La persistance des sciences sociales coloniales en Afrique( Télécharger le fichier original )par Jean Barnabé MILALA LUNGALA Université de Kinshasa RDC - Doctorat 2009 |
Les sciences sociales du développementComme le dit si bien Jean Pierre Olivier de Sardan, les sociologues et anthropologues, et autres spécialistes des sciences sociales ,les scientifiques et les chefs de projets ,les acteurs d'en haut et les acteurs d'en bas doivent s'apprécier et collaborer. Nous essayons de développer ici les liens étroits qui existent entre les théories en science sociale les plus avancées notamment le développement de la théorie de l'action jusqu'à leur vulgarisation au niveau de commun des mortels tels que repris à travers la rhétorique de développement et les projets inhérents. Par exemple, l'expression « renforcement de capacité » que l'on entend sur beaucoup de lèvres est la version vulgarisée de concept hautement théorique de la compétence, de la notion de capacitation chez Amartia Sen. Le concept de « monde vécu » chez Habermas (la connaissance par expérience) a pris aussi la forme la plus populaire de « renforcement de capacité » dans les programmes de développement. Il est utilisé justement abondamment dans les projets de développement des Ong et autres projets bilatéraux aujourd'hui. Nous essayons de montrer comment la théorie de la capacitation a été élaborée au niveau théorique par le paradigme constructiviste de la théorie de l'action.Une action est informée par une cognition vide : la foi, la croyance, l'intention, etc. En effet, une approche nationale des programmes est conçue comme une approche pragmatique, étape par étape, de la capacité à construire une gestion de développement. La logique de l'action est interdisciplinaire, inter-institutionnelle et partenarialle. L'intérêt est qu'il est important de reconstruire conceptuellement son origine épistémologique, pour monter sa portée et sa valeur. Les sciences praxéologiques ou la théorie de l'action revoient à tout comportement humain ou à l'action humaine que l'on étudie comme activité intentionnelle ou comme un comportement simplement stimulé comme en behaviorisme. Le behaviorisme présente un comportement stimulé en restreignant le choix des hypothèses théoriques de base comme en éthologie. C'est un cadre restreint. Nous pouvons étudier aujourd'hui, les sciences sociales sous trois grands paradigmes théoriques : le cadre catégoriel de l'action, la théorie du choix de rationnel et la théorie générale du comportement. L'approche actionniste intègre l'hypothèse intentionniste dans l'analyse du comportement. En effet, l' « approche actionniste établit un cadre catégoriel, à l'intérieur duquel sont formulés des énoncés relatifs à l'activité intentionnelle »202(*). En fait, l'approche introduit l'individu et l'intentionnalité dans le modèle structuraliste ou fonctionnaliste. Justement l'individualisme méthodologique qui domine en théorie de choix rationnel a donné « la théorie de l'action ou la praxéologie (qui) désigne plutôt une armature catégoriale (Parsons, Merton, Shils et al.) qui a servi d'orientation générale pour la recherche sociale et qui, jusqu'à présent à des généralisations empiriques. »203(*) Il faut préciser à la suite de Jürgen Habermas qu'« il existe aujourd'hui deux approches théoriques d'une analyse strictement empirique des processus sociaux : une science générale du comportement - qui s'est imposée dans l'éthologie et dans la psychologie sociale - et une théorie de l'action - qui prédomine en anthropologie culturelle et en sociologie. »204(*)La théorie de l'action est tombée dans des stratégies concrètes de gestion des sociétés et Etats. Comment le concept popularisé d' « acteur » issue de la théorie de l'action intègre la logique de programmes de développement des OMD (des objectifs du millénaire pour le développement) ? En effet, les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) constituent un programme ambitieux de réduction de la pauvreté à l'échelle mondiale. Les experts ont fait remarquer notamment l'inexistence d'aucun plan concret ad hoc pour les pays dits pauvres qui en appelaient à la mise en oeuvre d'une feuille de route qui prévoit : - l'élaboration d'une stratégie nationale par chaque pays en voie de développement ; - l'alignement du DSRP (Document de Stratégie pour la réduction de pauvreté) sur les OMD (objectifs du millénaire pour le développent) ; - l'augmentation de l'Aide au développement ; - l'ouverture des marchés des pays à revenu élevé aux profits des pays en voie de développement ; - le financement de la recherche. C'est le cas de la logique de l'action qui structure les Document de Stratégie pour la réduction de pauvreté, (DSCRP), outres les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et même le plan comme le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique , (NOPADA) qui a échoué. On peut dire que la logique de ces programmes est résiduelle. Nous nous proposons de présenter la reconstruction historique et systématique de cette approche programme entre autre, la logique qui anime les programmes de DSCRP, de NEPAD qui a échoué, et de l' OMD tels qu'ils surgissent des théories de l'action, des théories de l'habitus( back ground, monde vécu) à travers les différentes phases. Cette reconstruction historique comprend la partie théorique et universitaire à travers l'approche constructiviste de la théorie de l'action et de la théorie habitusuelle (back ground) de la capacitation (Habermas, Bourdieu, Sen,etc.) et structurale (ou systémique) et surtout théologique. Les théologiens de libération, lotis de la non -violence, use des sciences sociales pour montre les mécanismes producteurs de la pauvreté : la dictature, le capitalisme sauvage de spoliation des ressources naturelles, etc. Tout ceci s'imbrique. Le savoir construit à l'université finit par tomber dans le peuple. Pour Tshiamalenga Ntumba le langage est une encyclopédie primitive des savoirs pré-théorico-pratiques et théorico-résiduels. Le savoir préthéorique est préscientifique, le savoir théorique est universitaire et culturel, le savoir théorico- pratique est transculturel. Disons que le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique est repris d'une certaine façon par le programme de reconstruction de la RD Congo avec la Chine. Les priorités de NEPAD ressemblent étrangement à quelques exceptions près à celles de Cinq chantiers, dites aujourd'hui la révolution de la modernité, une infirmité d'expression qui étonne en RD Congo. Il s'agit de secteurs suivants : - Infrastructures, - Ressources humaines, - Santé, - Technologie de l'information et de la communication, - Agriculture, - Energie, - Accès des exportations africaines aux marchés des pays développés. * 202Ibidem. * 203Ibidem, p.74. * 204 Jürgen HABERMAS, Logique des sciences sociales et autres essais, Puf, 1987, Paris , p.73. |
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