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Mourir au Burundi: gestion de la mort et pratiques d'enterrement (de la période pré- coloniale à  nos jours )

( Télécharger le fichier original )
par Emmanuel NIBIZI
Université du Burundi - Licence en histoire 2005
  

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Conclusion du chapitre

Les services funéraires ne datent pas d'aujourd'hui mais récente est leur "marchandisation".116

Ainsi, depuis longtemps, alors qu'on annonçait une mort aux voisins, aux amis et aux membres proches et éloignés de la famille du défunt, tout le monde accourait pour offrir à ceux qui venaient de perdre ce qu'il pouvait: des larmes, de la nourriture pour le deuil (ibiryazagu) et adresser ses adieux à celui qui venait de partir en voyage sans retour.

Aujourd'hui, une modernité est venue pour bouleverser cette situation. Ce sont les services des pompes funèbres avec leur caractère lucratif et mercantile. Le personnel des pompes funèbres a inventé une autre philosophie pour attirer sa clientèle: "celui qui vous aime vous cache le tien (mort)". Il s'agit d'une phrase littéralement traduite du kirundi:"Uwugukunda aguhisha uwawe". C'est un faux adage, une invention au but commercial.

Par contre, ces entreprises ont un apport positif dans la conservation des morts sans la participation directe de la famille frappée par la douleur de la perte. Il suffit que cette dernière accepte, si elle en a les moyens bien sûr, de dépenser ce qui lui reste comme épargne. Néanmoins, il n'est pas facile de répondre aux demandes de ces entreprises funéraires, exploitant de la mort, comme certains les appellent étant donné

116. http://www.France-obseques.fr/étude-credoc/pompes-funebres-service-funeraire.html

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que l'événement malheureux arrive d'une façon inattendue. Le retour à l'esprit de solidarité pourrait dans beaucoup de cas être une alternative à l'ambiance mercantile qu'on rencontre chez les pompes funèbres.

Conclusion générale

Réfléchir sur le sujet « Mourir au Burundi : gestion de la mort et pratiques d'enterrement... » suppose qu'on jette un regard sur la thématique de la mort et de sa gestion dans une société traditionnelle où les rites et les cultes occupent une place de choix.

Il ressort de notre étude que l'évolution des rites et sites funéraires s'est opérée dans un contexte de contact de notre pays avec le monde extérieur, plus précisément dans le contexte de la colonisation allemande, puis belge. Mais, une question se pose à ce niveau: les changements observés dans les pratiques funéraires ancestrales, incluant l'usage des cercueils et d'autres objets modernes (draps, parfum,...) ainsi que l'aménagement minutieux des espaces funéraires (cimetières et tombes) ont-ils eu des conséquences sur le vécu sociétal des Burundais ?

Nous pouvons proposer des réponses axées sur les trois thèmes qui ont fait l'objet de notre étude. Avec l'introduction d'autres cultures étrangères, on s'achemine « vers une perte de l'identité burundaise »117, à la fin du XIXème siècle. Le Burundais a connu des bouleversements de tout ordre dont celui des funéraires. Le Murundi traditionnel qui consultait le devin au moindre problème touchant sa vie et ses biens, est condamné à une nouvelle croyance, celle apportée par les Européens. Ces derniers le soumettent à une sorte de croyance fatale et à une imposition qui pousse à la rupture de l'héritage du passé, « caractérisé par le départ de tous ceux qui représentaient l'aspect religieux du pouvoir traditionnel ».118 La mort devient le salaire du péché, une explication donnée par le prêtre pendant que de l'autre, elle résultait par exemple de l'ensorcellement, du non respect des ancêtres,... Cela est exploité à bon escient par les missionnaires qui, pour faciliter la colonisation jouent un grand rôle dans la façon de voir le monde.

117. J.Gahama, Le Burundi sous l'administration belge, Editions Karthala, Paris, 2001, p407. 118 . J.Gahama, op.cit. p407

119. Ibid.

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Les rites funéraires prennent une autre forme, celle copiée par « une nouvelle génération de chefs gagnés à la religion catholique et aux modes de vie à l'occidentale ».119 Les cérémonies funéraires traditionnelles dont le rôle est sans mesure (rassembler les familles, renforcer les relations inter claniques et le pouvoir de l'autorité,...) sont limitées à une simple présence de l'homme de l'église avec son eau bénite.

Cependant, il est important de préciser que tous les éléments apportés par le blanc n'étaient pas mauvais. Il y a certaines choses qui méritaient le changement. C'est notamment le temps long passé sans travailler que les funérailles prenaient et qui étaient à l'origine des famines. Il était contradictoire de perdre une main d'oeuvre et de rester dans le deuil sans penser au travail. Mais, il n'était pas nécessaire à notre entendement de jeter en bloc tout ce qui constituait notre culture étant donné que chaque société a ses caractéristiques. Non plus, il ne fallait pas adopter les pratiques occidentales sur les morts en faisant fi aux nôtres qui nous distinguent des autres. Malheureusement, avec la force et l'habileté que les Européens sont venus, il était difficile de résister à l'invasion culturelle. Les cimetières et leur gestion ont dû eux-mêmes s'adapter aux changements introductifs par le temps et par les civilisations d'ailleurs (européenne surtout). Les morts, vont de plus en plus être éloignés des vivants.

La sépulture dans l'enclos ou dans les environs cède la place aux obsèques dans des lieux publics connus de l'administration. Le prêtre s'invite au domicile du défunt pour le mettre en contact avec Dieu, gestionnaire de la vie de l'au-delà. Ces évolutions forcées de mentalités ont sans doute entraîné des changements de comportement des Burundais dans la gestion des morts.

L'argent dégomme la solidarité d'antan; les services funéraires exonèrent la famille du défunt du travail de préparer le mort autrefois conçu comme l'expression d'un dernier attachement au sien que la mort venait de hacher. Les cimetières, comme les tombes vont progressivement prendre l'allure de cités qui, au milieu urbain, reflète le niveau de vie matériel de la famille du défunt. A cette ségrégation économique s'est ajoutée durant ces dix dernières années la différenciation ethnique des cimetières. Il s'agit d'une dérive déplorable dont les ressorts méritent d'être identifiés à travers une recherche de type sociologique ou anthropologique.

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Les cimetières, comme patrimoine social, pourraient faire l'objet de beaucoup d'attention, en proposant des stratégies de leur protection et de leur réhabilitation.

Face à la pression démographique sur les terres cultivables, une réflexion sur de nouveaux modes de conservation des morts (exemple de l'incinération) se révèle à notre avis nécessaire.

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SOURCES ET BIBLIOGRAPHIES

I. LES SOURCES ECRITES

I.1. Les ouvrages

1. Alliance Biblique Universelle, La Bible, TOB, Nouvelle édition revue, Société Biblique et Edition du Cerf, Paris, 1988, 1861p.

2. ARIÈS, P., Essais sur l'histoire de la mort en Occident. Du Moyen Age à nos jours, Paris, Seuil, 1975, 522p.

3. ARIÈS, P., L'Homme devant la mort, Paris, Seuil, 1977, 641p.

4. BELLON, R. et Delfosse, P., Codes et lois du Burundi, Maison Ferdinand Larcier, Bruxelles, 1970, 1092p.

5. BOURDEAU, L., Le Problème de la mort ; ses solutions imaginaires et la science positive, Paris, 1904, 355p.

6. CAZENEUVE, J., Sociologie du rite, PUF, Paris, 1971, 334p.

7. CHESTON, L., Les révélations de la mort, Plon, Paris, 1942, 230p.

8. CHRETIEN, J.P. (dir.), L'invention religieuse en Afrique. Histoire et religion en Afrique noire, ACCT- Karthala, Paris, 1993, 487p.

9. CHRETIEN, J.P., Burundi. L'Histoire retrouvée : 25 ans de métier d'historien en Afrique, Karthala, Paris, 1993, 509p.

10. COLLART, R., Les débuts de l'évangélisation au Burundi, EMI, Bologna, 1981, 407p.

11. COLLIN, J. De Plancy, Dictionnaire infernal, Slatkine Reprints, Genève, 1980, 723p.

12. Dictionnaire Larousse, Ed. Françaises, Paris, 1995, 767p.

13. DUBOIS, J. et WIJNGAERT, L. V. D, Initiation philosophique, Editions du C.R.P, Kinshasa, 1981, 248p.

14. DUFOUR, L., X., Face à la mort, Jésus et Paul. Parole de Dieu., Seuil, Paris, 1979, 315p.

15. FAVRE, R., La mort dans la littérature et la poésie françaises au siècle des lumières, Lyon, P.U.L., 1976, 640p.

16. GAHAMA, J., Le Burundi sous l'administration belge: la période du mandat 19191939, Karthala, Paris, 1983 Bujumbura, 465p.

17. HARDY, C., L'après-vie à l'épreuve de la science, Ed. Du Rocher, Monaco, 1986, 305p.

18. JANKELEVITCH, V., La mort, Flammarion, Paris, 1977, 474p.

71

19. MANRAN, R., Batouala, Albin Michel, Paris, 1921.

20. MEHL, R., Le vieillissement et la mort, PUF, Paris, 1956, 136p.

21. MERAND, P., La vie quotidienne en Afrique noire, Harmattan, Paris, 239p.

22. MEYER, H., Les Barundi: une étude ethnologique en Afrique orientale, 1984, 274p.

23. MORIN, E., L'homme et la mort, Seuil, Paris, 1970, 372p.

24. MUSANIWABO, T.M.L., Les chemins de la sagesse. Imana et le Murundi, Centre d'Histoire des Religions, Louvain-la-Neuve, 1979, 231p.

25. MWOROHA, E., Peuples et rois de l'Afrique des Grands Lacs, Les Nouvelles Editions Africaines, Dakar, 1977, 352p.

26. NGAYIMPENDA, E., Histoire du conflit politico-ethnique burundais. Les premières marches du calvaire (1960-1973), Ed. de la Renaissance, Bujumbura, 2004, 629p.

27. NTAHOMBAYE, P., Des noms et des hommes. Aspects psychologiques et sociologiques du nom au Burundi, Karthala, Paris, 1983, 281p.

28. POUPARD, P. (dir.), Dictionnaire des religions, P.U.F, Paris, 1984, 2218p.

29. ROZIER, R., Le Burundi, pays de la vache et du tambour, les Presses du Palais Royal, Paris, 1973, 582p.

30. SABATIER, R., Dictionnaire de la mort, Paris, Albin Michel, 1967, 540p.

31. SAMI A. ALDEEB ABU-SAHLIEH, Les Cimetières, normes et pratiques chez les musulmans et leur implication en Suisse, L'Harmattan, Paris, 2001, 96p.

32. SOUSBERGHE, L. de, Pactes de sang et pactes d'union dans la mort de quelques peuplades du Kwango, Académie Royale des Sciences d'Outre-Mer, Bruxelles, 1960, 160p.

33. THIBAUT, O., Maîtrise de la mort, Ed. Universitaires, Paris, 1975, 22p.

34. THIBON, C., Histoire démographique du Burundi, Karthala, Paris, 2004, 438p.

35. THOMAS, L-V., Anthropologie de la mort, Paris, Payot, 1976, 540p.

36. THOMAS, L-V., Rites de mort. Pour la paix des vivants, Fayard, Paris, 1985, 285p.

37. VAN NOTEN, F. L, Les tombes du roi Cylima Rujugira et de la reine-mère Nyirabuhi Kanjogera: description archéologique, Musée Royal de l'Afrique centrale, Tervuren, 1972, 82p.

72

38. VIDAL, R., Guide pratique de législation funéraire, Librairies techniques, Paris, 1985, 383p.

39. ZUGLER, J., Les vivants et la mort : une investigation médicale, Laffont, Paris, 1982, 314p.

I. 2. Les mémoires

40. BARANSANANIYE, A., La mort et l'après-mort, ( traduit dans la littérature rundi), Bujumbura, E.N.S, 1976, 75p.

41. GAHAMA, A., La reine mère et ses prêtres au Burundi, ENS, U.B, 1976, 92p.

42. IMWIYITIRIRE, C., Bukeye, fin du domaine royal et réalisations missionnaires (1915-1962), U. B., Bujumbura, 1982, 89p.

43. MANIRAKIZA, Z., Guerre et paix dans le Burundi traditionnel. Une étude anthropologique et sémiotique de la poésie guerrière. D'après une enquête menée en commune Mpinga-Kayove. Bujumbura, U.B, 1991, 158p.

44. MUJAWAHA, M., Le rituel à travers quelques romans négro-africains et

d'expression française, U.B., FLSH, LLF, Bujumbura, 1971, 70 p.

45. MULAGO GWA CIKALA, M., La religion traditionnelle des Bantu et leur vision du monde, BCRA, Faculté de théologie catholique, Kinshasa, 1980, 211p.

46. NGAYIMPENDA, E., La Transition démographique en situation coloniale: le cas du Burundi: environ 1930-1960, Bujumbura, U.B, FLSH, 1984, 221p.

47. NGENDAKUMANA, I., Etude de quelques aspects psycho-sociaux du deuil au Burundi: enquête menée dans la région de Mubuga dans la commune de Ngozi, Bujumbura, U.B, FPSE, 1983, 165 p.

48. NSABIMANA, L., La peine de mort en droit pénal, Bujumbura, U.B, F.D, 1983, 93p.

49. NTAMAHUNGIRO, E., Le thème de la vengeance à travers les contes rundi, Bujumbura, U.B, FLSH, 1980, 225p.

50. TUZAGI, H., La Conception traditionnelle de la mort à travers des proverbes rundi, Bujumbura, U.B, FLSH, 1985, 128p.

73

I. 3. Articles de revues

51. CHRETIEN, J.P., " Les arbres et les rois, sites historiques au Burundi", Culture et société, revue de civilisation burundaise, Ministère de la Jeunesse, des sports et de la culture, Bujumbura, 1978, 124p.

52. GIRUKWISHAKA, E., « Nangayivuza au Burundi», QVES? n°7, 1969.

53. HAKIZIMANA, S., « La superstition au Burundi », QVES? n°37, 1979

54. NTABONA, A., « Le Monde des Esprits dans l'âme du Murundi », QVES? n°7, 1969.

55. NDIGIRIYE, E., « Le lever de deuil chez les Barundi », ACA, Bujumbura, 1972.

56. NDIGIRIYE, E., « Les funérailles chez les Barundi », ACA, Bujumbura, 1969.

57. NTABONA, A., « Recherche d'harmonie, gage de la paix dans l'axiologie burundaise traditionnelle», Au Coeur de l'Afrique, n°2-3, Les Presses Lavigerie, Bujumbura, 1999, 208p.

58. NTABONA, A., « Le phénomène du burozi », QVES? n° 22- 23, 1975.

59. NYANDURUKO, M.-J., « Burundi: de la lumière à l'obscurité. La question lancinante du retour à la Religion Traditionnelle », Au coeur de l'Afrique, Les Presses Lavigerie, Bujumbura, 1999, 164p.

60. VYUMVUHORE, A., « Efficacité de la magie noire au Burundi », QVES? n°2223, 1975

I. 4. Les sources inédites

61. Archives nationales, Kitega AA 152, 1933-1960, liasse 1 (1954-1956), Cimetières pour indigènes, lettre n°1446/just du 17/4/54 de Résident n°211/1928/997 du 6/4/54 de V.G.G.

I.5. Sites web : Moteurs de recherche

http://www.google.com http://fr.wikipedia.org/wiki http://yahoo.fr

74

II. LES SOURCES ORALES Liste des informateurs

Nom et prénom

Age

Localité

profession

date
d'enquête

1. Ndimubandi Dismas alias Makumba

50

Muyange(Gitanga)

Notable

Août 2005

2. Congera Abdatien

45

Kanyererwe(Giharo)

Représentant des
notables et secrétaire
paroissial

12/08/05

3. Gahungu André

74

Bukemba

Cultivateur

18/07/05

4. Nahimana Pierre

64

Gifunzo

Notable

11/08/05

5. Mpfaguhora Sébastien

62

Mpinga-Kayove

Enseignant

Août 2005

6. Ngendabanyi-kwa Joseph

55

Musongati

Chef de secteur

Août2005

7. Mukerangabiro Salomé

34

Muyinga(Quartier
Gasenyi)

Percepteur des taxes
communaux

Août 2005

8. Nzeyimana Vincent

50

Gasorwe(Gishuha)

Chef de secteur

20/09/05

9. Macumi Boniface

52

Gasorwe(Nyungu)

Chef de secteur

Août 2005

10. Gahungu Claver

51

Gasorwe(Kagurwe)

Chef de secteur

Août 2005

11. Gahungu Jean

54

Gasorwe(Masasu)

Chef de zone

Août 2005

12. Mukankima Delphine

27

Gasorwe

Comptable communal

Juillet 2005

13. Bayubahe Chantal

24

Bururi

Observateur des droits de l'homme

Août 2005

14. Habarugira Immaculée

30

Muramvya

Secrétaire à la province de Muramvya.

Août 2005

15. Bizindavyi Emmanuel

30

Bujumbura

Etudiant U.B

Août 2005

16. Sheh YUSUFU

45

Buyenzi

Religieux (imam)

Août 2005

17. Wakora

50

Gitanga

cultivateur

Juillet 2005

18. Ntahondi

70

Gitanga

cultivateur

Juillet 2005

19. Ntahompagaze Jean de Dieu

37

Gitanga

enseignant

Juillet 2005

20. Nkeshimana Gabriel

20

Bujumbura

élève

01/08/05

21. Bimenyimana Ernest

35

Bubanza

enseignant

Août 2005

22. Mathias Habimana

37

Rugombo

Observateur des droits de l'homme

01/09/05

23. Niyonkomezi Salomon

35

Buyengero

Observateur des droits de l'homme

Août 2005

75

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote