II. INTERPRETATION DES RESULTATS ET ELEMENTS DE
DISCUSSION
II.1.INTERPRETATION DES RESULTATS
Pour les deux bassins versants sites de l'étude,
l'analyse spatiale soutient fortement l'hypothèse que le mouvement des
matériaux, autrement dit la dynamique des unités fonctionnelles,
est étroitement liée aux pédopaysages et à
l'occupation des sols. En effet les zones les plus vulnérables au sein
des deux sites correspondent aux zones sous cultures ou sous exploitation
diverses et ces zones sont d'autant vulnérables à
l'érosion que les unités paysagiques qui les supportent sont
topographiquement élevées et ou inclinées. Les zones
stables correspondent aux zones sous protection (réserves). Ces zones
sont d'autant stables qu'elles sont supportées par des unités
paysagiques ayant une position topographiquement basse. Cette analyse
s'illustre mieux en juxtaposant successivement l'esquisse de la dynamique aux
pédopaysages et à l'occupation des sols (Figures 8, 10 et
13).On voit que les zones des deux bassins versants les plus à
risques pour l'érosion (figures 13 ; indices 1 et 2) correspondent
à des unités pédopaysagiques très susceptibles
à l'érosion notamment pentes et buttes ( figure 8 ) et
des unités d'occupations des sols fréquemment sous cultures
(figure 10 carte de Kotchari, plage jaune ; carte de Kaabougou plage
rouge).
En poursuivant l'analyse spatiale, lorsqu'on considère
l'échelle des bassins versants, la dynamique semble à priori la
même d'un bassin versant à l'autre. Pour chacun des deux sites,
bassins versant respectifs de Kotchari -Fouanbiga et de Kaabougou, la
moitié Ouest est celle ou l'aléa érosif est le plus
élevé et la moitié Est, la zone la plus stable (Figure
13). Cette similitude apparente dans la dynamique pour les deux bassins
versants pourrait être ramenée à leur statut même.
Les deux bassins versants sont en effet des bassins versants mixes à
cheval entre la zone sous conservation (Parc) et la zone ouverte à
l'exploitation (Périphérie). C'est donc l'occupation des sols qui
pourrait expliquer l'apparente similitude dans la dynamique des deux bassins
versants (Figure 10). Or ce statut n'est pas supporté de la
même manière par les entités des deux bassins versants.
Pour le site de Kaabougou en effet, la moitié Ouest sous exploitations
diverse correspond l'amont du bassin versant, zone de départ par
prédilection des matériaux et pour Kotchari-Fouanbiga, la moitie
ouest sous exploitations diverses correspond au versant ouest (Figures 8,
10 et 13). Nous avons cherché à comprendre les nuances
éventuelles qui pourraient exister dans la dynamique spatiale entre les
deux bassins et à l'échelle des bassins versants. Pour cela nous
avons effectué une analyse couplée ramenant
l
l'organisation spatiale aux caractéristiques
analytiques (Figure 14). En mettant en avant 4 lots de
paramètres analytiques : granulométries, matières
organiques, eaux du sol et réaction du sol, on pourrait soutenir
l'hypothèse d'une dynamique érosive différente pour les
deux bassins versants.
Les différences de taux de sable, de réserve en
eau utile et d'ionicité montrent qu'en termes de stabilité
structurale de l'horizon culturale, le bassin versant de Kaabougou est plus
stable que celui de Kotchari-Fouanbiga. Plusieurs études ont en effet
montré que la frange fine de la granulométrie accumule l'eau en
surface du sol ce qui favorise la battance et le décapage du sol (Roose,
1983) ; étant donné que les paramètres concernés se
rapportent plus à la nature du sol donc aux pédopaysages, on
pourrait dire que dans le bassin versant de Kotchari-Fouanbiga ce sont les
pédopaysages qui ont plus de poids dans la dynamique érosive que
l'occupation des sols.
Quant au taux de matières organiques plus
élevé dans le bassin versant de Kotchari-Fouanbiga que celui de
Kaabougou elles sont révélatrices de l'état de
fertilité des deux bassins versants. Or la fertilité pour ce qui
est de l'horizon culturale se rapporte plus au l'usage du sol donc à
l'occupation des sols. Cela nous amène à dire que dans le bassin
versant de Kaabougou l'occupation des sols a plus de poids dans la dynamique
érosive que les pédopaysages.
A l'échelle des unités fonctionnelles du bassin
versant, on peut émettre l'hypothèse d'une dynamique d'ensemble
commune entre les 3 unités pédopaysagiques (bas-fonds, bas de
pente, et moyennes pentes) au sein desquelles ont été
implantées les profils pédologiques et ce sur la profondeur
totale de chacun des profils à un moment donné. Cela est en
cohérence avec les niveaux de sensibilité des pédopaysages
vis-à-vis de l'érosion qui ont été établis
(Figure 9) ou tout au moins le niveau de sensibilité 3 qui
correspond au niveau le plus stable. En effet, une analyse basée sur les
résultats issus de la caractérisation des profils
pédologiques actuels (Tableau 9) montre que l'ensemble des
paramètres suit globalement la même logique d'un profil à
l'autre. Pris à un même instant, aucun paramètre ne
présente pour chacun des unités pédologiques
considérées, une valeur qui s'écarte excessivement de la
moyenne de l'ensemble. L'exception tient dans le taux de phosphore du profil
TPA49. Mais ce taux exceptionnellement élevé de Phosphore
s'explique par le matériau originel (le substratum est une roche
sédimentaire fortement phosphorisée) (Leprun, 1969) et non par
l'unité pédopaysagique dans laquelle le profil a
été implanté.
En estimant l'hypothèse d'une dynamique d'ensemble
commune admise pour les 3 unités pédopaysagiques
considérées au même instant, nous avons cherché
à savoir s'il est possible d'extrapoler pour un pas de temps (de 40
ans). Pour cela nous avons procédé à une analyse
li
diachronique. L'analyse diachronique montre que pour le pas de
temps considéré, la dynamique serait une dynamique à
double vitesse pour certains paramètres au moins pour les deux
unités pédopaysagiques de référence : les bas de
pente et les bas-fonds respectivement représentés par les profils
TPA15 et TPA51. Autrement dit la dynamique érosive serait
différente suivant qu'il s'agisse des bas de pente ou des bas-fonds. En
effet deux paramètres s'écartent de la logique d'évolution
des autres paramètres dans le temps. Il s'agit de la distribution
texturale et des matières organiques. L'évolution de la texture
et des matières organiques se traduit par l'accroissement des
matières organiques dans les bas de pente (TPA15) et sa
régression dans les bas-fonds (TPA51), la régression des limons
dans les bas de pente(TPA15) et son accumulation dans les bas-fonds(TPA51).
Cette évolution semble illustrer deux réalités :
- D'une part les processus de transfert des matériaux
entre les bas de pente et les bas-fonds exprimé par les taux de limons,
qui est en adéquation avec la carte de sensibilité des
pédopaysages à l'érosion (Figure 9.);
- D'autre part, la différence de fertilité
exprimée dans les taux de matières organiques qui est en
adéquation avec la carte de degré d'usage des sols (figure
11).
Pour conclure sur ce point, étant donné la
relative stabilité des bas-fonds (Figure 9) par rapport aux bas
de pente si ces unités se trouvent à un niveau de
fertilité plus faible que les bas de pente, c'est dire que l'occupation
des sols a un poids plus important que les pédopaysages dans la
dynamique de l'érosion.
En restant toujours dans la logique de l'analyse diachronique
nous nous sommes intéressés à deux des paramètres
analytiques qui semblent mieux traduire la dynamique, en l'occurrence la
distribution texturale (granulométrie) et les pF. Ces deux
paramètres sont des paramètres focaux de la dynamique
d'après certains pédologues (De Noni G et al, 1986 ; Guillobez S
et Al, 1995). Et ils sont par ailleurs fortement corrélés.
L'analyse montre que :
- Pour les pF il y a une accumulation accrue de l'eau dans les
horizons superficielle à
l'échelle commune des deux bassins versants et que par
contre le l'Azote élémentaires est en baisse (Figure
17). Cela suggère l'hypothèse d'un défaut de
minéralisation de l'azote, le processus de minéralisation de
l'azote se serait dégradé au fil de ces 40 ans ; l'accroissement
de l'accumulation de l'eau dans les horizons superficielle démontre que
le risques d'érosion s'est accrue puisque l'infiltration a sensiblement
chuté
- Pour la distribution texturale le raffinement des particules
constaté (Figure 17), augure d'une tendance des bassins
versants à l'instabilité structurale. Cela se traduit par une
susceptibilité accrue à l'érosion hydrique des sols sur la
période de 40 ans.
lii
La juxtaposition des disparités spatiales entre le
bassin versant de Kotchari-Fouanbiga et le bassin versant de Kaabougou,
seraient transposables pour ces deux paramètres ci-dessous
mentionnés à l'évolution commune des deux bassins versants
sur la période de 40 ans écoulée entre 1967 et
2007(Figures 14 et17). En effet les caractéristiques du Bassin
versant de Kaabougou se rapprochent des caractéristiques communes des
deux bassins versants en 2007 tandis que les caractéristiques du bassin
versant de Kotchari-Fouanbiga se rapprochent de celles communes aux deux bassin
versants en 1967. Cependant pour confirmer ces tendances il faut des
investigations spécifiques et plus approfondies.
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