CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
La responsabilité de protéger, nouveau parangon
pour le monde en ce XXIè siècle débutant, peut devenir un
ingénieux subterfuge pour les grands et les forts en vue de dominer les
petits et les faibles.
En effet, la responsabilité de protéger est un
paradigme qui fait son temps depuis décembre 2001. Formuler avec
beaucoup d'ingéniosité, le principe attire tous les esprits, et
stimule la réflexion sur la question d'intervention à des fins de
protection humaine. Mais au-delà de la belle parure, une critique sans
complaisance y décèle des malformations congénitales qui
constituent des freins à l'appréhension et à l'application
convenable du principe.
De même que l'intervention d'humanité,
l'intervention humanitaire et le droit d'ingérence humanitaire ont
légitimé certains abus et facilité l'exécution de
certains agendas cachés, il y a fort à craindre que les stigmates
ataviques des ces institutions controversées de droit international
viennent ankyloser la mise en oeuvre de la responsabilité de
protéger, qui est leur petite fille mutante.
Mais, s'arrêter là, serait de notre point de vue
très pessimiste, car les efforts déployés par la
communauté internationale pour trouver un consensus sur les
interventions à des fins de protection humaine, efforts qui ont abouti
à la responsabilité de protéger ne peuvent être
ignorés ou mis à la poubelle.
Les horreurs et terreurs dont l'humanité a
été témoin au cours du XXè siècle ainsi que
le nombre ahurissant des victimes, ne peuvent laisser personne
indifférent, encore que les différents conflits meurtriers qui
caractérisent les différents points du globe présagent
déjà de la survenance des crimes affreux. Nous avons donc en tant
qu'être humain, composante de l'humanité, le devoir de veiller
à ce que les barbaries de ce genre ne se reproduisent plus. D'où
la nécessité de prévoir les moyens d'intervenir pour ne
pas être des témoins complices, et la responsabilité de
protéger, semble être apporter le dénouement de ce
problème.
La responsabilité de protéger doit toujours
être perçue comme un continuum pour mieux la mettre en oeuvre.
L'intervention militaire qui est une mesure extrême et de dernier recours
ne doit pas occuper les esprits, au point de diluer complètement
l'étape préventive et la phase reconstructive. Cette prise en
compte des trois paliers de la responsabilité de protéger de
façon globale est éminemment importante parce qu'elle permet
aussi d'évaluer dans une certaine mesure la bonne foi des acteurs
intervenants.
On ne doit pas se leurrer, la vision réaliste de la
politique internationale et des relations internationales, et l'état
actuel du système international nivellent vers le bas l'idéalisme
juridique. D'où la nécessité d'envisager de façon
équilibrée cette nouvelle institution de droit international
qu'est la responsabilité de protéger.
En définitive, nous préférons être
optimistes. La responsabilité de protéger n'est pas une
panacée, mais elle peut, par ses différents mécanismes
dissuader certains dirigeants oppresseurs et rebelles criminels, mais aussi et
surtout protéger des femmes, des enfants, victimes de viol, de meurtre,
de torture, et de nettoyage ethnique. Car ce sont là les vrais enjeux
auxquels s'intéressent la responsabilité de protéger et
non les intérêts inavoués des différents acteurs
internationaux.
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