saharien
La présence militaire permanente de l'armée
française au Mali et dans la région sahélo-saharienne
constituait l'un des objectifs non déclarés par le Quai d'Orsay
dans sa déclaration de guerre aux GAD. En effet, soucieux de ne voir
aucune menace émerger dans son voisinage immédiat, soutient le
livre blanc de la défense française85, la France
considère les parties sahélienne et saharienne comme des zones
d'intérêts prioritaires dans lesquelles il est nécessaire
de contrôler et de sécuriser de manière constante. Car, ces
régions ont la particularité d'abriter les Etats fragiles dont la
capacité de surveillance de leur territoire est souvent faible et dont
les dynamiques de circulation transnationale sont à l'origine
d'importants « flux criminels »86, parmi lesquels
les bandes armées terroristes. De ce fait, l'installation des bases
armées françaises à l'intérieur du territoire
malien et dans l'ensemble de l'espace sahélo-saharien constitue un enjeu
géopolitique et géostratégique majeur. Ces
différentes installations militaires françaises qui se font
progressivement, caractérisent la nouvelle réorganisation en
profondeur du dispositif militaire français dans la bande
sahélo-saharienne, si l'on en croit J.D. Merchet87. Ce
nouveau réseau militaire français comprend des pôles
principaux de dispositifs militaires et des bases avancées dont la
disposition géographique est axée sur quatre pays essentiellement
: le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Ces Etats disposeront de
quatre bases principales dont les fonctions diffèrent. Selon le
même auteur, la base de Ndjamena disposera de l'Etat-major de
commandement des opérations du sahel, des appareils de combats
aériens et de quelques forces terrestres ; la base de Niamey se
concentre sur le renseignement à travers l'utilisation des drones et
peut aussi accueillir des avions de combat et de patrouille maritime atlantique
2 ; la base de Gao dispose des forces terrestres avec un détachement
important d'hélicoptères, et la base de Ouagadougou compose le
groupement des forces spéciales Sabre, qui opèrent dans toute la
zone à partir de cette base arrière88. Ces
différentes bases sont accompagnées de deux points d'appui qui
sont installés dans des zones névralgiques, où la
présence des groupes terroristes est imminente. L'un est ainsi
situé dans la ville malienne de Tessalit et l'autre dans la zone de
Faya-Largeau au Tchad. Cette présence militaire française au
sahel (Carte n°2) consiste à « couper les Djihadistes de
leur base arrière en Libye »89 et à suivre
leurs itinéraires dans l'ensemble des
85 Le livre blanc, défense et
sécurité nationale, 2008, p.53.
86Ibidem
87J-D. Merchet, « La France réorganise son
dispositif militaire au Sahel autour de quatre bases »,
http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/france-reorganise-dispositif-militaire-sahel-autour-quatre-bases-8565,
consulté le 17/06/2015
88J-D. Merchet, op.cit.,
89Ibidem
régions du Sahel, du Sahara et dans la partie Maghreb.
Ce nouveau dispositif militaire français dans ces régions,
concorde avec le positionnement stratégique de la nouvelle
opération Barkhane90 dont l'arrière-cour se situe dans
trois pays: le Mali ; le Tchad et le Niger.
![](L-intervention-militaire-franaise-au-Mali-Essai-d-analyse-geopolitique4.png)
Carte 2: Réorganisation du dispositif militaire
français au Sahel
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Cette carte de la réorganisation progressive des bases
militaires françaises traduit l'extension du dispositif militaire dans
l'ensemble de la région sahélo-saharienne et l'enjeu de
l'influence géopolitique de la France dans cette partie de l'Afrique.
Une telle permanence de la force française au Mali et
dans la région sahélo-saharienne, permet à l'Hexagone de
se repositionner durablement en tant que puissance dans cette partie de
l'Afrique. Ainsi, si l'on suit l'assertion de Y. Lacoste : « c'est par
les armées que les Etats exercent leur domination à
l'extérieur de leur frontières »91, et celle
de C.V.
90 Rapport ministère de la défense
française, Opération Barkhane, p.1-42.
91 Y. Lacoste, La géopolitique et les
rapports de l'armée et la nation, Paris, Hérodote,
n°116, 2005, p2.
43
Clausewitz : « la guerre n'est pas seulement un acte
politique, mais un véritable instrument politique, une poursuite des
relations politiques, une réalisation de celles-ci par d'autres
moyens»92, on peut affirmer que l'intervention militaire
française au Mali et par-dessus sa présence militaire permanente,
permettent à l'Hexagone de recadrer son influence politique dans ces
parties de l'Afrique.
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