III-3 : CONDITIONS D'INSTALLATION ET MODES DE VIE DES
REFUGIES
MALIENS DANS LE SAHEL BURKINABE
A la suite de la crise malienne de Janvier 2012, des
réfugiés maliens sont arrivés par vagues successives au
Burkina Faso avec leur bétail. Un nombre important de ces
réfugiés s'est installé dans la région du sahel en
faveur d'une décision politique mais surtout à cause des liens
ethniques et culturels communs avec les populations locales. Ils se sont
installés auprès des populations autochtones ou sur d'anciens
sites ayant accueilli d'autres réfugiés maliens en 1993. Mais
avec l'afflux des réfugiés, de nouveaux sites d'accueil ont
été ajoutés aux anciens, donnant un total de neuf sites
d'accueil inégalement répartis dans les trois provinces de la
région comme indiqué sur la carte 6 : cinq dans l'Oudalan, trois
dans le Soum et un seul dans le Séno. Pour des raisons pratiques
(accessibilité, regroupement, stratégie, sécuritaire), des
relocalisations de sites sont en cours sous la supervision du HCR et des
autorités nationales (CONAREF), surtout dans le Soum. Les sites de
Férerio, de Gandafabou ayant déjà été
fermés (UNHCR, 2013).
Carte 6 : camps de réfugiés dans le sahel
burkinabé
Les camps de réfugiés dans la région
du sahel burkinabé sont dominés par les sites spontanés
dans la province de l'Oudalan, suivi des sites officiels dans le Séno et
le Soum.
III-3-1 : INSTALLATION ET RELOCALISATION DES REFUGIES
MALIENS DANS LE SAHEL BURKINABE
L'unique site répertorié au Séno est
celui de Goudébo au Nord de Dori, à environ 10 km sur l'axe
Dori-Gorom. Au dernier recensement officiel de 2006, le village de
Goudébo comptait 692 habitants répartis dans 136 ménages
dont 50,51% de femmes. Avec quatre quartiers comportant chacun un forage, le
camp de réfugiés installé au quartier Goudébo
école, compte 9 982 habitants dont 2 862 ménages (Barry S et al).
Les réfugiés de Guédebo sont venus des sites
spontanés de Déou, de Férerio et de
Gountouré-Gnégné entre Novembre et Décembre 2012
(HCR, 2013).
Dans le Soum, les sites initiaux sont Damba et Mentao,
localisés respectivement au Nord-ouest et au Sud-ouest de la province.
Le village de Damba qui est essentiellement constitué de
réfugiés est en plein transfert vers le site de Mentao. Cette
localité est subdivisée en cinq entités et abrite 1 295
habitants dont 241 ménages (RGPH, 2006). Les premiers
réfugiés y sont arrivés en fin Janvier 2012, dont certains
y avaient déjà séjourné en 1993. Les chiffres
officiels font état de 14 808 réfugiés dont 4 306
ménages. Ces chiffres sont très évolutifs car chaque jour
voit son contingent de nouveaux arrivants (les relocalisés de
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
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IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
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Damba). Le département de Nassoumbou qui comprend le
village de Damba abrite une aire protégée qui est le lieu de
collecte de bois énergie et une zone de pâturage pour le
bétail des réfugiés. C'est dans cette aire
protégée que la collecte supervisée du bois mort est
organisée par OCADES/CARITAS et les services techniques du
ministère de l'environnement et du développement durable pour la
fourniture de bois aux réfugiés des camps.
Contrairement aux deux provinces précédentes qui
abritent la plupart des sites officiels, les sites d'installation
spontanée des réfugiés se concentrent à l'Ouest de
l'Oudalan. Il s'agit des localités Tin Edja, Déou, Dibissi et
Gountouré-Gnégné constituées surtout de
communautés locales évoluant dans l'élevage, le commerce
et l'agriculture. Les réfugiés installés à Tin Edja
sont arrivés en Avril 2012. Mais beaucoup d'entre eux y avaient
déjà séjourné en 1993 lors de la crise malienne de
1992. Le nombre de réfugiés est estimé à 1 214
individus dont 350 familles de bergers ne sont pas enregistrées et
prises en charge par le HCR. Ces réfugiés éprouvent de
sérieuses difficultés pour leur prise en charge et
l'élevage demeure la principale activité même si
quelques-uns s'adonnent au petit commerce.
Le village de Déou qui compte 7 878 habitants
répartis en 1 369 ménages a enregistré ses
premières vagues de réfugiés en février 2012. En
mars, leur nombre atteignait 3200 individus répartis dans 498
ménages (FAO, 2013). Une particularité constatée à
Déou est qu'une partie des réfugiés était
cantonnée à l'Ouest du village tandis que les autres sont
disséminés au sein de la population autochtone, dans des
concessions ou dans des maisons en location.
A Dibissi, localité abritant 667 âmes
répartis dans 110 ménages (RGPH, 2006), a accueilli ses premiers
contingents de réfugiés en mars 2012. En mars 2013, soit un an
après, le village comptait 4 702 réfugiés en provenance de
Gao et de Tombouctou. Les zones de pâturage sont essentiellement
localisées au Nord et à l'Ouest et une bonne partie (60%) du
cheptel de ces réfugiés pâture hors des camps sur les rives
du Béli, aux abords du forage Christine et à Zarmakoye par manque
de ressources suffisantes sur place. Le reste du cheptel bivouaque autour du
camp et les réfugiés ne manquent pas d'occasion pour
témoigner leur reconnaissance aux populations hôtes pour
l'hospitalité et le partage des ressources (eau, pâturages, bois
d'énergie, terres, bois d'oeuvre) dont ils disposent. Non loin de
là, le site de Gandafabou dans l'Oudalan divisé en cinq
entités supportant 1 178 habitants dont 188 ménages. Ce site a
accueilli des réfugiés qui ont été
redéployés vers le camp de Mentao à partir de janvier 2013
(FAO, 2013).
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
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Enfin, le village de Gountouré-Gnégné,
équipé moyennement en infrastructures hydrauliques comporte une
population de 1 295 habitants et un site fermé dont le contingent de
réfugiés est transféré au camp de Goudébo
dans le Séno (RGPH, 2006 ; HCR, 2012). Cependant, selon la même
source, 53 familles de réfugiés sont restées à
Gountouré-Gnégné à cause de leur bétail qui
bénéficie de pâturages abondants et de points
d'abreuvement. Ces réfugiés ne sont plus pris en charge par le
HCR.
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