Introduction générale
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Afin de bâtir une analyse scientifique cohérente,
quatre points permettent d'éclairer les ressorts méthodologiques
et théoriques de cette étude consacrée à
l'intervention militaire française au Mali. Le premier point aborde la
justification de l'étude. Celle-ci met en exergue l'intérêt
du sujet, son objet et son champ d'étude. En effet, il s'agit d'apporter
les raisons fondamentales du choix de ce sujet et le recadrer dans son approche
définitionnelle. Le second point évoque la problématique
et le cadre théorique de l'étude. Il est ici question de mettre
en relief l'interrogation que pose cette intervention, les différentes
hypothèses de recherche et les théories qui s'associent
directement à ce sujet. Le troisième point qui traite de la
méthode de recherche développe les démarches entreprises
dans le cadre de ce travail et la collecte d'informations. Le quatrième
point expose les limites de cette étude, et enfin le cinquième
point traduit l'articulation du travail en parties et chapitres.
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I- Justification de l'étude
1- Intérêt du sujet
Le continent africain connait depuis les années 1970
une escalade de conflits armés dans l'ensemble des grands blocs sous
régionaux. En effet, après les tensions perçues dans la
corne de l'Afrique dans les années 1970, et celles de l'Afrique australe
en 1980, l'Afrique de l'Ouest qui est longtemps restée une zone
faiblement affectée par les conflits armés rentre dans la
sphère des zones instables à la fin des années 1980
à partir de la guerre civile qui éclate au Libéria. Cette
guerre intra-étatique annonce une instabilité perpétuelle
dans la sous-région avec notamment les cas de la Sierra-Léone, de
la Guinée Conakry ou encore la Côte d'Ivoire. A partir de cet
ensemble de tensions, l'Afrique de l'ouest se place dans la zone de
tempête de feu à l'échelle mondiale. Les conflits
observés dans cet espace géographique sous régional sont
restés parfois latents, parce que leurs causes réelles ne sont
pas facilement perceptibles et déterminées. Elles
échappent souvent à la connaissance de la société
civile et de certains organismes internationaux. Or, de la description
historique de ces théâtres, il ressort que la plupart de ces
conflits intra-étatiques sont ponctués par des interventions
militaires des puissances occidentales, parmi lesquelles la France. Ces
interventions militaires hexagonales en Afrique résultent de la
théorie gaulliste qui répond à « une stratification
précise qui correspond aux intérêts économiques de
la France, et la qualité des liens entre la France et les
décideurs politiques de chaque Etat »1. Cette
forme d'interventionnisme a soulevé au sein de l'opinion africaine
d'importantes critiques vis-à-vis de la France. Mais, Avec
l'arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir et plus récemment celle
de François Hollande, la France s'engageait à inscrire sa
politique militaire en Afrique dans le sens d'un désengagement et de
responsabilisation des africains dans la gestion de leur propre
sécurité. Or, à la lecture des opérations
militaires de la France dans le continent africain durant ces cinq
dernières années, les faits sont totalement différents des
déclarations politiques de l'exécutif français.
L'intervention militaire française au Mali est l'une des plus
récentes de la France dans l'Ouest du continent africain, ainsi, son
étude est d'une importance capitale.
De ce fait, ce sujet présente deux
intérêts scientifiques : d'une part, il permet de comprendre
l'antinomie qui existe entre les discours officiels de la France sur son
désengagement militaire en Afrique et l'effectivité de ses
nouvelles interventions militaires dans ce même continent. Et d'autre
part, il aide à comprendre l'exception faite au Mali, un Etat apriori
pauvre dans la théorie gaulliste d'interventionnisme militaire
basée sur la primauté des intérêts.
1P. Chaigneau, La politique militaire de la France
en Afrique, Paris, Atelier de Pierre FANLAC, 1984, p.44.
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Ainsi, le thème de recherche «
L'Interventions militaire française au Mali : essai d'une analyse
géopolitique », nous situe dans le cadre des conflits
africains qui, le plus souvent prennent des tournures de conflits militaires
internationaux généralisés, où les grandes
puissances internationales viennent mesurer la capacité de leur force.
En effet, bien que l'intensité de ce conflit impliquait plusieurs Etats
de la communauté internationale, notamment les grandes puissances
militaires occidentales, il est apriori un conflit intra-étatique qui
devrait au départ mobiliser des responsables politiques maliens dans la
recherche des solutions. L'intervention de la France dans cette crise vient une
fois de plus conforter son image comme `'gendarme de l'Afrique» et met en
perspective des anciens accords de défense et d'assistance militaires
technique2 signés par l'Etat malien avec l'hexagone.
Pourtant, à travers l'échelle élaborée par P.
Chaigneau (La politique militaire de la France en Afrique, 1984), qui
place le Mali en « marge du système militaire français
»3, celui-ci est de loin l'un des Etats africains dans lesquels
la France devait rapidement intervenir. De ce fait, le Mali devient un cas
d'étude spécifique qui permet de réexaminer la politique
militaire de la France en Afrique.
L'approche de cette thématique n'ayant pas encore
été faite particulièrement dans le département de
Géographie, et en générale dans l'Université Omar
Bongo, elle constitue une nouvelle étude qui revêt un
caractère original et complète les différentes recherches
de la conflictualité africaine qui ont déjà
été abordées dans les années antérieures en
master Géosciences Politiques du Monde Contemporain.
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