2- Vers l'opération militaire
Afin d'exclure toute idée d'ingérence militaire
dans son intervention au Malin, la France s'est d'abord engagée dans la
recherche d'une solution diplomation auprès de l'ONU et du Conseil de
sécurité(CS). En effet, usant de son poids diplomatique, le Quai
d'Orsay s'est engagé comme porte-voix du Mali, pour clarifier l'opinion
internationale sur l'agression armée dont fait l'objet cet Etat membre
de l'ONU, et démontrer la nécessité d'une intervention
militaire rapide du CS. A travers ces démarches, la France recherchait,
selon le Rapport de l'Assemblée Nationale française
rédigé en 2013130, une solution politique globale
à la crise malienne. De ce fait, se servant de sa posture de membre
permanent du conseil de sécurité, l'hexagone parvint à
faire passer trois résolutions, qui avaient pour but de normaliser la
situation du Mali. La première, qui est la résolution 2056,
adoptée en juillet 2012 par le CS, visait à trouver les moyens de
sortie de crise par une action politique. La seconde résolution 2071,
adoptée en Octobre de la même année, s'appuyait sur la
réflexion d'une opération militaire sous mandat du CS. Et la
troisième résolution 2085 de décembre 2012, autorisait,
pour une durée initiale d'une année, le déploiement de la
MISMA. Ces différentes résolutions adoptées par le CS
n'autorisaient en rien le déploiement d'un contingent militaire
français qui, pourtant, était sollicité par l'Etat malien,
confronté à une extrême violence des GAD.
'28M. Galy, (2013), op cit. p.78.
'29J-F. Owaye, Dynamique irénique et
convergence et convergence stratégique ou de l'essai d'une
cybernétique des défenses africaines, l'exemple de l'Afrique
subsaharienne post indépendantiste, in Revue de l'IRSH, vol.7,
2001
130Rapport Assemblée nationale
Française, (18 juillet 2013), n°1288, p.29.
En dépit de ces résolutions, aucune action
concrète ne fut décidée, et aucune mission d'interposition
ou de paix et de sécurité ne fut déployée sur le
théâtre d'opération, où le rapport de force penchait
en faveur des groupes armés djihadistes du Nord. Ces insuffisances de la
voix diplomatique à déployer rapidement un contingent militaire
pour stopper l'avancée des islamistes vers le Sud du Mali, ont
amené la France à organiser le déploiement de ses troupes,
en vue de répondre à la demande malienne d'intervenir
militairement. Cette position de la France outrepasse l'article 25 de Charte
des Nations-Unies qui exige aux membres « d'accepter et d'appliquer
les décisions du Conseil de sécurité
»131 et conforte l'idée de H.
Condurier132 selon laquelle, l'intervention française avait
été secrètement préparée.
Dès lors, la démarche diplomatique
française ne représentait qu'une voix qui amenait la France
à user de sa puissance militaire au Mali et à contourner toute
critique des grandes institutions mondiales. Ainsi, malgré les
décisions du conseil de sécurité, le déploiement de
l'armée française au Mali apparaissait irréversible.
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