Le principe de la responsabilité de protéger : une issue pour la protection des populations civiles. Cas de la république démocratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Patience KATUNDA AGANDGI Université de Kinshasa RDC - Licence en droit international 2010 |
§.2. Déficience des FARDC et Impuissance de la MONUSCOA. Déficience des FARDCLes Forces armées de la République Démocratique du Congo qui sont censées d'une part combattre pour la nation contre les FDLR et d'autres groupes armés rebelles disséminés dans la partie Est de la RDC, et d'autre part protéger les populations civiles sont loin d'accomplir efficacement cette tâche. Les FARDC sont aujourd'hui compromis par plusieurs rapports et enquêtes qui les indexent comme auteurs des violations graves des droits de l'homme et de droit international humanitaire323(*). Lors de l'opération Umoja wetu, le viol, le pillage, les extorsions, le meurtre délibéré de plusieurs civils, la destruction des maisons ainsi que d'autres exactions sont mis à charge non seulement des FDLR, mais aussi des FARDC324(*). Les mêmes maux sont reprochés aux FARDC au cours de l'opération Kimia 2 et Amani Leo, et pire encore, les militaires congolais s'adonnent à des activités de pillage de ressources minières dans les zones qu'ils occupent et accentuent ainsi la l'exploitation et la vente illégale des ressources congolaises325(*). L'armée congolaise a connu aussi plusieurs défections au cours de ces derniers mois. Certains militaires ont rejoint les FDLR et d'autres groupes armés actifs à l'Est du pays, mécontents et déçus du fait que des militaires du CNDP qui sont leurs anciens adversaires occupent actuellement surtout à l'Est les plus hautes fonctions dans la chaine de commandement326(*). Les contraintes structurelles des FARDC sont bien connues : capacités logistiques et de communication limitées, paiement tardif des soldes, problèmes de discipline, de commandement et de contrôle, en raison notamment de l'existence de chaînes de commandement parallèles, et inachèvement et fragilité croissante du processus d'intégration, ce qui se traduit par des désertions fréquentes. Ces propos sont corroborés par Bob KABAMBA et Arnaud ZACHARIE qui affirment : « Les Forces armées congolaises, mal équipées et mal payées, ont prouvé leur incompétence dans leur tentative de sécurisation et de pacification de l'est du Congo. De l'Ituri jusqu'au Nord-Katanga, l'armée ne remplit pas sa mission. Dans le Bas-Congo, lors de la répression du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo, elle s'est illustrée par des violations graves des droits humains. Comment peut-il en être autrement quand on sait qu'elle n'a jamais été formée comme une armée républicaine digne de ce nom ? Elle est la résultante du brassage des différents groupes armés rebelles qui ont occupé une partie du pays durant les années de guerre. Outre les violations, les troupes n'obéissent pas à un commandement commun et d'autres refusent d'être affectés dans d'autres régions militaires du pays »327(*). Cette affirmation est d'autant pertinente qu'elle fait ressortir la cause majeure de la déliquescence des forces armées congolaises, savoir une armée hétéroclite, composée des plusieurs groupes armés n'ayant pas été formés de façon républicaine et uniforme. Tant que l'armée congolaise sera le fruit des brassages, mixages et des mélanges des contingents formés par plusieurs pays à la fois, la formation d'une armée républicaine ne sera qu'un simple voeu pieux. L'armée congolaise a donc été incapable malgré les multiples opérations initiées par le gouvernement, de réduire à néant la capacité de nuisance des FDLR, cela traduit une déficience grave de la part des FARDC. Et en sus, l'armée congolaise n'est pas en mesure de protéger les civils contre les attaques des FLDR et autres groupes armés ; le plus ahurissant de tout ce que les FARDC sont elles mêmes auteurs des violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire. Cette incapacité étant avérée, il est impérieux pensons-nous de trouver un autre moyen plus efficace pour protéger les populations civiles congolaises, en attendant la restructuration intégrale de l'armée. * 323 Voir le Rapport du projet Mapping du Haut Commissariat de l'ONU aux Droits de l'Homme, le rapport du Secrétaire Général de l'ONU sur la MONUSCO, novembre 2010, rapport du groupe d'experts sur la RDC, novembre 2010 ; lire aussi le rapport Afrique de Crisis Group, Congo : une stratégie globale pour désarmer les FDLR, 9 juillet 2009. * 324 Human Rights watch, Vous serez punis, attaques contre les civils à l'Est du Congo, décembre 2009, p. 48. * 325 Rapport du groupe d'experts de l'ONU sur la RDC, Conseil de sécurité, S/2010/596, novembre 2010. * 326 Human Rights Watch, Vous serezs punis ... , op. cit., p. 49. * 327 ZACHARIE A. et KABAMBA B., La reconstruction congolaise, Bruxelles, Luc pire, 2009, p. 138. |
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