CONCLUSION PARTIELLE
Les analyses menées sur les conditions d'accueil et les
impacts environnementaux des réfugiés de conflits dans les trois
pays d'étude (Guinée, Accra et Burkina Faso),
révèlent que la prise en charge de ces migrants demeure un souci
majeur pour beaucoup de pays ouest africains. La gestion des
réfugiés nécessite des moyens colossaux à court
terme, mais avec le temps, leur présence peut contribuer au
développement des pays hôtes. Aujourd'hui, les
réfugiés de conflits sont en nombre croissant dans la
sous-région et il est plus que nécessaire de travailler à
asseoir la paix et des institutions judiciaires fortes dans nos pays.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
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CONCLUSION GENERALE
La réflexion menée autour des évaluations
des impacts sur l'environnement des réfugiés de conflits a suivi
le cheminement établi au préalable et ce, sans embûches
particulières. Toutefois, nous notons l'inaccessibilité à
certains rapports clés du HCR pour mieux illustrer les effectifs de
réfugiés et localiser d'autres cas de dégradation de
ressources naturelles et humaines autour des sites d'accueil. A cela s'ajoute
l'impossibilité de joindre des spécialistes qui auraient pu
apporter leur témoignage et leur expertise sur la question de
dégradation environnementale en Afrique de l'Ouest. Cependant, le
premier obstacle a été franchi grâce aux rapports d'autres
institutions dépendant des Nations Unies. Nos lectures des ouvrages
officiels de chercheurs burkinabés et français ont permis de
relever le second obstacle. Les réfugiés étudiés
dans les trois pays d'accueil (Guinée, Ghana et Burkina Faso) avaient
souvent connu un premier déplacement interne avant de quitter leur
pays.
Afin d'illustrer par trois exemples de cas d'investigation ce
que c'est qu'une EIE (Etude d'Impact Environnemental) de réfugiés
de conflits, les choix d'une évaluation des conditions d'accueil des
réfugiés en milieu urbain ou rural et d'une appréciation
des modes de vie des réfugiés ont été
nécessaires. Ils ont permis d'apprécier trois contextes
différents auxquels est confronté le quotidien des
réfugiés. La description puis l'analyse des résultats de
ces choix ont été sources de compréhension du processus de
dégradation environnementale par les différentes populations
particulièrement dans un contexte de vulnérabilité des
écosystèmes dans la sous-région. Se préoccuper de
l'exploitation des ressources locales et de la façon dont celles-ci
résistent ou s'adaptent aux pressions créées par une
augmentation soudaine de populations dans les zones accueillant les
réfugiés peuvent fournir des indices précieux en ce qui
concerne la nature et l'ampleur des changements dans l'environnement. Elle nous
donne également des enseignements sur le meilleur moyen de faire face
à de telles transformations lorsqu'elles sont socialement,
économiquement et écologiquement indésirables.
Les actes posés par les réfugiés de
conflits en Guinée, au Ghana et au Burkina Faso se sont
avérés multiples tant dans leur nature que dans leur
étendue spatiale et ont eu un impact sur la vitalité des
ressources naturelles renouvelables. En effet, après l'installation des
différents réfugiés, on assista à une augmentation
de la déforestation et du braconnage en Guinée ; à un
problème d'assainissement et une expropriation des terres villageoises
par l'Etat au Ghana ; une dégradation de sols, de végétaux
et points d'eau au Burkina Faso. Ainsi, l'hypothèse selon laquelle les
réfugiés de conflits ont un impact négatif sur les
ressources
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naturelles renouvelables est confirmée. En ce qui
concerne les disputent entre réfugiés et autochtones, les
conflits entre Guerzés et Mandingues en Guinée, entre les chefs
traditionnels à Buduburam et récemment à Sanyonyongo au
Burkina Faso entre réfugiés et villageois, attestent de la
dégradation possible des relations entre populations dans les pays
hôtes. Les activités agro-pastorales et génératrices
de revenus indispensables à l'épanouissement des
réfugiés sont surtout des sources de mésententes car les
ressources naturelles accessibles sans grande technologie se font rares. Ainsi,
est confirmée l'hypothèse selon laquelle le séjour
prolongé des réfugiés peut porter atteinte à la
paix et à la cohésion sociale dans les pays hôtes.
Toutefois, si l'objectif principal de cette étude est de montrer les
atteintes environnementales dues à la présence de
réfugiés, il convient d'attirer l'attention sur le fait que
certaines régions présentent des risques naturels susceptibles de
mettre en péril la santé des réfugiés. Il peut
s'agir de maladies endémiques, de niveaux élevés de
pollution de l'eau ou de l'air ou de la présence de substances toxiques
ou radioactives dans le sol. La mise au point d'un plan spécifiquement
attaché au site permet de prévenir les impacts environnementaux
irréversibles.
Ces trois types de lieux d'étude correspondent à
des pôles d'accueil de réfugiés de longues dates, mais
aussi à une diaspora ouest africaine très variée. Les
différentes orientations de recherches probables de cette étude,
malgré leurs spécificités, permettraient de
réfléchir aux lieux investis par les différents
réfugiés en tant qu'anciens migrants forcés, à la
possible tension entre des lieux de vie et d'habitude, des lieux d'initiative,
de projet et d'attachement. Dans les champs possibles de la recherche
persisterait ainsi le souci de poursuivre la réflexion sur les rapports
entre réfugiés, autochtones, lieux, cultures, activités et
conflits. Si ce mémoire de master venait à être
reçu, nous envisageons poursuivre en thèse, une étude sur
les impacts environnementaux des réfugiés maliens dans le sahel
burkinabé focalisée sur une approche géographique et
culturelle. En effet, au Burkina Faso, l'environnement est une donnée
importante tant économiquement que socialement. Sa dégradation
constitue donc un problème préoccupant tout le monde et cela,
à quelque niveau que ce soit. De ce fait, il est utile de
déterminer l'ampleur de la dégradation environnementale
causée par les réfugiés maliens au pays des hommes
intègres, présenter les secteurs les plus affectés et
proposer des solutions pour remédier à ces dommages. En outre,
dans la dégradation de l'environnement au sahel, les facteurs
anthropiques occupent souvent une large part du fait que le
phénomène migratoire véhicule généralement
des pratiques culturales et pastorales nuisibles à la nature. Ce constat
n'écarte nullement l'éventualité d'une part active des
autochtones dans la dégradation de cette nature.
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