CONCLUSION PARTIELLE
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
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Le cadre logique de cette étude met corrélation
les hypothèses formulées, les objectifs fixés, les
variables et indicateurs retenues. L'analyse de ce cadre opératoire a
permis de mettre en évidence des concepts et définitions qui ont
été clarifiés pour une bonne compréhension de
l'étude. Les données collectées dans le cadre du
présent travail ont été traitées, analysées
et classifiées par thèmes et par zones géographiques
suivant les résultats de la recherche. Et ces investigations nous ont
permis d'aboutir à un certain nombre de résultats qui seront
présentés et discutés dans la suite de notre travail.
ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES DE
CONFLITS EN AFRIQUE DE L'OUEST.
DEUXIEME PARTIE : LES IMPACTS
Cette deuxième partie de notre étude traite des
conditions d'accueil et des modes de vie des réfugiés de conflits
dans trois pays ouest africains : la Guinée Conakry, le Ghana et le
Burkina Faso. Elle met l'accent sur les impacts environnementaux des
réfugiés dans ces différents pays. Quelques impacts
positifs et des mesures d'atténuation des dommages causés par les
réfugiés sur l'environnement seront également
abordés.
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CHAPITRE III : CONDITIONS D'INSTALLATION ET MODES DE
VIE DES REFUGIES DANS TROIS PAYS OUEST AFRICAINS : LA GUINEE CONAKRY, LE GHANA
ET LE BURKINA FASO
Les conditions d'installation et les modes de vie
déterminent en grande partie le degré d'autonomie des
réfugiés et partant leurs impacts possibles sur
l'environnement.
III-1 : ARRIVEES ET INSTALLATIONS DES REFUGIES LIBERIENS ET
SIERRA LEONAIS EN GUINEE
Les régions accueillant nouvellement les
réfugiés attirent et continuent d'attirer les médias alors
que celles qui reçoivent les réfugiés depuis des
années sont oubliées. C'est le cas, notamment de la
république de Guinée, qui a accueillie depuis 1990, environ
600.000 réfugiés, les uns, victimes de la guerre au
Libéria, les autres, chassés par le conflit de Sierra Leone. De
1990 à 1995, plus de 500.000 réfugiés libériens et
sierra léonais sont accueillis en Guinée (HCR, 1995). En juin
1995, le HCR avait officiellement enregistré en Guinée 603 750
réfugiés, dont 578 846 dans la seule zone forestière qui
jouxte les deux pays en conflit, matérialisée ici en couleur
verte sur la carte 3. Ces chiffres représentaient 10% de la population
en Guinée. A la fin de 1995, dans la région forestière du
Sud, un habitant sur trois était réfugié. A
l'échelle mondiale, c'était le pays où il existait l'une
des plus grandes
concentrations de réfugiés.
Carte 3 : carte de la Guinée Conakry
Carte montrant les limites territoriales, régionales
et provinciales de la Guinée Conakry.
III-1-1 ARRIVEES DES DIFFERENTES VAGUES DE REFUGIES EN
GUINEE
Arrivés par vagues successives, deux grands groupes de
réfugiés étaient distingués : entre Janvier 1990 et
Avril 1991, il y eut quatre importantes vagues de réfugiés, soit
environ 350 000 personnes qui représentaient les premiers arrivants
(réfère tableau 4 et carte 4). Chaque grande vague apportait
brusquement une population importante de réfugiés pendant
plusieurs jours suivie de venues plus faibles qui s'étalaient sur des
mois jusqu'à l'afflux suivant. Ces vagues étaient assez
homogènes dans la mesure où les réfugiés avaient la
même origine ethnique, le même degré de dénuement,
mais des origines diverses, liées à l'itinéraire
géographique de la progression des rebelles du NPFL et à leur
combat avec les troupes gouvernementales (Van Damme W, 1999). Ces
premières vagues de réfugiés en Guinée
partagèrent les cases des guinéens ou bien occupèrent des
bâtiments publics comme les écoles. Puis de 1992 à 1995,
plusieurs petites vagues de réfugiés continuèrent à
arriver en Guinée, soit environ 150 000 « derniers arrivants
».
Tableau 4 : arrivées des quatre premières vagues de
réfugiés en Guinée forestière. Source : Wim Van
Damme, 1999
Vague (date d'arrivée)
|
Origine
|
Estimation du nombre et état à l'arrivée
|
Zone d'installation en Guinée
|
Mode d'installation
|
Première vague ou vague Nimba (janvier-mars 90)
|
Ruraux Mano du comté de Nimba
|
Environ 100 000, pauvres et démunis, en bonne
santé
|
Zones frontalières rurales de
Yomou, N'Zérékoré et Lola
|
Installation autonome au sein des membres de leur ethnie; camps
de facto à Thuao (10 000)
|
Deuxième vague ou vague urbaine (mai- août 90).
|
Mandingues urbains et différentes villes du Liberia.
|
Environ 100 000, biens personnels importants et en bonne
santé.
|
Villes de Macenta et N'Zérékoré; plus de
déplacements vers Beyla et la Haute-Guinée.
|
Installation autonome au sein des membres de leur ethnie.
|
Troisième vague ou vague Loffa (juin- août 90).
|
Ruraux guerzés, Toma et Kissi des comtés de Loffa
et Bong.
|
Environ 50 000, pauvres et démunis, en bonne
santé.
|
Zones rurales de Yomou(Guerzés), Macenta (Toma) et
Guéckédou (Kissi).
|
Installation autonome au sein des membres de leur ethnie.
|
Quatrième vague ou vague de Sierra Leone (mars-avril
91).
|
Ruraux Kissi et Mende de Sierra Leone et ruraux Gbande du
Liberia.
|
Environ 100 000, pauvres et démunis, sous-
alimentés mais encore en assez bonne santé.
|
Régions rurales de Guéckédou.
|
Kissi : installation autonome au sein des membres de leur ethnie
Mende et
Gbande : « auto-installation guidée » en zones
rurales (mais pas de liens ethniques, camps de facto à Kouloumba) (26
000).
|
Source : Wim Van Damme, 1999
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Les populations de la Guinée forestière ont plus
partagé avec les premières vagues de réfugiés
« le gîte et le couvert, les terres cultivables et les ressources
naturelles » (GTZ, 1998). Ils ont donné « un coin de leur
case, dans leur village » explique Michel Kamano (conseiller politique du
président guinéen Lassana CONTE) lors d'un entretien avec
Helène SIMONE-LORIERE pour les enquêtes de terrain de sa
thèse le 10/11/2008. Ces propos de l'homme politique montrent que
grâce aux liens culturels communs avec les migrants, les autochtones ont
accordé une aide inconditionnelle aux réfugiés avant
même l'intervention de l'Etat guinéen et du HCR. De même,
les proximités ethniques entre hôtes et réfugiés
expliquaient ces réactions spontanées mais elles ont
été largement instrumentalisées et mises en scène
par un Etat faible et pauvre qui n'était pas vraiment en mesure de
canaliser les milliers de réfugiés entrés sur son
territoire.
Carte 4 : illustration des quatre grandes vagues
d'arrivées des réfugiés en Guinée forestière
entre 1990 et 1991
L'observation de ces cartes révèle que les
réfugiés arrivés entre 1990 et 1991 en
Guinée forestière avaient des origines
géographiques diverses et sont en majorité des
libériens.
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Les besoins des derniers arrivants étaient plus grands
et leurs moyens de s'en sortir seule, moins efficaces. Dans ce groupe de
réfugiés arrivé entre 1992 et 1995, on a pu observer plus
de dix petites vagues, soit quelque 150 000 personnes. La plupart
arrivèrent dans les préfectures de Yomou, Macenta et
Guéckédou. Lorsque le conflit s'étendit en 1995, environ
9000 s'installèrent à Kissidougou et 24 000 à
Forécariah, le long de la côte guinéenne. Bon nombre de
réfugiés arrivés entre 1992 et 1995 avaient
été auparavant des « déplacés ». Certains
avaient connu pendant plusieurs années de terribles épreuves
proches du travail forcé, étaient pauvres, malnutris et sans
liens avec la population locale qui supportait déjà un grand
nombre de réfugiés (Van Damme W, 1999).
Tableau 5 : aperçu général de trois des
dernières petites vagues de réfugiés en Guinée
Date d'arrivée
|
Evénement déclencheur
|
Evaluation du
nombre et/ou état sanitaire à l'arrivée
|
Zone d'accueil en
Guinée et mode d'installation
|
Juin 1993
|
Conflits dans la zone de Kailahun (Sierra Leone) et du
comté de Loffa (Liberia)
|
En mauvaise santé.
Taux de malnutrition élevé.
|
Arrivés dans la zone
frontière de
Guéckédou puis
transférés par le HCR dans de petits camps
(Nyeadou et
Fandouyema), bon
accès à la terre.
|
Septembre 1994
|
Attaque de l'ULIMO
contre le quartier général du NPFL à
Gbamga
|
27 000 réfugiés
généralement en
mauvaise santé
|
D'abord dans des
camps de transit : Diécké, Bignamou et Betha
(Yomou).
En janvier 1995, transfert par le HCR à Noonah. Peu
d'accès à
la terre (8000
seulement sont
acceptés, les autres s'installent seuls, sans
assistance).
|
Janvier 1995
|
Attaque de Kambia par le RUF
|
24 000 réfugiés, en bonne santé
|
Forécariah, s'installent eux-mêmes au
milieu des membres de leur
ethnie, puis sont incités par le HCR à aller
dans les camps.
|
Source : Wim Van Damme, 1999
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