histoire de l'innovation, reprend la question de l'innovation
en l'insérant sur le temps long : Caron part au plus tard du XVIe
siècle pour se concentrer ensuite jusqu'à notre époque
actuelle. Il distingue d'abord trois types de savoirs : les savoirs tacites,
les savoirs formalisés et les savoirs codifiés, dont l'agencement
est le fruit d'une évolution des techniques qui se sont transmises de
multiples façons, pour aboutir à des phénomènes
d'interaction ayant structuré les bases de notre civilisation
matérielle. Comprendre en quoi la société actuelle est un
maillage de techniques et de systèmes communicationnels, c'est d'abord
envisager les phénomènes de création et d'adoption des
nouveautés et les multiples formes de coordination entre les
différents acteurs de l'innovation. Par la suite, Caron donne des
explications sur plusieurs filières qui se sont
développées sur la longue durée (machine à vapeur)
ou sur un temps plus court (hydraulique), puis s'encre dans les
dernières parties sur une historiographie renouvelée de
l'innovation, en se penchant sur « les sources proprement sociales de
l'innovation dans une société technicienne », et enfin sur
les technologies de réseau. L'approche donnée ici par
François Caron témoigne ainsi des nouvelles perspectives de la
recherche en histoire de l'innovation, et fournit des pistes d'analyse
nécessaires pour comprendre notre sujet.
? CARON, François, Les deux révolutions
industrielles du XXe siècle, Paris, Albin Michel, coll. «
L'Évolution de l'Humanité », 1997, 525 p.
? FLICHY, Patrice, L'innovation technique :
récents développements en sciences sociales : vers une nouvelle
théorie de l'innovation, Paris, La Découverte, coll. «
Sciences et société », 2003 [1ère éd. : 1995],
250 p.
? GUELLEC, Dominique, Économie de
l'innovation, Paris, La Découverte, coll. « Repères
», 2009 [1ère éd. : 1999], 124 p.
? Articles :
-AKRICH, Madeleine, CALLON, Michel, LATOUR, Bruno, «
À quoi tient le succès des innovations ? 1 : L'art de
l'intéressement », Gérer et comprendre, Annales des
Mines, 1988, n° 11, pp. 4-17.
-AKRICH, Madeleine, CALLON, Michel, LATOUR, Bruno, «
À quoi tient le succès des innovations ? 2 : Le choix des
porte-parole », Gérer et comprendre, Annales des Mines,
1988, n° 12, pp. 14-29.
-TSCHMUCK, Peter, « How creative are the creative
industries ? A case of the music industry », The journal of arts
management, law and society, 2003, Vol. 33, n° 2, pp. 127-141.
-VIALA, Céline, PEREZ, Marie, « La
créativité organisationnelle au travers de l'intrapreneuriat :
proposition d'un nouveau modèle », AIMS, Luxembourg, 2010, 33 p.
197
2) Ouvrages reliant innovations techniques et
esthétique musicale
? CHION, Michel, Musiques médias et
technologies, Paris, Flammarion, coll. « Dominos », 1994, 121
p.
? DELALANDE, François, Le son des musiques : entre
technologie et esthétique, Paris, Buchet/Chastel, INA, coll. «
Bibliothèque de Recherche Musicale », 2001, 266 p.
L'ouvrage de François Delalande nous a permis de
comprendre comment l'apport des technologies a permis de façonner la
musique et de lui attribuer la notion essentielle de « son », qui
outrepasse les définitions de « timbre » et de «
morphologie » que l'on rapportait habituellement aux courants musicaux qui
existaient jusqu'alors pour les définir. Vis-à-vis de notre
sujet, cette ambitieuse étude se divise en trois parties, dont seule la
première fut vraiment essentielle pour comprendre les enjeux de notre
sujet : « Problématique », « Enquête » et
« Éléments d'analyse ». Le prisme d'analyse
adopté nous renvoie autant à un niveau social, qu'à un
niveau esthétique, sémiologique, etc.
? DONIN, Nicolas, STIEGLER, Bernard (Dir.),
Révolutions industrielles de la musique, Paris, Fayard, Cahiers
de médiologie / IRCAM, n° 18, 2004, 228 p.
? MAISONNEUVE, Sophie, L'invention du disque 1877-1949 :
genèse de l'usage des médias musicaux contemporains, Paris,
Éditions des archives contemporaines, 2009, 280 p.
Cet ouvrage est primordial si l'on souhaite aborder le disque
et l'appareil de lecture sous un angle qui prend autant en compte l'aspect
technique que les paradigmes qui l'entourent. Pour Sophie Maisonneuve, en
effet, le passage de la « machine parlante » au système audio
en passant par l' « instrument de musique » est le résultat
d'une trajectoire qui associe innovation culturelle et les agents commerciaux,
amateurs de musique, dispositions sociales, etc. qui participent de son
élaboration progressive. Il ne s'agit donc pas d'une trajectoire
linéaire, mais plutôt d'un processus particulièrement
complexe ; la notion de médium, très
souvent utilisée, constitue le centre d'une réflexion visant
à démontrer que le disque, tel qu'on peut le concevoir
actuellement, n'est jamais « déjà là » mais
s'inscrit au contraire au centre de dynamiques imbriquées (technique,
sociale, économique, etc.) et façonnées dans le temps. Cet
ouvrage, qui part depuis l'invention d'Edison en 1877 jusqu'à la fin des
années quarante, couvre une large part de notre sujet et a pour cadre
géographique la Grande-Bretagne et la France, deux pays dont l'auteur
s'attache à analyser leur statut particulier au cours de l'histoire du
disque.
? Articles :
-COTRO, Vincent, « Jazz : les enjeux du support
enregistré » in DONIN, Nicolas, STIEGLER, Bernard (Dir.),
Révolutions industrielles de la musique, Paris, Fayard, Cahiers
de médiologie / IRCAM, n° 18, 2004, pp. 90-99.
-DELALANDE, François, « L'invention du son »
in DONIN, Nicolas,
STIEGLER, Bernard (Dir.), , pp. 20-30.
199
Bibliographie
-DONIN, Nicolas, STIEGLER, Bernard, « Le tournant
machinique de la
sensibilité musicale » in DONIN,
Nicolas, STIEGLER, Bernard (Dir.), , pp. 6-17.
-MAISONNEUVE, Sophie, « Du disque comme médium
musical » in DONIN,
Nicolas, STIEGLER, Bernard (Dir.), , pp. 34-43.
-TOURNÈS, Ludovic, « Le temps
maîtrisé : l'enregistrement sonore et les mutations de la
sensibilité musicale », Vingtième siècle. Revue
d'histoire, 2006/4, n° 92, pp. 5-15.
C/ Pour une approche centré sur les autres champs
d'étude
1) Enjeux économiques et organisationnels
· ANGELO, Mario d', La renaissance du disque : les
mutations mondiales d'une industrie culturelle, Paris, La Documentation
française, 1989, 103 p.
· BURNETT, Robert, The global jukebox : the
international music industry, Londres, Routledge, 1996, 188 p.
· CURIEN, Nicolas, MOREAU, François,
L'industrie du disque, Paris, La Découverte, coll. «
Repères », 2006, 121 p.
· LANGE, André, Stratégies de la
musique, Bruxelles, Pierre Mardaga, coll. « Création &
Communication », 1986, 429 p.
· LEFEUVRE, Gildas, Le guide du producteur de
disques, Paris, Dixit, 1998, 324 p.
· MARTLAND, Peter, Since records began : EMI - The
first 100 years, [Londres], Amadeus Press, 1997, 399 p.
· PANDIT, S. A., From making to music : the history
of Thorn EMI, Londres, Hodder & Stoughton, 1996, 270 p.
· PEKKA, Gronow, ILPO, Saunio, An international
history of the recording industry, Londres/New York, Cassell, 1998, 256
p.
· PICHEVIN, Aymeric, Le disque à l'heure
d'internet : l'industrie de la musique et les nouvelles technologies de
diffusion, Paris, L'Harmattan, coll. « Logiques sociales »,
1997, 278 p.
· SOUTHALL, Brian, The Rise & Fall of EMI
Records, Londres, Omnibus Press, 2009, 278 p.
200
Le développement de l'industrie musicale en
Grande-Bretagne de l'entre-deux-guerres aux années
Beatles : une trajectoire d'innovation globale ?
? THEPOT, Nathalie, Les fusions-acquisitions dans
l'industrie du disque, Mémoire du Diplôme d'Études
Approfondies de stratégie industrielle, sous la direction de COT Annie
L., Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, 2000, 121 p.
? TSCHMUCK, Peter, Creativity and innovation in the music
industry, Dordrecht, Springer, 2006, 281 p.
Docteur en économie, l'ouvrage de Peter Tschmuck,
spécialiste des structures économiques des industries du disque,
est l'un des rares à avoir associé avec précision les
thématiques de l'innovation et de la créativité en prenant
pour cadre d'étude le début de l'enregistrement sonore à
la fin du XIXe siècle jusqu'à l'avènement de l'Internet et
les bouleversements engendrés par la pratique du peer-to-peer.
En l'occurrence, les trois derniers chapitres, respectivement intitulés
« Theoretical concepts of innovation and creativity », «
Creativity and innovation in the music industry » et « Creativity and
innovation in the music industry's value added-chain », furent primordiaux
dans la compréhension et l'approfondissement des problématiques
(et notamment dans sa remarquable mise en valeur de la notion de «
paradigme »).
? Articles :
-FRITH, Simon, « The making of the British record
industry 1920-64 » in CURRAN, James, SMITH, Anthony, WINGATE,
Pauline, Impacts & influences : essays on media power in the twentieth
century, Londres/New York, Methuen, 1987, pp. 278-290.
-GUIBERT, Gérôme, « Industrie musicale et
musiques amplifiées », Chimères, 2000, n° 40,
14 p.
-LEBRUN, Barbara, « Majors et labels indépendants
: France, Grande-Bretagne, 1960-2000 », Vingtième
Siècle. Revue d'histoire, 2006/4, n° 92, pp. 33-45.
-OSBORNE, Richard, « De l'étiquette au label
» in FRITH, Simon, LE GUERN, Philippe, et al.,
Sociologie des musiques populaires, Paris, Hermès science,
Lavoisier, Réseaux : communication - technologie -
société, Volume 25 - n° 141-142, 2007, pp. 67-96.
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