II.2 DISCUSSIONS
Il est clair que pour établir véritablement
l'état de l'alea érosif, il aurait fallut intégrer
d'autres paramètres aux pédopaysages et à l'occupation des
sols. Ces deux groupes de paramètres sont cardinaux, mais pas toujours
suffisants. Dans la démarche de modélisation de l'érosion,
certains auteurs associent systématiquement un modèle
numérique de terrain (MNT) associé à une carte
topographique (Atherton et al, 2005). Dans ce travail nous avons estimé
que la phase de photo-interprétation qui a précédé
les traitements thématiques sous Arc View pourrait servir de rempart au
modèle numérique de terrain.
Pour la spatialisation de l'aléa de l'érosion en
Nouvelle Calédonie (Luneau, 2006) a utilisé comme couches
d'information : pente, précipitation, courbure du profil, courbure
horizontale, surface drainée cumulée, géologie et
occupation des sols. Apparemment, l'occupation des sols semble l'unique
paramètre commun à la démarche de Luneau et à celle
employée dans cette étude. Or lorsqu'on examine les sous
paramètres contenus dans les pédopaysages on se rend compte que
les deux démarches se rapprochent à deux paramètres
près : la pluviométrie et la zone d'étude. En effet les
pédopaysages intègrent comme sous paramètres, la
géologie, la pédogenèse les types de sols et la
morphologie qui prend en compte les pentes et la topographie. C'est donc
essentiellement la pluviométrie qu'il eut fallu nécessairement
intégrer comme paramètre.
Karambiri a fait de la pluviométrie le paramètre
focal pour caractériser la surface du sol et étudier
l'érosion dans un petit bassin versant sahélien à Katchari
(Karambiri et al, 2003). Pour cela le bassin versant a été
instrumenté pour recueillir des données pluviométriques
journalières. Cette démarche est effectivement appréciable
dans un contexte ou la pluviométrie connaît beaucoup de
fluctuation et où l'érosion est surtout le produit des crues et
averses. De plus dans ce contexte les lignes du paysage sont quasiment
effacées avec des pentes dont la valeur est très peu
marquée. Par contre dans la zone du Parc W qui est le site de
liii
cette étude, la pluviométrie est assez
régulière les lignes du paysage sont bien dessinées et les
terroirs villageois sont relativement plus densément peuplés.
L'occupation des sols de même que les pédopaysages trouvent donc
toute leur importance comme paramètres de référence pour
l'analyse de la dynamique érosive. C'est pourquoi à défaut
d'accéder à des outils d'analyses adéquates et des
données pluviométriques fiables nous avons
privilégié les données des pédopaysages et
d'occupation des sols aux données pluviométriques.
Ces deux groupes de paramètres illustrant les
caractéristiques spatiales des deux bassins versants sont conformes au
moins aux caractéristiques analytiques superficielles. A base d'une
analyse couplée rapprochant les deux types de caractéristiques,
spatiales d'une part et analytiques de l'autre on peut estimer la mesure de ces
deux paramètres généraux dans la dynamique érosive
(Figures 8 et 10, et Tableau 8)
Le poids de l'occupation des sols dans la dynamique
érosive s'illustre mieux en ramenant l'indice d'usage du sol
(Tableau 3) des deux bassins versants à leur taux de
matière organique et de carbones totaux respectifs (Figure
14.). On constate que dans le bassin versant de Kotchari-Fouanbiga
à indice d'usage faible, ces taux sont supérieurs à ceux
de Kaabougou qui a un indice d'usage plus élevé. Cela
suggère fortement l'hypothèse d'une dynamique des bassins
sérieusement corrélée à l'occupation des sols.
De même le poids des pédopaysages s'illustre
mieux en ramenant le matériau originel dominant de chacun des deux
bassins versants à leur distribution texturale respective (sables et
argile surtout) (Figure 14). Dans la carte pédologique de la
région de l'Est (Leprun, 1969), les unités pédologiques
majeures du bassin versant de Kotchari-Fouanbiga sont les sols hydromorphes
tandis que dans le bassin versant de Kaabougou les unités
pédologiques sont des sols ferrugineux avec matériau argilo
sableux. C'est cette variation du matériau originel qui pourrait
expliquer la différence de texture pour les deux bassins versants. Cela
nous conforte dans l'hypothèse d'une dynamique fortement liée aux
pédopaysages.
Néanmoins les paramètres pédopaysagiques
et d'occupation des sols devraient être d'avantages
détaillés et plus affinés dans la perspective d'un
modèle qui produise un bilan de l'érosion plus minutieux dans la
périphérie du Parc W qui intègre le site de
l'étude. Dans cette perspective, cette étude aurait posé
des bases déjà claires et une certaine orientation. C'est la
même logique qui aurait certainement guidé les travaux de
Jean-Marie Lamachère dans le nord soudano sahélien sur le bassin
versant de Samniweogo (Lamachère, 1998).
Les travaux de Guillobez, S et al entrepris à une
échelle plus grande, le territoire national constitueraient une des
finalités recherchées par cette étude ci (Guillobez et Al,
1995). La différence c'est essentiellement l'échelle mais aussi
le cadre fonctionnel. Dans ses travaux il a
liv
privilégié le découpage administratif.
Cette approche a l'avantage de recourir à des données qui sont
pour la plupart disponibles. L'inconvénient serait l'inadéquation
avec les besoins et exigences environnementaux qui tiennent dans des
unités éco fonctionnelles comme le bassin versant et non dans des
territoires artificiellement délimités.
L'une des insuffisances de la présente étude
serait la composante sur l'analyse diachronique. Les profils actuels (2007)
n'ont pas pu être positionnés à l'emplacement exact des
profils anciens (1967). Les positions approximatives des profils sur le pas de
temps considéré, impose qu'on relativise quelque peu la
portée de l'analyse. Mais cette analyse diachronique garde toute sa
pertinence en ce sens que la composition analytique et granulométrique
des unités pédopaysagiques reste globalement constante à
un instant donné comme démontré ci haut (Tableau
8).
lv
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