2.1.2.2. Religion
La religion véhicule un certain nombre de valeurs, de
normes qui régissent la vie des fidèles du point de vue
comportemental, physiologique et psychique. Elle peut représenter ainsi
les pratiques, attitudes et croyances d'un groupe donné. Elle peut
refléter l'ouverture à la civilisation occidentale (religion
catholique et protestante), le degré de pratique traditionnelle
(religion traditionnelle), et parfois la situation des gens dans la
hiérarchie sociale (AKOTO, 1985). Ainsi l'influence de la religion sur
les pratiques alimentaires et sur le recours aux soins en cas de maladie,
dépend du groupe auquel on appartient. La religion chrétienne,
facteur de changement et d'adaptation, favorise le recours à la
médecine moderne en cas de diarrhée ou de rougeole. Par contre,
l'Islam favorise le recours à la médecine traditionnelle (AKOTO
et al, 2002). Les religions traditionnelles, quant à elles, encouragent
le recours à un système de soins donné (moderne ou
traditionnel) en fonction de la nature de la maladie. Si celle-ci est
36 | P a g e
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
considérée comme naturelle, c'est le
système de soins moderne qui est privilégié, mais dans le
cas où elle est d'ordre social ou mystique, les regards se tournent vers
la médecine traditionnelle (BENINGUISSE, 1998). Au Bénin,
l'interdiction de consommer du pigeon, de l'antilope se constate souvent chez
les initiés du culte « vodoon » alors que chez les musulmans
et les membres des églises pentecôtistes, la viande de porc et
l'alcool sont proscrits de l'alimentation.
2.1.2.3. Ethnie
Les croyances, les perceptions et les attitudes varient selon
que l'on appartienne à tel ou tel groupe ethnique. Les comportements de
la mère, ses pratiques alimentaires pendant la grossesse et pour la
nutrition du nouveau-né peuvent jouer sur l'état nutritionnel de
celui-ci. Ainsi les tabous alimentaires, les croyances relatives à
l'alimentation, la manière de préparer et de conserver la
nourriture de chaque ethnie ou culture sont des facteurs de
différenciation de la malnutrition dans certains pays en Afrique
Subsaharienne. C'est pourquoi dans la conception de certaines ethnies par
exemple, « donner le colostrum aux bébés » est une
pratique qui contrarie les habitudes traditionnelles qui préconisent de
jeter ce premier lait qui est généralement qualifié de
sale'' (SAWADOGO, 2006 ; ACF, 2010). Ainsi, au Burkina Faso, le
colostrum était perçu comme un élément
négatif'' et son utilisation variait selon les individus. En
effet, « il est vu tantôt comme un corps neutre tantôt
comme un corps nocif. Dans le premier cas, il est consommé ; dans le
deuxième cas il est rejeté ou consommé malgré sa
nocivité» SAWADOGO (2006 : 52.). Au Cameroun, par exemple
« les interdits et prescriptions alimentaires entrent dans le champs
des précautions prises pour s'assurer de la naissance d'un enfant sain
et normal, c'est-à-dire exempt de tare physiologique, physique et
psychologique,[..].Parmi ces interdits, on peut citer entre autres les viandes,
poissons, fruits légumes et féculents» (BENINGUISSE,
2001, p16-17). De même au Bénin, les Fon, les Ayizo et les ethnies
voisines ont des interdits alimentaires spécifiques. Ces interdits
concernent, par exemple, les huîtres, les légumes locaux comme le
glassi ou le gombo, les crabes, la viande de chèvre, le clarias
(poisson), la viande de chat, la viande blanche, ainsi que divers oiseaux comme
le héron (HERSKOVITS et MERVILLE, 1967). Dans le Borgou les femmes
enceintes et les nourrices doivent éviter certains plats ou aliments
comme le gâteau à base de haricot, la pâte de la veille,
l'igname pilée, l'estomac de boeuf, la viande de mouton et de
chèvre pour ne pas affecter la mère ou le nourrisson (Halene,
1997).
37 | P a g e
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
Ces observations rejoignent les résultats de
RAKOTONDRABE (1996) qui montre qu'il existe une relation entre l'ethnie, les
croyances et la nutrition des enfants, notamment pendant et après la
grossesse, et les pratiques d'allaitement et de sevrage au Madagascar.
|