Valeurs et et relativisme moral dans la généalogie de la morale (1887) de friedrich nietzsche( Télécharger le fichier original )par Daniel Blaise BITECK Université de Yaoundé 1 - DIPES II 2013 |
II.1. LA BONNE VOLONTEA travers la plume de Victor Delbos dans La philosophie pratique de Kant, nous constatons que celui-ci conçoit la volonté comme étant la raison dans son activité pratique. Il définit, en relation avec la précédente acception, la bonne volonté comme celle qui agit par devoir et pour le devoir. Dans ce sens, il apparaît que Delbos tout en rendant compte de cette pensée de Kant corrobore le point de vue de ce dernier tout en l'amplifiant et c'est d'ailleurs cette voie que suit Emile Bréhier en parlant de la bonne volonté dans son Histoire de la philosophie lorsqu'il présente le devoir comme ce qui « est accompli non pas seulement lorsque l'acte est conforme au devoir mais lorsqu'il est fait par devoir »28(*). Il apparaît de ce qui précède que la bonne volonté qu'exige Kant marche contre toute immixtion, à la base de tout acte moral de mobiles intéressés, que ceux-ci procurent au sujet un revenu pratique ou même symbolique. Kant s'inscrit donc en faut contre les thèses de types utilitaristes qui font valoir qu'il n'y a pas d'acte moral désintéressé, qu'il n'y a pas d'action sans intérêt. On peut venir en aide à autrui et penser ou faire croire que notre acte est altruiste, purement désintéressé. Mais, à les en croire, il s'avère très et peut être même toujours que le désintéressement que nous affichons cache plutôt des motivations inavouées. Par exemple, nous intervenons chez le voisin lorsqu'il y a du bruit non pas par devoir mais soit par convenance, soit parce que le climat qui y prévaut nous perturbe, trouble notre tranquillité. A l'opposé de ces points de vues, l'auteur de Qu'est-ce que les Lumières ? fonde l'agir moral sur l'absence de mobiles égoïstes de notre conduite. Notre conduite n'est pas moralement correcte parce qu'elle reflète l'idée de Bien ni même parce qu'elle est conforme à la volonté divine comme le précisent les religieux. Elle (la conduite) est moralement acceptable parce qu'elle est désintéressée, parce qu'elle coïncide comme l'affirme Angèle Kremer-Marietti « dans le caractère immédiat de la détermination de la volonté par la loi morale »29(*). Notre conduite doit ainsi refléter la pureté de l'intention, de notre intention. C'est pourquoi en accord avec cette dernière, l'auteur de Critique de la raison pratique, soutient : Lorsque la morale s'appuie sur des considérations empiriques, elle fournit par là la volonté des mobiles sensibles qui la corrompent, soit en la détournant du devoir, soit en l'invitant à chercher dans le devoir, autre chose que lui-même. Au contraire, dès que la morale cesse de recourir à ces arguments suspects, dès qu'elle s'applique à n'énoncer les lois de la moralité que dans la pureté rationnelle, elle est en mesure d'agir puissamment sur les âmes30(*). Le projet de Kant apparaît donc ici de manière évidente : il s'agit pour lui de saisir dans toute sa pureté l'intention morale et c'est cette ambition qu'il partage avec le christianisme et le judaïsme. Tous deux réclament la pureté du coeur ou de l'intention chaque fois que l'on doit agir. C'est pourquoi notre action perdra son caractère moral dès lors qu'elle sera déterminée par des motivations inavouées en d'autres termes lorsqu'elle se fondera sur des intentions autres que le devoir. Au-delà de cette nécessité pour le sujet de conformer sa conduite au devoir ou à la raison, Kant pose que la liberté est le produit de la loi morale que fonde la raison dans son usage pratique. Puisque la loi morale est le produit de la raison pratique se donnant à elle-même une injonction, notre auteur réclame ainsi l'autonomie de cette dernière. Autrement dit, le sujet moral ne doit être déterminé par aucune autorité extérieure à lui. Par conséquent, ni l'idée platonicienne du Bien, ni la nécessité de se soumettre à la volonté divine que prêche le judéo-christianisme ne sont à valoriser pour Kant. De manière définitive, nous pouvons noter qu'à l'inverse des approches platonicienne et judéo-chrétienne de l'origine de la morale qui empêchent l'homme de disposer de lui- même en posant au-dessus de lui une transcendance, l'approche kantienne en fondant l'agir moral sur la pureté de l'acte et donc sur la raison, restitue l'homme à lui-même. Cependant, Kant affirme le caractère obligatoire du devoir. * 28 E. Bréhier, Histoire de la philosophie, Paris, T2 Quadrige/PUF, 1996, 7e éd, p.484. * 29 A. Kremer-Marietti, L'Ethique, Paris, P.U.F, 1987, p.98. * 30 V. Delbos, op.Cit., p. 251. |
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