V-1 DISCUSSION
Dans ce chapitre, après présentation des
résultats de notre étude, nous allons procéder à la
discussion des données pertinentes afin de dégager des
stratégies pouvant permettre de renforcer les connaissances des femmes
enceintes et leur montrer la grande portée des CPN sur le
déroulement harmonieux de la gestation tant du côté
maternel que foetal en rapport avec les cinq variables utilisées
à savoir l'âge, la situation matrimoniale, le niveau
d'étude, la profession et le nombre de grossesse.
Cette discussion se fera selon les points
ci-après :
Ø Les caractéristiques des
répondantes ;
Ø Les données recueillies par notre instrument
portant sur les connaissances.
V.1-1 CARACTERISTIQUES DES REPONDANTES
Un regard porté sur la tranche d'âge (cf.
figure 1), nous fait observer que la majeure partie de notre
échantillon est constituée des femmes âgées de 21
à 30 ans : 68.75%. Ce pourcentage pourrait s'expliquer par le fait
que c'est la tranche d'âge sexuellement plus active.
Concernant la profession (cf. figure 2), la
majorité de l'échantillon est constituée des
ménagères soit 33.75% ; ceci pourrait être dû
à leur entière disponibilité ou alors qu'elles valorisent
plus la grossesse que les autres femmes qui préfèreraient
accorder plus de temps à leurs activités respectives.
S'agissant du statut matrimonial (cf. figure
3), la majorité est constituée des femmes
mariées, 46 soit 57.50% ; le soutien moral et même financier
du conjoint pour le suivi de la gestation serait peut être à
l'origine de ce pourcentage élevé.
En ce qui concerne le niveau d'étude (cf.
figure 4), nous observons que la majorité est faite des femmes
ayant le niveau secondaire, 51 soit 63.75%; toutefois, le nombre de femmes
ayant le niveau supérieur n'est pas négligeable : 14 soit
17.50% ce qui n'est que normal car de plus en plus les femmes cumulent
l'école et les maternités.
S'agissant du nombre de grossesse (cf. figure
5), nous remarquons que la majeure partie de l'échantillon, 46
soit 57.50% ont un nombre de grossesse compris entre 1 et 2 ; quoique en
Afrique on identifie l'Homme par le nombre d'enfants ; les femmes
aujourd'hui sont déjà conscientes des risques
élevés liés à la parité nombreuse.
V.1-2 CONNAISSANCES DES REPONDANTES
S'agissant de la définition de la CPN (cf.
tableau1), 63 des 80 répondantes ont donné la bonne
réponse soit 78.75% avec un haut pourcentage (100%) du niveau
supérieur suivi du niveau secondaire (80.76%) tandis que 17 des 80
répondantes soit 21.25% ont donné les fausses réponses
avec une prépondérance observée chez les non
scolarisées (71.43%) suivi du niveau primaire 28.58% ; ce qui
démontre le niveau d'étude a une influence positive sur les
connaissances répondantes.
Par ailleurs, parlant du moment à partir duquel il
faudrait commencer les CPN(cf. tableau2), 55
répondantes des 80 soit 68.75% ont donné la bonne réponse
surtout avec une prédominance de celles du niveau supérieur,
78.57% ; suivi du niveau secondaire 37 soit 71.15% ; par contre 25
répondantes des 80 soit 31.25% pensent qu'il faut commencer soit quand
on est malade, quand le ventre prend le volume ou encore lorsque le terme
approche avec un pourcentage de 77.43% des non scolarisées, ce qui
montrerait un déficit en connaissances. Or d'après l'OMS(2005),
toute femme enceinte devrait commencer les CPN avant la 16ème
semaine ou au moment où elle pense qu'elle est enceinte.
Parlant de la raison pour laquelle une femme enceinte doit
faire les CPN (cf. tableau3), 48 des 80 répondantes
soit 60% ont donné la bonne réponse avec une
représentation marquée des femmes du niveau supérieur (14
soit 100%) suivi du secondaire (30 soit 57.69%) ce qui est encourageant mais
reste à renforcer. On pourrait dire que l'éducation a une
influence positive sur les connaissances.
Quant à savoir s'il est nécessaire pour une
femme enceinte qui se porte bien de continuer les CPN (cf.
tableau4), 40 répondantes des 80 soit 50%, affirment qu'il est
important de continuer les CPN même si elles se portent bien avec un
taux élevé des femmes mariées :78.26% ce qui est
à encourager. En outre, 40 des 80 répondantes soit 50%
répondent par la négation avec une forte majorité des
femmes célibataires 30 soit 88.24%. Cette différence remarquable
entre les réponses des femmes mariées et celles
célibataires pourrait s'expliquer par l'assistance que les femmes
mariées obtiennent de leur conjoint. Les célibataires (88.24%)
qui disent non à la CPN si elles se portent bien pourraient avoir pour
mobile les difficultés financières.
S'agissant de la norme c'est-à-dire le minimum de CPN
à réaliser par une femme enceinte (cf. tableau5)
,12 répondantes des 80 soit 15% ont donné les fausses
réponses; par contre 28 des 80 soit 35% répondantes affirment
qu'elles n'ont aucune idée, nous constatons ici qu'il y a une
insuffisance de connaissances nécessitant une éducation. 40
répondantes des 80 soit 50% disent qu'il faut faire un minimum de 4 CPN
avec un pourcentage élevé de celles se trouvant à leur
première ou deuxième geste (25 soit 49.02%). Ceci pourrait
s'expliquer par l'enthousiasme que suscitent les premières grossesses
pour un couple. Ce minimum est aussi recommandé par
l'OMS(2006).
D'après le tableau6, nous remarquons
que 36 répondantes des 80(soit 45%) pensent qu'on peut considérer
la grossesse comme une maladie, ce qui est contraire à
l'énoncé de la HAS (2005), selon lequel la
grossesse est un phénomène physiologique. Et d'ailleurs cette
option est largement partagée par nos répondantes du niveau
supérieur 11(soit 78.57%). Car une perception positive de la grossesse
comme étant un phénomène tout à fait physiologique
permet à la mère de vivre sa gestation d'une façon
épanouie et harmonieuse (Dr Pierre Panel).
S'agissant des médicaments qu'on peut prendre pendant
la grossesse et l'allaitement sans prescription médicale(cf.
tableau7), 58 réponses sur 85 attendues soit 68.24% sont en
faveur soit du Paracétamol ou l'Aspirine ou encore la Quinine pendant
la grossesse et l'allaitement sans prescription médicale, ce qui
est à décourager car selon Blandine Courbiere et al
(2004),l'automédication est fortement
déconseillée, que ce soit pendant la grossesse ou l'allaitement
vue les nombreux effets nocifs engendrés par cette dernière sur
le foetus. En outre, 27 réponses sur 85 attendues soit 31.76% attestent
qu'aucun médicament n'est autorisé que ce soit pendant la
grossesse ou l'allaitement sans prescription médicale.
25 répondantes soit 31.15% pensent qu'une femme
enceinte ne doit pas faire le sport (cf. figure6), ce qui est
un déficit de connaissances ; 55 répondantes soit 68.75%
disent qu'une femme enceinte doit faire le sport, mais on peut se demander si
elles savent quel type de sport est favorable dans leur état ?
Concernant le type de sport préconisé chez une
femme enceinte (cf. tableau8), 29 répondantes soit
36.25% n'ont aucune idée du type de sport indiqué et 30
répondantes soit 37.5% ont donné la bonne réponse à
savoir la marche à pied et la natation ; ce qui va dans le
même sens que B. Séguy et J.
Baudet(1985) qui stipulent que la marche à
pied et la natation sont d'excellents exercices pour la femme enceinte puisque
le sport a pour but de renforcer la paroi musculaire abdominale, assouplir les
articulations et les tissus et éloigner le stress.
Parlant des signes du travail de l'accouchement (cf.
figure7), 28 répondantes soit 35% affirment ne pas
connaître ces signes tandis que52 répondantes soit 69% nous font
savoir qu'elles connaissent ces signes, ce qui nécessite des
encouragements, car selon READ (accoucheur anglais), la
préparation psychologique et physique permettent de chasser la crainte
et de souligner l'aspect positif sur le plan moral et social de la
maternité.
Cherchant à connaître le signe d'entrée en
travail (cf. tableau9), 60 répondantes soit 75%
reparties comme suit : 50 répondantes soit 62.50% disent que c'est
la rupture de la poche des eaux et 10 répondantes soit 12.50% parlent de
la progression du foetus dans la filière génitale ce qui est
dangereux et signe d'un niveau de connaissances bas ; seulement 20
répondantes soit 25 % ont donné la bonne réponse à
savoir l'apparition des douleurs lombopelviennes et la perte du bouchon
muqueux.
Par rapport à la question visant à rechercher
les règles à observer pendant les contractions (cf.
tableau10), 13 réponses soit 13.83% sont fausses avec une forte
majorité provenant des non scolarisées soit 33.33% ; par
ailleurs, nous avons obtenu des 94réponses 81 bonnes soit 86.17% qui
stipulent que la femme en travail doit éviter de crier mais
plutôt ouvrir la bouche et respirer, éviter de parler et de
s'inquiéter surtout avec 90.16% du niveau secondaire suivi du
supérieur 87.50%.Les connaissances par rapport aux règles
à observer pendant les contractions seraient influencées par le
niveau d'étude. Séguy et J. Baudet (1985) disent
que la préparation physique revêt deux types d'exercices en vue de
faciliter le déroulement de l'accouchement : les exercices de
respiration et de détente et les exercices musculaires visant à
coordonner la respiration et l'effort musculaire pour obtenir des efforts
expulsifs de bonne efficacité et ce pendant les CPN.
Quant à la question visant à savoir ce que veut
dire bien manger pendant la grossesse(cf. figure 8), 42
répondantes soit 52.50% disent qu'il s'agit de manger à chaque
moment ou encore qu'il s'agit de manger pour deux c'est-à-dire beaucoup
plus ; 38 répondantes soit 47.50% affirment qu'il s'agit de manger
deux fois mieux mais pas deux fois plus. Au regard de ces réponses,
manger beaucoup plus selon la littérature risquerait de créer
beaucoup de troubles pour la suite de la grossesse tel qu'un diabète
gestationnel et même pendant l'accouchement telle qu'une macrosomie
foetale dont l'issue pourrait être une césarienne. Manger
deux fois mieux mais pas deux fois plus est encourageant comme
réponse et reste encore à renforcer, à cet effet,
F. Pierre et al (2000) stipulent que l'alimentation
de la femme enceinte doit s'adapter à ses besoins personnels et à
ceux du foetus ; également la femme enceinte doit suivre un
régime alimentaire et ne doit pas « manger pour deux » mais
manger deux fois mieux car une alimentation saine, variée et
équilibrée est conseillée pendant la grossesse puisqu'elle
permet de couvrir la totalité des besoins nutritionnels.
S'agissant du nombre de kilogramme à prendre durant
toute la grossesse (cf. tableau11), 28 des 80
répondantes soit 35% n'ont pas trouvé le nombre exact de kg moyen
à prendre, ce qui est inquiétant vue les complications qui
découlent d'un surpoids ; ceci pourrait être dû au
fait qu'elles sont encore au début de leur maternité mais aussi
une IEC/CCC mal conduite par le personnel soignant peut en être la
cause.25 des 80 répondantes soit 31.25% ont donné la bonne
réponse, avec un pourcentage de 50% chez celles portant leur
7ème ou 8èmegeste suivi de 33.33% venant de
celles portant leur 1ère ou 2ème geste ce
qui doit être encouragé mais nécessite un renforcement de
connaissances ; comme l'affirment B. Séguy et J. Baudet
(1985)une femme enceinte ne doit pas prendre plus de 9 à 12 kg
pendant toute la grossesse soit en moyenne 500grammes/mois pendant les trois
premiers mois, 1kg /mois pendant le deuxième trimestre et 2kg/mois
pendant le troisième trimestre ; car tout excès de poids est
un préjudice non seulement esthétique mais un réel danger
pour le foetus et parfois la mère elle-même à l'instar de
la pré éclampsie, le diabète gestationnel, des
malformations et une macrosomie foetale.
Cherchant à savoir si l'on peut nourrir un enfant
exclusivement au lait maternel pendant les six premiers mois(cf. figure
9), 50 répondantes soit 62.5% l'attestent ce qui est vrai et
montrent qu'elles possèdent des connaissances ; mais il n'est pas
à négliger que 30 répondantes soit 37.5% ont
répondu par la négation, ce qui montre des déficits en
connaissances car selon l'OMS, l'aliment parfait pour le
nouveau-né qui doit commencer à s'alimenter dès la
première heure qui suit la naissance demeure l'allaitement exclusif au
sein recommandé jusqu'à l'âge de six mois en l'absence
d'une contre-indication quelconque.
S'agissant de l'âge du sevrage (cf.
tableau12), nous avons obtenu un pourcentage élevé des
fonctionnaires (87.5%), commerçantes (54.44%) et
élève/étudiantes (75%) qui affirment commencer le sevrage
à partir de 04 mois ce qui est faux et montre un manque de
connaissances. Ceci pourrait être dû à leurs occupations
quotidiennes qui ne leur laissent pas le temps de se concentrer aux CPN.
Il est également à noter que : 25% des
élèves/étudiants, 27% des commerçantes, 55.56% des
ménagères et 66.67% des sans-emploi attestent faire le sevrage
à 06 mois ce qui est juste et nécessite d'être
renforcé. 29.63% des ménagères, 33.33% des sans-emploi
disent qu'elles font le sevrage à partir de 09 mois ; ceci serait
dû à leur entière disponibilité, mais plutôt
que d'être bien, ce prolongement pourrait engendrer une malnutrition
chez l'enfant. Enfin, aucune répondante fonctionnaire, étudiante
ou encore commerçante n'imagine faire le sevrage à cet âge.
Il faut noter que l'OMS, l'UNICEF, le
programme national de nutrition-santé, la HAS et le
MSP recommandent l'allaitement maternel exclusif pendant
les six premiers mois de la vie, et sa poursuite jusqu'à l'âge de
deux ans selon le désir de l'enfant et de la mère.
Quant à la question visant à savoir comment
est-ce qu'une femme enceinte doit s'habiller et se chausser (cf. figure
10), 57 répondantes soit 71.25% ne connaissent pas comment doit
s'habiller et se chausser une gestante ce qui marque ici un déficit en
connaissances ; 23 répondantes soit 28.75% savent qu'une femme
enceinte doit porter des habits amples, chaussures à talons
légers et pas serrées. Ceci est en nette collaboration avec
B. Séguy et J. Baudet (1985), qui
stipulent que, les vêtements de la femme enceinte doivent être
amples et adaptés au développement de la grossesse, de
manière à ne pas serrer. Quant aux chaussures, elles doivent
assurer un appui stable et éviter l'excès de lordose lombaire.
Sont donc à éviter les chaussures à talons hauts et
pointus et les talons plats fatiguant la voûte plantaire.
Parlant de l'espace inter génésique minimal
(cf. figure 11), plus de la moitié des
répondantes soit 58.75% attestent qu'il faut faire l'espacement de 2 ans
ce qui est tout à fait juste, car selon l'OMS en 2008
dans le Bureau Régionale de la Méditerranée orientale il
faut attendre au moins deux ans avant de concevoir à nouveau.18
répondantes soit 22.50% disent qu'il faut espacer de 3 ans les
accouchements ce qui est faux, car il faut un minimum de 2 ans et un maximum de
4 ans(OMS, 2008).
|