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Prospective au Burkina: enjeux et défis( Télécharger le fichier original )par Arnaud Wendpouiré SAVADOGO Université catholique de l'Afrique de l'ouest/ unité universitaire Bobo-Dioulasso - Licence en macroéconomie et gestion du développement 2009 |
I. Contexte et justificationSur le plan international, les débats en matière de développement concernent les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Ces objectifs, qui sont au nombre de huit (08) sont fixés pour l'horizon 2015. Ce sont : éliminer l'extrême pauvreté et la faim ; assurer l'éducation primaire pour tous ; promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes ; réduire la mortalité des enfants de moins de cinq (5) ans ; améliorer la santé maternelle ; combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies ; assurer un environnement durable ; mettre en place un partenariat mondial pour le développement. A l'échelle sous-régionale, les Etats de l'Afrique de l'Ouest ont pour la plupart entamé la réalisation d'études prospectives. Cet état de fait est dû à la volonté de disposer d'un cadre prospectif d'un développement basé sur un changement structurel de l'environnement. Au plan national et suite au constat des insuffisances du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), le Burkina a décidé de procéder à une relecture de celui-ci. Au titre de ces insuffisances, figure le fait que le CSLP n'ait pas suffisamment intégré la vision prospective. Le dispositif chargé de la mise en oeuvre de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD) a été alors mis en place par l'arrêté ministériel N°2009007. La SCADD vise de manière succincte l'amélioration des capacités de production et l'atteinte des OMD. Ainsi, la prospective apparaît au centre des politiques de développement mises en place tant aux niveaux national, sous-régional, qu'international, puisque la SCADD doit s'inscrire dans la vision prospective afin d'atteindre, entre autres, les OMD. Le choix de notre thème découle de la nécessité de faire un bilan de l'avancée de la culture et de la pratique prospective au Burkina, compte tenu de son importance dans les actions de développement au Burkina. Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 2 Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 3 II. ProblématiqueAu Burkina Faso, le séminaire sur le renouveau de la planification de 1994 qui s'est tenu à Bobo-Dioulasso a marqué le point de départ de l'approche prospective. Au cours de ce séminaire, une analyse rétrospective des trois dernières décennies de planification a été réalisée. Le pays avait connu deux grandes périodes de planification à cheval entre 1960 et le milieu des années 1990. La première période qui s'est étalée de 1960 à 1990 est caractérisée par une planification à moyen terme généralement à horizon quinquennal dans une situation contemporaine d'Etat-providence, donc intervenant dans la quasi-totalité des secteurs de développement. Cette ère de planification n'a pas réussi à anticiper sur les conjonctures des années 80, lesquelles se distinguèrent par des déséquilibres macroéconomiques, notamment des endettements croissants et des fluctuations des prix des produits de base. Pour pallier ces déséquilibres, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI) ont mis en place à partir des années 1990 les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS). Ce changement a influé sur la planification quinquennale qui s'est transformée en programmation triennale, axée sur la gestion financière, donc sur le court terme. Cette deuxième période de planification, bien qu'ayant assaini les finances publiques et entraîné un retour vers la croissance économique, n'a pu juguler l'aggravation de la pauvreté. L'analyse rétrospective a permis de conférer désormais à la fonction de planification trois (03) missions principales que sont la valorisation de la fonction prospective, la mise en place d'un cadre d'orientation stratégique à moyen terme et la traduction de l'orientation stratégique en un cadre de gestion opérationnelle de l'économie nationale. C'est dans cet ordre d'idées que suite à ce séminaire, il a été entrepris de réaliser une étude nationale prospective dénommée « Etude Nationale Prospective Burkina 2025 », sous la conduite du Ministère de l'Economie et du Développement (MEDEV) et avec l'appui des partenaires au développement. Cette étude, après un démarrage timide depuis 1999, a connu une accélération en 2003 et les résultats sont disponibles depuis 2004-2005. Cependant, force est de reconnaître que plus de dix (10) ans après les prémices de la prospective au Burkina Faso, l'approche prospective demeure toujours un véritable problème en termes de mise en oeuvre. Un premier constat est que les Directeurs Généraux et Centraux du Ministère de l'Economie et des Finances (MEF) ont été informés des résultats de l'ENP le 29 juillet 2009 soit cinq ans (05) après la sortie des résultats de l'étude prospective. Ces directeurs sont pourtant les cadres du MEF qui est partie intégrante du dispositif institutionnel de la prospective au Burkina. Ensuite, lors de la restitution des résumés des études prospectives sur le secteur énergie, le secteur coton et le VIH/SIDA, la plupart des participants semblait ne pas savoir en quoi consiste la prospective. Dans ce contexte, la question d'intérêt que l'on est en droit de se poser est la suivante : Quelles sont les chances de réussite de la démarche prospective au Burkina ? Cette question centrale de notre étude est sous-tendue par quatre interrogations fondamentales liées entre elles: y' Le Burkina a-t-il les capacités de réaliser la vision prospective sur le plan de la gouvernance ? y' Le Burkina possède t-il les moyens de réaliser la vision prospective sur le plan social ? y' Le Burkina se trouve-t-il sur la voie de la réalisation de la vision prospective sur le plan économique ? y' Le Burkina a-t-il les capacités nécessaires pour la réalisation de la vision prospective sur le plan de la politique extérieure ? III. Objectifs de l'étudeIII.1. Objectif GénéralLa présente étude a pour objectif général d'identifier la posture, c'est-à-dire la position du Burkina Faso face à la vision prospective déclinée par l'ENP « Burkina 2025 » qui est : Une nation solidaire, de progrès et de justice qui consolide son respect sur la scène internationale. III.2. Objectifs SpécifiquesLes objectifs spécifiques de notre étude sont :
IV. Approche méthodologique
V. Cadre institutionnel de la prospective au BurkinaV.1. Le Ministère de l'Economie et des Finances (MEF)
V.2. Le Projet REGE
V.3. La Cellule de Veille Prospective (CVP)
V.4. Le Conseil National de la Prospective et de la Planification
V.5. Le Ministre chargé de mission auprès du Président du Faso,
I. Quelques acceptions de la prospective
II. La prospective pour quoi faire ?
III. Les cinq (05) idées clés de la prospective
III.1. Le monde change mais les problèmes demeurent
III.2. Des acteurs clés aux points de bifurcation
III.3. Se poser les bonnes questions et se méfier des idées reçues
III.4. De l'anticipation à l'action par l'appropriation
III.5. Des outils simples pour penser le complexe
CHAPITRE III :Démarche globale de la prospectiveI. Concepts de base
I.1. L'avenir, domaine de liberté
I.2 L'avenir, domaine de pouvoir
I.3. L'avenir, domaine de volonté
II. Caractéristiques de la démarche prospective
II.1. C'est une démarche pluridisciplinaire
II.2. C'est une démarche qui intègre la dimension du temps long, passé et à venir
II.3. C'est une démarche qui intègre les ruptures
II.4. C'est une démarche participative
III. Etapes de la démarche prospective
III.1. Phase 1 : Constitution de la base analytique
L'identification de la problématique de l'étude vise à définir le problème à étudier et à délimiter le champ de l'étude ainsi que l'horizon. Il s'agit ici de situer la démarche Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 16 prospective dans son contexte socio-organisationnel afin de stimuler l'ensemble du processus à l'aide d'ateliers de prospective. Concernant l'horizon, il est retenu que le bon horizon d'une étude prospective est l'horizon des ruptures (une génération). Les études de base à réaliser comprennent des études rétrospectives, des études spécifiques et le recensement des perceptions et des aspirations des populations. Les études spécifiques et rétrospectives ont pour but d'identifier dans les domaines politique, économique et socioculturel, ainsi que dans l'environnement régional et international, les tendances lourdes, les germes de changement, les forces et faiblesses, les menaces et opportunités utiles pour l'appréciation de la situation passée et présente ainsi que pour la construction des scénarios et la définition de la vision. L'analyse structurelle a deux objectifs complémentaires : se doter d'une représentation aussi exhaustive que possible du système étudié, et réduire la complexité du système aux variables essentielles. L'analyse des stratégies d'acteurs vise à découvrir les mécanismes des jeux d'acteurs afin de permettre une meilleure compréhension de leurs stratégies respectives. III.2. Phase 2 : Elaboration des scénariosL'avenir n'étant pas unique mais multiple et indéterminé, il importe d'imaginer les différents scénarios possibles de l'environnement général ou des contextes plus spécifiques à prendre en compte dans la réflexion stratégique. Les variables essentielles, déterminantes pour l'avenir du système, résultant de l'analyse structurelle, combinées aux résultats de l'analyse des jeux d'acteurs permettent de dégager les questions clés pour l'avenir du système. L'élaboration des scénarios s'articule autour de ces questions clés sous la forme de combinaisons de modalités de réponses, jugées à la fois pertinentes et vraisemblables. Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 17 III.3. Phase 3 : Le choix des options stratégiquesLa construction de scénarios conduit à la création d'images alternatives du futur. Il reste d'une part à se forger une vision, c'est-à-dire un futur désiré, partagé par l'ensemble des acteurs du système ; d'autre part à dégager les orientations stratégiques permettant de cheminer vers la vision. Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 18 CHAPITRE IV :Présentation de l'Etude NationaleProspective « Burkina 2025 »
En matière de prospective, il y a deux (02) écoles : la prospective intuitive utilisée surtout au Canada et pour un horizon relativement court (10-15 ans) et la prospective par scénarios selon l'école française, pour un horizon plus long (25-30 ans) et pour permettre à tous les acteurs sociaux d'en suivre les démarches et éléments techniques. L'ENP a été menée selon l'école française et a comporté trois (03) phases : la constitution de la base d'information, la construction de scénarios thématiques et globaux, et la détermination de la vision et la formulation de stratégies. Phase 1 : Constitution de la base d'informationLes actions ont concerné :
Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 20 Phase 2 : Construction des scénarios thématiques et globauxLa construction des scénarios a comporté six (06) étapes regroupées en deux (02) phases.
La vision se voulant un projet de société voulu et partagé par l'ensemble de la population, il s'avère nécessaire que tout le monde se l'approprie et réoriente son action. En outre, elle doit être déclinée en termes opérationnels et complétée par des visions sectorielles, thématiques et locales. Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 22 CHAPITRE V :Analyses et discussionsLa vision est constituée de quatre (04) éléments constitutifs à savoir : la gouvernance, le social, la politique extérieure et l'économie. Nous nous proposons, de voir si, au regard de la situation et dynamiques actuelles des secteurs-clés de cette vision, il y a quelques chances de réaliser nos ambitions à l'horizon 2025. I. De la capacité du Burkina à réaliser la vision prospective sur le plan de la gouvernanceNous avons appréhendé la gouvernance selon ses dimensions politique, administrative, locale et économique. En ce qui concerne la gouvernance politique, on relève des avancées significatives en matière de liberté d'expression et de droit à l'information depuis la publication du rapport du Collège des Sages le 30 juillet 1999. Rappelons que, l'Etat de droit est à la gouvernance politique ce que l'oxygène est à l'organisme humain. L'Etat de droit implique que tous les niveaux, sans exception aucune, soient soumis au droit. La constitution étant une source importante du droit, le juge constitutionnel ne devrait pas être nommé. Ce qui est pourtant le cas dans notre pays. En effet, le Conseil est composé d'un Président nommé par le Président du Faso, de trois (03) magistrats nommés toujours par le Président du Faso sur proposition du ministre de la Justice et de trois (03) personnalités nommées encore par le Président du Faso. Au total, le premier magistrat de notre pays nomme sept (07) membres sur dix (10) du Conseil ; les trois (03) autres membres étant nommés par le Président de l'Assemblée Nationale. Cette procédure de nomination limite l'indépendance de cette structure et de son premier responsable. Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 23 Une faiblesse majeure du Conseil Constitutionnel c'est qu'il ne peut être saisi que par un cercle restreint de personnalités politiques : le Président du Faso, le Premier Ministre, le Président de l'Assemblée Nationale et un cinquième (1/5e) des députés de l'Assemblée soit vingt-trois (23) députés. A cet état de fait, il faut ajouter l'état de corruption qui existe au sein du système judiciaire et qui le place ainsi parmi les seize (16) institutions les plus corrompues3. En outre, l'accès à la justice par le justiciable, chose qui concourt à l'édification de l'Etat de droit, agonise pour plusieurs raisons dont l'analphabétisme de la population, les procédures qui sont longues et compliquées à comprendre, la cherté de la justice et l'accessibilité géographique car les Tribunaux de Grande Instance (TGI) se trouvent uniquement au niveau des chefs-lieux de régions. Pour ce qui est de la gouvernance administrative, nous relevons que le MEF, a réduit les budgets des organes administratifs à travers le Cadre de Dépenses à Moyen Terme (CDMT). Cela rend la réalisation des missions difficile. A titre d'exemple, le Secrétariat Permanent de la Politique de Bonne Gouvernance (SP-PNBG) a vu son budget se réduire de moitié entre 2009 et 2010, soit de 30 millions de FCFA à 15 millions de FCFA. Il faut aussi noter le déficit de ressources humaines qualifiées. En effet, le stock de capital humain du Burkina est faible, avec moins de 0,45 année d'éducation moyenne. En somme, le manque de ressources humaines qualifiées et le manque de ressources matérielles et financières semblent être les grands maux qui sont à la base du dysfonctionnement de l'administration burkinabè. Cet état de fait se traduit, entre autres, par la corruption au sein du système. Ladite corruption est généralisée et varie d'une institution à une autre en fonction de l'existence ou non de relations directes entre les agents de l'Etat et le public. A coté de cette corruption, la Banque mondiale en a repéré une autre qu'elle qualifie de « discrète ». Par ailleurs, le système administratif burkinabè se caractérise par une culture de l'urgence, ainsi que par un cloisonnement intra et interinstitutionnel. Au sein de certains départements étatiques, les agents de tel ou tel service travaillent entre eux. C'est le même phénomène qui se produit d'une institution à une autre. Chaque institution constitue alors un vase clos si bien qu'il y a peu de coordination au moment de l'action. Aussi les initiatives se mènent-elles sans mémoire, et ne peuvent être donc intégrées dans un continuum. 3 Rapport 2006 du REN-LAC sur la corruption au Burkina Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 24 Quant à la gouvernance locale, nous avons constaté que les textes au Burkina consacrent la décentralisation à travers le transfert des compétences du centre vers les communes rurales, pour un développement à la base. Cependant, force est de reconnaître que le transfert des compétences n'est pas effectif. Cela est dû aux moyens limités dont dispose l'Etat. C'est alors que les maires se voient presqu'obligés de procéder à des lotissements massifs pour obtenir des fonds communaux, et ce malgré le risque de conflits sociaux. De surcroît les élus locaux sont pour la plupart analphabètes et les maires sont à majorité citadins. Cela handicape fortement le transfert des compétences au niveau local. Sur le plan de la gouvernance économique, le Burkina regorge de cadres compétents. Cependant, ces capacités ne sont pas employées de façon optimale, si bien que l'homme qu'il faut n'est pas souvent à la bonne place. De plus, il y a des changements perpétuels de politiques de développement dus à la pression des Partenaires Techniques et Financiers (PTF). Pourtant, la Déclaration de Paris stipule que les Pays en Voie de Développement (PVD) doivent s'approprier leurs politiques de développement. De ces analyses, il semble que le Burkina est encore loin de la voie menant à la réalisation de la vision prospective sur le plan de la gouvernance. Le pays souffre d'une assez faible pratique démocratique due à sa jeunesse et à l'analphabétisme, d'une décentralisation mal engagée et de la corruption « classique » couplée à celle « discrète » comme l'atteste le dernier rapport de la Banque Mondiale sur les « indicateurs du développement en Afrique en 2010 ». Ce rapport indique que 87% des entreprises burkinabè usent de corruption « discrète » pour obtenir les marchés publics. Nos résultats sont semblables à ceux de l'ENP (2005) concernant la situation de la gouvernance. Les insuffisances, elles, tiennent à : V' la faiblesse de la démocratisation et de la
décentralisation à la base due au fait que le jeu
démocratique national n'a pas encore suffisamment pris appui sur la
démocratie locale , V' un développement du phénomène de
corruption. La transparence et la rigueur dans la gestion des ressources
publiques semblent relever d'un passé révolutionnaire à
jamais révolu , V' aux germes de conflits en rapport avec la décentralisation ou liés aux mutations sociales, économiques et politiques [...]. Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 25 D'une part, les textes sont présents mais leur application pose problème. D'autre part, concernant la gouvernance économique, il y a des capacités, mais celles-ci ne sont pas optimisées. A notre avis, cela pourrait être dû à un manque d'engagement politique. L'ENP a procuré aux politiques, comme nous l'avions précédemment indiqué, un cadre de long terme dans lequel devraient s'intégrer les politiques de court et de moyen terme. Il apparaît alors logique que la SCADD, document cadre qui doit remplacer le CSLP, s'inscrive dans l'ENP. Pourtant, comme l'a confié l'une de nos personnes ressources, c'est à la suite d'une lutte de longue haleine que le MEF a enfin décidé d'intégrer la SCADD dans l'ENP. Ce qui est paradoxal. II. De la capacité du Burkina à réaliser la vision prospective sur le plan socialAu Burkina, les valeurs socioculturelles sont suffisamment ancrées dans le quotidien des citoyens. Cependant, celles-ci sont menacées du fait de la monétarisation des échanges. Le bien social tend donc à remplacer le lien social, si bien que l'on assiste à une forte montée de l'individualisme. Les individus se battent par tous les moyens, pour leur seul développement, occultant ainsi et dans la plupart des cas, l'aspect collectif. C'est alors que les fléaux sociaux tels que le viol et le banditisme sont de plus en plus monnaie courante. De plus, les couches les plus vulnérables de la société que sont les enfants et les personnes âgées voient leur situation se déprécier. En effet, d'une part, les enfants, qui, aussi bien dans la société traditionnelle que moderne sont considérés comme sacrés, assistent impuissants, à l'effritement de leurs droits pourtant consacrés par les textes. C'est ainsi qu'il est commun de nos jours de voir des enfants travailler sans repos. D'autre part, les personnes âgées, qui étaient d'antan perçues comme des sages et permettant à la société de produire, sont de plus en plus marginalisées. Dans l'élaboration des politiques sectorielles, les femmes sont de plus en plus prises en compte. Mais, il faut noter que, malgré cette prise de conscience de l'importance des femmes dans la société, le patriarcat tend à minimiser ce rôle. En outre, les politiques en matière d'éducation mettent très peu l'accent sur la relation entre la formation et le milieu de l'emploi. Cela se traduit par une absence de vision de l'emploi, laquelle situation accroît le chômage des jeunes diplômés. Pour le reste, il faut noter que le PIB est croissant. De 2005 à 2008, il a connu une hausse de 46,41%4. Cependant, l'accroissement de 10,15%5 de la population totale entre 2005 et 2008 combiné à la faible efficacité des mécanismes de 4 Base de données 1960-2010 Banque Mondiale 5 Annuaire Statistique INSD 2008 Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 26 redistribution de la richesse nationale engendrent une évolution lente des conditions de vie de la plupart des ménages burkinabè. Pour ce qui est de l'unité nationale, la situation des conflits interethniques est relativement limitée, exacerbée, de temps à autre, par les problèmes d'occupation des sols, notamment avec les migrations agricoles vers l'Ouest du pays, réputée pour ses terres fertiles, ce qui a réactivé les conflits entre « autochtones » et « étrangers ». De plus, le système des castes tend à disparaître à travers le brassage implicite dû à la modernisation de la société. Cependant, il existe des reliques, notamment les griots de la société bwoaba qui sont enfermés dans un système d'endogamie et de repli que l'on pourrait qualifier d'identitaire. Ce qui atténue les conflits interethniques au Burkina est l'existence de la parenté à plaisanterie entre divers groupes ethniques dont certains avaient été longtemps en conflit avant l'institution d'une telle parenté qui vident les antagonismes dans la seule agressivité verbale. Suite à ces analyses, il ressort que le Burkina n'a pas la posture adéquate pour la réalisation de la vision prospective sur le plan social. Tout d'abord, la société burkinabè se caractérise de nos jours par son individualisme croissant et son lot de fléaux sociaux qui vont même jusqu'à marginaliser d'une part les enfants et d'autre part les personnes du troisième âge. Ensuite, il y a la persistance de cette perception selon laquelle la femme a un rôle limité dans l'architecture sociale. Enfin, d'une part, l'emploi des jeunes diplômés devient de plus en plus problématique. D'autre part l'unité nationale est menacée par les conflits interethniques et les traces des systèmes de castes. Ces analyses sont similaires aux résultats sur la rétrospective sociale du Burkina fournis par l'ENP « Burkina 2025 ». En matière d'emploi, l'observation fait apparaître la prédominance de l'emploi précaire, un développement du chômage en milieu urbain (18%) et un sous-emploi en augmentation dans les zones rurales (40%). Sur le plan culturel, malgré une population burkinabè à plus de 80% rurale et la diversité culturelle inhérente à la multiplicité des ethnies, on note une régression des valeurs culturelles. Cet effritement culturel est dû en partie à une diffusion médiatique largement favorable à l'extérieur et à une quasi-absence d'une politique culturelle indiquée. En outre, la pénétration de valeurs étrangères induit des changements et est à l'origine de nouveaux phénomènes de sociétés comme la délinquance juvénile, l'abandon d'enfants et la prostitution des jeunes filles. Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 27 Dans le domaine du genre, alors qu'elles représentent 51,7% de la population totale, les femmes, du fait de certaines pratiques ancestrales dévalorisantes pour elles et de diverses pesanteurs culturelles, demeurent l'une des catégories les plus pauvres et les plus marginalisées de la société. Le manque d'engagement ferme et de moyens appropriés ne permet toujours pas la mise en oeuvre d'une vigoureuse politique de discrimination positive [...]. Selon nous, la société burkinabè est caractérisée par le fait que l'économique soit mis au premier plan à tel point qu'il dirige les faits sociaux ; ce qui ne devrait pas être car l'économique n'est qu'un aspect de la vie sociale. Il y a tout de même des tentatives de recadrage de la vie socio-économique à travers notamment des fora de rencontres et d'échanges entre le pouvoir politique et les différentes catégories sociales : paysans, jeunes, femmes, entrepreneurs, organisations de la société civile. Mais l'impact de tels fora et rencontres annuelles reste limité et paraît, aux yeux de certains observateurs, des entreprises plus médiatiques au profit du pouvoir que d'actions en profondeur pour la cohésion sociale et la solidarité nationale prônées par l'ENP. III. De la capacité du Burkina à réaliser la vision prospective sur le plan de la politique extérieureEn ce qui concerne la visibilité extérieure du Burkina, tout d'abord, il est important de souligner que le pays est le lieu d'importantes rencontres internationales, comme les sommets d'institutions internationales et les formations de standing international. Cela est la résultante, d'une part, de la stabilité sociopolitique dont jouit le pays depuis deux décennies et de son hospitalité et, d'autre part, de l'urgence de diversifier les sources de la richesse nationale, notamment en développant le secteur tertiaire, non tributaire des aléas climatiques, à l'opposé du secteur primaire burkinabè. Ces rencontres permettent au Burkina à la fois de mieux se faire connaître, et d'obtenir des retombées économiques. En outre, les artistes burkinabè commencent à se faire connaître à l'international, à travers des tournées et des stages de perfectionnement. Cependant, le sport important créneau pour un pays en vue de la reconnaissance internationale, est au ralenti au Burkina. En effet, il y a peu de disciplines dans lesquelles le Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 28 pays brille lors des compétitions d'envergure internationale. Cela est dû à cette culture de l'urgence selon laquelle l'on s'entraîne pour la compétition peu de temps avant son début. L'image du Burkina Faso s'est nettement améliorée. Suspecté, dans les années 90, d'être mêlé à de nombreux conflits internes de pays voisins ou même lointain comme l'Angola, le pays est, depuis une décennie, devenu le médiateur dans les conflits de pays voisins. Dans le domaine de la diplomatie burkinabè, il faut souligner que le pays est représenté à la hauteur des moyens dont il dispose. Le Burkina dispose de vingt- huit (28) ambassades et de six (06) consulats généraux à travers le monde. Chacune de ces représentations entretient des relations diplomatiques avec plus d'un pays pour pallier le manque de moyens financiers. Lesdites représentations accompagnent les opérateurs économiques, autant que faire se peut, dans leurs affaires sur le plan international. Malgré ces moyens limités, le pays intervient dans les conflits sous régionaux à travers son Président qui intervient comme médiateur. Le Burkina s'est trouvé au centre de la sortie de crise en Côte d'Ivoire qui est en train d'organiser les premières élections présidentielles depuis dix (10) ans qui sont prévues pour le 31 octobre 2010. Cependant, force est de constater que le Burkina reste toujours dépendant de l'Aide Publique au Développement (APD), si bien que les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) influent sur l'élaboration des politiques de développement du pays, et partant sur la gouvernance économique du pays. De la précédente analyse, nous pouvons dire que le Burkina est plus où moins sur le chemin de la réalisation de la vision prospective, en ce qui concerne sa politique extérieure. En effet, le pays a, ces dernières années, oeuvré pour améliorer son image auprès de ses voisins et de la communauté internationale. Cela s'est traduit entre autres, par une spécialisation dans l'organisation de rencontres d'envergure internationale et par un interventionnisme confirmé du pays dans les conflits internationaux et sous-régionaux. Mais, le pays de par son besoin grandissant d'aide extérieure, a du mal à s'approprier ses politiques de développement. Cette situation est d'autant plus décrite par L'ENP. En ce qui concerne le second point qui a trait à l'APD, force est de reconnaître que le Burkina Faso est tributaire des financements extérieurs qui couvrent près de 80% des besoins de financement des projets et programmes d'investissement public. Le pays doit compter sur la générosité de ses partenaires au développement même pour les dépenses de souveraineté Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 29 (élection par exemple). Une telle situation de dépendance financière limite singulièrement la souveraineté nationale et rend le pays très vulnérable et exposé au chantage au triple plan économique, financier et politique [...]. IV. De la capacité du Burkina à réaliser la vision prospective sur le plan économiqueIV.1. Compétitivité et infrastructures économiquesIV.1.1. CompétitivitéLa compétitivité économique est indispensable pour un pays en vue d'une croissance soutenue et durable. Elle permet d'évaluer la capacité qu'à un pays de s'imposer face à la concurrence étrangère. Nous avons choisi de l'appréhender selon le solde global de la balance des paiements qui est l'ensemble des opérations financières et commerciales entre un pays et le reste du monde pendant une année. Le graphique 1 met en exergue l'évolution du solde global de la balance des paiements couvrant la période 2005 -2009. Graphique 1 : Evolution du solde global de la balance des paiements de 2005 à 2009
Solde global -100 000 -150 000 200 000 150 000 100 000 -50 000 50 000 0 2005 2006 2007 2008 2009 Solde global Source: Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) 2010 Le graphique indique trois (03) phases de l'évolution du solde global de la balance des paiements. Il y a d'abord une phase très ascendante de 2005 à 2007 du solde global qui passe 30 Ces travaux ont été financés par lle Projet REGE de -103709 millions à 188081 millions de FCFA. Cette croissance du solde s'explique par la baisse du déficit du compte des transactions courantes en relation avec l'amélioration du solde commercial. Cela est dû à une augmentation de 38,52% des exportations, elle-même résultant de l'augmentation des exportations de produits destinés à l'industrie. Ensuite le graphique montre une phase de décroissance accrue entre 2007 et 2008. En effet, le solde global passe de 188081 millions à -34000 millions de FCFA. Cette chute brutale est due à l'accroissement du déficit du compte courant. Cela est en relation avec la baisse de 2,82% du volume des exportations, elle-même résultant de la baisse des exportations des biens de consommation semi-durables et des produits destinés à l'industrie ayant subi une transformation. Enfin, il y a une phase de croissance ralentie entre 2008 et 2009. Le solde global dégage un excédent de 10000 millions de FCFA en 2009 après le déficit de 34000 millions de FCFA en 2008. Cette croissance est en liaison avec la réduction marquée du déficit du compte courant, du fait essentiellement de la progression des exportations. Les exportations ont augmenté de 13,5% en relation avec la hausse de la production de coton destinée à l'exportation, et à l'entrée en production de nouvelles mines d'or. IV.1.2. Infrastructures économiquesIV.1.2.1. Réseau routierLe tableau 1 nous montre l'évolution du réseau routier national classé par région. Tableau 1 : Evolution de l'ensemble du réseau routier classé par région (en km) de 2000 à 2007 Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 31
Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 32 Le tableau ci-dessus indique que de 2000 à 2007, le réseau routier est resté constant en termes d'envergure aussi bien au niveau régional qu'au niveau national. IV.1.2.2. Accès à l'électricitéPour apprécier la couverture en électricité au Burkina Faso, nous avons calculé un ratio de couverture routière. Ce ratio est égal au rapport entre le nombre d'abonnés basse tension et le nombre de ménages. Plus il tend vers 1 et plus les ménages ont accès à l'électricité. Nous sommes partis sur la base, que, toutes choses étant égales, par ailleurs, un abonnement à la SONABEL équivaut à un ménage et que lesdits ménages optent pour l'abonnement basse tension. En 2006, le nombre de ménages était de 2360126 avec un taux de croissance de 3,6%. Les données obtenues sur le nombre d'abonnés basse tension étant de 2008, il apparaît logique que le nombre de ménages à considérer est celui de 2008. En 2008, le nombre de ménages s'élevait à 2533114 et le nombre d'abonnés basse tension de la SONABEL était de 308032. Ainsi, le ratio de couverture en électricité obtenu est 0,122 ; ce qui signifie que seulement 12,2% des ménages burkinabè utilisent l'électricité. Ces travaux ont été financés par lle Projet REGE 33 IV.1.2.3. Accès aux marchésPour ce qui est de l'accès aux marchés, le tableau 2 nous donne des renseignements. Tableau 2 : Pourcentage de ménages ayant accès aux marchés en moins de 30 minutes
Source : INSD, Enquête burkinabè sur les conditions de vie des ménages 2003 et enquête annuelle sur les conditions de vie des ménages (EA - QUIBB) 2005 et 2007 Le tableau 2 met en exergue le fait que les ménages aient de moins en moins accès en moins de trente (30) minutes aux marchés de 2003 à 2007. En effet, 54,7% des ménages ont accès aux marchés en moins de trente (30) minutes en 2007 , alors qu'ils étaient 55,7% dans cette situation en 2003. Cette dépréciation représente une baisse de 1% de ménages. IV.2. Accès des acteurs économiques aux ressources modernesIV.2.1. Information et communicationIV.2.1.1. Accès à internetEn ce qui concerne l'accès au service internet, le graphique 2 éclaire notre lanterne. Graphique 2 : Evolution du nombre d'utilisateurs internet de 2005 à 2008
2008 2007 2006 2005 0 50000 100000 150000 Utilisateurs Internet Utilisateurs Internet Source : Base de données 1960-2010 Banque Mondiale Ce graphique nous montre une croissance soutenue du nombre d'utilisateurs internet au Burkina Faso, de 2005 à 2008. En effet, le nombre d'utilisateurs internet est passé de 64600 à 140000 entre 2005 et 2008, soit une hausse de 116,72%. IV.2.1.2. Accès à la téléphonie mobileLe présent tableau 3 nous informe sur les indicateurs de télécommunications de téléphonie mobile au Burkina Faso. Tableau 3 : Indicateurs de télécommunications de téléphonie mobile
Source : Autorité Nationale de Régulation des télécommunications (ARTEL) Ce tableau fait ressortir tout d'abord que le nombre d'opérateurs n'a pas évolué car il est resté statique sur le chiffre 3 entre 2005 et 2008. Ensuite, il montre que le nombre d'abonnés a connu une augmentation substantielle surtout entre 2007 et 2008. En effet, ce nombre est passé de 633554 à 3024150 de 2005 à 2008, soit une hausse de 377,33%. En dernier lieu, nous remarquons que le chiffre d'affaires de la téléphonie mobile a également connu une forte croissance de 2005 à 2008. Ce chiffre d'affaires est passé de 52034,3 millions de FCFA à 124646,4 millions de FCFA, soit une hausse de 139,55%. Cependant l'augmentation du chiffre d'affaires n'est pas fortement liée à celle du nombre d'abonnés car n'étant pas proportionnelles. Cela se remarque plus entre 2007 et 2008. Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 34 IV.2.2. Technologie agricoleIV.2.2.1. Utilisation de machines agricolesLe graphique 3 nous permet de suivre l'évolution de l'utilisation des machines agricoles au Burkina Faso. Graphique 3 : Evolution du nombre de tracteurs pour 100km carrés de terres arables Machinerie agricole, tracteurs/100
Source : Base de données 1960-2010 Banque Mondiale Le graphique ci-dessus nous montre deux (02) phases dans l'évolution de l'utilisation des machines agricoles par les exploitants burkinabè. En premier lieu, nous remarquons une phase ascendante. A ce niveau, le nombre de tracteurs pour 100km carrés de terres arables croît de 16,65 à 17. Cela s'explique par la mise en place de politiques de modernisations agricoles entreprises par l'Etat. Ensuite, il y a une régression dans l'utilisation de la machinerie agricole durant la période 2006-2007, si bien que le nombre de tracteurs s'établit à 16,92. Cet état de fait s'explique par l'adoption hésitante des tracteurs par les agriculteurs qui sont pour la plupart analphabètes. Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 35 IV.2.2.2. Production céréalièreLa production céréalière concerne les cultures suivantes : le mil, le sorgho, le maïs, le riz et le fonio. En ce qui concerne la production céréalière, le tableau 4 nous donne des éléments d'analyse. Tableau 4 : Evolution des cultures céréalières (en tonnes) 2005/2006 2006/2007 2007/2008 2008/2009 Ensemble céréales 3 649 533 3 680 674 3 088 811 4 358 518 Source : Direction Générale de la promotion de l'économie rurale/Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques (MAHRH) Ce tableau nous montre une évolution en dents de scie des cultures céréalières au cours des saisons 2005/2006, 2006/2007, 2007/2008 et 2008/2009. Nous identifions une première phase ascendante à cheval entre les saisons 2005/2006 et 2006/2007. Cette phase se caractérise par une hausse de la production de 0,85%. Cette hausse est due à l'utilisation relative des machines agricoles. Vient ensuite une deuxième phase qui est décroissante. En effet, la production céréalière accuse une baisse de 16,08% entre les exercices 2006/2007 et 2007/2008. Pourtant, les superficies des cultures céréalières ont augmenté de 8,63% .Cela suggère que cette baisse de production est la conséquence des conditions climatiques de la saison 2007/2008. Enfin, il y a une phase de forte croissance de la production céréalière qui croît de 41,11% entre les saisons 2007/2008 et 2008/2009. A ce niveau, les superficies des cultures céréalières se sont accrues de 26,40%. Cette hausse notable de production peut s'expliquer par l'augmentation des superficies des cultures céréalières doublée de conditions climatiques favorables de la saison 2008/2009. Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 36 Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 37 IV.3. Condition de vie des ménagesIV.3.1. Education, espérance de vie et revenus des ménagesA ce niveau, l'indicateur que nous avons jugé approprié est l'Indice de Développement Humain (IDH). Cet indicateur est la moyenne arithmétique de trois (03) indicateurs : l'espérance de vie, l'alphabétisation et le PIB par tête. Le tableau 5 nous indique l'évolution de cet indice sur trois (03) années notamment 2005,2006 et 2007. Tableau 5 : Evolution de l'IDH de 2005 à 2007
Source : Programme des Nations Unies pour le Développement, Rapports mondiaux sur le développement humain Le tableau ci-dessus nous indique que l'IDH a connu une hausse relative de 2005 à 2007. Cette hausse est en relation en premier lieu avec le nombre d'élèves du primaire qui a connu une augmentation de 22,85% entre les années scolaires 2004/2005 et 2006/2007. Puis, cette hausse est due à une croissance de 16,429% du PIB par habitant entre 2005 et 2007. Enfin ladite hausse est en liaison avec l'augmentation de 1,86% de l'espérance de vie de 2005 à 2007, elle-même tributaire des efforts accomplis dans la lutte contre le VIH/SIDA. Cependant, l'IDH du Burkina le classe parmi les pays en développement car il est inférieur à 0,421. IV.3.2. EauLe tableau 6 montre l'évolution de la part des ménages ayant accès à l'eau en moins de 30 minutes de 2003 à 2008. Tableau 6 : Pourcentage de ménages ayant accès à l'eau en moins de 30 minutes
Source : INSD, Enquête burkinabè sur les conditions de vie des ménages 2003 et enquête annuelle sur les conditions de vie des ménages (EA - QUIBB) 2005 et 2007 Ce tableau fait ressortir une baisse du pourcentage de ménages burkinabè ayant accès à ce service de base qu'est l'eau, en ce sens qu'il y a une décroissance de 1,5% des ménages ayant accès à l'eau en moins de 30 minutes. De ces inférences statistiques, il ressort que le Burkina ne se trouve pas sur la voie menant à la réalisation de la vision prospective sur le plan de l'économie. En premier lieu, concernant la compétitivité économique, il apparaît que l'économie du pays n'est pas assez compétitive pour le placer dans une position de plaque tournante sur le plan international. Cela se traduit par des exportations non maîtrisées qui dépendent de l'évolution des cours mondiaux. Pour ce qui est des infrastructures économiques, les indicateurs sont au rouge en ce sens qu'elles ont tendance à se dégrader. Cela est un frein au développement d'activités économiques à forte valeur ajoutée et pour les entreprises burkinabè d'être compétitives tant sur le plan sous-régional qu'international. Par ailleurs, les analyses montrent que de plus en plus de burkinabè s'informent et communiquent : hausse de 116,72% du nombre d'utilisateurs internet et de 377,33% pour le nombre d'abonnés à la téléphonie mobile. Cependant, le nombre d'utilisateurs des TIC est toujours insuffisant, si l'on considère la population totale du pays. Lorsque l'on aborde l'utilisation de la technologie dans l'agriculture qui contribue le plus au PIB à hauteur de 40%, l'on remarque qu'il y a beaucoup d'efforts à faire. En effet, les agriculteurs ont du mal à s'approprier les technologies en question, du fait de leur analphabétisme et de l'impact des croyances. Ceux-ci préfèrent opter pour l'agriculture extensive qui dégrade plus les sols et qui est dépendante des aléas climatiques. En outre, parlant des conditions de vie des ménages, nous avons constaté une appréciation du niveau d'alphabétisation (hausse de 22,85% du nombre d'élèves du primaire entre 2004 et 2007). Ensuite, il se dégage une croissance de 16,429% du PIB par habitant entre 2005 et 2007. Puis, l'on note une variation positive de 1,86% de l'espérance de vie entre 2005 et 2007 en relation avec les mesures gouvernementales engagées pour la lutte contre le VIH/SIDA. Ces résultats sont similaires à ceux du rapport du Burkina sur les OMD 2010. Accès à l'éducation : le renforcement des infrastructures et des ressources humaines a permis d'accroître la capacité d'accueil et d'encadrement du système éducatif. Ainsi le nombre d'écoles primaires s'est accru en moyenne de 7,7% par an entre 2000 et 2007, se Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 38 traduisant par un quasi-doublement du nombre de classes avec une présence de plus en plus marquée du secteur privé. Lutte contre le VIH/SIDA : les mesures de gratuité pour les indigents associées à la baisse progressive des coûts des ARV et des examens biologiques jusqu'à la gratuité des ARV sont des mesures qui ont permis d'accroître l'accessibilité et l'utilisation des services de soins/traitement. Malgré ces efforts du gouvernement, le Burkina a encore du chemin à parcourir pour réduire la pauvreté, au vu du classement de son IDH et de la dégradation des conditions d'accès à l'eau qui est pourtant essentielle à la vie. Ces analyses sont appuyées par les commentaires de l'hebdomadaire burkinabè Bendré qui disent que : « Selon les estimations, l'incidence de la pauvreté se situerait autour de 41,7% ». Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 39 CONCLUSION ET SUGGESTIONSNotre travail de recherche a eu pour question de départ l'interrogation sur les chances du Burkina à réaliser la vision prospective. Pour y répondre, nous avons considéré chacun des quatre (04) pôles de cette vision qui sont : le pôle de la gouvernance, le pôle social, le pôle de l'extérieur et le pôle de l'économie. Tout d'abord, les résultats ont révélé que le Burkina n'est pas sur la voie de la réalisation de la vision prospective, pour ce qui est de la gouvernance. En effet, la situation de la gouvernance est telle que l'on constate une faible pratique démocratique, un processus de décentralisation au ralenti, une corruption tant classique que discrète, et une souveraineté en matière d'élaboration et d'appropriation de politiques de développement qui est mise à l'épreuve par les PTF. Ensuite, concernant l'axe social, il est ressorti que notre pays s'éloigne de plus en plus de l'objectif de long terme visé, qui est le Burkina Faso en tant que nation. A ce niveau, nous avons constaté une rupture sociale grandissante qui se traduit par l'effritement des bases même de notre société telle que la solidarité. Par ailleurs, en ce qui concerne la réalisation de la vision du point de vue de la politique extérieure, malgré les progrès qui restent à faire, on peut retenir que le Burkina est sur la voie, car des efforts notables ont été faits pour permettre au pays de jouer sa partition sur le plan international. Mais, cela est à relativiser, car les relations entre le Burkina et ses PTF ont un caractère aliénant. En dernier lieu, après avoir analysé le pôle économique, le constat fait est que le Burkina n'a toujours pas réussi à infléchir sa trajectoire et reste dans les geôles du sous-développement ; ce qui nous a permis d'affirmer qu'il n'est pas sur le sentier de la réalisation de la vision. Cela se traduit par une économie fortement tributaire du climat, caractérisée par une faible modernisation et par des indicateurs fermant la marche dans les classements mondiaux. La vision prospective déclinée dans l'ENP, étant un système d'éléments interagissant les uns sur les autres, il sied que les actions en vue de sa réalisation intègrent l'approche systémique. Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 40 La bonne gouvernance étant le fer de lance pour la réalisation de la vision, car agissant sur tous les autres pôles, il faudrait une volonté plus accrue des hommes politiques et une hiérarchisation des défis. Cela pourrait commencer par une dotation conséquente, tant en moyens financiers, humains, que logistiques du SP-PNBG, afin que celui-ci soit à même de réaliser les missions qui lui ont été assignées. En sus, il serait judicieux de mener des campagnes nationales de communication sociale sur la vision prospective, afin que celles-ci soient le leitmotiv des populations à tel point que leur manque de confiance en l'avenir soit relégué aux calendes. En outre, les acquis en matière de politique extérieure devraient être consolidés et renforcés par la réduction de la dépendance du Burkina vis-à-vis de l'aide par son utilisation optimale lors des prochaines années. Enfin, il faudrait d'une part réactualiser les écoles rurales afin de former les agriculteurs sur la technologie agricole, et d'autre part maximiser davantage sur l'éducation des populations, pour qu'elles puissent permettre au Burkina d'être compétitif face à la mondialisation. Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 41 ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIEGodet M., 1997, Manuel de Prospective Stratégique, Tome 2 : L'art et la méthode, Dunod, Paris. Godet M., 1991, De l'anticipation à l'action, Dunod, Paris. PNUD-Futurs Africains, 1994, Formulation de stratégies : Phase IV du processus NLTPS, NLPTS Série méthodologique. Arcade J., 1993, Prospective et planification Stratégique ; Articulations et Synergies, Institut International de Planification de l'Education, IIPE/UNESCO, Paris. Ministère de l'Economie et du Développement du Burkina Faso, 2007, Rapport Général de l'Étude Nationale Prospective « Burkina 2025 » Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 42
ANNEXESANNEXE 1 : VARIABLES DU SYSTEME BURKINA
II ANNEXE 2: Configuration générale du système
III ANNEXE 3 : GUIDE D'ENTRETIEN THEME I : Gouvernance politique
THEME II : Gouvernance administrative
THEME III : Gouvernance locale 1. Comment ressentez-vous le transfert des compétences aux élus locaux dans notre pays ? THEME IV : Gouvernance économique
THEME V : Unité nationale
iv 4. Comment ressentez-vous l'intégration sociale des personnes du troisième âge au Burkina ? THEME VI : Solidarité nationale
THEME VII : Image du Burkina
THEME VIII : Diplomatie de développement
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Changeons ce systeme injuste, Soyez votre propre syndic
"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire" | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||