INTRODUCTION
1. Problématique
Au lendemain de la Première Guerre
mondiale, en réaction aux destructions et aux pertes provoquées
par ce conflit, s'est développé un courant idéaliste,
également appelé légaliste, assignant comme
finalité aux politiques étrangères le respect des valeurs
morales et des règles du droit, le but ultime étant de
préserver la paix.
Ce courant, qui a donné naissance
à la discipline des relations internationales, a engendré une
théorie normative, tendant à définir une organisation
idéale de la vie internationale. L'élimination de la menace de
guerre passait par une diplomatie ouverte et impliquait le désarmement
général. Dans la mesure où l'équilibre
international était fondé sur la sécurité
collective, les États devaient être collectivement responsables
face à toute agression, les conflits étant soumis à des
procédures de règlement pacifique, parfois à l'arbitrage
international (voir International public, droit). Poussée
à son terme, la théorie idéaliste s'incarnait dans
l'utopie d'un gouvernement mondial.
En 1899, cette approche avait
présidé à la création de la Cour permanente
d'arbitrage de La Haye. Après la Première Guerre mondiale,
elle conduisit à la création de la Société des
Nations, organisation internationale qui devait régir le nouvel ordre
international ; elle s'exprima également à travers le pacte
Briand-Kellog, signé en 1928, ou à travers la doctrine Stimson,
formulée en 1932, d'après laquelle les États-Unis
refusaient de reconnaître sur le plan diplomatique tout gain territorial
acquis par l'usage de la force
C'est vers cet équilibre des forces que
tendait déjà le système européen des traités
de Westphalie, mettant fin, en 1648, à la guerre de Trente Ans.
L'équilibre des forces, devenu équilibre de la terreur avec la
technologie nucléaire, a régi les relations Est-Ouest depuis
1945, prévenant l'éclatement d'un nouveau conflit
généralisé. Durant cette période, les principales
alliances régionales se sont édifiées afin de dissuader le
bloc adverse, qu'il s'agisse de l'ensemble constitué par l'Union
soviétique et ses pays satellites ou de celui constitué par les
États-Unis et leurs alliés, d'étendre leur influence. La
stratégie de dissuasion exigeait que les uns et les autres se dotent
d'un arsenal crédible (ce qui explique la course aux armements) et
montrent au moment opportun, lors des phases de tension extrême qui
furent nombreuses durant la guerre froide, leur détermination à
préserver la sécurité internationale.
Dans le cadre de cette approche, la guerre a pour
principale cause une rupture de l'équilibre entre puissances ou une
mauvaise appréhension des forces en présence. Cela conduit
à négliger aussi bien le rôle des idéologies, autour
desquelles se sont pourtant constitués les blocs occidental et oriental
qui ont dominé le système international durant la seconde
moitié du XXe siècle, que des acteurs tels que
les opinions publiques ou les organisations internationales. La théorie
réaliste ne parvient pas non plus à rendre compte de
phénomènes qui caractérisent la période, telles les
guérillas ou, plus fondamentalement, les relations
d'interdépendance économique ou l'évolution vers
l'intégration politique supranationale contenue, par exemple, dans le
mouvement qui a conduit à la constitution de l'Union
européenne.
Sur le continent africain, la
coopération s'est également organisée à
l'échelle subrégionale : les pays de la zone franc sont
ainsi réunis au sein de l'Union douanière des États
d'Afrique centrale (Udeac) et de la Communauté économique
d'Afrique de l'Ouest (CEAO) ; les pays de l'Afrique des Grands Lacs ont
leur propre Communauté économique ; l'Afrique australe,
depuis la réintégration de l'Afrique du Sud dans le concert
africain, s'est structurée autour de la Communauté pour le
développement du Sud-africain (SADC). Cette organisation entend
dépasser sa stricte vocation économique pour devenir une force
diplomatique régionale à l'image de la Communauté
économique des États d'Afrique de l'Ouest (CDEAO), formée
autour du Nigeria. Si la CEDEAO n'est pas parvenue à développer
l'intégration économique de ses membres, elle s'est en revanche
affirmée comme une instance de médiation dans les conflits
locaux. Ce sont ainsi les pays de la CEDEAO qui ont constitué une force
d'interposition au Liberia (ECOMOG). L'OUA, longtemps paralysée par les
différends politiques, tente aujourd'hui de retrouver un rôle
majeur du double point de vue économique et diplomatique : en 1991,
les pays membres ont signé le traité d'Abuja, qui vise à
l'instauration d'une Communauté économique panafricaine d'ici
l'an 2025. Parallèlement, ils affirmèrent en 1993 leur
volonté de constituer à l'échelle du continent une force
militaire disponible pour des interventions telle que celle effectuée au
Liberia.
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