6- La dynamique du conflit
La proportion de plaintes des paysans augmente d'année
en année parallèlement aux surfaces des zones cultivées.
Une étude réalisé en 2007 par Parker, Osborn, Hoare&
Niskanen à révélée : « La distribution des
éléphants en Afrique est inextricablement liée à
celle des populations humaines, et non pas seulement parce qu'il leur faut les
mêmes sortes d'habitat. Une analyse des précipitations et de la
fertilité des sols au Kenya et au Zimbabwe a conclu que les
éléphants et les hommes préfèrent tous les deux?
les zones fertiles et humides? et que la concurrence pour l'espace entre les
deux espèces était inévitable. »
En effet, le choix du site des agriculteurs est guidé
par la fertilité du sol et sa proximité à l'eau. De
même aussi, le mouvement des éléphants est lié
à la disponibilité de l'eau et de la nourriture (Soulemane, 2002
; Tchamba, 1993). Ainsi, ils s'aventurent souvent dans les champs de cultures
vivrières qui sont dans l'aire protégée où ils
causent des dégâts aux cultures. Ceci engendre des conflits avec
les populations humaines locales. Mais quelle est l'ampleur des
dégâts occasionnés par les éléphants dans les
plantations au niveau des Plaines Vera ?
Si nous nous en tenons aux dire des agriculteurs, nous
pourrons facilement penser que les éléphants ravages presque les
100% de toutes les plantations au niveau des Plaines Vera. Cependant, lors de
notre stage nous avons pu faire une mission d'évaluation des
dégâts dans la plantation d'un agriculteur venu se plaindre que
les éléphants ont tout ravagé dans sa plantation. Nous
avons constaté que sur une superficie de 2, 84 ha
l'éléphant n'a atteint que 0,06 ha soit 2,11% de la superficie
totale (EYENBIANG, 2011). Mais qu'est ce qui explique cette sensibilité
des agriculteurs au moindre passage de l'éléphant dans leurs
plantations ?
Selon le propriétaire la vraie crainte est que les
éléphants reviennent pour cette fois ci endommager une plus
grande surface. D'autres en veulent tout simplement à l'administration
des Eaux et forêts et ONG d'appui tel que le WWF qu'il reproche
d'être plus attaché à l'éléphant qu'aux
humains.
Bas Huijbregts dans le recit 290(*) N° 20 sur les causes
et les conséquences de la destruction des cultures vivrières par
les éléphants affirme que : ? L'une des raisons est que les
EYENBIANG NDONG Olympa Valérie, Mémoire de Fin de
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Protégées de Gamba : Etude sur l'agriculture dans le
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populations se sentent délaissées par
l'administration centrale qui ne se préoccupe pas de leurs
problèmes quotidiens. Les gens manquent d'hôpitaux,
d'écoles, d'eaux, de routes,... et ils les voient seulement pendant les
campagnes électorales pour faire les promesses qu'ils ne
réalisent pas et les ONG, elles pendant les campagnes de
sensibilisations sur la protection. Donc ils trouvent l'éléphant
comme la clé où ils greffent toutes leurs plaintes. Les plaintes
sur les éléphants ne sont que la manifestation de tous leurs
problèmes non résolus puisqu'il y a d'autres animaux qui ravagent
aussi les cultures mais ils ne font pas de problèmes.?
Déplus, Pour ces agriculteurs, il est évident
que la procédure pour organiser des battues administratives est
très lourde et est, par conséquence, perçue comme un moyen
mis en place par l'Etat pour renforcer la protection de
l'éléphant.
En effet, le décret n° 000187/PR/MEFCR du 4 mars
1987 stipule que « à la suite des dégâts
répétés causés aux cultures et aux animaux
domestiques par certaines espèces animales,(...), des battues
administratives peuvent être autorisées par le Gouverneur sur
proposition du chef d'Inspection provinciale des Eaux et
Forêts...(art. 1er) ». Les demandes de battues
administratives sont adressées au Gouverneur qui les transmet pour
enquête au chef d'Inspection provinciale des Eaux et Forêts...(art.
2). L'avis du chef d'Inspection des Eaux et Forêts est donné
après constat effectif sur le terrain de la réalité et de
l'importance des dégâts causés par les animaux... (art. 3).
L'exécution d'une battue administrative doit être ordonnée
par une décision du Gouverneur (...) La décision du Gouverneur
désigne le ou les chasseurs chargés de la battue...(art. 4). Le
chasseur (ou les chasseurs) doit être détenteur d'un permis de
grande chasse ou d'une autorisation spéciale délivrée par
le ministère des Eaux et Forêts en période de fermeture de
chasse».
De cette procédure, résulte des avis comme celui
qui a été recueilli par Max Graham au cours d'une réunion
de groupe pendant son étude portant sur l'évaluation des conflits
hommes-éléphants à Gamba et dans le département de
Ndougou nous citons : « Aujourd'hui, les éléphants sont
plus protégés que les humains et les éléphants se
sont multipliés plus rapidement que les gens. Tuer un homme n'est pas un
problème, mais tuer un éléphant est un gros
problème. »
EYENBIANG NDONG Olympa Valérie, Mémoire de Fin de
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