Nous pensons que le vrai problème des compagnies de
transport est le vieillissement et l'insuffisance du parc auto.
En effet, 09 % des usagers interrogés évoquent
la récurrence des pannes de moteur des cars comme l'une de leurs
insuffisances. Ces pannes sont la manifestation de l'état de
vieillissement des véhicules. Cette défaillance est d'ailleurs
reconnue par les compagnies elles-mêmes qui affirment que les cars sont
de «seconde main». L'observation directe de ceux-ci sur le terrain
confirme cette réalité. La dernière en date fut la panne
de deux semaines qu'a connu le car de la compagnie ADJI-TRANSPORT.
Heureusement, il a repris fonction.
Le problème de vieillissement se confirme davantage
lorsqu'on porte un regard sur le parc auto lui-même qui est,
d'après nos enquêtes, très insuffisant. On ne
dénombre que 08 cars pour l'ensemble des compagnies desservant la ligne
Lomé-Kara. Ce chiffre faible est dû à l'incapacité
des compagnies à disposer de beaucoup de cars en raison de leur
coût très élevé. D'après la compagnie L-K-L,
le coût d'un bus de deuxième main oscillerait entre 80 000 000 et
100 000 000 contre plus de 200 000 000 de nos francs pour un nouveau car
maison, somme relativement énorme si on la compare aux recettes et aux
dépenses annuelles. Face à ces réalités, il est
clair que les compagnies éprouvent des difficultés dans
l'exercice de leurs fonctions.
Le vieillissement des cars affecte également certains
de leurs accessoires notamment la climatisation. En effet, 23% des usagers des
compagnies L-K-L et RAKIETA reprochent le disfonctionnement de la
climatisation, un élément qui joue sur le confort des cars.
A ces problèmes majeurs, il y a lieu d'en ajouter
certains qui influencent les activités des compagnies de transport. Il
s'agit, entre autre, de l'ingérence des syndicats,
97
surtout ceux des conducteurs routiers, dans la gestion des
sociétés, entraînant quelque fois des crises entre les
responsables de ces deux modes de transport interurbain. La dernière
crise s'est produite le 25 juin 2009 lorsque la compagnie LKL avait
sollicité les services de la compagnie SSTT (Séidou Service
Transport Togo) de Sokodé pour que celle-ci assure le transport de ses
passagers en raison d'une panne que venait d'avoir un de ses autocar. Une
opposition farouche des responsables syndicaux de Kara s'est vite
constituée entraînant par moment de fortes tensions. La situation
avait même nécessité l'intervention des forces de
l'ordre.
Les compagnies n'ont pas également la parfaite
autonomie pour la simple raison qu'elles sont contraintes par les syndicats
à n'effectuer chacune que deux transports de passagers par jour dans les
deux sens de l'axe Kara-Lomé. Si l'insuffisance du parc contraint les
compagnies à ne desservir qu'une partie du pays, l'ingérence des
syndicats les contraint à réduire le flux des autocars sur un
seul axe. Cela ne permet donc pas aux compagnies de satisfaire les usagers
pendant les périodes de pointe au cours desquelles elles pouvaient faire
usage de tous les cars. Mais, il est à reconnaître que
l'augmentation du parc contribuera à réduire les pannes de route
qu'endurent les cars actuels du fait de leur exploitation
régulière. En dépit de toutes choses, cette augmentation
favorisera l'ouverture d'autres lignes de desserte, soit vers le nord ou soit
vers les pays voisins. A cela s'ajoute l'énormité des taxes et
impôts qu'il faudrait revoir à la baisse.
Mais comme précédemment introduit, les
problèmes de vieillissement ne sont pas seulement une affaire des
compagnies. Ils sont également enregistrés au niveau des minibus.
En effet, au moment où on constate un envahissement du marché
national par les voitures d'occasion en provenance d'Europe, on dénombre
au contraire une augmentation du nombre de véhicules en mauvais
état. La plupart de ces véhicules, déjà vieux,
circulent le plus souvent aussi bien sur des routes défectueuses
qu'à l'intérieur de la ville et sont soumis à une
surexploitation récurrente. Ces véhicules, à carrosserie
en lambeaux, sont spécialisés dans le transport de bois et de
charbon de bois. Ces véhicules, pour démarrer, nécessitent
qu'on pousse et ne tardent pas à s'éteindre lorsqu'ils sont
allumés. Cette procédure est une solution au problème de
démarreur auquel sont soumis la plupart de ces véhicules, en
raison la vieillesse prononcée du moteur. Ces minibus desservent pour la
plupart du temps les zones rurales. Les causes principales de ce
98
problème de vieillissement des minibus sont à
rechercher dans le phénomène de surcharge décrit dans les
chapitres précédents.
Par rapport à ce tour d'horizon, il est évident
que le transport interurbain togolais connaisse de sérieux
problèmes qui font payer de lourds tributs aux usagers qui sont de plus
en plus nombreux à se déplacer. Outre les usagers, c'est le
système même des transports qui est affecté par ces
profonds dérèglements. Il urge donc de trouver des solutions
durables qui impliquent de nombreux acteurs connectés directement ou
indirectement au secteur des transports routiers.