Le principe de la responsabilité de protéger : une issue pour la protection des populations civiles. Cas de la république démocratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Patience KATUNDA AGANDGI Université de Kinshasa RDC - Licence en droit international 2010 |
B. L'opération Kimia IILe 25 février 2009, lors de la cérémonie symbolique réunissant la population de Goma et des centaines de soldats des armées nationales du Rwanda et de la RDC, l'état-major de la coalition et les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays rendaient compte des résultats officiels de l'opération conjointe contre les FDLR. Le général John Numbi, à l'époque commandant des opérations conjointes, annonçait qu'« Umoja Wetu » a atteint 85 pour cent de ses objectifs. Il précisait que la mission de la coalition n'était pas la destruction des FDLR, mais la réduction de ses capacités opérationnelles pour obtenir sa capitulation et le rapatriement au Rwanda de ses combattants, mission qui n'a pas été atteinte de notre point de vue. Rosemary Museminali, ministre rwandais des affaires étrangères, exprimait la satisfaction du Rwanda qui considère que les FDLR ont été significativement affaiblies. La phase I de l'opération anti-FDLR étant terminée, ajoutait Alexis Thambwe Mwamba, ministre congolais des affaires étrangères, les FARDC appuyées par la MONUC sont appelées à étendre les actions militaires au Sud Kivu311(*). Cette deuxième phase de l'opération anti-FDLR, censée achever l'opération « Umoja wetu » et anéantir totalement la capacité de nuisance des FDLR est l'opération Kimia II qui trouve ses origines lointaines en 2008. En effet, au cours de l'année 2008, les FARDC et la MONUC avaient planifié et débuté la mise en oeuvre d'une opération au Nord Kivu et au Sud Kivu, intitulée opération « Kimia », qui était destinée à augmenter la pression militaire sur les FDLR. Suite à la reprise des combats en août 2008 entre le CNDP et les forces gouvernementales, cette opération fut annulée. Pour Kimia II, une nouvelle opération réutilisant des concepts de l'opération « Kimia » adaptés à la nouvelle situation de 2009, un nouvel accord a été signé entre le commandant des forces de la MONUC et l'état-major des FARDC. Cet accord prévoyait un soutien logistique en raison à raison d'un total de 16 000 rations de campagnes équivalentes à un dollar/homme/jour pour les provinces du Nord et Sud Kivu, un ravitaillement en carburant, l'évacuation médicale des blessés et un appui-feu artillerie et aérien sur demande de l'état-major opération selon les disponibilités de la MONUC312(*). L'opération « Kimia II » débute en mars 2009. Cette opération est menée exclusivement par des unités FARDC soutenues par la MONUC, mais son champ d'action est plus étendu au Sud Kivu. Elle est marquée par l'augmentation dramatique des violations des droits de l'homme commises à la fois par les FDLR et par les militaires nationaux313(*). A ce jour les conséquences de l'opération Kimia II sont tout simplement catastrophiques et loin de l'objectif poursuivi qui est la mise hors d'état de nuire des FDLR. L'on compte plutôt plus de 40 000 personnes déplacées seulement pour le territoire d'Uvira, plus de 100 maisons brulées, plusieurs bétails et volailles emportés et une insécurité plus accrue dans la région du Kivu, sans compter le pillage systématique, les tracasseries, la torture et la collecte forcée des vivres, commis soit par les FDLR, soit par les FARDC qui sont censés protéger la population civile314(*). * 311 Rapport Afrique de Crisis Group n° 151, Congo : Une stratégie globale pour désarmer les FDLR, 9 juillet 2009, p. 9. * 312 Idem, p. 10. * 313 Rapport Afrique de Crisis Group n° 165, Congo : Pas de stabilité au Kivu malgré le rapprochement avec le Rwanda, 16 novembre 2010, p. 8. * 314 Voir la Rapport de l'ONG CADI (Comité d'Action pour le Développement Intégral), Les opérations Kimia II et leurs conséquences sur les populations civiles d'Uvira, Bujumbura, 4 septembre 2009. |
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