3.2. L'ontosystème
Alexia Charreton Monnet 2013
3.2.1. Facteurs biologiques
3.2.1.1. Génétique
Une méta-analyse (Hebebrand et Hinney
200944) conclue qu'à tout âge, au
moins 50 % de la variation de corpulence est due à des facteurs
génétiques. Le risque de devenir obèse est
multiplié par huit pour un enfant dont les deux parents le sont, et ce
indépendamment des habitudes alimentaires45.
Mais ces données n'excluent pas qu'une adaptation du mode de vie
permette à l'individu d'agir sur sa corpulence.
Génétique / parents obèses
Obésité
Cette prédisposition, et donc cette
inégalité de «programmation» est indéniable et
à cet effet il convient de ne pas considérer l'individu en
situation d'obésité comme moins vertueux que l'individu mince.
3.2.1.2. Origine ethnique
La prévalence de l'obésité
s'élève à 14,3 % si l'origine de l'individu est
française et 26,2 % s'il est originaire du
Maghreb46, données corroborées par
l'étude d'Ujcic-Voortman, Baan et Seidell
(201247). Les familles issues de
l'immigration sont plus souvent, victimes de la
précarité sociale qu'il s'agisse de l'emploi ou du
logement48. De plus, en France avec un contexte
social post-colonialisme qui voit le Front National monter en ampleur depuis
les années 80, les immigrés sont davantage exposés aux
discriminations que la population non
immigrée49, avec des
répercussions sur l'estime que l'individu se porte. Ces
inégalités de corpulence, pourraient donc résulter d'une
prédisposition génétique plus forte ou de comportements
alimentaires excessifs, mais également de la précarité de
vie et d'une estime de soi fragilisée.
Estime de soi
Les premiers travaux (Rosenberg 1965, Coopersmith
1984...) concevaient l'estime de soi, comme l'expression d'une approbation
ou d'une désapprobation de l'individu porté sur soi, stable et
peu évolutive dans le temps. Le concept a par la suite,
été développé pour englober d'autres notions comme
le lieu de contrôle et l'auto-efficacité.
Harter (1978) a introduit la notion de
variabilité des sentiments de compétences en fonction de
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contextes particuliers auxquels serait confronté
l'individu et qui en s'agrégeant, pourraient se compenser mutuellement
et former l'estime de soi. Par exemple, pour un enfant, il existerait 4 sources
principales de jugement signifiants pour se constituer une estime : ses
parents, ses enseignants, ses camarades, ses amis proches. Si l'une ou l'autre
est défaillante, les autres peuvent y suppléer. Mais 4 sources
d'estime, c'est aussi 4 sources de pression autour de 4 rôles sociaux,
donc 4 fois plus d'efforts pour préserver une bonne image sociale.
Fox et Corbin (1989) ont
développé l'idée de plusieurs niveaux et sous niveaux en
interaction formant une construction hiérarchique de l'estime de soi. Au
premier niveau, se retrouvent les compétences sociales, les
compétences professionnelles et scolaires et la valeur physique
perçue, ce niveau étant lui même subdivisé en sous
domaines.
Délignières
(2008)50 dans le cadre de ses travaux sur
l'estime de soi et la pratique sportive, a divisé la valeur physique
perçue en quatre sous domaines influant : l'endurance perçue,
l'apparence physique perçue, la compétence sportive perçue
et la force perçue. Les niveaux fonctionnent en interrelation : un
individu à haute estime de soi, tendra à développer de
forts sentiments de compétences dans les sous domaines et inversement la
réussite dans les sous-domaines influencera l'estime de soi globale et
de ce fait, la réussite sportive peut améliorer l'estime de
soi.
De plus, l'individu n'accordera pas le même
intérêt aux différents domaines. L'apparence peut
être très importante pour un individu alors qu'un autre n'y
accordera pas de crédits, de ce fait certains domaines auront plus de
poids dans le renforcement de l'estime de soi, un haut degré de
satisfaction corporelle a ainsi été corrélé
à un haut niveau d'estime de soi51
52.
Toutefois ces importances relatives, pourraient correspondre
à des stratégies de préservation puisque Dolau
et Arsenault (2009)53 ont
établi plusieurs liens entre l'estime de soi et les mécanismes de
défense de l'ego (compensation, déni, rationalisation,
auto-efficacité...).
Dans leurs différents travaux, Ninot,
Fortes et Delignières
(2001)54 ont montré la
variabilité de l'estime de soi autour d'une marge étroite
fortement liée au contexte de vie, ainsi une blessure chez un sportif de
haut niveau, peut entraîner de profondes variations dans son estime de
lui même. L'estime de soi (dont l'estime de soi des propres parents
serait la meilleure source), serait donc au centre d'une boucle de variables
s'influençant réciproquement et en interaction avec
l'environnement de vie.
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