II.2- Matériel biologique : Espèces
ciblées
Cinq espèces ont été choisies
pour cette étude (Hemichromis fasciatus, Tilapia guineensis,
Sarotherodon melanotheron heudelotii, Elops lacerta, Ethmalosa fimbriata),
car elles ont précédemment été capturées en
amont comme en aval du barrage (Ecoutin et al., 2005). Ces cinq
espèces peuvent vivre et se reproduire dans des
écosystèmes aquatiques ayant des salinités très
variables (Albaret, 1987 ; Pandaré et al., 1997 ; Panfili
et al., 2006), figure 5. Dans la suite de ce travail nous utiliserons
parfois les codes de ces espèces pour les nommer : Sarotherodon
melanotheron (SME), Tilapia guineensis (TGU), Hemichromis
fasciatus (HFA), Ethmalosa fimbriata (EFI), Elops lacerta
(ELA).
Les espèces ont été
décrites par Paugy et al, (2003a, b).
17
Figure 6 : Photos des cinq espèces de poissons
étudiés (Vidy G. de l'équipe HR RAP)
18
II.2.1- Ethmalosa fimbriata (Bowdich, 1825), figure 6
C'est une espèce estuarienne d'origine marine
(Albaret, 1999). Ce genre monospécifique se distingue des autres
Clupeidae par l'échancrure médiane dont est pourvue la
mâchoire. Le corps plutôt élevé est assez
comprimé latéralement. E. fimbriata présente une
paupière adipeuse bien développée, une nageoire dorsale
munie de 16 à 19 rayons, une anale de 19 à 23 et des ventrales de
8 rayons. 37 à 42 écailles à bord distal lacinié
sont disposées le long de la ligne longitudinale avec 16 à 19 et
10 à 13 écussons respectivement pré-pelviens et
post-pelviens. Elle a une coloration argentée dans l'alcool avec le dos
brunâtre ou verdâtre. L'arrière de la partie
supérieure de l'opercule est pourvu d'une tâche noire arrondie. La
taille maximale observée (TMO) chez E. fimbriata est de 350 mm
(longueur standard).
Cette espèce est connue des zones
côtières, des estuaires et parfois même des cours
inférieurs de fleuve, de la Mauritanie à l'Angola. Elle se
caractérise par une adaptation extrême aux conditions très
variables des eaux saumâtres et côtières de la côte
ouest africaine (Charles-Dominique, 1982). E. fimbriata tolère
des taux de salinité très élevés y compris au
moment de la reproduction. Des individus en maturation ont été
observés à des salinités de 60. Elle peut supporter des
salinités allant jusqu'à 80 en Casamance (Albaret, 1987). Elle a
été retrouvée à des salinités 130 (Laë
& Vidy comm. intern.) au niveau de l'estuaire du Saloum. Elle a un
régime alimentaire de type planctophage (Bainbridge, 1957 ; Fagade &
Olaniyan, 1972), mais celui-ci reste lié aux disponibilités
alimentaires du milieu (Lazarro, comm. pers.). La reproduction est
étalée dans le temps avec une intensité maximale en saison
sèche (Gerlotto, 1979 ; Albaret et al., 2000). La
fécondité de cette espèce est plus ou moins variable. Elle
est de 150 à 300 ovocytes par gramme de femelle mature (Albaret &
Gerlotto, 1976) mais pouvant atteindre environ 500 ovocytes par gramme de
femelle mature (Fagade, 1974). La croissance d'E. fimbriata est
affecté par les fortes salinités (> 60) qui entrainent sa
réduction (Panfili et al., 2004a).
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