3.3.2. Descriptif de l'oeuvre
Parler d'une oeuvre d'art revient à ce queFrancis
MBELLA présentait dans Le traité de l'esthétique,
MENAIBUC - DILA 21-23, avenue Jean Jaurès 75019, Paris, page 172
« Créer une oeuvre d'art reste la plus
prodigieuse tentative de l'humanité (être humain) pour enfreindre
les limites ou le temps et l'espace le définissent et le renferment,
pour trouver en ces deux champs offert à son activité une
débouchée vers la durée et vers autrui, une expansion qui
fasse éclater sa condition d'individu, restreint et
éphémère »
Ceci dit qu'elle regroupe en son sein des qualités
esthétiques et plastiques, et des valeurs porteuses pour la
société ou le public qui la consommera. L'AGONIE23 se
définit étymologiquement comme étant une période
précédent immédiatement la mort et qui
généralement est marquée par une grave
détérioration de l'état physique et psychique. Ainsi le
tableau présente un ensemble d'éléments mettant en avant
plan le concept de l'espace et du
23Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008
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temps. C'est un concept qui renvoie à la
délimitation d'un contexte afin de dégager les aspects
esthétiques, fonctionnels et significatifs.
L'espace se définit dans cette oeuvre par son paysage
architectural et montagneux qui nous situe dans la ville de Nkongsamba. Le
temps est fortement présenté par des images en noir/blanc qui
marquent le passé, des images en couleur qui présentent un
passé proche tels que le trainetla gare ferroviaire (avec leur
supposée réapparition), et l'image actuelle de certains
édifices.
« AGONIE »est une oeuvre picturale qui met en
lumière l'épineux problème de l'écriture de
l'histoire du Cameroun et sa mise à la disposition des populations. Plus
qu'une représentation, cette oeuvre est une interrogation, ou mieux un
appel à la redéfinition des enjeux de l'éducation de la
société Camerounaise sur leur passé et du
développement économique et politique culturel. Une
préoccupation qui demeure plus que jamais d'actualité.
Cette oeuvre s'illustre en trois temps :
Dans le premier tableau exprimant la colonisation, on voit un
colon majestueusement assis sur un fauteuil avec un `'indigène»
tenant un parasol et un pseudo chef en situation de soumission ; à
l'extrême gauche on voit des branches d'un caféier qui estla
marque de l'alliance et l'identité remarquable de la ville de
Nkongsamba. En toile de fond, l'on aperçoitla gare ferroviaire et ces
activités commerciales avec un train en position d'arrivée.
L'ensemble des premières images du triptyque est une simulation d'une
scène qui décrit la période coloniale.
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Ph. 25 : pièce une du triptyque
En premier plan du deuxième triptyque, on observe un
soldat de la garde républicaine du Kamerun posant son pied sur une des
trois têtes coupées des maquisards. Ceci est une marque de
domination forte sur la rébellion et l'ensemble des atrocités
commises. En second plan, l'image d'un présumé maquisard
refugié sous un caféiermet en scène la répression.
En fond du
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triptyque on perçoit le train, qui a favorisé le
cosmopolitisme24 de cette ville et dans la structure du tableau,
sert de transition deux époques. Aussi se voitune usine de
décorticage de café, (qui était le socle de
l'économie de la ville de Nkongsamba et qui l'avait érigée
comme troisième ville économique du Cameroun), et la
cathédrale qui évoque le rôle joué par
l'église pendant la colonisation et lors des évènements de
la lutte héroïque pour l'indépendance et qui de nos jours
reste toujours un symbole de la foi et de la croyance.En fond du tableau la
présence de l'imposant mont Nlonako.
Ph. 26 : pièce deux du triptyque
24Cosmopolitisme : caractère d'un lieu qui
accueille des personnes de nationalités différentes
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Dans une simulation identique à celui de la
deuxième pièce du triptyque, la dernière met en
scène la vétusté de la ville. Elle évoque
l'expression de l'abandon de la conscience publique. En avant plan,
l'épave d'une voiture de marque `'RENAULT 4» qui fut l'une des
identités remarquable des personnes nanties de la ville. Un
véhicule de transport commun, seul moyen de transport inter urbain
encore possible actuellement ; une motocyclette en surcharge sur une route
parsemée de nid-de-poule. En arrière-plan on perçoit la
gare ferroviaire transformée en auberge. Cette troisième
pièce du triptyque est une représentation de cette ville, qui
fut, une cinquantaine année avant troisième du Cameroun en termes
de l'économie.
Ph. 27 : pièce trois du triptyque
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Ph. 28 : oeuvre finale
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