Sciences sociales et humaines : notre hypothèse
théorique de définition
Il nous parait utile, selon tout bon sens, et même
nécessaire de circoncire la différence même provisoire
entre les sciences humaines et les sciences sociales pour commencer notre
discussion. Séparer les sciences humaines des sciences sociales n'est
pas aisé. Nous pouvons dire en luminaire que les sciences sociales
et humaines font parties d'un programme épistémologique qui peut
remonter à la définition philosophique de l'homme, Aristote l'a
bien définit : « Homo zoon politicon », l'homme
est un animal social.
Le développement de ces sciences démontre
qu'elles ont oscillé entre trois polarités : définir
l'identité culturelle de l'homme, définir sa naturalité
telle que médiatisée par son coté biologique aujourd'hui
et le saisir dans sa dimension relationnelle. A propos, sa naturalité
culmine dans le fait aujourd'hui en vogue qui veut que
l' « homme soit avant tout biologique avant d'être
culturel ».
Au demeurant, les sciences humaines se sont, pour ne pas
caricaturer, occupées davantage d'analyser l'identité culturelle,
linguistique , historique ou psychologique des hommes, une identité tant
tôt ouverte et tant tôt cantonnée dans des
représentations (mentales ) on ne peut plus défendables pour les
vaincus comme les africains. Cette analyse s'est faite sous la houlette de
l'anthropologie comme science- mère et avant-gardiste.
La troisième polarité culmine dans
l'étude de la dimension relationnelle de l'homme qui s'est faite et se
fait sous l'égide de la sociologie comme science pilote. C'est ainsi que
nous utiliserons le plus souvent par simple commodité le concept de
sciences sociales, eu égard au fait que notre analyse ici s'est
occupée du modèle classique de la sociologie d'Emile Durkheim et
de la praxéologie de Max Weber.
Au demeurant l'embarras qui est bien perceptible est celui de
scinder les sciences sociales des sciences humaines par une question qui
découle de la définition même de l'homme, celle de savoir
si cet homme précède la société ou c'est la
société qui vient avant.
Bref, pris dans sa singularité humaine ces sciences
s'occupent de cet homme du point de vue de son identité, en ce
sens la polarisation de l'individualisme méthodologique (avec la
théorie du choix rationnel en sciences économique
néo-classique) et le retour à l'action dans les sciences sociales
et humaines après les années 1970 peuvent trouver leur
justification.
Les sciences sociales et humaines ont justement
exploité la nature sociale ou relationnelle de l'homme:
la polarisation du structuralisme avant les années 1970, et aujourd'hui
le naturalisme biologique, causal et fonctionnel après les années
1990 trouvent là aussi leur justification.
Articuler le triple concept de la définition de
l'homme en tant qu'il est homme culturel, naturel et social, c'est
opérationnaliser avec certains concepts, qui doivent être
identifiés comme structures élémentaires sous
forme logico-mathématique en tant que « possibilité
potentialité », pour parler en philosophe ontologiste et se
référer à la notion du « Devenir». La loi
de transformation du Devenir est rendue comme des relations de
causalité ou d'intentionnalité des entités
relevantes qui les traversent : le mental, l'action et le langage(ou les
actes de langage).
Une telle formulation pourrait faire problème pour les
non philosophes, c'est pourtant le lieu de l'affirmer, la philosophie reste au
coeur de la fondation des sciences Sociales et Humaines, elle en constitue
l'épine dorsale. Toute forme d'innovation principielle passe toujours
déjà nécessairement par la philosophie, en l'occurrence
aujourd'hui la philosophie de la nature sous sa forme physicaliste ou sous sa
forme biologique.
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