2.3.2. Initiatives paysannes
Pour Boubacar. Y et Boureïma .A (1996), les initiatives
paysannes sont les décisions que prennent librement les paysans en vue
d'apporter des solutions aux multiples contraintes aux quelles ils sont
confrontés. Ces contraintes sont relatives à l'environnement
global, c'est à dire physique, économique et socioculturel.
2.3.3. Vulnérabilité
a) Perceptions sociales de la
vulnérabilité
Au terme d'une étude menée par Boubacar.Y en
2002 dans le terroir villageois de Guidan Tangno (Aguié), pour les
personnes enquêtées, la vulnérabilité c'est tout ce
qui est susceptible de faire basculer une exploitation ou une personne, d'une
situation à une autre moins favorable .Elle est synonyme de
précarité et revêt plusieurs dimensions :
- Sociale : manque de force de
travail, d'aide, de soutien de parents ou des enfants, la marginalisation,
pratiques imposées par la société ;
- Matérielle : insuffisance ou
manque d'animaux, de vivres, de capital, d'eau ;
- Psychologique et comportementale :
l'insouciance, le gaspillage, la paresse, le manque d'initiative et de
combativité, la délinquance, le conformisme ;
- Environnementale :
phénomènes physiques s'imposant à l'individu et qu'il n'a
pas la possibilité de les combattre seul, comme les contraintes
climatiques, pression parasitaire , l'enclavement , manque de terres ,
pauvreté des sols , difficultés d'accès aux soins .
b) Liens entre pauvreté et
vulnérabilité
Il ressort de cette étude que ces deux notions souvent
confondues ont une nuance significative entre elles.
La pauvreté ou `'Talauci'',
caractérise la situation des personnes dont les revenus ne garantissent
ni le manger, ni les soins en cas de maladie.
Alors que la vulnérabilité ou
`'Tamowar Rayuwar Dan Adam'' désigne l'absence ou l'insuffisance de
moyens permettant de répondre de façon appropriée à
des situations déstabilisantes et à des éléments
perturbateurs ou de se prémunir contre eux .
C) Typologie des exploitations en fonction de leur
niveau de vulnérabilité
Avant ce classement, il faut noter que l'étude a fait
ressortir trois échelles de vulnérabilité qui sont :
la zone agro écologique, le village, les exploitations.
L'analyse à l'échelle exploitation a permis de
réaliser la typologie ci-après :
- Exploitations extrêmement vulnérables
ou `'Matsiyata'' : vivant dans l'indigence absolue ;
- Exploitations très vulnérables
ou `'Masu shan wahala'' : sans assise foncière
chroniquement déficitaires, donc vivant dans une
insécurité alimentaire permanente ;
- Exploitations moyennement vulnérables
ou `'Masu Damadama'' : elles constituent la catégorie la
plus importante, les contraintes sont faibles, elles sont partiellement
équipées et actives dans les AGR ;
- Exploitations peu vulnérables ou
`'Masu hali '' : elles ont une bonne assise foncière, une bonne
production, un bon cheptel et une capacité de fertilisation.
Malgré leur situation confortable, elles ne sont pas
à l'abri de la vulnérabilité à cause des risques
divers : épizooties, sécheresse ; incendie, pratiques
entraînant des dépenses ostentatoires ...
D) Facteurs de vulnérabilité
Ils sont de plusieurs ordres, mais agissent tous pour
déterminer la vulnérabilité des populations rurales.
De manière générale les principaux
facteurs de vulnérabilité sont :
- la sécheresse ;
- les déficits de production ;
- les dépenses sociales ;
- les problèmes de santé humaine
- les épizooties ;
- les sinistres : vol, inondation, incendie...
- la variété des prix des produits et des
intrants ;
- les législations douanières et
commerciales ;
Du point de vue spécifique les facteurs varient d'un
groupe social à un autre ; C'est ainsi qu'on peut retenir :
.Chez les femmes
- poids croissant des responsabilités
économiques, souvent liées à des pratiques
entraînant des dépenses ostentatoires ;
- responsabilités spécifiques des femmes dans
l'entretien des enfants ;
- impacts des maternités répétés
sur la force du travail ;
- statut juridique de dépendances ;
- concurrence entre coépouses.
.Chez les jeunes :
- le manque de disponibilités
foncières ;
- le manque d'expériences dans la gestion des
ménages ;
- le décalage entre les aspirations individualistes et
les valeurs et possibilités du milieu traditionnel ;
- les tentations entre générations ;
- le manque d'ambitions personnelles ;
- la paresse et l'oisiveté ;
- la délinquance
. Chez les peuls :
- les épizooties ;
- l'analphabétisme et l'ignorance ;
- la marginalisation.
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