V.3.
Contrebande
La vente des médicaments dopants est faite dans des
normes sanitaires sous prescription médicale. Cependant au Cameroun et
plus précisément à Maroua, les usagers s'offrent ces
produits dans des marchés inondés des produits de toute nature
issus essentiellement de la contrebande. C'est dans ce contexte que plusieurs
auteurs ont écrit sur la question de contrebande telle que Kengne
Fodouop, Djanabou, OCISCA, Tatoloum.
Kengne (1988), étudie les échanges commerciaux
entre le Cameroun et le Nigéria qui se font essentiellement par le biais
de la contrebande. Interrompue entre 1967 et 1970 par la guerre de
sécession biafraise, cette contrebande a repris progressivement et a
atteint dans les années 1980 une grande ampleur, en dépit des
mesures par les gouvernements camerounais et nigérians pour la
contrebande. En effet, la pratique de la contrebande apparait comme une
activité qui nourrit son homme, car elle n'offre pas seulement de
nombreux emplois, mais elle assure aussi à ses hommes des revenus
confortables. Elle est l'occasion d'une intense circulation des personnes, des
marchandises et des capitaux qui suivent deux itinéraires : la voie
terrestres et les voies d'eaux maritimes, fluviales ou lacustres.
Djanabou (2005) étudie la dynamique du commerce
transfrontalier pratiqué par les femmes entre les frontières
camerouno-nigériane et camerouno-tchadienne. En fait, les femmes sont
perçue ici comme les actrices de la contrebande car usant des voies et
moyens pour pouvoir contrecarrer les barrières douanières afin de
mettre le produits sur le marché.
Dans la même logique, l'Observatoire du Changement et
de l'Innovation Sociale au Cameroun (OCISCA, 2005) a réalisé un
travail important sur les échanges transfrontaliers informels entre le
Cameroun et le Nigéria. Ce travail, dans la perspective de notre
thème relève clairement les facteurs et les acteurs des
échanges informels et les routes de la fraude entre les deux pays. De
plus, l'Etat camerounais perd sur le plan économique à cause de
cette pratique illégale.
Dans le cadre de l'analyse des causes du développement
de la contrebande des médicaments, Tatoloum (2003) rapporte qu'une
étude analytique portant sur la qualité des médicaments
sur le marché africain a été menée par
l'équipe des chercheurs pharmaceutiques du réseau
médicament et développement (REMED). Ce rapport mentionne les
facteurs de développement de cette activité. A cet effet, il
mentionne comme causes de la contrebande des médicaments : la
faiblesse des réglementations, l'absence de la sécurité
sociale, la difficulté d'accès aux médicaments, et la
pauvreté de la population. L'auteur évoque comme autres facteurs
de développement de la contrebande des médicaments, les longues
années de guerre qui ont ouvert la vie à tout type de commerce,
le chômage, l'accessibilité des prix des médicaments, la
perméabilité des frontières, le succès de la
diffusion des médicaments.
De tous ces travaux sur les médicaments de la rue,
nous avons des travaux qui ont traité tour à tour de la
contrefaçon des médicaments ; de la vente illicite des
médicaments de la rue dans les pays du Sud et de la contrebande. Partant
de ces analyses générales, nous allons nous attarder dans le
cadre de cette recherche sur la vente des médicaments dopants de
contrebande dans la ville de Maroua.
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