L'intervention militaire française au Mali. Essai d'analyse géopolitique.( Télécharger le fichier original )par SATUTNIN NDONG NDONG Université Omar Bongo - MASTER GEOSCIENCES POLITIQUES 2015 |
Chapitre III : La France, une alliée intéresséeLes territoires africains d'une manière générale représentent depuis longtemps des espaces qui démultiplient la puissance économique, politique et militaire de la France. Afin de préserver ces acquis, les interventions militaires sont devenues des modes opératoires de la France en Afrique. Ce chapitre, qui s'appuie essentiellement sur la protection des ressources stratégique et économique de la France dans la sous-région et sa sécurité extensive, permet de comprendre cette logique. Section1 : La protection des ressources stratégique et économiques dans la sous-régionCette section analyse trois facteurs qui permettent d'expliquer la protection des ressources stratégiques par l'opération Serval. Il s'agit de la sécurisation des plates-formes pétrolières et minières(1), du maintien du leadership économique de la France(2) dans la sous-région et de la préservation du marché malien(3). 1- La sécurisation des plates-formes pétrolières et minières françaises dans la sous-régionL'enjeu énergétique de la France dans la région sahélo-saharienne a fortement influencé le déploiement de la force militaire française au Mali. De ce fait, le contrôle des lieux de productions d'hydrocarbures et minerais constituait un enjeu majeur de l'intervention militaire française. En effet, bien que la France n'ait apriori aucun intérêt au Mali sur le plan énergétique, son intervention militaire ne tient pas moins compte de cette problématique sur le plan de la sous-région Sahélo-Saharienne. Cette sous-région dispose d'importantes ressources pétrolières et minières qui sont sources de profits des multinationales françaises et qui entrainent la convoitise de plusieurs autres sociétés. Ainsi, au-delà de la lutte contre les GAD qui déstabilisaient le Mali, l'enjeu de l'opération Serval devenait également celui de prévenir les enlèvements dans des multinationales d'exploitations minières et pétrolières françaises, et surtout celui de sécuriser les sites d'exploitations, qui sont éminemment stratégiques pour la France. En effet, B. Van Auken97 soutient que, l'importance de l'uranium nigérien dans la production de l'électricité et de l'énergie nucléaire française amenait ainsi la France à mobiliser un important dispositif militaire de l'opération Serval vers le Niger afin de protéger 97B. Van Auken, la France envoie les troupes pour sécuriser les mines d'uranium au Niger, https://www.wsws.org/fr/articles/2013/jan2013/uran-j26.shtml, consulté le 05/06/2015 46 les sites d'exploitation d'Areva à Imouraren, et Arlit. Cet enjeu de l'Uranium fait dire à S. Lhomme, directeur de l'observatoire du nucléaire français que, l'intervention « n'était en rien une opération pour la démocratie au Mali, mais il s'agissait plutôt de sécuriser l'approvisionnement des centrales françaises en uranium »98 car, l'extension du conflit au Niger serait un facteur de déstabilisation de l'économie nucléaire de la France. Outre la valeur stratégique du Niger, l'intervention militaire française visait également la protection des sites pétroliers et miniers de la Mauritanie, de l'Algérie et du Tchad. En effet, ces pays abritent plusieurs entreprises d'exploitation pétrolière dont la plus importante Total, se localise particulièrement au Tchad et en Mauritanie. Les sites de minerais de Fer de la Mauritanie et de gaz de l'Algérie étaient également couverts par le déploiement de l'armée française. Cette couverture militaire des ressources énergétiques indispensables à la France démontre que l'intervention militaire française allait au-delà des simples objectifs énoncés par l'Hexagone. De ce fait, nonobstant les objectifs humanitaires et sécuritaires du discours officiel français, il peut être nécessaire d'affirmer que les enjeux de cette intervention avaient une dominance énergétique, donc stratégique. Au-delà de la sécurisation des plates-formes pétrolières et minières d'exploitation contre les actions destructrices des groupes armés terroristes et djihadistes, la préoccupation de la France est également celle du maintien de son leadership économique dans une région sahélo-saharienne convoitée par une diversité d'acteurs internationaux. |
|