III-3-3 : LES SOURCES D'APPROVISIONNEMENT EN EAU,
NOURRITURE ET ENERGIE DOMESTIQUE DES REFUGIES MALIENS
Les forages sont la principale source d'approvisionnement en
eau aussi bien pour les réfugiés (98%) que pour les autochtones
(87%), suivi des puits (respectivement 1% et 7%) et des eaux de surface
(respectivement 1% et 6%). Les réfugiés utilisent les sources
d'eau pour leurs besoins quotidiens et l'abreuvement des animaux. Cependant,
les réfugiés disent connaître des contraintes d'abreuvement
dues à l'insuffisance des points d'eau et des ouvrages hydrauliques
comme le montre la photo 5. Les contraintes sont cependant variables selon les
sites. Sur le terrain, on a pu observer que certains réfugiés
convoient l'eau de Férerio en véhicules jusqu'à
Déou pour l'abreuvement des animaux (HCR, 2013).
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest18.png)
Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013
Photo 3 : compétition pour l'accès à l'eau
autour d'un puits busé
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Les caprices du climat, la croissance démographique
et l'avènement des réfugiés maliens dans la région
du Sahel font que les sources d'eau sont fortement convoitées et se
raréfient. Les Hommes et les animaux s'approvisionnent souvent au
même point d'eau.
Sur le plan alimentaire, plusieurs structures viennent en aide
aux réfugiés, parmi lesquels le HCR, le PAM, les organisations
caritatives telles que l'OCADES, le CRS, l'ONG HELP. Ces vivres sont
distribués mensuellement aux réfugiés dans leur ensemble
(99% des réfugiés). Mais lors des focus groupes organisés
entre une équipe d'experts diligentée par le HCR et la FAO
auprès des réfugiés, il est ressorti essentiellement deux
points :
- les nouveaux arrivants dans les camps tardent à
recevoir leurs dotations du fait qu'ils n'ont pas encore été
recensés. Cette lenteur dans l'enregistrement nécessite la mise
en place d'un stock alimentaire en attente pour répondre à ces
cas.
- le manque de diversité des rations servies où
les produits laitiers et à base de viande sont absents alors que l'on ne
peut ignorer leur importance dans l'alimentation de ces réfugiés.
Les produits les plus consommés dans cette région sont les
céréales (100% chez les réfugiés) et 98,6% chez les
autochtones. Les oléagineux constitués principalement du
niébé n'est pas apprécié par les
réfugiés et demeure peu consommé. Certains mêmes
affirment en donner aux animaux. Les réfugiés souhaiteraient
être consultés par rapport à la nature des produits
distribués. Par ailleurs les besoins alimentaire du cheptel sont
importants et varient suivant le type d'espèce comme l'atteste le
tableau ci-dessus (FAO, 2013).
Tableau 8 : besoins alimentaires du bétail de
réfugiés dans le Sahel burkinabé
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest19.png)
Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013
Ce tableau révèle que les besoins
alimentaires du bétail des réfugiés maliens varient selon
l'importance du troupeau.
En générale, les réfugiés ont
libre accès aux points d'eau, aux pâturages et infrastructures
sociocommunautaires (écoles, centres de soins) au même titre que
les populations locales ; parfois même avec plus d'attention. Ils ont
également accès aux zones de
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prélèvement de bois autour des camps qui
constitue la principale source d'énergie domestique aussi bien chez les
réfugiés (74%) que la population autochtone (80%). L'achat et la
collecte du bois mort sont respectivement les principaux canaux
d'approvisionnement en énergie chez les réfugiés (54%) et
les autochtones (84%). La brousse demeure le principal lieu d'approvisionnement
en énergie (38% des réfugiés et 84% des autochtones) suivi
du marché (38% des réfugiés et 16% des autochtones) (FAO,
2013). Les autres sources d'énergie sont le charbon de bois chez les
réfugiés (25%) et de la bouse animale chez les autochtones (14%).
Pour plus de précision réfère tableau 9.
L'un des principaux lieux de collecte de bois morts reste la
forêt classée de Nassoumbou comme en témoigne la photo 4.
Moins de 1% des réfugiés utilisent du gaz comme énergie
domestique et environ 3% des autochtones utilisent du charbon de bois dans leur
ménage. A travers les analyses spatiales (images satellitaires de type
Landsat TM pour la période 2001, 2006, 2011), on a constaté que
les forêts mises en défends dans le Sahel sont restées
intactes jusqu'à là. De même, malgré un
approvisionnement insuffisant en bois énergie de la part des ONG
(24,3%), il est ressorti que dans tous les sites abritant les
réfugiés que la cohabitation était pacifique entre
autochtones et hôtes (HCR, FAO ; 2013).
Tableau 9 : source d'approvisionnement en bois énergie
des populations au Sahel
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest20.png)
Source : données d'enquête UNHCR/FAO
2013
Les sources d'approvisionnement en énergie restent
dominées par la collecte et l'achat de bois, mais ces deux modes
d'approvisionnement varient aussi en fonction des réfugiés et des
autochtones.
Photo 4 : Chargement de bois en provenance de la forêt
classée de Nassoumbou
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest21.png)
Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013
La collecte de bois dans la forêt classée de
Nassoumbou se fait sous la supervision des agents forestiers. Certaines
populations parcourent de longues distances avec des charrettes pour
s'approvisionner en bois.
![](Impacts-environnementaux-des-refugies-autour-des-zones-conflictuelles-en-Afrique-de-l-ouest22.png)
Bien que la région du Sahel soit à vocation
pastorale, les ressources naturelles renouvelables y sont limitées
à cause des conditions climatiques et écologiques difficiles.
Dans un tel contexte, l'arrivée massive de réfugiés avec
leurs animaux en nombre important constitue une préoccupation majeure
pour l'accès aux ressources, l'organisation sociale et économique
des autochtones (UNHCR, 2012).
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