1.2.2. Discussion
Notre inventaire floristique contient 45 espèces
appartenant à 18 familles distinctes. La famille indicatrice du milieu
d'étude et la plus commune dans les milieux salins est celle de
chénopodiacée représentée par 5 espèces. Les
chénopodiacées comprennent plus de cent genres et un millier
d'espèces ;
32
Résultats et discussions
ce sont essentiellement des plantes de terrains salés
vivant surtout sous le climat semi-aride (Salicorne, Atriplex, suaeda) (OZENDA,
1991). Ces dernières d'un point de vue physiologique augmentent dans
leurs tissus le taux de Na+, Cl+ et Mg++ aux
dépends du Ca++ et K+ (Atriplex halimus,
Suaeda mollis, etc), contrairement à d'autre espèces
halophiles comme les Poacées paraissent s'adapter en limitant
l'accumulation des sels minéraux (POUGER, 1980). Selon POUGER (1980) il
y a un surpâturage dès que le prélèvement de la
matière végétal par les animaux et supérieur
à la production annuelle, entrainant ainsi une réduction du
couvert végétal. Les plantes sont consommées avant d'avoir
pu constituer des réserves et d'avoir eu le temps de former des
repousses pour les saisons suivantes ; elles dépérissent peu
à peu en même temps que leur système racinaire. De
même, les plantes annuelles ne peuvent fructifier et produire les graines
indispensables à leur survie. De nouvelles espèces non
supportées par les troupeaux s'installent peu à peu (Peganum
harmala) (POUGER, 1980). L'identification d'une vingtaine de plantes
vivaces révèle un couvert assez stable ceci probablement serait
dû à la protection de ces dernières par le
haut-commissariat du développement de la steppe (HCDS) mais la
présence d'une espèce dégradation (Peganum
harmala) nous oblige à dire que le site d'étude va
être menacé par le pâturage pratiqué par les
riverains qui l'entourent. Le surpâturage et l'aridité sont des
facteurs qui entrainent systématiquement le développement de
taxons comme Peganum harmala (GHEZLAOUI et al., 2011).
L'apparition d'unités de Peganum harmala indique un
surpâturage et montre l'ampleur de l'action anthropozoogène
(NEDJRAOUI et al., 1999). L'intervention de l'homme et son troupeau
exercent une certaine influence sur la répartition des
différentes classes des types morphologiques (SIMONEAU, 1961).
Notre zone d'étude appartient à la composante
méditerranéenne qui, par définition est
caractérisée par une forte variation saisonnière. Pour les
différents types de végétation, des critères de
regroupement des espèces peuvent être fondés sur les
stratégies utilisées pour leur survie durant la période
défavorable. Etablie sous des conditions tempérées
froides, la classification des types biologiques de Raunkiaer (1934) est
basée sur la localisation des bourgeons de rénovation par rapport
à la surface du sol. Les bourgeons de rénovation peuvent
être situés : en dessous de la surface du sol (dans le sol), ce
sont les géophytes ; au niveau de la surface du sol, et donc à
moitié cachés : ce sont les hémicryptophytes ; à
25-30 cm de hauteur par rapport à la surface du sol, ce sont les
chaméphytes ; à une hauteur supérieure à 25-30 cm
par rapport à la surface du sol, ce sont les phanérophytes ;
Enfin, seule la graine persiste pendant la saison défavorable chez les
thérophytes à cycle en général annuel, ainsi Le
type biologique n'est cependant pas un caractère indissociable de
l'espèce, c'est souvent le cas de nombreuses hémicryptophytes
qui, sous climat aride, se comportent en thérophytes (exp. Crepis
vesicaria), Par ailleurs Stipa tenacissima, dans les hautes
plaines et l'Atlas saharien en Algérie, se présente souvent comme
une hémicryptophytes en sous-bois de Matorral (Annexe 5) et en
géophyte en steppe aride (AIDOUD, 2003).
33
Résultats et discussions
Les types biologiques sont considérés comme une
expression des stratégies d'adaptation de la flore aux conditions du
milieu MADANI (2008) et représentent selon DAHMANI (1996) un outil
privilégié pour la description de la physionomie de la
végétation. Les types biologiques sont les véritables
formes d'adaptation des espèces au milieu (BOUZENOUNE,
2003). Ces types ont été établis par
RAUNKIAER pour les végétaux des régions
tempérées où la saison défavorable est la saison
froide MADANI (2008), Mais ils peuvent être appliqués aux
végétaux des régions où la saison
défavorable est la saison sèche (DAJOZ, 2003). Notre flore est
dominée par les thérophytes qui peut être expliqué
par l'exposition du site à des inondations brusques dans les saisons
pluviales, qui vont permettre aux plantes annuelles qui ont une germination et
croissance rapide à se développer, vu la capacité de ces
dernières à coloniser des milieux nouvellement
créés par dépôts de sables après être
arrosés par les précipitations saisonnières (CHENCHOUNI,
2012). De même, KHADRAOUI (2007) a indiqué que les rigueurs
climatiques et l'instabilité structurale du sol (texture sableuse et
structure particulaire, ...) favorisent le développement des
espèces à cycle de vie court, surtout les thérophytes. Or
la position de la nappe phréatique salée près de l'horizon
superficiel favorise le développement des halophytes dont la famille des
Chénopodiacées est la mieux représentée en
espèces chamephytiques thermophiles. Il semble là aussi que les
communautés végétales recensées donnent
également une grande importance aux thérophytes et aux
chamaephytes. Ces derniers se sont bien adaptés aux zones steppiques
(GHEZLAOUI et al., 2011). Ces dernières ont une bonne
adaptation aux conditions du milieu, ce qui leur permet d'occuper des
territoires plus ou moins étendus(LE HOUEROU, 1992). Les
hémicryptophytes ne s'expriment pas en abondance, cela probablement peut
s'expliquer par la pauvreté du sol en matières organiques (LE
HOUEROU, 1979). Ce phénomène a été confirmé
par BARBERO et al. (1989). Les géophytes sont
représentés par quatre espèces qui sont : Allium
paniculatum, Allium roseum, Ranunculus sceleratus et Juncus maritimus.
DANIN et ORSHAN (1990) trouvent des proportions plus importantes en
géophytes en domaine méditerranéen que steppique (QUEZEL,
1983). Les Phanérophytes représentent par une seul espèce
Tamarix gallica c'est une espèce introduite par le
haut-commissariat au développement de la steppe (ANONYME, 2004).
Concernant les éléments phytochoriques, QUEZEL
(1983), BOUAZZA et al. (2004) expliquent la diversité
biogéographique de l'Afrique par les modifications climatiques durement
subies dans cette région depuis le Miocène, ce qui entraîne
la migration d'une flore tropicale, notre liste contient une espèce
d'origine tropicale Tamarix gallica L et une espèce
paléo-tropicale Bromus rubens L. la flore de différentes
origines biogéographiques, survivant de formations soit
tempérées soit tropicales qui y ont existé avant
même l'apparition du climat méditerranéen; Ces
espèces se sont adaptées aux nouvelles conditions estivales
essentiellement xériques ou bien ont réajusté leur profil
écologique dans le large spectre d'opportunités offertes par
l'hétérogénéité spatiale et temporelle de
ces zones (AIDOUD, 2003).
34
Résultats et discussions
Dans le site d'étude, l'élément
méditerranéen strict soit 20.5% de l'ensemble tableau 3, et
circumméditerranéen l'emporte sur les autres types; ces origines
confirment l'adaptation des espèces recensées aux
écosystèmes méditerranéens.
Nous avons ajouté un tableau comparatif de la
végétation recensée dans le Chott El Beida avec celle
signalée en Algérie (KAZITANI, 2011), dans des zones humides du
sud constantinois et dans un lac saharien (lac Ayata) il s'agit de : Chott
Tincilt (LABIAL M, 1995), Chott Djendli (CHENCHOUNI, 2007), lac Ayata
(CHENCHOUNI, 2011). Nous avons ajouté deux travaux effectués dans
notre site d'étude il s'agit de (ALIAT, 2007) et (KHAZNADAR, 2008)
(Tableau 4).
Tableau 4 : Comparaison de la flore de
présent travail avec la flore des autres zones.
Sites étudiés
|
Superficie (ha)
|
Nombre de familles
|
Nombre d'espèces
|
Chott Tincilt (LADJIAL, 1995)
|
950
|
11
|
36
|
Chott
Djendli (CHENCHOUNI, 2007)
|
3700
|
25
|
58
|
lac Ayata (CHENCHOUNI, 2011)
|
155
|
8
|
13
|
Chott El Beida (ALIAT, 2007)
|
5355
|
24
|
61
|
Chott El Beida (KHAZNADAR, 2008)
|
4000
|
41
|
127
|
Chott El Beida (Le présent travail, 2012)
|
5355
|
18
|
45
|
Algérie (KAZITANI, 2011)
|
238174100
|
150
|
3139
|
La zone étudiée reflète une richesse
moyenne comme les autres sites (tableau 4). Cette moyennée de la
richesse est liée aux conditions édaphiques et climatiques de la
région (salinité). En effet (OZENDA et al, 2005) notent que les
communautés végétales des sols salés sont
généralement pauvres et caractérisées par la
dominance d'espèces spécialement adaptées à la
salinité des sols.
|