2.3.2. Vendeurs en
détail : distributeurs auprès des vendeurs ambulants et des
populations des quartiers
Les détaillants sont spatialement repartis dans tous
les quartiers de la ville de Maroua. Ils constituent l'élément
essentiel de transition des médicaments de la rue entre les vendeurs
à vélo et les populations dans cette ville. Préalablement
signaler, les détaillants se ravitaillent au marché central de
Maroua. Le concept de vendeur en détail se défini dans ce travail
comme étant cette catégorie des vendeurs qui livrent les
médicaments sur des lieux stables dans lesquels on peut les rencontrer
chaque jour à des heures précises. En effet, on retrouve certains
détaillants dans des boutiques aux quartiers, d'autres au marché
central en matinée et dans des carrefours en soirée et une autre
catégorie de détaillants présent à longueur de
journée dans des endroits bien précis (Planche 2).
B
A
Planche 2.
Médicaments dopants dissipés dans la marchandise d'un vendeur
détaillant au quartier Mbarmaré
Cliché : Mohamed, mars 2016.
La planche 2 présente les médicaments que
vend un détaillant situé au quartier Mbarmaré. Ce
détaillant étale sa marchandise dans une caisse. Dans cette
marchandise A se trouve également des médicaments dopants B
dissipés sous les médicaments de nature licite.
Les médicaments dopants de contrebande vendus par les
détaillants dans la ville de Maroua proviennent des grossistes
situés au marché central. Etant un commerce illicite, l'achat de
ces médicaments par les détaillants reste très discret.
Les commerçants (grossistes et détaillants) se connaissent du
fait de leur ancienneté dans le trafic de ces produits. Ainsi, il est
difficile pour une tiers personne ne faisant pas partie du domaine de
s'approvisionner auprès de ces commerçants. D'où les
propos de Mouhamadou Sani, détaillants des médicaments dopants
à Mbarmaré « A moins que ce soit un débutant qui
soit conduit par un ancien du domaine auprès du grossiste ».
De ce fait il s'agit donc d'un cercle fermé dans lequel les vendeurs
savent qu'ils font un commerce illicite et par conséquence, la prudence
est leur devise. Une fois l'achat effectué au marché central, les
détaillants acheminent donc leur marchandise dans leur point de vente
respectif. A cet effet, les médicaments dopants sont camouflés
sous les médicaments dont la vente parait
« normale ». Ainsi, la vente auprès des
consommateurs se fait toujours de façon de très prudente. Les
clients sont connus d'avance et chaque médicament dopant a un code qui
le qualifie. Par exemple, le tramol est appelé
« café » dans le circuit et le viagra
« 0,25 ». En dehors du code, les clients que le vendeur ne
connait pas sont servis à travers la langue parlée par le
détaillant « Le nouveau client doit parler le fulfulde ou le
haoussa qui sont mes langues de communication pour que je lui vende le
tramol », propos d'Adamou, détaillant du tramol au carrefour
Schell.
Dans le but de retracer le profil des vendeurs
détaillants des médicaments dopants, pendant les enquêtes,
il a été retenu un total de 36 détaillants sur 100
vendeurs interrogés soit un pourcentage de 36%. On constate donc que les
détaillants constituent l'une des pièces maitresse dans la vente
des médicaments dopants à Maroua. On les trouve dans la plupart
des quartiers de la ville et sont communément
appelés « docta ». Les détaillants ont
pratiquement le même profil que les grossistes c'est à dire,
82,47% de vendeur de médicaments de la rue dans la ville de Maroua n'ont
pas reçu de formation qui leur permet de dispenser les
médicaments aux patients. Leur tranche d'âge varie entre 20 et
40ans soit un pourcentage de 68%, 9% d'entre eux ont moins de 20 ans tandis que
23% ont plus de 40 ans. Ces vendeurs sont majoritairement issus de l'ethnie
Mandara, 44%. Cette catégorie de vendeur pour la plus part à un
niveau scolaire bas. Le taux de scolarisation varie entre 15% pour ceux qui ont
arrêtés les études au niveau primaire, 10% ont le niveau
secondaire, tandis que 23% n'ont aucun niveau scolaire.
Cependant, la majorité a effectué des
études coraniques, soit un taux de 49%. Les données de terrain
ont permis de comprendre que le manque d'emploi et la pauvreté
accompagnés des responsabilités familiales dont ces vendeurs
doivent faire face au quotidien sont à l'origine la pratique de la vente
illicite des médicaments de toute nature, même celle qui est
interdite comme le tramol.
Toutefois, les détaillants jouent également le
rôle de grossiste auprès des vendeurs ambulants.
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