, le rôle communautaire ou rôle dans la
société comprend des activités d'administration de la
communauté qui assurent à celle-ci services et
cohésion.
Ce rôle est assumé par les pouvoirs publics, par
des groupements ou des personnes. C'est ce rôle que l'on endosse
lorsqu'on s'exprime en tant que citoyen(ne).
C'est pour toutes ces raisons qu'il faut permettre à
chacun de pouvoir jouer son rôle dans sa société
d'appartenance.
Etant donné qu'il est de plus en plus admis que la
femme constitue un meilleur investissement, le Conseil Général de
Dimbokro, dans sa politique de
254
développement doit faire une promotion de la femme en
permettant aux jeunes filles d'être instruites grâce à des
facilités de scolarisation et des encouragements de tout genre.
Celles-ci seront certainement dans de meilleures conditions
d'étude si des internats leur sont construits.
En effet, les femmes participent à la relance
économique du département de Dimbokro par la culture du vivrier
et le commerce d'articles scolaires, d'alimentation et d'entretien, de bananes
plantains, de manioc et d'attiéké.
L'organisation du secteur de la culture du vivrier et celui du
commerce pourront permettre aux femmes d'accroître leurs revenus,
d'améliorer leurs conditions de vie et donc de mieux participer à
la relève économique de leur localité.
Cette promotion doit spécifiquement s'étendre
aux potières du village de Kangrassou-Alluibo, village du canton
Languira situé à sept (07) kilomètres de Dimbokro.
Cette activité des femmes de ce village est non
seulement une activité génératrice de revenu mais aussi
elle participe à la promotion du patrimoine artisanale et culturelle du
département de Dimbokro.
C'est pour cela qu'il serait nécessaire d'oeuvrer
à une meilleure organisation de ces femmes afin de tirer un profit
conséquent de leur activité.
La vulgarisation de la poterie de Kangrassou-Alluibo pourrait
participer au développement socio-économique de la population
dudit village et allant du département de Dimbokro.
Par ailleurs, le domaine de l'artisanat pourrait se
développer en créant par exemple un cadre permanent d'exposition
dans le but d'attirer des investisseurs étrangers.
255
Des associations féminines existent dans le
département de Dimbokro, il suffit simplement de leur apporter le
soutien nécessaire pour qu'elles puissent être des canaux de
participation au développement économique et social de leur
localité.
Ainsi, répondre aux besoins pratiques des populations,
c'est améliorer les conditions de vie concrètes, c'est
résoudre des besoins quotidiens et immédiats.
Il s'agit souvent d'alléger et d'améliorer des
tâches dans le cadre de la division sexuelle du travail selon des
rôles féminins et masculins actuels.
« La participation intégrale des femmes dans
les domaines économique, social, politique et culturel est un indicateur
important du progrès dynamique des peuples et de leur
développement »99.
En plus, il faut oeuvrer dans le sens du partenariat afin
d'élargir les opportunités pour le développement local.
IX.2- PARTENARIAT ET DEVELOPPEMENT LOCAL
« Il ne faut pas occulter le fait que le manque ou
l'insuffisance des moyens financiers freine la réalisation des actions
de développement à l'endroit de la population. A ce niveau, la
voie du partenariat est à emprunter pour atteindre les objectifs de
développement ». (Entretien individuel, directeur de cabinet
du Président du Conseil Général de Dimbokro).
Le développement local prône certes l'utilisation
des ressources localement disponibles mais cela ne suppose pas une option
d'autarcie.
Il est question de collaborer avec tous les acteurs de la
localité et partant avec d'autres partenaires pour le
développement.
« Il faut dire que le Conseil Général
de Dimbokro fait son effort afin d'aider la population pour
l'amélioration de ses conditions de vie.
Les besoins en développement des populations sont
nombreux et cela
99 Nations Unies (1976), Rapport de la conférence
mondiale de la femme, Mexico, 19 Juin au 02 Juillet 1975, Doc. E/CONF.,
66/34.
256
nécessite assez de moyens financiers. La seule
subvention de l'Etat, qui d'ailleurs nous parvient parfois tard, ne peut cerner
les investissements en développement. Nous en sommes conscients, c'est
pour cela que le Président multiplie ses contacts à la recherche
de partenariat » (Entretien individuel, directeur de cabinet du
Conseil Général de Dimbokro).
IX.2.1-Au plan local et/ou national
Le développement local s'inscrit dans un vaste champ qu'il
est
nécessaire d'opter pour des partenariats au niveau
local ou national avec des structures ou organismes ayant des
expériences dans le domaine du développement local.
Ceci est d'ailleurs relevé par la population
enquêtée qui souhaite qu'il puisse exister entre elle et les
structures décentralisées un partenariat (73,16%) et une franche
collaboration (26,84%).
« Les structures de développement qui exercent
à Dimbokro poursuivent certes des objectifs bien définis. Mais,
pour atteindre les objectifs du développement local et surtout avec
l'insuffisance des moyens financiers pour la réalisation de grands
projets de développement, il faut mettre l'accent de plus en plus sur le
partenariat, la franche collaboration avec les structures locales.
Il n'est plus question de s'asseoir et dire que les moyens
sont insuffisants. On demande aux élus locaux d'entreprendre des actions
au-delà de leur territoire, et d'être imaginatifs.
Il poursuit en affirmant « qu'il faut faire des
ouvertures vers les pays asiatiques: Inde, Iran, Chine, qui sont prêts
à aider les pays du tiers monde, et en particulier les pays africains
» (Entretien individuel, Directeur des services financiers et
comptables du Conseil Général de Dimbokro).
257
La prise en compte des besoins et attentes des populations
est, tout comme leur implication, une modalité indispensable de
l'application du principe de la participation pour la mise en oeuvre des
initiatives de développement.
Après la prise de conscience de la
nécessité de l'approche participative dans la mise en oeuvre des
projets de développement, prise de conscience consécutive
à l'échec des précédentes politiques de
développement, l'implication des bénéficiaires des actions
de développement est apparue comme le gage de la prise en compte de
leurs besoins et attentes dans la réalisation des projets de
développement .
C'est pour cela qu'il est nécessaire de donner
l'opportunité aux populations de définir leur priorité en
matière de développement, sans toutefois négliger la
révision de ces besoins.
Sans nul doute, c'est souvent au niveau local que l'approche
du développement durable centrée sur les besoins humains se
précise, car c'est à ce niveau là que des décisions
sont prises au jour le jour par des particuliers et des groupes de personnes,
décisions qui touchent leurs moyens d'existence, leur santé,
voire leur survie. Dans un contexte local, les particuliers et les
communautés sont mieux placés pour identifier les principaux
tendances, défis, problèmes et besoins, d'arrêter leurs
propres priorités et préférences, de déterminer les
compétences et les capacités qui font défaut.
En effet, pour qu'un projet puisse avoir un impact direct sur
l'amélioration des conditions de vie des populations, il faut que le
projet en question soit défini en fonction des priorités de
celles-ci.
Il ne s'agit pas d'une définition de priorité
à partir de constats qui pourrait avoir des limites dans l'avenir mais
les populations concernées doivent elles-mêmes définir
leurs priorités à travers une organisation locale.
La définition des priorités doit constituer le
premier volet de l'identification des projets de développement à
réaliser au sein d'une communauté, mais il faut, lorsque toutes
les conditions seront réunies pour la mise sur pied de ces
258
projets, procéder à un réexamen des
besoins des populations.
Il s'agit de réapprécier ces priorités
avec les populations afin de faire les éventuels
réaménagements.
C'est une manière d'être plus proche de celles-ci
et de les impliquer à leur propre développement dans la mesure
où les besoins sociaux ou les priorités des populations peuvent
connaître des changements en fonction de la situation du moment. Cela
veut dire que les projets privilégiant les aspects techniques, doivent
être nécessairement conçus en fonction des conditions
locales du milieu tout en prenant en compte des besoins des populations et les
modes traditionnels d'exploitation.
Pour ce faire, l'expertise des structures locales de
développement telles le BNETD, AGEPE, AGEFOP, FNS, FDFP et les ONG, doit
être convoquée lorsque le besoin se ferait sentir.
Puisqu'aucun développement durable ne peut se faire en
dehors de la population, le Conseil Général de Dimbokro doit
poursuivre la sensibilisation aux fins d'amener celle-ci à
considérer la participation à son développement comme un
impératif et lui donner l'opportunité de le faire.
A cet effet, les populations (jeunes et vieillards, hommes et
femmes) doivent savoir que vouloir se développer, nécessite un
certain nombre de sacrifices dont le regroupement en associations ou mutuelles
de développement.
Il faut se constituer en associations pour
bénéficier du soutien des organismes internationaux.
Favoriser l'organisation des populations pauvres en
associations ou en communauté est un aspect essentiel de la nouvelle
conception de l'Etat.
En dehors du secteur public, de nombreux acteurs, groupes de
proximité, syndicats, universités, associations d'usagers, ONG et
associations de quartier influent sur la gestion des affaires publiques. Ces
groupes peuvent, entre autres, obliger les élus locaux à
être comptables de leurs actes.
259
Constituant ce qu'on appelle la « société
civile », ils peuvent aussi rechercher, parallèlement à
l'administration, un mode de gouvernement plus à l'écoute de la
population et plus efficace100.
Le PNUD fait également de cette mesure un axe
fondamental de la nouvelle stratégie de lutte contre la
pauvreté.
Ainsi, la gouvernance est-elle considérée comme le
" maillon manquant et l'organisation des pauvres est perçue comme le
"fondement de la réussite". En effet, la fonction primordiale de la
société civile est de promouvoir les intérêts des
pauvres.
Selon le PNUD, « ce dont les pauvres ont besoin,
c'est une capacité organisationnelle accrue, plus de pouvoir pour
influencer l'orientation de leur vie. L'assistance extérieure doit
tendre à mettre en place cette capacité et ne doit pas se limiter
à fournir des biens et services101.
Il s'agit donc de faciliter la croissance des organisations
des pauvres en levant les obstacles juridiques ou autres qui empêchent la
formation d'associations, et en fournissant un cadre administratif et
judiciaire qui les soutienne.
La finalité est d'instaurer des partenariats entre les
divers segments de la population, entre les structures
décentralisées et la population, et d'engager un débat
public sur les questions de développement économique et
social.
Il est question de mettre en valeur la perception
d'intérêts communs entre les pauvres et les non-pauvres.
L'objectif est d'introduire, au sein du débat public,
l'idée que la réduction de la pauvreté est un bien public
et qu'elle peut favoriser le mieux-être des non-pauvres. L'essor de la
société civile doit permettre, à terme, de tisser une
alliance stratégique avec l'Etat102.
Les organisations de la société civile et de
l'Etat doivent poser les bases institutionnelles de la coopération pour
le bien commun.
100 Banque Mondiale (1999), Rapport sur le
développement dans le monde : le développement au seuil du
XXème siècle, BM, Paris, Page 129
101 PNUD (2000a), Vaincre la pauvreté humaine,
Paris, Economica, Page 87.
102 PNUD (2000a), Op.cit., Page 74.
260
Les institutions doivent être participatives,
crédibles, comptables, afin que les populations puissent voir les
avantages de la coopération.
Cet appel doit être saisi par tous les associations et
mutuelles de développement, ONG et tout autre groupement de la
population agissant sur le territoire départemental de Dimbokro.
C'est donc le lieu de mieux structurer les différents
groupements de la population autour d'un objectif commun qui est celui de
l'amélioration des conditions de vie. Ainsi, les associations de la
population de Dimbokro telles TABITHA, BEKANSSI, BEKANTI, les soeurs unies de
Belleville et le groupement des apiculteurs de Soungassou, qui oeuvrent pour le
mieux-être de leurs membres et donc de la population, doivent agencer
leurs différentes actions sur la base du partenariat.
C'est à juste titre que la Présidente de
l'Association BEKANSSI, parlant de l'importance des groupements, souligne que
« les bailleurs de fonds font plus confiance aux groupements
qu'à l'individu ; j'encourage donc mes soeurs à nous rejoindre
».
Dans cette perspective, l'on doit savoir que le
développement n'a pas de bord politique. Il faut pouvoir donc faire fi
de son appartenance politique et accepter de s'unir avec d'autres personnes
pour réaliser des activités génératrices de
revenus.
Par ailleurs, l'état traditionnel des associations
n'est plus à l'ordre du jour. Il s'agit d'évoluer et quitter cet
état qui consistait à faire des cotisations pour juste
s'entraider en cas de malheur (décès) et
d'évènements heureux (mariage, naissance) et atteindre un
regroupement avec des projets de développement bien définis
à réaliser.
261
A cet effet, les cadres du département de Dimbokro
doivent s'investir dans son développement à travers les mutuelles
de développement, qui bien structurées et des objectifs
définis, pourront faire intervenir les organismes internationaux
à relever le défi du redémarrage socio-économique
de la région jadis prospère.
Ces cadres, qui dans l'exercice de leur tâche
professionnelle, ont acquis des expériences de gestion, de management
des hommes et des projets, et ont eu l'occasion de connaître d'autres
pays, d'autres modes de développement, doivent se mettre au service de
leur localité.
Ceux-ci ont donc la capacité d'analyser la situation de
développement, de comprendre, de proposer des solutions, de mettre en
oeuvre et d'encadrer les autres. Il leur suffit de prendre leur
responsabilité et d'avoir le souci du développement
économique et social de leur région.
« Seules la sensibilisation, la culture de
l'écoute et de la formation peuvent permettre d'atteindre cet
état de fait. Car nous sommes en face d'une population
désespérée, qui pense que rien ne peut la faire sortir de
la situation qu'elle vit; elle qui, jadis était prospère »
(Entretien individuel, responsable du développement humain du
Conseil Général de Dimbokro).
Or, comme l'a si bien souligné l'agent de l'ANADER de
Dimbokro, « l'espoir est permis à travers la production de
l'anacarde, des produits vivriers et maraîchers » (Entretien
individuel, agent de l'ANADER, zone de Dimbokro).
Il appartient donc à la population de saisir cette
nouvelle opportunité et avoir des idées positives.
Par ailleurs, le partenariat doit s'étendre
au-delà du local pour atteindre l'international non pas en terme de
transposition de modèle de développement mais dans le sens des
acteurs de développement échangeant des expertises.
262
IX.2.2-Au plan international
L'organisation des coopératives et groupements
agricoles doit être structurée autour des formations et des
renforcements de capacités en techniques culturales et en
comptabilité simplifiée.
Cela permettra à la population de participer à
son développement. Dans cette optique, un partenariat doit être
tissé avec des experts israéliens, qui peuvent apporter leur
expertise dans ce domaine et aussi aider à mettre en valeur les 22
retenues d'eau du département de Dimbokro pour la culture des
maraîchers.
Par ailleurs, un projet a été
rédigé et déposé au FDFP dans la perspective de la
mise en valeur de ces retenues d'eau103.
En outre, les deux faîtières des
collectivités territoriales, qui sont l'Union des Villes et Communes de
Côte d'Ivoire (UVICOCI) et récemment l'Association des
Régions de Côte d'Ivoire (ARCI) 104doivent multiplier
les contacts avec les élus locaux du Sud et du Nord dans le cadre de la
coopération décentralisée.
La charte européenne à l'appui et à la
bonne gouvernance locale, rédigée le 15 Novembre 2008 et celle
des journées européennes à Bruxelles reconnaissent que
l'autorité locale et celle territoriale apparaissent aujourd'hui comme
des acteurs clés du développement.
Cette charte a souligné la nécessité de
l'efficacité de la coopération décentralisée et de
l'appui à la bonne gouvernance.
Les principes de cette charte sont portés par des
convictions qui relèvent que la gouvernance démocratique locale
et la décentralisation sont des moyens efficaces de la lutte contre la
pauvreté, permettent d'atteindre les objectifs du
103 Extrait de l'entretien du 08 Juillet 2010 avec un des
responsables de l'ANADER-zone de Dimbokro.
104Le Mercredi 25 Septembre 2013, les gouverneurs des
districts et les présidents des conseils généraux de
départements se sont réunis en assemblée
générale, pour prononcer la dissolution de l'Association des
Districts et Départements de Côte d'Ivoire (ADDCI). Cette
dissolution s'est faite à l'unanimité des 20 membres de l'ADDCI
présents, pour laisser place à la nouvelle structure qu'est
l'Association des Régions de Côte d'Ivoire (ARCI). Cela
conformément à l'ordonnance n°2011-262 du 28 Septembre 2011
qui supprime les conseils généraux de Côte d'Ivoire.
263
millénaire, de respecter les droits de l'homme, les
droits économiques, sociaux et culturels.
En effet, la coopération décentralisée
qu'elle soit bilatérale ou multilatérale oeuvre pour la mise en
place de nouveaux instruments, des stratégies et modalités de
coopération, susceptibles de faciliter le changement institutionnel et
d'optimiser les possibilités, de promouvoir les objectifs de
développement stratégique, tels que la réduction de la
pauvreté ou le développement économique local.
La coopération décentralisée
envisagée sous l'angle du rapport de partenariat Nord-Sud entre deux
entités territoriales offre aux collectivités locales des pays du
Sud d'accroître leurs opportunités.
Celles-ci, lorsqu'elles sont appréhendées dans
le contexte de la décentralisation comme processus d'accompagnement de
l'effort démocratique, contribuent à l'amélioration des
conditions de vie des populations, à travers une prise en charge
autonome de leur capacité de décision et de gestion.
Ainsi, la coopération décentralisée
bilatérale est susceptible d'accompagner le processus de
démocratisation par les initiatives qu'elle peut susciter au niveau
local.
Seule une nouvelle approche des problèmes urbains
comme ruraux par les pays intéressés et par la communauté
internationale permettra de prendre en main ces transformations.
Ce n'est pas au niveau central que ce sera possible, mais
en favorisant plutôt les initiatives et les contributions des habitants
et des communautés de bases, et en s'appuyant sur des
collectivités locales aux pouvoirs et aux moyens
renforcés.
264
On attend de la coopération
décentralisée qu'elle puisse stimuler ce mouvement et qu'elle
sache proposer des modes d'intervention nouveaux adaptés aux
réalités et aux défis que les collectivités locales
du Sud ont à relever.
En complément aux initiatives des agents locaux du
développement, les collectivités locales du Sud sont
destinées à devenir des moteurs privilégiés de la
coopération décentralisée.
En effet, le passage d'une coopération d'assistance
à une coopération décentralisée
réorientée autour d'un objectif de développement
approprié et durable exige l'intervention nécessaire
d'opérateurs professionnels qui soient en permanence présents sur
le terrain de manière à suivre la mise en oeuvre des projets afin
de les mettre à l'abri des détournements et de coordonner les
différents intervenants extérieurs et locaux dans leurs
rôles respectifs.
Cette « professionnalisation » de la
coopération décentralisée implique que les
différents acteurs interviennent chacun dans son domaine de
compétence.105
En outre, une coopération décentralisée
n'a de sens que si elle s'inscrit dans une perspective de durabilité.
Les projets doivent non seulement aider à résoudre les
problèmes courants mais également permettre aux populations
locales de les inscrire dans les perspectives de développement du
village ou du territoire à long terme et dans le développement
durable du pays.
La coopération décentralisée ne devrait
donc pas se traduire par des coûts sur l'environnement et sur la
santé que les populations souvent démunies devront payer par la
suite.
Les actions de coopération décentralisée
n'ont de sens, que si elles contribuent à développer des
capabilities106 dans le sens d'Armatya SEN, à
transférer des savoirs-faire dans la gestion des questions liées
à
105 Alain MARIE (2005), La coopération
décentralisée et ses paradoxes, Paris, Editions Karthala,
Page 201.
106 Les capabilities désignent l'ensemble des actes
que tout individu devrait être capable d'accomplir (Armatya SEN,
1985, 2000).
265
l'environnement et à assurer des revenus
pérennes aux générations actuelles ainsi qu'aux
générations futures.
Ainsi, des regroupements fonctionnels apparaissent
indispensables pour la réalisation d'économies d'échelles
et d'infrastructures de développement.
Des jumelages peuvent également être
institués afin de permettre aux différentes collectivités
territoriales d'échanger leur expérience en matière de
développement.
En somme, les modalités de la coopération entre
les collectivités devront faire l'objet d'une étude associant, la
tutelle et les collectivités à travers les élus locaux et
les élites locales ainsi que les partenaires au développement.
IX.3-MODALITES D'AMELIORATION DE LA
DECENTRALISATION
IX.3.1-Instauration de débats nationaux sur
l'administration locale
Pour que la décentralisation puisse être
véritablement au service du développement, il importe que la
nation s'accorde des valeurs et se donne des repères dans
l'administration de son territoire. Ainsi, la décentralisation et la
déconcentration doivent-elles oeuvrer en synergie pour garantir la
cohésion du territoire dans l'optique du développement.
La réflexion mérite donc d'être
poursuivie, approfondie et élargie pour aboutir à des solutions
répondant davantage aux aspirations des populations tout en contribuant
à la construction et à la consolidation de la cohésion
sociale et de l'unité nationale.
266
IX.3.2-Réalisation effective du transfert de
compétences et les mesures d'accompagnement
La décentralisation a certes fait des progrès au
cours des deux décennies, cependant, des manquements sont à
considérer.
L'absence de décrets d'application de certaines
compétences transférées aux collectivités
territoriales et le faible niveau de contrôle et d'appui conseil des
services de tutelle laissent apparaître des interrogations. Aussi, le
manque de précision dans la nature des rapports entre les services de
l'Etat et les collectivités territoriales constitue une contrainte
majeure à la création d'une dynamique de développement
local107.
Il est donc nécessaire de procéder à
l'application des textes pour que les administrations de l'État
transfèrent effectivement les compétences aux
collectivités territoriales.
Des séminaires ont déjà été
organisés à cet effet pour sensibiliser les ministères.
Au demeurant, l'une des solutions à l'efficacité
des collectivités demeure l'allocation de ressources budgétaires
par l'État et la réalisation de ressources propres. Dans ce
cadre, l'attention doit être mise sur la nécessité d'une
répartition équitable des ressources, sans autres
considérations que la recherche du développement.
Il s'agit de réformer le cadre des collectivités
pour répondre au besoin de développement local qui s'avère
aujourd'hui primordial.
Il convient ainsi d'institutionnaliser le lien entre la
décentralisation et l'aménagement du territoire.
A cet effet, la région devra s'inscrire dans une
dynamique d'équipement et de développement par la prise en compte
des ressources naturelles et des potentialités
socio-économiques.
107 REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE (Janvier 2009), Document de
stratégie de séduction de la pauvreté : stratégie
de relance du développement et de réduction de la
pauvreté, Abidjan, page 76.
267
En définitive, si l'on veut que les
collectivités locales soient des lieux d'enracinement de la
démocratie à la base et le moteur d'un développement local
durable, il faut procéder à des aménagements qui
responsabiliseraient davantage ces collectivités et leur permettraient
de se prendre véritablement en charge.
Des efforts restent donc à faire pour que le principe
de transfert de compétences de l'Etat aux collectivités soit
effectivement source de progrès et de réelle autonomie.
Cette démarche que l'on peut considérer comme
intrinsèquement liée à la qualité de la
démocratie locale met à contribution les différents
acteurs majeurs que sont les populations, les élus locaux et l'Etat.
Car, seule une réelle interaction entre toutes ces
parties prenantes permettra d'envisager des lendemains meilleurs pour le
processus de décentralisation et partant pour le renforcement de la
démocratie à l'échelon local et le développement
local.
IX.3.3-Amélioration de l'autonomie
financière des collectivités territoriales
En plus des ressources humaines, il convient
d'améliorer l'autonomie financière des collectivités. Pour
ce faire, l'Etat devra mettre en place une stratégie de
répartition des subventions qui tient compte du déficit
d'équipements dans les collectivités, du renforcement des
capacités des collectivités en matière
d'élaboration d'études prospectives des ressources locales, de la
répartition claire des ressources collectées au niveau local et
de la fiscalité locale.
Cette action viserait à améliorer leur
capacité contributive au budget local.
En outre, l'Etat doit prendre des mesures incitatives pour
attirer les investisseurs privés et appuyer les initiatives locales en
matière d'entrepreneuriat.
268
L'Etat devra également renforcer les capacités
d'intervention des services déconcentrés.
Ainsi, importe-il de définir clairement des
responsabilités respectives des administrations centrales et locales et
de doter les services déconcentrés de moyens humain, technique et
financier nécessaires à l'appui-conseil et au contrôle des
activités des collectivités décentralisées, ainsi
qu'à la mise en place des bases de données.
Dans cette perspective, la traçabilité des
ressources devra aller au-delà des aspects financiers et comptables pour
établir un lien entre les niveaux d'exécution financière
et de réalisation effective des activités ou de
réalisation physique des infrastructures.
Ainsi, la promotion de la culture de l'audit interne et
externe, de la gestion des ressources publiques doit être
développée afin de corriger les éventuelles faiblesses.
On entend par décentralisation financière, la
répartition des ressources publiques et l'organisation des rapports
financiers entre l'Etat et les collectivités locales. Ce concept
recouvre la définition d'un champ de ressources propres pour les
collectivités locales, l'identification d'un champ de ressources
partagées entre l'Etat et les collectivités locales, et les
transferts des ressources du budget de l'Etat à celui des
collectivités locales (François Paul YATTA, 2000).
La définition d'un champ fiscal propre aux
collectivités locales se retrouve dans la plupart des lois de
décentralisation. Dans les pays francophones d'Afrique, cette
fiscalité propre s'appuie sur les quatre impôts de locaux de base
: le foncier bâti, le foncier non bâti, la taxe d'habitation et la
patente.
A ces impôts locaux peuvent s'ajouter des taxes
spécifiques liées au contexte du développement des
différentes localités.
Afin d'aboutir à une décentralisation
financière, il faut dans un premier temps instaurer le dialogue entre
l'Etat et les collectivités locales.
269
Dans un second temps, il s'agit de définir une
stratégie qui relie étroitement les performances locales dans la
mobilisation des ressources et qui bénéfice des concours et
subventions de l'Etat.
Enfin, les Etats doivent faire des échanges sur les
expériences positives en matière de décentralisation
financière.
Les décentralisations africaines suivent des
trajectoires différenciées selon l'histoire, le système
politique, la culture administrative et financière, et les moyens
d'action propres à chaque pays.
Il en résulte une somme d'expériences
intéressantes à partager, avec comme principe de base la
recherche de la plus grande autonomie possible des collectivités
locales.
Le recensement, la capitalisation et le partage de ces
expériences doivent permettre de créer progressivement une
intelligence partagée de la décentralisation financière en
Afrique.
L'échange devrait également concerner les
instruments de gestion des finances locales et viser à terme,
l'harmonisation de tels instruments au niveau des différentes zones
économiques et monétaires, tel que cela est actuellement
envisagé dans les pays membres de l'UEMOA et de la
CEMAC108.
IX.3.4-Information et participation au
développement
Dans le but d'assurer une citoyenneté locale active et
constructive, il apparaît nécessaire, de favoriser l'appropriation
du concept de décentralisation par les populations, à travers la
compréhension et la prise de conscience de ses enjeux et de ses
perspectives. Les stratégies de mise en oeuvre doivent également
être communiquées aux citoyens pour leur adhésion et leur
participation individuelle et collective.
108François Paul YATTA (2000), Op.cit,
page 09.
270
A ce niveau, de véritables centres de communication
doivent être mis en place au sein des structures
décentralisées.
La société civile doit être
représentée dans ces centres de communication avec des
rôles bien identifiés.
Ainsi, la communication de proximité répondrait
bien aux besoins des diverses phases et étapes du cycle de l'approche
participative en ce sens qu'elle est utilisée à l'échelle
des villages ou au niveau du terroir.
Elle a pour objet d'accompagner et de renforcer chacune des
étapes et des phases de la démarche, à travers un certain
nombre d'outils d'information, d'analyse, de dialogue, de formation, de gestion
ou de suivi.
Ces outils et méthodes sont généralement
utilisés par des agents ayant une fonction d'appui, d'animation ou
d'encadrement des communautés villageoises, à savoir les agents
vulgarisateurs, les enseignants, les animateurs d'Organisations Non
Gouvernementaux (ONG) ou de projets, responsables de groupements ou
d'associations.
Les supports qui sont souvent utilisés sont, entre
autres, des supports audios ou visuels, des boîtes à images,
vidéo, cartes de villages.
Chacun de ces outils a une fonction précise dans la
mise en oeuvre des différentes étapes de l'approche
participative. Le choix de ces outils dépend du but recherché, de
l'environnement économique, technique et socio-culturel dans lequel ils
sont employés, ainsi que des aptitudes et des qualités
d'animation des encadreurs et des animateurs qui les utilisent.
L'exploitation de ces outils sera d'autant plus efficace
qu'ils auront été produits localement, en interaction avec les
communautés villageoises, les associations et ONG et que les
techniciens, vulgarisateurs et animateurs auront été
formés à leur utilisation sur le terrain.
Le plus souvent, les communautés villageoises,
disposent des systèmes d'outils et de réseaux traditionnels de
communication.
271
Ceux-ci sont issus de la tradition villageoise, conçus
et gérés directement par les communautés pour
répondre à leur besoin d'information, d'éducation, de
divertissement, de débat, de développement et de gestion des
conflits locaux. Les règles de la communication traditionnelle ou
communautaire varient selon le contexte historique et culturel dans lequel se
situent ces communautés.
Les manifestations les plus courantes de cette forme de
communication sont : les assemblées villageoises, le
théâtre, les chansons, les proverbes, les devinettes, les
récits, les contes, les visites inter-villageoises, les crieurs publics.
Généralement, ce type de communication est très vivant en
milieu rural et joue un rôle important dans les dynamiques
villageoises.
Dans une démarche participative, les communautés
villageoises doivent pouvoir mobiliser leurs propres outils de communication,
tout en conservant leur contrôle sur la conception et la diffusion des
messages véhiculés.
Aussi, pour le développement rural, est-il important de
tenir compte de la capacité des institutions locales, pas comme un
alternatif, mais plutôt comme un complément des institutions
nationales.
Les décisions locales pouvaient être meilleures
si les pouvoirs locaux adoptaient une vue d'ensemble, tout comme les
décisions au niveau central pouvaient être meilleures si les
autorités centrales prenaient en considération les
réalités locales (Norman UPHOFF, 1997 : 11).
Afin d'assurer une participation véritable des groupes
marginalisés, les décideurs doivent prendre en
considération les niveaux divers de cohésion sociale, de capital
social, de capital institutionnel, et de la capacité d'exécution,
et s'organiser à répondre promptement, avec des moyens
suffisants, aux besoins et aux occasions locales.
272
Dans ce contexte, les libertés publiques locales
doivent être une priorité de chaque État central qui doit
veiller à ce que les collectivités locales acquièrent leur
autonomie à travers la délégation à elles faites de
leurs droits fondamentaux.
Il est évident que la décentralisation n'est pas
la seule solution qui résoudrait tous les problèmes de
développement qui se posent en Côte d'Ivoire, mais elle en
constitue une.
Pour le développement local, la décentralisation
est supposée apporter aux populations les outils de décision et
de gestion nécessaire pour leur implication dans la résolution
des questions de développement.
Il est aujourd'hui établi dans la sphère du
développement que la gestion durable des projets doit se concevoir avec
la participation populaire.
Cette idée est prônée par les institutions
internationales telles que la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
International.
Or, il n'y a pas de participation populaire sans dialogue,
sans partage des informations et des expériences, sans échanges
des savoirs et des techniques. Il est donc question d'établir, renforcer
et promouvoir des structures et procédures institutionnelles pour
assurer la participation de la société civile à la
conception, à l'exécution et à l'évaluation des
processus décisionnels et des programmes. Il faut de même garantir
le droit de tous les intéressés à transmettre aux
autorités compétentes leurs commentaires sur les activités
proposées, avant la prise d'une décision officielle et
prévoir la possibilité pour les organisations, les
communautés et les particuliers, d'exprimer leurs idées et
d'échanger des informations et des connaissances traditionnelles en
matière de gestion de l'environnement et de développement.
Cela faciliterait leur participation effective à la
formulation, l'adoption et la mise en application des décisions qui
affectent leur vie.
273
IX.3.5-Formation des élus locaux et
institutionnalisation d'une fonction publique territoriale
La formation des élus locaux constitue une
priorité pour la réussite de la décentralisation. Celle-ci
sera un cadre de recyclage face à la réalité du
développement local.
Le renforcement des capacités en ressources humaines
passe, d'abord, par la formation des agents des collectivités
décentralisées et des administrations déconcentrées
à la mise en place de programmes de développement et la promotion
des services de proximité de qualité (eau potable,
électrification, routes, état civil, assainissement,
marché public, etc.).
Ainsi, des sessions de formation financées par
l'État et/ou les associations des collectivités territoriales
ainsi que par les partenaires au développement peuvent contribuer
à l'amélioration des performances des élus locaux.
Car, ces élus doivent non seulement maîtriser la
gestion locale mais aussi et surtout être attentifs à
l'environnement national et international, avec ses opportunités et ses
évolutions.
Aussi, la qualité, la continuité et
l'efficacité du service public local commande la mise en place d'une
fonction publique locale appropriée.
Par ailleurs, il faut soustraire les agents des
collectivités aux pressions, menaces et incertitudes politiques.
Le service public local doit être assuré, au
bénéfice de l'ensemble des populations et des usagers, sur la
base de la neutralité, de l'impartialité et de
l'égalité. Le service public a la vocation d'être un moteur
de la cohésion sociale en rassurant les citoyens par la pertinence et la
qualité de ses interventions, dans le respect de la dignité
humaine.
274
Conclusion partielle
Il s'agit d'améliorer l'existant en matière de
décentralisation et du développement local tout en
considérant les aspirations des uns et des autres. C'est donc une
nécessité si l'on tient à ce que la
décentralisation puisse contribuer au développement
socio-économique des régions que les leçons issues des
différentes études, débats et états
généraux soient mis en pratique. En effet, la réalisation
effective du transfert de compétences et des mesures d'accompagnement
doit être une des stratégies pour atteindre les objectifs
escomptés. Ceci sera plus pertinent à partir de la
définition objective, réglementaire et sociologique de la
structuration de la décentralisation.
La communication autour du développement entre les
acteurs locaux et les différents partenaires de développement
doit servir d'approche permettant la participation de tous au
développement.
Faire comprendre l'essence du développement local par
la décentralisation aux élus locaux par des séances de
formation ou de renforcement de capacité est une des voies pour
répondre aux besoins des populations dans la dynamique des
sociétés ivoiriennes.
Ainsi, au-delà de la coopération
inter-collectivités au niveau national, la décentralisation
facilite aussi les relations directes avec l'environnement international. Des
actions de partenariat peuvent donc être entreprises pour ouvrir des
opportunités de projets en vue du développement local.
Il appartient à l'État de créer les
conditions favorables à la recherche de ce partenariat à travers
la stabilité nationale et l'entretien de liens d'amitié, de
solidarité et de confiance avec l'extérieur.
Les structures décentralisées doivent oeuvrer de
même dans le domaine du partenariat qui se présente être
indispensable pour le développement local.
275
CONCLUSION
Notre réflexion sur le développement local et la
décentralisation en Côte d'ivoire s'est axée sur le
thème « le développement local participatif dans
le contexte de la décentralisation en Côte d'Ivoire: le cas du
chef-lieu de la région du N'Zi (Dimbokro)».
L'objectif général de l'étude
était de déterminer les mécanismes de construction des
rapports sociaux autour de la participation de la population de Dimbokro
à son développement.
A cet effet, nous avons pu recueillir les données tant
auprès du personnel des structures décentralisées (Mairie,
Conseil Général de Dimbokro) qu'auprès des structures de
développement (ANADER, associations), de la Préfecture, de la
direction départementale de la santé, du Centre
d'Alphabétisation de l'Eglise Saint Joseph et de la population du
département de Dimbokro.
Comment les rapports sociaux qui se construisent autour de la
participation des populations concourent-ils au développement local?
Autrement dit, quelle est la configuration sociale de la participation de
population de Dimbokro au développement local?
Pour répondre à cette question, une
hypothèse générale selon laquelle les rapports sociaux qui
se construisent autour de la réalisation des projets de
développement déterminent le succès du
développement local a été envisagée. Cette
hypothèse principale s'est donc opérationnalisée à
travers trois hypothèses secondaires. Selon la première
hypothèse, le regroupement de la population et la communication sont des
mécanismes qui impactent l'atteinte des objectifs de la gestion du
territoire local.
La seconde indiquait que les relations de partenariat
existantes entre les structures décentralisées et la population
de Dimbokro constituent un facteur influençant du développement
local.
276
Enfin, selon la troisième hypothèse, le manque
de compétences adéquates et l'absence de cadre d'expression ainsi
que l'analphabétisme constituent un frein à la participation de
la population au développement local.
Ainsi, l'analyse du profil sociologique des
enquêtés (sexe et âge, niveau d'instruction et profession)
ainsi que leur connaissance du développement local et du rôle
d'une structure décentralisée a constitué la
première approche de la question. Ensuite, la politique et
matérialisation des projets de développement pour le
mieux-être de la population Dimbokro ont été
abordés. Evoluant, la perception et attentes de la population en
matière de développement ainsi que sa participation au
développement local pour l'amélioration de ses conditions de vie
ont été examinées.
L'analyse du sujet s'est achevée par quelques
stratégies et perspectives d'amélioration de la
décentralisation pour le développement local.
Cette analyse s'est faite en s'appuyant sur deux
méthodes, à savoir la méthode dialectique et la
méthode stratégique.
La méthode dialectique nous a permis de déceler
les contradictions dans la participation de la population du département
de Dimbokro à son développement dans le contexte de la
décentralisation et les actions de développement entreprises.
Cette antinomie est perceptible entre les théories du
développement local participatif et celle de la décentralisation
qui voudraient que les populations participent à leur
développement et de ce qui se présente dans la pratique.
Concernant le département de Dimbokro, cette participation se limite
à la consultation de la population qui ne lui permet pas de jouer un
véritable rôle dans son développement.
L'approche stratégique a été utile pour
l'analyse des comportements des acteurs et bénéficiaires des
actions de développement, leurs stratégies de participation au
développement et les zones d'incertitudes qui sont perceptibles par le
jeu des bénéficiaires ou de la population locale.
277
La stratégie de participation de la population de
Dimbokro à son développement est son regroupement en association
et la sollicitation individuelle ou collective de fonds pour la création
des activités génératrices de revenus.
L'incertitude perceptible dans cette localité, est la
réticence de certains responsables des réunions et actions de
développement en se basant sur les appartenances politiques pour
légitimer leurs actes.
Cette étude a allié l'approche qualitative et
l'approche quantitative.
Les analyses ont été menées suivant les
techniques de l'analyse de contenu et de l'analyse quantitative en s'appuyant
sur les logiciels de traitement de données et d'analyse tels
qu'EPIDATA 3.1 et SPSS 16.0.
L'étude nous a permis d'avoir un aperçu des
actions de développement entreprises dans le cadre de la
décentralisation et la manière dont la population de Dimbokro
participe à son développement.
La première hypothèse qui stipulait que le
regroupement de la population et la communication sont des mécanismes
qui impactent l'atteinte des objectifs de la gestion du territoire local a
été vérifiée; dans le sens où cette
disposition qui représente une des bases de participation de la
population au développement local est utilisée à
Dimbokro.
En effet, les stratégies de participation de la
population de Dimbokro sont perceptibles à travers le regroupement de la
population et sollicitation de financements (50%),
l'adhésion aux projets de développement mis en place
(29,48%) et le retour à la terre
(20,52%) en s'orientant vers les nouvelles spéculations
telles que anacarde, hévéa, palmier à huile.
Cette première stratégie lui ouvre la voie pour
participer à son développement.
Dans cette perspective, la communication de proximité
est la plus utilisée selon les enquêtés avec un taux de
52,63%.
278
Il s'agit des différentes rencontres d'informations et
de sensibilisation des agents de la structure décentralisée avec
la population locale dans le cadre du développement local.
Ensuite vient la communication à travers les ondes de
la radio "la voix du N'Zi" avec un pourcentage de 27,37%.
Enfin, des informations sont reçues par
l'intermédiaire des représentants de la population locale,
à savoir les chefs de villages, les responsables d'associations pour un
pourcentage de 20% des enquêtés.
La deuxième hypothèse quant à elle
supposait que les relations de partenariat existantes entre les structures
décentralisées et la population de Dimbokro constituent un
facteur influençant du développement local.
Cette hypothèse n'a pas été totalement
vérifiée à Dimbokro, dans la mesure où
c'était le rapport de consultation (66,85%) qui
était plus perceptible à travers les données de cette
étude. Ainsi, selon 57,90% des enquêtés,
la population ne participe pas à la prise de décision concernant
les actions de développement de leur localité.
Par contre, 42,10% des répondants ont
déclaré que leur participation au développement se
limitait à la consultation.
Leurs propos le résument ainsi :
« Il s'agissait des consultations pour
connaître nos besoins concernant le développement. Parfois, il
arrivait que nous nos besoins étaient exprimés par écrits
et déposés au sein de la structure
décentralisée»109 .
La consultation constitue certes la voie de participation de
la population au développement, mais cela doit tendre vers un
partenariat puisque la population locale est bénéficiaire des
actions de développement.
109 Propos d'un des enquêtés pour justifier ce
qu'ils font concrètement lors des prises de décisions,
enquête de terrain 2012.
279
La troisième hypothèse, qui faisait remarquer
que le manques de compétences adéquates, l'absence de cadre
d'expression ainsi que l'analphabétisme constituent un frein à la
participation de la population au développement local, a
été vérifiée.
En effet, il a été constaté que l'absence
de cadre d'expression (35,26%), le manque de
compétences adéquates (26,84%), et
l'analphabétisme (27,37%), freinent la participation de
la population du département de Dimbokro à son
développement.
A ce niveau, l'alphabétisation fonctionnelle et la
création de cadre formel d'échange sont des solutions à
exploiter.
Par ailleurs, en passant par la construction des centres de
santé, des écoles, la réhabilitation de certaines routes
et pistes villageoises aux forages; des actions de développement sont
réalisées pour la population.
Ainsi, de par la politique de développement du Conseil
Général de Dimbokro qui consistait à conduire la
population à l'autonomie financière à travers la formation
professionnelle et la création de micro-projets, il s'est engagé
dans la dynamique du développement local.
Le partenariat qu'il entreprenait avec l'ANADER,
spécialiste du monde rural augure certes un lendemain meilleur pour la
population de Dimbokro, mais celle-ci est parfois consultée et donc ne
participe pas en tant que tel au processus de son développement.
Il s'agit ici de la participation de la population à
toutes les phases de réalisation d'un projet de développement.
Pour cette difficulté, la culture de l'écoute et
la sensibilisation doivent être privilégiées.
Au demeurant, le développement local à partir de
la décentralisation est une entreprise qui nécessite la
participation de tous.
280
Cela exige non seulement assez de moyens financiers mais aussi
et surtout, la population doit être intégrée à son
propre développement économique et social, tout en dissociant la
politique du développement.
Aussi, la franche collaboration avec les structures locales de
développement doit être une "des locomotives" du
développement local et oeuvrer davantage pour la coopération
décentralisée.
Enfin, la recherche de moyen financier et matériel
exige que des partenariats avec les organismes de développement soient
signés, afin d'être plus ou moins indépendant de la
subvention de l'Etat.
En somme, il est ressorti de cette étude que les
actions de développement entreprises dans le département de
Dimbokro constituaient une première solution au développement de
cette localité, malgré le fait que la population de ladite
localité n'est pas totalement actrice de son développement. Elle
n'est pas véritablement intégrée au processus de son
développement.
Dans ces conditions, le développement par les
entités décentralisées se trouve être porteur
d'écueils reconnus aux précédentes initiatives de
développement, ceux relatifs à la non implication des
communautés d'accueil et à la non insertion de leurs besoins et
attentes dans les préoccupations des initiatives de
développement.
Il est donc nécessaire, à ce stade de leur mise
en oeuvre, avec les structurations en cours, de réviser le
mécanisme de leur fonctionnement et le processus participatif dans la
mesure où la décentralisation n'est pas une simple affaire
technique ou administrative, elle implique un véritable débat de
société.
La présente étude ne prétend pas avoir
épuisé les recherches sur le développement local
participatif à Dimbokro car elle contient des lacunes.
Elle aurait été plus convenable
d'appréhender ce phénomène du point de vue de l'ensemble
des villages du département de Dimbokro et aussi des cadres de cette
localité.
281
Dans ce contexte, les études suivantes doivent être
menées :
- une étude nationale sur la dynamique des
communautés et les rapports sociaux dans le cadre de la
décentralisation pour le développement local;
- acceptation et implication des cadres dans le
développement de leur localité;
- la promotion de la femme pour le développement local.
282
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ANNEXES
306
LES GUIDES D'ENTRETIEN
ANNEXE I
307
GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX AUTORITES
ADMINISTRATIVES
308
Groupes cibles: Responsables
des structures décentralisées.
I-OBJECTIFS ET REALISATION DES ACTIONS DE
DEVELOPPEMENT
1- Quels sont les projets de développement
élaborés à l'endroit de la population? 2-Quelles sont les
actions de développement que vous avez entrepris?
3-Celles-ci répondent aux attentes de la population?
4-Les populations adhèrent à la réalisation
de ces actions de développement? 5-Si oui, comment le savez-vous?
6-Si non, pourquoi?
7-Pensez-vous que ces actions sont suffisantes pour le
développement de Dimbokro ? 8-Si non pourquoi et que comptez-vous
faire?
II- PARTICIPATION DE LA POPULATION AU DEVELOPPEMENT
LOCAL
1- Quelles sont vos stratégies pour faire participer
la population à son développement?
2- Faites-vous participer la population aux
différentes phases de réalisation des projets de
développement, à savoir l'analyse des besoins, la conception et
à la planification des projets, leur mise en oeuvre et leur suivi et
évaluation?
3- Si oui, de quelle manière la population
prend-t-elle part à ces différentes étapes ?
4- Si non, pourquoi?
5- Quelles sont les limites de la participation de la
population à ces différentes étapes ?
6- Est-il nécessaire qu'elle participe à toutes
ces étapes?
7- Si non, pourquoi?
8- Si oui, que comptez-vous faire pour qu'elle joue son
rôle lors de ces étapes?
9- Les différentes actions entreprises ont
été faites avec la participation de la population?
10- Si oui, quel rôle a-t-elle joué?
11- Si non, quelles sont les obstacles liés à
sa participation?
12- Quelles sont les initiatives de la population pour
participer à son développement?
13- Par le moyen de quels canaux de communication donnez-vous
des informations concernant le développement local à la
population ?
14- Tenez-vous compte des habitudes communicationnelles de la
population?
15- Quelles sont les voies de solutions pour une
participation optimum de la population de Dimbokro à son
développement ?
III-RELATIONS ENTRE LES STRUCTURES DECENTRALISEES ET LA
POPULATION
1- Quel genre de relation entretenez-vous avec les autres
structures de
développement?
2 -Comment vos rapports se matérialisent lors de la
réalisation des projets de
développement?
3- Quel type de rapports avez-vous avec la population locale?
4-Ce type de rapport permet à la population de participer
à son développement?
5-Si oui, de quelle manière?
6-Si non, pourquoi?
7- Accordez-vous des responsabilités à la
population ?
8-Si oui, lesquelles ?
9-Si non, pourquoi ne lui donnez-vous pas des rôles
spécifiques à jouer ?
10-Selon vous, quel genre de rapports doit-il existé entre
vous et les différents
groupements de la population?
IV-DIFFICULTES RENCONTREES
1- Rencontrez-vous des difficultés dans l'exercice de
votre fonction?
2- Si oui, elles sont de quel ordre?
3- Ces difficultés ont-elles des impacts sur la
réalisation de vos activités?
4- Si oui, quelles sont les stratégies que vous adoptez
afin de contourner ces difficultés et atteindre vos objectifs?
309
Merci pour votre collaboration.
GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE
AUX PARTENAIRES DE DEVELOPPEMENT
Groupes cibles : ANADER-zone
de Dimbokro, Responsables du Centre d'alphabétisation de l~Église
catholique saint joseph de Dimbokro.
I-RAPPORT ENTRE STRUCTURES DECENTRALISEES ET
PARTENAIRES AU DEVELOPEMENT
1- Quel genre de rapport entretenez-vous avec le conseil
général?
2- Qu'apportez-vous dans la matérialisation de vos
rapports?
3- Qu'attendez-vous des structures
décentralisées?
4- Vos rapports actuels avec les structures
décentralisées contribuent véritablement au
développement local?
5- Si oui, donnez les raisons.
6- Si non, pourquoi et que comptez-vous faire?
II- PARTICIPATION DE LA POPULATION AU DEVELOPPEMENT
LOCAL
1- La population participe-t-elle à son
développement?
2- Si oui, quel est son rôle?
3- Comment se perçoit sa participation?
4- Selon vous, quelles sont les stratégies
adoptées par les structures décentralisées pour faire
participer la population à son développement?
5- Y a-t-il des possibilités de renforcement de la
participation de la population à son développement?
6- Si oui, lesquelles?
7- Quelles sont les initiatives de la population pour
participer à son développement?
III-APPORT DES PARTENAIRES AU DEVELOPPEMENT
1- Quelle est votre contribution au développement de
Dimbokro ?
2- Comment procédez-vous pour aider la population dans
son développement?
3- Les populations adhèrent-elles aux opportunités
que vous les offrez?
4- Si oui, qu'est-ce qui les motive?
5- Si non, quelles sont les raisons de leur réticente?
6- Que comptez-vous faire pour mieux contribuer au
développement de Dimbokro ?
310
Merci pour votre collaboration.
311
GUIDE D'ENTRETIEN DESTINE A LA NOTABILITE
Groupes cibles: La
notabilité des villages retenus.
I-CANTONS: 1-Aïtou 2-Sakiaré
3-Languira
II-VILLAGE, précisez
III-CONDITIONS DE REALISATION DES ACTIONS DE
DEVELOPPEMENT 1-Quelles sont les structures
décentralisées que vous connaissez?
3-Donnez leur rôle.
2-Comment les structures décentralisées
procèdent-elles avant la réalisation des projets de
développement dans votre localité?
3-Ya-t-il des obstacles culturels empêchant la mise en
oeuvre des projets de développement ? 4- Si oui, citez-les.
5-Avez-vous des exigences avant l'acceptation des projets de
développement dans votre localité?
6-Si oui, lesquelles et pourquoi?
7-En tant qu'autorité locale, comment faites vous pour
exprimer vos besoins de développement?
IV-ROLE ET POLITIQUE LOCALE DE DEVELOPPEMENT
1-Quel rôle joue la chefferie dans le développement
de Dimbokro ?
2- Quelles sont les habitudes de développement de la
population de Dimbokro ?
3-Avez-vous déjà participé à des
réunions convoquées par les autorités des
collectivités
territoriales (Maires, Présidents des conseils
généraux) ?
4-Si oui, c'était à quelle occasion?
5-Avez-vous eu droit à la parole?
6-Si oui, sur quel sujet avez-vous donné votre avis?
7-Comment la population s'organise-t-elle pour participer
à son développement?
8-Quels sont les secteurs d'activités dans lesquels la
population s'oriente?
9-La population est-elle représentée lors des
prises de décision concernant le développement
10-Si oui, par qui ou quelles structures?
11-Selon vous, ces structures représentent-elles dignement
la population locale?
12-Quels sont les canaux de communication utilisés pour
vous donnez des informations sur le
développement local?
13-En tant qu'autorité locale, que comptez-vous faire pour
accroître la participation la
population à son développement?
V-RAPPORTS ENTRE LES STRUCTURES DECENTRALISEES ET LES
CHEFS DE VILLAGES
1-Quel genre de relation entretenez-vous avec les structures
décentralisées ?
2-Comment vos rapports se matérialisent lors de la
réalisation des projets de développement? 3-Le type de rapports
que vous entretenez, vous permet-il d'être des acteurs de votre
développement?
4-Si oui, que faites-vous concrètement?
5-Si non, pourquoi et que comptez-vous faire pour changer les
choses?
6-En tant que chef de village, quel genre de rapports
souhaitez-vous voir avec les structures décentralisées?
4-Que représentent les interactions entre les chefs de
villages et les structures décentralisées?
5-Les actions de développement réalisées
répondent-elles à vos attentes ?
6-Si oui, donnez les raisons.
7-Si non, pourquoi?
8-Quelle est votre satisfaction concernant les actions de
développement réalisées?
9-Pensez-vous que votre localité pourra-t-elle
retrouver son essor d'antan?
10-Si oui, quelles sont les stratégies que vous comptez
mettre en place?
11-Quelles sont vos propositions pour améliorer ces
relations, et aussi votre participation au
développement local?
312
Merci pour votre collaboration.
GUIDE D'ENTRETIEN DESTINE
AUX GROUPEMENTS DE LA POPULATION DU DEPARTEMENT DE
DIMBOKRO
313
Groupes cibles : Population
de la région du N'ZI (Dimbokro), en particulier les responsables et
membres des associations et Mutuelles de développement.
Village/Commune&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
Association ou
mutuelle&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&..
I- STRATEGIES ET CANAUX DE PARTICIPATION DES
ASSOCIATIONSAU DEVELOPPEMENT
1-Par quelles manières contribuez-vous au
développement de Dimbokro ?
2-Comment procèdent les responsables des structures
décentralisées pour vous faireparticiper
au développement ?
3-Quelles sont les structures qui représentent la
population locale lors des prises de décision
concernant le développement?
4-Par quels moyens recevez-vous des informations concernant le
développement local ?
5-A quelle occasion donnez-vous votre avis sur le
développement?
Si non, pourquoi?
6-Quels sont les canaux de communication par lesquels des
informations sur le
développement local vous sont-ils données?
7-De quelles manières participez-vous au
développement de votre localité?
8-Que doit faire la population pour mieux participer à son
développement?
9-Selon vous, quelle est la stratégie pour faire
participer davantage la population à son
développement?
II-APPORT DES ASSOCIATIONS AU DEVELOPPEMENT
1-Quels sont les actions de développement que vous
entreprenez ?
2-Ces actions permettent-elles d'améliorer les conditions
de vie de vos membres et allant de la
population locale?
3-Si oui, citez quelques exemples.
4-Comment se déroule la réalisation de vos projets
de développement?
5-Recevez-vous des soutiens pour la réalisation des
projets de développement?
6- Si oui, quel genre de soutien (financier, matériel,
technique)?
III-RAPPORTS ENTRE LES STRUCTURES DECENTRALISEES ET LES
GROUPEMENTS DE LA POPULATION LOCALE
1-Quel genre de rapports entretenez-vous avec les structures
décentralisées ?
2-Comment ces rapports se matérialisent lors de la
réalisation des projets de développement? 3-Le type de rapports
qui existe entre vous et les structures décentralisées, vous
permet-il de participer au développement local?
4-Si oui, de quelle manière?
5-Si non, pourquoi?
6-Quel genre de rapports doit-il exister entre les groupements de
la population et les structures décentralisées?
IV-APPRECIATION DES ACTIONS DE DEVELOPPEMENT REALISEES
1- Les actions de développement réalisées
répondent-elles à vos attentes?
2-Si oui, donnez les raisons
3-Si non pourquoi?
4-Quelles appréciations pourrez-vous apporter aux actions
de développement qui on été
jusque là entreprises?
5- Les actions réalisées ont-elles apporté
un changement dans les conditions de vie des populations ?
Si oui, à quel niveau?
6- Quelles sont vos attentes en matière de
développement local?
7-Quels sont les besoins de la population au niveau des
infrastructures socio-économiques? 8-Selon vous, qu'est ce que les
relations de la population avec les structures décentralisées
peuvent-elles apporter au développement local?
314
Merci pour votre collaboration
ANNEXE II
LE QUESTIONNAIRE
315
QUESTIONNAIRE DESTINE A LA POPULATION DU CHEF-LIEU
DE LA REGION DU N'ZI
316
Groupes cibles : Population
du chef-lieu de la région du N'ZI (Dimbokro).
I-CARACTERISTIQUES SOCIALES DES ENQUETES
1-Sexe
00- Hommes..... 01-Femmes......
2-Ages
1. 15-19 ans......
2. 20-24 ans......
3. 25-29 ans......
4. 30-34 ans......
5. 35-39 ans......
6. 40-44 ans......
7. 45-49 ans......
8. 50-54 ans......
9. 55-59 ans......
10. 60-64 ans......
11. 65 ans et plus
3-Niveau d'instruction
01-Non scolarisé............
02-Primaire..................
03-Secondaire...............
04-Supérieur.................
05-Alphabétisé...............
4-Situation professionnelle
01-Fonctionnaires...
02-Cultivateurs/Planteurs
03-Commerçants.........
04-Eleveurs...............
05-Autre
(Précisez).................................................................................
II-CONNAISSANCES DES POPULATIONS SUR LA DECENTRALISATION
ET LE DEVELOPPEMENT LOCAL
1-Selon vous, qu'est ce que la
décentralisation?
1. Développement à partir des ressources
localement disponibles.................
2. Exercice de compétences transférées de
l'Etat à des entités locales dont les responsables
sontélus..............................................................
3. Je ne sais
pas........................................................................
4. Autre
(précisez).....................................................................
2-Quelles sont les structures
décentralisées que vous connaissez?
1. La commune.........
2. Le département......
3. La région.............
4. Le District............
5. Je ne sais pas.........
317
3-Quel est le rôle d'une structure
décentralisée ?
1. Chercher des
financements.............................................
2. Aider et faire participer la population locale à son
développement
3. Autre
(précisez).........................................................
4- Selon vous, qu'est ce que le développement
local?
1. Amélioration des conditions de vie des populations
d'un territoire en les dotant d'équipements, de revenus, de services
sociaux essentiels et en leur procurant des
emplois..........................................................................................
2. Appropriation des projets de développement par les
populations locales...............
3. Je ne sais
pas....................................................................................
4. Autre
(précisez)..............................................................................
III-STRATEGIES ET PARTICIPATION DE LA POPULATION AU
DEVELOPPEMENT LOCAL
III-1. STRATEGIES ET CANAUX DE PARTICIPATION
1-Que doivent faire les autorités des
structures décentralisées pour que la population puisse
effectivement participer au développement local ?
1. Donner régulièrement les informations
concernant les actions menées.........
2. Ignorer les populations dans les prises de
décisions................................
3. Mettre des représentants de la population dans des
comités et les rendre
actifs......................................................................................
4. Autres
(précisez).....................................................................
2-Selon vous, quelles sont les structures qui doivent
représenter la population locale lors des prises de décision
concernant le développement?
1. Les associations mutuelles /ou groupements des populations
locales............
2. Les chefs de communautés
villageoises.............................................
3. Les leaders
d'opinions..................................................................
4. Les partis
politiques....................................................................
5. Les dirigeants des
ONG...............................................................
6. Les responsables des syndicats et
fédérations.......................................
7. Autres
(précisez)........................................................................
3-Selon vous, par quels moyens la population
peuvent-elles avoir des informations et donner leur avis sur la question du
développement local ?
1. Une émission radiodiffusée sur la
décentralisation et le développement local...
2. L'organisation
d'ateliers...............................................................
3. Les échanges lors des sessions
publiques.............................................
4. La mise en place d'un numéro
vert...................................................
5. La distribution de brochures sur la décentralisation
et le développement local...
6. Autres (à
précisez).......................................................................
4-Avez-vous déjà participé à des
réunions convoquées par les autorités des structures
décentralisées ?
1. Oui
2.
Non 5-Si oui, c'était à quelle
occasion?
1. Lors d'un atelier d'information et de
formation.....................
2. Lors des sessions
publiques.............................................
3. Lors d'une rencontre de restitution des actions de
développement
4. Autre
(précisez).........................................................
318
6-Si non, pourquoi?
1. L'occasion ne s'est pas encore présentée
à moi...........................
2. Le chef du village représente notre
communauté........................
3. Un Président de la mutuelle du village
représente notre communauté
4. Nous sommes représentés par le responsable
de notre association...
5. Autres
(précisez)............................................................
7-De quelle manière la population
participe-t-elle à son développement?
III-2. PARTICIPATION DE LA POPULATION AU DEVELOPPEMENT
LOCAL
1-Vos opinions et attentes sont-elles prises en compte
dans l'analyse des besoins par structures décentralisées
?
1. Oui.......
2. Non......
2-Si oui, comment procédez-vous pour que celles-ci
soient prises en compte?
1. Par l'intermédiaire de nos
leaders.........................
2. Par l'intermédiaire de nos
associations/mutuelles......
3. Je ne sais
pas................................................
4. Autre,
précisez.............................................
3-Si non, pourquoi vos opinions et attentes ne sont-elles
pas prises en compte?
1. Manque
d'entente............................................
2. Volonté de l'autorité de tout
imposer.....................
3. Je ne sais
pas...................................................
4. Autre
(pécisez)..................................................................
4- Qu'est ce qui limite votre participation à l'analyse de vos
besoins?
1. Analphabétisme............................
2. Mésentente..................................
3. Querelles politiques........................
4. Manque de mécanisme d'expression......
5. Je ne sais pas.................................
6. Autre
(précisez)......................................................................................
5-Participez-vous à la conception et à la planification
des projets de développement?
1. Oui......
2. Non.....
6-Si oui, comment procédez-vous?
1. Par l'intermédiaire de nos
leaders..................
2. Par l'intermédiaire de nos associations/mutuelles
3. Je ne sais
pas..........................................
4. Autre,
(précisez).......................................
7-Si non, pourquoi ne prenez-vous pas part à la
conception et à la planification des projets de
développement?
1. Manque de compétences
adéquates...............
2. Volonté de l'autorité de tout
imposer............
3. Je ne sais pas........................................
4. Autre
(précisez)..............................................................................
319
8-Qu'est ce qui limite votre participation dans la
conception et la planification des projets de développement?
1.
Analphabétisme..........................................
2.
Mésentente................................................
3. Querelles
politiques.......................................
4. Manque de mécanisme d'expression...................
5. Je ne sais
pas.............................................
6. Autre
(précisez)......................................................................................
9- Participez-vous à la mise en oeuvre des projets
de développement?
1. Oui.......
2. Non......
10-Si oui, comment procédez-vous?
1. Par l'intermédiaire de nos
leaders...........................
2. Par l'intermédiaire de nos
associations/mutuelles.........
3. Autre,
(précisez).......................................................................................
11-Si non, pourquoi ne prenez-vous pas part à la mise en oeuvre
des projets de développement?
1. Manque
d'entente.............................................
2. Manque de compétences
adéquates........................
3. Notre incapacité supposée d'accomplir de tette
tâche...
4. Je ne sais
pas...................................................
5. Autre
(précisez)....................................................................................
12-Qu'est ce qui limite votre participation à la mise en oeuvre
des projets de développement?
1.
Analphabétisme..........................
2. Mésentente................................
3. Querelles politiques......................
4. Manque de mécanisme d'expression...
5. Je ne sais pas..............................
6. Autre (précisez)...........................
13- Participez-vous au suivi et évaluation des
projets de développement?
1. Oui.......
2. Non......
10-Si oui, comment procédez-vous?
1. Par l'intermédiaire de nos
leaders...........................
2. Par l'intermédiaire de nos
associations/mutuelles.........
3. Autre,
(précisez).......................................................................................
11-Si non, pourquoi ne prenez-vous pas part au suivi et
évaluation des projets de développement?
1. Manque de compétences
adéquates........................
2. Notre incapacité supposée d'accomplir de tette
tâche...
3. Je ne sais
pas...................................................
4. Autre
(précisez)....................................................................................
12-Qu'est ce qui limite votre participation au suivi et
évaluation des projets de développement?
1. Analphabétisme
2. Mésentente
3. Manque de mécanisme d'expression
4. Manque de formation pour répondre à l'attente
5. Je ne sais pas
6. Autre
(précisez)......................................................................................
13- Avez-vous déjà participé
à la réalisation d'un projet de développement du
début jusqu'à la fin, c'est-à-dire de l'analyse des
besoins jusqu'à la mise en oeuvre et au suivi et évaluation des
actions de développement en passant par leur conception et
planification?
1.
Oui
2. Non
14-Si oui, quelles sont ces actions?
1.
Construction d'une école
2. Reprofilage des routes villageoises
3. Construction d'un centre de santé
4. Aucune
5. Autres (précisez) 15-Si non,
pourquoi?
1. La population définit seulement ses
priorités
2. Le suivi et évaluation est rarement confié aux
populations locales
3. Autre (précisez)
4. Je ne sais pas
320
16-Comment faire pour faire participer davantage les
populations à leur développement?
1. Compter sur les capacités des populations
locales....................................
2. Faire de la formation pour accroître les
possibilités des populations locales.......
3. Autre
(précisez)...........................................................................
4. Je ne sais
pas...............................................................................
17- Quels sont les canaux de communication
utilisés pour vous donnez des informations sur le développement
local?
1. Communication de
proximité......................................................
2. Radio
communautaire...............................................................
3. Par le biais des représentants de la
population....................................
4. Autre
(précisez).....................................................................
IV-RELATIONS ENTRE LES STRUCTURES DECENTRALISEES
ET LES POPULATIONS
1. Quel genre de relation entretenez-vous avec les
structures décentralisées?
1-
Consultation...........................................................................
2-
Collaboration.........................................................................
3- Autres (précisez)
............................................................... 2 -
Comment vos rapports se matérialisent lors de la réalisation
des
projets de développement?
1- Par des séances de travail pour définir les
priorités............................... 2-Par des informations sur les
projets à réaliser..................................... 3-Par les
apports financiers, matériels et
humains.................................. 4-Autres
(précisez).....................................................................
321
3-Le type de rapports que vous entretenez, vous
permet-il d'être des acteurs de votre développement?
1-
Oui....................................................................................
2-
Non....................................................................................
4-Si oui, de quelle manière?
5-Si non, pourquoi?
6-Chaque entité joue-t-elle convenablement son
rôle en rapport à vos relations?
1-Oui....................................................................................
2-Non....................................................................................
|
|
7-Si oui, donnez les raisons ?
8-Si non, pourquoi?
9-Quel genre de rapports souhaitez-vous avoir entre
vous et les structures décentralisées? 1-Consultation...
2-Collaboration... 3-Concurrence... 4-Autre (précisez)
V-REPRESENTATION DES RAPPORTS DE LA POPULATION AUX
STRUCTURES DECENTRALISEES ET AUX PROJETS REALISES
1-Est-il important d'avoir des rapports de travail avec
les structures décentralisées?
1-Oui....................................................................................
2-Non....................................................................................
2-Si oui, donnez les raisons
3-Si non, pourquoi?
322
4-Que doivent servir les rapports que vous avez avec les
structures décentralisées?
1-De participer au
développement&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
2-De se mettre en
concurrence&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
3-Rien du
tout&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
4-Autres
(précisez)&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
5-La réalisation des projets de
développement est-elle utile pour vous?
1-Oui&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.
2-Non&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.
6-Si oui, donnez les raisons
7-Si non pourquoi?
8-La manière de conduire les projets de
développement est-elle à votre convenance?
1-Oui&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.
2-Non&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
9-Si oui, donnez les raisons.
10-Si non, que doit-on faire?
11-Concrètement, qu'est-ce que les projets
réalisés vous apportent?
1-Amélioration des conditions de
vie&&&&&&&&&&&&&
2-Se prendre en
charge&&&&&&&&&&&&&&&&&&
3-Rien du
tout&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
4-Autres
(précisez)&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
VI-ENJEUX DES INTERACTIONS ENTRE LES STRUCTURES
DECENTRALISEES ET LA POPULATION
1-Que revêtent les interactions entre vous et les
structures décentralisées?
1-Définir un cadre d'échange pour le
développement&&&&&&&&&&&&&
2-Etre des partenaires au
développement&&&&&&&&&&&&&&&&&...
3-Atteindre la participation de tous au développement
local&&&&&&&&&&&. 3-Permettre
l'autonomie financière des
populations&&&&&&&&&&&&&&
4-Autres
(précisez)&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&..
2-Selon vous, qu'est ce que vos relations avec les structures
décentralisées peuvent-elles apporter au développement
local?
3-Quelles sont vos attentes dans le domaine du
développement local?
4-Quelles sont vos propositions pour améliorer votre
participation au développement local?
323
Merci pour votre collaboration
NOUVEAU DECOUPAGE
ADMINISTRATIF DE LA
COTE D'IVOIRE
ANNEXE III:
324
325
La Côte d'Ivoire compte actuellement
:
· 02 Districts autonomes (Abidjan, Yamoussoukro)
· 12 Districts
· 31 Régions
· 107 Départements
· 197 Communes
· 510 Sous-préfectures
Montagnes Man
Cavally Guiglo
Guemon Duékoué
San Pedro San Pedro
Gbokle Sassandra
Bas-Sassandra San Pedro
Districts Chefs lieux Districts Régions Chef-lieu
Région
Lacs (Côte d'Ivoire) Dimbokro
Bélier Toumodi
Iffou Daoukro
N'Zi Dimbokro
Comoé Abengourou
Indénié-Djuablin Abengourou
Sud-Comoé Aboisso
Moronou Bongouanou
Région des Lagunes Dabou
Goh-Djiboua Gagnoa
Denguélé Odienné
Tiassa-Agnégy Agboville
Massan Adzopé
Grands Ponts Dabou
Goh Gagnoa
Loh-Djiboua Divo
Folon Minignan
Kabadougou Odienné
Tonkpi Man
Sassandra-Marahoué Daloa
Haut Sassandra Daloa
Marahoué Bouaflé
Région des Savanes (Côte
d'ivoire)
Korhogo
Poro Korhogo
Tchologo Ferkessédougou
Bagoué Boundiali
Nawa Soubré
Vallée du Bandama Bouaké
Hambol Katiola
Gbèkè Bouaké
Woroba Séguéla
Béré Mankono
Bafing Touba
Worodougou Séguéla
Bounkani Bouna
Zanzan Bondoukou
Gontougo Bondoukou
Source :
www.gouv.ci : Portail Officiel du
gouvernement de la Côte d'Ivoire, consulté le 28 Décembre
2013.
APERÇU DE QUELQUES
REALISATIONS DU CONSEIL
GENERAL DE DIMBOKRO
ANNEXE IV :
326
327
Annexe IV.1-Les actions en chiffres
RiEtion du N'Z] Cornue République de Côte
d'ivoire
V
|
aruo- Disc ipl iu e-Trav:ii
Conseil Général dc Dimbt kro
Direction u Diveloppezueo t
tiu,,,ain
|
Tel : 30-62-47-30d 47-50 BP 1002
ACTIONS DE DE VEL OPPE: ENT DU DEPAR
TEMENT
|
AU TITRE DE L'14NNEE 2009
|
|
Libelléa
|
Montants en F CFA
|
Aides scolaires accordées aux familles
démunies
(100 familles)
|
2 000 000
|
Subvention a I`é.uipe locale
dénommée N'ZI FOOT
|
2 000 000
|
Tournoi de Football du département regroupant 50
équipes des villages ! Cross populaire
|
2 000 000
|
Veillée oecuménique initiée par le
Conseil en collaboration avec les communautés religieuses
|
2 000 000
|
Appui aux groupes artistiques
AWALEZi.et.SEICEDi de l'Da akro'Vacances- culture)
|
1 500 000
|
Contribution a l'organisation de l'opération du
village le plus
· ro ire du Dé F artement
|
500 000
|
|
. . .ui A la Radio la Voix du
N12.1
|
400 000
|
Aide au titre des activités culturelles (arbre
de Noel ; fête des Meres, fête du travail)
|
2 000 000
|
Aide aux associations féminines et mouvements de
jeunesse (Jeunesse artisanale, croix rouge, Scoutz, les femmes de Alofou, les
sieurs unies de Belleville, TABITHA Association I-ehoukahoua des femmes
d'Ahouniu -
|
t 800 000
|
Contribution it ro I artisation du tour cliste de 'EST
300 000
|
Subvention a la mutuelle du . - rsonnel du Conseil
Général t 000 000
|
Aide a l'Amicale des Anciens des Lycées et
Collèges de 150 000 __I
Dimbokro Etudiant â Yamoussoukro
|
A .ui a la coo · · rative centrale de
vivrier de Dimbokro 500 000 1
|
Aide aux ind i: ents 500 000
|
Aide sociale (Création de projet) _
700 000
|
Aide aux handicas -_ 500 000
|
Appui au centre d'alphabétisation des Soeurs de la
Charité de 00 000 -
Sainte Anne
|
TOTAL - I S 350 0110
Fait a Dimb-okro, le 20 Mai 2008
Directeur du Développeuicut Humain WOUESSAN
Manin
|
328
500 000
Activités culturelles (arbre de Noel, fête des
ères, f tc du travai l )
Libellés
Aides scolaires accordées aux families démunies
(prise en charge scolaire)
Subvention â l'équipe locale dénommée
NIZI FOOT
Montants en F CFA
500 000
Region âu N' I Coinoé
République dc ôtL' w'hi irc
Union-Discipliue-Tra ail
Direction u Développement Humain Tel : 30-62-47-30
47-50
BP 1002
ACTIONS DE DEVELOPPEMENr DU DEPA T ?l'lENT AV
TITRE DE L A NE 010
Appui l'organisation du tour cycliste de I'EST 200
000
Autres activités sportives 300 000
TOTAL =2 900000
Fait â Dirbokro le 13 Novembre 200
Directeur u l ireloppenient Humain
Conseil Général de Dirbokro
Aides aux indigents, personnes handicapées, personnes
âgées
500 000
800 000
329
Annexe IV.2-Les actions en images
Annexe IV.2.1-Les infrastructures
éducatives
ANGOUAKOUKRO
Logement de maître réalisé par le Conseil
Général de Dimbokro en 2007. Convention n° : 2007
006 / CG-DIMB. / DSTMG
Bâtiment d'école primaire de trois classes
réalisé par le Conseil Général de Dimbokro en
2005. Convention n° : 2005 07 004 / CG-DIMB. /
DSTMG
AGNERE KOFFIKRO
Premier logement de maître réalisé par
le Conseil Général de Dimbokro en
2008. Marché n° 2008 02 80 26
Deuxième logement de maître réalisé
par le Conseil Général de Dimbokro en
2008. Marché n° 2008 02 80 26
330
WAWRENOU
Logement de 4 pièces pour maître
réalisé par le Conseil Général de Dimbokro en
2005.
Convention n° : 2005 09 009 / CG-DIMB
/DSTMG
Bâtiment d'école primaire de 3 classes avec bureau
et magasin réalisé par le Conseil Général de
Dimbokro en 2008.
Marché n° 2008 02 80 28
331
KOGUINA
Bâtiment d'école primaire de 3 classes avec bureau
et magasin réalisé par le Conseil Général de
Dimbokro en 2006. Convention n° : 2006 013 /
CG-DIME. / DSTMG Observations : rien à signaler
332
Annexe IV.2.2-Les infrastructures sanitaires
BOCABO
Panneaux solaires
Centre de santé intégré de type II
réalisé par le Conseil Général de Dimbokro depuis
en 2004. Marché n° 2004 12 007 / CG-DIMB /
DSTMG Observations : L'eau de ruissellement s'attaque à la
fondation du bâtiment. Ce centre de santé a été
équipé d'un système d'électrification par
énergie solaire. (Convention n° 2010 08 /CG-DIMB. /
DSTMG) Envisager de petits travaux de réparation de
fondation pour stopper l'érosion.
Logement pour infirmier réalisé par le Conseil
Général de Dimbokro en 2004. Marché n°2004
12 004 / CG-DIMB. / DSTMG Observations : Le logement pour infirmier
a été équipé d'un système
d'électrification par énergie solaire. Rien à signaler
333
LANGBA
Centre de santé intégré de type II
réalisé par le Conseil Général de Dimbokro en
2006. Convention n° : 2006 016 /CG-DIMB. /
DSTMG Observations : rien à signaler.
334
Annexe IV.2.3-Les infrastructures routières et
électrification
AXES DJANGOKRO - N'DAYAKRO - DJANGOKRO -
BANGOKRO
Travaux de reprofilage réalisés par le Conseil
Général de Dimbokro sur les axes
Djangokro-Bangokro-Koudianikro et Djangokro-N'Dayakro. Marché
n° : 2010-0-2-0471/04-15 Observations :
envisager un reprofilage léger
VUE DE L'INSTALLATION ELECTRIQUE DE KANGRASSOU
ALLUIBO
Annexe IV.2.4- Les actions
socio-économiques
BROYEUSE DE KOMIKRO
Abri pour une broyeuse réalisé par le Conseil
Général de Dimbokro en 2009. Observations:
Cette broyeuse est en panne depuis 2012.
TANGOUMANSOU
Soutien du Conseil Général de Dimbokro aux jeunes
de Tangoumansou à la culture du riz
335
ANNEXE V :
VUE DE LA RADIO LA VOIX
DU N'ZI DE DIMBOKRO
336
337
LA RADIO « LA VOIX DU N'ZI » DE
DIMBOKRO
Localité : Dimbokro, région du
N'Zi Fréquence : 89.8 FM
Nom du responsable : Mairie de Dimbokro
Date de création : 25 Septembre 1999
y' QUELQUES PROGRAMMES D'EMISSION
Mercredi: 11h -12h: Emission: Le monde agricole,
en français
Jeudi: 10h 30 - 11h: Emission: Insertion
professionnelle 11h -12h: Emission: La santé au quotidien
Vendredi: 10h - 11h : Emission: La vie des
communautés 11h -12h : Emission: Espace Education y' IMAGES
DE LA RADIO
338
EXTRAITS DE FRATERNITE
MATIN SUR DIMBOKRO
ANNEXE VI :
339
340
Annexe VI.1-Déficit pluviométrique et
ses effets sur la production agricole
341
Annexe VI.2-Reconstitution de l'économie par la
culture de l'anacarde
Annexe VI.3-Reconversion professionnelle d'un fils du
département de
Dimbokro
343
Annexe VI.4-Interview du Président du Conseil
Général de Dimbokro
344
TABLE DES MATIERES
Pages
SOMMAIRE Erreur ! Signet non
défini.
DEDICACE 3
REMERCIEMENTS 4
ACRONYMES ET ABREVIATIONS 7
LISTE DES TABLEAUX 9
LISTE DES CARTES 11
LISTE DES PHOTOS 12
INTRODUCTION 13
Première partie : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE 17
Chapitre I-CADRE THEORIQUE 18
I.1- Construction de l'objet d'étude 18
I.1.1- Justification et intérêt du thème
18
I.1.2-Approche conceptuelle 20
I.1.2.1-Développement local participatif 20
I.1.2.2-Décentralisation 21
I.1.3-Revue critique de la littérature 22
I.1.3.1-Intégration des groupes cibles au
développement 22
I.1.3.2-Affirmation des groupes concernés 24
I.1.3.3-Renforcement du développement local 27
I.1.4-Problématique 32
I.1.5-Objectifs de l'étude 44
I.1.5.1-Objectif général 44
I.1.5.2-Objectifs spécifiques 44
I.1.6-Thèse de l'étude 44
I.1.7- Hypothèses de recherche 45
I.1.7.1- Hypothèse conceptuelle 45
I.1.7.2-Hypothèses opérationnelles 45
I.2- Modèle d'analyse 46
I.2.1- Définition des concepts clés 46
I.2.1.1- Développement local 46
I.2.1.2- Rapports sociaux 49
I.2.1.3- Participation 50
I.3-Cadre opératoire et référence
théorique 56
I.3.1-Cadre opératoire 56
I.3.2-Référence théorique 60
I.3.2.1-Théorie du changement social 60
I.3.2.2- Théorie de la décentralisation 65
I.3.2.3-Théorie du développement local
participatif 70
Chapitre II-CADRE METHODOLOGIQUE 78
II.1-Méthodes d'analyse des données 78
II.1.1- Méthode dialectique 78
II.1.2- Méthode stratégique 80
II.2- Délimitation du champ de l'étude 83
II.2.1-Champ social 83
II.2.2-Champ géographique 86
II.3-Techniques d'investigation 86
II.3.1- La documentation 87
II.3.2-L'enquête exploratoire 87
II.3.3-L'entretien 88
II.3.4-Le focus group ou l'entretien collectif 89
II.3.5-Le questionnaire 90
II.4-Echantillonnage 92
II.4.1-Identification des groupes stratégiques 92
II.4.2. Population 93
II.4.3. Type d'échantillonnage 93
II.4.4-Récapitulatif de l'échantillon 96
II.4.4.1- Au niveau de la population locale 96
Tableau n°6 : Répartition de l'échantillon
de la population locale 97
II.4.4.2-Au niveau des structures décentralisées
et des 99
partenaires au développement 99
II.5- Dépouillement 100
II.6- Difficultés rencontrées 101
345
Conclusion partielle 102
346
Deuxième partie : PRESENTATION DU TERRAIN ET DE
L'OBJET
D'INVESTIGATION 103
Chapitre III : TERRAIN D'INVESTIGATION :
le département de Dimbokro 109
III.1-PRESENTATION 109
III.1.1- Aspect historique 109
III.1.2- Hydrographie 110
III.1.3- Géographie physique et humaine 110
III.1.3.1- Géographie physique 110
III.1.3.2- Géographie humaine 111
III.1.3.2.1-Les cantons 111
III.1.3.2.2-Les tribus 111
III.1.4- Données économiques 112
III.1.4.1- Secteur primaire 112
III.1.4.1.1- Cultures d'exportation 113
III.1.4.1.2- Cultures vivrières 114
III.1.4.2- Secteur secondaire 114
III.1.4.3-Secteur tertiaire 115
III.2- Etat des lieux des infrastructures
socio-économiques et culturelles 115
III.2.1-Au plan culturel et sportif 115
III.2.2- Au plan éducatif 115
III.2.3- Au plan sanitaire 116
III.2.4- Au plan sécuritaire 118
III.2.5- Réseau routier et ferroviaire 118
III.2.6- Electrification et adduction en eau potable 118
Chapitre IV : OBJET D'INVESTIGATION : Conseil
Général de Dimbokro 120
IV.1- INSTITUTION DES CONSEILS GENERAUX EN COTE D'IVOIRE
120
IV.1.1- Historique de la décentralisation 120
IV.1.2-Organisation et fonctionnement des
collectivités territoriales 122
IV.2- DIRECTION GENERALE DE LA DECENTRALISATION ET
DU DEVELOPPEMENT LOCAL (DGDDL) 124
IV.2.1-Mission 124
IV.2.2-Organisation 125
IV.2.3-Attributions des directions 125
347
IV.2.3.1-Direction de la tutelle administrative 125
IV.2.3.2-Direction de la tutelle économique et
financière 126
IV.2.3.3- Direction du personnel des collectivités
territoriales 126
IV.2.3.4- Direction de la coopération
décentralisée 127
IV.2.3.5- Direction de la coordination des projets et
programmes d'appui 127
IV.2.3.6- Direction du développement local 128
IV.3- CADRE INSTITUTIONNEL ET FONCTIONNEMENT DU
CONSEIL GENERAL DE DIMBOKRO 129
IV.3.1- Organes du Conseil Général de Dimbokro
129
IV.3.1.1- Attributions et fonctionnement des différents
organes 129
IV.3.1.1.1-Organe délibérant : le Conseil 129
IV.3.1.1.2- Bureau du Conseil 131
IV.3.1.1.3- Organe exécutif: le Président 132
IV.3.1.1.4- Organe consultatif: le Comité Economique et
Social 132
IV.3.2-Services du Conseil Général de Dimbokro
133
IV.3.2.1-Secrétariat Général 133
IV.3.2.2- Direction des Services Financiers et Comptables
134
IV.3.2.3-Direction des Services Techniques 135
et des Moyens Généraux 135
IV.3.2.4-Direction du Développement Humain 135
IV.3.2.5-Paierie départementale 136
IV.3.2.6-Cabinet du Président 138
IV.4-ELABORATION ET EXECUTION DU BUDGET DU CONSEIL
GENERAL DE DIMBOKRO 139
IV.4.1- Budget 139
IV.4.2-Etapes d'élaboration du budget 140
IV.4.2.1-Budget de fonctionnement 140
IV.4.2.2-Budget d'investissement 142
IV.4.2.3-Budget modificatif 144
IV.4.3- Exécution du budget en recettes et en
dépenses 144
IV.4.3.1-Recouvrement des recettes 145
IV.4.3.2-Exécution des dépenses 145
IV.4.3.2.1- Phase d'engagement des dépenses 146
IV.4.3.2.1.1-Critères d'engagement des dépenses
147
IV. 4.3.2.1.2- Procédure d'engagement des
dépenses 147
IV.4.3.2.1.3-Liquidation des dépenses 148
IV.4.3.2.2-Phase d'ordonnancement des dépenses 149
348
IV.4.3.2.3-Phase de paiement des dépenses 149
IV.4.3.2.3.1-Prise en charge 150
IV.4.3.2.3.2-Paiement 151
IV.4.3.2.4- Motifs de rejet d'une dépense par le payeur
153
IV.5-OBJECTIFS DU CONSEIL GENERAL DE DIMBOKRO 154
Conclusion partielle 156
Troisième partie : ANALYSE ET INTERPRETATION
DES DONNEES 158
Chapitre V : PROFIL SOCIOLOGIQUE DES ENQUETES ET
CONNAISSANCES DIVERSES 159
V.1- PROFIL SOCIOLOGIQUE DES ENQUETES 159
V.1.1- Sexe et âge 159
V.1.2- Niveau d'instruction 161
V.1.3- Occupation professionnelle 163
V.2-CONNAISSANCES DIVERSES 165
V.2.1- Connaissance du développement local 165
V.2.2- Rôle d'une structure décentralisée
167
Chapitre VI : POLITIQUE ET MATERIALISATION DES
PROJETS
DE DEVELOPPEMENT 170
VI.1- POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT 170
VI.1.1-Initiation à l'autonomie financière
170
VI.1.1.1-Formation professionnelle 170
VI.1.1.2-Création de micro-projets 171
VI.1.2-Collaboration avec des structures de
développement 173
VI.1.3-Partenariat 178
VI.2-MATERIALISATION DES PROJETS DE DEVELOPPEMENT 178
VI.2.1- Au niveau du fonctionnement du Conseil
Général 178
VI. 2.2-Infrastructures routières 180
VI.2.3- An niveau de la santé 181
VI.2.4-Au niveau de l'éducation 182
VI.2.5- Au niveau de l'électrification et de
l'adduction en eau potable 184
VI.2.6- Au niveau de l'agriculture et du commerce 184
VI.2.7- Au niveau de la sécurité 186
VI.3- PERCEPTION ET ATTENTES DE LA POPULATION 188
VI.3.1- Appréciation des actions de développement
188
VI.3.2- Attentes de la population 190
VI.3.2.1-Au niveau socio-économique et éducatif
190
VI.3.2.2-Au niveau sanitaire 196
Chapitre VII: PARTICIPATION DE LA POPULATION DE
DIMBOKRO
AU DEVELOPPEMENT LOCAL 202
VII.1-MECANISMES DE PARTICIPATION 202
VII.1.1-Politique locale de participation au développement
202
VII.1.2-Participation aux prises de décisions 204
VII.1.3- Usage de la communication 214
VII.2-RAPPORTS STRUCTURE DECENTRALISEE- 224
POPULATION 224
VII.2.1-Etat des rapports existant 224
VII.2.2-De la consultation au partenariat 226
Chapitre VIII : OBSTACLES A LA PARTICIPATION AU
DEVELOPPEMENT.231
VIII.1-Obstacles externes 231
VIII.1.1-Effets des troubles 231
VIII.1.2-Baisse de la pluviométrie 233
VIII.1.3-Etat des routes 234
VIII.2-Obstacles internes 235
VIII.2.1- Absence de cadre d'expression 236
VIII.2.2-Analphabétisme 238
VIII.2.3-Manque de compétences adéquates 239
349
Conclusion partielle 240
350
Chapitre IX : STRATEGIES ET PERSPECTIVES POUR
L'AMELIORATION DU
DEVELOPPEMENT LOCAL 242
IX.1-RENFORCEMENT DE LA PARTICIPATION DE LA 242
POPULATION AU DEVELOPPEMENT 242
IX.1.1-Accentuation de l'entretien des routes 242
IX.1.2-Développement de la communication 243
IX.1.3- Formation 244
IX.1.3.1-Appui aux conditions d'étude des
élèves de Dimbokro 247
IX.1.3.2-Elargissement de l'alphabétisation fonctionnelle
248
IX.1.4- Promotion de la femme 251
IX.2- PARTENARIAT ET DEVELOPPEMENT LOCAL 255
IX.2.1-Au plan local et/ou national 256
IX.2.2-Au plan international 262
IX.3-MODALITES D'AMELIORATION DE LA DECENTRALISATION 265
IX.3.1-Instauration de débats nationaux sur
l'administration locale 265
IX.3.2-Réalisation effective du transfert de
compétences et
les mesures d'accompagnement 266
IX.3.3-Amélioration de l'autonomie financière des
collectivités territoriales 267
IX.3.4-Information et participation au développement
269
IX.3.5-Formation des élus locaux et
institutionnalisation
d'une fonction publique territoriale 273
Conclusion partielle 274
CONCLUSION 275
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE 282
WEBOGRAPHIE 305
ANNEXES 306
Annexe I : LES GUIDES D'ENTRETIEN 307
Annexe II : LE QUESTIONNAIRE 315
Annexe III:NOUVEAU DECOUPAGE ADMINISTRATIF DE LA COTE D'IVOIRE
324
ANNEXE IV : APERÇU DE QUELQUES REALISATIONS DU CONSEIL
326
GENERAL DE DIMBOKRO 326
Annexe IV.1-Les actions en chiffres 327
Annexe IV.2-Les actions en images 329
Annexe IV.2.1-Les infrastructures éducatives 329
Annexe IV.2.2-Les infrastructures sanitaires 332
Annexe IV.2.3-Les infrastructures routières et
électrification 334
Annexe IV.2.4- Les actions socio-économiques 335
ANNEXE V : VUE DE LA RADIO LA VOIX DU N'ZI DE DIMBOKRO 336
ANNEXE VI : EXTRAITS DE FRATERNITE MATIN SUR DIMBOKRO 339
Annexe VI.1-Déficit pluviométrique et ses effets
sur la production agricole 340
Annexe VI.2-Reconstitution de l'économie par la culture
de l'anacarde 341
Annexe VI.3-Reconversion professionnelle d'un fils du
département de Dimbokro 342
Annexe VI.4-Interview du Président du Conseil
Général de Dimbokro 343
351
TABLE DES MATIERES 344
352
RESUME:
Perçue en règle générale comme
un système de dévolution du pouvoir par le centre (l'Etat) vers
la périphérie (les collectivités et leur territoire), la
décentralisation fait la promotion du développement
local.
Débuté par le premier axe qu'est la
communalisation en 1980, la décentralisation ivoirienne connaitra entre
autres, le Conseil Général à partir des élections
de Juillet 2002 et dès 2003, celui de Dimbokro est devenu
opérationnel. Jadis, faisant partie de " la boucle du cacao ", et donc
un maillon essentiel de la croissance et du développement
économique de la Côte d'Ivoire, le département de Dimbokro
a perdu cette place au détriment d'autres localités comme
Soubré et Fresco. L'institutionnalisation des Conseils
Généraux mettant l'accent sur la participation locale devrait
permettre au département de Dimbokro d'amorcer son redémarrage
économique.
Dans notre étude, nous avons utilisé
l'approche qualitative dans sa version phénoménologique en
s'appuyant sur des entretiens individuels et des focus groups, et un
questionnaire pour le volet quantitatif.
Ainsi, dans l'objectif de déterminer les
mécanismes de construction des rapports sociaux autour de la
participation de la population de Dimbokro au développement local, la
méthode dialectique et l'analyse stratégique ont permis
d'atteindre un certain nombre de résultats.
Les résultats auxquels nous avons abouti montrent
que la consultation est la configuration majeure de la participation de la
population de Dimbokro à son développement.
L'étude a aussi mentionné que le manque de
cadre d'expression dû à l'influence politique, le manque de
compétences adéquates et l'analphabétisme d'une frange de
la population constituent des obstacles à la participation de la
population de Dimbokro à son développement.
Néanmoins, le regroupement de la population et la
communication sont des mécanismes de participation capables d'oeuvrer
à l'atteinte des objectifs de développement de Dimbokro.
Dans le but donc d'assurer une citoyenneté locale
active et constructive, il apparaît nécessaire, de favoriser
l'appropriation du concept de décentralisation par les populations,
à travers la compréhension de ses enjeux et ses
perspectives.
Mots clés :
Décentralisation, développement local,
participation, communication.
ABSTRACT:
The decentralization makes the local development
promotion. It is perceived as the system of devoutness at central power (the
state) to the periphery (the communities and their territory).
The decentralization in Côte d'Ivoire began by the
first implement that was the township in 1980 then followed by the county
council from July, 2002 elections. Since 2003, the General Council of Dimbokro
became operational.
Dimbokro was formerly, part of the «cocoa
buckle» and was an essential link at the growth and the economic
development of the Côte d'Ivoire. Dimbokro department had lost this place
to the detriment of others localities such as Soubré and Fresco. The
institutionalization of the General councils stressed on the local
participation should enable the department of Dimbokro to begin its economic
recovery.
In this research we used the qualitative approach in its
phenomenological version based on individuals' interviews and focus groups, and
a questionnaire for the quantitative section.
Thus, in the objective to determine the mechanisms of the
relationship construction about the participation of the population of Dimbokro
to the local development, the dialectical method and the analysis strategy have
enabled to reach results.
The results shown that the consultation is the principal
configuration at the participation of the population of Dimbokro on its
development. The research mentioned also that the lack of expression frame
owing the political influence, the frame of the competences appropriates and
the illiteracy of one fringe of the population constitute some obstacles to the
participation of Dimbokro's population to its development.
Nevertheless, the grouping together of the population and
the communication constitute some mechanisms of participation able to strive
Dimbokro objectives' development.
With a view to assure an active and constructive local
citizenship, it is necessary to favour the appropriation of the
decentralization notion by the populations, through the understanding to its
stakes and its prospects.
Key words:
Decentralization, local development, participation, communication.
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