REPUBLIQUE DU CAMEROUN
REPUBLIC OF CAMEROON
Paix - Travail - Patrie
Peace - Work - Fatherland
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MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT
MINISTRY OF HIGHER
EDUCATION
SUPERIEUR
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UNIVERSITE DE NGAOUNDERE
UNIVERSITY OF NGAOUNDERE
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FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES
FACULTY OF ECONOMICS
AND
ET DE GESTION
MANAGEMENT
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DEPARTMENT DE MARKETING
MARKETING
DEPARTMENT
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B.P 454 Ngaoundéré
P.O. BOX 454 Ngaoundéré
Tel Fax (237) 2252765
Tel Fax (237) 2252765
ANALYSE DES COMPETENCES DES PROPRIETAIRES-DIRIGEANTS
D'ENTREPRISE AU GRAND NORD CAMEROUN
Mémoire rédigé et
présenté en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes
Approfondies (DEA) en marketing- stratégie
Par
FADIMATOU GOÏTA
Maître es management
Sous la supervision de :
Pr TSAPI Victor
Doyen de faculté des sciences économiques et de
gestion de l'université de Ngaoundéré
Sous la direction de :
Dr NGONGANG Dagobert
Chargé de cours à la faculté des sciences
économiques et de gestion de l'université de
Ngaoundéré
Année académique 2005/2006
CONTEXTE DE L'ETUDE
L'entreprise, élément central de
l'activité économique doit non seulement être
créée, mais se développer. Créer une entreprise
n'est dès lors pas perçu comme une fin en soi ; encore
faut-il qu'elle survive. Sammut (2005) le faisait d'ailleurs remarquer :
« créer c'est une chose, durer en est une autre ».
L'entrepreneur qui est concerné au premier plan doit donc tout mettre en
jeu pour que son entreprise ait une espérance de vie assez longue. Pour
y parvenir, il doit posséder un certain nombre de connaissances
nécessaires pour le développement performant de son
organisation. Ceci nous amène à remarquer que le créateur
d'entreprise qui, dans le cas d'une PME, est généralement
propriétaire-dirigeant, doit posséder un peu de savoir, de
savoir-faire et de savoir être pour s'adapter à son environnement.
C'est dotant plus vrai qu'on est passé d'une logique de type recherche
de la productivité à une logique de type recherche de la
flexibilité et de la réactivité des entreprises.
En outre, l'environnement de l'entreprise étant en
perpétuelle évolution, la ressource humaine disponible en son
sein devrait être mobilisée et essayée de s'adapter au
contexte. Les propriétaires-dirigeants doivent posséder certaines
habilités afin de pouvoir faire face aux nouveaux défis de la
mondialisation et de la société de l'informatisation. Que
ça soit les salariés, les responsables hiérarchiques ou le
top manager, ils doivent tous mettre un accent sur le développement des
compétences. Ce dernier est généralement dans le cadre des
PME, le propriétaire-dirigeant qui doit mettre sa
«compétence au service d'une mobilisation collective qui se
mesure en terme d'efficacité de résultats et d'adaptation au
changement » (Monchatre, 2003).
De même, dans les PME et TPE, le propriétaire
est très visible, il est présent sur les lieux de travail et
entretien un dialogue constant avec les employés ; il est dans la
plupart des cas un propriétaire-exploitant, un entrepreneur qui
consacre beaucoup de temps à l'exploitation de son entreprise (CQRHT,
2005). C'est dire donc que la réussite de cette entreprise dépend
de ce dernier ou en d'autres termes, de ses aptitudes et de ses
capacités.
Plusieurs études montrent qu'il y a une certaine
passivité des créateurs d'entreprises vu le nombre sans cesse
croissant de disparition d'entreprises. Dans une étude menée par
Quinty (2005) au Canada sur les cent quarante mille cinq cent (140 500)
PME créées chaque année, il n'en survit que huit mille
cinq cent (8 500) soit seulement 6 %. Qu'arrive-t-il aux 94 %
restant ? Quel mauvais sort les forces donc à fermer leurs
portes ?
Au Cameroun et particulièrement dans sa partie
septentrionale, le problème de survie des entreprises demeure. Selon
Kombou (1999), 73 % des entreprises créées dans cette partie du
pays ferment leurs portes avant leur 5e anniversaire. Cette
situation désastreuse n'est-elle pas due aux capacités même
des propriétaires-dirigeants ? Ces managers ont-ils des
compétences nécessaires pour pouvoir se maintenir dans un
contexte où la concurrence est de plus en plus rude ?
Au vu de tous ces impératifs, il y a lieu de se
préoccuper ou de se préoccuper davantage des compétences
des managers d'entreprise. C'est en tenant compte de tous ces problèmes
que nous avons choisi intituler notre présente étude :
Analyse des compétences des
propriétaires-dirigeants d'entreprise au Grand
Nord-Cameroun.
Pour nous permettre de mieux cerner les contours du sujet, il
nous parait indispensable de faire ressortir le problème posé par
cette recherche.
PROBLEMATIQUE
Les chercheurs en sciences de gestion se sont
intéressés à tracer le profil de personnalité du
dirigeant et à mettre en relation ce profil avec la performance et la
croissance de l'entreprise (Belley et al., 1998). Le concept de
compétence des managers a été exploré plutôt
par d'autres champs théoriques tels que : la sociologie, la
psychologie de travail, la science de l'éducation. Cet aspect
n'intéresse que très récemment les études en
sciences de gestion pour essayer de comprendre les réussites de
certaines entreprises. Quelques définitions du terme compétence
permettront de mieux éclairer la suite du travail.
Selon le Lexique de Gestion, la compétence est
l'ensemble des savoirs et savoir-faire mobilisés et combinés par
les individus dans un contexte productif qui ont fait preuve de leur
efficacité et qui sont reconnus comme pertinents et performants par les
tiers. Toutefois, la compétence peut être
appréhendée à différents niveaux.
Pour Charles-Pauvres et al. (2004), la
compétence est tout d'abord un attribut individuel. Elle est
« un ensemble de qualités personnelles et d'aptitudes qui
caractérisent directement un individu et permettent d'ailleurs de le
différencier ». Pris au niveau collectif, Gamot (1996) la
définit comme «la capacité reconnue à un collectif
de travail de faire face à une situation qui ne pourrait être
assumée par chacun de ses membres seuls ». Dans la même
lancée, Rouby et Thomas (2004) définissent la compétence
comme un «ensemble relativement stable et structuré de pratiques
maîtrisées, de compétences professionnelles et de
connaissances que des personnes ont acquises par la formation et
l'expérience et qu'elles peuvent actualiser ».
Le propriétaire-dirigeant doit faire preuve de
beaucoup d'habilités. Si les compétences d'un
généraliste en gestion peuvent s'acquérir au fil des
problèmes rencontrés, le propriétaire-dirigeant par contre
est acculé plus ou moins rapidement et plus ou moins
sévèrement à apprendre et tirer les leçons de ses
expériences (Sammut, 2005). Ce dernier, en assumant la fonction de
propriétaire-dirigeant, subit des pressions ; s'il n'est pas
réactif son entreprise sombrera à coup sûr. Dans une TPE et
une PME, l'espoir de toute l'entreprise repose sur le propriétaire
dirigeant ; ce dernier doit en principe être un bon manager.
Autrement dit, il doit être un chef d'orchestre qui coordonne et dirige
efficacement son équipe. La compétence d'un dirigeant est somme
toute un concept dynamique, indissociable à l'apprentissage et c'est
à juste titre que Levy-Leboyer (1996) affirme que :
«acquérir de nouvelles compétences n'est donc plus une
action antérieure au travail ou qui se déroule à
côté du travail. Elle se réalise au cours même du
travail et par son intermédiaire ».
Le manque de compétence est l'une des principales
causes de la non rentabilité voire de la fermeture des entreprises.
Plusieurs études mentionnent qu'en général, le dirigeant
de la petite entreprise manque de compétences en gestion, il est peu
outillé et prend peu de temps pour planifier. C'est dire que le
développement des entreprises est compromis faute de compétence.
Pour Penrose (1959) en effet, la croissance de la firme et plus
précisément les limites à cette croissance,
dépendent des capacités de son management. De plus, les
« difficultés de compétence » sont même
citées comme l'un des plus grands problèmes qui se posent dans le
domaine de la Gestion des Ressources Humaines (Mintzberg, 2005).
De nos jours, la concurrence s'accroît sur un
marché de plus en plus internationalisé. Les dirigeants de PME
sont pour leur part, obligés d'acquérir de nouvelles
connaissances. Ces derniers ont d'ailleurs plus de difficultés que les
dirigeants de grandes entreprises à trouver du temps et des fonds
nécessaires pour consacrer au développement de ces
compétences. Les compétences d'un propriétaire-dirigeant
doivent non seulement être maintenues, mais aussi
développées au même rythme que l'évolution de
l'environnement. Avec l'approche compétence, la part d'arbitraire tend
à diminuer dans l'explication du succès d'un dirigeant.
L'objet de cette présente recherche est
d'analyser les circonstances qui favorisent le développement des
compétences chez un propriétaire-dirigeant et de voir
l'importance que revêtent ces compétences.
Les principales questions de recherche sous-jacentes sont les
suivantes :
- les propriétaires-dirigeants du Grand Nord Cameroun
sont-ils compétents ?
- quels sont les déterminants socio-culturels qui
permettent le développement des compétences chez un
propriétaire-dirigeant ?
- quelles sont les implications des compétences d'un
propriétaire-dirigeant d'entreprise ?
INTERET
L'étude dont nous envisageons de mener sur les
compétences des propriétaires-dirigeants est importante à
plus d'un titre. Elle a un intérêt à la fois
théorique et pratique.
Sur le plan théorique, elle permettra de mieux
comprendre l'approche compétence dans laquelle s'inscrivent
désormais toutes les Ressources Humaines de l'entreprise d'une part.
D'autre part, s'inscrivant à l'intersection de plusieurs domaines
(stratégie, GRH et entrepreneuriat) elle mettra au clair l'importance du
concept de compétence en sciences de gestion.
Sur le plan pratique, cette recherche permettra aux
propriétaires-dirigeants de savoir la nécessité de
posséder des habilités entrepreneuriales et managériales.
Les structures d'incubation pourront à base des habiletés des
entrepreneurs, sélectionner les meilleurs projets à financer et
les programmes de formation devront s'enrichir davantage dans le
développement des compétences.
OBJECTIFS
Après avoir exposé l'intérêt de ce
travail de recherche, il reste à présent de préciser ses
objectifs. Séquentiellement, les objectifs de cette étude sont
les suivants :
- analyser le concept de compétence du
propriétaire-dirigeant ;
- identifier les facteurs socio-culturels favorisant le
développement des compétences chez
un propriétaire-dirigeant ;
- voir l'intérêt pour une entreprise d'avoir un
propriétaire-dirigeant compétent ;
- et faire une typologie des compétences des
propriétaires-dirigeants au Grand Nord Cameroun.
BASES D'HYPOTHESES ET HYPOTHESES
Longtemps délaissé pour d'autres champs
théoriques, l'étude des compétences des
propriétaires-dirigeants a commencé à intéresser
les chercheurs en sciences de gestion à partir des années quatre
vingt dix (90) dans un courant de recherche qui s'articule : l'approche
basée sur les comportements. Plusieurs aspects ont été
dès lors explorés autour de ce concept. Deux angles nous
intéressent particulièrement : celui portant sur les
facteurs facilitant l'émergence des compétences chez un individu
et l'importance de posséder ces compétences.
Selon Drucker (1985) l'émergence d'une économie
entrepreneuriale est autant un événement culturel et
psychologique qu'un événement économique et technologique.
Plusieurs facteurs paraissent jouer sur l'acquisition des compétences
chez un individu parmi lesquels le contexte socio-culturel. Ce contexte dans
lequel évolue un individu exerce une influence certaine sur son
comportement. Déjà au moment de la création d'entreprise,
Letowski (2004) précise que l'individu conjugue à la fois des
caractéristiques psychologiques et des facteurs tels que l'appartenance
à une famille d'entrepreneurs. L'influence du cadre familial ne
s'arrête pas au niveau de la création ; elle se poursuit dans
la façon même de gérer la structure mise sur pieds. Ceci
revient à dire que les compétences tant entrepreneuriales que
managériales subissent l'influence de l'environnement familial.
D'après Mbemba (1989), le contexte familial plus
précisément jouerait un rôle important dans l'acquisition
des compétences en raison de l'éducation apportée et en
particulier, de l'apprentissage par l'imitation des rôles adultes par
l'enfant. Cet environnement dans lequel évolue de manière
prédéterminée chaque individu participe au
façonnage de sa personnalité.
De l'accumulation des connaissances au fil des ans à
partir d'un héritage familial fort, l'individu acquiert des
compétences considérables (Reynaud et Simon, 2004). C'est dire
que la cohabitation familiale-entreprise peut contribuer au succès du
fait des connaissances acquises d'office (Mouline, 2000). Il semble même
que les entrepreneurs proviennent le plus souvent des familles où les
parents ou autres personnes proches sont eux-mêmes dans les affaires
(Gasse, 2002). Le cadre familial parait alors d'une grande importance dans
l'acquisition des habiletés et aptitudes chez un
dirigeant-propriétaire. Nous pouvons à partir de là
formuler notre première hypothèse qui s'intitule ainsi qu'il
suit :
H1 : L'origine familiale du
propriétaire-dirigeant lui procure des compétences
L'influence des facteurs socio-culturels va au delà du
simple lien de famille pour s'étendre sur la communauté toute
entière. Ainsi, dans une société, chaque communauté
ou groupe véhicule des valeurs à leurs membres. Pour Rasolofoson
(2003), en plus des facteurs individuels, les facteurs culturels peuvent
expliquer le comportement managérial car, « les cultures, les
besoins, les habitudes d'une région façonnent les comportements.
Les entrepreneurs les intègrent, les assimilent, les
interprètent, et cela se reflète dans leur façon d'agir,
de construire leur entreprise ».
En plus de l'idée que l'homme acquiert certaines
habitudes propre à sa culture, certains chercheurs vont au delà
pour dire que certaines cultures sont plus favorables à
l'entrepreneuriat que d'autres. C'est pourquoi Gasse (2002) trouve que
certaines sociétés, communautés ou groupes
véhiculent plus facilement les valeurs entrepreneuriales que d'autres.
Ainsi, les réseaux d'appartenance et les conventions sous-jacentes sont
des dispositifs permettant de mieux comprendre l'influence des cultures sur les
comportements des acteurs (Nkakleu, 2002). D'une façon ou d'une autre,
la culture a des incidences sur le comportement des individus. A partir de
là, nous pouvons énoncer notre deuxième
hypothèse :
H2 : la culture communautaire favorise le
développement des compétences chez un propriétaire-
dirigeant
Nous venons de voir que l'environnement socio-culturel
contribue énormément au développement des
compétences chez un propriétaire- dirigeant. Quels en sont les
effets inhérents ?
Les compétences du manager participent à la
rentabilité de sa structure. Pour Monchatre (2003), les
compétences d'un dirigeant peuvent participer à transformer
positivement les organisations et introduire un surcroît de performance
économique. En outre, en matière de création d'entreprise,
les compétences sont toujours exigées. C'est dans ce sens que
Letowski (2004) affirme : «si l'entrepreneuriat est la
capacité à s'adapter dans la durée à
« faire son beurre » dans un environnement concurrentiel,
cela suppose non seulement des valeurs mais aussi des aptitudes
personnelles ».
Le succès en particulier d'une petite entreprise
dépend des compétences de son propriétaire-dirigeant.
Pour Belley et al. (1998) le lien de causalité entre les
compétences et le rendement commence à intéresser les
chercheurs en management d'entreprise à partir des années quatre
vingt dix (90). Il trouve d'ailleurs que les compétences sont davantage
en proximité de la performance entrepreneuriale et explique aussi la
réussite des entrepreneurs. Rouby et Solle (2002) constatent d'ailleurs
que la place accordée à la ressource humaine a été
considérablement modifiée. De cette brève revue de la
littérature, découle notre troisième
hypothèse :
H3 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant permettent l'atteinte des objectifs de
l'entreprise
En effet, les compétences du
propriétaire-dirigeant doivent être mesurées en terme
d'efficacité de résultats et d'adaptation au changement.
D'ailleurs, la gestion par les compétences est présentée
comme l'une de ces nouvelles pratiques qui soutient la flexibilité et
l'adaptation continuelle de l'entreprise (Devos et Taskin, 2005). La
compétence du manager à cet effet, permet à la firme
d'être réactive en étant attentive aux évolutions
imposées par l'environnement. Parlant toujours de la souplesse des
organisations productives, Défelix et Retour (2002) pensent que la
gestion des compétences est le management stratégique qui va
stimuler la flexibilité.
Les actifs à valoriser sont désormais
l'intelligence, la connaissance, la motivation, en d'autres termes les
compétences des personnes pour permettre la rentabilité de
l'entreprise. Les travaux effectués par le CQRHT (2005) ont permis de
constater qu'après la période de démarrage, le
propriétaire/exploitant peut être désireux
d'améliorer ses compétences managériales pour favoriser
une meilleure rentabilité et une croissance accrue. Ainsi, la
compétence implique une intention d'atteindre à travers l'action
un résultat (objectifs) désiré et comme la décision
d'agir requiert certaines notion de cause à effet, le savoir et son
application à travers l'action sont à l'origine des concepts de
savoir-faire, des capacités et finalement des compétences
(Sanchez et al., 1996). De cette brève revue de la
littérature, découle notre quatrième hypothèse qui
s'articule comme suite :
H4 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant facilitent la flexibilité de
l'entreprise
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Nous adoptons pour cette recherche une démarche
hypothético-déductive. Cette démarche nécessite
dans un premier temps de faire une revue de la littérature sur les
compétences des propriétaires-dirigeants afin de revisiter les
différents auteurs. Dans un second temps, nous passerons à la
vérification empirique de nos hypothèses formulées pour
les confirmer ou les infirmer.
Notre choix de travailler au Grand Nord Cameroun n'est pas
fortuit. Il permettra de voir quelles compétences disposent les managers
dans ce contexte. Notre étude portera sur les TPE et les PME de tous les
secteurs d'activité puisque cette taille d'entreprise couvrira la quasi
totalité de structures présentes au Grand Nord.
À base du logiciel SPSS, nous ferons l'Analyse en
Composant Principal (ACP) et la régression linéaire pour la
vérification de nos hypothèses. Le support de collecte de
données sera le questionnaire à administrer aux
propriétaires-dirigeants des TPE et PME.
PLAN
Pour répondre aux questions de recherche
formulées, notre investigation sera bipartite. Dans la première
partie, nous présenterons l'approche compétence et les contours
du concept de compétence du propriétaire-dirigeant. Dans la
seconde partie, nous exposerons la méthodologie adoptée pour
mener à bien cette recherche et les résultats auxquelles nous
nous sommes parvenus.
PARTIE I : LE PROPRIETAIRE-DIRIGEANT DANS
L'APPROCHE COMPETENCE
Le management de l'entreprise requiert un certain nombre de
connaissances. Avec l'évolution rapide de l'environnement
économique dû aux phénomènes de mondialisation et de
la société de l'information, ces connaissances sont de plus en
plus exigées. Le dirigeant spécialisé dans la prise de
décisions relatives à la gestion de sa structure,
représente une figure importante dans la réussite de cette
dernière. Avec l'approche compétence dans laquelle s'inscrit
désormais toute la ressource humaine de l'entreprise, le top manager
n'est pas certainement épargné. Il doit posséder des
habiletés permettant d'évaluer si nécessaire sa
contribution propre à la bonne marche de l'entreprise. Le cadre
managérial africain se caractérise par la prédominance des
TPE et PME. Ces structures sont dans la plupart des cas pilotées par un
propriétaire-dirigeant. Le propriétaire-dirigeant a la
spécificité d'être en même temps propriétaire
et aussi exploitant de la firme. Cette délicatesse de rôle exige
de la part de ce dernier des habiletés et aptitudes nécessaires
au bon management de sa structure.
La première partie de cette recherche que nous abordons
comportera deux chapitres. Dans le premier chapitre, il sera question
d'examiner le propriétaire-dirigeant camerounais et de présenter
l'approche compétence.
Dans le second chapitre, nous essayerons de voir le lien
théorique qui existe d'une part entre les facteurs socio-culturels et
les compétences du propriétaire-dirigeant ; d'autre part
entre les compétences du propriétaire-dirigeant et le rendement
de l'entreprise.
CHAPITRE I : LE PROPRIETAIRE-DIRIGEANT CAMEROUNAIS
ET L'APPROCHE COMPETENCE
Le propriétaire-dirigeant comme tout autre individu
subit les influences tant politico-économiques que socio-culturelles du
contexte dans lequel il évolue. Il ne peut être compris en dehors
de la société à laquelle il appartient. Ainsi, que
ça soit le dirigeant ou sa structure, tous ont des
caractéristiques propres et des problèmes spécifiques. Cet
aspect fera l'objet de la première section. L'évolution de
l'environnement impose de plus en plus dans nos moeurs la considération
des compétences acquises. La question de la compétence en
management sera l'objet de notre seconde section.
SECTION I : LES CARACTERISTIQUES DES DIRIGEANTS
ET DES ENTREPRISES
Le propriétaire-dirigeant africain fait face à
des réalités différentes de celles qui prévalent
dans les pays occidentaux. Pour mieux comprendre sa fonction et son rôle,
nous passerons en revue les éléments qui le
caractérisent.
I - Les caractéristiques du
propriétaire-dirigeant
La PME ou la TPE est dirigée en grande partie par un
propriétaire/exploitant (CQRHT, 2005) qui consacre tout son temps
à l'exploitation de cette dernière. Dans ce type de structure, le
propriétaire est très visible. Il est présent dans les
lieux de travail et assure la bonne gestion de celle-ci. Cette catégorie
de manager est centrée sur le fonctionnement de leur entreprise. Il faut
noter que leurs caractéristiques sont très différentes par
rapport aux dirigeants de grande entreprise. Dans les petites entreprises, la
majorité d'entre eux privilégient les activités
reliées à l'exploitation de l'entreprise plutôt qu'à
l'organisation et la planification formelle (CQRHT, 2005).
En plus de la distinction suivant la taille, le
propriétaire/exploitant a des particularités qui le distinguent
du dirigeant salarié. Ce dernier est plus opportuniste et les relations
d'agence naissent dès lors avec le propriétaire de la firme.
Sambo (1996) trouve en effet que l'entrepreneur camerounais est assimilé
au chef d'entreprise en ce sens qu'il assume le rôle de dirigeant
correspondant à ses qualifications et ses compétences. Pour ce
chercheur en effet, cet entrepreneur est également quelqu'un qui
travaille pour son propre compte. Quels sont donc son profil et ses principaux
traits caractéristiques ? C'est sur ce point que nous nous
intéresserons dans les paragraphes suivants.
A- Le profil du
propriétaire-dirigeant camerounais
Chaque individu possède des caractéristiques
qui permettent de le distinguer des autres groupes : c'est le profil.
Selon le Dictionnaire Petit Robert, le profil renvoie à toute
représentation mettant en évidence certains traits qui permettent
de faire une inférence sur l'ensemble. De même, pour Sambo (1996),
il renvoie aux variables biologiques, socio-économiques et culturelles
ainsi qu'aux relations familiales et aux croyances traditionnelles. C'est le
profil et les relations familiales qui nous intéressent
particulièrement dans notre étude. Ce profil plutôt
professionnel peut être défini par les variables telles que la
profession antérieurement exercée, la situation professionnelle
au début de la création, l'expérience professionnelle et
la qualification professionnelle.
1- La formation
professionnelle
La formation professionnelle serait pour beaucoup un facteur
favorisant l'aptitude des propriétaires-dirigeants. Dans une
étude menée au Cameroun, Tchagang (1995) trouve que
l'expérience professionnelle est l'une des principales variables du
succès de l'entrepreneur. En plus, cette expérience influe sur le
potentiel entrepreneurial des individus. Cependant, le constat est clair :
les propriétaires-dirigeants camerounais sont peu formés. Ils ont
pour la plupart un niveau de formation scolaire et professionnelle bas. Une
enquête exploratoire effectuée par Brenner et al.
(1990)1(*) dans les milieux
Bamiléké au Cameroun indique un niveau de formation suivie des
propriétaires-dirigeants plutôt bas. D' ailleurs dans ce pays,
l'opinion publique pense que les propriétaires-dirigeants sont moins
bien formés que l'ensemble de la population parce que les
diplômés se retrouvent en majorité dans les plus hauts
fonctions de l'administration politique de l'Etat. Les managers des petites
entreprises camerounaises se caractérisent somme toute par un niveau de
formation un peu insuffisant. Qu'en est-il de leur environnement familial.
2- L'appartenance
familiale
Chacun de nous s'identifie à travers un environnement
familial. Bien que celui-ci soit d'une façon ou d'une autre une question
de prédisposition, il exerce une influence certaine sur le comportement
de l'individu. Dans une tentative de description d'un portrait robot du chef
d'entreprise camerounais, Sambo (1996) précise que c'est « un
homme sorti du rang, à l'origine exerçant un métier de
caste, tisserand, joaillier, forgeron [...] que lui a transmis son père
ou de sa propre initiative ». Déjà à ce niveau,
l'influence de la famille est très marquée. L'enfant par
imitation du rôle des adultes adopte leur métier et surtout
développe l'esprit de créativité.
Compte tenu de ce qui précède, nous constatons
bien qu'au Cameroun, le contexte familial ait un impact fut-il minime sur la
personnalité d'un manager d'entreprise. Il nous reste à
présent de voir les particularités d'un
propriétaire-dirigeant.
B - Les principaux traits des
dirigeants
Deux éléments font la particularité des
propriétaires-dirigeants de petite entreprise : d'une part sa
vocation d'artiste et d'autre part sa position d'artisan. Artiste parce qu'il
est un fonceur capable d'ouvrir les nouveaux chemins ; artisan du fait de
sa preuve de sagesse et d'expérience dans le domaine. Contrairement aux
grandes entreprises où la direction et la propriété sont
séparées, autrement dit où le propriétaire joue le
rôle d'artiste et le directeur le rôle d'artisan, dans les PME ces
deux rôles sont jumelés. Avant d'en arriver là qu'est ce
qu'un propriétaire-dirigeant ?
1- Le
propriétaire-dirigeant
Le propiétaire-dirigeant d'entreprise est cette
personne qui crée sa boîte et en assure l'exploitation. Il fait
en effet, la particularité des PME et TPE. Selon Mamboundou (2003), la
PME se diffère de la grande entreprise par la présence d'un
propriétaire-dirigeant. Ce dernier est en fait la principale ressource
de l'entreprise. Plusieurs travaux font la similitude entre le travail du
dirigeant d'un petite organisation et le créateur qui doit assumer des
rôles d'entrepreneur, de négociateur, d'agent de liaison,
d'observateur actif et d'opérateur (Charles-Pauvers et al.,
2004).
2- Les fonctions du
propriétaire-dirigeant
Le propriétaire-dirigeant camerounais est un
gestionnaire avant tout. Il dirige son entreprise au jour le jour en faisant
preuve de réalisme et du bon sens. Dans la plupart des cas, il n'a des
comptes à rendre à personne et est réceptif au conseil de
ses proches. Toutes ses forces sont mobilisées pour l'exploitation de
son entreprise. Dans certaines situations, il a dû être apprenti
pendant des longues années dans une structure avant d'ouvrir sa propre
boîte (Sambo, 1996).
En effet, l'une des principales caractéristiques de la
firme de petite dimension est la très forte personnalisation de la
gestion. Aussi Mamboundou (2003) précise que la symbiose entre le
propriétaire-dirigeant et son organisation fait que les objectifs de ce
dernier deviennent ceux de l'organisation. Autrement dit, les objectifs de
l'entrepreneur se traduisent à travers la gestion de sa structure.
En addition de son rôle de manager, le
propriétaire/exploitant est un passionné guidé par son
émotion. Il fait preuve d'entrepreneurship. C'est celui qui ose
démarrer son activité pour répondre à ses
aspirations en dépit des risques à subir. Il est en
général concentré sur l'exploitation de son entreprise. La
combinaison de ces deux rôles suscités donne au
propriétaire-dirigeant une image importante.
II - Les plus grands problèmes des
entreprises camerounaises
Indifféremment des contextes, les firmes font face
à un certain nombre de difficultés. Ces difficultés
peuvent varier en fonction de la taille de l'entreprise. Les firmes de petites
tailles dans leur vie rencontrent des problèmes entre autre de
financement, du manque de compétence en gestion. Comment ces
dernières font-ils pour survivre ? Nous essayerons de voir les
stratégies mises en oeuvre par les entreprises camerounaises et les
nouvelles difficultés auxquelles elles sont confrontées dans un
monde qui se veut de plus en plus un village planétaire. D'un autre
côté, nous décrirons l'environnement dans lequel
évoluent ces firmes.
A- La question de survie
Toute organisation productive est confrontée à
des multiples questions de gestion courante et à des problèmes
d'expansion. L'une des plus grandes difficultés propres à toutes
structures africaines provient de l'implantation d'une technologie
importée déjà éprouvée dans les pays
industrialisés occidentaux, nécessitant une adaptation importante
des ressources humaines et matérielles (Mbemba, 1996). En plus de cela,
le propriétaire-dirigeant apparaît isolé dans la conduite
de ses affaires ; il a très peu ou pas de contacts avec les
banquiers ou les bailleurs de fonds du secteur formel. Il vit comme le disait
Mbemba (1996) en dehors des contextes économiques national et
international.
1- La stagnation des PME
Les organisations africaines de petite taille sont souvent
victimes des crises de croissance. Leurs managers sont confrontés aux
multiples difficultés suscitées. Malgré
l'intérêt porté ces dernières années sur les
PME, tant en théorie qu'en pratique, du fait de leur capacité
d'adaptation, d'innovation, d'accès à la technologie,
d'absorption des chômeurs ; ces entreprises ont des résultats
médiocres (Sambo, 2000). Une telle contre performance est liée
à un certain nombre de contraintes conjoncturelles et
systémiques, comptables et financières, commerciales et sociales,
culturelles et traditionnelles, ou liées à leur taille et
à leur spécialité.
Comme nous l'avons vu plus haut, la gestion des PME est
personnalisée, tout le pouvoir est centralisé au niveau du
propriétaire-dirigeant. Dans ces conditions, ses aptitudes et
habiletés, ses valeurs et comportements exercent une influence beaucoup
plus décisive sur la gestion de l'entreprise au point d'affecter sa
performance (Sambo, 2000). Les causes de cette défaillance des PME
camerounaises sont selon Kombou (1999) consécutives aux
déficiences du talent managérial avec pour conséquences le
manque ou l'insuffisance des compétences.
2- Les nouvelles difficultés de
la mondialisation
A côté des difficultés de gestion interne
qu'éprouvent déjà les PME africaines, d'autres se
rajoutent avec la mouvance de la mondialisation et de la société
de l'information. La concurrence n'est désormais plus que
nationale ; les produits étrangers très compétitifs
entrent dans nos sociétés. Les produits nationaux doivent alors
rivaliser ceux étrangers pour pouvoir se maintenir sur le
marché.
B- L'environnement managérial
camerounais
L'environnement est le contexte dans lequel le
phénomène entrepreneurial émerge. Il est composé
des acteurs (parties prenantes et concurrents) autre que l'entrepreneur, les
institutions, les conventions, la culture et les ressources potentiels
(Verstraete, 1997)2(*). Cet
environnement peut être favorable ou non à la survie des
organisations productrices. Dans ce paragraphe, il sera question pour nous de
voir dans un premier temps quels types d'entreprises sont présentes dans
l'environnement camerounais en général ; dans un second
temps présenter quelques problèmes liés à ces
entreprises.
1- Les types d'entreprises
existantes
Au Cameroun, les entreprises se distinguent de part leur
taille, leur secteur d'activité et leur mode de gestion. On classe
généralement ces organisations en grande entreprise, petite et
moyenne entreprise et très petite entreprise. Bien que les
éléments distinctifs des unes par rapport aux autres varient
selon les pays, selon les auteurs, selon les industries ; plusieurs
auteurs s'accordent à dire que les firmes africaines sont pour la
plupart des PME et des TPE ( Sambo, 2000 ; Mamboundou, 2003). La TPE
faisant partir dans la plupart des cas du secteur informel. Le secteur formel
africain est donc principalement représenté par les PME.
En effet, les critères de taille sont nombreux.
Deux catégories de critères sont
généralement utilisés pour la définition de la
taille : les critères qualitatifs et les critères
quantitatifs. Les premières comprennent le mode de direction ou de
l'exercice du pouvoir et l'indépendance de l'entreprise. Cependant, les
critères quantitatifs sont plus utilisés car ils permettent un
repérage plus aisé des catégories de PME (Djuatio, 2000).
Il s'agit du chiffre d'affaires, de l'effectif des salariés, de la
valeur ajoutée et de la capacité de production. Dans le cadre de
notre étude c'est le critère de l'effectif des salariés
qui sera retenu car la mesure nous paraît plus concrète.
Le critère de l'effectif du personnel au Cameroun se
trouve dans le code des investissements de la loi n°66/IF/J du 10 juin
1960. Et ce n'est que depuis la loi du 20 mai 1970 portant création du
Centre d'Assistance aux PME (CAPME) qu'on utilise ce terme.
2- La présence des
coopératives
Le côté financement est le principal handicap
des petites entreprises du fait de la quasi impossibilité d'accès
au crédit bancaire. Ceci à cause des exigences des banques et
surtout en raison de l'absence de garanties et de documents de gestion. Ces
entreprises se tournent pour la plupart vers les institutions privées
d'octroi de crédit où les exigences sont allégées.
Selon Pony (1997), le petit entrepreneur camerounais pour se faire financer
sollicite l'emprunt auprès des sociétés
coopératives, les Groupement Initiative Communautaire (GIC), les Groupes
d'Intérêt Economique (GIE) auxquels on peut y adjoindre les
associations, les mutuelles et les clubs. C'est ce qui se traduit par la
prolifération de ces structures dans l'environnement camerounais. On
peut à titre illustratif citer la Crédit Communautaire d'Afrique
(CCA), la Mutuelle Communautaire de Croissance (MC²), Afriland Frist
Bank.
Le propriétaire-dirigeant africain en
général et camerounais en particulier, est un acteur, ayant des
objectifs propres qui orientent ses actions et comportements en entreprise.
C'est pourquoi l'une des principales caractéristiques de la firme de
petite taille est la très forte personnalisation de sa gestion.
Le concept central de notre étude est la
compétence, la deuxième section de ce chapitre sera
consacrée à son étude.
SECTION II : LA QUESTION DE LA COMPETENCE EN
MANAGEMENT
Pendant des années, la question de la
compétence du propriétaire-dirigeant était abordée
dans des recherches relevant des champs théoriques diverses. Elle
n'intéresse que très récemment le domaine sciences de
gestion. Cette notion de compétence entretien toujours un flou quant
à la sa signification véritable. Tantôt elle renvoie au
terme de « savoir-faire », tantôt elle a un
caractère plutôt fonctionnel (compétence marketing,
compétence financière, etc.). Plusieurs problématiques se
sont posées à cet effet. Celle qui retiendra notre attention
porte sur la compétence du dirigeant de petite entreprise
développée au départ par Sammut (1995). Cette
compétence concerne avant tout le manager de l'entreprise.
Dans les paragraphes suivants, nous irons à la source
de l'approche compétence pour arriver à un essai de clarification
du concept.
I - Des origines aux prolongements de
l'approche compétence
C'est à partir des années quatre vingt (80)
qu'on commence à s'intéresser effectivement à l'approche
basée sur les ressources et les compétences. Cette approche a
émergé selon Rouby et Thomas (2004) presque simultanément
dans les domaines du management stratégique et de la gestion des
ressources humaines pour se situer à leur intersection. Cette vision de
l'entreprise s'est prolongée pour aboutir finalement à quatre
principaux courants que nous verrons en détail un peu plus loin.
A- L'émergence de la logique
compétence
Tous les auteurs s'accordent pour affirmer que l'approche
basée sur les ressources et compétences trouve ses origines dans
les travaux de l'économiste américaine Penrose (1959) paru sous
le titre « Theory of the growth of the firm ». Plusieurs
auteurs se sont lancés dans la voie qu'elle a ouverte. Quelques uns
d'entre eux méritent d'être revisités.
1- Les prémices
économistes
C'est avec Penrose (1959)3(*) que l'intérêt est mis sur la
manière dont les processus internes des firmes affectent leur
comportement. Elle s'est concentrée sur le
« pourquoi » et le « comment » de la
croissance des firmes. Selon cette auteur, cette croissance, et plus
précisément les limites à cette croissance,
dépendent des capacités de son management et en particulier de
ces trois aspects :
- le premier aspect est la capacité de sa
direction à reconnaître une demande du marché qui offre
à la firme des opportunités adaptées aux services que ses
ressources disponibles peuvent fournir ;
- le deuxième aspect est la capacité
de la direction à combiner les ressources disponibles de la firme avec
de nouvelles ressources nécessaires pour être compétitive
dans un nouveau marché géographique ou sur un nouveau
produit ;
- et enfin, le dernier aspect est la propension de
la direction à accepter le risque inhérent aux tentatives
d'utilisation de nouvelles combinaisons afin de satisfaire de nouvelles
demandes du marché.
Parlant des compétences de l'équipe dirigeante,
Penrose (1959) souligne que la croissance de la firme va se trouver à la
fois encouragée et limitée par le processus véritablement
dynamique et enteractif qui apparaît lorsque l'équipe dirigeante
va chercher le meilleur usage possible des ressources à sa disposition.
De tous les services productifs, les compétences managériaux sont
ceux dont chaque firme devra impérativement faire usage en raison de
leur nature profonde (Penrose, 1959).
2- Quelques pionniers de l'approche
ressources et compétences
A la suite de Penrose (1959), plusieurs chercheurs se sont
intéressés au concept de compétence organisationnelle
particulièrement. Ce n'est qu'à partir des travaux de Wesnerfelt
(1984), Barney (1986), Cool et Derickx (1989), et Prahalat et Hamel
(1990)4(*) que cette
approche prend son véritable envol. En effet, ces auteurs ont
contribué à donner une connotation plus
« managériale » à cette théorie
(Patin, 2004). Par la suite Prahalad et Hamel (1995) se sont
intéressés aux compétences fondamentales et surtout
à la question de l'exploitation des compétences
organisationnelles, une fois détenues par l'entreprise (Rouby et Thomas,
2004).
B -Les principaux courants de l'approche
ressources et compétences
Plusieurs courants de pensées se réclament de
l'approche par les ressources et les compétences. Il s'agit de la
Resource-based view, la théorie des compétences fondamentales ou
Competence Based Competition, la théorie des capacités dynamiques
et l'Ecole évolutionniste. Ces différents courants se rejoignent
sur l'idée que les firmes sont profondément
hétérogènes de par les ressources qu'elles peuvent
mobiliser.
1- La Resource-based View
Les premiers auteurs à s'être penchés sur
le concept de compétence organisationnelle sont ceux de la
Resource-based View (RBV) (Rouby et Thomas, 2004). La firme est vue comme un
patrimoine de ressources, un fonds de ressources externes internalisables ou
internes externalisables. Ici, les compétences sont fondamentalement
liées à l'expérience accumulée dans le temps et
dans l'espace et confèrent un différentiel fonctionnel à
l'entreprise qui en est dépositaire. Ce courant se focalise sur
l'ensemble des ressources de l'entreprise qu'elles soient tangibles ou
intangibles et néglige les aspects endogènes du
développement de la firme. Il s'inscrit dès lors dans une
perspective statique contrairement aux autres courants de pensées.
Cette perspective a cherché à partir des
travaux de Penrose (1959) à préciser la nature des ressources
à l'origine des avantages concurrentiels des firmes (Reynaud et Simon,
2004). Qu'en est-il de la théorie des compétences
fondamentales.
2- La théorie des
compétences fondamentales
C'est avec Prahalad et Hamel (1990) qu'est apparu la
théorie des compétences fondamentales (CBC). Elle
s'intéresse quant à elle à l'exploitation des
compétences une fois celle-ci détenues par la firme. Cela rejoint
la visée essentiellement opérationnelle de ces travaux et leur
articulation autour d'une réflexion à propos de la
méthodologie à employer par l'entreprise pour identifier et
valoriser ses compétences (Prahalad et Hamel, 1990, 1995).
Les multiples définitions qui se superposent les unes
aux autres, privilégient toutes une représentation de la
compétence en tant qu'ensemble combiné de savoirs divers et de
technologie qui permet à l'entreprise de proposer un avantage
particulier à la clientèle (Rouby et Thomas, 2004). Y a-t-il
alors de différence entre capacités et compétences d'une
organisation ?
3- La théorie des
capacités dynamiques
Dans la théorie des capacités dynamiques (CD),
la frontière entre notion de compétence et de capacité
organisationnelle est tenue. Compétences et capacités constituent
une base stable sur laquelle l'entreprise fonde son développement et
ancre sa stratégie. Pour Sanchez et al. (1996) alors que les
compétences renvoient aux savoirs fondamentaux, dont dispose
l'entreprise, notamment dans le domaine technologique, les capacités ont
traits au savoir-faire de l'entreprise qui conditionne la qualité de la
mise en oeuvre des compétences centrales.
En substance, nous retiendrons que les capacités
dynamiques dépendent des processus organisationnels, de processus de
décision stratégique, de processus d'acquisition de nouvelles
ressources.
4- L'école
évolutionniste
Contrairement aux autres courants de l'approche sur les
ressources et les compétences, l'Ecole Evolutionniste (EE)
s'intéresse aux changements des systèmes économiques. Son
analyse se situe au niveau d'une population de firmes et donc ne concerne pas
qu'une seule firme. Ce courant a pour précurseur Nelson et Winter
(1982).
Les quatre courants peuvent se résumer dans le tableau
ci-après :
Tableau 1- Les différents courants
s'inscrivant dans l'approche par les ressources et les compétences
|
RBV
|
CBC CD
|
EE
|
Objet de recherche
|
Les sources de l'avantage concurrentiel
|
Le changement des systèmes économiques
|
Niveau d'analyse
|
La firme individuelle
|
Population de firmes
|
Types de ressources
|
Tout type de ressources
|
Principalement les ressources intangibles
|
Perspective
|
Statique
|
Dynamique
|
Conception de la stratégie
|
Tournée vers la quête des rentes ricardiennes
|
Attentive aux rentes schumpeteriennes
|
Rôle du management
|
Le bon dirigeant anticipe mieux que les autres et se souci
d'éviter l'imitation
|
Le bon dirigeant pousse l'entreprise à s'imiter
elle-même avant que les autres ne la fassent
|
Source : Koenig (1999), cité par
patin (2004)
II - Le concept de compétence
La définition du mot compétence entretien
toujours un flou dans la littérature. Pour arriver à mieux cerner
les contours du concept, nous verrons les éléments primordiaux de
la compétence ainsi que ses différentes composantes.
A- Les dimensions
génériques de la compétence
Toute personne qui aura à préciser ses grands
domaines de compétences devra inventorier à un niveau plus
élémentaire ses savoirs, son savoir-faire et son
savoir-être indispensable à la définition et à la
mise en oeuvre de sa vision. Ainsi, parmi les éléments qui
constituent les compétences, et par là même les objets de
la gestion par les compétences, on retrouve à degré divers
des savoirs, du savoir-faire et du savoir-être.
l- Le savoir
Les savoirs sont les connaissances de base nécessaires
à la constitution et au maintien de la compétence
recherchée (Rouby et Solle, 2002). Ils constituent une base
théorique de la compétence. Bellier (1999) parle de l'approche
par les savoirs. Ainsi les premières applications de la gestion par les
compétences dans l'entreprise, à travers les pratiques de gestion
prévisionnelle de l'emploi, relevaient sans doute d'une approche par les
savoirs (Devos et Taskin, 2005).
2- Le savoir-faire
Le savoir-faire se développe en regard de ces savoirs
de base, pour stimuler leur développement ou leur mise en oeuvre (Rouby
et Solle, 2002). Ils renvoient ici à la dimension pratique da la
compétence exprimée à travers l'action. Selon Devos et
Taskin (2005), c'est avec le développement de la notion de
compétence et de son utilisation dans les pratiques de gestion, que sont
apparus les modèles basés sur l'approche par le savoir-faire.
3- Le
savoir-être
Le savoir-être à instaurer est l'attitude
individuelle et collective qui va permettre le développement des savoirs
et savoir-faire inventoriés comme fondamentaux (Rouby et Solle, 2002).
Ils recouvrent les aspects sociaux et comportementaux de la
compétence.
En somme, la compétence individuelle est un processus
combinatoire dans la mesure où elle se comprend dans l'interaction
dynamique entre savoirs, savoir-faire et savoir-être. En clair, Durand
(2000) précise qu'il existe une dynamique d'accumulation des
compétences. Pour lui, la compétence résulte de la
connaissance (savoir), du savoir-faire et de l'attitude (savoir-être) en
référence aux trois catégories du Grec ancien :
episteme, techne, phronesis comme le résume le schéma
ci-dessous :
Schéma 1 : La dynamique
d'accumulation des compétences
Interactions
Actions
Compétences
Informations
Données
Comportements
Attitudes
Connaissances
Tour de main
Savoir-faire
Source :
Durand (2000)
B- Le volet tricomponentiel de la
compétence
La notion de la compétence peut se résumer
à travers trois composantes : personnelle, cognitive et sociale.
Charles-Pauvers et al. (2004) parlent de l'approche tricomponentielle
car cette approche insiste sur l'interaction individu-environnement et conclut
la nécessité d'une vision élargie de la compétence,
prenant particulièrement en compte l'identité personnelle et les
réseaux sociaux.
1- La
dimension personnelle
La composante personnelle est relative à un individu,
à sa personnalité, à ses aptitudes. Elle est en fait
déterminée par le profil de l'individu. La composante personnelle
prend en compte les qualifications susceptibles d'être pertinentes dans
l'exercice d'une activité professionnelle (Charles-Pauvers et
al., 2004).
2- La dimension
cognitive
La composante cognitive représente les connaissances
et expériences de l'individu. Cette dimension est relative à la
capacité de mémoriser d'un individu et prend en compte les
valeurs, les croyances, les intérêts, la passion et les autres
éléments d'identité (Charles-Pauvers et al.,
2004). Cette composante joue le rôle d'axe d'interprétation
permettant à des multiples compétences (relationnelles,
psychologiques, intellectuelles, etc.) de se mobiliser pour résoudre des
problèmes concrets.
3- La dimension sociale
La dimension sociale prend une signification double selon
Charles-Pauvers et al. (2004). Il s'agit à la fois de la
validation de la compétence de l'individu par l'extérieur et de
contacts sociaux que fournira des informations à l'individu. La
composante sociale de la compétence renvoie en quelque sorte aux
différents contacts de l'individu avec son environnement. Elle fait
référence aux relations professionnelles et contacts sociaux
susceptibles de fournir des informations et opportunités.
La compétence est donc décomposée en
trois composantes : personnelle, cognitive et sociale. La frontière
entre les différentes catégories est parfois artificielle.
Faudrait donc pas croire que se sont des frontières infranchissables
entre les différentes catégories. L'approche tricomponentielle
peut se résumer dans le tableau suivant :
Tableau2 : Synthèse des
éléments de compétences relevés dans la
littérature
Composante
à dominance individuelle
|
Compétence
à dominance cognitive
|
Compétence
à dominance sociale
|
Capacité d'écoute ( Stuart et Abetti,
1988 ; Livian et Marion, 1991 ; Marion,1999)
Preuve de leadership dans le passé (MacMillan, Siegel
et Subba Narasimha, 1985,1987)
Capacité de diriger (MacMillan, Siegel et Subba
Narasimha, 1985,1987)
Capacité de fournir un effort intense (MacMillan,
Siegel et Subba Narasimha, 1985,1987)
Réactivité (Bruyat, 1993 ; Plashka et
Welsh, 1989)
Capacité d'auto-organisation (Bruyat, 1993 ;
Plashka et Welsh, 1989)
Efficacité de la gestion du temps (Bird, 1989 ;
Woo, Cooper, Nicholls-Nixon et Dunkelberg, 1990)
|
Expérience (Stuart et Abetti, 1988 ; Cooper,
Dunkelberg et Woo, 1986,1988)
Formation (Stuart et Abetti, 1988 ; Cooper, Dunkelberg et
Woo, 1986,1988)
Familiarité avec le marché (MacMillan, Siegel et
Subba Narasimha, 1985,1987)
Capacité d'évaluer le risque (MacMillan, Siegel
et Subba Narasimha, 1985,1987)
Perception du développement (Filion, 1990, 1991,
1997)
Capacité d'élaborer une stratégie
(Gartner, Mitchell et Vesper, 1989 ; Verstraete, 1997 ; Walsh,
Kirchhoff et Boylan, 1996)
Efficacité de la gestion de l'information (Woo, Cooper,
Nicholls-Nixon et Dunkelberg, 1990)
Capacité de développer les relations (Woo,
Cooper, et Dunkelberg, 1988 Gartner, Mitchell et Vesper, 1989 ;
Julien et Marchesnay, 1996)
Capacité de lier les relations, mais aussi de limiter
le développement des relations sous contraintes (Venkataraman, Van de
Ven, Buckeye et Hudson, 1990)
|
Capacité des mobilisations des réseaux (Aldrich
et Zimmer, 1986 ;Aldrich, Rosen et Woodward, 1987 ; Ward et Randall,
1989 ; Gibb, 1993 Butler, Phan et Hanesn, 1990)
Recours à des professionnelles, experts, conseil en
création (Turok, 1997 ; Viennet, 1990 ; Van de Ven, Hudson et
Schroeder, 1984)
Recours à une structure d'accueil et/ou d'incubation
(Cooper, 1985 ; Albert, 1986 ; Doutriaux, 1994 ; Cardozo,
Reynolds, Miller et Philips, 1989 ; Mian, 1997)
|
Source : Charles-Pauvers et al.
(2004)
En définitive, la compétence est une notion
dynamique indissociable de l'apprentissage. Elle a pour précurseur en
sciences économiques Penrose (1959), mais plusieurs travaux ont
donné une connotation plus managériale au concept. Pour parler de
compétence, il faut avoir certains éléments constitutifs
indispensables qui sont : le savoir, le savoir-faire et le
savoir-être.
Ce chapitre nous a permis de passer en revue tour à
tour les caractéristiques des propriétaires-dirigeants
camerounais et de leurs entreprises et les contours du concept de
compétence. Ce concept de compétence a émergé dans
certains champs théoriques avant de retenir l'attention des
gestionnaires. Plusieurs thématiques ont été dès
lors abordées. Deux entre elles retiendrons notre attention dans le
chapitre suivant : il s'agit des facteurs socio-culturels favorisant le
développement des compétences et les implications de celles-ci
sur l'efficacité du gestionnaire.
CHAPITRE II : L'ANALYSE DES COMPETENCES DU
PROPRIETAIRE-DIRIGEANT D'ENTREPRISE
L'exercice de n'importe quelle activité
nécessite un minimum de compétences. Il en va de même
pour le propriétaire-dirigeant. Etant soumis à plusieurs
contraintes entre autres l'atteinte des objectifs de résultat, le
propriétaire-dirigeant doit posséder un certain nombre de
compétences managériales. Ces dernières lui sont
primordiales dans la mesure où il est le principal stakeholders de
l'entreprise et il a donc intérêt à ce qu'elle fonctionne
dans des meilleures conditions. Cela ne veut pour autant pas dire que, le
manager doit posséder des compétences dans tous les domaines de
gestion. Ce qui est pratiquement impossible pour un individu au vue de sa
capacité intellectuelle et du temps qui lui est imparti. Mintzberg
(2005) révèle pour sa part qu' « acquérir
des compétences diverses ne fait pas nécessairement un manager
compétent ». La compétence n'a d'ailleurs de sens que
par rapport à l'action et au but poursuivit par l'action.
Ce chapitre portera dans un premier temps sur les types de
compétences rencontrés dans la littérature tout en sachant
qu'ils ne seront pas exhaustifs. Notre attention portera dans un second temps
sur le « comment » et le « pourquoi »
des compétences d'un propriétaire-dirigeant. Autrement dit,
comment les acquiert-il et quelle est son importance ?
SECTION I : LES DIFFERENTES ACCEPTIONS DE LA
COMPETENCE
Différentes compétences du
propriétaire-dirigeant ont été identifiées comme
influençant sa gestion. Nous revisiterons quelques typologies de
compétences présentes dans la littérature en passant par
une tentative d'opérationnalisation du concept.
I - Tentative
d'opérationnalisation du concept
Opérationnaliser un concept revient à le
matérialiser pour affiner les besoins en informations
c'est-à-dire le scinder en différents indicateurs pour le rendre
mesurable. Il n'existe pas de façon standard d'opérationnaliser
un concept ; elle dépend de chaque auteur et des idées qu'il
veut mettre en valeur. Cependant certains indicateurs reviennent de
façon récurrente chez la majorité de ces auteurs. C'est
sur ces indicateurs que nous nous appesantirons.
A- Quelques indicateurs de la
compétence
La compétence est une notion dynamique
c'est-à-dire qu'elle s'inscrit dans le temps et se construit à
travers de l'histoire de l'entreprise. Elle est comme le souligne
Charles-Pauvers et al. (2004) indissociable à l'apprentissage.
En plus, elle est contingente c'est-à-dire qu'elle n'a de sens que par
rapport à quelque chose.
En outre, la compétence est avant tout un construit
psychologique inféré et elle explique l'efficacité des
comportements (Belley et al., 1998). Elle représente ce qu'une
personne est capable de faire. Certains chercheurs à l'instar de
Petterson et Jacob (1992)5(*) expliquent la compétence par les
habiletés et les connaissances. Levy-Leboyer (1996) la mesure par les
savoirs, les aptitudes et les traits de personnalité, les connaissances
et le pouvoir. Trois concepts vont cependant retenir notre attention. Il s'agit
de l'aptitude, de l'habileté et de la connaissance.
1- Les aptitudes
Pour Tchagang (1995), les aptitudes sont des dispositions
profondes à faire quelque chose. Deux catégories d'aptitudes sont
nécessaires à la réussite du
propriétaire-dirigeant : les aptitudes stratégiques et
opérationnelles. L'aptitude stratégique du
propriétaire-dirigeant est sa capacité de
représenter l'avenir de son entreprise avec précision et
clarté, aussi bien à court terme qu'à long terme.
L'aptitude opérationnelle est celle nécessaire à la
gestion quotidienne de l'entreprise.
Belley et al. (1998) définissent les
aptitudes comme faisant référence aux capacités
potentielles qui influencent les apprentissages des comportements en
général. Elles sont dont latentes et peuvent s'exprimer à
travers l'exercice d'une activité. Bien qu'étant encore non
exprimées, les aptitudes d'un individu ont un impact sur son
comportement ; du moment où elles prédisposent l'individu
à faire quelque chose. Levy-Leboyer (1996) cependant jumelle l'aptitude
aux traits de personnalité. Dans le cas d'un dirigeant, ses aptitudes
regroupent les activités de communication, de planification, de
sensibilité, d'initiative, de contrôle, de raisonnement et de
comportement.
2- Les habilités
Les habiletés sont des capacités apprises, par
formation ou par expérience, à partir des aptitudes,
spécifiquement pour exécuter des tâches ou des fonctions
professionnelles à un emploi donné (Dussault et al.,
1998). Ceci revient à dire qu'on ne peut pas parler des habiletés
dans le cas d'un individu qui n'a jamais subit une formation ou acquis une
expérience quelconque. Les aptitudes servent donc à apprendre de
nouvelles habiletés. Dans le cas du propriétaire-dirigeant, il
acquiert des habiletés au jour le jour à partir de
l'expérience accumulée à travers l'exercice de sa
fonction.
3- Les connaissances
Les connaissances sont des habiletés
particulières fondées sur la possession de l'information
(Dussault et al., 1998). Ces connaissances peuvent être
théoriques et/ou pratiques. Théoriques, lorsque l'individu qui
s'en sert puise l'information de sa propre culture de l'esprit. Pratiques,
quand l'individu tire ces informations à base de son expérience
personnelle et professionnelle.
Suite à la présentation des
éléments constitutifs de la compétence, les chercheurs se
sont surtout intéressés à identifier et à
décrire les habiletés des entrepreneurs. Cela s'explique selon
Belley et al. (1998) par le fait que pour des tâches complexes,
les habiletés expliquent mieux la performance que les aptitudes. Les
tâches que doivent réaliser les
propriétaires-dirigeants sont d'une très grande
complexité, même pour les entrepreneurs dirigeant une jeune
entreprise artisanale. Dans le cadre de notre étude, nous retenons les
habiletés comme expliquant plus la compétence du
propriétaire-dirigeant.
B- Dépassement du concept de
qualification
Apparue dans le dialogue social dans les années quatre
vingt dix (90), la gestion des compétences a
bénéficié de tels effets d'annonce qu'il n'est pas
toujours aisé de démêler ce qui relève des discours
et de la pratique (Monchatre, 2003). Elle a soulevée à la fois
beaucoup d'attentes et de craintes car le concept de qualification devait
s'estomper au profit de celui de compétence. Le management des hommes
dans l'entreprise devrait changer alors de nature. Nous présenterons
dans les paragraphes suivants l'évolution de ces deux concepts et les
contreverses de cette rupture.
1- La qualification
Qualifier, c'est attribuer une valeur à une chose. La
définition théorique de la qualification est simple mais sa
définition pratique reste très complexe car il est difficile de
trouver un outil de gestion permettant de construire des relations
d'équivalence équitables entre des activités et des
rémunérations (Ewan, 2005).
Ewan (2005) délimite le champ de la qualification par
les quatre points cardinaux du concept. Ces points sont opposés deux
à deux et se résument à travers ces deux
questions :
- la qualification est-elle attachée à
l'organisation ou à l'individu ?
- les critères utilisés pour l'évaluer
sont-ils scientifiques ou le résultat d'un compromis social ?
Trois modèles de qualification se sont
succédés. Le premier modèle correspond à une
définition scientifique du poste de travail. Le deuxième propose
une définition sociale du poste de travail et enfin le troisième
créé carrément une rupture puisque n'utilise plus le
concept de poste de travail pour la définition de la qualification
(Ewan, 2005).
La qualification a donc connu une évolution
significative dans le temps. Elle n'est donc pas un concept statique. Le
concept de compétence annonce-t-il une rupture avec celui de la
qualification ?
2- De la qualification à la
compétence
Dans plusieurs pays de l'Europe, le concept de
compétence a été présenté comme celui qui
serait capable de relever le défi de la dynamique car s'inscrivait en
rupture par rapport aux définitions antérieures de la
qualification (Annac, 1985)6(*). L'idée de la rupture entre ces deux concepts
commence à abonder dans la littérature à partir des
années 90. Le concept de compétence à émergé
chez les béhavioristes. Ils essayaient d'établir une relation
causale entre les qualités personnelles et la performance à un
emploi. Cette première vision du concept était réellement
selon l'expression d'Ewan (2005) en nette rupture d'avec les modèles de
la qualification susmentionnés. La conception behavioriste a
été dénommée : premier modèle de la
compétence. Ce modèle annonce une claire distinction entre
compétence et qualification. Cependant, l'évolution du concept de
compétence va poser un paradoxe que nous tenterons de présenter
au paragraphe suivant.
3- Le paradoxe du glissement des
concepts
Le premier modèle de la compétence bien que en
rupture avec le concept de qualification, le débat ne portait pas sur la
définition même du concept mais sur les conséquences de son
utilisation en gestion des ressources humaines des entreprises. Il n'existe
donc pas deux définitions différentes de la compétence.
Mais, alors que les adeptes du second modèle voient dans ces
caractéristiques la source d'une gestion des ressources humaines
innovante, ces auteurs-critiques considèrent que celles-ci conduisent au
développement d'une gestion des ressources humaines individualisante et
destructrice. Ce deuxième modèle proposé n'est donc pas en
rupture avec la troisième définition de la qualification qui est
en fait la plus récente.
Ce éclairage d'Ewan (2005) sur le débat de la
compétence s'inscrit en rupture par rapport à ce qui est
habituellement avancé dans la littérature. Il est à
présent impératif de développer un discours sur les
évolutions et non sur la rupture que produit la gestion par les
compétences. Le tableau suivant est édifiant sur cette
évolution :
Tableau 3 : Comparaison des
modèles
Premier modèle de la compétence
(C1)
|
Second modèle de la compétence
()
|
Troisième modèle de la qualification
(Q3)
|
Détaché du poste de travail
(compétence)
|
Détaché du poste de travail
(compétence)
|
Détaché du poste de travail (fonction, ETED,
mission)
|
Attribut de l'individu
|
Accent sur le sujet
|
Accent sur le sujet
|
Englobe le savoir-être
|
Englobe le savoir-être
|
Englobe le savoir-être
|
Contextualité
|
Contextualité
|
Contextualité
|
Dynamique
|
Dynamique
|
Dynamique
|
Scientifique donc non négocié
|
Négocié
|
Négocié
|
Source : Ewan (2005)
II - Les typologies des
compétences
Depuis la décennie passée, les
compétences des individus sont devenues l'objet de gestion dans
l'organisation. Le repérage du concept de compétence dans les
sciences de gestion nous montre que cette thématique, en
référence aux travaux voisins des économistes et des
behavioristes, a émergé presque au même moment dans les
domaines de management stratégique et des ressources humaines pour se
situer à leur interaction (Rouby et Thomas, 2004).
Si les développements spécifiques à ces
deux domaines ne se sont pas réalisés de façon tout
à fait autonome, des divergences notables demeurent quant à leur
niveau d'analyse du concept et du choix de problématiques
associées, considérées comme pertinentes (Rouby, 2001).
Ceci du fait que le management stratégique s'intéresse à
la gestion stratégique des compétences organisationnelles (niveau
macro), la gestion des ressources humaines, à la gestion des
compétences individuelles (niveau micro) et dans une moindre mesure des
compétences collectives (niveau méso) (Rouby et Thomas, 2004).
Nous nous intéresserons aux compétences organisationnelles et
celles individuelles.
A- La compétence en
stratégie
La stratégie s'intéresse aux compétences
qu'acquiert l'organisation au fil du temps. Le concept de compétences
organisationnelles provient des auteurs de la Resource-based View. Il provient
de la coordination des ressources disponibles au sein de l'entreprise. Trois
approches seront ici retenues pour appréhender le concept de
compétence organisationnelle.
1-L'approche de Prahalad et Hamel
Certaines des compétences distinctives de l'entreprise
possèdent un caractère stratégique et sont celles que
Prahalad et Hamel (1995) qualifient de fondamentales. Pour ces derniers,
l'entreprise est comme un arbre. Le tronc et les branches principales
constituent les produits de base ; les petites branches sont des
unités et les feuilles, fleurs et fruits sont des produits vendus aux
clients. La racine qui apporte nourriture, soutien et stabilité, est la
compétence de base.
Les compétences de base sont un apprentissage
collectif de la manière de coordonner diverses compétences de
production et d'intégrer des multiples courants technologiques. Les
compétences de base ou coeur des compétences ou
compétences fondamentales d'après leurs propres termes, sont
composées de quatre facteurs : les savoirs,
les systèmes techniques, les systèmes de management et les
valeurs énormes.
Il n'est toujours pas évident de distinguer une
compétence de base (vision interne) d'un simple facteur clé de
succès (vision externe). Seulement :
- une compétence fondamentale se traduit
toujours par un facteur clé de succès dont l'inverse n'est pas
exacte ;
- une compétence est fondamentale si et
seulement si elle présente une valeur, un plus aux yeux des clients de
l'entreprise, sa maîtrise par l'entreprise est non contestée et
durable, elle fait preuve d'une certaine élasticité
c'est-à-dire si elle s'applique à d'autres produits que ceux
actuellement fabriqués.
2- L'approche de Reynaud et
Simon
L'approche par les compétences centrales postule que
le potentiel interne de l'entreprise détermine l'obtention des avantages
concurrentiels. Les ressources dont dispose l'entreprise doivent être
gérées de façon efficiente pour parvenir à une
différenciation. Selon l'approche prise par Reynaud et Simon (2004), en
présence d'un avantage solide chez 1 et d'un très faible avantage
chez 2, on a tout lieu de penser que les compétences de 1 sont centrales
alors que les compétences de 2 sont périphériques. Cette
appellation de compétences centrales a été introduite dans
la littérature par Reynaud (2001). Cette expression est d'une grande
importance dans la littérature dans la mesure où le
propriétaire-dirigeant serait renseigné sur les
caractéristiques à acquérir dans l'espoir de construire
des avantages concurrentiels durables. Pour opérationnaliser les
compétences centrales, Reynaud (2001) propose un cadre permettant de
distinguer les caractéristiques d'existence des caractéristiques
de persistance de ces dernières.
Pour les conditions d'existence, pour être
qualifiées de centrales, les compétences doivent être
monnayables et rares voire uniques. Monnayable, car les bénéfices
offerts par les compétences sont : l'accès potentiel
à une variété de marchés et la contribution aux
bénéfices perçus par les clients via les produits finaux
ainsi que la possibilité de transférer ses compétences
vers d'autres activités (Reynaud et Simon, 2004). Un attribut sera
source de différenciation que s'il est rare. La rareté d'une
compétence résulte de la rareté des ressources qui la
composent.
Les conditions de persistance résultent de la
difficulté d'échange, la difficulté de substitution et la
difficulté d'imitation.
Ainsi une entreprise a intérêt à
posséder les compétences dites centrales.
3- L'approche de Quélin et
Claude-Gaudillat
Quélin et Claude-Gaudillat (2004) ont pour leur part
distingué les compétences liées, diverses et
préexistantes. Ils se sont basés principalement sur les travaux
de Nelson et Winter (1982).
Les compétences liées sont définies comme
partageant une base de connaissances et de routines communes. Elles sont au
contraire non liées lorsqu'elles reposent sur des bases de connaissances
et de routines différentes. Développer les compétences non
liées implique l'acquisition d'une nouvelle connaissance et de nouvelles
routines (Nelson et Winter, 1982). De plus, le risque d'échec lié
au développement interne de compétences non liées est
élevé. Au contraire développer les compétences
liées signifie qu'une firme peut utiliser certains des fondations de ses
compétences existantes. A côté des compétences
liées et non liées, une entreprise peut posséder des
compétences diverses.
Avoir des compétences diverses signifie selon
Quélin et Claude-Gaudillat (2004) qu'une firme possède une gamme
de compétences fonctionnelles. Les firmes diversifiées sont plus
susceptibles d'utiliser les acquisitions plutôt que de
développement interne parce qu'elles bénéficient en
général d'une expérience précédente qui va
réduire les coûts d'acquisition (Quélin et
Claude-Gaudillat, 2004). Ici l'entreprise possède une
variété de savoir-faire susceptible de lui permettre
l'exploitation d'une nouvelle opportunité.
Enfin, certaines compétences sont au sens de
Quélin et Claude-Gaudillat (2004) qualifiées de
préexistantes c'est-à-dire préalable à
l'introduction de l'innovation. Les conditions d'accès à ce type
de compétence devraient différer de celles prévalant pour
les nouvelles compétences. Tandis que pour acquérir une nouvelle
compétence, l'entreprise doit s'engager dans un processus
d'apprentissage, les compétences préexistantes permettent
l'exploitation des nouvelles opportunités avec des compétences
déjà acquises par la firme.
En somme, une organisation pour faire face à la
concurrence doit développer en son sein divers types de
compétences. La principale ressource de toute organisation étant
l'homme, ce dernier doit à son tour posséder des connaissances
lui permettant d'assumer pleinement son rôle. C'est à quoi nous
nous intéresserons dans les paragraphes suivants.
B- La compétence en gestion des
ressources humaines
L'utilisation du concept de compétence en gestion de
ressources humaines remonte des travaux de Parlier (1994). Les auteurs de ce
courant de pensée s'intéressent aux compétences
individuelles et non plus organisationnelles. Ces compétences ont selon
Ewan (2005) les caractéristiques suivantes :
- elles sont une caractéristique
de l'individu ;
- elles sont
hétérogènes : englobent des savoir-faire techniques,
des comportements, des attitudes et un savoir-être ;
- elles sont
contextualisées : indissociables de l'activité pour laquelle
elles se manifestent ;
- elles sont dynamiques.
Nous étudierons essentiellement l'apport de Belley et
al. et de Mintzberg
1- L'approche de Belley et
al.
L'apport de Belley, Lorrain et Dussault (1998) s'inscrit dans
le courant de recherche qui s'intitule l'approche basée sur les
comportements. Ce courant indique clairement que les compétences de
l'entrepreneur sont les meilleurs prédicteurs de sa performance. Ils se
sont attelés à donner une réponse à la
question : quels sont les habiletés que doit maîtriser un
entrepreneur pour exécuter efficacement ses tâches de
propriétaire-dirigeant ? Belley et al. (1998) se sont
inspirés en partie des travaux de Lorrain et al. (1994). Ils
ont ainsi proposé une typologie plus complète des
compétences d'un propriétaire-dirigeant. Trois catégories
de compétences se dégagent : les compétences
entrepreneuriales, les compétences managériales et les
compétences techniques de gestion et du secteur. Le tableau suivant en
fait une synthèse.
Tableau 4 : Les habiletés des
entrepreneurs par catégories de compétence
Catégorie
|
Habiletés
|
Auteurs
|
Compétences entrepreneuriales
|
Capacités à identifier les opportunités
d'affaires
Capacité à élaborer une vision
d'entreprise
Capacités à créer et à
gérer son réseau d'affaires
Capacité à gérer son travail
|
Baum (1995), Chandler et Jansen (1992), Herron (1990), kimer
(1979), Milton (1989), Vesper (1989)
Filion (1989), Chandler et Jansen (1992), Hambrick et Crosier
(1985), Milton (1989)
Aldrich et al. (1987), Bird et jelenik (1988), Chandler et
Jansen (1992), Herron (1990), Ibrahim et Goodwind (1986)
Bird et Jelenik (1988), Deeks (1976)
|
Compétences managériales
|
Capacité à élaborer une stratégie
d'entreprise
Capacité à coordonner et à organiser les
activités de son entreprise
Capacité à diriger du personnel
Capacité à résoudre des
problèmes
Capacités à contrôler les activités
de son entreprise
Capacité à négocier
|
Ibrahim et Goodwin (1986), Lumpkin et al. (1988), Hofer et
Sanberg (1987)
Chandler et Jansen (1992), Herron (1990)
Baum (1995), Chandler et Jansen (1992), Herron (1990), Holfer
et Sanberg (1987), Ibrahim et Goodwin ((1986)
Deeks (1976)
Deeks (1976), Herron (1990)
Deeks (1976), Holfer et Sandberg (1987)
|
Compétences techniques de gestion et du secteur
|
Capacité à gérer les opérations
Capacité d'une gestion financière
Capacités d'une gestion de ressources humaines
Capacités d'une gestion marketing et des ventes
Capacités à gérer les lois et les
règlements gouvernementaux
|
Chandler et Jansen (1992), Deeks (1976), Lorrain et Dussault
(1988)
Deeks (1976), Ibrahim et Goodwin (1986), Lorrain et Dussault
(1988), Luk (1996), Lumpkin et al. (1988)
Deeks (1976), Lumpkin et al. (1988)
Lorrain et Dussault (1988), Luk (1996), Hand et al. (1978),
Smark et Conant (1994)
Deeks (1976)
|
Source : Lorrain et al.
(1998)
2- L'approche de Mintzberg
Mintzberg (2005) s'est intéressé dans son
dernier ouvrage « Des managers, des vrais ! Pas des
MBA », au type d'enseignement qui serait approprié aux
managers d'entreprise. Développer les compétences à
travers la formation n'est pas du tout évident ; cependant,
identifier une compétence managériale dans une classe de managers
serait en général une expérience énorme en la
matière (Mintzberg, 2005). Ainsi, il dresse une liste de
compétences nécessaires pour un dirigeant. Ces compétences
sont classées en personnelles, interpersonnelles, ayant trait à
l'information et opérationnelles comme le résume le tableau
suivant :
Tableau 5: Liste des compétences
managériales
A- Compétences personnelles
|
1- Compétences internes (réflexion, pensée
stratégique, etc.)
2- Compétences externes (gestion temps, information,
carrière, stress, etc.)
|
B- Compétences interpersonnelles
|
1- Direction d'individus (sélection,
enseignement/mentorat/coaching, savoir inspirer, traiter avec les experts,
etc.)
2- Direction de groupes (mise en place d'équipes,
résolution/médiation des conflits, processus de facilitation,
conduite des réunions, etc.)
3- Direction d'entreprise/entité (organiser, fusionner,
créer une culture d'entreprise, gérer le changement, etc.)
4- Etablir les liens entre entreprise/entité et son
environnement (réseaux, présentation, collaboration,
lobbying/promotion, négociation/contrat, manoeuvres de couloir, mise en
place de la protections/recherche d'alliés, etc.)
|
C- Compétences ayant trait à
l'information
|
1- Communication verbale (écoute, interview,
exposés, présentations/briefing, écriture, collecte et
diffusion d'informations, etc.)
2- Communication non verbale ( voir, sentir,etc.)
3- Analyse (traitement des données, modélisation,
mesure, évaluation, etc.)
|
D- Compétences
opérationnelles
|
1- Organiser (division des tâches, établissement des
priorités, fixation des ordres du jour, gestion du temps, urgence,
etc.)
2- Administrer (affecter les ressources, déléguer,
autoriser, systématiser, fixer les objectifs, évaluer les
performances, etc.)
3- Concevoir (planification, fabrication, vision, etc.)
4- Mobiliser (traitement des urgences, gestion des projets,
etc.)
|
Source : Mintzbreg (2005)
La compétence est somme toute un concept polymorphe,
différent de la qualification. Dans le domaine des sciences de gestion,
deux disciplines s'intéressent particulièrement à ce
concept : il s'agit de la stratégie et de la gestion des ressources
humaines. Toutefois, dans la suite de notre travail de recherche, nous nous
appesantirons exclusivement sur la compétence en gestion des ressources
humaines car permet de mieux cerner les capacités d'un
propriétaire-dirigeant d'entreprise.
SECTION II : DU DEVELOPPEMENT AUX IMPLICATIONS DES
COMPETENCES DU PROPRIETAIRE-DIRIGEANT
En tant que membre d'une société, l'homme
acquiert certaines habiletés. De même, dans le domaine du
management d'entreprise, il subit l'influence de plusieurs facteurs entre autre
l'environnement socioculturel et professionnel. Ces différents milieux
dans lequel il évolue simultanément peuvent soit être
favorables à la réussite du dirigeant, soit au contraire
défavorables. Seulement les compétences acquises entant que
membre de la société ont des implications dans la carrière
du manager. Nous allons nous intéresser dans cette section aux
éléments stimulateurs de la compétence et à ses
implications.
I - Les facteurs favorisant le
développement des compétences
Plusieurs facteurs influencent positivement ou
négativement l'activité de l'entreprise. Sur certains de ces
facteurs tels que l'expérience professionnelle, l'homme peut agir dans
le sens souhaité. Mais sur d'autres (milieu familial), il ne peut que
subir leur influence. Nous nous attarderons sur ces aspects dans les
paragraphes suivants.
A- L'environnement socio-culturel du
propriétaire dirigeant
Dès le jour de sa naissance, l'homme apprend ses modes
de comportement. Il assimile le système de valeurs
caractéristiques de sa culture qui résulte des efforts
passés de la société pour s'adapter à son
environnement et qui lui est transmis par différents groupes tel que la
famille. Ainsi, au sein de toute société, il existe un certain
nombre de groupes culturels ou sous-cultures qui permettent à leur
membre de s'identifier de façon plus précise à un
modèle de comportements : ce sont les facteurs socio-culturels.
Mais avant tout, l'individu subit l'influence du groupe primaire qui est la
famille. Ce groupe est souvent connu sous l'appellation de groupe de
référence.
1- L'origine familiale du
propriétaire-dirigeant
Chaque individu est influencé par différents
membres de sa famille. Il est utile de distinguer à cet effet deux
sortes de cellule familiale : la famille d'orientation et la famille de
procréation. La famille d'orientation nous intéresse à
plus d'un titre, car en son sein, l'individu acquiert certaines attitudes
envers la religion, la politique, l'économie mais aussi envers
lui-même, ses espoirs et ses ambitions. Il semble que selon Gasse (2002),
les entrepreneurs proviennent le plus souvent des familles où les
parents ou autres personnes proches sont eux-mêmes dans les affaires. On
peut penser alors que le jeune, en grandissant dans ce type de famille,
considère ses parents comme modèle à imiter. Ainsi, d'une
façon ou d'une autre, le propriétaire-dirigeant subit l'influence
de ses parents.
Déjà au moment de la création
d'entreprise, Letowski (2004) précise que l'individu conjugue à
la fois des caractéristiques psychologiques et des facteurs tels que
l'appartenance à une famille d'entrepreneurs. L'influence du cadre
familial ne s'arrête pas au niveau de la création ; elle se
poursuit dans la façon même de gérer la structure mis sur
pieds. Ceci revient à dire que les compétences tant
entrepreneuriales que managériales subissent l'influence de
l'environnement familial. D'après Mbemba (1989), le contexte familial
plus précisément jouerait un rôle important dans
l'acquisition des compétences en raison de l'éducation
apportée et en particulier, de l'apprentissage par l'imitation des
rôles adultes par l'enfant
L'individu acquiert des compétences
considérables suite à l'accumulation des connaissances au fil
des ans à partir d'un héritage familial fort, (Reynaud et
Simon, 2004). Le cadre familial parait alors d'une grande importance dans
l'acquisition des habiletés et aptitudes chez un
dirigeant-propriétaire. C'est partant de là que nous avons
énoncé l'hypothèse :
H1 : L'origine familiale du
propriétaire-dirigeant lui procure des compétences
2-L'influence de la culture
Les valeurs socio-culturelles entendues au sens large
constituent un ensemble complexe comprenant les connaissances, les croyances,
et toutes les autre aptitudes et habitudes qu'acquiert l'homme en tant que
membre d'une société (Sambo, 2000). Avant d'entamer tout
débat de fond, qu'est ce qu'une culture ? Pour d'Iribarne et
al.(1998), la culture fournit un ensemble de codes
d'interprétation au moyen desquels prend sens ce que chacun vit et fait.
La culture est en quelque sorte toutes les capacités et habitudes
acquises par l'homme en tant que membre d'une société. Elle
constitue donc un ensemble complexe de valeurs. Le mot culture est donc
chargé de sens. Elle varie selon les auteurs et les idées
véhiculées. Gasse (2002), considère la culture comme le
milieu immédiat de l'individu ; un réseau social. Ces
valeurs dans certains cas facilitent le développement des
compétences chez un propriétaire-dirigeant.
En effet, selon Sambo (2000), les comportements des managers
dans les PME sont dictés par les valeurs culturelles, surtout au plan de
la prise de la décision et par l'appartenance à une
communauté. En bref, les propriétaires-dirigeants
bénéficient d'un soutien actif de leur communauté.
Rasolofoson (2003) précise qu'en plus des facteurs
individuels, les facteurs culturels peuvent expliquer le comportement
entrepreneurial car, « les cultures, les besoins, les habitudes d'une
région façonnent les comportements. Les entrepreneurs les
intègrent, les assimilent, les interprètent, et cela se
reflète dans leur façon d'agir, de construire leur
entreprise ». De ces idées découle notre
deuxième hypothèse :
H2 : la culture communautaire favorise le
développement des compétences chez un propriétaire-
dirigeant
B- Le passé professionnel
du propriétaire dirigeant
La formation et l'expérience professionnelle font
partir du profil professionnel d'un manager d'entreprise. Ce profil est
très déterminant du fait de son rôle sur la façon de
gérer de celui-ci. Nous nous intéresserons à la formation
académique et professionnelle dans un premier temps et à
l'expérience professionnelle dans un second temps.
1- La formation
L'éducation scolaire amène l'esprit à
considérer certaines possibilités, à voir les choses dans
une perspective nouvelle et large. Elle permet de défier et remettre en
cause les situations définitives, de réfléchir et
d'imaginer, d'innover et d'inventer, de prendre des décisions et d'agir
de sa propre initiative (Sambo, 1996). L'éducation prédispose
l'individu à s'intégrer dans le système de production et
à répondre plus adéquatement aux exigences de
l'économie moderne (Mbemba, 1989).
En plus, le niveau d'étude et le type de formation
sont des valeurs types de gestion rationnelle de l'entreprise moderne (Sambo,
2000). D'ailleurs, plusieurs recherches ont montré que les
propriétaires-dirigeants de PME ayant un niveau d'étude
supérieur en gestion ou ayant une formation se rapportant aux
activités de leurs entreprises s'en sortent dans le management de leur
structure (Sambo, 2000). En somme, plusieurs recherches ont mis en
évidence le lien entre le niveau de formation et la compétence en
gestion. En général, un haut niveau de formation est
associé à une compétence plus élevée.
En dehors des effets inhérents, nul ne doute que la
formation puisse contribuer à développer des compétences,
cela tient aussi en ce qu'elle constitue un moyen d'action dont l'activation
n'est remise en cause par aucun acteur.
2- L'expérience professionnelle.
L'expérience professionnelle est acquise par un
individu en travaillant dans une organisation. Outre sa formation initiale,
l'individu acquiert, développe et enrichit à travers la pratique
professionnelle (c'est-à-dire l'essai, l'épreuve et
l'expérimentation) son potentiel (Sambo, 2000). Elle procurerait selon
Mbemba (1989) des compétences pour diriger une entreprise. Cette
influence sur la conduite des affaires serait en proportion au nombre
d'années de pratique. L'accumulation de l'expérience se fait donc
à travers le nombre d'années passées en entreprise et
permet au dirigeant d'acquérir des compétences en gestion
(Monchatre, 2003). Ainsi l'expérience s'acquiert toujours par la
pratique.
Parlant ainsi des compétences des dirigeants, Musca
(2004) précise qu'elles n'existent qu'en situation, en s'appuyant sur
l'expérience, l'informel et dans des contextes particuliers. Elles sont
donc en quelque sorte une composante de la compétence du manager. Il
n'est pas dès lors toujours aisé de distinguer la
compétence de l'expérience (Monchatre, 2003).
II - Les implications des
compétences du propriétaire dirigeant
L'ensemble des connaissances, habiletés et aptitudes
que l'homme acquiert que ce soit dans le milieu socio-culturel ou par son
passé professionnel joue un rôle important dans sa carrière
professionnelle. Pour le cas du propriétaire-dirigeant, ces
compétences se manifestent à travers la gestion quotidienne de sa
boîte. La réussite de cette dernière en dépend. Pour
Monchatre (2003), les compétences peuvent participer à
transformer positivement les organisations et introduire un surcroît de
performance économique. Deux implications méritent d'être
mentionnées ici. D'un côté, le rôle des
compétences sur l'efficacité du manager en question et d'un autre
côté son utilité pour la bonne marche de
l'activité.
A- L'impact de l'amélioration
des compétences
Les objectifs personnels du propriétaire-dirigeant et
les buts poursuivis à travers l'entreprise ne sont pas figés.
L'acquisition de nouvelles compétences managériales traduit une
évolution du style de management. Ainsi, développer les nouvelles
compétences suppose « d'apprendre les idées de base,
d'expérimenter, d'être accompagné, de savoir ce que les
gens ont pensé de ce que vous avez fait », puis d'appliquer ce
que vous venez d'apprendre (Mintzberg, 2005).
Ainsi, l'introduction des innovations diverses
observées ces dernières années, oblige les gestionnaires
à accéder aux nouvelles compétences pour faire face
à un environnement caractérisé par un niveau d'incertitude
élevé. La possession de ces habiletés confère alors
un pouvoir. Les travaux effectués par le CQRHT (2005) ont permis
à juste titre de constater qu'après la période de
démarrage (après environ cinq ans), le
propriétaire-dirigeant peut être désireux
d'améliorer ses compétences managériales pour favoriser
une meilleure rentabilité et une croissance accrue. Il est même
primordial pour ce dernier de viser à augmenter le niveau de sa
compétence et de développer une propension à
l'amélioration continue de ces dernières.
1- Le pouvoir de la
compétence
Le pouvoir de la compétence concerne la
capacité du manager d'influencer le comportement de ses
subordonnés en raison de ses compétences, qualités ou
connaissances particulières. Ceci dans la mesure où, selon
Hellriegel et al. (1992), les managers pourront prouver leurs
compétences en exécutant, analysant, évaluant et dirigeant
les tâches de leurs subordonnés, ils acquerront ainsi le pouvoir
de la compétence. Ce pouvoir s'exerce dans un domaine très
étroit. C'est donc pour dire que le pouvoir peut en quelque sorte
découler de la compétence.
2- Le rôle des
compétences sur l'efficacité du gestionnaire
Nombreux sont les spécialistes qui reconnaissent le
rôle déterminant des compétences sur l'efficacité
des gestionnaires (Belley et al., 1998). L'existence des
différences individuelles s'explique au niveau de la compétence
détenue par chaque individu. En plus, certains succès non
financiers tels que la réalisation de soi et le bien être
personnel sont liés aussi aux compétences du
propriétaire-dirigeant (CQRHT, 2005). Plusieurs études sur le
propriétaire-dirigeant ont mis en évidence un certain nombre
d'aptitudes et d'habiletés communes reliées à la
performance individuelle. On pense qu'une meilleure connaissance de ces
caractéristiques pourrait permettre de prédire la
probabilité de succès du propriétaire-dirigeant.
En effet, le but même de la gestion des
compétences est l'intensification de l'individualisation en stimulant
avant tout la performance individuelle et l'évaluation du personnel
(Devos et Taskin, 2005). En clair, les compétences individuelles ont
pour objectif de stimuler l'engagement individuel dans la contribution à
la performance collective. On pourrait même considérer qu'elles
réduisent la part d'arbitraire en indiquant la contribution de chaque
acteur. Cependant, cette compétence individuelle n'est pas une fin en
soi. Elle doit être mise au service d'une mobilisation collective qui se
mesure en termes d'efficacité de résultat (Monchatre, 2003).
Ainsi, la bonne marche de l'entreprise devrait être l'une des
conséquences de la gestion des compétences.
B- La bonne santé de
l'entreprise
La raison d'être de toute organisation
productive est avant tout la recherche de la viabilité et de la
rentabilité. De ce fait, le savoir-faire de tous les acteurs de
l'organisation devrait concourir à l'atteinte de ces objectifs. Nous
nous intéresserons dans les paragraphes suivants aux effets de la
compétence sur le rendement et la flexibilité de la firme.
1- Les effets de la
compétence sur le rendement
Le lien de causalité entre la
compétence et le rendement de l'entreprise a été reconnu
depuis longtemps par les spécialistes en psychologie industrielle et
organisationnelle (Belley et al., 1998). Seulement, il a fallu
attendre le début des années quatre vingt dix (90) pour que les
chercheurs en management d'entreprise s'intéressent à
l'étude de cette causalité. La recherche de Baum (1995)7(*) réalisée
auprès de trois cent soixante trois (363)
propriétaires-dirigeants, relève l'existence de la relation
significative entre les habiletés de ces derniers et la croissance de
leurs entreprises.
L'atteinte des objectifs est même à l'origine de
certaines notions comme le savoir et le savoir-faire. Les compétences du
manager participent ainsi à la rentabilité de sa structure. Pour
Monchatre (2003), les compétences d'un dirigeant peuvent participer
à transformer positivement les organisations et introduire un
surcroît de performance économique. Les compétences du
propriétaire-dirigeant non seulement permettent à l'organisation
d'atteindre ses objectifs de rentabilité mais aussi de croissance. La
croissance de l'entreprise est donc directement liée aux
habiletés du propriétaire-dirigeant. Une équipe de
chercheurs canadiens, après enquête sur mille deux (1 002)
propriétaires/exploitants, trouve que parmi ceux qui comptent prendre de
l'expansion, la plupart adoptent plusieurs stratégies de croissance
parce que cette dernière suppose des améliorations
matérielles mais surtout le perfectionnement des connaissances et
compétences (CQRHT, 2005). C'est partant de cette logique que nous avons
énoncé notre troisième hypothèse :
H3 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant permettent l'atteinte les objectifs de
l'entreprise
2- La flexibilité de
l'entreprise
La gestion des compétences est
présentée comme l'une de ces nouvelles pratiques qui soutiennent
la flexibilité et l'adaptation continuelle de l'entreprise (Devos et
Taskin, 2005). La compétence du manager à cet effet permet
à la firme d'être réactive en étant attentive aux
évolutions imposées par l'environnement. Parlant toujours de la
souplesse des organisations productives, Défelix et Retour (2002)
pensent que la gestion des compétences est le management
stratégique qui va stimuler la flexibilité.
Dans la conception même de l'entrepreneuriat, Letowski
(2004) pense qu'elle est la capacité à s'adapter dans la
durée à « faire son beurre » dans un
environnement concurrentiel, cela suppose non seulement des valeurs mais aussi
des aptitudes personnelles. Le manager compétent doit rester souple,
s'adapter aux évolutions de l'environnement pour ne pas être
surpris par le changement de situation. Nous pouvons dès lors
énoncer notre quatrième hypothèse :
H4 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant facilitent la flexibilité de
l'entreprise.
En outre, la taille des entreprises est une variable
déterminante. Tandis que dans les grandes entreprises, on
s'intéresse à la stratégie, la structure
organisationnelle, la planification ; dans les PME, l'attention porte
presque exclusivement sur le dirigeant, dans la plupart des cas
propriétaire. La PME, comme le précise Mamboundou (2003), est
construite et fonctionne autour de son propriétaire-dirigeant. Pour ce
fait, il y a une très forte influence du dirigeant par la centralisation
de la gestion. Cette caractéristique allège la procédure
de prise de décision. Le manager pourra ainsi vite réagir par
rapport aux attaques des concurrents par exemple.
Le réseautage fait aussi partie de la politique
d'adaptation aux évolutions de l'environnement. L'entreprise peut
décider d'externaliser les activités non stratégiques aux
partenaires qui maîtrisent mieux ces activités. Ainsi, le
partenariat entre les firmes accroît leur flexibilité.
L'environnement familial et la culture régionale ou
sous-culture sont là quelques facteurs socio-culturels permettant le
développement des compétences chez un
propriétaire-dirigeant d'entreprise. Ces compétences à
leur tour ont un effet sur l'efficacité du gestionnaire et sur la
rentabilité même de la firme.
Ce chapitre nous a permis de faire un tour de la
littérature. Nous avons pu revisiter les théories portant sur les
indicateurs de la compétence, les typologies des compétences. De
même, le lien théorique entre les compétences du
propriétaire-dirigeant et les facteurs socio-culturels et entre les
compétences et le rendement de la firme ont été
passés en revue. Il ressort de cette revue que certains facteurs
socio-culturels favorisent le développement des compétences chez
un propriétaire-dirigeant. En plus, les compétences tant
entrepreneuriales, managériales que techniques du
propriétaire-dirigeant sont positivement corrélées avec la
réussite de l'entreprise.
La prise en compte de l'importance des savoirs, du
savoir-faire et du savoir-être du propriétaire-dirigeant dans la
conduite des affaires, a conduit les théoriciens à
s'intéresser davantage au concept de compétence. De la dynamique
d'accumulation aux implications des compétences, tous ces aspects ont
fait l'objet des études théoriques.
La cellule de référence qu'est la famille joue
un rôle primordial dans le façonnage de la personnalité du
propriétaire-dirigeant. De manière
prédéterminée, il devient apte à exercer certaines
activités. L'enfant essaye d'imiter le rôle des parents. C'est de
là que nous avons énoncé notre première
hypothèse H1 : L'origine familiale du
propriétaire-dirigeant lui procure des compétences.
De même, en plus de la cellule primaire, tout individu
évolue dans un environnement plus vaste. Il subit en fait l'influence de
la culture de sa région. Le propriétaire-dirigeant acquiert
certains habitudes et rites qui se répercutent dans le management de sa
firme. C'est ce qui justifie notre deuxième hypothèse
H2 : la culture communautaire favorise le développement des
compétences chez un propriétaire- dirigeant.
Toute organisation productrice poursuit des objectifs dont la
principale est la rentabilité de l'affaire. Le
propriétaire-dirigeant compétent atteint plus facilement ses
objectifs fixés d'où notre troisième hypothèse
H3 : Les compétences du propriétaire-dirigeant
permettent l'atteinte des objectifs de l'entreprise.
Aussi, les compétences d'un
propriétaire-dirigeant permettent à la firme de s'adapter
continuellement aux évolutions de son environnement. c'est de là
que découle notre quatrième hypothèse H4 : Les
compétences du propriétaire-dirigeant facilitent la
flexibilité de l'entreprise.
Les résultats de l'étude empirique que nous
mènerons feront la lumière sur ces conclusions
théoriques.
PARTIE II : EXAMEN DES COMPETENCES DES
PROPRIETAIRES-DIRIGEANTS D'ENTREPRISE DU GRAND NORD CAMEROUN
Dans la première partie de notre étude, nous
avons passé en revue la littérature existante sur les
propriétaires-dirigeants ; ceci nous a permis de formuler nos
hypothèses. Cependant, afin d'éviter des affirmations sans
fondements, et surtout, compte tenu des insuffisances des apports
théoriques et plus particulièrement empiriques menés sur
les compétences des propriétaires-dirigeants, nous allons dans
cette deuxième partie faire une étude empirique dans le contexte
camerounais.
Cette présente partie sera constituée de deux
chapitres. Dans le respect d'une démarche scientifique afin que les
résultats soient fiables, notre troisième chapitre sera
axé sur le cadre méthodologique de la recherche et le
quatrième chapitre portera sur l'évaluation des
compétences des propriétaires-dirigeants d'entreprises.
CHAPITRE III : CADRE METHODOLOGIQUE ET
CARACTERISQUES DE L'ECHANTILLON
Connaître les compétences des
propriétaires-dirigeants au Grand Nord Cameroun, revient tout d'abord
à disposer d'une approche méthodologique adéquate, point
de départ de toute recherche qui se veut scientifique. Ce chapitre a
donc pour objectif de définir une méthodologie d'observation
nécessaire au test de nos hypothèses définies
précédemment.
Pour cela, il importe dans un premier temps, de
préciser les aspects méthodologiques qui vont conduire à
l'analyse empirique des compétences des propriétaires-dirigeants,
de choisir les variables permettant de mesurer ces différents aspects
sur la base de nos hypothèses.
Dans un second temps, nous présenterons les
caractéristiques de l'échantillon de notre étude pour
avoir une idée plus claire de la population d'étude.
SECTION I : CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
Le respect de la méthodologie est indispensable pour
toute recherche qui se veut scientifique. C'est pourquoi la présentation
de la méthodologie est indiquée dans le cas de notre
étude. Il s'agira pour nous dans un premier paragraphe de faire la
justification de l'approche et du processus d'échantillonnage, et dans
un second temps de présenter les méthodes de collecte et de
traitement des données.
I- Justification de l'approche et
échantillonnage
Il sera question ici de préciser le
canevas de recherche emprunté et le processus d'échantillonnage
qui mène à la sélection des entreprises à
interroger.
A- Justification de l'approche
Explorer et tester sont deux processus qui soutiennent
l'élaboration des connaissances. Pour Thiétart (2003), la
dichotomie (exploration et test) trouve sa justification relativement aux modes
de raisonnement caractéristiques de ces deux processus. Pour explorer,
le chercheur adopte une démarche de type inductive et/ou
abductive ; alors que pour tester, celui-ci fait appel à une
démarche de type déductif. Notre recherche cadrant plutôt
à une démarche de test, nous utilisons la démarche
hypothético-déductive qui sera présenté au premier
paragraphe. Le deuxième paragraphe de cette sous-partie sera
consacré à la délimitation de note sujet.
1- L'approche
hypothético-déductive
La déduction est le raisonnement qui fonde la
démarche hypothético-déductive. Cette démarche
consiste à élaborer une ou plusieurs hypothèse(s) et
à les confronter ensuite à une réalité. Le but est
alors de porter un jugement sur la pertinence des hypothèses
initialement formulées. Selon Lerbert (1993), on peut décomposer
cette démarche en quatre étapes :
- déterminer quels sont les concepts qui permettent de
répondre à nos questions de recherche. Mettre ensuite ainsi en
avant, d'après la littérature, les hypothèses,
modèles ou théories qui correspondre à notre
sujet ;
- au cours d'une première phase, observer que les
hypothèses, modèles ou théories mobilisés ne
rendent pas parfaitement compte de la réalité ;
- déterminer de nouveaux modèles,
hypothèses ou théories ;
- mettre alors en oeuvre une phase de test qui va nous
permettre de réfuter ou non les hypothèses, modèles ou
théories.
Dans le cadre de cette étude portant sur l'analyse des
compétences des propriétaires-dirigeants, quatre
hypothèses ont été formulées. Ces hypothèses
peuvent être regrouper deux à deux.
D'une part deux hypothèses cherchent à
vérifier si l'environnement socio-culturel du
propriétaire-dirigeant camerounais lui procure des compétences.
Ces hypothèses sont intitulées comme suit :
H1 : L'origine familiale du
propriétaire-dirigeant lui procure des compétences
H2 : La culture communautaire favorise
le développement des compétences des
propriétaires-dirigeants.
D'autre part, deux hypothèses cherchent à
vérifier si les compétences du propriétaire-dirigeant
camerounais permettent à l'entreprise d'être viable. Ces
hypothèses sont formulées ainsi qu'il suit :
H3 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant permettent l'atteinte des objectifs de
l'entreprise
H4 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant facilitent la flexibilité de
l'entreprise.
A partir de nos hypothèses, nous pouvons
délimiter notre champ d'étude.
2- Délimitation du sujet
Plusieurs types de compétences existent dans la
littérature. Cependant nous nous limiterons aux compétences
spécifiques au manager d'entreprise. Ces compétences concernent
donc les activités de création de valeur et de gestion ; ce
sont ces activités qui donnent au propriétaire-dirigeant la
posture d'artisan et d'artiste.
B- Processus d'échantillonnage
La plupart des manuels statistiques définissent un
échantillon comme un sous-ensemble d'éléments tirés
d'un ensemble plus vaste appelé population. Pour Roger et Zarlowski
(1981), un échantillon est défini comme l'ensemble des
éléments sur lesquels des données sont recueillies. Ainsi,
le processus d'échantillonnage fait ressortir les différentes
phases permettant d'avoir un échantillon de la population
concernée par l'étude. Il se fait en général en
quatre phases :
- la définition de la population
d'étude ;
- la définition des unités
d'échantillonnage ;
- le choix du cadre d'échantillonnage ;
- et le choix de la taille de l'échantillon.
1- Définition de la population et des
unités d'échantillonnage
La population est un ensemble d'individus concernés
par l'étude. Cette population est caractérisée par deux
éléments : la nature de la population et la
délimitation géographique.
La nature de la population d'une étude est l'ensemble
des éléments faisant l'objet de l'étude. Le but de notre
travail étant d'analyser les compétences du
propriétaire-dirigeant d'entreprise, la population concernée ici
est composée des entreprises où nous retrouvons le
propriétaire comme étant dirigeant. Ainsi, notre travail
empirique s'est déroulé dans la partie septentrionale du Cameroun
et ceci pour diverses raisons :
- effectuer une étude dans tout le Cameroun, ne nous
permet pas de voir les spécificités des
propriétaires-dirigeants du Grand Nord ;
- mener une étude dans tout le pays s'avère
impossible vu le temps réservé pour cette enquête.
Les unités d'échantillonnage sont les
éléments qui composent la population visée par
l'étude. Dans notre cas, il s'agit des entreprises. Mais de quel type
d'entreprise s'agit-il ? Cette population est constituée des TPE et
des PME mais ces concepts méritent quelques précisions
étant données leurs ambiguïtés.
Pour Mamboundou (2003), l'une des particularités de la
PME est qu'elle est pilotée par un propriétaire-dirigeant qui est
sa ressource principale.
2- Choix du cadre d'échantillonnage et
méthode d'échantillonnage
Les choix effectués pour constituer un
échantillon auront un impact déterminant tant en termes de
validité externe que de validité interne de l'étude. La
validité externe concerne la possibilité d'étendre les
résultats obtenus sur l'échantillon à d'autres
éléments ; pourtant la validité interne consiste
à s'assurer de la pertinence et de la cohérence interne des
résultats. Nous aurons d'abord à étudier le choix du cadre
d'échantillonnage ensuite de la méthode
d'échantillonnage.
a- Le cadre
d'échantillonnage
Encore appelé base d'échantillonnage, le cadre
d'échantillonnage est constitué par la liste exhaustive des
individus de la population ou unités à partir de laquelle on
tirera un échantillon aléatoire. En d'autres termes, c'est la
liste exhaustive des individus de la population. Pour le cas de note recherche,
ce cadre d'échantillonnage est composé de la population des
TPE et PME du Grand Nord Cameroun et essentiellement celles
situées dans les chefs lieux des provinces que sont :
Maroua, Garoua et Ngaoundéré. C'est dans ces
villes qu'il y a une forte concentration de l'activité économique
au septentrion. Toutefois, il faut préciser que la plupart des
répertoires d'entreprises disponibles (que ce soit à la chambre
de commerce ou auprès des services des impôts), ne comporte pas
toutes les entreprises présentent dans la zone.
Ainsi ne disposant pas d'une base de sondage fiable, le choix
de la méthode d'échantillonnage y dépend.
b - La méthode
d'échantillonnage
Les différentes méthodes de sélection
d'un échantillon peuvent être regroupées en quatre
catégories (Rogers et Zarlowski, 1981). Ces catégories ne
renvoient pas toutes aux mêmes modes d'inférence.
Une première catégorie rassemble les
méthodes dites probabilistes, ainsi dénommées dans la
mesure où, tout élément de la population présente
une probabilité, connu a priori, et différente de zéro,
d'appartenir à l'échantillon.
Le second ensemble regroupe les méthodes de
sélection de l'échantillon par choix raisonné.
Contrairement aux méthodes probabilistes, où l'on cherche
à éliminer la subjectivité du chercheur, cette
méthode repose fondamentalement sur le jugement. Elles permettent de
choisir de manière précise les éléments de
l'échantillon afin de respecter plus facilement les critères
fixés par le chercheur.
Le troisième ensemble correspond à la
méthode des quotas qui n'est pas une méthode probabiliste.
Toutefois, elle s'apparente à une méthode probabiliste et, par la
suite, on procède en pratique par inférence statistique.
Enfin, les échantillons de convenance constituent le
quatrième ensemble. Ils désignent les échantillons
sélectionnés en fonction des seules opportunités qui
seront présentées au chercheur, sans qu'aucun critère de
choix n'ait été défini a priori.
Au regard de la théorie et compte tenu du cadre
d'échantillonnage, la méthode d'échantillonnage retenue
est le choix raisonné. En effet, selon Thiétart
(2003), dans les recherches en management, les échantillons
sélectionnés par choix raisonné sont plus utilisés
car nécessite ni procédure particulière, ni base de
sondage.
II- Méthodes de collecte et de traitement des
données
La collecte des données est un élément
essentiel du processus de recherche. Elle permet de rassembler le
matériel empirique sur lequel va fonder la recherche. Cette collecte de
données permet ensuite au chercheur de les traiter pour afin tirer les
conclusions. Ainsi, nous présentons dans cette sous partie,
premièrement l'instrument de collecte des données et
deuxièmement les outils statistiques d'analyse des données de
notre étude.
A- L'instrument de mesure
Les informations qui seront traitées dans le cadre de
notre étude ont été recueillies grâce à une
enquête par questionnaire. Cette méthode consiste à poser
à un ensemble de répondants le plus souvent représentatif
d'une population, une série de questions relatives à leur
situation sociale, professionnelle ou familiale, à leur opinion,
à leur attitude.
Pour comprendre ce qu'est le questionnaire, nous
présenterons tour à tour le questionnaire, la mesure des
variables, l'administration du questionnaire et les difficultés de
l'enquête.
1- Présentation du questionnaire
Le questionnaire permet d'interroger directement des
individus. C'est donc un outil de collecte de données primaires. Le
questionnaire permet d'étudier un phénomène sur un
échantillon de population donnée. Le choix du questionnaire
découle de la logique même de notre méthodologie
d'ensemble. Ce choix est également motivé par les multiples
avantages que les chercheurs reconnaissent en lui. Les observations faites
à travers le questionnaire sont d'abord systématiques et
standardisées ; ensuite l'administration et le dépouillement
de réponses sont simples et rapides et peu coûteux ; enfin
l'enquête par questionnaire semble mieux adopté lorsque le
chercheur a à faire aux échantillons de grande taille.
Les informations à recueillir ayant été
identifiées, il s'agit de les traduire en questions. De ce fait, deux
types de questions ont été utilisés :
- les questions fermées où les
modalités de réponse sont préalablement définies et
le répondant aura simplement à cocher la case correspondant
à son avis. La presque totalité de nos questions sont ainsi
libellée ;
- les questions ouvertes : ici, il est
demandé au répondant de donner son point de vue face à un
élément en toute liberté. Ces réponses sont ensuite
codifiées en questions fermées.
Notre questionnaire comporte trois parties. La première
partie concerne les compétences des propriétaires-dirigeants, les
principaux objectifs de son entreprise et sa capacité d'adaptation. La
deuxième partie porte sur les variables d'identification de l'entreprise
et de son propriétaire-dirigeant. La troisième partie est
réservée au milieu socio-culturel du
propriétaire-dirigeant.
En outre, chaque groupe de questions permet au
répondant de faire le tour complet du sujet. Ainsi, chaque
répondant aura à parler successivement de ses compétences,
de sa satisfaction par rapport aux objectifs et à la flexibilité
de son entreprise et de son milieu socio-culturel.
Nous avons regroupé dans le tableau suivant ;
l'ensemble des questions constitutives de notre questionnaire en indiquant pour
chaque concept ou variable les questions s'y rapportant. En clair, le tableau
donne les objectifs pour chaque question ou groupe de questions de notre
questionnaire. Ainsi, le tableau suivant récapitule le contenu de notre
questionnaire.
Tableau 6 : Contenu des questions
Variables observées
|
Questions correspondantes
|
Compétences du propriétaire-dirigeant
|
Q1, Q2, Q3, Q4, Q5, Q6, Q7, Q8, Q9, Q10, Q11, Q12, Q13, Q14,
Q15 et Q16
|
Objectifs de l'entreprise
|
Q17, Q18, Q19 et Q20
|
Flexibilité de l'entreprise
|
Q21 et Q22
|
Milieu familial du propriétaire-dirigeant
|
Q29 et Q30
|
Milieu culturel du propriétaire-dirigeant
|
Q31 et Q32
|
Variables d'identification
|
Q23, Q24, Q25, Q26, Q27 et Q28
|
Source : Notre enquête
Comment avons nous mesuré les variables de notre
étude ? C'est à cette question que nous essayerons de
répondre au paragraphe suivant.
2- La mesure des variables
Pour toute recherche hypothético-déductive, les
hypothèses servent de base de travail. Il s'avère donc
nécessaire d'opérationnaliser les variables qui découlent
de ces hypothèses. Opérationnaliser un concept revient à
le matérialiser pour affiner le besoin en information ; c'est
à dire le scinder en différents indicateurs pour le rendre
mesurable. Nous aurons à clarifier les variables suivantes :
compétence, atteinte des objectifs et la flexibilité.
a- Les compétences
C'est la variable centrale de notre étude. Ce concept
est subdivisé dans le cadre de notre étude en quatre
catégories de compétence : entrepreneuriale, technique de
gestion, relationnelle et managériale. Chaque catégorie est
mesurée à l'aide de quatre items. Tous les
propriétaires-dirigeants possèdent ces compétences d'une
façon plus ou moins affirmée.
Les compétences entrepreneuriales font allusion
à l'esprit de créativité du propriétaire-dirigeant
en terme de saisie d'opportunités du marché.
Les compétences techniques de gestion concernent la
gestion quotidienne de la firme.
Les compétences relationnelles concernent la gestion
des relations avec les différentes parties prenantes de l'entreprise.
Les activités de planification relèvent des
compétences managériales du manager d'entreprise.
Le tableau suivant présente le score de la variable
selon le degré d'importance accordée par le
propriétaire-dirigeant. Le score part de +1 (pour pas du tout important)
à +5 (pour très important).
Tableau 7: Les items de la
compétence
N°
|
Compétences entrepreneuriales
|
1
|
Déceler les besoins non encore satisfaits sur le
marché
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
2
|
Agir avant les concurrents
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
3
|
Déceler les produits désirés par le
consommateur
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
4
|
Accéder aux ressources
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
Compétences techniques de gestion
|
5
|
Abandonner une activité pour une autre plus rentable
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
6
|
Contrôler les coûts
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
7
|
Ecouter les suggestions des subordonnés
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
8
|
Gérer le risque
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
Compétences relationnelles
|
9
|
Nouer le contact avec les gens utiles
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
10
|
Gérer les relations avec les principaux fournisseurs
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
11
|
Gérer les relations avec les principaux clients
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
12
|
S'engager dans un partenariat ou une alliance
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
Compétences managériales
|
13
|
Prévoir l'idée de son entreprise dans le long
terme
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
14
|
Prévoir l'idée du marché dans 2 ou 3
ans
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
15
|
Fixer les objectifs réalistes pour les 2 ou 3 ans
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
16
|
Planifier les activités quotidiennes
|
Pas du tout important
|
Peu important
|
Moyennement important
|
Assez important
|
Très important
|
L'échelle de mesure de la variable compétence
est constituée d'une série de 16 items. Le score global de cette
variable doit être compris entre 16 (16 critères x 1 qui la valeur
minimum) et 80 (16 critères x 5 qui est la valeur maximum).
b- L'atteinte des objectifs
Toute organisation productive poursuit avant tout les
objectifs de viabilité et de fiabilité. Toutefois, pour atteindre
efficacement ces objectifs globaux, la firme poursuit des objectifs
spécifiques qui lui sont chers. Ces objectifs sont entre autre ceux du
chiffre d'affaires, du bénéfice, des investissements et du
développement de l'entreprise.
Ici le propriétaire-dirigeant aura à
préciser son degré de satisfaction par rapport aux objectifs sus
cités. Le tableau suivant présente les scores de la variable
«atteinte des objectifs ». Les points vont de + 1 pour pas du
tout satisfait à + 5 pour tout à fait satisfait.
Tableau 8: Les items de mesure des
objectifs
N°
|
Les principaux objectifs de l'entreprise
|
Observations/ valeurs numériques
|
17
|
Le bénéfice annuel passé
|
Pas du tout satisfait
|
Pas satisfait
|
Neutre
|
Satisfait
|
Tout à fait satisfait
|
18
|
Le chiffre d'affaires annuel passé
|
Pas du tout satisfait
|
Pas satisfait
|
Neutre
|
Satisfait
|
Tout à fait satisfait
|
19
|
Les investissements réalisés
|
Pas du tout satisfait
|
Pas satisfait
|
Neutre
|
Satisfait
|
Tout à fait satisfait
|
20
|
Le développement actuel de votre entreprise
|
Pas du tout satisfait
|
Pas satisfait
|
Neutre
|
Satisfait
|
Tout à fait satisfait
|
c- La flexibilité
Deux questions permettent d'appréhender cette variable
(Q21 et Q22). Elle est comprise sous l'angle d'évaluation des produits
comparativement aux concurrents et de la modification des produits pour
répondre aux changements de l'environnement.
3- L'administration du questionnaire et les
difficultés rencontrées
Le questionnaire ainsi conçu, il va falloir
l'administrer auprès des propriétaires-dirigeants. Cette descente
sur le terrain ne se fait pas sans difficultés. Ainsi,
premièrement nous présenterons la méthode d'administration
du questionnaire et deuxièmement exposerons les difficultés
rencontrées.
a- l'administration du questionnaire
Il existe plusieurs méthodes
d'administration du questionnaire mais nous avons opté pour le contact
personnel du répondant. Cette méthode en plus d'accroître
le taux de réponse va rendre l'enquête souple. La présence
de l'enquêteur permet en effet, de clarifier certaines questions ou
d'administrer facilement les questions complexes. Ce pendant, la
présence de l'enquêteur peut aussi être source de biais
importants.
Les personnes interrogées dans les entreprises
étaient essentiellement les propriétaires-dirigeants. En ce qui
concerne le déroulement de l'enquête, il s'est étendu sur
un mois en raison de dix jours pour chaque ville (Ngaoundéré,
Garoua et Maroua). Nous nous sommes confrontés aux difficultés de
plusieurs ordres.
b- Les difficultés
rencontrées
La première difficulté est liée au refus
de réponse : il est matérialisé par les
non-réponses et conduit à la diminution de la taille de notre
échantillon. Certains de nos questionnaires ont simplement
été abandonnés à cause du report éternel des
rendez-vous.
La deuxième difficulté est liée au temps,
car nous n'avons pas eu suffisamment de temps pour couvrir un nombre important
de TPE et de PME.
En dépit de ces difficultés rencontrées,
nous avons obtenu 61 questionnaires exploitables qui sont reparti comme
suit :
Tableau 9: Taille de
l'échantillon
Taille de l'échantillon
|
Maroua
|
Garoua
|
Ngaoundéré
|
Total
|
30
|
30
|
30
|
90
|
Refus
|
5
|
2
|
4
|
11
|
Questionnaires mal remplis
|
7
|
4
|
7
|
18
|
Questionnaires exploitables
|
18
|
24
|
19
|
61
|
Taux de réponse
|
29,5 %
|
49 %
|
21,5 %
|
100 %
|
Source : Notre enquête
B- Les méthodes d'analyse de données
Pour tester nos hypothèses formulées, certaines
méthodes d'analyse statistiques ont été
utilisées : le tri à plat, l'analyse en composantes
principales, la régression multiple et le chi-deux. Ces analyses ont
été effectuées grâce au logiciel SPSS.
1- Le tri à plat
C'est une méthode descriptive unidimensionnelle. Les
tris à plat permettent d'avoir une idée sur la distribution de
certaines variables. Cette analyse vise à caractériser notre
échantillon et nos répondants.
2- L'analyse en composantes principales
Il s'agit d'une analyse de données qui permet de
réduire un ensemble hétérogène de variables en un
ensemble plus restreint de variables calculées. Les variables
calculées expliquent le maximum de la variable totale : on les
appelle composantes principales. Ces composantes permettent une
représentation sur des axes de coordonnées.
L'interprétation des graphes exige ainsi une certaine prudence (on a
pour ce faire recours parfois à des rotations d'axes). Ici, nous avons
retenu la rotation VARIMAX. Cette rotation permet d'amplifier
la variance de la variable expliquée par la composante principale avec
laquelle la variable en question est la corrélée et favorise
ainsi l'interprétation de chaque composante principale.
Ainsi, le chercheur est confronté à une
contrainte de synthèse ou résumé qui implique une perte de
certaines informations. Il a également une contrainte de restitution des
informations de base. Ces deux contraintes sont prises en compte dans la
procédure de traitement des données par l'analyse en composantes
principales puisque chaque composante principale résume un certain
pourcentage de la variable expliquée de l'ensemble des items ou
variables.
Pour ce qui concerne le critère d'extraction des
composantes principales, à utiliser, nous avons retenu le critère
de Kaiser qui consiste à retenir les valeurs propres
(Eingenvalue) supérieur à 1.
La pertinence de l'ACP pour les variables à analyser
à été faite grâce à l'indice de
KMO (Kaiser-Meyer-Olkin), qui saisit l'adéquation de
l'ACP avec les données de l'échantillon de l'étude.
3- La régression multiple
L'objectif de l'analyse de la régression est
d'expliquer une variable dépendante (ou à expliquer) par un
ensemble de variables indépendantes (ou explicatives). Elle exige pour
ce fait, trois conditions :
- elle établit une relation linéaire entre la
variable à expliquer et les variables explicatives ;
- toutes les variables doivent être métriques et
les données se présentent sous forme d'une matrice de valeur pour
la variable à expliquer (Y) et les variables explicatives (X1, X2, ...,
Xp) ;
- les variables explicatives doivent être
indépendantes les unes des autres (c'est à dire que le
coefficient de corrélation entre deux variables explicatives doit
être nul ou très faible).
Ces deux dernières conditions sont rarement
réunies dans les résultats d'enquêtes, une
possibilité d'utilisation consiste à avoir recours à un
calcul intermédiaire et à prendre comme variables explicatives
les facteurs issus d'une ACP préalable. C'est à cette
méthode que nous avons faite recours.
A partir des n observations des variables
à expliquer ou explicatives, on cherche à calculer les
coefficients de régression. On cherche à minimiser le
carré des écarts entre les estimations de la variable à
expliquer Y fournies par la relation linéaire et les observations
effectuées sur Y (méthode des moindres carrés) ; en
fait, on cherche les coefficients qui réduisent la somme des
carrés des termes d'erreur.
En effet, pour l'interprétation de nos données,
nous ferons recours à trois tests statistiques que sont : le
coefficient de détermination (R²), le test de Fisher-Snedecor (F)
et le test de Student (t).
- le coefficient de détermination
(R²) (carré du coefficient de corrélation
multiple R) indique la part de variance de la variable expliquée
restituée par le modèle. R² est le coefficient
synthétisant la capacité de la droite de régression
à retrouver les différentes valeurs de la variable
expliquée. Il exprime donc la qualité de l'ajustement global.
Ainsi, plus ce coefficient est proche de 1, plus la restitution est
parfaite.
- le test F de Fischer-Snedecor qui rapporte
la variance expliquée à la variance résiduelle. Il permet
d'évaluer la signification du coefficient de détermination en
fonction du nombre d'observations. Par conséquent, c'est la
qualité de l'ajustement global qui permet de juger de
l'acceptabilité ou du rejet des hypothèses.
- le test t de Student mesure la contribution
de chaque variable explicative au modèle. Ainsi, ce test sur chaque
coefficient de régression permet d'examiner si, la variable explicative
a une relation significative avec la variable à expliquer.
4- Le chi-deux
Le chi-carré repose sur la comparaison entre les
fréquences observées dans les différentes séries
partielles d'un tableau de contingence et les fréquences
théoriques qui devaient apparaître s'il n'y avait aucune relation
entre les variables considérées.
Dans notre travail, la valeur du X², le degré de
liberté et la probabilité de signification du X² sont
calculés et obtenus automatiquement grâce au programme statistique
utilisé. Si la probabilité de signification du chi-deux est
faible (plus petit que 0,05), nous concluons qu'il y a une liaison
significative entre les deux variables.
Le coefficient phi () et le coefficient de
contingence (C) sont les mesures d'association qui seront
utilisées. Ces mesures permettent à partir du X² de
déterminer le degré ou l'intensité de la liaison.
Le coefficient phi est particulièrement adapté
aux tableaux de contingence 2 x 2, sa formule est :
= [ X²/N ]1/2
Avec :
N = nombre total des données
X² = la valeur du chi-deux
Pour le tableau (2 x 2), il varie de -1 à 1. Ces
valeurs extrêmes traduisent une parfaite relation entre les deux
variables. La valeur zéro indique une absence de relation.
Le coefficient de contingence permet de mesurer le
degré de dépendance entre les variables étudiées
dans le tableau de contingence. Il varie entre 0 et une valeur maximale qui
dépend du nombre de lignes et de colonnes du tableau mais qui est
absolument inférieur à 1. Sa formule est :
C = v X² cal / v X² cal + n
Pour effectuer le test du chi-deux dans notre cas, nous avons
fait le score de la variable compétence puisqu'elle est mesurée
par seize items. Pour ce faire, nous avons calculé le minimum (26), le
maximum (71) et la médiane (57). Un individu qui totalise un score
inférieur à la médiane sera considéré comme
incompétent. Celui qui totalise un score supérieur à la
médiane sera qualifié de compétent. Cette nouvelle
variable devenue qualitative sera nommée V33 et est
intégrée automatiquement au bloc des données.
En somme, conformément à toute méthode
hypothético-déductive, une étude empirique a
été effectuée. La population d'étude est
constituée de soixante unes TPE et PME du Grand Nord Cameroun de tous
les secteurs d'activité dirigées par leur propriétaire.
L'échantillon a été sélectionné par la
méthode de choix raisonné. De plus, le recueil des données
auprès de l'échantillon s'est fait par questionnaire. Enfin, pour
analyser les données recueillies, le tri à plat, l'analyse en
composantes principales, la régression linéaire multiple et le
chi-deux seront effectués. De ce fait, nous allons donc aborder
dès à présent l'analyse descriptive de notre
échantillon d'études.
SECTION II- PRESENTATION DES CARACTERISTIQUES DE
L'ECHANTILLON
Connaissant dores et déjà la
méthodologie adoptée pour notre travail, il nous reste entre
autre à présenter ses caractéristiques. Comment sont
caractérisées les entreprises du Grand Nord ? Qui sont les
propriétaires-dirigeants d'entreprise au Grand Nord ? C'est
à ces questions que nous tenterons de répondre dans ce paragraphe
grâce aux résultats des tris à plat obtenus après
analyse des données.
I- Les caractéristiques des entreprises du Grand
Nord Cameroun
Pour nous permettre de caractériser les entreprises du
Grand Nord Cameroun, trois groupes de variables nous permettent de proposer une
description claire. Il s'agit de :
- l'âge de l'entreprise ;
- le secteur d'activité de l'entreprise ;
- l'effectif du personnel.
1- L'âge de l'entreprise
L'année de création de l'entreprise permet de
voir si cette dernière est nouvellement créée ou non. En
effet, les firmes qui ont plus de dix ans d'existence sont celles qui ont su
s'adapter successivement aux changements de l'environnement. Certaines d'entre
elles ont même résisté à la grave crise
économique qu'a traversé le Cameroun pendant la décennie
90. Les structures qui ont moins de dix ans de vie, font aussi face aux
nouvelles donnes de la concurrence avec le phénomène de
mondialisation des échanges. Le tableau ci-dessous montre la
répartition des entreprises de notre échantillon suivant cette
caractéristique.
Tableau 10:
Répartition des firmes selon leur année de création
Age de l'entreprise
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Pourcentages cumulés
|
Moins de 10 ans
|
48
|
78,7
|
78,7
|
Plus de 10 ans
|
13
|
21,3
|
100
|
Total
|
61
|
100
|
|
Source : Notre enquête
Nous constatons que la majorité des entreprises de
notre échantillon sont nouvellement créée, soit
78,7 % de notre échantillon. Seulement 21,3 % d'entre
elles ont plus de dix ans d'existence. Ces structures ont des
propriétaires-dirigeants plutôt jeunes comme l'attestera la
répartition suivant l'âge de ces derniers. Qu'en est-il de la
nature des activités exercées au Grand Nord Cameroun ?
2- La nature des activités
Pour se lancer dans les affaires, le créateur a le
choix entre plusieurs secteurs d'activité. Cependant seuls trois
secteurs ont été touchés par notre enquête à
savoir : l'industrie, le commerce et le service. La quasi-totalité
des activités au septentrion est entreprise dans ces trois secteurs.
Nous illustrerons les différents secteurs d'activité par le
tableau suivant :
Tableau 11 : Répartition des
firmes selon la nature de l'activité
Secteur d'activité
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Pourcentages cumulés
|
Commerciale
|
27
|
44,3
|
44,3
|
Service
|
24
|
39,3
|
83,6
|
Industrie
|
10
|
16,4
|
100
|
Total
|
61
|
100
|
|
Source : Notre enquête
Ces activités sont en fait constituées
par :
- le secteur industriel : il est
constitué des boulangeries et pâtisseries, des entreprises de
fabrication de produits divers ;
- le secteur commercial : il regroupe
essentiellement les supers marchés, les bazars, les boutiques ;
- le secteur du service : il est
constitué dans la majorité des cas des hôtels, auberges,
des restaurants et pharmacies.
Il ressort de notre échantillon qu'une forte
proportion des firmes évolue dans le commerce avec un taux de 44,3 %,
suivies des entreprises prestataires de services avec un taux de 39,3 % de
l'échantillon. Les industries occupent une place marginale avec 16,4 %
de représentativité. Ces résultats montrent la
primauté du secteur commercial dans le Grand Nord Cameroun.
3- L'effectif du personnel
Afin de faire ressortir la distinction entre
TPE, PE et ME, nous avons jugé nécessaire (en nous inspirant des
définitions de quelques organismes) de subdiviser les entreprises en
trois classes comme l'illustre le tableau ci-après :
Tableau 12: Répartition des
entreprises selon leur taille
Effectif du personnel
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Pourcentages cumulés
|
Moins de 10 employés
|
20
|
32,8
|
32,8
|
De 10 à 49 employés
|
37
|
60,7
|
93,4
|
De 50 à 200 employés
|
4
|
6,6
|
100
|
Total
|
61
|
100
|
|
Source : Notre enquête
Nous pouvons conclure que les entreprises
interrogées sont pour le plupart de petites tailles. Les TPE ont un
pourcentage de 32,8 % de notre échantillon. Les PE sont majoritaires
avec un pourcentage de représentativité de 60,7 %. Globalement
les structures ayant moins de cinquante salariés représentent
93,4 % de l'échantillon. Nous pouvons conclure que dans
la partie septentrionale du Cameroun, la plupart des entreprises
créées sont de petites tailles. Ce constat peut être
dû au fait que ces entreprises sont pour la majorité individuelles
et dirigées par le propriétaire-dirigeant lui-même.
II- Les caractéristiques des
propriétaires-dirigeants du Grand Nord Cameroun
Tous comme les firmes, il est nécessaire de
connaître les caractéristiques des propriétaires-dirigeants
du Grand Nord Cameroun. Quelques variables démographiques et
socioculturelles ont été retenues ; il s'agit de
l'âge, du niveau d'étude, de l'expérience professionnelle,
du milieu familial et du milieu culturel du propriétaire-dirigeant.
1- L'âge du propriétaire-dirigeant
Cette caractéristique a été retenue pour
connaître la tranche d'âge des propriétaires-dirigeants
d'entreprise du Grand Nord Cameroun. En fait, avec l'encouragement de
l'initiative privée par l'Etat camerounais et la saturation du
marché de l'emploi, de plus en plus des jeunes se lancent dans la
création de leur propre boîte pour pouvoir être
financièrement indépendants. Le tableau ci-après permet de
voir si notre échantillon suit aussi cette logique.
Tableau 13:
Répartition des firmes suivant l'âge du
propriétaire-dirigeant
Age du propriétaire-dirigeant
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Pourcentages cumulés
|
40 ans et moins
|
21
|
34,4
|
34,4
|
41 à 50 ans
|
32
|
52,5
|
86,9
|
Plus de 50 ans
|
8
|
13,1
|
100
|
Total
|
61
|
100
|
|
Source : Notre enquête
Au vu du tableau, seulement 13,1 % des
propriétaires-dirigeants de notre échantillon ont plus de
cinquante ans. La presque totalité des propriétaires-dirigeants
soit 86,9 % de l'échantillon sont plutôt jeunes (moins de
cinquante ans). Ces jeunes propriétaires-dirigeants ont pour la plupart
effectués des études supérieures avant de se lancer dans
la création ; c'est ce que nous indique la répartition des
individus selon leur niveau d'étude effectué.
2- Le niveau d'étude
Dans la littérature, le niveau d'étude est une
variable qui pousse l'individu à ouvrir sa propre boîte. Ce niveau
d'étude va d' « aucun » à
« supérieur » en passant par le primaire et le
secondaire comme l'indique le tableau ci-après:
Tableau 14: Niveau d'étude des
propriétaires-dirigeants de l'échantillon.
Niveau d'étude
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Pourcentages cumulés
|
Aucun ou primaire
|
4
|
6,6
|
6,6
|
Secondaire
|
18
|
29,5
|
36,1
|
Supérieur
|
39
|
63,9
|
100
|
Total
|
61
|
100
|
|
Source : Notre enquête
Les propriétaires-dirigeants de notre
échantillon ont majoritairement un niveau d'étude
supérieur avec une proportion de 63,9 % de notre
échantillon ; ceci signifie que avant de se lancer dans les
affaires, ces derniers ont eu tout d'abord un niveau d'étude assez
élevé. Cependant, il n'est pas courant de trouver un
propriétaire-dirigeant autodidacte ou n'ayant fait que les études
primaires ; cette catégorie ne représente d'ailleurs que 6,6
% de notre échantillon. Les managers du Grand Nord Cameroun ayant un bon
niveau d'étude, ont-ils eu une expérience préalable avant
de se lancer dans les activités productives ? C'est à cette
question que nous tenterons de répondre dans le paragraphe suivant.
3- L'expérience professionnelle avant la
création
Pour être recruté dans une structure
privée, l'expérience professionnelle est toujours exigée.
Cependant, pour ouvrir une structure à but lucratif, elle n'est pas
obligatoire. Qu'en est-il de notre échantillon ?
Tableau 15 : Expérience avant la
création des propriétaires-dirigeants
Expérience avant la création
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Pourcentages cumulés
|
Moins de 5 ans
|
45
|
73,8
|
73,8
|
De 5 à 10 ans
|
9
|
14,8
|
88,5
|
Plus de 10 ans
|
7
|
11,5
|
100
|
Total
|
61
|
100
|
|
Source : Notre enquête
A la lecture du tableau, 73,8 % des
propriétaires-dirigeants de l'échantillon n'ont pas une
expérience professionnelle de longue durée (ils ont moins de cinq
ans d'expérience avant la création). D'autre part, seulement 11,5
% des propriétaires-dirigeants ont une longue expérience (soit
plus de dix ans) dans le secteur avant la mise au pied de leur entreprise.
4- Le milieu familial du manager du Grand Nord
Cameroun
Chaque individu subi l'influence de son environnement
familial. Déjà au niveau de la famille, le
propriétaire-dirigeant est influencé par ses parents. C'est
pourquoi certaines personnes créent à travers l'apprentissage par
imitation des rôles adultes.
Tableau 16 : Le contexte familial du
propriétaire-dirigeant
Items
|
Non
|
Oui
|
Total
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Parents dans les affaires
|
46
|
75,4
|
24
|
39,3
|
61
|
100
|
Proches dans les affaires
|
15
|
24,6
|
37
|
60,7
|
61
|
100
|
Source : Notre enquête
Dans notre échantillon, une petite proportion des
propriétaires-dirigeants a un parent dans les affaires soit 24,6 %. La
grande partie de ceux-ci n'a pas des parents entrepreneurs (75,4 %). Nous avons
une vision plus claire de la répartition dans le tableau ci-dessus.
Toutefois, étant donné le contexte africain en
général et camerounais en particulier, la famille ne
s'arrête pas à la cellule de base. C'est ainsi que les proches de
l'entrepreneur peuvent avoir l'influencé lors de la mise sur pied de sa
structure et même pendant son fonctionnement.
A la lecture du tableau, nous pouvons effectivement dire que
une bonne partie des propriétaires-dirigeants de l'échantillon a
dans son entourage un proche entrepreneur (60,7 %). La figure suivante illustre
plus clairement cette répartition.
Figure 1 : Répartition des
propriétaires dirigeants suivant le milieu familial
Source : Notre enquête
5- Le milieu culturel du
propriétaire-dirigeant
En plus du facteur familial, celui culturel joue un rôle
important en matière de création et de management d'entreprise.
Nous nous sommes particulièrement intéressés à la
culture communautaire. Ainsi les questions Q31 et Q32 nous ont permis
d'appréhender ce concept. Cette culture communautaire se traduit
à travers le soutien de la communauté et l'accès aux
réseaux d'affaires. Les propriétaires-dirigeants du Grand Nord
Cameroun de notre échantillon se répartissent comme
suit :
Tableau 17: Contexte culturel du
propriétaire-dirigeant du Grand Nord Cameroun
Items
|
Non
|
Oui
|
Total
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
soutien de la communauté
|
40
|
65,6
|
21
|
34,4
|
61
|
100
|
Accès aux réseaux d'affaires
|
27
|
44,3
|
34
|
55,7
|
61
|
100
|
Source : Notre enquête
Il ressort de ce tableau que peu de
propriétaires-dirigeants reçoivent le soutien (de n'importe
quelle nature) de leur communauté ; soit 34,4 % de notre
échantillon. Les propriétaires-dirigeants n'ont pas dans la
majorité des cas le soutien de leur communauté (65,6 %). Ces
derniers se lancent dans les affaires sans aucun appui de la
société. Cependant, le fait d'appartenir à une culture
quelconque permet d'accéder aux réseaux d'affaires. Ainsi, le
manager pourrait rapidement se trouver des fournisseurs et se faire des clients
fidèles. Dans notre cas, jusqu'à 55,7 % des
propriétaires-dirigeants accèdent aux réseaux d'affaires
à travers leur appartenance communautaire. La figure suivante illustre
mieux la répartition de la population.
Figure 2 : Répartition des
propriétaires-dirigeants suivant la culture communautaire
Source : Notre enquête
En somme, comme dans les études
antérieures, l'entreprise du Grand Nord Cameroun est
généralement une TPE ou une PME. Son secteur d'activité
privilégié est le commerce. Son propriétaire-dirigeant est
plutôt jeune, ayant un niveau d'étude élevé mais
sans grande expérience en management d'entreprise.
En résumé, tout au long de ce chapitre, nous
avons mis au clair notre canevas de recherche avec pour but ultime le
contrôle de la qualité des résultats de ce travail. Il
importe de rappeler certains aspects d'un tel canevas.
Premièrement, nous avons retenu pour ce travail une
approche hypothético-déductive. Nous avons trouvé cette
approche bien adaptée à notre objet de recherche dans la mesure
où, il existe déjà des travaux concernant les
compétences des propriétaires-dirigeants d'entreprise.
Deuxièmement, nous avons présenté
l'univers de notre étude à savoir : les TPE et les PME de
tous les secteurs d'activité localisées dans les villes de
Maroua, Garoua et Ngaoundéré. La méthode de
sélection par choix raisonné nous a permis de retenir soixante
unes entreprises.
Troisièmement, nous avons adopté comme
instrument de collecte de données le questionnaire administré
face à face.
Quatrièmement, nous avons conformément à
nos objectifs de décrire et d'expliquer, prévu des tris à
plat, les analyses en composantes principales, le chi-deux et les tests de
régression multiple.
CHAPITRE IV : UNE EVALUATION DES COMPETENCES DU
PROPRIETAIRE-DIRIGEANT DU GRAND NORD CAMEROUN
Dans l'élaboration de notre travail, nous avons sur la
base des connaissances théoriques formulées quelques
hypothèses de recherche qui seront notre axe principal. Dans ce
présent chapitre, nous allons à partir des différents
tests statistiques recueillir les résultats que nous essayerons de
commenter. Ainsi, nous effectuerons tour à tour les tris à plat,
l'analyse en composante principale, le chi-deux et la régression.
SECTION I- ANALYSE DES COMPETENCES, DES OBJECTIFS ET DE
LA FLEXIBILITE
Dans le but de connaître les compétences que
détiennent les propriétaires-dirigeants du Grand Nord Cameroun,
nous avons procédé à une analyse descriptive des items de
mesure du concept en question. Les tris à plat vont donc regrouper les
compétences par catégories en référence à la
littérature disponible. Plus loin, nous verrons si ce regroupement est
respecté dans le cas des propriétaires-dirigeants du Grand Nord
Cameroun. De même, une analyse descriptive sera effectuée pour les
objectifs et l'adaptabilité de l'entreprise.
I- Analyse des compétences des
propriétaires-dirigeants
Dans la littérature, les compétences des
managers d'entreprise sont subdivisées entre autres en
compétences managériales, compétences entrepreneuriales,
compétences de techniques de gestion et compétences relationnelle
(Belley et al., 1998). Nous avons retenu seize items de mesure pour
appréhender ce concept en tenant compte de ces subdivisions. Le
propriétaire-dirigeant devrait indiquer le degré d'importance
qu'il accorde à chaque item.
1- Les compétences entrepreneuriales
Pour être créatif, un manager
doit posséder certaines compétences qu'on peut qualifier
d'entrepreneuriales. Ces derniers ont trait à la recherche des
opportunités d'affaires. Il faut préciser que ces
compétences ne sont pas liées à la formation scolaire
acquise ; elles sont plutôt tacites. Il s'agit ici d'examiner en
profondeur leurs caractéristiques principales. Ces habiletés ont
été appréhendées à l'aide de quatre items
où le propriétaire-dirigeant devrait indiquer le degré
d'importance qu'il accorde.
Pour mesurer la cohérence interne de ces items, nous
avons recherché son coefficient alpha de Cronbach qui a une valeur de
0,83 qui est considérée comme satisfaisante. Le tri à plat
nous donne les résultats du tableau suivant.
Tableau 18: Importance accordée aux
compétences entrepreneuriales
Items
|
Pas important
|
Moyennement important
|
Très important
|
Kurtosis
|
Skewness
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Déceler les besoins non encore satisfaits sur le
marché
|
35
|
57,3
|
24
|
39,3
|
2
|
3,3
|
-0,728
|
-0,146
|
Agir avant les concurrents
|
6
|
9,8
|
8
|
13,1
|
47
|
77
|
-0,215
|
-0,981
|
Déceler les produits désirés par le
consommateur
|
5
|
8,2
|
19
|
31,1
|
37
|
60,6
|
-0,38
|
-0,423
|
Accéder aux ressources
|
3
|
4,9
|
20
|
32,8
|
38
|
62,3
|
-0,685
|
-0,1
|
Source : Notre enquête
A la lecture du tableau, nous pouvons dire que les
propriétaires-dirigeants du Grand Nord Cameroun accordent une grande
importance à ces compétences. En d'autres termes, celles-ci sont
effectivement prises en compte par les managers. En effet, les coefficients de
symétrie « skewness » sont tous négatifs.
Mais nous constatons que sa valeur est forte pour l'item « agir avant
les concurrents » (-0,981) : ce qui signifie que comparativement
à la distribution normale, ces observations sont dans l'ensemble
concentrées vers les valeurs les plus élevées. Les
coefficients de concentration « kurtosis » de ces variables
sont aussi tous négatifs : ce qui signifie que les avis des
entrepreneurs sont partagés pour ces variables. Cependant, les
propriétaires-dirigeants ont presque un même avis sur les items
« agir avant les concurrents » et « mettre sur
pied les produits désirés par les consommateurs ». Nous
pouvons dire que globalement, pour les propriétaires-dirigeants
camerounais, les compétences entrepreneuriales sont d'une importance
capitale.
2- Les compétences techniques de gestion
Les compétences techniques de gestion concernent la
gestion quotidienne des entreprises. C'est donc pour dire que tout dirigeant
qui veut exceller doit les posséder. Tout comme les compétences
entrepreneuriales, elles sont apprises de façon informelle.
Pour examiner en détail la répartition des
propriétaires-dirigeants sur les quatre items de mesure, nous avons
effectué le tri à plat dont les résultats se
présentent le dans tableau suivant. Pour mesurer la cohérence
interne de ces items, nous avons recherché son coefficient alpha de
Cronbach qui a une valeur de 0,735, est considérée comme
satisfaisante.
Tableau 19: Importance
accordée aux compétences techniques de gestion
Items
|
Pas important
|
Moyennement important
|
Très important
|
Kurtosis
|
Skewness
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Abandonner une activité pour une autre plus rentable
|
38
|
62,3
|
20
|
32,8
|
3
|
4,9
|
-0,76
|
0,105
|
Contrôler les coûts
|
6
|
9,8
|
14
|
23
|
41
|
67,2
|
-0,209
|
-0,645
|
Ecouter les suggestions des subordonnés
|
34
|
55,8
|
18
|
29,5
|
9
|
14,7
|
0,056
|
0,583
|
Gérer le risque
|
3
|
4,9
|
11
|
18
|
47
|
77,1
|
-0,06
|
-0,57
|
Source : Notre enquête
Il ressort du tableau que les propriétaires-dirigeants
du Grand Nord Cameroun n'ont pas le même avis pour l'importance de ces
habiletés. Ces dernières sont prises en compte seulement par une
partie de la population d'étude. En fait, les coefficients de
symétrie « skewness » des variables
« contrôle des coûts » et « gestion
des risques » sont négatifs : ce qui signifie que les
observations pour ces variables sont concentrées vers les valeurs les
plus élevées. Par contre, pour les variables
« recherche d'une activité plus rentable » et
« suggestions des subordonnés », les coefficients
sont plutôt positifs. Ceci signifie que comparé à une
distribution normale, les observations sont concentrées vers des valeurs
les plus faibles. En outre, les coefficients de concentration
« kurtosis » sont globalement négatifs. Seule la
variable « suggestion des subordonnés » a un
coefficient positif. En effet, ce coefficient signifie que pour cette variable
les observations sont fortement concentrées.
3- Les compétences relationnelles
Tout manager entretient des relations avec les
différentes parties prenantes de sa structure ; ces
dernières sont principalement les clients, les fournisseurs, les
concurrents et les banquiers. C'est pourquoi les dirigeants doivent
posséder les compétences dites relationnelles pour mieux
gérer les ressources humaines.
Pour mesurer la cohérence interne de ces items, nous
avons recherché son coefficient alpha de Cronbach qui a une valeur de
0,7865 qui est considérée comme satisfaisante. A l'aide du tri
à plat, nous avons examiné l'importance accordée par les
propriétaires-dirigeants du Grand Nord Cameroun pour ces variables.
Tableau 20 : Importance accordée
aux compétences relationnelles
Items
|
Pas important
|
Moyennement important
|
Très important
|
Kurtosis
|
Skewness
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Nouer le contact avec les gens utiles
|
27
|
44,3
|
29
|
47,5
|
5
|
8,2
|
0,708
|
0,23
|
Gérer les relations avec les principaux fournisseurs
|
4
|
6,6
|
19
|
31,1
|
38
|
62,3
|
-1,24
|
-0,37
|
Gérer les relations avec les principaux clients
|
18
|
29,5
|
22
|
36, 1
|
21
|
34,4
|
-1,09
|
-0,24
|
S'engager dans un partenariat ou une alliance
|
38
|
62,3
|
17
|
27,9
|
6
|
9,8
|
-0,735
|
0,267
|
Source : Notre enquête
A la lecture du tableau, nous remarquons que les
propriétaires-dirigeants du Grand Nord Cameroun accorde plus
d'importance à la relation avec les clients et les fournisseurs que les
autres parties prenantes. Cet argument est confirmé avec les
coefficients de symétrie « skewness »
négatifs pour ces variables. De même, les coefficients de
concentration « kurtosis » sont presque tous
négatifs ; seule la variable « contact avec les gens
utiles » a un coefficient positif. Pour cette variable, les
observations sont donc fortement concentrées c'est-à-dire presque
tous les managers de l'échantillon accorde la même importance pour
la préservation de ses contacts avec les gens utiles.
4- Les compétences managériales
Il s'agit ici de voir ce qu'il en est de l'aspect
planification dans les entreprises. La programmation des activités est
indispensable au propriétaire-dirigeant ; quelle importance les
propriétaires-dirigeants du Grand Nord Cameroun accordent-t-il à
ces activités de planification ?
Grâce au tri à plat des items de mesure du
concept, nous verrons si ces compétences sont détenues par les
propriétaires-dirigeants de notre échantillon. Pour mesurer la
cohérence interne de ces items, nous avons recherché son
coefficient alpha de Cronbach qui a une valeur de 0,8851 qui est
considérée comme satisfaisante.
Tableau 21 : Importance accordée
aux compétences managériales
Items
|
Pas important
|
Moyennement important
|
Très important
|
Kurtosis
|
Skewness
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Prévoir l'idée de son entreprise dans le long
terme
|
5
|
8,2
|
13
|
21,3
|
43
|
70,5
|
0,562
|
-0,739
|
Prévoir l'idée du marché dans 2 ou 3
ans
|
5
|
8,2
|
21
|
34,4
|
35
|
57,4
|
-0,31
|
-0,316
|
Fixer les objectifs réalistes pour les 2 ou 3 ans
|
6
|
9,8
|
13
|
21,3
|
42
|
68,8
|
-0,541
|
-0,473
|
Planifier les activités quotidiennes
|
3
|
4,9
|
15
|
24,6
|
43
|
40,5
|
-0,869
|
-0,545
|
Source : Notre enquête
A la lecture du tableau, nous pouvons affirmer que les
activités de planification sont quasiment importantes pour les
entreprises de notre échantillon. Les coefficients de symétrie
« skewness » sont tous négatifs : ce qui
signifie que comparé à la distribution normale, les observations
sont dans l'ensemble concentrées vers des valeurs les plus
élevées. De plus, les coefficients de concentration
« kurtosis » sont globalement négatifs : ce qui
signifie que les avis des propriétaires-dirigeants d'entreprise sont
partagés sur les activités de planification. Mais ce coefficient
se rapproche de zéro pour la prévision du marché à
court terme ; c'est dire donc que ces propriétaires-dirigeants sont
presque d'accord sur ce point.
En somme, les propriétaires-dirigeants du Grand Nord
Cameroun accordent en général une grande importance aux
différentes variables de la compétence. Ces derniers
parviennent-ils pour autant à atteindre leurs objectifs
fixés ? Le paragraphe suivant permettra de voir ce qu'il en est
exactement.
II- Analyse des objectifs de la firme
Toute structure qu'elle soit à but
lucratif ou non, a un but à atteindre. La firme pour sa part cherche
à atteindre certains objectifs entre autre celui de la performance et de
la flexibilité.
Parmi les objectifs les plus chers d'une
organisation productive, on retrouve toujours les objectifs de
réalisation de bénéfices positifs, d'atteinte du chiffre
d'affaires souhaité, de réalisation des investissements rentables
et du développement en général.
1- Les objectifs de rentabilité
La rentabilité est mesurée ici par le chiffre
d'affaires et le bénéfice. Pour mesurer la cohérence
interne de ses items, nous avons recherché son coefficient alpha de
Cronbach qui a une valeur de 0,8004, est considérée comme
satisfaisante.
Tableau 22 : Les objectifs de
rentabilité
Objectifs de la firme
|
Pas satisfait
|
Neutre
|
Satisfait
|
Kurtosis
|
Knewness
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Bénéfice
|
9
|
14,7
|
28
|
45,9
|
24
|
39,3
|
0,22
|
-0,26
|
Chiffre d'affaires
|
14
|
22,9
|
16
|
26,2
|
31
|
50,8
|
-0,67
|
-0,407
|
Source : Notre enquête
A la lecture du tableau, nous constatons que les
réponses des propriétaires-dirigeants par rapport à
l'atteinte des objectifs sont concentrées à
« neutre » et à « satisfait ». A
la réponse « pas satisfait », seuls 14,7 % des
managers l'admettent pour le chiffre d'affaires. Jusqu'à 45,9 % des
individus de notre échantillon ne sont ni satisfaits ni insatisfaits des
bénéfices réalisés.
Les coefficients de symétrie
« skewness » sont tous négatifs : ce qui
signifie que comparé à la distribution normale, les observations
sont dans l'ensemble concentrées vers des valeurs les plus
élevées. De plus, le coefficient de concentration
« kurtosis » du bénéfice
réalisé est positif ; ce qui signifie que les
propriétaires-dirigeants d'entreprise partagent le même avis sur
ce point. Ce coefficient est au contraire négatif pour le chiffre
d'affaires atteint.
2- Les objectifs de pérennité
La pérennité est mesurée ici par les
investissements réalisés et le développement de
l'entreprise. Pour mesurer la cohérence interne de ses items, nous avons
recherché son coefficient alpha de Cronbach qui a une valeur de 0,7075,
est considérée comme satisfaisante.
Tableau 23: Les objectifs de
pérennité
Objectifs de la firme
|
Pas satisfait
|
Neutre
|
Satisfait
|
Kurtosis
|
Knewness
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Investissements
|
9
|
14,8
|
20
|
32,8
|
32
|
52,5
|
-0,195
|
-0,374
|
Développement
|
11
|
18
|
12
|
19,7
|
38
|
62,3
|
-0,937
|
-0,342
|
Source : Notre enquête
A la lecture du tableau, nous constatons que les
réponses des propriétaires-dirigeants par rapport à
l'atteinte des objectifs sont concentrées à
« neutre » et « satisfait ». A la
réponse « pas satisfait », seul 14,8 % et 18 % des
managers l'admettent respectivement pour les investissements et le
développement de la firme. Jusqu'à 62,3 % des individus de notre
échantillon sont satisfaits du développement de leurs
boîtes.
Les coefficients de symétrie
« skewness » sont tous négatifs : ce qui
signifie que comparé à la distribution normale, les observations
sont dans l'ensemble concentrées vers des valeurs les plus
élevées. De plus, les coefficients de concentration
« kurtosis » sont aussi négatifs : ce qui
signifie que les avis des propriétaires-dirigeants d'entreprise sont
partagés sur la viabilité de leurs structures.
III- Analyse de la flexibilité
Avec l'évolution rapide des technologies et le
changement constant des goûts des consommateurs, la firme d'aujourd'hui,
doit plus que jamais être attentive. Elle ne doit pas rester en marge de
ces évolutions si non elle sera évincée du marché.
L'impératif d'adaptabilité est dans notre cas vu sous l'angle de
la surveillance des concurrents et des besoins des consommateurs.
D'après Djeumene (2004), la flexibilité est devenue une
finalité du processus managérial et elle est une
caractéristique qui explique pourquoi la PME dans un contexte de
turbulence, a tendance à mieux résister que les grandes
entreprises. Il faut noter que cette flexibilité est plus
organisationnelle car entraîne le changement de l'organisation de
l'entreprise.
Pour mesurer la cohérence interne de ses items, nous
avons recherché son coefficient alpha de Cronbach qui a une valeur de
0,8347 qui est considérée comme satisfaisante. Le tableau suivant
est illustratif pour cet aspect.
Tableau 24 : Le degré de la
flexibilité de l'entreprise
Flexibilité
|
Pas d'accord
|
Neutre
|
D'accord
|
Kurtosis
|
Skewness
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Tenir compte des concurrents
|
8
|
13,1
|
16
|
26,2
|
37
|
60,6
|
0,039
|
-0,57
|
Tenir compte de l'environnement
|
4
|
6,6
|
11
|
18
|
46
|
75,4
|
-0,407
|
-0,745
|
Source : Notre enquête
Au regard du tableau, un pourcentage
élevé des propriétaires dirigeants du Grand Nord Cameroun
de notre échantillon s'efforce de s'adapter aux changements
imposés par le milieu. 60,6 % de ces managers se préoccupent
plutôt des concurrents contre 75,4 % qui s'intéressent plus aux
clients. Dans le même ordre d'idées, Djeumene (2004) affirme que
la PME est la forme institutionnelle dotée d'une plus grande
adaptativité. Ainsi, pour être compétitive dans le contexte
actuel, il vaut mieux pour une entreprise d'être souple et donc plus
spécialisée que d'être rigide et très
diversifiée.
Les coefficients de symétrie
« skewness » sont tous négatifs : ce qui
signifie que comparé à la distribution normale, les observations
sont dans l'ensemble concentrées vers des valeurs les plus
élevées. De plus, le coefficient de concentration
« kurtosis » de la flexibilité par rapport aux
réactions des concurrents est positif ; ce qui signifie que les
propriétaires-dirigeants d'entreprise sont du même avis. Ce
coefficient est au contraire négatif pour la réaction aux
attentes des consommateurs.
Compte tenu de ce qui précède, nous pouvons
dire que les propriétaires-dirigeants du Grand Nord Cameroun sont en
général compétents. De plus, dans la plupart des cas, ces
derniers parviennent à atteindre les objectifs de performance et de
viabilité et tiennent compte des changements de l'environnement.
SECTION II - EXAMEN DES DETERMINANTS DE LA
COMPETENCE ET DE SES IMPLICATIONS
Dans cette section, nous ferons tour à tour la
factorisation de concepts de compétence, d'objectifs et de
flexibilité ; les déterminants socio-culturels de la
compétence et les implications de la compétence sur la bonne
santé de l'entreprise.
I- Constitution des facteurs de la compétence, des
objectifs et de la flexibilité
Les échelles de mesure d'une variable doivent remplir
une certaine condition. Dans le cas de notre étude, l'analyse
factorielle concerne trois concepts qui sont : la compétence, les
objectifs et la flexibilité. Pour effectuer une bonne ACP, plusieurs
tests sont indispensables. Pour chaque concept en présence, ces tests
seront effectués.
A- La réductions des variables de la
compétence
L'analyse factorielle des items de la compétence fait
ressortir trois facteurs ayant des valeurs propres supérieurs à 1
et expliquant 70,63 % de la variance totale. Sur la base du critère de
Kaiser (valeur propre supérieure à 1), toutes ces composantes
doivent être retenues.
Cette analyse fait ressortir trois aspects de la
compétence. Ces composantes doivent être
réinterprétées. A partir des loadings (après
rotation VARIMAX), nous avons constaté que les items V4, V5, V8,V11, V14
et V15 sont fortement corrélés avec le premier facteur (F1) et
faiblement corrélés avec les deux autres facteurs. Dans
l'ensemble ces items expriment la gestion des ressources de l'entreprise. Ce
premier facteur peut être interprété comme
« la gestion des ressources de
l'entreprise ». Ensuite, les items V2, V6, V7, V10, V13 et
V16 sont fortement corrélés avec le second facteur (F2) et
faiblement corrélés avec les autres facteurs. En
général, ces items expriment la planification des
activités de l'entreprise. Ce deuxième facteur peut être
interprété comme « la planification des
activités de l'entreprise ». Enfin, les items V1, V3,
V9 et V12 sont fortement corrélés avec le troisième
facteur (F3). Dans l'ensemble, ces items expriment la relation avec les parties
prenantes de l'entreprise. Ce troisième facteur peut être pris
comme « la relation avec les parties prenantes de
l'entreprise ».
L'analyse ainsi faite met en évidence la
multidimensionnalité du concept de la compétence du
propriétaire-dirigeant qui comporte à présent trois
facettes. Chacune de ces facettes est intégrée automatiquement au
bloc des données et devient une nouvelle variable. On notera de ce fait
que F1, F2 et F3 deviennent respectivement FAC1-1, FA-1 et FAC3-1 dans la
nouvelle structure des données.
Pour mesurer la cohérence interne des items de chaque
facteur, nous avons recherché les coefficients alpha de Cronbach
correspondants. Ce coefficient a une valeur de 0,88 pour les items du premier
facteur, 0,92 pour les items composant le second facteur et de 0,80 pour les
items formant le troisième facteur. Tous ces coefficients doivent
être considérés comme satisfaisants puisqu'ils ont une
valeur supérieure à la valeur minimale recommandée de ce
coefficient qui est de 0,60 (Tsapi, 1997). Les résultats de l'analyse
factorielle de la variable compétence sont présentés dans
le tableau ci-dessous.
Tableau 25 : Analyse factorielle des
items de la compétence (rotation VARIMAX)
Items
|
F1
|
F2
|
F3
|
Communalités
|
Accéder aux ressources (V4)
|
0,56
|
|
|
0,51
|
Abandonner une activité pour une autre plus rentable
(V5)
|
0,67
|
|
|
0,47
|
Gérer le risque (V8)
|
0,77
|
|
|
0,67
|
Gérer les relations avec les principaux clients
(V11)
|
0,63
|
|
|
0,60
|
Prévoir l'idée du marché dans 2 ou 3 ans
(V14)
|
0,81
|
|
|
0,72
|
Fixer les objectifs réalistes pour les 2 ou 3 ans
(V15)
|
0,75
|
|
|
0,79
|
Agir avant les concurrents (V2)
|
|
0,61
|
|
0,79
|
Contrôler les coûts (V6)
|
|
0,60
|
|
0,85
|
Ecouter les suggestions des subordonnés (V7)
|
|
0,82
|
|
0,67
|
Gérer les relations avec les principaux fournisseurs
(V10)
|
|
0,62
|
|
0,84
|
Prévoir l'idée de son entreprise dans le long
terme (V13)
|
|
0,59
|
|
0,81
|
Planifier les activités quotidiennes (V16)
|
|
0,67
|
|
0,79
|
Déceler les besoins non encore satisfaits sur le
marché (V1)
|
|
|
0,60
|
0,64
|
Déceler les produits désirés par le
consommateur (V3)
|
|
|
0,51
|
0,68
|
Nouer le contact avec les gens utiles (V9)
|
|
|
0,89
|
0,80
|
S'engager dans un partenariat ou une alliance (V12)
|
|
|
0,70
|
0,65
|
Valeurs propres
|
9,04
|
1,16
|
1,10
|
_
|
% variance expliquée
|
56,52
|
7,26
|
6,86
|
_
|
% variance expliquée cumulé
|
56,52
|
63,73
|
70,63
|
_
|
Coefficient de Cronbach
|
0,88
|
0,92
|
0,80
|
_
|
Source : Nos analyses
Avant de faire le commentaire du tableau, il est important de
rappeler que nous avons réalisé le test de pertinence de
l'analyse en composantes principales (le test de KMO) qui donne une valeur de
0,907 considérée comme bon. Ceci signifie que l'ACP est
pertinente pour nos données. De même, le résultat du test
de sphéricité de Bartlett donne une valeur de 748,691 avec un
seuil de signification très faible (0,000) indiquant que la matrice des
corrélations n'est pas une matrice unitaire. Ce résultat confirme
l'adéquation de l'ACP pour notre analyse.
En outre, la communalité mesure la part de la variance
de la variable expliquée par les facteurs retenus par l'analyse
factorielle (Djeumene, 2004). Ainsi, une communalité faible,
c'est-à-dire proche de zéro signifie que la variable n'est pas
bien prise en compte par la solution retenue et la règle usuelle
est de ne retenir que les variables ayant une communalité
supérieure à 0,5 (Tsapi, 1997). Dans notre cas, toutes les
communalités sont bonnes, exceptée pour la variable V5 qui a une
valeur de 0,47. Cependant, elle a été retenue du fait de sa bonne
corrélation avec le premier facteur (0,67).
Il faut noter que certains facteurs regroupent des
compétences qui en théorie sont indépendants. Ceci peut
être justifié par le contexte qui est différent. Certaines
variables semblent être privilégiées par le
propriétaire-dirigeant camerounais contrairement à son homologue
occidental. En clair, les compétences du propriétaire-dirigeant
du Grand Nord Cameroun peuvent se regrouper en trois catégories :
les compétences en gestion des ressources de l'entreprise, les
compétences en planification des activités et les
compétences en relation avec les parties prenantes.
B- Réduction des variables liées aux
objectifs de la firme
L'analyse factorielle des items des objectifs de l'entreprise
fait ressortir un seul facteur ayant une valeur propre supérieure
à 1 et expliquant 70,28 % de la variance totale. Cette analyse
précise que les objectifs de l'entreprise peuvent se regrouper en une
seule facette. Ainsi, les items V17, V18, V19 et V20 sont fortement
corrélés avec le seul facteur (F1). Cette composante doit
simplement être interprétée comme « les
principaux objectifs de la firme ». Le coefficient alpha de Cronbach
de la cohérence interne des items a une valeur de 0,85 jugée
comme satisfaisante. C'est pour dire que ces items ont été bien
sélectionnés dans l'analyse.
L'analyse ainsi effectuée met en exergue
l'unidimensionnalité du concept d'objectifs de la firme. Cette facette
est donc intégrée automatiquement au bloc des données et
devient une nouvelle variable. On notera de ce fait que F1 devienne FAC1-2 dans
la nouvelle structure des données. Le tableau ci-après indique le
résultat de cette analyse factorielle.
Tableau 26 : Analyse factorielle des
items des objectifs de l'entreprise (rotation VARIMAX)
Items
|
F1
|
Communalités
|
Le bénéfice annuel passé (V17)
|
0,83
|
0,68
|
Le chiffre d'affaires annuel passé (V18)
|
0,89
|
0,80
|
Les investissements réalisés (V19)
|
0,81
|
0,65
|
Le développement actuel de votre entreprise (V20)
|
0,83
|
0,69
|
Valeurs propres
|
2,81
|
_
|
% variance expliquée
|
70,28
|
_
|
Coefficient de Cronbach
|
0,85
|
_
|
Source : Nos analyses
Le test de pertinence de l'analyse en composantes principales
(test de KMO) effectué préalablement donne une valeur de 0,816
considérée comme bon. Ce qui signifie que l'ACP est pertinent
pour nos données. Le test de sphéricité de Bartlett qui
est de 104,824 avec un seuil de signification de 0,000 indique alors qu'on ne
saurait considérer la matrice des corrélations comme une matrice
unitaire. Ce résultat confirme l'adéquation de l'ACP pour notre
analyse.
Comme il se dégage du tableau ci-dessus, les items
composants les objectifs de la firme sont fortement corrélés avec
la seule composante principale. La plus faible corrélation
« loading » est de 0,81 et concerne les investissements
réalisés. De plus, tous les items sont pris en compte par la
seule composante principale dans la mesure où les communalités
sont nettement supérieures à 0,5. Qu'en est-il des items de la
flexibilité ? Ce point retiendra notre attention dans le paragraphe
suivant.
C- La réduction des variables liées
à la flexibilité
L'analyse factorielle ainsi faite met en exergue
l'unidimensionnalité du concept flexibilité qui ne comporte
qu'une seule facette dans notre étude. Cette facette est automatiquement
intégrée au bloc des données et devient une nouvelle
variable. On notera pour ce fait que F1 devienne FAC1-3 dans la nouvelle
structure des données. Le tableau suivant indique les résultats
de l'analyse factorielle de ce concept.
Tableau 27 : Analyse factorielle des
items de la flexibilité (rotation VARIMAX)
Items
|
F1
|
Communalités
|
Tenir compte des concurrents (V21)
|
0,93
|
0,86
|
Tenir compte de l'environnement (V22)
|
0,93
|
0,86
|
Valeurs propres
|
1,72
|
_
|
% variance expliquée
|
85,82
|
_
|
Coefficient de Cronbach
|
0,83
|
_
|
Source : Nos analyses
Une analyse du coefficient alpha de Cronbach de la
cohérence interne des deux items a une valeur de 0,83 qui doit
être considérée comme satisfaisante. Nous avons
vérifié la pertinence de l'ACP pour nos observations ; la
valeur de l'indice de KMO est de 0,5 et est considérée comme
acceptable. Le test de Bartlett donne une valeur de 42,103 avec un seuil de
signification de 0,000 et indiquant que la matrice de corrélation des
items, ne peut être considérée comme unitaire.
A la lecture du tableau, les deux items sont fortement
corrélés avec la seule composante principale. Les
« loading » sont de 0,93 pour chaque item. De même,
les deux items sont pris en compte par la seule composante principale car tous
les communalités sont égales à 0,86.
Nous pouvons dire en somme que l'analyse factorielle de
certains de nos concepts a permis de mettre en évidence certaines de
leurs dimensions cachées. En particulier, la compétence s'est
révélé être un concept multidimensionnelle.
II- Analyse des déterminants de la compétence
du propriétaire-dirigeant
et ses implications
Les tests statistiques propices pour nos
différentes hypothèses de recherche sont
récapitulés dans le tableau ci-après.
Tableau 28 : Méthodes de
vérification des hypothèses
Hypothèses
|
Méthodes
|
Tests statistiques
|
H1, H2
|
_
|
Chi-deux
|
H3, H4
|
Régression linéaire
|
- test de student
- test de Fisher-Snedecor
|
Source : Notre enquête
A- Analyse de la relation entre environnement
socio-culturel et compétence du propriétaire-dirigeant
L'environnement dans lequel évolue un individu exerce
une certaine influence sur le comportement de ce dernier. Ainsi, cet
environnement qu'il soit proche ou lointain a-t-il un impact sur les
compétences d'un propriétaire-dirigeant. A l'aide du chi-deux,
nous examinerons si cette relation est vraie pour notre échantillon
d'étude.
1- Relation entre milieu familial et
compétences du propriétaire-dirigeant
Il est question pour nous de vérifier à travers
les tris croisés s'il existe une relation entre les compétences
d'un propriétaire-dirigeant et le fait que ce dernier ait des proches
dans les affaires. Comme nous l'avons vu plus haut en théorie,
l'environnement familial exerce une grande influence sur les habiletés
des managers. Le paragraphe suivant nous permettra de préciser la
relation qui existe entre ces deux concepts. Autrement dit, ces variables
sont-elles positivement corrélées ? C'est à partir du
tableau de contingence que nous pouvons le préciser.
Tableau 29 : Tableau de contingence
entre compétences du propriétaire-dirigeant et milieu familial
Chi-deux Pearson = 13,619
Phi = 0,472 c = 0,427 ddl
= 1 Prob = 0,000
Source : Notre enquête
À la lecture du tableau, nous remarquons que la
probabilité du chi-deux est de 0,000 ; ce qui est très
significative car inférieur à 0,05. Bien qu'une case ait un
effectif inférieur à 5, le test du chi-deux peut être
toléré vu la très faible proportion non respectée.
La valeur du chi-deux donne 13,619 pour un degré de
liberté égale à 1. Ainsi, la valeur calculée du
chi-deux est nettement supérieure à la valeur théorique
qui est de 3,841 pour 1 degré de liberté. Ces
résultats signifient en clair qu'il y a une dépendance entre
l'environnement familial et les compétences du
propriétaire-dirigeant. De ces résultats, il ressort que 60,6 %
des propriétaires-dirigeants non compétents n'ont pas dans leur
entourage les proches dans les affaires contre seulement 14,3 % de ces derniers
qui sont compétents sans avoir un proche manager. En plus, parmi les
45,9 % des peopriétaires-dirigeants, compétents, jusqu'à
39,3 % de ceux-ci ont un de ses proches dans une activité
créatrice de revenu.
Le coefficient phi et le coefficient de contingence ont
respectivement les valeurs de 0,472 et 0,427 pour un seuil de signification de
0,000. Ces valeurs s'éloignent de zéro. Il n'y a donc aucune
chance que les écarts entre les compétences du
propriétaire-dirigeant et son milieu familial tiennent du hasard ;
ce qui signifie en clair qu'il existe une liaison parfaite entre
compétences et environnement familial.
En somme, nous pouvons dire que le milieu familial a une
influence positive dans l'acquisition des compétences du
propriétaire-dirigeant. L'hypothèse 1 est donc
confirmée. Cette confirmation nous conduit à rappeler
les travaux effectués par Mbemba (1989) selon lesquels :
« le contexte familial plus précisément jouerait un
rôle important dans l'acquisition des compétences en raison de
l'éducation apportée et en particulier, de l'apprentissage par
imitation des rôles adultes par l'enfant ».
2- Relation entre culture communautaire et
compétences du propriétaire-dirigeant
Comme nous venons de voir, le fait d'avoir un proche ou parent
entrepreneur stimule le développement des compétences chez un
propriétaire-dirigeant. De même, chaque individu appartient
à une communauté et celle-ci exerce aussi une influence sur son
comportement. À partir du tableau de contingence, nous verrons si ces
deux variables sont réellement dépendantes chez les managers du
Grand Nord Cameroun. Le tableau ci-après nous permet ainsi de
dégager un ensemble de résultats.
Tableau 30 : Tableau de contingence entre
compétences du propriétaire-dirigeant et culture communautaire
Chi-deux Pearson = 0,786 Phi
= -0,114 c = 0,113 ddl = 1
Prob = 0,375
Source : Notre enquête
De ce tableau de résultat, nous pouvons lire que parmi
les propriétaires-dirigeants compétents, 71,4 % n'ont jamais
obtenu le soutien de leur communauté contre seulement 28,8 % qui ont
reçu du soutien. En plus, des 34,4 % des propriétaires-dirigeants
ayant obtenus le soutien de leur communauté, seuls 13,1 % sont
compétents. Cependant, nous avons une probabilité de 0,375 et un
chi-deux de 0,786 ; ce qui montre qu'il n'y a pas de
relation entre la compétence du propriétaire-dirigeant du Grand
Nord et la culture communautaire.
Le coefficient phi et le coefficient de contingence ont
respectivement les valeurs de -0,114 et 0,113 pour un seuil de
signification de 0,375. Ces valeurs sont presque nulles et vont dans le
même sens que la valeur du chi-deux de Pearson. Ceci signifie en clair
qu'il n'y a pas d'association entre ces variables. Elles sont parfaitement
indépendantes. En clair, l'hypothèse 2 est
infirmée.
Des différents résultats enregistrés,
deux de nos hypothèses viennent ainsi d'être analysées.
L'hypothèse H1 : L'origine familiale du
propriétaire-dirigeant lui procure des compétences et
l'hypothèse H2 : La culture communautaire favorise
le développement des compétences des
propriétaires-dirigeants. L'hypothèse 1 est ainsi
confirmée par contre l'hypothèse 2 est infirmée.
Seulement, les propriétaires-dirigeants compétents
parviennent-ils à atteindre facilement les objectifs qu'ils se
fixent ? A l'aide du test de régression multiple nous tenterons de
répondre à cette question dans le deuxième paragraphe.
B- Analyse des implications des compétences sur
les objectifs et la flexibilité de la firme
Pour nous permettre de mesurer l'influence des
compétences du propriétaire-dirigeant sur les objectifs de la
firme d'un côté et sur sa flexibilité d'un autre, les tests
de régression multiple ont été effectués.
1- Les implications des compétences sur les
objectifs de la firme
L'analyse de régression est effectuée entre le
facteur FAC1-2 « les principaux objectifs de l'entreprise »
qui est la variable à expliquée et les facteurs FAC1-1, FA-1 et
FAC3-1 qui sont les variables explicatives et représentent la
compétence du propriétaire-dirigeant.
D'une façon générale, il existe une
relation linéaire significative entre les compétences du
propriétaire-dirigeant et l'atteinte des objectifs de la firme. En fait,
le tableau ci-après donne les renseignements qui ne font que confirmer
nos propos.
Tableau 31 : Régression des
variables de la compétence et des objectifs de la firme
Variables
|
coefficients
|
t-statistic
|
Probabilité critique
|
R²
|
Test de Fisher
|
Probabilité de F
|
a
|
1,115E-18
|
0,000
|
1,000
|
0,83
|
93,86
|
0,000
|
FAC1-1
|
0,700
|
12,888
|
0,000
|
FA-1
|
0,491
|
9,039
|
0,000
|
FAC3-1
|
0,316
|
5,813
|
0,000
|
Source : Nos analyses
A la lecture du tableau, le coefficient de
détermination ou « R Square » (R²) du
modèle de régression linéaire donne une valeur de 0,83 qui
est nettement satisfaisante puisque supérieure à 0,5. Ce
résultat est confirmé par la robustesse du modèle dans la
mesure où la valeur de F est de 93,86 et est
significative au seuil de 0,000 pour 3 et 57 degré de liberté.
En outre, l'une des contraintes sous-jacentes à la
régression est qu'il n'y a pas de corrélation entre les variables
indépendantes (phénomène de
multicolinéarité). Ce postulat doit être respecté
pour que l'on puisse interpréter la signification des coefficients de
régression. Tous nos modèles de régression étant
effectués sur les axes factoriels obtenus des analyses en composantes
principales, qui sont par construction indépendants, et il ne devrait
pas y avoir de problème de multicolinéarité. Cette
condition étant respectée, nous pouvons présenter
l'équation de régression.
Le modèle de régression linéaire entre
les principaux objectifs de l'entreprise (FAC1-2) et la compétence du
propriétaire-dirigeant saisie par les facteurs FAC1-1, FA-1 et FAC3-1,
se présente ainsi qu'il suit :
FAC 1-2 = 1,115E-18 + 0,7 FAC1-1 + 0,49 FA-1 +
0,31 FAC 3-1 + å
(0,000) (12,888)
(9,039) (5,813)
Comme nous le constatons, tous les coefficients de
régression des variables ont une valeur (t) de Student supérieure
à 1. On note en effet que le coefficient t de la constante n'est pas
significativement différent de zéro ; ceci signifie que les
compétences du propriétaire-dirigeant expliquent en
majorité l'atteinte des objectifs de l'entreprise. En fait, le test de
la valeur (t) du coefficient de régression de la variable
« gestion des ressources de l'entreprise » est plus
significatif que les deux autres variables. On peut conclure que l'atteinte des
objectifs de l'entreprise est une fonction linéaire positive de la
compétence en gestion des ressources de l'entreprise, de la
compétence en planification des activités de la firme et de la
compétence en matière de relation avec les parties prenantes
à la transaction.
Compte tenu de ce qui précède,
l'hypothèse H3 est vérifiée. Ainsi, notre
hypothèse H3 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant permettent l'atteinte des objectifs de
l'entreprise est confirmée avec comme variables explicatives
pertinentes : les compétences en gestion des ressources de
l'entreprise, en planification des activités de la firme et la
compétence en matière de relation avec les parties prenantes
à la transaction.
Pour pouvoir se maintenir dans un environnement relativement
instable, les firmes de nos jours doivent être flexibles. Ainsi, les
compétences du propriétaire-dirigeant permettent-elles
d'expliquer le degré de flexibilité de la firme ? C'est
à cette préoccupation que nous nous intéresserons dans le
paragraphe suivant.
2- Les implications des compétences sur la
flexibilité de la firme
Comme pour les objectifs de la firme, nous essayerons de voir
s'il se dégage une relation significative entre la flexibilité de
l'entreprise et les compétences de son propriétaire-dirigeant. Le
tableau suivant fournit les informations concernant le test de
régression linéaire effectué.
Tableau 32 : Régression des
variables de la compétence et de la flexibilité de la firme
Variables
|
coefficients
|
t-statistic
|
Probabilité critique
|
R²
|
Test de Fisher
|
Probabilité de F
|
a
|
-3,15E-16
|
0,000
|
1,000
|
0,85
|
108,735
|
0,000
|
FAC1-1
|
0,673
|
13,177
|
0,000
|
FA-1
|
0,526
|
10,291
|
0,000
|
FAC3-1
|
0,349
|
6,830
|
0,000
|
Source : Notre enquête
A la lecture du tableau, nous constatons que la valeur du
coefficient de détermination (R²) est de 0,852 et reste
satisfaisante, et même plus forte que cette valeur
déterminée entre les objectifs et les compétences. Le test
de la robustesse du modèle le confirme dans la mesure où la
valeur de F est égale à 108,735 et est très significative
au seuil de 0,000 pour 3 et 57 degré de liberté.
Le modèle de régression entre flexibilité
(FAC1-3) et les compétences du propriétaire-dirigeant saisies par
les variables FAC1-1, FAC 2-1 et FAC3-1 se présente de la façon
suivante :
FAC 1-3 = -3,15E-16 + 0,673 FAC1-1 + 0,526 FA-1 +
0,349 FAC 3-1 + å
(0,000) (13,177)
(10,291) (6,830)
Comme l'équation de régression le montre, seul
le coefficient de régression de la constante n'est pas significativement
différent de zéro ; tous les autres coefficients
présentent des valeurs de (t) élevées. Comme dans le
modèle précèdent, cette valeur de la constante montre
qu'en l'absence des compétences chez un propriétaire-dirigeant,
son entreprise ne peut jamais être flexible. Au regard des valeurs des
coefficients de (t), on conclut que la flexibilité est
une fonction linéaire positive du niveau de compétence du
propriétaire-dirigeant.
Ainsi l'hypothèse 4 est
vérifiée ; ce qui veut dire que,
l'hypothèse : les compétences du
propriétaire-dirigeant facilitent la flexibilité de l'entreprise
est confirmée avec comme variables explicatives pertinentes : les
compétences en gestion des ressources de l'entreprise, en planification
des activités de la firme et la compétence en matière de
relation avec les parties prenantes à la transaction.
Compte tenu de ce qui précède, le test de
régression multiple nous a permis de passer en revue deux de nos
hypothèses. L'hypothèse 3 et 4 sont donc confirmée. Ainsi,
les objectifs atteints par une entreprise sont une fonction linéaire
positive du niveau de compétence de son propriétaire-dirigeant.
De même, la flexibilité de la firme est une fonction
linéaire positive du niveau de compétence du
propriétaire-dirigeant.
Pour la synthèse des tests des différentes
hypothèses de l'étude, nous pouvons dire que dans l'ensemble nos
hypothèses sont confirmées tant en ce qui concerne la relation
entre les compétences du propriétaire-dirigeant et de son milieu
socio-culturel que de la relation entre les compétences de ce dernier et
la viabilité de l'entreprise. Le tableau suivant en fait une
synthèse.
Tableau 33 : Synthèse des
résultats des tests d'hypothèses
Hypothèses
|
Variables en relation
|
Conclusion
|
H1
|
Milieu familial/ compétences
|
Confirmée
|
H2
|
Milieu culturel/ compétences
|
Infirmée
|
H3
|
Compétences/ objectifs
|
Confirmée
|
H4
|
Compétences/ flexibilité
|
Confirmée
|
Source : Notre enquête
Tous les tests d'hypothèses qui structurent notre
étude sur les compétences étant présentés,
il importe d'amorcer la discussion des résultats obtenus pour
élucider les implications managériales pour les entreprises.
III- Analyse et discussion des résultats
Dans ce passage, il s'agit de mettre au clair les
résultats qui se sont révélés conformes à
la prédiction de notre recherche et surtout ceux qui en seraient
contraires pour éventuellement mettre en relief les aspects à
approfondir dans nos futures recherches. De ce fait, nous allons analyser et
discuter les résultats des tests statistiques hypothèse par
hypothèse.
Résultat 1 : L'origine familiale du
propriétaire-dirigeant lui procure des compétences
Le test de chi-deux effectué a
établit une relation significative entre l'origine familiale du
propriétaire-dirigeant et ses compétences. Il faut
préciser que ce résultat était attendu vu le nombre
important d'écrits qui ont déjà établit cette
relation. C'est le cas par exemple des travaux de Letowski (2004) pour qui,
l'appartenance à une famille d'entrepreneurs facilite le management
d'une entreprise. Dans le même ordre d'idées, Reynaud et Simon
(2004) affirment que l'accumulation des connaissances au fil des ans à
partir d'un héritage familial fort permet au manager d'acquérir
des compétences considérables. Dans une étude menée
au Gabon, Mbemba (1989) aboutit au résultat selon lequel le contexte
familial joue un rôle important dans l'acquisition des
compétences. Seulement, dans le contexte du Grand Nord Cameroun, il n'y
a pas encore d'écrits faisant ressortir cette relation. C'est ce qui
rend plus intéressants les résultats obtenus qui corroborent avec
ceux effectués en Occident. Ce résultat est tout aussi
intéressant car répond à la deuxième question de
notre recherche.
Résultat 2 : La culture communautaire
favorise le développement des compétences des
propriétaires-dirigeants
Les résultats obtenus à l'issus du test du
chi-deux montrent qu'il n'y a pas une relation significative entre la culture
communautaire et les compétences des propriétaires-dirigeants. En
effet, il faut tenir compte qu'un dirigeant d'entreprise est vu comme une
élite au Grand Nord Cameroun et doit aider toute sa communauté.
Toutefois, le faire pourrait conduire son entreprise en faillite. C'est
pourquoi Sambo (1996) précise que le dirigeant camerounais en
général subit des contraintes sociales qui à la longue
participent à nuire à son ouvrage. C'est peut être cet
aspect qui a été négligé et on aboutit
nécessairement au biais du résultat.
Résultat 3 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant permettent l'atteinte des objectifs de
l'entreprise
Ce résultat est d'une grande importance car il
répond à notre troisième question de recherche. Le test de
régression linéaire multiple a établi que les
compétences du propriétaire-dirigeant ont une influence positive
sur l'atteinte des principaux objectifs de la firme. Ce résultat
corrobore celui de Baum (1995) dans le contexte Nord Américain. En
effet, il a effectué ses travaux auprès des entrepreneurs,
propriétaires-dirigeants de petite entreprise qui lui a permis
d'affirmer qu'il existe une relation significative entre compétence et
croissance. Nous savons par ailleurs que les indicateurs de la croissance sont
entre autres le chiffre d'affaires, le résultat, les investissements,
bref les principaux objectifs retenus dans notre étude.
De manière générale, le modèle de
régression apparaît pertinent et on peut souligner que dans
l'ensemble, les conditions d'application de la régression
linéaire ne sont pas violées. En effet, les tolérances des
variables explicatives qui désignent la proportion de leur
variabilité non expliquée par les corrélations entre elles
sont élevées et prouvent que cette condition est loin
d'être violée et, par conséquent, que l'estimation des
paramètres du modèle est stable. De plus, il n'y a pas
possibilité d'autocorrection des résidus car les données
obtenues sortent d'une ACP préalable.
Résultat 4 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant facilitent la flexibilité de
l'entreprise
Le résultat obtenu est d'une grande importance car
répond déjà à notre troisième question de
recherche. Il témoigne une fois de l'importance des compétences
du propriétaire-dirigeant. Certes, ce résultat était un
peu attendu dans la mesure où plusieurs chercheurs l'ont relevé.
Cependant, le contexte diffère énormément et c'est
là que cette recherche trouve son intérêt. Il permet de
confirmer les résultats des recherches de Devos et Taskin (2005) pour
qui, la gestion par les compétences est l'une des nouvelles pratiques
qui soutien la flexibilité et l'adaptation continuelle de
l'entreprise.
Cette section nous a permis de présenter l'ensemble
des résultats relatif aux différents tests. Nos hypothèses
1 et 2 ont été testées à l'aide du chi-deux. Au
bout du test, l'hypothèse 1 l'origine familiale du
propriétaire-dirigeant lui procure des compétences se trouve
confirmée tandis que l'hypothèse 2 La culture communautaire
favorise le développement des compétences des
propriétaires-dirigeants est infirmée. Les hypothèses 3 et
4 ont été testées au moyen de la régression
multiple. Ces hypothèses ont été confirmées. Ceci
revient à dire en clair que les compétences du
propriétaire-dirigeant permettent l'atteinte des objectifs de
l'entreprise et aussi facilitent sa flexibilité. En somme, une seule
hypothèse a été rejetée à l'issus de
l'analyse des données recueillies auprès des entreprises
septentrionales du Cameroun.
Ce quatrième chapitre consacré à la
présentation des résultats de l'analyse des données permet
de clôturer notre mémoire. Les tests effectués sont :
le tri à plat, l'analyse en composantes principales, le chi-deux et la
régression multiple. Les variables des deux premières
hypothèses étant qualitatives, nous avons effectué le
chi-deux ; à l'issus du test, la première hypothèse a
été vérifiée et la seconde a été
rejetée. En outre, les variables des deux dernières
hypothèses étant plutôt quantitatives, nous avons fait
l'analyse de régression. L'analyse en composantes principales nous a
permis de cerner le concept de compétence qui est désormais
tridimensionnel et ces composantes extraites constituent les variables
explicatives du modèle de régression multiple ; les concepts
d'objectifs et de flexibilité sont par contre unidimensionnels.
Au terme de la deuxième partie, après la
présentation de la méthodologie et la définition des
variables, nous avons procédé à une analyse des
données. Cette partie empirique a été indispensable pour
compléter notre recherche sur l'analyse des compétences des
propriétaires-dirigeants d'entreprise. Le traitement des données
nous a permis d'appréhender le niveau réel de compétence
des managers d'entreprise, les déterminants de ces compétences et
leurs implications. Les tests de chi-deux et les tests de régression
linéaire multiple nous ont permis d'analyser nos hypothèses. Il
ressort donc de ces résultats que le milieu familial détermine le
développement des compétences du manager mais que son milieu
culturel n'a pas d'influence significative. De plus, les compétences du
propriétaire-dirigeant influencent positivement à la fois les
objectifs de la firme et sa flexibilité.
Ainsi rendu au terme de notre étude, nous avons
essayé d'apporter des réponses à nos questions de
recherche sans prétendre avoir fait une étude exhaustive. Il est
à présent important de rappeler tour à tour les grandes
lignes qui l'ont constituées. Après un bref rappel des objectifs
et hypothèses de recherche, nous aborderons successivement les
résultats auxquels nous sommes parvenus, les implications de notre
travail, ses limites et enfin les axes futures de recherche.
v Rappel des objectifs de la recherche
L'objectif de notre recherche que nous venons d'achever est de
présenter l'importance que revêtent les compétences d'un
propriétaire-dirigeant. Pour mener à bien cette étude,
nous avons fixé quatre objectifs spécifiques à
savoir :
- analyser le concept de compétence du
propriétaire-dirigeant ;
- identifier les facteurs socio-culturels favorisant le
développement des compétences chez un
propriétaire-dirigeant ;
- voir l'intérêt pour une entreprise d'avoir un
propriétaire-dirigeant compétent ;
- et faire une typologie des compétences des
propriétaires-dirigeants du Grand Nord Cameroun.
Les résultats obtenus découlent des
hypothèses principales que nous avons formulées et qui feront
l'objet de notre prochain paragraphe.
v Rappel des hypothèses de
recherche
Pour atteindre ces différents objectifs, nous avons
formulé quatre hypothèses de recherche qu'on peut regrouper en
deux ensembles.
D'une part deux hypothèses cherchent à
vérifier si l'environnement socio-culturel du
propriétaire-dirigeant camerounais lui procure des compétences.
Ces hypothèses sont intitulées comme suit :
H1 : L'origine familiale du
propriétaire-dirigeant lui procure des compétences
H2 : La culture communautaire favorise
le développement des compétences des
propriétaires-dirigeants.
D'autre part, deux hypothèses cherchent à
vérifier si les compétences du propriétaire-dirigeant
camerounais permettent à l'entreprise d'être viable. Ces
hypothèses sont formulées ainsi qu'il suit :
H3 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant permettent l'atteinte des objectifs de
l'entreprise
H4 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant facilitent la flexibilité de
l'entreprise
La démarche adoptée est donc celle
hypothético-déductive. Elle nous a permis d'émettre ces
hypothèses. La vérification de ces hypothèses passe
nécessairement par l'analyse des données que nous avons
recueillies auprès de soixante unes entreprise des capitales
provinciales du Grand Nord Cameroun. L'outil de collecte de données
utilisé est le questionnaire.
v Les principaux résultats de la
recherche
L'analyse des données recueillies s'est faite à
l'aide du logiciel SPSS. Les tests utilisés sont : l'analyse en
composantes principales, le chi-deux et la régression
linéaire.
La première conclusion à laquelle nous sommes
parvenus est que le milieu familial favorise le développement des
compétences d'un propriétaire-dirigeant ; par contre le
milieu culturel n'est pas une variable déterminante pour le
développement des compétences. Ainsi, un
propriétaire-dirigeant qui a des parents entrepreneurs acquiert
certaines compétences par simple imitation.
En outre, la deuxième conclusion à laquelle nous
avons abouti est que les compétences du
propriétaire-dirigeant ont une influence positive sur l'atteinte
des objectifs de la firme et aussi sur sa flexibilité. En clair, plus le
propriétaire-dirigeant de la petite entreprise est
compétent, mieux son entreprise est performante et flexible. De ce fait,
cette étude a une double implication.
v Les implications de la recherche
L'apport de cette recherche est très précieux
à la fois pour les managers d'entreprise et les théoriciens en vu
d'une bonne amélioration de la situation des entreprises.
Pour les théoriciens, cela leur permettra d'enrichir
leurs connaissances en ce qui concerne les déterminants et les
implications des compétences du
propriétaire-dirigeant d'entreprise du Grand Nord Cameroun.
Pour les praticiens et précisément les managers
d'entreprises, cette étude leur permettra de comprendre l'influence de
l'environnement socio-culturel sur leurs compétences
managériales. Le propriétaire-dirigeant doit déceler
le côté positif de son environnement. De plus, ils savent
désormais les principales implications des compétences.
v Les limites de la recherche
Il est une évidence que tout travail scientifique a des
limites. Le notre n'échappe donc pas à cette règle. La
toute première est liée à la taille de
l'échantillon. Nous n'avons pas pu couvrir un grand nombre
d'entreprises, vu le délai trop court imparti à l'administration
des questionnaires. Seulement soixante un questionnaires ont pu être
exploités. Les résultats de cette enquête doivent donc
être pris avec prudence car l'échantillon n'est pas suffisamment
représentatif. La deuxième limite liée l'analyse des
données, concerne les tests utilisés. Le chi-deux par exemple
n'est pas validé lorsque plus de 20 % des cellules du tableau de
contingence ont moins de 5 observations. Ce test accorde donc beaucoup
d'importance à la taille de l'échantillon et peut biaiser la
réalité.
v Les pistes futures de recherche
L'ensemble des résultats que nous venons de rappeler
doit être pris avec beaucoup de prudence car, au regard des limites
d'ordre méthodologiques émanant de ce travail, nous pouvons en
citer d'autres. Il s'agit notamment de celles liées au choix de
l'échantillon résultant ainsi de la non existence de
données statistiques fiables dans notre contexte en ce qui concerne les
sciences sociales en générale et de la gestion des entreprises en
particulier.
Tout au long de notre travail, nous avons focalisé
notre attention sur l'analyse des compétences du
propriétaire-dirigeant d'entreprise dans la partie septentrionale
du Cameroun. Dès lors, suscite une interrogation : les
compétences des managers d'entreprises permettent elles la
pérennité de celles-ci ? De plus, étendre cette
étude dans tout le Cameroun rendrait encore plus intéressant la
recherche.
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3- MEMOIRES ET THESES
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4- DIVERS
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* 1 cité par Tchagang E.
(1995)
* 2 cité par Tchagang E.
(1995)
* 3 cité par Patin
(2004)
* 4 tous cité par Patin
(2004)
* 5 cité par Dussault et
al. (1998)
* 6 cité par Ewan
(2005)
* 7 cité par Belley et
al. (1998)
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