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La persistance des sciences sociales coloniales en Afrique

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par Jean Barnabé MILALA LUNGALA
Université de Kinshasa RDC - Doctorat 2009
  

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CHAPITRE PREMIER :

LA CATASTROPHE DU DISPOSITIF COLONIAL DES SAVANTS BELGES AU CONGO

D'un point de vue de l'histoire des sciences en Afrique, l'indépendance du Congo - Kinshasa, fut en n'en point douter ce moment qui consacra enfin la catastrophe du dispositif colonial du savant belge. Le travail de la déconstruction des savoirs belges à entreprendre était, déjà alors, fort immense parce que « dans les universités (belges), les centres de recherche, les filières de cours, les diplômes, (aujourd'hui) les dispositifs de coopération, etc., sont les héritiers directs de l'institutionnalisation de sciences coloniales ».4(*)

Après la décennie 60 au Congo, les gros travaux lancés furent une occasion manquée pour entamer collectivement une reconstruction des présupposés théoriques et idéologiques de cette science sociale coloniale qui a élu domicile chez nous.

Aujourd'hui, les gros travaux de reconstruction sociale devraient être ce lieu d'évaluation du chemin parcouru et de l'orientation théorique à prendre.5(*)Seulement ce genre d'enjeux ne semble pas présent dans le processus d'élaboration de notre science.

Et qu'en dire pour un Etat qui octroie à la recherche une allocation modique déjà difficile à décaisser, un Etat qui ne semble pas prendre en compte, avec un Ministère de la Recherche scientifique autonome, la vision de la science qui devait être élaborée par le Conseil Scientifique National comme partout au monde. La science semble répondre plutôt à une exigence exclusivement spéculative, éparse et venue d'ailleurs ou de nulle part.

En effet, les problèmes épistémologiques en sciences sociales et humaines ne sont pas seulement liés aux problèmes théoriques, ils sont aussi de problèmes de leur l'origine. Il faut par exemple interroger le fondement des découpages disciplinaires : ils ne résultent ni d'une segmentation « naturelle » de l'ordre des choses, ni d'un plan rationnel de connaissance ; ils sont les héritiers et les produits continûment retravaillés d'une histoire , qui n'est pas seulement une histoire des idées , mais également une histoire de la production sociale des connaissances et des savoirs( le sacré a toujours été le lieu de production des savoirs) , de la construction de dispositifs pratiques de connaissance, dans lesquels se sont moulées des procédures , se sont dessinés de schèmes de pensée et d'action , et qui, par-delà leur renouvellement et leurs frottements permanents , continuent d'être vivants. 

En sciences sociales au Congo, la première période pourrait être caractérisée par la science du lointain. Ces sciences sont parties des grands travaux géographiques des découvertes du bassin du fleuve Congo, dont notre destin en tant que pays va dépendre ; ceci offre la structure et les conditions de possibilités pour l'émergence de la science coloniale : l'ethnologie, la colonisation comparée, l'administration indirecte, le droit indigène, etc.

La deuxième période actuelle est la science locale. La science sociale congolaise y est restée pourtant globalement désajustée par rapport aux problèmes du pays. Déjà, selon Poncelet, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, et à la suite d'un important activisme scientifique au Congo, l'ensemble du dispositif métropolitain des savoirs coloniaux avouera son extrême indigence quant à son accès sur le terrain.

Face à une crise sociale sans précèdent et à la nouvelle attention internationale sur les colonies, on découvrira un Congo dépourvu de toute possibilité d'appareillage scientifique susceptible de reconfigurer l'image de la colonie, de donner à ses responsables publics le sentiment qu'une direction nouvelle est à donner à l'évolution sociale. Ce n'est guère qu'entre 1950 et 1955 que les universités descendront sur le terrain6(*). En fait, déjà dans les années 1920-30, durant ce que Poncelet appelle l'âge d'or de la science coloniale, seuls professaient des notables coloniaux, les diplômés proprement dits portant le titre de licenciés sont très peu nombreux.

Brève historique des Centres de recherche et Instituts de Recherches en RD Congo.7(*)

* 4Ibidem.

* 5 Les recommandations de la Conférence Nationale Souveraine se focalisent sur la réhabilitation du Conseil Scientifique National comme « intelligence nationale » pour piloter tous les Instituts et Centres de Recherche en RD Congo.

* 6 Marc PONCELET, Sciences sociales, colonisation et développement ; une histoire sociale du siècle d'africanisme belge, thèse, Université de l'Ille, p.365.

* 7 Voir Isidore NDAYWEL E NZIEM, Histoire générale du Congo, De l'héritage ancien à la République démocratique du Congo, Duculot, Paris, 1998.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon