2.2.3 La règlementation spécifique aux
marchés publics :
Selon le Baromètre des Achats Responsables de 2016
réalisé par l'Observatoire des Achats Responsables en
collaboration avec la société de sondages OpinionWay, le respect
des règlementations et des normes est la deuxième source de
motivation des sociétés en matière d'achats responsables
(43% des sociétés ont placé ce critère parmi leurs
trois principales motivations) juste après l'image de l'entreprise
(49%).
Ce constat est à la fois positif et négatif :
positif car il montre que le respect de la règlementation est un
élément pris très au sérieux par les
sociétés/organisations et qu'il s'agit donc d'un levier important
pour faire progresser les achats responsables. Négatif car le fait que
les deux principaux éléments moteurs soient liés à
des éléments généralement perçus comme des
contraintes montre que la démarche n'est pas encore assez centrée
sur l'intérêt de l'entreprise. A titre d'exemple la
réduction des coûts des services et/ou produits n'arrive qu'en
6ème position avec seulement 26%. On
constate cependant une belle évolution puisque ces pourcentages
étaient respectivement de 53 et de 52% en 2015.
Avant d'aller plus loin revenons sur la définition d'un
achat publique responsable et sur tous les éléments qui le
constituent. C'est en effet l'ensemble de ces éléments que la
règlementation relative aux marchés publics va tenter
d'intégrer.
ESTP Mathieu PACAUD
Marchés Publics de travaux - Achats Responsables Page
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Un achat public est un achat réalisé par un pouvoir
adjudicateur soumis au code des marchés publics ou à l'ordonnance
n° 2005-649 du 6 juin 2005 relative aux marchés passés par
certaines personnes publiques ou privées non soumises au code des
marchés publics (cas de Radio France).
Un achat public pourra être qualifié de responsable
s'il :
- intègre des dispositions en faveur de la protection ou
de la mise en valeur de
l'environnement, du progrès social, et en favorisant le
développement économique ;
- prend en compte l'intérêt de l'ensemble des
parties prenantes concernées par l'acte d'achat ; - permet de
réaliser des économies « intelligentes » au plus
près du besoin et incitant à la sobriété en terme
d'énergie et de ressources ;
- et intègre toutes les étapes du marché et
de la vie du produit ou de la prestation.
Il est important de noter à nouveau que cette
définition inclue la notion d'économies. Il est en effet
important que les sociétés / organisations prennent conscience
que la prise en compte du développement durable doit être un
levier de croissance économique et que la règlementation va dans
ce sens, non pas pour nous contraindre, mais plutôt pour nous donner des
perspectives et des outils d'amélioration. Dans cette optique beaucoup
de démarches restent volontaires et ne font pas l'objet de «
contraintes » législatives.
L'intégration de nouveaux instruments de marché
pour intégrer le développement durable aux appels d'offre s'est
faite de manière progressive au cours de ces dernières
années. L'objectif n'est pas en effet de contraindre les acheteurs mais
bien de leur donner les moyens d'optimiser la prise en comptes des enjeux
sociaux, économiques et environnementaux dans leurs marchés.
La chronologie d'intégration des nouveaux instruments de
marché relatifs aux achats responsables est ainsi la suivante :
- 2001 : possibilité d'intégrer des conditions
environnementales et sociales aux conditions d'exécution (article
14).
- 2004 : la directive Marchés publics de 2004 organise les
conditions d'insertion du Développement Durable dans les
spécifications techniques ou dans les critères de choix des
offres. L'article 53-II offre ainsi la possibilité de prendre en compte
les enjeux environnementaux dans les critères d'attribution. C'est
à cette époque que le droit relatif à l'achat public
responsable émerge véritablement.
- 2005 : le critère social d'insertion des personnes en
difficulté peut faire l'objet d'un critère d'attribution (article
53-II).
- 2006 : obligation de tenir compte des enjeux du
développement durable dès le stade de la définition du
besoin. Les spécifications techniques peuvent inclure des
spécifications environnementales comme des écolabels.
Généralisation de la notion de conditions d'exécution
sociales. Possibilité de demander des certificats de qualité
liés au management environnemental. Et enfin possibilité
d'intégrer le coût global dans les critères de
sélection des offres (respectivement articles 5, 6, 14, 45, 53-II).
- 2009 : possibilité de recourir aux variantes
environnementales (article 48 de la loi du 3 août 2009).
- 2011 : possibilité pour les maîtres d'ouvrage
publics de recourir à des marchés de conception -
réalisation dans le cadre d'un engagement contractuel lié
à l'amélioration de l'efficacité
énergétique. Possibilité de recourir à divers
marchés globaux de type conception
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- réalisation - exploitation / maintenance lorsque des
objectifs contractuels précis d'efficacité
énergétique, de qualité de service ou d'incidence
environnementale sont définis.
- 2012 : la directive 2012/27/UE du 25 octobre 2012 relative
à l'efficacité énergétique introduit en particulier
la possibilité de recourir aux contrats de performance
énergétique.
- 2016 : incitation à prendre en compte le coût du
cycle de vie en y introduisant des externalités telles que les
émissions de gaz à effet de serre, les émissions
polluantes d'une manière générale ou encore les
coûts d'adaptation au changement climatique (Décret n°
2016-360 du 25 mars 2016 relatif aux marchés publics).
Ce sont autant d'outils que nous tâcherons
d'intégrer à notre démarche pour renforcer la prise en
compte du développement durable dans les marchés passés
par Radio France.
Règlementation :
- Connaître et mettre à profit les
différents instruments de marchés pour intégrer au mieux
le développement durable : la règlementation n'est pas une
contrainte mais un outil.
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