prévention du grand banditisme
La sécurité est l'affaire de tous. Aussi, du
côté des corps constitués pour la sécurité,
d'autres forces sociales sont-elles engagées dans la prévention.
Au titre de ces forces, on note la présence de diverses couches sociales
(A) mais aussi des organismes non gouvernementaux
(B).
27 Décret portant Stratégie nationale de
sécurité Intérieure, op.cit.
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A. L'apport des diverses couches sociales dans la lutte
contre le grand banditisme. De nombreuses structures sociales se sont
impliquées dans les questions de sécurité en
général. Leurs actions ont une influence non négligeable
dans la lutte contre le grand banditisme. Ce sont d'une part, l'action sociale
publique et d'autre part, l'action sociale privée.
1. L'action sociale publique (police de
proximité)
La participation communautaire à la lutte contre
l'insécurité et à la préservation de la
sécurité des personnes et des biens constitue un enjeu important
et une nécessité impérieuse. L'accroissement de
l'insécurité et du sentiment d'insécurité exige un
élargissement de l'offre en service de sécurité et en
recherche de paix sociale. Dans la déclaration de politique
générale du gouvernement du 10 octobre 2002, la situation
sécuritaire du pays est décrite en ces termes : «
L'accroissement de la délinquance inquiète légitimement
nos concitoyens. L'insécurité se manifeste sous des formes de
plus en plus diversifiées. Dans les zones urbaines, la
délinquance reste importante et concerne les jeunes,
présentés de plus en plus souvent comme auteurs ou comme
victimes. La grande criminalité s'est organisée et s'est
internationalisée pour s'adapter aux évolutions
économiques et sociales. L'insécurité est un défi
pour notre société que nous devons relever tous ensemble.
»28 Cet appel a été suivi par la mise en place de
structures communautaires appelées « police de proximité
».
Partant du constat que c'est au sein des populations que
s'organisent les actes d'insécurité et qu'elles ont
vraisemblablement les moyens de les prévenir, de les détecter et
de contribuer à leur réduction, la police de proximité a
été introduite et basée sur la politique de promotion de
la sécurité par la participation communautaire. Les
Comités Locaux de Sécurité (CLS) et Initiatives Locales de
Sécurité (ILS) furent créés. Pour les CLS, en
décembre 2009, cinq mille huit cent vingt-deux (5822) ont
été nommés, trois mille quatre-vingt (3080)
installés et mille six cent soixante-trois (1663)
fonctionnels29.
Les initiatives locales de sécurité (I.L.S.)
identifiées à ce jour sont essentiellement constituées des
associations de chasseurs traditionnels appelés « Dozo » dans
la zone de l'ouest et les associations « Kolgwéogo » et «
Wendpanga » dans les régions du Nord et du Centre Nord. L'action de
toutes ces structures n'est pas quantifiable, faute de statistiques ; mais nul
n'ignore, combien leur implication dans les questions de sécurité
a largement contribué à faire reculer les limites de la
criminalité.
28 BAYALA. Jean-Pierre, Les défis de la
gouvernance du secteur de la sécurité en Afrique de l'Ouest -cas
du Burkina Faso, 2009, inédit.
29 Idem.
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2. L'action sociale privée
C'est l'oeuvre des services de sécurité
privés (les sociétés de gardiennage).
La loi sur la sécurité intérieure
burkinabè autorise l'Etat à accorder à des
sociétés privées le droit d'exercer des activités
de sécurité publique à condition qu'elles portent
exclusivement sur la protection des personnes et des biens. Il leur est
interdit de bénéficier de prérogatives d'ordre public,
bien que leurs agents participent comme tout citoyen à la
dénonciation des crimes et délits et, au besoin, à
l'arrestation de leurs auteurs. En vertu de cette loi, plus d'une soixantaine
de sociétés privées de sécurité contribuent
au renforcement de la sécurité publique.
Le recours aux sociétés de
sécurité privées est une nécessité, qui
contraint des Etats comme le Burkina Faso à faire la politique de ses
moyens. Par conséquent, elles sont un outil pour renforcer l'action des
forces de sécurité dans la lutte contre
l'insécurité. En tout état de cause, leur multiplication
ne devrait en aucun cas créer un équilibre, encore moins un
déséquilibre, en leur faveur par rapport aux forces de
sécurité.
La sécurité est avant tout, comme
déjà indiqué, une mission régalienne de l'Etat. Au
Burkina Faso, même si les sociétés de
sécurité privées ne sont pas à la portée de
tout citoyen, elles permettent aux forces de sécurité de
concentrer leurs efforts sur les zones dangereuses où leur
présence est plus nécessaire. Malgré l'absence de
statistiques dûment établies sur les résultats
sécuritaires obtenus par les sociétés de
sécurité privées, il est permis d'avancer qu'elles ont un
impact globalement positif et encourageant pour les pouvoirs publics. En effet,
l'accroissement de leur nombre et le fait qu'aucune d'entre elles n'ait fait
l'objet de sanctions, constituent d'importants indicateurs de leur raison
d'être.
B. Les Organisations Non Gouvernementales
De nombreuses organisations apolitiques oeuvrent à la
prévention de la délinquance. Le fruit de leurs oeuvres dans les
secteurs d'interventions témoigne de leur efficacité dans la
prévention de la délinquance. On peut citer : TDH,
OXFAM30, ENFANCE EN DIFFICULTE, la fondation Hanns Seideil qui fait
de la formation des acteurs de la lutte contre le grand banditisme (notamment
les policiers) son cheval de bataille. La liste est longue mais,
l'aperçu de l'action d'une d'entre elles donne une idée
suffisamment soutenue de leurs contributions à la prévention de
la criminalité.
30 Oxfam est une confédération
internationale de 17 organisations travaillant en réseaux dans plus de
90 pays dont le B.F et contribuant ainsi à une action mondiale pour le
changement, en vue de bâtir un avenir prospère, sans cette
pauvreté que connaissent des millions de foyers et qui constitue une des
plus grandes injustices de notre temps.
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Depuis 1987, Terre Des Hommes (TDH) oeuvre dans l'enfance en
difficulté. Partant du postulat que « la prison est l'école
du crime » Terre des Hommes s'est engagée à promouvoir des
alternatives à l'incarcération à travers le projet justice
juvénile. Depuis 2010, TDH assiste les acteurs du système
judiciaire à mettre en application les alternatives légales
à l'incarcération des mineurs : Travail d'Intérêt
Général, médiation pénale, probation, placement en
centre éducatif ouvert, etc. Elle fait particulièrement la
promotion du Travail d'Intérêt Général (TIG) qui est
la réalisation d'un travail non rémunéré au profit
de la communauté. Mais pour que la juridiction prononce un TIG, il faut
que de nombreuses conditions soient réunies : Terre des hommes travaille
donc à :
? Réunir toutes les conditions pour que les mineurs
condamnés soient placés en TIG en toute sécurité et
dans le souci de leur réhabilitation ;
? Rechercher des partenaires efficaces avec des structures
étatiques ou de la société civile
pour que les enfants exécutent correctement leur peine
et puissent se resocialiser ; ? Donner une assistance globale et permettre au
bénéficiaire de pouvoir jouir d'une justice
réparatrice efficace, où chacun apporte ses
compétences propres ;
? Orienter les mineurs vers de bonnes structures et les
accompagner sur le chemin de la réinsertion sociale, en surmontant leurs
difficultés.
Les résultats suivants ont été atteints :
? En 2010 et 2011, plus de 80 mineurs en conflit avec la loi
ont bénéficié des mesures alternatives à
l'emprisonnement ;
? Des dizaines de professionnels (magistrats, policiers,
travailleurs sociaux) ont été formés ;
? Plusieurs villes ont bénéficié des
actions de TDH : Bobo-Dioulasso, Oua0gadougou, Tougan, etc.
En conclusion, tous ces corps militaires, paramilitaires et
organismes civils interviennent en principe en amont de la chaîne de
répression et sécurisent les personnes et les biens. Leurs
missions premières sont de prévenir la criminalité, le
grand banditisme en particulier. Par ailleurs, en aval de la chaine, certaines
de ces forces de sécurité reviennent et ont à charge des
missions de police judiciaire. Elles appuient à ce titre, les
juridictions responsables de la répression.
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