WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Prospective au Burkina: enjeux et défis

( Télécharger le fichier original )
par Arnaud Wendpouiré SAVADOGO
Université catholique de l'Afrique de l'ouest/ unité universitaire Bobo-Dioulasso - Licence en macroéconomie et gestion du développement 2009
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

 

BURKINA FASO
UNITE-PROGRES-JUSTICE

UNIVERSITE CATHOLIQUE DE L'AFRIQUE DE L'OUEST (UCAO)

UNITE UNIVERSITAIRE A BOBO-DIOULASSO (UUB)

BP : 1052 Bobo Dioulasso

Tél. : 20 97 23 06//20 98 03 33//20 97 16 85
Email :
ucao_uub@yahoo.fr

RAPPORT DE FIN DE CYCLE

Présenté en vue de l'obtention du
diplôme de licence
Domaine : Sciences Economiques et de Gestion
Mention : Sciences Economiques
Spécialité
: Macroéconomie et Gestion du Développement

 

THEME :

PROSPECTIVE AU BURKINA : ENJEUX ET DEFIS

 
 

Soutenu par :

Arnaud Wendpouiré SAVADOGO, le 18 Novembre 2010

Directeur de rapport : Maître de stage :

Dr. G. Damien LANKOANDE Pr. Fernand SANOU

Année académique 2009-2010

 

I

TABLE DES MATIERES

TABLE DES ILLUSTRATIONS III

TABLE DES TABLEAUX III

TABLE DES GRAPHIQUES III

DEDICACE IV

REMERCIEMENTS V

SIGLES ET ABREVIATIONS VI

INTRODUCTION 1

CHAPITRE I: QUESTION DE LA MISE EN OEUVRE DE LA PROSPECTIVE AU BURKINA FASO 2

I.

II.

III.

CONTEXTE ET JUSTIFICATION

PROBLEMATIQUE

OBJECTIFS DE L'ETUDE

2

3

4

 

III.1.

Objectif Général

4

 

III.2.

Objectifs Spécifiques

4

IV.

APPROCHE METHODOLOGIQUE

5

V.

CADRE INSTITUTIONNEL DE LA PROSPECTIVE AU BURKINA

5

 

V.1.

Le Ministère de l'Economie et des Finances (MEF)

5

 

V.2.

Le Projet REGE

6

 

V.3.

La Cellule de Veille Prospective (CVP)

6

 

V.4.

Le Conseil National de la Prospective et de la Planification Stratégique (CNPPS)

6

 

V.5.

Le Ministre chargé de mission auprès du Président du Faso, chargé de l'analyse et de la

prospective 7

CHAPITRE II : L'APPROCHE PROSPECTIVE : DEFINITIONS ET PRINCIPES DE BASE 8

I. QUELQUES ACCEPTIONS DE LA PROSPECTIVE 8

II. LA PROSPECTIVE POUR QUOI FAIRE ? 9

III. LES CINQ (05) IDEES CLES DE LA PROSPECTIVE 10

III.1. Le monde change mais les problèmes demeurent 10

III.2. Des acteurs clés aux points de bifurcation 11

III.3. Se poser les bonnes questions et se méfier des idées reçues 11

III.4. De l'anticipation à l'action par l'appropriation 11

III.5. Des outils simples pour penser le complexe 12

CHAPITRE III : DEMARCHE GLOBALE DE LA PROSPECTIVE

13

I.

CONCEPTS DE BASE

13

 

I.1.

L'avenir, domaine de liberté

13

 

I.2.

L'avenir, domaine de pouvoir

14

 

I.3.

L'avenir, domaine de volonté

14

II.

CARACTERISTIQUES DE LA DEMARCHE PROSPECTIVE

15

 

II.1.

C'est une démarche pluridisciplinaire

15

 

II.2.

C'est une démarche qui intègre la dimension du temps long, passé et à venir

15

 

II.3.

C'est une démarche qui intègre les ruptures

15

 

II.4.

C'est une démarche participative

15

III.

ETAPES DE LA DEMARCHE PROSPECTIVE

16

II

III.1. Phase 1 : Constitution de la base analytique 16

III.2. Phase 2 : Elaboration des scénarios 17

III.3. Phase 3 : Le choix des options stratégiques 18

CHAPITRE IV : PRESENTATION DE L'ETUDE NATIONALE PROSPECTIVE « BURKINA 2025 » 19

I. OBJECTIFS GLOBAUX DE L'ETUDE PROSPECTIVE 19

II. ETAPES DE L'ETUDE PROSPECTIVE 19

CHAPITRE V : ANALYSES ET DISCUSSIONS 23

I. DE LA CAPACITE DU BURKINA A REALISER LA VISION PROSPECTIVE SUR LE PLAN DE LA GOUVERNANCE 23

II. DE LA CAPACITE DU BURKINA A REALISER LA VISION PROSPECTIVE SUR LE PLAN SOCIAL 26

III. DE LA CAPACITE DU BURKINA A REALISER LA VISION PROSPECTIVE SUR LE PLAN DE LA POLITIQUE EXTERIEURE 28

IV. DE LA CAPACITE DU BURKINA A REALISER LA VISION PROSPECTIVE SUR LE PLAN ECONOMIQUE 30

IV.1. Compétitivité et infrastructures économiques 30

IV.1.1. Compétitivité 30

IV.1.2. Infrastructures économiques 31

IV.1.2.1. Réseau routier 31

IV.1.2.2. Accès à l'électricité 32

IV.1.2.3. Accès aux marchés 33

IV.2. Accès des acteurs économiques aux ressources modernes 33

IV.2.1. Information et communication 33

IV.2.1.1. Accès à internet 33

IV.2.1.2. Accès à la téléphonie mobile 34

IV.2.2. Technologie agricole 35

IV.2.2.1. Utilisation de machines agricoles 35

IV.2.2.2. Production céréalière 36

IV.3. Condition de vie des ménages 37

IV.3.1. Education, espérance de vie et revenus des ménages 37

IV.3.2. Eau 37

CONCLUSION ET SUGGESTIONS 40

ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE 42

ANNEXES I

ANNEXE 1 : VARIABLES DU SYSTEME BURKINA I

ANNEXE 2: CONFIGURATION GENERALE DU SYSTEME II

ANNEXE 3 : GUIDE D'ENTRETIEN III

III

TABLE DES ILLUSTRATIONS

TABLE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Evolution de l'ensemble du réseau routier classé par région (en km) de 2000 à 2007 31

Tableau 2 : Pourcentage de ménages ayant accès aux marchés en moins de 30 minutes 33

Tableau 3 : Indicateurs de télécommunications de téléphonie mobile 34

Tableau 4 : Evolution des cultures céréalières (en tonnes) 36

Tableau 5 : Evolution de l'IDH de 2005 à 2007 37

Tableau 6 : Pourcentage de ménages ayant accès à l'eau en moins de 30 minutes 37

TABLE DES GRAPHIQUES

Graphique 1 : Evolution du solde global de la balance des paiements de 2005 à 2009 30

Graphique 2 : Evolution du nombre d'utilisateurs internet de 2005 à 2008 33

Graphique 3 : Evolution du nombre de tracteurs pour 100km carrés de terres arables 35

IV

DEDICACE

Je dédie ce présent rapport de fin de cycle à :

y' Mon père et ma mère pour l'éducation reçue, leur affection, leur aide précieuse multiforme et leurs conseils avisés qui m'ont forgé une personnalité et m'ont donné le zèle et l'amour du travail bien fait. Qu'ils reçoivent l'expression de ma profonde gratitude ;

y' Mon frère aîné qui, à travers sa persévérance et son ardeur dans ses études m'a donné le goût de l'endurance dans le travail, en vue de parvenir à ce niveau;

REMERCIEMENTS

Nous adressons nos sincères remerciements à tous ceux qui ont, d'une manière ou d'une autre, apporté leur contribution à la réalisation du présent rapport.

Nos remerciements vont particulièrement à :

( Pr Fernand SANOU, Expert Principal du Projet de renforcement des capacités dans le domaine de la gouvernance économique, pour nous avoir accepté au sein du projet et pour l'expertise dont il nous a fait profiter ;

( Dr Tibo Jean Hervé KABORE, Expert en renforcement des capacités du projet REGE pour ses conseils pratiques ;

( L'ensemble du personnel du projet REGE pour l'ambiance joviale et conviviale dont il nous a fait et dont il continue de nous faire don ;

( Dr Gountiéni Damien LANKOANDE, Coordonnateur de la recherche au CEDRES pour son appui;

( L'ensemble des corps administratif et professoral de l'UCAO/UUB pour avoir assuré notre formation.

V

SIGLES ET ABREVIATIONS

APD ARV CDMT CEDRES

CNPPS

CSLP

CVP

EA-QUIBB

ENP

FCFA

FMI

IDH

MEDEV

MEF

MFB

OMD

PAS

PIB

PNUD

Projet REGE

PTF PVD REN-LAC SCADD

SONABEL SP-PNBG

TIC

VIH/SIDA

VI

Aide Publique au Développement

Antirétroviraux

Cadre de Dépenses à Moyen Terme

Centre d'Etudes, de Documentation et de Recherches

Economiques et Sociales

Conseil National de Prospective et de Planification Stratégique

Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté

Cellule de Veille Prospective

Enquête Annuelle sur les conditions de vie des ménages

Etude Nationale Prospective

Franc de la Communauté Financière Africaine

Fonds Monétaire International

Indice de Développement Humain

Ministère de l'Economie et du Développement

Ministère de l'Economie et des Finances

Ministère des Finances et du Budget

Objectifs de Millénaire pour le Développement

Programme d'Ajustement Structurel

Produit Intérieur Brut

Programme des Nations Unies pour le Développement

Projet de Renforcement des capacités dans le domaine de la

Gouvernance Economique

Partenaires Techniques et Financiers

Pays en Voie de Développement

Réseau National de Lutte Anti-Corruption

Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement

Durable

Société Nationale d'Electricité du Burkina

Secrétariat Permanent de la Politique Nationale de Bonne

Gouvernance

Technologie de l'Information et de la Communication

Virus d'Immunodéficience Humaine/Syndrome

d'Immunodéficience Acquise

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 1

INTRODUCTION

L'analyse de la dynamique économique des Etats par les économistes à l'aube des années 50 était uniquement basée sur la théorie de la croissance de HARROD, DOMARD1 et SOLOW2. Cette analyse est apparue par la suite inappropriée pour comprendre l'évolution des pays du tiers monde. En effet, la théorie de la croissance s'est avérée incapable de résoudre deux sortes de problèmes. En premier lieu, les contextes sociologique, culturel et institutionnel des pays du tiers monde ne correspondent pas à ceux des pays industrialisés pour lesquels le modèle de croissance a été élaboré. En second lieu, ladite théorie explique l'évolution d'un seul agrégat, en l'occurrence la production nationale, exprimée par le Produit Intérieur Brut (PIB). Cet agrégat ne permet pas de rendre compte entre autres, du bien-être de la majeure partie de la population. Cette situation a motivé l'émergence d'une analyse en termes de développement.

Selon François PERROUX, le développement évoque des changements mentaux et sociaux qu'une population connaît et qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel global.

De nos jours, de par le monde, la notion de développement se trouve être sous le feu des projecteurs, aussi bien du côté des pays dits développés que de celui des pays communément appelés « pays en voie de développement ». Les premiers se réclamant être les partenaires tant sur le plan technique que financier du tiers monde, les seconds cherchant les voies et moyens pour infléchir leur trajectoire, condition nécessaire à l'atteinte du développement. Il existe bon nombre d'outils préconisés par les institutions de Bretton Woods, et ce dans l'optique du développement des pays du tiers monde, notamment les pays du continent noir. Au titre desdits outils, figure la prospective. La prospective se veut être un outil d'aide à la décision s'inscrivant dans l'horizon d'une génération, et tenant compte des aspirations nationales. Elle met à la disposition des dirigeants un tableau de bord qui leur permet de rompre avec le pilotage à vue, qui a pour corollaire le fait d'occulter de nombreux aspects pourtant indispensables à une dynamique vers le changement.

C'est dans ce cadre que nous avons mené une étude sur les enjeux et les défis de la prospective à l'échelle du Burkina Faso. Ce rapport se veut une synthèse des résultats de l'étude qui a une architecture composée de cinq (05) chapitres : la question de la mise en oeuvre de la prospective au Burkina Faso, les définitions et principes de base de la prospective, la démarche globale de la prospective, la présentation de l'Etude Nationale Prospective (ENP) « Burkina 2025 » et les analyses et discussions.

1 Economistes keynésiens à l'origine du modèle de croissance HARROD-DOMAR

2 Economiste néoclassique à l'origine du modèle de croissance de SOLOW

CHAPITRE I :
Question de la mise en oeuvre de
la prospective au Burkina Faso

I. Contexte et justification

Sur le plan international, les débats en matière de développement concernent les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Ces objectifs, qui sont au nombre de huit (08) sont fixés pour l'horizon 2015. Ce sont : éliminer l'extrême pauvreté et la faim ; assurer l'éducation primaire pour tous ; promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes ; réduire la mortalité des enfants de moins de cinq (5) ans ; améliorer la santé maternelle ; combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies ; assurer un environnement durable ; mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

A l'échelle sous-régionale, les Etats de l'Afrique de l'Ouest ont pour la plupart entamé la réalisation d'études prospectives. Cet état de fait est dû à la volonté de disposer d'un cadre prospectif d'un développement basé sur un changement structurel de l'environnement.

Au plan national et suite au constat des insuffisances du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), le Burkina a décidé de procéder à une relecture de celui-ci. Au titre de ces insuffisances, figure le fait que le CSLP n'ait pas suffisamment intégré la vision prospective. Le dispositif chargé de la mise en oeuvre de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD) a été alors mis en place par l'arrêté ministériel N°2009007. La SCADD vise de manière succincte l'amélioration des capacités de production et l'atteinte des OMD.

Ainsi, la prospective apparaît au centre des politiques de développement mises en place tant aux niveaux national, sous-régional, qu'international, puisque la SCADD doit s'inscrire dans la vision prospective afin d'atteindre, entre autres, les OMD.

Le choix de notre thème découle de la nécessité de faire un bilan de l'avancée de la culture et de la pratique prospective au Burkina, compte tenu de son importance dans les actions de développement au Burkina.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 2

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 3

II. Problématique

Au Burkina Faso, le séminaire sur le renouveau de la planification de 1994 qui s'est tenu à Bobo-Dioulasso a marqué le point de départ de l'approche prospective. Au cours de ce séminaire, une analyse rétrospective des trois dernières décennies de planification a été réalisée.

Le pays avait connu deux grandes périodes de planification à cheval entre 1960 et le milieu des années 1990. La première période qui s'est étalée de 1960 à 1990 est caractérisée par une planification à moyen terme généralement à horizon quinquennal dans une situation contemporaine d'Etat-providence, donc intervenant dans la quasi-totalité des secteurs de développement. Cette ère de planification n'a pas réussi à anticiper sur les conjonctures des années 80, lesquelles se distinguèrent par des déséquilibres macroéconomiques, notamment des endettements croissants et des fluctuations des prix des produits de base. Pour pallier ces déséquilibres, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI) ont mis en place à partir des années 1990 les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS). Ce changement a influé sur la planification quinquennale qui s'est transformée en programmation triennale, axée sur la gestion financière, donc sur le court terme. Cette deuxième période de planification, bien qu'ayant assaini les finances publiques et entraîné un retour vers la croissance économique, n'a pu juguler l'aggravation de la pauvreté.

L'analyse rétrospective a permis de conférer désormais à la fonction de planification trois (03) missions principales que sont la valorisation de la fonction prospective, la mise en place d'un cadre d'orientation stratégique à moyen terme et la traduction de l'orientation stratégique en un cadre de gestion opérationnelle de l'économie nationale. C'est dans cet ordre d'idées que suite à ce séminaire, il a été entrepris de réaliser une étude nationale prospective dénommée « Etude Nationale Prospective Burkina 2025 », sous la conduite du Ministère de l'Economie et du Développement (MEDEV) et avec l'appui des partenaires au développement. Cette étude, après un démarrage timide depuis 1999, a connu une accélération en 2003 et les résultats sont disponibles depuis 2004-2005.

Cependant, force est de reconnaître que plus de dix (10) ans après les prémices de la prospective au Burkina Faso, l'approche prospective demeure toujours un véritable problème

en termes de mise en oeuvre. Un premier constat est que les Directeurs Généraux et Centraux du Ministère de l'Economie et des Finances (MEF) ont été informés des résultats de l'ENP le 29 juillet 2009 soit cinq ans (05) après la sortie des résultats de l'étude prospective. Ces directeurs sont pourtant les cadres du MEF qui est partie intégrante du dispositif institutionnel de la prospective au Burkina. Ensuite, lors de la restitution des résumés des études prospectives sur le secteur énergie, le secteur coton et le VIH/SIDA, la plupart des participants semblait ne pas savoir en quoi consiste la prospective. Dans ce contexte, la question d'intérêt que l'on est en droit de se poser est la suivante : Quelles sont les chances de réussite de la démarche prospective au Burkina ?

Cette question centrale de notre étude est sous-tendue par quatre interrogations fondamentales liées entre elles:

y' Le Burkina a-t-il les capacités de réaliser la vision prospective sur le plan de la gouvernance ?

y' Le Burkina possède t-il les moyens de réaliser la vision prospective sur le plan social ? y' Le Burkina se trouve-t-il sur la voie de la réalisation de la vision prospective sur le plan économique ?

y' Le Burkina a-t-il les capacités nécessaires pour la réalisation de la vision prospective sur le plan de la politique extérieure ?

III. Objectifs de l'étude

III.1. Objectif Général

La présente étude a pour objectif général d'identifier la posture, c'est-à-dire la position du Burkina Faso face à la vision prospective déclinée par l'ENP « Burkina 2025 » qui est : Une nation solidaire, de progrès et de justice qui consolide son respect sur la scène internationale.

III.2. Objectifs Spécifiques

Les objectifs spécifiques de notre étude sont :

· Analyser l'aptitude du Burkina Faso à réaliser la vision prospective sur le plan économique.

· Etudier les capacités du Burkina Faso à réaliser la vision prospective sur le plan social.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 4

· Déterminer l'aptitude du Burkina Faso à réaliser la vision prospective du point de vue de la gouvernance.

· Déterminer les capacités du Burkina Faso à réaliser la vision prospective du point de vue de sa politique extérieure.

IV. Approche méthodologique

Pour effectuer cette étude nous avons utilisé deux méthodes de collecte de données. D'une part, nous avons procédé par revue documentaire afin d'obtenir les informations ayant trait au plan économique. D'autre part, il s'est agi de mener des entretiens auprès de onze (11) personnes ressources, à l'aide d'un guide d'entretien (voir Annexe 3) composé de questions réparties en huit (08) thèmes qui sont :

> Thème I : Gouvernance politique

> Thème II : Gouvernance administrative

> Thème III : Gouvernance locale

> Thème IV : Gouvernance économique

> Thème V : Unité nationale

> Thème VI : Solidarité nationale

> Thème VII : Image du Burkina

> Thème VIII : Diplomatie de développement.

V. Cadre institutionnel de la prospective au Burkina

V.1. Le Ministère de l'Economie et des Finances (MEF)

Il faut d'abord noter qu'à l'origine, le ministère ayant concouru à la réalisation de l'ENP « Burkina 2025 » était le MEDEV. Le MEF résulte de la fusion entre le MEDEV et le Ministère des Finances et du Budget (MFB). Le MEF intervient dans la prospective d'une part à travers sa mission de poursuite d'un développement économique durable, par la conduite de stratégies et des programmes économiques. D'autre part, sa mission de répartition optimum des ressources financières de l'Etat et le contrôle de leur utilisation lui permet de suivre l'utilisation des fonds du projet REGE intervenant dans le domaine de la prospective.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 5

V.2. Le Projet REGE

Le Projet de Renforcement des capacités dans le domaine de la Gouvernance Economique (REGE)- Numéro 00052020 est consacré juridiquement par l'article 1er du paragraphe 2 de l'accord type d'assistance de base conclu entre le Gouvernement du Burkina Faso et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Ledit projet par sa lettre de mission, plus précisément par son domaine d'intervention N°2, est chargé de l'opérationnalisation de l'ENP « Burkina 2025 ». Le projet accompagne également la Cellule de Veille Prospective (CVP) et organise des ateliers de formation en prospective à l'intention des élus locaux.

V.3. La Cellule de Veille Prospective (CVP)

La CVP a été officiellement installée le 20 janvier 2009. Elle est composée de trente-neuf (39) membres issus de l'administration publique, du secteur privé, de la société civile et de l'armée. Elle a pour mission de veiller à l'opérationnalisation des résultats de l'ENP « Burkina 2025 », en s'assurant de la cohérence des objectifs de moyen et court terme avec la vision « Burkina 2025 ».

V.4. Le Conseil National de la Prospective et de la Planification

Stratégique (CNPPS)

Le CNPPS créé par décret présidentiel a été installé officiellement en mars 2003. Il a pour mission générale d'étudier et de proposer au Gouvernement le profil et les perspectives de développement à moyen et long terme du Burkina Faso. Il supervise les travaux d'études nationales prospectives sectorielles et régionales, approuve les documents d'orientation stratégique à moyen terme, procède périodiquement à l'actualisation des études nationales prospectives et au réajustement périodique des orientations stratégiques à moyen terme. Il suscite, en outre, toute réflexion sur les enjeux, les tendances lourdes, les opportunités et les menaces du développement national et international.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 6

V.5. Le Ministre chargé de mission auprès du Président du Faso,

chargé de l'analyse et de la prospective

Le Ministre chargé de mission auprès du Président du Faso, chargé de l'analyse et de la prospective a deux (02) missions qui sont :

y' Le suivi de l'exécution du programme présidentiel ;

y' La mise en oeuvre et le suivi de la politique du Gouvernement en matière d'analyse et de prospective.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 7

 

CHAPITRE II :
L'approche prospective : définitions et
principes de base

 
 

I. Quelques acceptions de la prospective

Etymologiquement, le terme prospective dérive du verbe latin prospicere qui signifie regarder au loin, discerner quelque chose devant soi. Certains auteurs ont tenté de donner une définition plus précise de la prospective.

Selon Charles WALEY (1986), la prospective est « une tentative d'examen systématique des facteurs pouvant influencer l'avenir et d'exploration des futurs possibles sur la base de l'interaction de ces facteurs ».

THEODORE (1992) définit la prospective comme étant l'exploration systématique de ce qui pourrait arriver... Ceci inclut des approches objectives et subjectives. Pour lui, le but principal de la prospective est d'anticiper les obstacles qui pourraient se dresser sur le chemin, d'identifier et d'évaluer les différentes politiques et stratégies, et d'illustrer les projets d'avenir qui peuvent être atteints.

Quant à Michel GODET (1997), il appréhende la prospective comme une « conspiration pour un futur voulu qui n'attend pas le changement dans le double sens de la pré-activité (se préparer à un changement attendu) et de la pro-activité (provoquer un changement souhaité). C'est le désir, force productive d'avenir ».

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 8

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 9

II. La prospective pour quoi faire ?

En 1957, le terme prospective a été relancé par Gaston BERGER parce que la prévision devenait de plus en plus assimilée à la prédiction. Il faut noter que la prospective n'a rien à voir avec le fatalisme de la futurologie et de la boule de cristal. Elle n'est pas non plus la prévision trop marquée par la quantification systématique et par l'extrapolation de tendances. De plus, elle n'envisage pas l'avenir dans le seul prolongement du passé, mais considère également les actes présents destinés à concrétiser des projets futurs.

Au sein des sociétés modernes, deux grands facteurs justifient l'anticipation :

y' de prime abord, il y a le sentiment de l'accélération du changement tridimensionnel regroupant les changements technique, économique et social qui nécessite une vision à long terme car « plus on roule vite, plus les phares doivent porter plus loin » dixit Gaston BERGER (1957) ;

y' en second lieu, les facteurs structurels et comportementaux nous incombent de construire aujourd'hui pour habiter demain.

Cependant, les mutations sont porteuses d'incertitudes que la prospective cherche à minimiser autant que faire se peut en prenant des décisions allant dans le sens de l'avenir souhaité.

L'utilité d'une réflexion prospective dépend des objectifs poursuivis par ceux qui la mènent ou la font mener, ainsi que de la crédibilité de ses résultats. La crédibilité exprime le degré de confiance que l'on accorde à la qualité des informations, à la rigueur du raisonnement et à l'indépendance du jugement.

Parmi les objectifs auxquels contribue la prospective, on peut relever des objectifs stratégiques suivants:

· Orienter l'action présente (le plan) à la lumière des futurs possibles et désirés, par exemple, en recherchant le maximum de souplesse face à l'incertitude;

· Baliser les futurs possibles de repères qui aident à distinguer dans la légion des faits du présent, les faits porteurs d'avenir, c'est-à-dire « les faits infimes par leurs dimensions présentes, mais immenses par leurs conséquences virtuelles » (P.MASSE);

· Mobiliser l'intelligence des hommes : c'est l'appropriation du changement par l'anticipation partagée.

L'utilité dépend directement de la contribution à ces objectifs stratégiques. Ainsi, la crédibilité de la prospective croît avec la pertinence, la cohérence et la vraisemblance des scénarios et l'importance de leurs conséquences.

Mais la prospective peut être utilisée par les dirigeants pour orienter les populations en ce sens que ceux-ci jouent avec le futur comme instrument de mobilisation (ou de démobilisation) des masses. Il s'agira par exemple de mieux faire accepter les difficultés présentes au nom d'un projet futur. Pour pallier cette éventuelle situation, il est nécessaire que la réflexion prospective soit l'affaire de tous, c'est-à-dire prise en main par tous ceux qui sont concernés.

La prospective a le mérite d'être un domaine concernant chacun là ou il se trouve, et lui permettant de prendre son avenir en main.

III. Les cinq (05) idées clés de la prospective

Pour anticiper correctement, il est judicieux de garder à l'esprit les cinq (05) constats et réflexes intellectuels suivants :

III.1. Le monde change mais les problèmes demeurent

Il est important de savoir que l'histoire de l'humanité ne se répète pas, mais que les comportements se reproduisent. En effet, les hommes conservent, au cours du temps, de troublantes similitudes d'agissements qui les conduisent, placés devant des situations comparables, à réagir de manière quasi identique. Ainsi, il y a dans le passé des leçons oubliées, riches d'enseignements pour l'avenir : les cycles de pénurie et d'abondance liés aux anticipations sur les prix, la succession de longues périodes d'inflation suivies de déflation, etc.

Les structures et les comportements sont caractérisés par de fortes inerties qu'il ne faut pas sous-estimer par rapport aux forces de changement potentielles. Lors d'une réflexion prospective donnée, la tendance lourde serait d'imaginer ce qui pourrait éventuellement changer en oubliant de recenser systématiquement ce qui, de toute façon, a de grandes chances de rester inchangé surtout si l'on ne fait rien contre cela. Il apparaît alors une donne évidente, notamment que l'investissement intellectuel passé n'est guère obsolète, il suffit

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 10

souvent de l'actualiser par des données récentes pour retrouver la plupart des mécanismes et constats antérieurs.

III.2. Des acteurs clés aux points de bifurcation

Il s'agit ici d'identifier les points de bifurcation en se posant les questions de Ilya PRIGOGINE (1990) : « Quels évènements, quelles innovations vont rester sans conséquences, quelles autres sont susceptibles d'affecter le régime global, de déterminer irréversiblement le choix d'une évolution, quelles sont les zones de choix, les zones de stabilité ? ». Ces questions sont le menu quotidien de la prospective.

III.3. Se poser les bonnes questions et se méfier des idées reçues

Le problème à ce niveau est que les questions mises en emphase par la presse ont comme effet d'entraînement de cacher d'autres questions d'autant plus importantes. Ainsi, l'information est souvent menottée par le conformisme du consensus et par conséquent l'avis minoritaire est d'emblée rejeté. Finalement, celui qui voit juste a peu de chances d'être entendu. Il incombe donc aux prospectivistes d'appréhender de façon peu ou prou sceptique les idées reçues et la mode qui dominent l'actualité, car elles sont la plupart du temps sources d'erreurs d'analyse.

III.4. De l'anticipation à l'action par l'appropriation

Les meilleures idées sont celles que l'on découvre soi-même. Ainsi, une bonne idée passera d'autant mieux en haut que le chef pensera qu'elle vient de lui. Ceci pour dire que la vision globale est nécessaire pour l'action locale, chacun à son niveau doit pouvoir comprendre le sens de ses actions, c'est-à-dire les replacer dans le projet plus global dans lequel elles s'insèrent. La motivation au niveau interne et la stratégie sont deux objectifs qui ne peuvent être atteints séparément. La réussite du projet passe par l'appropriation en ce sens que l'appropriation intellectuelle et affective constitue un point de passage obligé pour que l'anticipation se cristallise en action efficace. Cet état de fait nous conduit au triangle grec (voir figure ci-dessous) : l'association entre Logos (la pensée, la rationalité) et Epithumia (le désir dans tous les aspects nobles et moins nobles) produit Erga (les actions, les réalisations).

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 11

Anticipation

Réflexion

Appropriation

Motivation et
mobilisation
collective

Action

Volonté

Le triangle grec

III.5. Des outils simples pour penser le complexe

Il est important de ne pas confondre complexité et complication au risque de développer des modèles et des théories inappliqués et inapplicables. Maurice ALLAIS (1989), prix NOBEL d'économie avait saisi cela en disant que « de deux modèles, le meilleur sera toujours celui qui, pour une approximation donnée, représentera le plus simplement les données de l'observation ». Il faut donc aborder la complexité par des outils simples pour que l'appropriation tant recherchée soit évidente par les utilisateurs.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 12

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 13

CHAPITRE III :

Démarche globale de la prospective

I. Concepts de base

La prospective n'est en aucune manière assimilable à la prophétie ou à la prévision, et ce, parce qu'elle ne dévoile pas l'avenir comme s'il s'agissait d'une chose déjà faite, mais elle aide à le construire. Cela est le fait de l'essence même de la prospective qui se traduit par trois (03) postulats.

I.1. L'avenir, domaine de liberté

Ce fondement de la prospective reflète que l'avenir des sociétés humaines est loin d'être intégralement régi par des lois, mais qu'il demeure largement indéterminé et ouvert. L'avenir n'est pas prévisible à l'instar des visions du futur de cette chimère qu'est la boule de cristal. Il est ouvert, à contrario, à plusieurs futurs possibles (tant rassurants qu'alarmants). Ces futurs possibles constituent alors des opportunités d'autodétermination, en d'autres termes, des espaces de liberté.

Cependant, il serait tout à fait puéril pour le prospectiviste de penser que tout est possible si bien qu'il lui appartient d'identifier l'éventail des futurs possibles. La conséquence de cela est que, vu que cet éventail se déforme continuellement (des futurs possibles disparaissent alors que d'autres émergent), il faudra procéder à son identification non pas une fois pour toutes, mais de façon permanente. Ainsi donc, convient-il d'être perpétuellement aux aguets vis-à-vis des changements possibles et, inversement, dans les domaines où l'on croit les changements rapides, de ne pas négliger les facteurs d'inertie et ceux qui, tout simplement, jouent un rôle de frein : à titre d'exemple, les changements socio-organisationnels et l'acquisition des nouveaux savoir-faire qu'impliquent souvent l'adoption de nouvelles technologies.

I.2 L'avenir, domaine de pouvoir

Ce postulat de la prospective met en évidence le fait que le temps long soit le seul sur lequel peuvent réellement être engagées les actions en profondeur, impliquant, par exemple, de nouvelles infrastructures, la formation des hommes, le changement des mentalités et des comportements. A l'opposé, à l'horizon de quelques mois, de trois ou cinq années, les dés sont pratiquement lancés, donc les marges de manoeuvre très limitées.

Michel GODET énonce quatre (04) attitudes face à l'incertitude et aux potentialités de l'avenir : passive (subir le changement), réactive (attendre le changement pour réagir), pré-active (se préparer à un changement anticipé) et proactive (agir pour provoquer le changement souhaité). Parmi ces attitudes, la prospective s'intéresse simultanément à la pré-activité et la pro-activité.

Mais il faut éviter d'amalgamer sur cette notion de pouvoir en ce sens que le pouvoir dont il s'agit ici n'est pas un pouvoir absolu. En effet, chacun possède un lopin de pouvoir lui permettant d'une part, de faire pour lui-même des projets, et d'autre part, de s'inscrire dans le projet de société.

I.3. L'avenir, domaine de volonté

A ce niveau il est primordial de noter que la pré-activité combinée à la pro-activité n'a de sens que lorsqu'il ya présence d'une intention. L'exercice même du pouvoir que contient l'avenir suppose l'existence d'une raison motrice, d'une volonté. Cela est si bien traduit par le philosophe grec SENEQUE quand il dit qu' « il n'y a de vent favorable que pour celui qui sait où il va ». C'est de ce postulat qu'est née la notion de projet en prospective. Un projet émane de la volonté intrinsèque de l'entité humaine et s'inscrit nécessairement dans le temps long. Ainsi, l'avenir en tant que domaine de volonté suggère d'identifier les opportunités et menaces, de bâtir le projet, et de décider de la stratégie à mettre en place pour la réalisation dudit projet.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 14

II. Caractéristiques de la démarche prospective

La prospective se distingue de la prévision par quatre (04) caractéristiques essentielles.

II.1. C'est une démarche pluridisciplinaire

Les problèmes auxquels nous sommes confrontés ne sauraient être réduits à une seule dimension et correctement appréhendés lorsqu'on les découpe en particules. La prospective se propose d'appréhender les réalités au travers de l'ensemble de leurs aspects, de toutes leurs variables, de quelque nature que ce soit.

Les prospectivistes utilisent des techniques reposant sur l'analyse systémique, de nature quantitative d'une part, et qualitative d'autre part.

Les études prospectives peuvent revêtir plusieurs dimensions : microéconomique, méso-économique et macroéconomique. Aussi, peuvent-elles concerner une entreprise, un secteur ou domaine du développement, une région au sein d'un territoire, la nation entière, un groupe organisé d'Etats ou encore le village planétaire. Dans l'un ou l'autre des cas d'espèces cités précédemment, l'étude prospective couvre en général plusieurs volets dont les aspects politiques, socio-économiques, technologiques, culturels et d'environnement international.

II.2. C'est une démarche qui intègre la dimension du temps long, passé et à venir

Ceci s'explique par les éléments suivants :

V' Seule l'analyse sur longue période permet d'éliminer les effets de période et de saisir la dynamique profonde des systèmes ;

V' Seul sur le moyen et le long terme récupère-t-on assez de liberté de manoeuvre pour engager de réelles transformations.

II.3. C'est une démarche qui intègre les ruptures

La démarche prospective s'évertue à tenir compte des phénomènes de ruptures, subis ou désirés, au lieu de ne s'en tenir qu'au constat du changement.

II.4. C'est une démarche participative

Le principe de participation consiste à impliquer toutes les forces vives du système considéré dans les différentes phases de l'exercice. A ce titre, les études prospectives se veulent être un instrument de renforcement du dialogue social entre tous les acteurs. Ceci est la participation

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 15

au niveau interne. Par ailleurs, elles complètent les actions déjà engagées et tentent de les intégrer en une vision globale et cohérente des actions de développement ; il s'agit là de la participation sur le plan externe de la démarche.

Caractéristiques comparées de la prévision et de la prospective

La prévision

La prospective

- Une approche sectorielle

- La primauté du quantifiable

- Le principe de continuité

- L'effet GIGO (les prévisions ne valent jamais que ce

que valent les hypothèses)

- Une approche globale

- Mariant quantitatif et qualitatif

- Prenant en compte les ruptures

- L'effet CHAOS (risque pour le décideur de se

« noyer »)

 

III. Etapes de la démarche prospective

La démarche prospective contient trois grandes phases : la constitution de la base analytique, l'élaboration des scénarios et le choix des options stratégiques.

III.1. Phase 1 : Constitution de la base analytique

La première phase dans la réalisation de l'étude prospective vise à élaborer la base, c'est-à-dire une image de l'état actuel du système. Cette image doit être :

· détaillée et approfondie sur les plans quantitatif et qualitatif ;

· globale (économique, politique, sociologique, écologique, etc.) ;

· dynamique, mettant en évidence les tendances passées et les faits porteurs d'avenir ;

· explicative des mécanismes d'évolution du système. La constitution de la base analytique comprend plusieurs étapes dont :

· l'identification de la problématique de l'étude ;

· la réalisation d'études de base ;

· l'analyse structurelle ;

· l'analyse des stratégies d'acteurs.

L'identification de la problématique de l'étude vise à définir le problème à étudier et à délimiter le champ de l'étude ainsi que l'horizon. Il s'agit ici de situer la démarche

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 16

prospective dans son contexte socio-organisationnel afin de stimuler l'ensemble du processus à l'aide d'ateliers de prospective. Concernant l'horizon, il est retenu que le bon horizon d'une étude prospective est l'horizon des ruptures (une génération).

Les études de base à réaliser comprennent des études rétrospectives, des études spécifiques et le recensement des perceptions et des aspirations des populations. Les études spécifiques et rétrospectives ont pour but d'identifier dans les domaines politique, économique et socioculturel, ainsi que dans l'environnement régional et international, les tendances lourdes, les germes de changement, les forces et faiblesses, les menaces et opportunités utiles pour l'appréciation de la situation passée et présente ainsi que pour la construction des scénarios et la définition de la vision.

L'analyse structurelle a deux objectifs complémentaires : se doter d'une représentation aussi exhaustive que possible du système étudié, et réduire la complexité du système aux variables essentielles.

L'analyse des stratégies d'acteurs vise à découvrir les mécanismes des jeux d'acteurs afin de permettre une meilleure compréhension de leurs stratégies respectives.

III.2. Phase 2 : Elaboration des scénarios

L'avenir n'étant pas unique mais multiple et indéterminé, il importe d'imaginer les différents scénarios possibles de l'environnement général ou des contextes plus spécifiques à prendre en compte dans la réflexion stratégique. Les variables essentielles, déterminantes pour l'avenir du système, résultant de l'analyse structurelle, combinées aux résultats de l'analyse des jeux d'acteurs permettent de dégager les questions clés pour l'avenir du système. L'élaboration des scénarios s'articule autour de ces questions clés sous la forme de combinaisons de modalités de réponses, jugées à la fois pertinentes et vraisemblables.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 17

III.3. Phase 3 : Le choix des options stratégiques

La construction de scénarios conduit à la création d'images alternatives du futur. Il reste d'une part à se forger une vision, c'est-à-dire un futur désiré, partagé par l'ensemble des acteurs du système ; d'autre part à dégager les orientations stratégiques permettant de cheminer vers la vision.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 18

CHAPITRE IV :

Présentation de l'Etude Nationale

Prospective « Burkina 2025 »

I. Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 19

Objectifs globaux de l'étude prospective

En entreprenant l'Etude Nationale Prospective « Burkina 2025 », le Gouvernement lui

assignait les objectifs suivants :

> Renforcer les capacités d'anticipation et de gestion concertée du développement ;

> Dégager les tendances d'évolution de la société burkinabè ;

> Identifier les opportunités et germes de changement ;

> Définir les profils possibles de cette société à l'horizon d'une génération ;

> Elaborer des orientations stratégiques pour la formulation des politiques et stratégies

de développement.

II. Etapes de l'étude prospective

En matière de prospective, il y a deux (02) écoles : la prospective intuitive utilisée surtout au Canada et pour un horizon relativement court (10-15 ans) et la prospective par scénarios selon l'école française, pour un horizon plus long (25-30 ans) et pour permettre à tous les acteurs sociaux d'en suivre les démarches et éléments techniques. L'ENP a été menée selon l'école française et a comporté trois (03) phases : la constitution de la base d'information, la construction de scénarios thématiques et globaux, et la détermination de la vision et la formulation de stratégies.

Phase 1 : Constitution de la base d'information

Les actions ont concerné :

· Une analyse diagnostique de la situation sociale, économique et politique passée et présente ;

· Une enquête auprès des Burkinabè sur leurs perceptions de la situation passée et présente de la société globale et leurs aspirations à long terme ;

· Une analyse de la structure du Burkina Faso, le considérant comme un système où se jouent des variables qui s'influencent mutuellement. Au titre desdites variables, soixante-trois (63) ont été identifiées (voir Annexe 1). Ensuite, il a été procédé à la détermination des influences directes entre les variables à travers une matrice d'analyse structurelle ou d'influences directes. Sur la base des influences directes, un traitement à partir du logiciel approprié MIC-MAC, c'est-à-dire « Matrice d'Impacts Croisés Multiplications Appliquées à un Classement ». MIC-MAC permet d'explorer en profondeur la nature (directe ou indirecte) et le degré (fort, moyen, faible) des relations entre les variables et de positionner les variables sur le plan influence/dépendance. A ce niveau, l'application du principe de proximité et de la règle des rapprochements sémantiques entre variables a conduit à la constitution de huit (08) « patatoïdes » (regroupements de variables) dénommées en fonction de leur contenu sémantique (voir Annexe 1). Ces « patatoïdes » ont été regroupées en quatre (04) « patatoïdes » majeures qui sont : le paradoxe du développement autonome, les exigences de la bonne gouvernance, la dialectique de l'inculturation et de l'ouverture et la percée vers le progrès via le savoir et l'innovation. Lesdites « patatoïdes » majeures ont permis d'identifier quatre (04) thèmes prospectifs qui se déclinent comme suit :

1. Les mutations du contexte géopolitique ;

2. Les nouveaux fondements de la bonne gouvernance ;

3. La dialectique de l'inculturation et l'ouverture ;

4. Les ressorts et les attendus du progrès.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 20

Phase 2 : Construction des scénarios thématiques et globaux

La construction des scénarios a comporté six (06) étapes regroupées en deux (02) phases.

o La construction des scénarios thématiques

y' La première étape a consisté à considérer chaque thème prospectif, à classer les questions clés du thème par degré décroissant de leur pouvoir structurant et à apporter des modalités (ou hypothèses) de réponses les plus contrastées possibles à chaque question clé du thème.

y' Au cours de la deuxième étape, il s'est agi de construire le profil des scénarios thématiques en procédant aux croisements des réponses possibles aux questions clés du thème selon trois (03) critères principaux qui sont la pertinence du croisement par rapport au thème, la cohérence du croisement et la vraisemblance entre les hypothèses.

y' La troisième étape a permis de nommer chaque scénario thématique sur la base de ses éléments constitutifs et de caractériser ainsi l'image possible que véhicule le scénario.

Au terme de ces étapes, cinq (05) scénarios par thème ont été élaborés, soient vingt scénarios thématiques.

o La construction des scénarios globaux

y' La quatrième étape a consisté en la construction du profil des scénarios globaux en considérant, pour chaque thème, les scénarios thématiques comme ses modalités de réponses (images futures) possibles et en procédant aux croisements des ces scénarios thématiques.

y' La cinquième étape est consacrée à nommer chaque scénario global sur la base de ses éléments constitutifs et à caractériser ainsi l'image possible que véhicule le scénario.

y' Enfin, à la sixième étape, il s'est agit de commenter les scénarios pour les rendre plus compréhensifs et parlants de sorte à ce qu'ils puissent interpeller l'ensemble des acteurs, surtout les décideurs sur ce qui peut advenir demain, et donc sur la nécessité de décider conséquemment aujourd'hui.

La construction des scénarios globaux par combinaison des scénarios thématiques a permis de retenir cinq (05) scénarios globaux qui sont les images possibles de l'environnement futur de la société burkinabè.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 21

De ces images :

y' deux sont souhaitées (L'arc en ciel, l'étalon au galop d'une part, et La coalition et le

bastion : la ruche d'autre part) ;

y' deux sont redoutées (Silmandé ou la tourmente et Dougoumato ou le village

fantôme) ;

y' le dernier est semi-optimiste (L'envol de l'albatros)

Phase 3 : Détermination de la vision et formulation des orientations stratégiques

Les scénarios ayant permis le balayage des futurs possibles du Burkina Faso, il s'est dès lors

agit de répondre à la question que vais-je faire ?

o La vision Burkina 2025

La vision qui est déclinée s'appuie sur les résultats des études rétrospectives, de l'enquête sur les aspirations nationales, de l'analyse structurelle et du diagnostic stratégique. Elle se formule ainsi : « Le Burkina Faso, une nation solidaire, de progrès et de justice qui consolide son respect sur la scène internationale ».

o Diffusion et opérationnalisation de la vision

La vision se voulant un projet de société voulu et partagé par l'ensemble de la population, il s'avère nécessaire que tout le monde se l'approprie et réoriente son action. En outre, elle doit être déclinée en termes opérationnels et complétée par des visions sectorielles, thématiques et locales.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 22

CHAPITRE V :

Analyses et discussions

La vision est constituée de quatre (04) éléments constitutifs à savoir : la gouvernance, le social, la politique extérieure et l'économie. Nous nous proposons, de voir si, au regard de la situation et dynamiques actuelles des secteurs-clés de cette vision, il y a quelques chances de réaliser nos ambitions à l'horizon 2025.

I. De la capacité du Burkina à réaliser la vision prospective sur le plan de la gouvernance

Nous avons appréhendé la gouvernance selon ses dimensions politique, administrative, locale et économique.

En ce qui concerne la gouvernance politique, on relève des avancées significatives en matière de liberté d'expression et de droit à l'information depuis la publication du rapport du Collège des Sages le 30 juillet 1999.

Rappelons que, l'Etat de droit est à la gouvernance politique ce que l'oxygène est à l'organisme humain. L'Etat de droit implique que tous les niveaux, sans exception aucune, soient soumis au droit. La constitution étant une source importante du droit, le juge constitutionnel ne devrait pas être nommé. Ce qui est pourtant le cas dans notre pays. En effet, le Conseil est composé d'un Président nommé par le Président du Faso, de trois (03) magistrats nommés toujours par le Président du Faso sur proposition du ministre de la Justice et de trois (03) personnalités nommées encore par le Président du Faso. Au total, le premier magistrat de notre pays nomme sept (07) membres sur dix (10) du Conseil ; les trois (03) autres membres étant nommés par le Président de l'Assemblée Nationale. Cette procédure de nomination limite l'indépendance de cette structure et de son premier responsable.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 23

Une faiblesse majeure du Conseil Constitutionnel c'est qu'il ne peut être saisi que par un cercle restreint de personnalités politiques : le Président du Faso, le Premier Ministre, le Président de l'Assemblée Nationale et un cinquième (1/5e) des députés de l'Assemblée soit vingt-trois (23) députés. A cet état de fait, il faut ajouter l'état de corruption qui existe au sein du système judiciaire et qui le place ainsi parmi les seize (16) institutions les plus corrompues3. En outre, l'accès à la justice par le justiciable, chose qui concourt à l'édification de l'Etat de droit, agonise pour plusieurs raisons dont l'analphabétisme de la population, les procédures qui sont longues et compliquées à comprendre, la cherté de la justice et l'accessibilité géographique car les Tribunaux de Grande Instance (TGI) se trouvent uniquement au niveau des chefs-lieux de régions.

Pour ce qui est de la gouvernance administrative, nous relevons que le MEF, a réduit les budgets des organes administratifs à travers le Cadre de Dépenses à Moyen Terme (CDMT). Cela rend la réalisation des missions difficile. A titre d'exemple, le Secrétariat Permanent de la Politique de Bonne Gouvernance (SP-PNBG) a vu son budget se réduire de moitié entre 2009 et 2010, soit de 30 millions de FCFA à 15 millions de FCFA. Il faut aussi noter le déficit de ressources humaines qualifiées. En effet, le stock de capital humain du Burkina est faible, avec moins de 0,45 année d'éducation moyenne. En somme, le manque de ressources humaines qualifiées et le manque de ressources matérielles et financières semblent être les grands maux qui sont à la base du dysfonctionnement de l'administration burkinabè. Cet état de fait se traduit, entre autres, par la corruption au sein du système. Ladite corruption est généralisée et varie d'une institution à une autre en fonction de l'existence ou non de relations directes entre les agents de l'Etat et le public. A coté de cette corruption, la Banque mondiale en a repéré une autre qu'elle qualifie de « discrète ». Par ailleurs, le système administratif burkinabè se caractérise par une culture de l'urgence, ainsi que par un cloisonnement intra et interinstitutionnel. Au sein de certains départements étatiques, les agents de tel ou tel service travaillent entre eux. C'est le même phénomène qui se produit d'une institution à une autre. Chaque institution constitue alors un vase clos si bien qu'il y a peu de coordination au moment de l'action. Aussi les initiatives se mènent-elles sans mémoire, et ne peuvent être donc intégrées dans un continuum.

3 Rapport 2006 du REN-LAC sur la corruption au Burkina

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 24

Quant à la gouvernance locale, nous avons constaté que les textes au Burkina consacrent la décentralisation à travers le transfert des compétences du centre vers les communes rurales, pour un développement à la base. Cependant, force est de reconnaître que le transfert des compétences n'est pas effectif. Cela est dû aux moyens limités dont dispose l'Etat. C'est alors que les maires se voient presqu'obligés de procéder à des lotissements massifs pour obtenir des fonds communaux, et ce malgré le risque de conflits sociaux. De surcroît les élus locaux sont pour la plupart analphabètes et les maires sont à majorité citadins. Cela handicape fortement le transfert des compétences au niveau local.

Sur le plan de la gouvernance économique, le Burkina regorge de cadres compétents. Cependant, ces capacités ne sont pas employées de façon optimale, si bien que l'homme qu'il faut n'est pas souvent à la bonne place. De plus, il y a des changements perpétuels de politiques de développement dus à la pression des Partenaires Techniques et Financiers (PTF). Pourtant, la Déclaration de Paris stipule que les Pays en Voie de Développement (PVD) doivent s'approprier leurs politiques de développement.

De ces analyses, il semble que le Burkina est encore loin de la voie menant à la réalisation de la vision prospective sur le plan de la gouvernance. Le pays souffre d'une assez faible pratique démocratique due à sa jeunesse et à l'analphabétisme, d'une décentralisation mal engagée et de la corruption « classique » couplée à celle « discrète » comme l'atteste le dernier rapport de la Banque Mondiale sur les « indicateurs du développement en Afrique en 2010 ». Ce rapport indique que 87% des entreprises burkinabè usent de corruption « discrète » pour obtenir les marchés publics. Nos résultats sont semblables à ceux de l'ENP (2005) concernant la situation de la gouvernance.

Les insuffisances, elles, tiennent à :

V' la faiblesse de la démocratisation et de la décentralisation à la base due au fait que le jeu démocratique national n'a pas encore suffisamment pris appui sur la démocratie locale ,
·

V' un développement du phénomène de corruption. La transparence et la rigueur dans la gestion des ressources publiques semblent relever d'un passé révolutionnaire à jamais révolu ,
·

V' aux germes de conflits en rapport avec la décentralisation ou liés aux mutations sociales, économiques et politiques [...].

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 25

D'une part, les textes sont présents mais leur application pose problème. D'autre part, concernant la gouvernance économique, il y a des capacités, mais celles-ci ne sont pas optimisées. A notre avis, cela pourrait être dû à un manque d'engagement politique. L'ENP a procuré aux politiques, comme nous l'avions précédemment indiqué, un cadre de long terme dans lequel devraient s'intégrer les politiques de court et de moyen terme. Il apparaît alors logique que la SCADD, document cadre qui doit remplacer le CSLP, s'inscrive dans l'ENP. Pourtant, comme l'a confié l'une de nos personnes ressources, c'est à la suite d'une lutte de longue haleine que le MEF a enfin décidé d'intégrer la SCADD dans l'ENP. Ce qui est paradoxal.

II. De la capacité du Burkina à réaliser la vision prospective sur le plan social

Au Burkina, les valeurs socioculturelles sont suffisamment ancrées dans le quotidien des citoyens. Cependant, celles-ci sont menacées du fait de la monétarisation des échanges. Le bien social tend donc à remplacer le lien social, si bien que l'on assiste à une forte montée de l'individualisme. Les individus se battent par tous les moyens, pour leur seul développement, occultant ainsi et dans la plupart des cas, l'aspect collectif. C'est alors que les fléaux sociaux tels que le viol et le banditisme sont de plus en plus monnaie courante. De plus, les couches les plus vulnérables de la société que sont les enfants et les personnes âgées voient leur situation se déprécier. En effet, d'une part, les enfants, qui, aussi bien dans la société traditionnelle que moderne sont considérés comme sacrés, assistent impuissants, à l'effritement de leurs droits pourtant consacrés par les textes. C'est ainsi qu'il est commun de nos jours de voir des enfants travailler sans repos. D'autre part, les personnes âgées, qui étaient d'antan perçues comme des sages et permettant à la société de produire, sont de plus en plus marginalisées. Dans l'élaboration des politiques sectorielles, les femmes sont de plus en plus prises en compte. Mais, il faut noter que, malgré cette prise de conscience de l'importance des femmes dans la société, le patriarcat tend à minimiser ce rôle. En outre, les politiques en matière d'éducation mettent très peu l'accent sur la relation entre la formation et le milieu de l'emploi. Cela se traduit par une absence de vision de l'emploi, laquelle situation accroît le chômage des jeunes diplômés. Pour le reste, il faut noter que le PIB est croissant. De 2005 à 2008, il a connu une hausse de 46,41%4. Cependant, l'accroissement de 10,15%5 de la population totale entre 2005 et 2008 combiné à la faible efficacité des mécanismes de

4 Base de données 1960-2010 Banque Mondiale

5 Annuaire Statistique INSD 2008

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 26

redistribution de la richesse nationale engendrent une évolution lente des conditions de vie de la plupart des ménages burkinabè.

Pour ce qui est de l'unité nationale, la situation des conflits interethniques est relativement limitée, exacerbée, de temps à autre, par les problèmes d'occupation des sols, notamment avec les migrations agricoles vers l'Ouest du pays, réputée pour ses terres fertiles, ce qui a réactivé les conflits entre « autochtones » et « étrangers ». De plus, le système des castes tend à disparaître à travers le brassage implicite dû à la modernisation de la société. Cependant, il existe des reliques, notamment les griots de la société bwoaba qui sont enfermés dans un système d'endogamie et de repli que l'on pourrait qualifier d'identitaire. Ce qui atténue les conflits interethniques au Burkina est l'existence de la parenté à plaisanterie entre divers groupes ethniques dont certains avaient été longtemps en conflit avant l'institution d'une telle parenté qui vident les antagonismes dans la seule agressivité verbale.

Suite à ces analyses, il ressort que le Burkina n'a pas la posture adéquate pour la réalisation de la vision prospective sur le plan social. Tout d'abord, la société burkinabè se caractérise de nos jours par son individualisme croissant et son lot de fléaux sociaux qui vont même jusqu'à marginaliser d'une part les enfants et d'autre part les personnes du troisième âge. Ensuite, il y a la persistance de cette perception selon laquelle la femme a un rôle limité dans l'architecture sociale. Enfin, d'une part, l'emploi des jeunes diplômés devient de plus en plus problématique. D'autre part l'unité nationale est menacée par les conflits interethniques et les traces des systèmes de castes. Ces analyses sont similaires aux résultats sur la rétrospective sociale du Burkina fournis par l'ENP « Burkina 2025 ».

En matière d'emploi, l'observation fait apparaître la prédominance de l'emploi précaire, un développement du chômage en milieu urbain (18%) et un sous-emploi en augmentation dans les zones rurales (40%).

Sur le plan culturel, malgré une population burkinabè à plus de 80% rurale et la diversité culturelle inhérente à la multiplicité des ethnies, on note une régression des valeurs culturelles. Cet effritement culturel est dû en partie à une diffusion médiatique largement favorable à l'extérieur et à une quasi-absence d'une politique culturelle indiquée. En outre, la pénétration de valeurs étrangères induit des changements et est à l'origine de nouveaux phénomènes de sociétés comme la délinquance juvénile, l'abandon d'enfants et la prostitution des jeunes filles.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 27

Dans le domaine du genre, alors qu'elles représentent 51,7% de la population totale, les femmes, du fait de certaines pratiques ancestrales dévalorisantes pour elles et de diverses pesanteurs culturelles, demeurent l'une des catégories les plus pauvres et les plus marginalisées de la société. Le manque d'engagement ferme et de moyens appropriés ne permet toujours pas la mise en oeuvre d'une vigoureuse politique de discrimination positive [...].

Selon nous, la société burkinabè est caractérisée par le fait que l'économique soit mis au premier plan à tel point qu'il dirige les faits sociaux ; ce qui ne devrait pas être car l'économique n'est qu'un aspect de la vie sociale.

Il y a tout de même des tentatives de recadrage de la vie socio-économique à travers notamment des fora de rencontres et d'échanges entre le pouvoir politique et les différentes catégories sociales : paysans, jeunes, femmes, entrepreneurs, organisations de la société civile. Mais l'impact de tels fora et rencontres annuelles reste limité et paraît, aux yeux de certains observateurs, des entreprises plus médiatiques au profit du pouvoir que d'actions en profondeur pour la cohésion sociale et la solidarité nationale prônées par l'ENP.

III. De la capacité du Burkina à réaliser la vision prospective sur le plan de la politique extérieure

En ce qui concerne la visibilité extérieure du Burkina, tout d'abord, il est important de souligner que le pays est le lieu d'importantes rencontres internationales, comme les sommets d'institutions internationales et les formations de standing international. Cela est la résultante, d'une part, de la stabilité sociopolitique dont jouit le pays depuis deux décennies et de son hospitalité et, d'autre part, de l'urgence de diversifier les sources de la richesse nationale, notamment en développant le secteur tertiaire, non tributaire des aléas climatiques, à l'opposé du secteur primaire burkinabè. Ces rencontres permettent au Burkina à la fois de mieux se faire connaître, et d'obtenir des retombées économiques. En outre, les artistes burkinabè commencent à se faire connaître à l'international, à travers des tournées et des stages de perfectionnement.

Cependant, le sport important créneau pour un pays en vue de la reconnaissance internationale, est au ralenti au Burkina. En effet, il y a peu de disciplines dans lesquelles le

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 28

pays brille lors des compétitions d'envergure internationale. Cela est dû à cette culture de l'urgence selon laquelle l'on s'entraîne pour la compétition peu de temps avant son début.

L'image du Burkina Faso s'est nettement améliorée. Suspecté, dans les années 90, d'être mêlé à de nombreux conflits internes de pays voisins ou même lointain comme l'Angola, le pays est, depuis une décennie, devenu le médiateur dans les conflits de pays voisins.

Dans le domaine de la diplomatie burkinabè, il faut souligner que le pays est représenté à la hauteur des moyens dont il dispose. Le Burkina dispose de vingt- huit (28) ambassades et de six (06) consulats généraux à travers le monde. Chacune de ces représentations entretient des relations diplomatiques avec plus d'un pays pour pallier le manque de moyens financiers. Lesdites représentations accompagnent les opérateurs économiques, autant que faire se peut, dans leurs affaires sur le plan international.

Malgré ces moyens limités, le pays intervient dans les conflits sous régionaux à travers son Président qui intervient comme médiateur. Le Burkina s'est trouvé au centre de la sortie de crise en Côte d'Ivoire qui est en train d'organiser les premières élections présidentielles depuis dix (10) ans qui sont prévues pour le 31 octobre 2010. Cependant, force est de constater que le Burkina reste toujours dépendant de l'Aide Publique au Développement (APD), si bien que les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) influent sur l'élaboration des politiques de développement du pays, et partant sur la gouvernance économique du pays.

De la précédente analyse, nous pouvons dire que le Burkina est plus où moins sur le chemin de la réalisation de la vision prospective, en ce qui concerne sa politique extérieure. En effet, le pays a, ces dernières années, oeuvré pour améliorer son image auprès de ses voisins et de la communauté internationale. Cela s'est traduit entre autres, par une spécialisation dans l'organisation de rencontres d'envergure internationale et par un interventionnisme confirmé du pays dans les conflits internationaux et sous-régionaux.

Mais, le pays de par son besoin grandissant d'aide extérieure, a du mal à s'approprier ses politiques de développement. Cette situation est d'autant plus décrite par L'ENP.

En ce qui concerne le second point qui a trait à l'APD, force est de reconnaître que le Burkina Faso est tributaire des financements extérieurs qui couvrent près de 80% des besoins de financement des projets et programmes d'investissement public. Le pays doit compter sur la générosité de ses partenaires au développement même pour les dépenses de souveraineté

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 29

(élection par exemple). Une telle situation de dépendance financière limite singulièrement la souveraineté nationale et rend le pays très vulnérable et exposé au chantage au triple plan économique, financier et politique [...].

IV. De la capacité du Burkina à réaliser la vision prospective sur le plan économique

IV.1. Compétitivité et infrastructures économiques

IV.1.1. Compétitivité

La compétitivité économique est indispensable pour un pays en vue d'une croissance soutenue et durable. Elle permet d'évaluer la capacité qu'à un pays de s'imposer face à la concurrence étrangère. Nous avons choisi de l'appréhender selon le solde global de la balance des paiements qui est l'ensemble des opérations financières et commerciales entre un pays et le reste du monde pendant une année. Le graphique 1 met en exergue l'évolution du solde global de la balance des paiements couvrant la période 2005 -2009.

Graphique 1 : Evolution du solde global de la balance des paiements de 2005 à 2009

Solde global

-100 000

-150 000

200 000

150 000

100 000

-50 000

50 000

0

2005

2006 2007 2008 2009

Solde global

Source: Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) 2010

Le graphique indique trois (03) phases de l'évolution du solde global de la balance des paiements. Il y a d'abord une phase très ascendante de 2005 à 2007 du solde global qui passe

30

Ces travaux ont été financés par lle Projet REGE

de -103709 millions à 188081 millions de FCFA. Cette croissance du solde s'explique par la baisse du déficit du compte des transactions courantes en relation avec l'amélioration du solde commercial. Cela est dû à une augmentation de 38,52% des exportations, elle-même résultant de l'augmentation des exportations de produits destinés à l'industrie.

Ensuite le graphique montre une phase de décroissance accrue entre 2007 et 2008. En effet, le solde global passe de 188081 millions à -34000 millions de FCFA. Cette chute brutale est due à l'accroissement du déficit du compte courant. Cela est en relation avec la baisse de 2,82% du volume des exportations, elle-même résultant de la baisse des exportations des biens de consommation semi-durables et des produits destinés à l'industrie ayant subi une transformation.

Enfin, il y a une phase de croissance ralentie entre 2008 et 2009. Le solde global dégage un excédent de 10000 millions de FCFA en 2009 après le déficit de 34000 millions de FCFA en 2008. Cette croissance est en liaison avec la réduction marquée du déficit du compte courant, du fait essentiellement de la progression des exportations. Les exportations ont augmenté de 13,5% en relation avec la hausse de la production de coton destinée à l'exportation, et à l'entrée en production de nouvelles mines d'or.

IV.1.2. Infrastructures économiques

IV.1.2.1. Réseau routier

Le tableau 1 nous montre l'évolution du réseau routier national classé par région.

Tableau 1 : Evolution de l'ensemble du réseau routier classé par région (en km) de 2000 à 2007

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 31

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 32

Le tableau ci-dessus indique que de 2000 à 2007, le réseau routier est resté constant en termes d'envergure aussi bien au niveau régional qu'au niveau national.

IV.1.2.2. Accès à l'électricité

Pour apprécier la couverture en électricité au Burkina Faso, nous avons calculé un ratio de couverture routière. Ce ratio est égal au rapport entre le nombre d'abonnés basse tension et le nombre de ménages. Plus il tend vers 1 et plus les ménages ont accès à l'électricité. Nous sommes partis sur la base, que, toutes choses étant égales, par ailleurs, un abonnement à la SONABEL équivaut à un ménage et que lesdits ménages optent pour l'abonnement basse tension. En 2006, le nombre de ménages était de 2360126 avec un taux de croissance de 3,6%. Les données obtenues sur le nombre d'abonnés basse tension étant de 2008, il apparaît logique que le nombre de ménages à considérer est celui de 2008. En 2008, le nombre de ménages s'élevait à 2533114 et le nombre d'abonnés basse tension de la SONABEL était de 308032. Ainsi, le ratio de couverture en électricité obtenu est 0,122 ; ce qui signifie que seulement 12,2% des ménages burkinabè utilisent l'électricité.

Ces travaux ont été financés par lle Projet REGE

33

IV.1.2.3. Accès aux marchés

Pour ce qui est de l'accès aux marchés, le tableau 2 nous donne des renseignements.

Tableau 2 : Pourcentage de ménages ayant accès aux marchés en moins de 30 minutes

 

2003

2005

2007

Ménages ayant accès aux marchés (en %)

55,7

55,4

54,7

Source : INSD, Enquête burkinabè sur les conditions de vie des ménages 2003 et enquête annuelle sur les conditions de vie des ménages (EA - QUIBB) 2005 et 2007

Le tableau 2 met en exergue le fait que les ménages aient de moins en moins accès en moins de trente (30) minutes aux marchés de 2003 à 2007. En effet, 54,7% des ménages ont accès aux marchés en moins de trente (30) minutes en 2007 , alors qu'ils étaient 55,7% dans cette situation en 2003. Cette dépréciation représente une baisse de 1% de ménages.

IV.2. Accès des acteurs économiques aux ressources modernes

IV.2.1. Information et communication

IV.2.1.1. Accès à internet

En ce qui concerne l'accès au service internet, le graphique 2 éclaire notre lanterne.

Graphique 2 : Evolution du nombre d'utilisateurs internet de 2005 à 2008

2008

2007

2006

2005

0 50000 100000 150000

Utilisateurs Internet

Utilisateurs Internet

Source : Base de données 1960-2010 Banque Mondiale

Ce graphique nous montre une croissance soutenue du nombre d'utilisateurs internet au Burkina Faso, de 2005 à 2008. En effet, le nombre d'utilisateurs internet est passé de 64600 à 140000 entre 2005 et 2008, soit une hausse de 116,72%.

IV.2.1.2. Accès à la téléphonie mobile

Le présent tableau 3 nous informe sur les indicateurs de télécommunications de téléphonie mobile au Burkina Faso.

Tableau 3 : Indicateurs de télécommunications de téléphonie mobile

Source : Autorité Nationale de Régulation des télécommunications (ARTEL)

Ce tableau fait ressortir tout d'abord que le nombre d'opérateurs n'a pas évolué car il est resté statique sur le chiffre 3 entre 2005 et 2008. Ensuite, il montre que le nombre d'abonnés a connu une augmentation substantielle surtout entre 2007 et 2008. En effet, ce nombre est passé de 633554 à 3024150 de 2005 à 2008, soit une hausse de 377,33%. En dernier lieu, nous remarquons que le chiffre d'affaires de la téléphonie mobile a également connu une forte croissance de 2005 à 2008. Ce chiffre d'affaires est passé de 52034,3 millions de FCFA à 124646,4 millions de FCFA, soit une hausse de 139,55%. Cependant l'augmentation du chiffre d'affaires n'est pas fortement liée à celle du nombre d'abonnés car n'étant pas proportionnelles. Cela se remarque plus entre 2007 et 2008.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 34

IV.2.2. Technologie agricole

IV.2.2.1. Utilisation de machines agricoles

Le graphique 3 nous permet de suivre l'évolution de l'utilisation des machines agricoles au Burkina Faso.

Graphique 3 : Evolution du nombre de tracteurs pour 100km carrés de terres arables

Machinerie agricole, tracteurs/100
km carrés de terres arables

17,1

17 16,9 16,8 16,7 16,6 16,5 16,4

 
 
 
 

Machinerie agricole, tracteurs/1 00 km carrés de terres arables

2005 2006 2007

 
 

Source : Base de données 1960-2010 Banque Mondiale

Le graphique ci-dessus nous montre deux (02) phases dans l'évolution de l'utilisation des machines agricoles par les exploitants burkinabè. En premier lieu, nous remarquons une phase ascendante. A ce niveau, le nombre de tracteurs pour 100km carrés de terres arables croît de 16,65 à 17. Cela s'explique par la mise en place de politiques de modernisations agricoles entreprises par l'Etat. Ensuite, il y a une régression dans l'utilisation de la machinerie agricole durant la période 2006-2007, si bien que le nombre de tracteurs s'établit à 16,92. Cet état de fait s'explique par l'adoption hésitante des tracteurs par les agriculteurs qui sont pour la plupart analphabètes.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 35

IV.2.2.2. Production céréalière

La production céréalière concerne les cultures suivantes : le mil, le sorgho, le maïs, le riz et le fonio. En ce qui concerne la production céréalière, le tableau 4 nous donne des éléments d'analyse.

Tableau 4 : Evolution des cultures céréalières (en tonnes)

2005/2006 2006/2007 2007/2008 2008/2009

Ensemble céréales 3 649 533 3 680 674 3 088 811 4 358 518

Source : Direction Générale de la promotion de l'économie rurale/Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques (MAHRH)

Ce tableau nous montre une évolution en dents de scie des cultures céréalières au cours des saisons 2005/2006, 2006/2007, 2007/2008 et 2008/2009. Nous identifions une première phase ascendante à cheval entre les saisons 2005/2006 et 2006/2007. Cette phase se caractérise par une hausse de la production de 0,85%. Cette hausse est due à l'utilisation relative des machines agricoles.

Vient ensuite une deuxième phase qui est décroissante. En effet, la production céréalière accuse une baisse de 16,08% entre les exercices 2006/2007 et 2007/2008. Pourtant, les superficies des cultures céréalières ont augmenté de 8,63% .Cela suggère que cette baisse de production est la conséquence des conditions climatiques de la saison 2007/2008.

Enfin, il y a une phase de forte croissance de la production céréalière qui croît de 41,11% entre les saisons 2007/2008 et 2008/2009. A ce niveau, les superficies des cultures céréalières se sont accrues de 26,40%. Cette hausse notable de production peut s'expliquer par l'augmentation des superficies des cultures céréalières doublée de conditions climatiques favorables de la saison 2008/2009.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 36

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 37

IV.3. Condition de vie des ménages

IV.3.1. Education, espérance de vie et revenus des ménages

A ce niveau, l'indicateur que nous avons jugé approprié est l'Indice de Développement Humain (IDH). Cet indicateur est la moyenne arithmétique de trois (03) indicateurs : l'espérance de vie, l'alphabétisation et le PIB par tête. Le tableau 5 nous indique l'évolution de cet indice sur trois (03) années notamment 2005,2006 et 2007.

Tableau 5 : Evolution de l'IDH de 2005 à 2007

 

2005

2006

2007

IDH

0,370

0,372

0,389

Rang

176

173

177

Nombre de pays classés

177

179

182

Source : Programme des Nations Unies pour le Développement, Rapports mondiaux sur le développement humain

Le tableau ci-dessus nous indique que l'IDH a connu une hausse relative de 2005 à 2007. Cette hausse est en relation en premier lieu avec le nombre d'élèves du primaire qui a connu une augmentation de 22,85% entre les années scolaires 2004/2005 et 2006/2007. Puis, cette hausse est due à une croissance de 16,429% du PIB par habitant entre 2005 et 2007. Enfin ladite hausse est en liaison avec l'augmentation de 1,86% de l'espérance de vie de 2005 à 2007, elle-même tributaire des efforts accomplis dans la lutte contre le VIH/SIDA. Cependant, l'IDH du Burkina le classe parmi les pays en développement car il est inférieur à 0,421.

IV.3.2. Eau

Le tableau 6 montre l'évolution de la part des ménages ayant accès à l'eau en moins de 30 minutes de 2003 à 2008.

Tableau 6 : Pourcentage de ménages ayant accès à l'eau en moins de 30 minutes

 

2003

2005

2007

Ménages ayant accès à l'eau (en %)

89,5

88,8

88,0

Source : INSD, Enquête burkinabè sur les conditions de vie des ménages 2003 et enquête annuelle sur les conditions de vie des ménages (EA - QUIBB) 2005 et 2007

Ce tableau fait ressortir une baisse du pourcentage de ménages burkinabè ayant accès à ce service de base qu'est l'eau, en ce sens qu'il y a une décroissance de 1,5% des ménages ayant accès à l'eau en moins de 30 minutes.

De ces inférences statistiques, il ressort que le Burkina ne se trouve pas sur la voie menant à la réalisation de la vision prospective sur le plan de l'économie. En premier lieu, concernant la compétitivité économique, il apparaît que l'économie du pays n'est pas assez compétitive pour le placer dans une position de plaque tournante sur le plan international. Cela se traduit par des exportations non maîtrisées qui dépendent de l'évolution des cours mondiaux. Pour ce qui est des infrastructures économiques, les indicateurs sont au rouge en ce sens qu'elles ont tendance à se dégrader. Cela est un frein au développement d'activités économiques à forte valeur ajoutée et pour les entreprises burkinabè d'être compétitives tant sur le plan sous-régional qu'international.

Par ailleurs, les analyses montrent que de plus en plus de burkinabè s'informent et communiquent : hausse de 116,72% du nombre d'utilisateurs internet et de 377,33% pour le nombre d'abonnés à la téléphonie mobile. Cependant, le nombre d'utilisateurs des TIC est toujours insuffisant, si l'on considère la population totale du pays. Lorsque l'on aborde l'utilisation de la technologie dans l'agriculture qui contribue le plus au PIB à hauteur de 40%, l'on remarque qu'il y a beaucoup d'efforts à faire. En effet, les agriculteurs ont du mal à s'approprier les technologies en question, du fait de leur analphabétisme et de l'impact des croyances. Ceux-ci préfèrent opter pour l'agriculture extensive qui dégrade plus les sols et qui est dépendante des aléas climatiques.

En outre, parlant des conditions de vie des ménages, nous avons constaté une appréciation du niveau d'alphabétisation (hausse de 22,85% du nombre d'élèves du primaire entre 2004 et 2007). Ensuite, il se dégage une croissance de 16,429% du PIB par habitant entre 2005 et 2007. Puis, l'on note une variation positive de 1,86% de l'espérance de vie entre 2005 et 2007 en relation avec les mesures gouvernementales engagées pour la lutte contre le VIH/SIDA. Ces résultats sont similaires à ceux du rapport du Burkina sur les OMD 2010.

Accès à l'éducation : le renforcement des infrastructures et des ressources humaines a permis d'accroître la capacité d'accueil et d'encadrement du système éducatif. Ainsi le nombre d'écoles primaires s'est accru en moyenne de 7,7% par an entre 2000 et 2007, se

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 38

traduisant par un quasi-doublement du nombre de classes avec une présence de plus en plus marquée du secteur privé.

Lutte contre le VIH/SIDA : les mesures de gratuité pour les indigents associées à la baisse progressive des coûts des ARV et des examens biologiques jusqu'à la gratuité des ARV sont des mesures qui ont permis d'accroître l'accessibilité et l'utilisation des services de soins/traitement.

Malgré ces efforts du gouvernement, le Burkina a encore du chemin à parcourir pour réduire la pauvreté, au vu du classement de son IDH et de la dégradation des conditions d'accès à l'eau qui est pourtant essentielle à la vie. Ces analyses sont appuyées par les commentaires de l'hebdomadaire burkinabè Bendré qui disent que : « Selon les estimations, l'incidence de la pauvreté se situerait autour de 41,7% ».

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 39

CONCLUSION ET SUGGESTIONS

Notre travail de recherche a eu pour question de départ l'interrogation sur les chances du Burkina à réaliser la vision prospective. Pour y répondre, nous avons considéré chacun des quatre (04) pôles de cette vision qui sont : le pôle de la gouvernance, le pôle social, le pôle de l'extérieur et le pôle de l'économie.

Tout d'abord, les résultats ont révélé que le Burkina n'est pas sur la voie de la réalisation de la vision prospective, pour ce qui est de la gouvernance. En effet, la situation de la gouvernance est telle que l'on constate une faible pratique démocratique, un processus de décentralisation au ralenti, une corruption tant classique que discrète, et une souveraineté en matière d'élaboration et d'appropriation de politiques de développement qui est mise à l'épreuve par les PTF.

Ensuite, concernant l'axe social, il est ressorti que notre pays s'éloigne de plus en plus de l'objectif de long terme visé, qui est le Burkina Faso en tant que nation. A ce niveau, nous avons constaté une rupture sociale grandissante qui se traduit par l'effritement des bases même de notre société telle que la solidarité.

Par ailleurs, en ce qui concerne la réalisation de la vision du point de vue de la politique extérieure, malgré les progrès qui restent à faire, on peut retenir que le Burkina est sur la voie, car des efforts notables ont été faits pour permettre au pays de jouer sa partition sur le plan international. Mais, cela est à relativiser, car les relations entre le Burkina et ses PTF ont un caractère aliénant.

En dernier lieu, après avoir analysé le pôle économique, le constat fait est que le Burkina n'a toujours pas réussi à infléchir sa trajectoire et reste dans les geôles du sous-développement ; ce qui nous a permis d'affirmer qu'il n'est pas sur le sentier de la réalisation de la vision. Cela se traduit par une économie fortement tributaire du climat, caractérisée par une faible modernisation et par des indicateurs fermant la marche dans les classements mondiaux.

La vision prospective déclinée dans l'ENP, étant un système d'éléments interagissant les uns sur les autres, il sied que les actions en vue de sa réalisation intègrent l'approche systémique.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 40

La bonne gouvernance étant le fer de lance pour la réalisation de la vision, car agissant sur tous les autres pôles, il faudrait une volonté plus accrue des hommes politiques et une hiérarchisation des défis. Cela pourrait commencer par une dotation conséquente, tant en moyens financiers, humains, que logistiques du SP-PNBG, afin que celui-ci soit à même de réaliser les missions qui lui ont été assignées. En sus, il serait judicieux de mener des campagnes nationales de communication sociale sur la vision prospective, afin que celles-ci soient le leitmotiv des populations à tel point que leur manque de confiance en l'avenir soit relégué aux calendes. En outre, les acquis en matière de politique extérieure devraient être consolidés et renforcés par la réduction de la dépendance du Burkina vis-à-vis de l'aide par son utilisation optimale lors des prochaines années. Enfin, il faudrait d'une part réactualiser les écoles rurales afin de former les agriculteurs sur la technologie agricole, et d'autre part maximiser davantage sur l'éducation des populations, pour qu'elles puissent permettre au Burkina d'être compétitif face à la mondialisation.

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 41

ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE

Godet M., 1997, Manuel de Prospective Stratégique, Tome 2 : L'art et la méthode, Dunod, Paris.

Godet M., 1991, De l'anticipation à l'action, Dunod, Paris.

PNUD-Futurs Africains, 1994, Formulation de stratégies : Phase IV du processus NLTPS, NLPTS Série méthodologique.

Arcade J., 1993, Prospective et planification Stratégique ; Articulations et Synergies, Institut International de Planification de l'Education, IIPE/UNESCO, Paris.

Ministère de l'Economie et du Développement du Burkina Faso, 2007, Rapport Général de l'Étude Nationale Prospective « Burkina 2025 »

Ces travaux ont été financés par le Projet REGE 42

ANNEXES

ANNEXE 1 : VARIABLES DU SYSTEME BURKINA

II

ANNEXE 2: Configuration générale du système

III

ANNEXE 3 : GUIDE D'ENTRETIEN THEME I : Gouvernance politique

1. Comment percevez-vous la situation des droits humains au Burkina Faso ?

2. Que pensez-vous de l'Etat de droit dans notre pays ?

3. Quel est votre avis quant à l'indépendance de notre justice vis-à-vis des autres pouvoirs ?

4. Que pensez-vous de la responsabilité et de la moralité des animateurs de la justice ? Comment appréhendez-vous l'accès à la justice pour le justiciable au Burkina ?

THEME II : Gouvernance administrative

1. Combien de temps en moyenne prenez-vous pour traiter l'un de vos dossiers ? Qu'en pensez-vous ?

2. Quelle perception avez-vous de la corruption au sein du système administratif ?

3. Quel est votre avis sur les relations interministérielles ?

4. Quels sont les problèmes majeurs auxquels vous faîtes face dans l'exercice de vos fonctions ?

THEME III : Gouvernance locale

1. Comment ressentez-vous le transfert des compétences aux élus locaux dans notre pays ?

THEME IV : Gouvernance économique

1. Que vous inspirent les capacités nationales de gestion du développement au Burkina ?

2. Quel est votre avis en ce qui concerne la gestion des fonds publics au Burkina ?

THEME V : Unité nationale

1. Que pensez-vous de la situation des conflits interethniques au Burkina ?

2. Du point de vue des valeurs culturelles positives, estimez-vous que celles-ci soient suffisamment ancrées dans le quotidien des Burkinabè ?

3. Quel est votre avis sur la situation des droits de l'enfant dans notre pays ?

iv

4. Comment ressentez-vous l'intégration sociale des personnes du troisième âge au Burkina ?

THEME VI : Solidarité nationale

1. Pensez-vous que la situation des castes ait évolué au Burkina ?

2. Comment percevez-vous la place des femmes dans les politiques de développement actuelles ?

3. Quelle lecture faîtes-vous de la capacité de notre système éducatif à permettre aux jeunes d'obtenir un emploi ?

4. Que vous inspire le taux de croissance du Burkina par rapport à la situation que vit le Burkina ?

THEME VII : Image du Burkina

1. Qu'est-ce qui selon vous motive le fait que notre pays soit le lieu d'importantes rencontres internationales ? Quels profits en tirons-nous ?

2. Que pensez-vous de la visibilité des artistes Burkinabè au niveau international ?

3. Quelle lecture faîtes-vous de la perception de notre pays par le reste du monde ?

4. Que pensez-vous de la contribution du sport burkinabè à l'image du pays ?

THEME VIII : Diplomatie de développement

1. Comment percevez-vous la situation des représentations diplomatiques burkinabè de par le monde ?

2. Nos opérateurs économiques ont-Ils des opportunités d'affaires au plan international ?

3. Quel est votre avis sur le rôle du Burkina Faso dans la résolution de conflits internationaux ?

4. Quel est l'impact des Partenaires Techniques et Financiers dans l'élaboration de nos politiques de développement ?






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery