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Analyse des initiatives et innovations paysannes et leurs effets sur la sécurité alimentaire des ménages dans les terroirs de Damama et Elguéza dans le département d'Aguié au Niger.

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par Chaibou SALEY BOUGI
Abdou Moumouni Niamey - Ingénieur des Techniques Agricoles 2004
  

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Chapitre 3 : Méthodologie

3-1 Choix des villages d'étude

Le choix des terroirs villageois de Damama et de Elguéza relève d'une proposition de la CT/PIIP.

Ce choix est motivé parce que ce sont des villages PAIIP au sein desquels la mise en oeuvre des initiatives et innovations retenues a suscité un certain engouement de la part des populations .

3-2 Identification des adhérents et enquêtes au niveau des groupes cibles

Pour les initiatives et innovations menées en groupement (champs collectifs, banques céréalières et semencières), ce sont les activités proprement dites qui déterminent les groupes cibles .Quant aux activités à l'échelle individuelle (cultures du manioc, cassia tora et moringa oliefera), la liste des producteurs et leur catégorisation sont connues à l'aide des membres du comité suivi évaluation des innovations paysannes.

3-2-1Critères de choix des adhérent ou producteurs

Le choix des adhérents ou producteurs est fonction d'un certain de nombre de critères permettant d'identifier les quatre (4) catégories d'exploitation selon le concept de la vulnérabilité à savoir :

- peu vulnérables (P.V) ;

- moyennement vulnérables (M.V) ;

- très vulnérables (T.V) ;

- extrêmement vulnérables (E.V).

Ces critères, une fois répertoriés permettent de catégoriser chaque adhérent Ce sont :

- le capital foncier de l'exploitant ;

- le nombre d'UBT total que regorge l'exploitation ;

- le nombre de femmes prises en charge au sein de l'exploitation par le chef ;

- le nombre d'actifs agricoles de l'exploitation ;

- le nombre total de personnes prises en charge au niveau de l'exploitation ;

- les activités (principales et secondaires) exercées ;

- l'existence de matériels agricoles modernes au sein de l'exploitation.

3-2-2 Pertinence du choix de ces critères

Chacun des critères retenus comme référence dans la catégorisation des exploitations est un facteur de différenciation de celle-ci.

- le capital foncier : La terre constitue un facteur de production dont l'utilisation détermine les rapports sociaux .C'est dans le domaine foncier que les écarts significatifs sont susceptibles de se creuser entre les exploitations .Cette approche ne prend pas en compte d'autres paramètres non moins importants tels que la fertilité ( Saley, 2002).

Le capital foncier est très important dans la mesure où en milieu paysan la sécurité des paysans se juge par rapport à leur bonne ou mauvaise assise foncière.

De ce fait un paysan à fort capital foncier est supposé être à l'abri de certaines calamités telles que la famine.

- Le nombre d'UBT au sein de l'exploitation : En milieu rural, pour optimaliser les productions agricoles dans les conditions actuelles de baisse de fertilité des terres, les animaux jouent un rôle très important. En effet l'apport du fumier constitue, après la jachère le mode de fertilisation le plus ancien. En plus le choix de ce critère est pertinent par le fait que ce sont les animaux qui sont les plus souvent vendus pour faire face au déficit céréalier. (Saley, 2002).

C'est dire que plus une exploitation possède un capital bétail énorme, plus elle possède des opportunités lui permettant d'atténuer les éventuels déficits céréaliers imprévisibles et par conséquent l'évite de basculer dans la vulnérabilité.

- les activités principales et secondaires : A Aguié tout comme dans beaucoup de contrées nigériennes la principale activité de la population est l'agriculture. Seuls les revenus extra agricoles qui proviennent des activités secondaires telles que le commerce, l'élevage etc.... différencient les exploitations. En effet tout comme le bétail, les revenus extra agricoles sont des facteurs de différenciation économique entre les exploitations. Leur choix comme critère revêt une importance capitale car ils jouent un rôle important dans les décisions du paysan. En matière de gestion de la fertilité des terres, les revenus extra agricoles peuvent être investis pour améliorer les travaux du sols, acheter d'autres terres pour laisser alors d'autres en jachère etc. En cas de déficit céréalier, ce sont ces revenus qui complètent les moyens de subsistance des populations et par conséquent les évitent de basculer dans la vulnérabilité.

Comme l'ont souligné Amadou et al en 1997, les revenus extra agricoles constituent une variable qui sert à mesurer le dynamisme d'une unité de production. Elle met en lumière le fait que les disparités extra agricoles sont à la base des différences profondes sur le plan de productivité, de l'équilibre et de la variabilité d'une exploitation.

- l'existence ou non des matériels agricoles modernes : La pertinence de ce critère réside dans le fait qu'il permet de connaître le niveau de mécanisation de l'exploitation. Il constitue donc un facteur de différenciation économique entre exploitation. En effet les exploitations qui utilisent les charrettes ou les charrues fertilisent et prépare mieux leur champ.

- le nombre d'actifs agricoles : A Aguié tout comme dans beaucoup des terroirs nigériens la possession au sein d'une exploitation d'un nombre énorme d'actifs agricoles constitue un grand prestige. En effet le poids des exploitations se mesure à certain égard par rapport à cette donne. C'est dire que plus une exploitation regroupe un nombre énorme d'actifs agricoles, plus elle est respectée et considérée dans la communauté.

La pertinence de critère est qu'il permet de savoir s'il y a un équilibre entre le niveau de mobilisation de la main d'oeuvre de l'exploitation et les superficies agricoles mises en valeur. Bref il permet de savoir si la main d'oeuvre de l'exploitation est susceptible de s'auto-suffir en matière d'exécution des travaux champêtres.

- le nombre total de personnes prises en charge : À ce niveau aussi la notion d'équilibre y est. Ce critère nous permet de savoir s'il y a compatibilité entre production et nombre de bouches à nourrir au sein d'une exploitation. Bref ce critère nous permet de savoir si l'exploitation est à mesure de se sécuriser sur le plan alimentaire pendant une année au vu de sa production enfin de campagne et du nombre de personnes qui la composent.

Sur la base de ces critères précités pour chacun des villages ayant fait l'objet de l'étude un tableau permettant de faire une appréciation de la vulnérabilité était établi  au terme de l'étude.

Au niveau du village de Damama 73 exploitations ont été répertoriées et enquêtées toutes initiatives et innovations confondues. Elles sont reparties comme suit :

- 7 exploitations extrêmement vulnérables,

- 33 exploitations très vulnérables,

- 25 exploitations moyennement vulnérables,

- 8 exploitations peu vulnérables.

Le tableau ci-après met en relief les critères d'identification des catégories d'exploitations.

Tableau 4 : caractéristiques des catégories d'exploitations agricoles selon le concept de la vulnérabilité à Damama.

Critères

Catégories

Foncier

Cheptel ( UBT)

Nbre de personnes en charge

Activités

Matériels agricoles modernes

 

Actifs agricoles

 

Second-aires

 

11

3,72

4,16

14

Agriculture

Elevage

Commerce

Charrettes houes modernes

M.V (23)

5,8

2,26

2,52

12

Agriculture

Elevage

Commerce

Charrettes houes modernes

T.V (33)

3,18

1,83

0,36

9

Agriculture

Elevage

-

E.V ( 7)

1,5

1,9

0,23

6

Agriculture

-

-

 

Quant au niveau d'Elguèza 52 exploitations ont été répertoriées et enquêtées toutes initiatives et innovations confondues. Elles sont reparties comme suit :

- 11 exploitations extrêmement vulnérables,

- 13 exploitations très vulnérables,

- 19 exploitations moyennement vulnérables,

- 9 exploitations peu vulnérables.

Le tableau ci-après met en relief les critères d'identification des catégories d'exploitations.

Tableau 5 caractéristiques des catégories d'exploitations agricoles selon le concept de la vulnérabilité à Elguéza.

Critères

Catégories

Foncier

Cheptel

( UBT )

Nbre de

Personne

En charge

Activités

Matériels

Agricoles

Modernes

 

Actifs

Agricoles

 

secondaire

 

9

3,65

3,98

11

Agriculture

Elevage

Commerce

Charrette

Houe moderne

M.V (19 )

5,3

2,24

2,46

9

Agriculture

Elevage

Commerce

Charrette

Houe

Moderne

T.V ( 13 )

3

1,62

1,02

8

Agriculture

Elevage

_

E.V (11)

1,25

1,5

0,20

5

agriculture

_

_

 

N.B : les chiffres entre parenthèse indiquent le nombre d'exploitations enquêtées par catégorie.

Au vu des tableaux 4 et 5 un constat se dégage, force est de reconnaître que les exploitations agricoles d'Elguéza s'expose à la vulnérabilité plus que celles de Damama. En effet, pour les critères relatifs au foncier, au cheptel et le nombre de personne en charge les caractéristiques des exploitations d'Elguéza sont moins performantes par rapport à celles de Damama et ce pour toutes les catégories .

A Damama tout comme à Elguéza il faut retenir que :

- les exploitations extrêmement vulnérables du fait de leur degré de vulnérabilité plus élevé vivent dans l'indigence absolue ;

- les exploitations très vulnérables sont sans assise foncière, chroniquement déficitaires vivant donc dans une insécurité alimentaire permanente ;

- les exploitations moyennement vulnérables sont celles dont les contraintes sont faibles, elles sont partiellement équipées et actives dans les AGR ;

- les exploitations peu vulnérables, elles ont une bonne assise foncière ; une bonne production, un important cheptel et une capacité de fertilisation .Malgré leur situation confortable, elles ne sont pas à l'abri de la vulnérabilité à cause des risques divers : épizooties, sécheresse, incendie, pratiques entraînant des dépenses ostentatoires.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault