A- Présentation des risques :
Les risques fiscaux prennent leur origine du système
déclaratif applicable en matière de la fiscalité de
l'entreprise. Les entreprises déclarent librement un résultat
imposable et l'administration fiscale dispose en contrepartie, d'un droit de
contrôle à posteriori. La mise en oeuvre de ce droit de
contrôle peut aboutir à la rectification des bases imposables
déclarées auparavant par les entreprises. Ces corrections
s'accompagnent le plus souvent de sanctions fiscales et dans des cas
extrêmes des sanctions pénales. La détermination des
risques fiscaux requiert une importance cruciale dans une mission d'audit, elle
permet à l'auditeur d'avoir une vision claire quant aux anomalies qu'il
pourra rencontrer lors de l'exercice de son travail. La connaissance
préalable et détaillée des risques inhérents
à la fiscalité de l'entreprise, va se répercuter sur la
qualité de l'intervention de l'auditeur en termes d'exhaustivité
et de gain de temps. Ainsi, pour appréhender ces risques, nous avons
jugé utile de présenter ces risques sous forme de tableaux
facilement exploitables, par références aux impôts et taxes
suivants :
? L'impôt sur les sociétés ;
? La taxe sur la valeur ajoutée.
1- Risques liés à l'impôt sur
les sociétés :
La détermination des risques fiscaux liés
à l'IS va se traduire par l'examen des postes du bilan et du compte de
produits et de charges. L'objectif est de s'assurer du respect des dispositions
de la loi au niveau de chaque opération ayant un impact fiscal. Les
risques fiscaux présentés ci-après s'entendent des risques
qui surviennent le plus souvent dans les entreprises. Il est évident
qu'il faut adapter l'analyse au contexte dans lequel l'intervention de
l'auditer est faite et tenir compte des risques spécifiques et des
particularités liés à certaines activités. Il
faudrait tenir compte également de la période de prescription,
des contrôles fiscaux en cours et passés et de l'évolution
des textes de loi et de la doctrine fiscale.
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a- Le financement permanent
Les risques fiscaux liés au financement permanent
concernent essentiellement les postes suivants :
- les capitaux propres ;
- les capitaux propres assimilés ;
- les dettes de financement ;
- les provisions pour risques et charges.
Tableau 3 : Les risques fiscaux en matière
d'impôts sur les sociétés liés aux comptes de
financement permanant.
Poste
Capitaux propres
|
Risque fiscal
En cas de réduction du capital par absorption des pertes,
il y a risque de déduction des pertes compensées du
déficit reportable.
En cas de fusion, la société absorbante
peut-être exposée à deux types de risques : La non
intégration de la prime de fusion dans les résultats.
Risque en cas d'application de l'article 20 de l'IS de non
présentation dans les délais de l'engagement de reprise des
provisions, ou de la non réintégration des profits nets
réalisés par chacune des sociétés
absorbées.
|
Capitaux propres assimilés
|
L'existence parmi les subventions d'investissement d'autres
types de subventions.
En cas de non utilisation de la provision, il y a risque de
non report dans le résultat fiscal de la partie non utilisée.
|
Dettes de financement
|
Non-respect des échéances des emprunts et du taux
de change. Non constitution de provisions en cas de l'existence d'emprunt en
devise.
|
Provisions pour risques et charges
|
Déduction de provisions non déductibles.
|
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b- Actifs immobilisés :
Les risques fiscaux liés à l'actif
immobilisé concernent essentiellement les postes suivants :
- Les non valeurs ;
- Les immobilisations incorporelles ; - Les immobilisations
corporelles ; - Les immobilisations financières.
Tableau 4 : Les risques fiscaux en matière
d'impôt sur les sociétés lié à la classe
Actif immobilisé.
compte
Immobilisations en non valeurs
|
Risque fiscal
Existence d'une immobilisation correspondant à une charge
relative à l'exercice. Existence d'une immobilisation non
justifiée.
|
Immobilisations incorporelles
|
Constitution de provision pour dépréciation des
immobilisations incorporelles sans respect des conditions prévues par la
loi (inexistence de risque, évaluation incorrecte de la
dépréciation).
Surestimation de la valeur des brevets propre à
l'entreprise.
Amortissement des brevets sur une période
supérieure à 20 ans.
|
Immobilisations corporelles
|
Existence parmi les immobilisations corporelles, des
éléments de charges. Sous-évaluation de la valeur
d'entrée de l'immobilisation surtout pour les biens importés
(dont la valeur doit inclure
les droits de douane, les frais de transit) et les
immobilisations produites par l'entreprise pour elle-même (qui doivent
être évalués en coût de production). Non perception
de loyer pour les immobilisations données en location aux tiers. Non
application des taux d'amortissement normaux.
Non existence de justificatifs des acquisitions des
immobilisations.
|
Immobilisations financières.
|
Inscription des titres de participation à l'actif
à une valeur différente du prix d'acquisition.
Intégration des revenus de titres de participation en
provenance de sociétés soumises à l'IS dans le
résultat imposable.
|
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C- Actif circulant :
Les risques fiscaux liés à l'actif circulant
concernent essentiellement les postes suivants :
- Les stocks ;
- Les créances clients ; - Les autres débiteurs.
Tableau 5 : Les risques fiscaux en matière
d'impôts sur les sociétés liés aux comptes de
l'actif circulant
Compte
|
Risque fiscal
Non existence de l'inventaire physique Evaluation des stocks
par des méthodes autres que celles prévues par la loi.
|
Stocks
|
Constitution des provisions pour dépréciation des
stocks sans motif valable
|
|
(mévente, risque de marché...).
|
|
Non-respect du principe de séparation des exercices quant
aux sorties.
|
|
Non rattachement de la créance à l'exercice.
Existence de créance non correspondant à des opérations
réelles.
|
|
Constitution des provisions sur des créances en dehors des
règles applicables.
|
Créances clients
|
Maintien des créances irrécouvrables dans le
bilan et non reprises des provisions y afférentes.
|
|
Intégration des acomptes au personnel dans les charges.
Non soumission des prêts au personnel dont la durée est
supérieure à un an à l'intérêt.
|
|
Intégration des acomptes au personnel dans les charges.
|
|
Non soumission des prêts au personnel dont la durée
est supérieure à un an à
|
Autres débiteurs
|
l'intérêt.
|
|
Non facturation des intérêts sur le solde du compte
autre débiteur.
|
d- Passif circulant :
Les risques fiscaux liés au passif circulant concernent
essentiellement les postes suivants :
- les fournisseurs ;
- les comptes d'associés.
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Tableau 6 : Les risques fiscaux en matière
d'impôts sur les sociétés liés aux comptes du passif
circulant.
Compte
Fournisseurs
|
Risque fiscal
Existences des dettes envers les fournisseurs qui ne
correspondent pas à la réalité.
Non constitution de provision en cas d'augmentation des dettes en
devises.
|
Comptes d'associés
|
Application d'un taux d'intérêt sur les comptes
courants d'associés supérieur aux normes en vigueur.
Non-respect des conditions de déductibilité des
charges d'intérêt (libération du capital...)
|
e- Les comptes de charges :
Les risques fiscaux liés aux charges concernent
essentiellement les postes suivants :
- les autres charges externes ;
- Les impôts et taxes.
- Les frais de personnel.
- Les charges financière.
- Les charges non courantes.
Tableau 7 : Les risques fiscaux en matière
d'impôts sur les sociétés lié aux comptes des
charges.
Compte Autres charges externes
|
Risque fiscale
Porter les sommes données en garantie en charges
Enregistrement d'une charge d'entretien en immobilisation
Intégration des primes d'assurances non liées
à l'exploitation
Déduction des primes d'assurances au profit de ses
dirigeants
Existence des honoraires non correspondant à des charges
réelles
Non-respect des conditions de déductibilité des
dons et des cadeaux.
Non soumission des paiements faits aux personnes résidents
à l'étranger à la retenue à la source.
|
Impôts et taxe
|
Non constitution des provisions sur les impôts et taxes
à payer. Non liaison de certains impôts et taxes à
l'exploitation. Déduction d'un impôt non déductible.
|
Frais de personnel
|
Existence de charges de personnel non correspondante à la
réalité.
|
Charges financières
|
Calcul erroné des charges d'intérêt.
non application des taux applicables sur les prêts et
comptes associés. Non-respect de la séparation des exercices.
audit
|
Charges non courantes
|
Non exhaustivité des VNA des immobilisations
cédées.
Déduction des subventions données par l'entreprise
en dehors des conditions applicables.
|
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f-Les comptes de produits :
Les risques fiscaux liés aux produits concernent
essentiellement les postes suivants :
- les produits d'exploitation ; - les produits financiers ;
- les produits non courants.
Tableau 8 : Tableau des risques en matière
d'impôt sur la société lié aux comptes des
produits.
Compte
|
Risque fiscale
|
Produits
|
Existence d'une partie du CA non facturée ; Non
inscription des travaux réalisés par
|
d'exploitation
|
l'entreprise pour
elle-même en produits
|
|
Non intégration des dons et subventions reçus.
|
|
Non-respect des règles de facturation ;
|
|
Non-respect de la spécialisation des exercices.
|
Produits financiers
|
Intégration des produits des titres de participation
provenant des sociétés soumises à l'IS, dans la base
imposable.
|
|
Non-respect des conditions de marché sur les
intérêts sur prêts.
|
Produits non
|
|
courants
|
Non exhaustivité des produits de cession.
|
2- Risques liés à la taxe sur la valeur
ajoutée :
La taxe sur la valeur ajoutée est un impôt
indirect payé par le consommateur et collecté par l'entreprise au
profit de l'administration fiscale. La taxe à verser est calculé
sur le chiffre d'affaire réalisé après avoir enlevé
la TVA déductible qui a grevé les achats de l'entreprise.
Le calcul de la TVA fait intervenir plusieurs
paramètres notamment la nature de l'activité, les
différents taux à appliquer et le mode de déclaration...
Cependant, vu la complexité des opérations qu'elle effectue
(achat de marchandises, services, biens d'investissement, ventes...),
l'entreprise se voit exposer à un certain nombre de risques quant
à l'application de la réglementation en matière de la
TVA.
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Tableau 9 : Tableau des risques fiscaux en
matière de la taxe sur la valeur ajouté.
Poste
Immobilisations corporelles
|
Risque fiscal
Non-imposition des immobilisations produites par l'entreprise
pour elle-même.
La non régularisation de la TVA déduite sur les
immobilisations en cas de cession dans un délai de moins de 5 ans
à partir de sa date d'acquisition.
Non récupération le mois même de la TVA
déductible payée sur l'achat d'immobilisations.
Non intégration de la TVA non récupérable
sur immobilisation dans la valeur d'entrée.
|
Aux immobilisations financières
|
Non application de la TVA sur les intérêts.
|
Stocks
|
Non tenue des comptes matières selon les dispositions
légales et réglementaires quand la société a
bénéficié du régime suspensif. Non
régularisation au titre des destructions non justifiées de
certains articles de stocks.
|
Clients
|
Non-respect du fait générateur au titre des
encaissements des créances (date de réception, ou de
l'encaissement du chèque ou la date d'échéance pour les
effets).
Non justification des créances devenues
irrécouvrables.
La non régularisation de la TVA sur les créances
perdues.
Le non-respect des conditions normales de facturation (prix,
marge, TVA) sur les transactions avec les filiales ou société
mère.
Existence de créance hors taxe en dehors des conditions
prévues par la loi (attestation d'exonération ou activité
non imposable).
|
Autres charges externes
|
Déduction de la TVA sur les déplacements et
missions non liés à l'exploitation
Déduction de la quote-part non déductible sur les
opérations d'achat payées en espèce et dont le montant est
supérieur à 10.000 Dhs. Existence de pièces justificatives
non probantes.
|
Impôts et taxes
|
Calcul erroné du prorata de déduction pour les
entreprises oeuvrant dans des activités différentes.
Non-conformité des demandes de remboursement de la TVA aux
dispositions légales.
|
Produits d'exploitation
|
Non taxation de certaines opérations taxables
prévues par la loi. Inexistence de pièces probantes justifiant le
chiffre d'affaires. Non-respect des dispositions légales en
matière de facturation.
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Produits financiers
|
Non application de la TVA sur les intérêts des
prêts et avances données par l'entreprise. Non-respect du principe
de séparation des exercices.
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