I.I.6.1. Asymétries dans
le temps
Les réponses des économies à la politique
monétaire sont variables dans le temps et ces transformations peuvent
être définitives, lorsqu'elles sont liées
à des changements durables de contexte, ou temporaires,
lorsqu'elles sont liées aux circonstances de l'action et en particulier
à la conjoncture.
Un contexte nouveau de politique ou d'environnement
institutionnel traduit des comportements différents de la part des
agents privés. Ainsi des réformes de structure, des
renversements de politique ou des évolutions sensibles dans la
mentalité des responsables des banques centrales ou des gouvernements
entrainent inéluctablement des modifications du fonctionnement de
l'économie, des mécanismes de transmission, voire sans doute de
la force finale des politiques entreprises.
Le sens et l'intensité de la politique entreprise
varient en relation avec les besoins du moment, en rapport avec l'état
de la conjoncture notamment. Il s'agit là d'une transformation
temporaire.
I.I.6.2.Asymétries selon l'orientation de la
politique monétaire
La politique monétaire n'a pas la même
efficacité selon qu'il s'agit d'une politique de
relance (qui vise le plein emploi et la croissance) ou d'une
politique de stabilisation (qui vise la stabilité de
prix et l'équilibre externe).
Si la capacité d'une politique monétaire
à ralentir une économie en surchauffe n'est pas contestée,
son efficacité pour relancer une économie en récession
fait l'objet de débats.
La demande globale a donc toutes les chances de se modifier
plus en cas de politique restrictive qu'en cas d'aisance monétaire et la
politique monétaire est largement impuissante à faire repartir
une économie après un retournement. De ce fait, faire une
politique d'aisance monétaire, c'est comme « pousser sur une
ficelle ».
I.I.6.3.Asymétries selon
les phases du cycle conjoncturel
Plusieurs études empiriques réalisées
aussi bien dans la zone Euro que dans les USA ont démontré que
les effets de la politique monétaire sur la production sont plus forts
en récession que dans une période de boom économique.
L'explication de ce phénomène fait appel au
« canal des bilans ». En effet, les bilans des emprunteurs
sont fragilisés en période de récession. Dans cette
circonstance, une plus grande proportion de firmes compte sur les financements
extérieurs et la prime de financement externe est plus
élevée. Dès lors, les actions des banques centrales sur
les taux d'intérêt sont amplifiées et les banques y sont
plus sensibles, faisant varier leurs conditions de crédit,
c'est-à-dire à la fois leur quantité et leur
coût.
Ainsi, la puissance de la politique monétaire est
jugée en rapport direct avec la puissance du « canal de
crédit ».
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