2.4 Autres pistes d'amélioration :
2.4.1 La prise en compte du Coût Global et
bénéfices associés :
Nous avons déjà évoqué à
plusieurs reprises la notion de coût global qui semble être, selon
moi, l'un des meilleurs outils à la disposition de l'acheteur travaux
pour justifier, sur le long terme, la plus-value d'une prise en compte du
développement durable. Nous allons tâcher de faire le point sur
les enjeux qui y sont associés pour le secteur du bâtiment, nous
étudierons ensuite son périmètre et son fonctionnement en
application aux marchés de travaux et donnerons finalement des
premières pistes quant à sa mise en oeuvre et son
évaluation.
Intégrer le coût global dans les marchés
de construction rénovation :
Selon le Baromètre des Achats Responsables ObsAR
Opinionway de 2016 le coût global est appréhendé par 69%
des sociétés ou organisations ayant mis en place une politique
d'achats responsables. On constate cependant que le coût global n'est que
très rarement utilisé pour les marchés de travaux dans
lesquels, bien souvent, seuls les coûts de constructions sont pris en
compte alors que ces derniers ne représentent en moyenne que 20% des
coût engendrés par un bâtiment sur toute sa durée de
vie contre 75 à 80% pour l'utilisation !
On considère généralement que la
répartition des coûts en fonction des tâches pour un projet
de construction se fait comme il suit :
- Conception : 2 à 4% pour le montage ; 2% pour les
études de maîtrise d'oeuvre. - Réalisation : 15 à
20% pour l'étape du chantier.
- Gestion : 75 à 80% concernant l'utilisation du
bâtiment.
On parle ainsi souvent « d'iceberg des coûts »
pour mentionner les coûts cachés liés en particulier
à l'exploitation et à la maintenance des bâtiments :
![](Achats-publics--MOP-responsables21.png)
Penser en coût global revient en effet à prendre en
considération, au-delà des coûts immédiats, les
différents coûts et bénéfices différés
engendrés sur toute la durée de vie d'un ouvrage depuis le
montage jusqu'à une éventuelle déconstruction. Certains
types de marchés tels que les Partenariat Public Privé (PPP)
imposent l'utilisation de cette démarche mais il est temps pour les
acheteurs publics d'en comprendre les bénéfices et de
généraliser son utilisation.
ESTP Mathieu PACAUD
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Il existe différentes façons d'appréhender
le coût global d'un ouvrage. On différencie principalement deux
types de coût global :
- Le coût global dit simple : coût
élémentaire initial, coût élémentaire de
fonctionnement et valeur résiduelle,
- et le coût global étendu à des notions
comme les impacts environnementaux ou l'image. Ce dernier est plus
difficilement chiffrable.
Le coût global dit simple ou élémentaire
comprendra en particulier les éléments suivants :
![](Achats-publics--MOP-responsables22.png)
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ESTP Mathieu PACAUD
De manière plus détaillée le
périmètre traditionnel du coût initial est le suivant :
![](Achats-publics--MOP-responsables23.png)
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ESTP Mathieu PACAUD
Et le périmètre des coûts
différés est le suivant :
![](Achats-publics--MOP-responsables24.png)
ESTP Mathieu PACAUD
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Importance de la maintenance :
La maintenance régulière des bâtiments avec
entretien léger mais régulier dès l'apparition des
défauts aura tendance à améliorer la durée de vie
à moindre coût donc à réduire le coût global
d'un ouvrage sur une longue durée.
Ci-dessous un exemple de coût global simplifié
illustrant l'importance de la maintenance :
![](Achats-publics--MOP-responsables25.png)
Les coûts de maintenance liés à la
conservation du bon état de marche et à la lutte contre le
vieillissement se répartissent en deux catégories
:
- La maintenance courante :
Préventive : petit entretien, frais de personnel,
fournitures, contrats d'entretien,
contrats de maintenance
Corrective : travaux de réparation faisant suite
à des désordres
Contrôles règlementaires
- Le gros entretien de renouvellement :
Ensemble des travaux programmables suffisamment importants pour
être
immobilisés visant à lutter contre le
vieillissement.
Travaux de réparation exceptionnels réalisés
dans un esprit de conservation du
patrimoine.
Les coûts d'exploitation quant à eux sont
liés au fonctionnement des ouvrages et des
équipements dans des conditions définies de
sécurité, de sureté ou encore de confort. Ils
ESTP Mathieu PACAUD
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comprennent les coûts suivants :
- Les coûts d'exploitation technique :
Fluides (électricité, gaz, eau, ...)
Conduite des installations climatiques (mise en route,
arrêt, ...)
- Les coûts d'exploitation fonctionnelle :
Nettoyage, accueil, standard, courrier (ces coûts ne
peuvent à priori pas figurer dans
un critère de prix en coût global de
sélection des offres puisqu'ils ne dépendent pas à
priori de la réalisation de l'ouvrage).
Il faudra également prendre en compte les travaux et frais
liés à des modifications fonctionnelles
ou règlementaires :
- Coût de mise en conformité.
- Travaux et frais liés à des changements d'usage :
déménagement de services, redistribution,
restructuration.
Il est difficile pour ne pas dire impossible de prévoir
ces derniers et par conséquent de les inclure
par exemple dans un appel d'offre.
Finalement, et en intégrant les coûts initiaux et
différés précédemment mentionnés, l'on
obtient des coûts sur tout le cycle de vie d'un bâtiment qui
auraient cette allure avec, un gros investissement initial, des coûts
croissants liés à l'exploitation - maintenance et aux fluides,
des entretiens ou renouvellements plus ou moins important rabaissant les
coûts précédents et généralement une grosse
opération d'entretien - renouvellement après 30 ans :
![](Achats-publics--MOP-responsables26.png)
![](Achats-publics--MOP-responsables27.png)
ESTP Mathieu PACAUD
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La prise en compte du temps :
L'approche en coût global voudrait logiquement
privilégier un horizon de temps correspondant à la durée
de vie physique d'un ouvrage. Des notions d'incertitude limitent bien souvent
cet horizon à un cycle d'obsolescence correspondant à un cycle
d'investissement lourd. Les dépenses et revenus, étalés
sur cette période posent la question de l'impact du temps sur l'argent.
Le temps transforme en effet la valeur de l'argent suivant deux
phénomènes :
- l'inflation dont il peut être nécessaire de
différencier les indices en fonction des différentes
catégories de biens ou services,
- et l'actualisation qui tient compte du déphasage dans le
temps des flux financiers pour les ramener à une même base. En
effet on considère qu'une somme donnée a une plus grande valeur
dans le présent que dans le futur (un euro 2016 vaut 1/(1+a) euro 2017
avec a le taux d'actualisation). A titre d'exemple avec un taux d'actualisation
à 4%, un euro économisé dans 10 ans aura une valeur
actualisée 2016 de 0,68€.
Finalement en tenant compte de ces deux phénomènes
on obtient la formule suivante :
V actualisée 2016 = V année 2016 + j x (1 + i)j
/ (1 + a)j avec : i le taux d'inflation
a le taux d'actualisation
Nous n'entrerons pas ici dans les détails de la
détermination relativement complexe du taux d'actualisation. Le rapport
Lebègue a cependant fixé le taux d'actualisation pour les
investissements publics (bâtiments, infrastructures, ...) à 4%
depuis 2005. Pour les investissements supérieurs à 30 ans ce taux
peut être réduit au taux minimum de 2%.
Coût global et variantes :
Une logique de raisonnement en coût global n'aura par
nature d'intérêt que pour la comparaison d'offres
différentes dans leur contenu. Un cahier des charges rigide sans
possibilité de variantes aura pour conséquence des coûts
différés à priori identiques. Il me semble ainsi
nécessaire d'autoriser les variantes dans le règlement de
consultation des entreprises (sauf dans le cas des marchés à
procédure formalisée pour lesquels les variantes seront
autorisées à moins qu'elles ne soient expressément
interdites).
Autoriser ainsi les variantes permettra d'inciter les entreprises
à proposer des solutions innovantes et performantes en termes
d'économie d'énergie en particulier. L'objectif de ces variantes
limitées ou large sera par exemple une amélioration de la
durée de vie des différents éléments ou encore une
meilleure fiabilité induisant des coûts de maintenance plus
faibles.
Cependant, si l'autorisation des variantes va de soit pour un
concours de maîtrise d'oeuvre il peut être délicat
d'introduire des variantes au stade des appels d'offre de réalisation
sans compromettre les choix de conception dont dépendent la
qualité globale de l'ouvrage.
L'importance de la phase de conception :
Si les coûts de conceptions représentent 15% des
coûts initiaux qui sont bien souvent les seuls coûts prix en
compte, on constate que les choix de conception engagent 90% du coût
global d'un ouvrage alors qu'ils ne représentent alors plus que 2% de ce
dernier. S'intéresser au coût global d'un ouvrage s'est donc avant
tout apporter à la conception l'importance qui lui est due. Pour un
maître d'ouvrage occasionnel il pourra être plus avantageux de
faire appel à une assistance à maîtrise d'ouvrage pour la
mise en place du programme et intégrer les concepts calcul en coût
global.
ESTP Mathieu PACAUD
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Evaluer différentes offres sur un critère de
coût global peut finalement être délicat voir impossible
à mettre en place selon le type de marché. Si le programme et les
différents cahiers des charges ont par exemple déjà
été définis par un architecte il sera difficile, comme
évoqué précédemment avec le cas des variantes, de
juger sur ce critère des offres répondant toutes aux mêmes
contraintes techniques architecturales et techniques déjà
établies.
Dans un objectif de sélection des offres sur un
critère de coût global et si l'on veut pouvoir introduire en
particulier la réalisation, il pourra ainsi être
intéressant de recourir à des associations :
- construction et exploitation,
- conception et réalisation,
- ou encore conception, réalisation et maintenance comme
dans le cas d'un contrat de performance énergétique avec travaux
et garantie de résultats.
Retour sur le coût global et partagé :
Comme précisé précédemment et pour
aller plus loin dans la démarche, on pourra chercher à
élargir le coût global lorsque les choix de conception, de
réalisation et de gestion améliorent par exemple le confort et le
bien-être, la sécurité des utilisateurs, l'image que
renvoie l'entreprise ou encore réduisent les coûts de transport
pour les utilisateurs.
Pour aller encore plus loin le coût global partagé
introduira les facteurs sociaux, environnementaux et économiques du
développement durable comme la « valeur verte » d'un ouvrage,
la réduction des nuisances pour les riverains, la contribution au
développement des filières locales, le gain de
productivité des employés au travers du confort, du
bien-être et de la qualité environnementale (meilleure
qualité de l'air par exemple), la sécurité des
utilisateurs, etc.
Coûts d'exploitation - maintenance ; l'importance du
commissionnement :
Il est très bien de réaliser des installations
économes et respectueuses de l'environnements et d'estimer le coût
global d'un ouvrage, encore faut-il s'assurer de la conformité entre les
performances réelles et le besoin exprimé. Les coûts
constatés de l'exploitation - maintenance sur le plan de
l'énergie peuvent en effet pour certaines réalisations
dépasser largement les coûts estimés.
Le mémento du commissionnement réalisé par
COSTIC (centre d'études et de formation pour le génie climatique)
avec les soutiens de l'Union Climatique de France de la FFB, de l'ADEME et de
l'Union Européenne, tâche de souligner l'importance du
commissionnement pour une bonne conformité d'une réalisation avec
les objectifs de performance contractuels liés en particulier aux
installations climatiques.
La définition du commissionnement suivante y est
proposée :
« Ensemble de tâches pour mener à terme une
installation neuve afin qu'elle atteigne le niveau de performances
contractuelles et créer les conditions pour les maintenir : mettre
à disposition des clients et/ou des usagers la documentation et les
instructions d'utilisation et de maintenance, incluant l'initiation ou
même la formation des intervenants. »
Le document prend la forme d'une sorte de guide pour les
différents acteurs. Il donne ainsi dans un premier temps un certain
nombre d'indications concernant les maîtres d'ouvrage et l'application
dans les marchés. Il est ensuite fait le tour des différents
enjeux et acteurs nécessaires à la conception et à la
réalisation d'installations performantes et conformes aux exigences
contractuelles.
ESTP Mathieu PACAUD
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Le tableau ci-dessous définit les actions à mettre
en place pour l'exploitation et la maintenance en fonction des
différentes phases d'un projet :
![](Achats-publics--MOP-responsables28.png)
Nous nous contenterons ici de relever un certains nombres
d'outils et d'actions qui sont à la disposition de l'acheteur publics
concernant le commissionnement. Le document complet est disponible gratuitement
sur le site internet du COSTIC.
Dès la phase du montage puis du programme :
Il est important de prévoir dès la phase du
programme les consommations et les coûts d'exploitation en s'associant
éventuellement à un professionnel compétent. Des objectifs
chiffrés doivent en ressortir tels que les propriétés
fonctionnelles, environnementales, économiques ou sécuritaires
ainsi que les résultats concrets attendus en terme de performance. Ces
objectifs devront faire l'objet de clauses
particulières.
Il pourra être judicieux de s'associer à des
sociétés d'exploitation et de service en matière
d'énergie et d'environnement dès ces premières phases du
projet.
Nous insisterons sur l'importance d'être rigoureux
dès cette première étape car une mauvaise estimation des
coûts entrainant une maintenance insuffisante peut être lourde de
conséquences comme illustré ci-dessous :
![](Achats-publics--MOP-responsables29.png)
ESTP Mathieu PACAUD
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Il sera également important de formuler clairement et de
manière complète la demande relative au commissionnement dans le
cahier des charges et les documents contractuels :
« Les tâches du commissionnement sont vastes et
multiples. Raison pour laquelle elles doivent être identifiées
précisément dans le cahier des charges, et leurs coûts
chiffrés par les professionnels qui répondront à l'appel
d'offres. »
Le commissionnement devra ainsi être une clause du CCTP qui
précise les limites des prestations demandés et
doit être chiffré. Il comprendra en
particulier les prestations suivantes :
- Des études de réalisation qui
prévoient les étapes qui suivent : mise au
point, vérification des performances, exploitation, maintenance et
documentation.
- Une installation de qualité, dans un chantier
organisé.
- Une mise au point complète :
réglages, vérifications et documentation, qui atteste les
performances et alimente les dossiers techniques pour la maintenance.
- Une réception facilitée par les tâches qui
ont précédé.
- Des tâches de post-réception : mises en
service après la réception, mises en main, instructions
pour l'exploitation et la maintenance.
Il faut toutefois avoir conscience que les prestations de
services qui suivent la réception ne sont pas soumises aux règles
des marchés de travaux ni aux garanties associées.
La demande de qualification :
La demande de certaines qualifications QUALIBAT assurent que le
prestataire sera en mesure d'assurer le commissionnement relatif à ces
installations. On peut par exemple noter les qualifications suivantes pour les
installations thermique de génie climatique :
- 5312 Installations thermiques technicité
confirmée - 5313 Installations thermiques technicité
supérieure
Et pour les installations d'aéraulique et de
conditionnement d'air :
- 5412 Climatisation technicité confirmée
- 5413 Climatisation technicité supérieure
- 5414 Climatisation technicité exceptionnelle
« L'entreprise assure la mise en service, la mise au
point et les réglages permettant d'obtenir les résultats
demandés dans le marché, la formation des utilisateurs ainsi que
la remise des documents nécessaires à l'exploitation et au suivi
de l'installation (plans, notices, consignes, références des
équipements, relevé des mesures et réglages
effectués, etc.) et propose éventuellement des recommandations
permettant d'en optimiser le fonctionnement. » « Extrait de la
qualification Qualibat 5312 »
Autres éléments à prendre en compte pour
garantir la performance :
Nous avons parlé précédemment de
l'importance du commissionnement afin de garantir les performances attendues
d'un ouvrage. La maîtrise de la qualité sur le chantier sera
également très importante. On considère en effet que les
défauts de mise en oeuvre (infiltrations d'air, infiltrations d'eau,
fonctionnement non optimal des systèmes de chauffage, de refroidissement
et de ventilation, manque d'isolation et/ou création de ponts
thermiques, fissuration des parois extérieures etc.) représentent
une surcompensation énergétique de l'ordre de 20% par rapport aux
prévisionnels. De
ESTP Mathieu PACAUD
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ce fait il est très important, dès la phase de
définition du besoin puis d'achat, de définir des exigences en
matière de qualité ainsi que les modalités de
contrôle du respect de cette qualité sur le chantier.
Sur son site internet, le centre de resources technologiques
Nobatek propose, dans un document intitulé PerfEN, des fiches qui
récapitulent les différentes pathologies pouvant avoir un effet
direct ou indirect sur les performances énergétiques des
bâtiments. Pour chaque cas, le tableau reprend les causes de
désordres lors de la mise en oeuvre, le ou les corps d'états
concernés, à quel avancement du chantier les défauts de
mise en oeuvre arrivent-ils et enfin les contrôles (et moyens de
contrôles) possibles pour éviter le désordre ou le
repérer a posteriori.
Si l'observation visuelle permet de desceller un grand nombre de
désordres sur un chantier certains moyens de contrôle efficaces
peuvent être mis en place. Je conseille ainsi vivement à Radio
France d'étudier les différentes pathologies
évoquées dans ce document, d'accorder une importance
particulière à la maîtrise de la qualité pendant la
phase de chantier, et de mettre en place des processus de contrôle tels
que :
- Test de mesure d'étanchéité à l'air
par porte soufflante. - Test d'isolation par thermographie infrarouge
- (...)
Conclusion sur les difficultés rencontrées par les
entreprises dans la prise en compte du coût global :
Si les notions tels que le coût global, le coût
global étendu, le coût global partagé ou encore le
coût de cycle de vie sont des notions généralement connues
par les acheteurs le potentiel de ces dernières n'est que très
rarement exploité dans la pratique. Les deux principales
difficultés rencontrées sont les suivantes :
- La notion de coût global est globalement connue par les
acheteurs mais n'est en pratique que
très peu exploitée dans les appels d'offre. Ce
phénomène est en partie due à un manque
d'outils disponible permettant d'intégrer le coût
global ou le coût du cycle de vie.
- Certaines externalités notamment environnementales sont
très difficilement monétisables.
Leur prise en compte est pourtant encouragée par les
nouvelles règlementations. Les articles 67 et 68 de la directive
2014/24/UE autorisent et encouragent par exemple l'utilisation du Coût du
Cycle de Vie comme critère d'attribution d'un marché sous
certaines conditions (la méthode de sélection devra en
particulier être accessible à tous et les données requises
à l'évaluation devront être fournies par le maître
d'ouvrage).
Article 62 du Décret 2016-360 du 25 mars 2016
- Coût du cycle de vie
I. - Le coût du cycle de vie couvre, dans la mesure
où ils sont pertinents, tout ou partie des coûts suivants du cycle
de vie d'un produit, d'un service ou d'un ouvrage :
1° Les coûts supportés par l'acheteur ou
par d'autres utilisateurs, tels que :
a) Les coûts liés à l'acquisition
;
b) Les coûts liés à l'utilisation comme
la consommation d'énergie et d'autres ressources ;
c) Les frais de maintenance ;
d) Les coûts liés à la fin de vie comme
les coûts de collecte et de recyclage ;
2° Les coûts imputés aux
externalités environnementales liés au produit, au service ou
à l'ouvrage pendant son cycle de vie, à condition que leur valeur
monétaire puisse être déterminée et
vérifiée. Ces coûts peuvent inclure le coût des
émissions de gaz à effet de serre et d'autres émissions
polluantes ainsi que d'autres coûts d'atténuation du changement
climatique.
II. - Lorsque l'acheteur évalue les coûts
selon une approche fondée sur le cycle de vie, il indique dans les
documents de la consultation les données que doivent fournir les
soumissionnaires et la méthode qu'il utilisera pour déterminer le
coût du cycle de vie sur la base de ces données.
La méthode utilisée pour évaluer les
coûts imputés aux externalités environnementales respecte
l'ensemble des conditions suivantes :
a) Elle se fonde sur des critères vérifiables
de façon objective et non-discriminatoires. En particulier, lorsqu'elle
n'a pas été prévue pour une application
répétée ou continue, elle ne favorise ni ne
défavorise indûment certains opérateurs économiques
;
b) Elle est accessible à toutes les parties
intéressées ;
c) Elle implique que les données requises puissent
être fournies moyennant un effort raisonnable consenti par des
opérateurs économiques normalement diligents.
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ESTP Mathieu PACAUD
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Il ne manque plus que des outils pratiques et concrets de mise en
oeuvre pour chaque catégorie d'achat et en particulier pour le domaine
des travaux de construction ou de réhabilitation pour lesquels la
démarche a beaucoup de mal à être intégrée
aux appels d'offres. Nous tâcherons tout à l'heure de proposer des
outils permettant le calcul du coût global en application à un
marché public de travaux. Il existe également des outils
juridiques et certains types de marchés permettant sa prise en compte.
C'est par exemple le cas des contrats de performance énergétique
(CPE) qui, visant à améliorer la performance
énergétique, associent de manière contractuelle un niveau
d'amélioration de la performance énergétique
préalablement défini à des prestations (travaux,
maintenance, ...). En 2013 la Fédération des services
énergie environnement (Fedene) publie une série de fiches
exemples sur des marchés de performance énergétiques
passés par différents maîtres d'ouvrages publics et les
objectifs associés (voir document en annexe).
Ce type de marché pourrait par exemple être
appliqué à un contrat global de maintenance / exploitation
multitechnique pour l'ensemble des sites de Radio France.
Le coût global comme levier de performance
économique et environnementale :
- Le coût global est actuellement trop peu pris
en compte dans les marchés publics de travaux.
- Mettre en place une évaluation du coût
global des projets afin de connaître l'ensemble des coûts
liés en particulier à son utilisation.
- Favoriser la prise en compte du coût global en
utilisant les outils de marchés adéquates :
autorisation des variantes, marchés globaux de type conception
réalisation, contrats de performance
énergétique.
- Prendre en compte l'importance de la maintenance comme
réducteur de coûts sur le long terme.
- Prendre en compte l'importance du commissionnement
pour garantir l'atteinte des performances attendues.
- Mettre en place un outil d'évaluation des offres
sur la base du coût global.
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